15 ans de partenariat agroécologique avec Kaydara
« Diakhasso », mot wolof pour signifier mélange, rapprochement et partage : c’est ce qu’ont vécu 16 étudiants en BTSA ACSE au lycée agricole de Figeac avec 25 jeunes sénégalais en formation maraîchage à la ferme-école agroécologique Kaydara, en janvier 2025.
« Notre partenariat avec des centres agroécologiques sénégalais est né en 2010. En 2010, 2011 et 2012 nous avons réalisé les premiers chantiers d’irrigation au goutte-à-goutte sur la ferme école de Kaydara avec un premier groupe d’étudiants. Les initiatives de partenariat ont été malheureusement interrompues par les problèmes d’insécurité au Mali mais avec toujours la ferme intention de reprendre ce partenariat, ce qui a été rendu possible en janvier 2023, avec l’appui du réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole. », raconte Anne Coste, enseignante à Figeac.
En 2023, un groupe d’étudiants de Figeac a réalisé avec les apprenants sénégalais des plantations pour contribuer à sauvegarder la biodiversité locale, recréer un couvert végétal en zone semi-aride et faire la promotion d’arbres qui sont aussi utiles économiquement. En janvier 2025, un nouveau groupe d’étudiants a pu poursuivre le travail engagé à Kaydara et participer également à l’installation d’un jeune sénégalais sur une parcelle mise à sa disposition par la ferme école.

Leur enseignante raconte : « Les jeunes français et sénégalais ont participé ensemble au nettoyage de la parcelle, aux plantations des premiers arbres et au lancement des micro-parcelles de maraîchage. Cela a été l’occasion d’échanger sur les problématiques d’installation mais aussi sur la gestion de la ressource en eau, de l’association de telle ou telle variété, des rotations de cultures, et jusqu’à la commercialisation de leurs produits. Cette expérience mutuelle a été une véritable richesse pour les jeunes français et les jeunes sénégalais, d’autant plus que des temps plus culturels ont été organisés, comme la découverte de la mangrove du Sine Saloum, les matchs de foot franco-sénégalais, l’apprentissage de la lutte sénégalaise, les repas français et sénégalais, les danses… De plus, cette présence au Sénégal nous a permis de mener des entretiens de motivation pour sélectionner nos futurs candidats sénégalais en formation de BTS ACS’Agri, provenant de l’école d’élevage de Saint-Louis. »
Tous les étudiants ont été très touchés par l’accueil chaleureux, qui illustre parfaitement la «Teranga», la tradition d’accueil sénégalaise.
Ils ont ainsi pu découvrir les pratiques agroécologiques concernant la gestion de l’eau, les couverts végétaux, dans un contexte de changement climatique. Par ailleurs, l’observation des conditions d’élevage (petits enclos pour beaucoup d’animaux, animaux attachés, non protégés du soleil, marqués au fer, a suscité des débats au sujet du bien-être animal.
Des rencontres avec l’Université du Sine Saloum (USSEIN), la Dynamique des Transitions Agro-Ecologiques du Sénégal (DyTAES) et l’attaché de coopération agricole à l’ambassade de France (Sébastien Subsol) ont permis de mieux comprendre la place de la ferme-école de Kaydara dans un écosystème de formation et de promotion plus large consacré à l’agroécologie.
Kaydara a été une des premières fermes-écoles à promouvoir l’agroécologie au Sénégal. Elle apporte également une attention particulière au suivi et aux conditions d’installation des jeunes agripreneurs qu’elle forme, en lien avec les communes voisines (notamment via le projet Agri-jeunes, porté par le FIDA, Fonds international de développement agricole de l’ONU).
Depuis la fondation de la ferme il y a bientôt 20 ans, de nombreuses fermes écoles privées du même type se sont établies au Sénégal, sur l’ensemble du territoire. Elles forment des jeunes qui veulent se lancer dans l’agriculture durable et participent très souvent à la plateforme locale multi-acteurs, publics et privés, de la DyTAES, pour contribuer au développement de l’agroécologie dans les territoires.
Au Sénégal et ailleurs au Sahel, l’agroécologie permet non seulement de produire des denrées plus sains mais aussi de restaurer les terres, augmenter les rendements, éviter d’utiliser des intrants chimiques importés et stocker du carbone, en associant arbres et cultures. C’est ce que les étudiants ont pu découvrir sur les différentes parcelles de l’école.
Le lycée agricole de Figeac exprime la volonté de prolonger ce projet d’échange technique et interculturel dans les années à venir. Et c’est ce que souhaite également Gora Ndiaye, le directeur de Kaydara.
Lors de sa rencontre avec l’animatrice du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale et le chargé de coopération Afrique du BRECI en avril, en marge de l’Atelier de capitalisation de la coopération en formation agricole et rurale entre la France et le Sénégal, auquel il a également participé, Gora Ndiaye s’est dit prêt à ouvrir aussi sa ferme-école à d’autres groupes d’établissements agricoles français (comme ce fut le cas par exemple il y a quelques années avec le CFA de Pugnac), ce qui constituerait l’opportunité pour les apprenants comme les enseignants français de renforcer leurs compétences en matière de pratiques agroécologiques.
Kaydara est désormais équipée d’un bâtiment d’hébergement d’une trentaine de places et d’un espace de restauration pour les groupes qui viennent en formation (tels des stagiaires sénégalais de l’USSEIN ou de l’Université de Ziguinchor) ou pour un chantier participatif (pouvant être mené avec des apprenants de l’enseignement technique agricole français).

Le directeur de Kaydara a aussi exprimé le souhait d’un partenariat amenant les jeunes français à passer une partie de leur mobilité sur le site et une partie en campement dans les villages où sont installés les jeunes sénégalais qui ont été formés et accompagnés par la ferme-école Kaydara. Cette initiative permettrait une découverte plus profonde des réalités de ce territoire, d’effectuer des entretiens-bilans, tout en apportant une sorte de reconnaissance aux jeunes au sein de leurs villages respectifs et peut-être ainsi susciter quelques émules en agroécologie.
En outre, la région où se situe la ferme-école, le Sine Saloum, présente une grande richesse naturelle, mise en valeur par le développement de l’écotourisme et l’engagement de plusieurs organismes avec lesquels des partenariats sont aussi possibles par le truchement du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale.
Pour en savoir + sur la ferme agroécologique Kaydara et sur la DyTAES
Contacts : Vanessa Forsans et William Gex, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale – vanessa.forsans@educagri.fr et william.gex@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER – rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr