Vertus des mobilités africaines #4 : témoignage de Junior aujourd’hui ingénieur qualité

Portrait de Junior TAGNE PETHO, 27 ans, Camerounais, études secondaires au collège Bullier de Saa, aujourd’hui ingénieur qualité chez Nestlé France. 

Je suis arrivé en France à la fin de mes études secondaires dans la ville de Pamiers, au sud de la France où j’ai obtenu un brevet de technicien supérieur agricole en production animale en juin 2015. En effet, originaire du Cameroun d’une famille de producteurs laitiers, j’avais la volonté d’aller plus loin, de maitriser la production la transformation et la valorisation des produits agricoles à l’échelle industrielle et d’acquérir des compétences dans les différents domaines de la filière agricole. Au cours de cette  formation de deux ans,  j’avais acquis des connaissances en élevage, en agronomie, en santé et nutrition animale, en gestion, en génétique et bien d’autres domaines propres à la filière agricole. J’ai ensuite poursuivi par une licence pro « élevage » qui m’a permis en septembre 2016 d’intégrer l’école d’ingénieurs de Montpellier SUPAGRO pour continuer dans la transformation des produits agricoles en industrie agroalimentaire. Cette année de formation et les différents stages que j’ai réalisés m’ont permis de découvrir les différentes techniques de transformation, de conservation, de commercialisation et d’innovation des produits alimentaires… et le domaine pour lequel j’étais fait : la qualité des produits alimentaires.

De 2018 à 2020, J’ai donc choisi de faire une spécialisation en management de la qualité des produits alimentaires et j’ai été admis à l’école d’ingénieurs de PURPAN à Toulouse. Je suis ainsi diplômé de cette école en tant qu’ingénieur qualité.

À ce jour, je travaille chez Nestlé France en tant qu’ingénieur qualité dans le cadre d’un Graduate Programme. Il s’agit d’un parcours en entreprise où les personnes sélectionnées sont envoyées dans différentes missions sur différents postes au sein du groupe pendant 24 mois.

Objectif assigné : monter rapidement en compétences afin d’être prêt pour des postes à responsabilités.

Le site pour lequel je travaille élabore des produits surgelés pour différentes marques du groupe. Au quotidien, je suis les équipes de fabrication pour m’assurer du respect des règles d’hygiène. Je forme également le personnel sur les thématiques de qualité et de bonnes pratiques de fabrication, je suis également les réclamations clients, les résultats d’analyse de produits que nous fabriquons et des matières premières que nous commandons auprès de nos fournisseurs. J’assure aussi le lien entre l’entreprise et les organismes de certifications et je veille au bon respect de la règlementation française et européenne au sein de notre site.

Si, à court terme, je souhaite gagner en expérience, en responsabilité et voir ce qui se fait de mieux dans mon domaine, sur le long terme, je souhaite créer une entreprise innovante dans le secteur de la restauration en France et reprendre l’entreprise familiale et l’exploitation laitière de mes parents au Cameroun. Je n’oublie pas que lorsque mon père m’a permis de venir faire mes études supérieures en France, l’objectif sous-entendu était que je puisse revenir sur la ferme pour développer et pérenniser son activité : production laitière et transformation en yaourts qui à ce moment là était véritablement pionnière au pays…et qui est encore très confidentielle aujourd’hui.

Contacts :

regis.dupuy@educagri.fr, florent.dionizy@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 

 




Vertus des mobilités africaines #3 : témoignage d’Arielle aujourd’hui enseignante-chercheuse

Portrait d’Arielle Vidal, ex-étudiante de BTS P.A, aujourd’hui enseignante-chercheure à l’INP Purpan, Toulouse.

En 2010, avec le Club UNESCO des Pyrénées, nous sommes partis avec d’autres étudiants pendant  15 jours dans l’Est du Cameroun. Notre séjour avait pour objectif de participer à la construction d’une première école  en matériaux  durables,  destinée aux enfants Baka du campement  de Lakabo. Durant ce séjour, nous avons appris les techniques de  construction en utilisant des matériaux locaux (bois, bambou, raphia, brique de terre) extraits pour la quasi-totalité de  la forêt. Les Baka nous ont amené dans la forêt pour les trouver. En dehors de nos activités de construction, nous avons eu de très beaux échanges avec les habitants et leurs enfants sur leur culture autour de la musique, de l’artisanat, de la chasse… En 2012, je suis retournée avec une autre équipe sur place pour continuer ces projets.  Durant ces années au Club UNESCO des Pyrénées et en partenariat avec l’ONG 09 Cameroun, j’ai pu développer des compétences en gestion de projet (planification, recherche de fonds, développement d’un réseau de partenaires), et en organisation d’événementiel pour financer nos projets au travers de concerts de solidarité intitulés Un concert, une école !. Ces événements se basaient sur les principes du développement local (produits locaux, rémunérations justes des artistes, etc.) afin d’être bénéfique aux deux territoires.

Cette expérience, en Afrique, m’a permis d’obtenir une bourse de thèse financée par l’INRAE et le CIRAD pour étudier la transition agroécologique des élevages agro-pastoraux en France et au Burkina Faso. Durant ces trois années, j’ai pu collaborer avec une équipe de recherche au Burkina Faso (CIRDES). J’ai été en mission dans la région cotonnière de Bobo-Dioulasso pour enquêter les éleveurs et les éleveuses sur les pratiques d’élevage et des acteurs de la production laitière.

Actuellement, je suis enseignante-chercheure à l’INP Purpan de Toulouse. J’enseigne les productions animales (gestion des systèmes d’élevage, agroécologie et économie des filières animales). Mes activités de recherche sont axées autour de la transition agroécologique des élevages dans les pays du Nord (France) et du Sud (Burkina Faso).

Actuellement, je continue des collaborations de recherche avec la participation des acteurs locaux en Afrique comme en France. Mes expériences enrichissent les enseignements pour faire découvrir aux étudiants la diversité des élevages dans le monde. Nous développons, également, la coopération avec le service des relations internationales de Purpan afin que les nouvelles générations d’étudiant.e.s aient l’opportunité de s’ouvrir à des cultures différentes et enrichissent leur parcours.

Contacts :

regis.dupuy@educagri.fr, florent.dionizy@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 

 

 

 

 

 

 

 




Vertus des mobilités africaines #2 : témoignage de Cédric aujourd’hui étudiant ingénieur

Portrait de Cédric Ella Bolo,  né à Monatélé (Cameroun), aujourd’hui en fin de formation ingénieur SAADS à l’institut agro (Montpellier).

D’Octobre 2016 à  Septembre 2018, Cédric est recruté par le  Collège Régional d’Agriculture (CRA) d’Ebolowa au Cameroun. Il est le responsable du tout  nouvel atelier pédagogique de transformation du cacao.  Première expérience d’un projet de coopération internationale et entrée dans l’agroalimentaire. Il anime  l’unité pilote de transformation du cacao et la formation des producteurs et des jeunes en formation initiale dans le cadre du projet « keka wongan ». De la conduite durable d’une plantation à la barre de chocolat, il découvre les différents métiers de l’agroalimentaire et s’intéresse au potentiel de valorisation de l’ensemble des produits agricoles tropicaux.

 

Présentation du projet Keka Wongan :

Le succès de cette immersion le pousse à réaliser, plus tard, avec l’appui de son supérieur hiérarchique, un projet de mobilité vers la France. Ce projet sera réalisé grâce au Programme de Bourse d’Excellence Eiffel du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères dont il est Lauréat en Septembre 2018 et qui couvre l’ensemble de ses 3 années d’études d’ingénieur.

De septembre 2018 et jusqu’en  décembre 2021, il intègre donc Montpellier SupAgro (école interne de l’Institut Agro depuis Janvier 2020). Formation d’ingénieur en systèmes agricoles et agroalimentaires durables du sud. Spécialisation IDéAL – Innover, Développer et entreprendre dans l’Agroalimentaire en régions méditerranéennes et tropicales

Pour Cédric, L’intérêt de cette formation est l’opportunité qu’elle offre en termes de valorisation des matières premières agricoles disponibles et sujettes à des pertes dans les pays tropicaux et zones méditerranéennes. Selon ses propres termes, elle lui à permis  de développer des compétences générales dans le secteur agroalimentaire telle que la conception et la gestion d’une unité de production, l’élaboration et l’optimisation des procédés de transformation, l’innovation, la recherche-développement pour la création de nouveaux produits et l’amélioration des recettes pour répondre aux exigences légales et/ou aux besoins du consommateur. En plus de ces compétences, on retrouve également l’amélioration continue par la démarche qualité et la prise en compte des normes de sécurité sanitaires des aliments. Ces compétences s’articulent autour de trois axes/thématiques « Produits-Procédés-Entreprise » qui permettent ainsi d’avoir une vision globale des métiers et des champs des possibles du secteur agroalimentaire dans les pays du sud (tropicaux et méditerranéens).

Cette formation nécessite la réalisation de nouvelles mobilités : entre juin et août 2019, Cédric est en stage ouvrier à Kraggenburg, auxPays-Bas, à la ferme certifiée « Agriculture Biologique » DE ZEEBODEM HOEVE. Découverte d’une ferme d’élevage et de cultures maraîchères biologiques. Conduite d’un système de production intensif (44 000 poules / bande) de poules biologiques en plein air et suivi des activités de production de cultures maraîchères en agriculture biologique.

Et ce n’est pas fini, Fin Mars 2021, pour 6 mois, stage à Pointe-Noire, République du Congo. Stage de fin de formation en supply chain dans une entreprise exerçant dans un pays tropical.                   Actuellement en fin de formation, les activités de Cédric s’articulent autour d’un projet d’études tutoré pour une entreprise commanditaire et un stage en milieu socioprofessionnel. « Pour la première activité, nous avons réalisé la création d’un nouveau produit pour une entreprise qui ambitionne de valoriser une matière première agricole disponible et sous exploitée dans son environnement en Guadeloupe.  Et pour notre stage de fin de formation, nous travaillons sur des problématiques de Local Sourcing à la Direction Supply Chain pour une entreprise basée au Congo-Brazzaville où je suis en ce moment précis. ».

Et demain ? A l’issue de sa  formation, devenu ingénieur, Cédric veut orienter sa recherche d’emploi vers les pays de l’Afrique subsaharienne. Idéalement comme ingénieur ou responsable recherche- innovation et qualité en industrie agroalimentaire.
Fort de ses compétences acquises et pouvant compter sur  l’accompagnement du réseau des anciens étudiants de Montpellier SupAgro, on imagine mal Cédric rester longtemps sur le bord du chemin !

Contacts :

regis.dupuy@educagri.fr, florent.dionizy@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 

 

 

 

 




Vertus des mobilités africaines #1 : témoignage de Cyril aujourd’hui agriculteur

Portrait de Cyril Sentenac, ex-étudiant de BTS P.A, aujourd’hui installé en Ariège, à St Ybars.

Étudiants en BTSA PA au LEGTA de Pamiers en 2016, nous avons fait le choix, en tant que groupe de projet PIC (projet initiative et communication), de partir au Cameroun.  Sur la période des vacances de février 2016, nous nous sommes donc « envolés » durant 10 jours dans la forêt tropicale camerounaise à la rencontre de ses premiers habitants, les Pygmées Baka. Notre mission : construire la maison de l’institutrice du campement, et donc permettre aux enfants de cette communauté d’avoir accès à l’éducation. EN 10 jours, notre groupe (6 étudiantes et étudiants) a rempli sa mission.

Pas moins de 8 000€ ont été nécessaires au financement du projet, comprenant les frais de transport, de séjour, les visas et vaccins, le matériel médical, les matériaux de construction…

Plusieurs actions ont été préalablement mises en place pour couvrir ces frais : la vente de produits alimentaires au sein du lycée ou sur des manifestations agricoles départementale, et l’appel aux dons, 11 généreux donateurs, dont en particulier la région Occitanie, ont répondu à notre appel.

Si Nous avons apporté notre soutien à quelques habitants de ce monde, à travers des biens de première nécessité, mais surtout de la joie, l’accès à l’éducation et une maison, nous sommes repartis avec tellement plus ! Avec un maitre mot, le PARTAGE : celui de la nourriture et de la boisson, mais aussi je jeu et le plaisir avec les parties de football et les danses et la musique, les façons de cultiver, de chasser, de penser la forêt et la terre, et enfin le rapport entre la vie et la mort si différent du nôtre.

Pour autant, à notre retour, encore de grandes questions restent encore à élucider :

  • l’éducation « à l’européenne” aura-t-elle un effet de synergie avec leur culture ancestrale ou ne sera-t-elle qu’une nouvelle tête de pont  de la mondialisation ?
  • La plantation de palmiers à huile, vue comme permettant l’accès à un emploi et un salaire, ou bien catastrophe écologique engendrée par la déforestation de masse ?

Nous avons essayé de retranscrire toutes ses idées au travers d’un film, dans l’objectif de motiver les étudiants et les partenaires à continuer ces actions citoyennes.

 

Finalement, si nous avons apporté un peu de notre soutien physique, financier, et donné une parcelle de nous-mêmes, ils ont transformé profondément notre regard sur le monde et influencé nos choix de demain.

Pour moi, ces valeurs sont toujours visibles aujourd’hui, j’ai la volonté d’accueillir des personnes handicapées, des enfants, des parents, … pour leur faire découvrir mon univers, celui d’une exploitation consacrée à l’élevage d’ânesses qui produisent du lait que je transforme en cosmétiques. C’est aussi échanger autour de la production BIO…et plus largement sur l’agriculture en général. Je crois pouvoir retrouver aussi ces valeurs de solidarité dans l’engagement en tant que sapeur-pompier volontaire… « aider le monde » à ma modeste échelle.

Et puis, au delà de ces échanges, je crois que la force et les capacités de résistance de nos amis Baka nous ont permis de relativiser nos propres difficultés dans la création de notre exploitation. C’est une autre leçon, et pas la moindre !

Contacts :

regis.dupuy@educagri.fr, florent.dionizy@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr