L’Afrique de l’Ouest compte aux Ovinpiades 2024

Le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo étaient représentés aux Ovinpiades mondiales 2024, à l’invitation du réseau Afrique de l’Ouest, avec un temps de préparation dans les écoles d’élevage respectives des participants et chez des professionnels locaux, puis dans des lycées agricoles français partenaires.

Excellente opportunité de coopération entre le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole français et ses partenaires béninois, ivoiriens et togolais, l’organisation par Interbev/Inn’ovin des Ovinpiades mondiales 2024 s’inscrit dans un contexte de revalorisation de la filière ovine, dont la place africaine n’est pas négligeable. En effet, d’après la présentation d’Inn’ovin lors du dernier Salon international de l’agriculture, 19 % de la production ovine mondiale est africaine. Le renouvellement des générations dans ce domaine constitue également un enjeu d’importance, passant par le renforcement de capacités, la formation des jeunes éleveuses et éleveurs.

Et comme les échanges interculturels sont au cœur de la formation agricole, véritable levier d’insertion professionnelle de la jeunesse, 3 équipes ouest-africaines ont été invitées à participer aux Ovinpiades mondiales. Chaque équipe s’est composée d’une étudiante et d’un étudiant en formation dans une des trois écoles d’élevage partenaires de l’enseignement agricole français.
L’École d’élevage de Kétou, de l’Université nationale d’agriculture (UNA) du Bénin, développe un partenariat actif depuis 2019 (notamment via l’accueil de volontaires internationaux), à l’instar d’autres acteurs béninois de la formation agricole et rurale (FAR), dont les lycées techniques agricoles.
L’École d’élevage de Bingerville, de l’Institut national de formation professionnelle agricole (INFPA) de Côte d’Ivoire, avec lequel la DGER a renouvelé une convention de partenariat en 2019, après plus de 3 décennies de coopération ponctuées de mobilités réciproques d’étudiants et de personnels.
Enfin L’IFAD élevage de Barkoissi, de l’Association professionnelle des centres de formation agricole et rurale (APCFAR) du Togo, principal acteur de la FAR au Togo est un partenaire récent du réseau Afrique de l’Ouest des établissements (depuis avril 2023), déjà concrétisé par l’accueil de services civiques en France.
Chaque équipe a été en outre accompagnée d’un représentant des Fédérations nationales des communes pastorales (FNCP), faisant ainsi le lien entre la formation et la profession.
Le réseau Afrique de l’Ouest a puisé dans son budget de fonctionnement et a mobilisé le budget d’action internationale du MASA pour financer les billets d’avion des 9 participants ouest-africains, leur accueil à Paris et leur acheminement en train vers les lycées agricoles partenaires, qui ont eux fourni pendant trois jours hébergement, restauration et encadrement. La semaine des Ovinpiades mondiales proprement dite étant complètement prise en charge par les organisateurs d’Inn’ovin.

Une préparation intense

Les jeunes participants, leurs responsables de formation, les membres des FNCP et des représentants de 3 lycées agricoles français ont été mis en contact par le réseau Afrique de l’Ouest lors d’une première visioconférence, favorisant déjà un renforcement des partenariats entre enseignements agricoles français et béninois, ivoirien, togolais, ainsi qu’une coopération Sud-Sud.

Au Bénin
En Côte d’Ivoire
Au Togo

À partir de ce moment-là, une préparation spécifique aux Ovinpiades a été organisée dans chacun des 3 pays, d’une part in situ avec les accompagnateurs, auprès d’éleveurs et de centres ovins, d’autre part en distanciel avec des lycées agricoles français de 3 régions différentes réputées pour leur production ovine (PACA, Occitanie, Normandie) avec partage de conseils, documents, photos et vidéos et en lien avec la profession ovine locale.

Puis les 3 équipes, venant en France pour la première fois, ont été accueillies dès leur descente d’avion en provenance d’Abidjan, de Cotonou et de Lomé par le chargé de coopération Afrique au Bureau des relations européennes et de la coopération internationale (DGER/MASA) et l’animatrice du réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole.

Après une réunion d’ouverture à la DGER et une petite visite parisienne, chaque équipe a pris un train pour rejoindre un lycée agricole

A Digne Carmejane

partenaire : les Béninois ont été accueillis au lycée agricole de Digne Carmejane (PACA), les

A Yvetot

Ivoiriens ont rejoint le lycée agricole d’Yvetot (Normandie), et les Togolais le lycée agricole de Saint-Gaudens (Occitanie), où ils ont été accueillis notamment par leurs deux compatriotes volontaires internationaux en mission de service civique dans cet établissement, qui porte en outre un consortium Erasmus+ sur le pastoralisme et la reconnaissance de la transhumance au patrimoine immatériel de l’Unesco.

A Saint-Gaudens

Pendant trois jours, chaque équipe a donc pu découvrir ces lycées agricoles et leur environnement, et s’entraîner efficacement aux différentes épreuves des Ovinpiades mondiales. Ainsi, en amont de la compétition, les trois équipes ouest-africaines ont eu l’opportunité de s’exercer, visiter des élevages, échanger, avec des élèves, directeurs d’exploitations agricoles, éleveurs et enseignants…

Puis est arrivé le temps de la compétition : une semaine inoubliable pour tous, ponctuée des épreuves ovines, mais aussi de découvertes de Paris et de régions françaises, et surtout de rencontres et d’échanges avec toutes les équipes venues des autres continents, avant la remise des prix à la Bergerie Nationale de Rambouillet couronnée par une soirée parfaitement ambiancée !

Tout au long de cette aventure, les participants ouest-africains comme les établissements français ont eu à cœur de partager leur expérience dans les médias.

Et ensuite ?

De retour dans leur pays respectif, les jeunes et leurs accompagnateurs partagent ce qu’ils ont vécu et appris en France à l’occasion de cette formidable expérience des Ovinpiades mondiales.
Les échanges à distance ne tarissent pas entre les trois équipes, jeunes et accompagnateurs, comme avec les établissements français qui les ont accueillis et qui souhaitent prolonger ces partenariats, avec l’appui du réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole. Au lycée agricole de Saint-Gaudens, la coopération avec le Togo se trouve renforcée et deux nouveaux volontaires togolais effectueront une mission de service civique pendant l’année scolaire 2024-2025. Quant au lycée agricole de Digne Carmejane, le partenariat avec le Bénin se précise et, en plus d’un projet de mobilité d’apprenants français au Bénin à l’automne prochain, ce sont deux jeunes de l’École d’élevage de l’UNA qui viendront également en mission de service civique. De même, le lycée agricole d’Yvetot envisage l’accueil de deux jeunes de l’INFPA de Côte d’Ivoire en tant que volontaires en service civique.

…et peut-être que la prochaine occurrence des Ovinpiades mondiales se déroulera en terre africaine ?

Revue de Presse :

Des étudiants béninois se forment aux Ovinpiades – Digne les Bains

Bénin – La Couronne Infos Parution N° 0324 du Mercredi 22 juin 2024

Saint-Gaudens – Ovinpiades mondiales 2024- Le Togo à l’honneur en Occitanie – Le trait d’Union, 21 juin 2024

Les bergers togolais s’entrainent à Saint-Gaudens – La Dépêche du 25 mai 2024

Contacts :
Vanessa Forsans, animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Mes trois premiers mois de volontariat

Je me nomme Florence Akpédzé Afetor, volontaire togolaise en service civique au Lycée de La Bretonnière (Seine-et-Marne), je partage mes expériences de mes trois premiers mois de mission sur « l’Horticulture et l’éducation à la citoyenneté mondiale ».

Licence en socio-économie rurale obtenue en novembre 2022 à l’École Supérieure d’Agronomie (ESA/UL), je rejoins, à partir de février 2023, le programme de l’association française « Entrepreneurs du Monde » au centre de ressources agroécologique Ekofoda à Tchébébé (préfecture de Sotouboua dans la région centrale au Togo) pour un stage qui a ensuite débouché sur un emploi. En juillet 2023, un appel au recrutement de volontaires pour une mission de service civique au lycée agricole de Saint-Gaudens avait été lancé par l’Agence Nationale du Volontariat au Togo (ANVT) en partenariat avec France Volontaires Togo et l’Association Professionnelle des Centres de Formation Agricole et Rurale (APCFAR) dont fait partie Ekofoda. Quoi de mieux que cette opportunité d’apprentissage et de découverte à saisir en s’engageant en tant que volontaire ! Candidature soumise, sélection pour un premier entretien puis un second, dans ma tête j’étais sur la bonne voie…

Eh bien, je fus plutôt sélectionnée pour effectuer ma mission à l’EPLEFPA de La Bretonnière.

Bienvenue en France

J’arrivai en France le 2 janvier 2024 à l’aéroport d’Orly. Mon tuteur, Fred Numa, avec qui j’avais déjà été en contact quelques jours plus tôt, m’y attendait et m’amena à l’internat du CFA qui sera désormais ma demeure. Durant le trajet, je puis admirer l’architecture des constructions, les routes et autoroutes, et surtout ressentir cette fraicheur que je pourrais dire n’avoir jamais ressentie auparavant, il faisait 12°C cette soirée-là.

Une phrase résonnait en boucle dans ma tête : « Tu ne rêves pas, tu es bel et bien en France ma petite Florence ».

Entre la visite de l’établissement, la présentation à certains collègues qui étaient de permanence puisque j’étais arrivée pendant les vacances de Noël, l’appui à la réalisation d’activités sur l’exploitation, les démarches administratives, nous voici au lundi 8 janvier 2024 : reprise des cours.
« Tu es un nouvel élève ? », « Ah, c’est toi la service civique ?», « Tu es une nouvelle surveillante ? » … furent les questions auxquelles j’ai été le plus confrontée le premier jour, pour ne pas dire les premières semaines, tant de la part du personnel de l’établissement que des élèves ou apprentis. Il fallait alors se présenter et expliquer en quelques mots le but de ma présence au sein des locaux de La Bretonnière.
Je ne dirai pas que mon intégration a été très facile mais j’y suis arrivée peu à peu et je tiens à remercier mon tuteur ainsi que toutes ces belles âmes qui m’ont permis d’y arriver.

Mes activités au sein de l’établissement

Je viens en appui de la formatrice en horticulture et maraichage dans l’organisation et le déroulé des séances de cours théoriques comme pratiques et lors des sorties pédagogiques, par exemple pour la plantation de haie dans une exploitation. Nous avons ainsi réalisé un planning prévisionnel des cultures qui seront mises en place dans les serres.

Sur l’exploitation agricole, je participe à différentes activités : alimentation des brebis et des poulets, entretien de la bergerie et du poulailler… J’ai également assisté à une séance d’échographie des brebis, ce qui jusqu’alors m’était inconnu.
Au Centre de Ressources, je viens en appui aux animatrices pour l’encadrement et l’apport de soutiens individualisés aux apprentis.
J’ai également eu à coordonner l’activité ‘’Nettoyons la nature’’ en amont de la journée « Portes ouvertes » durant laquelle j’ai accueilli et orienté les familles qui venaient découvrir les formations offertes par l’établissement.
L’un des résultats attendus est la mise en place des projets de partenariat. De ce fait, après une séance de présentation de mon beau pays le Togo, de son agriculture et des défis auxquels cette dernière est confrontée, aux étudiants en BTSA Agriculture et cultures durables, et en collaboration avec leurs formateurs principaux, un partenariat a été mis en place entre Ekofoda et La Bretonnière pour un futur voyage de ces étudiants au Togo ainsi que l’implémentation de la culture de luzerne sur le site du centre Ekofoda.

Activités en dehors de l’établissement

La rencontre des volontaires internationaux à Aix Valabre du 23 au 26 janvier 2024 et les activités très enrichissantes proposées (ateliers, conférences, visites…) m’ont permis de mûrir mes réflexions sur les activités à mettre en œuvre afin de mener à bien ma mission. J’ai rencontré d’autres volontaires venant de différents pays ainsi que mes deux compatriotes Éric Tchangani et Parfait Takouda qui sont arrivés en novembre 2023 et effectuent leurs missions de service civique à l’EPLEFPA de Saint-Gaudens (Haute-Garonne).

J’ai aussi participé avec eux au Salon International de l’Agriculture à Paris le 26 février 2024. Je fis de belles découvertes et rencontres lors de ce salon et je tiens à remercier le réseau Afrique de l’Ouest, mon tuteur et Fabienne Gilot, la chargée de coopération internationale et responsable du club UNESCO au LPA de Saint-Gaudens pour l’opportunité. Je me fis également interviewée par RFI lors du lancement presse des Ovinpiades mondiales.

Suite à une invitation lors du SIA du délégué régional du CNEAP Bretagne, Yvonick Lorcy, et l’accord donné par mon tuteur, j’ai eu à passer un séjour du 17 au 20 mars 2024 en région bretonne. Lors de ce séjour, mon collègue togolais Éric et moi avons visité l’exploitation d’un lycée du CNEAP et d’un agriculteur chez qui j’ai fait la traite pour la première fois. Le 19 mars 2024, Éric et moi avons partagé notre expérience de service civique lors de la rencontre des référents ouverture internationale au sein du Lycée La Touche à Ploërmel.

Le vendredi 29 mars 2024, lors de la signature de convention entre le MASA et l’AFD dans les locaux de l’AFD à Paris, je fis une présentation faisant office de témoignage en tant que service civique en présence de divers représentants d’institutions engagées dans les actions d’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI).

Et pour finir…

En somme, ces trois premiers mois de mission m’ont permis de développer mon leadership, découvrir de nouvelles pratiques agricoles et culturelles, faire du réseautage et surtout ressentir le besoin perpétuel de m’améliorer et apprendre davantage.
Pour les trois mois restants, je compte être plus productive, organiser plus d’activités culturelles (présentation, atelier culinaire, soirée culturelle…), découvrir d’autres lieux et élargir mon réseau professionnel.

Je retrouverai aussi du 28 au 31 mai 2024 au lycée agricole de La Barotte tous les autres volontaires internationaux en mission dans des lycées agricoles, pour le deuxième regroupement organisé par le réseau RED de l’enseignement agricole.

Ecoutez le Podcast RFI – lancement des Ovinpiades internationales 

Lire les articles : En Afrique, la filière ovine a de beaux jours devant elle Eric et Florence, formateurs Togolais en Agroécologie en visite en Bretagne au Solidacoop du Cneap

Article proposé par Florence Afetor, togolaise en service civique à l’EPLEFPA de La Bretonnière (77-Seine et Marne).

Contact : Vanessa Forsans, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 




Innover en formation agricole en Arménie

Margarit Poghosyan, directrice adjointe du développement et des innovations du secteur agricole au Collège régional du Tavouch Patrick Devedjian (Arménie), était en formation en France du 17 février au 2 mars 2024, notamment auprès de Catherine Demesy, directrice de l’EPL Naturapolis à Châteauroux.

Le temps de formation a été organisé dans le cadre d’un partenariat mené par Max Delpérié, ancien directeur d’établissement agricole public, chargé de mission pour le Fonds arménien de France.

Catherine Demesy, comment avez-vous préparé ce temps d’échange et de formation avec votre collègue arménienne ?

Sollicitée par Max Delpérié pour accueillir Margarit Poghosyan, j’ai accepté avec plaisir. Nous avions déjà partagé du temps lors de sa première mission en 2023 lorsque j’étais directrice adjointe au lycée agricole Les Vaseix, à Limoges, sur le pilotage pédagogique et ce temps partagé avait été très riche d’échanges.
Cette fois-ci nous avons élaboré un programme complémentaire sur 4 thématiques : pilotage financier, ressources humaines, projet d’établissement et coopération internationale. Pendant quatre jours, Margarit m’a suivie dans mon quotidien et a participé à mes différentes réunions pour étudier mon mode de management. Nous avons pris une demi-journée pour visiter l’établissement et aller à la rencontre des équipes et des jeunes, une demi-journée pour échanger autour du suivi financier de l’établissement, une demi-journée sur les ressources humaines. Et nous avons organisé une réunion avec l’équipe coopération internationale de Naturapolis pour étudier ensemble les différentes possibilités de partenariats entre nos deux établissements. Nous avons également échangé autour de la feuille de route stratégique de l’établissement que nous avons rédigée avant de mettre en place l’évaluation de l’établissement. Au-delà de la présentation de nos pratiques, nous avons essayé de voir ce qui était transposable et ce qui ne l’était pas et avons abordé l’axe de la formation, nécessaire pour faire évoluer les pratiques de nos collaborateurs.

Catherine Demesy et Margarit Poghosyan.

Qu’est-ce qui vous a intéressée dans cette démarche ?

Ces quatre journées ont été très riches d’échanges, j’ai pris autant de plaisir à transmettre mes pratiques qu’à profiter du regard extérieur précieux et pertinent de Margarit.
Au-delà des liens d’amitié qui se sont tissés lors de ces deux missions de Margarit Poghosyan en France, pouvoir échanger sur mes pratiques et stratégies, sur mon ressenti et mes questionnements est une vraie richesse pour une nouvelle directrice d’établissement. Cela permet de prendre du recul sur son quotidien et de bénéficier de conseils bienveillants. J’espère que Margarit a pu s’enrichir autant que moi de nos échanges !

Margarit Poghosyan, vous avez passé quelques jours auprès de la directrice de l’EPLEFPA Naturapolis de Châteauroux : quelles sont les raisons de ce choix ? Quels étaient les objectifs de ce temps de formation ? Qu’en retenez-vous ?

Je connais Catherine Demesy, la directrice de l’EPLEFPA Naturapolis de Châteauroux, depuis le mois de janvier 2023 quand j’ai fait ma première formation professionnelle sur le management pédagogique au Lycée agricole de Limoges Les Vaseix où elle était directrice adjointe. Catherine Demesy a repris un nouveau poste de directrice du Lycée Naturapolis depuis la rentrée 2023-2024. Les raisons de ce choix étaient liées à son nouveau poste et à l’expérience de janvier 2023, initiée et organisée par Max Delpérié.

Visite de l’EPL Naturapolis à Châteauroux.

Les objectifs de ce deuxième temps de formation étaient multiples, il s’agissait en particulier d’avoir le regard d’une nouvelle directrice d’EPLEFPA suite à sa nomination par rapport au diagnostic de l’établissement, à son plan d’action, à l’évolution du projet d’établissement et à la mise en œuvre de projets pédagogiques, ainsi qu’au management des ressources humaines et financier.
En janvier 2023, lors de mon premier stage au lycée agricole des Vaseix, j’étais impressionnée par le nombre de réunions, de discussions et d’échanges entre les responsables pédagogiques (directrice adjointe, CPE et professeurs principaux), par la participation des élèves aux différents conseils (de classe et d’administration) ainsi que par l’événementiel au sein de l’établissement. Par la suite, à mon retour, j’ai initié des conseils et des réunions pédagogiques plus réguliers avec les acteurs concernés : équipes administrative et pédagogique, réunions de classe et de parents. Le chargé de mission, Max Delpérié, a suggéré un agenda de semaines thématiques (de rentrée, de santé, de francophonie) que nous sommes en train de faire en les adaptant toujours au terrain. Nous avons démarré le travail du Conseil de perfectionnement dont le but est de synchroniser les actions des responsables du recrutement, de l’orientation professionnelle, de la communication et de l’administration appuyées par la présence des experts français. Effectivement, l’une des actions les plus importantes c’est la mise en place et le développement de la qualité des travaux pratiques sur l’exploitation agricole que nous continuons à élaborer. Nous avons pu positionner notre Lycée comme centre francophone de la région du Tavouch et créer des relations plus étroites avec les exploitants, les entités locales (Préfecture, Mairie) et les services de l’Ambassade de France en Arménie.

Un objectif complémentaire concerne la coopération internationale dont la possibilité d’échanges professionnels… Compte tenu des différences énormes entre les modèles de l’enseignement, de l’éducation, des financements et autres, le plus essentiel pour moi était de comprendre les fonctionnements et d’essayer de les adapter aux réalités existantes de mon pays. Par ailleurs, c’était une opportunité de mettre en place les premiers échanges entre nos deux établissements au niveau de la coopération internationale.

Vous avez ensuite participé au Salon international de l’agriculture à Paris : quels sont les interlocuteurs que vous avez eu l’opportunité de rencontrer ? Quelles avancées dans vos projets ces échanges ont-ils permis ?

Au SIA 2024.

L’Aventure du vivant au SIA 2024.

Le choix de la période de ma formation était lié aussi à la 60ème édition du Salon international de l’agriculture de Paris.

Les objectifs premiers étaient de participer au Salon et en voir l’organisation : conférences, échanges, ateliers, partage de savoir-faire, mais aussi d’observer les concours et la présentation des animaux, des produits et des lycées agricoles.
J’ai pu découvrir la communication du Ministère de l’agriculture en direction des jeunes (découverte des métiers et des formations) par la visite du véhicule qui parcourt toutes les régions de France avec le slogan l’Aventure du Vivant.
Enfin, j’ai pu communiquer auprès de représentants de lycées au niveau de partenariats éventuels en coopération internationale.

L’autre point important était la réunion avec des collègues chargés de la coopération internationale à la DGER. La réunion du 27 février, avec Rachid Benlafquih, Vanessa Forsans, Évelyne Bohuon (animatrice du réseau Arménie), a permis de formaliser les échanges préalablement préparés avec Max Delpérié.

Nous avons défini les étapes suivantes de nos actions, en précisant les projets en cours et à venir, en définissant les objectifs de moyen et court termes, l’appel à manifestation d’intérêt pour de l’expertise complémentaire, et le travail à mener en direction de l’Agence Française de Développement et de l’Ambassade de France.

Personnellement, le plus impressionnant a été d’observer et de mesurer la motivation des jeunes et leur amour du métier d’agriculteur et des métiers connexes. Les élèves que j’ai rencontrés avec leurs enseignants ont été très intéressants et très expressifs sur leur engagement. Je retire et retiens beaucoup de points positifs afin d’en inspirer le système que nous mettons en place en Arménie.

Max Delpérié, quel est le contexte de cette coopération ?

En 2020, j’ai été approché par des responsables du Fonds Arménien de France souhaitant rencontrer des lycées agricoles. Les visites des deux lycées dont j’avais la responsabilité en Limousin ont eu lieu avec pour thème principal la présentation des actions pédagogiques induites par l’utilisation des exploitations agricoles et des ateliers technologiques des EPLEFPA.
Historiquement, les programmes de développement agricole entre la France et l’Arménie portés par le Fonds Arménien de France (FAF), association de loi de 1901 reconnue d’Utilité Publique, ont initié des actions de développement agricole créatrices d’activités économiques et d’emplois. Le FAF dispose d’équipes opérationnelles françaises sur le terrain. Le FAF, grâce au projet agropastoral du Tavush soutenu par le Conseil Départemental 92, a acquis une expérience certaine dans le domaine du développement rural depuis 15 ans. À l’initiative de Patrick Devedjian, ce projet a été initié en 2008. Il a permis de développer une ferme moderne pour l’Arménie et une fromagerie : La ferme de Lusadzor. Différentes évolutions ont été réalisées depuis. Le grand projet qui anime les membres du FAF est la création d’une école d’agriculture en référence aux lycées agricoles français avec l’appui si possible d’établissements agricoles, le soutien de la DGER et les financements entre autres de régions dont l’Île de France.
Une mission d’un groupe d’experts dont je faisais partie s’est déroulée en octobre 2021. Un partenariat entre le ministère de l’Éducation nationale arménienne et le FAF est acté avec la mise à disposition des locaux du collège régional professionnel d’Idjévan (capitale du Tavush) afin de créer un établissement de formation agricole. L’ouverture a eu lieu en septembre 2022. La ferme de Lusadzor devient de fait le lieu des travaux pratiques dispensés. Il est clair que les cursus mis en place dans le collège régional d’Idjévan et la ferme-école de Lusadzor feront partie d’un programme national de formations rénovées pour l’agriculture en Arménie dont bénéficieront toutes les régions d’Arménie si l’expérience est porteuse de sens et d’avenir. Une fondation a été créée entre le ministère de l’Éducation et le Fonds Arménien de France, co-présidée par le vice-président du Fonds. Le nom de Patrick Devedjian a été donné au collège régional d’Idjévan. Du fait de la crise Covid, les projets imaginés ont pris du retard. Depuis deux années scolaires, nous* avançons avec les équipes arméniennes d’enseignants et une directrice adjointe recrutée, je suis chargé du suivi des actions pédagogiques innovantes, de l’accompagnement professionnel et de la formation de la directrice adjointe Margarit Poghosyan.
* Jacques Bahry, expert spécialiste en formation continue et formations à distance, et moi-même.

Quelles sont les prochaines étapes de ce projet ?

Des missions d’expertise en Arménie sont proposées pour accompagner l’évolution du Collège régional d’Idjévan dans son offre de formation agricole. Trois axes sont retenus, le premier portera sur les évolutions pédagogiques des enseignements techniques en lien avec l’exploitation (apprentissages liés aux transitions agroécologiques) et l’atelier fromagerie ; le second se concentrera sur la vie scolaire d’un établissement basée sur la participation des jeunes, des partenaires selon des principes intégrant les notions de citoyenneté, d’éducation inclusive, de participation individuelle et collective et de démocratie ; enfin, le troisième axe prendra en compte, plus largement le développement territorial des métiers agricoles (installation des jeunes, formation continue des adultes, structures intermédiaires – filières – conseil en agriculture). Ainsi, pour participer à cette mission à l’automne 2024, enseignants d’agronomie ou zootechnie, directeurs d’exploitations agricoles, CPE, directeurs d’établissements pourront candidater à cet appel à manifestation d’intérêt.

Propos recueillis par Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI (Conseil Expertise Formation Agricole à l’International).

Contacts : Évelyne Bohuon, animatrice du réseau Arménie, evelyne.bohuon@educagri.fr
Stéphanie Mangin, chargée de mission Europe au BRECI/DGER, stephanie.mangin@agriculture.gouv.fr, Rachid Benlafquih, chargé de mission expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr




Une Béninoise vinifie dans le Gers

Le lycée agricole de Riscle a accueilli pour un stage de 6 mois Ornella Sodokpa, diplômée de la Faculté des sciences agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin, en partenariat avec l’Institut Agro de Montpellier et l’ENSAIA de Nancy dans le cadre du projet Biovalor.

Il est 14 heures à l’aéroport de Roissy et Ornella Sodokpa embarque pour rentrer chez elle après 6 mois passés au lycée agri-viticole de Riscle dans le Gers. Elle est venue en septembre 2023 avec l’idée de valoriser les fruits de son pays : ananas, mangue, pomme cajou. Elle rentre avec plein de recettes en tête, une solide expérience de la fabrication de bière, de vin, de produits fermentés divers. Elle a rencontré dans le Gers des passionnés de la mise au point de nouvelles boissons fermentées. Les enseignants de viticulture, Jean-Marc Sarran et François Robert, ainsi que toute une équipe de formateurs engagés auprès des établissements béninois avec à leur tête le proviseur du lycée, Pierre Daran, sont très investis dans la coopération internationale.  Au retour elle compte sur le Pôle Biovalor de la Faculté des sciences agronomiques (FSA) pour développer son entreprise de fabrication de vin, de bières et de jus.

Quand Biovalor rencontre FABéOc

Cette belle histoire, Ornella la doit à plusieurs équipes qui ont su coopérer pour que les étudiants avec des projets de création d’entreprise puissent être formés et accompagnés entre le Bénin et la France. Les lycées de Riscle et de Castelnau-le-Lez travaillaient déjà depuis plusieurs années avec le lycée technique agro-pastoral de Kpataba, près de Savalou, dans le département des Collines au Bénin. Dans cette partie du Bénin, on produit de nombreux fruits, notamment de plus en plus de noix de cajou pour l’exportation. La pomme de cajou est la partie charnue sur laquelle pousse la noix, la plupart du temps, elle est jetée dans les champs et n’est pas valorisée. Des échanges d’étudiants et d’enseignants avaient déjà eu lieu pour tester des idées de valorisation, mobilisant les étudiants et le professeur Joseph Dossou de la FSA. Mais pour que les jeunes béninois puissent mieux se former et valoriser leurs productions il fallait changer d’échelle. Un financement a été obtenu auprès de la région Occitanie par les lycées agricoles de Castelnau-le-Lez et de Riscle pour le projet FABéOc (Formation en Agroécologie au Bénin et en Occitanie), qui a permis notamment d’équiper le lycée de Savalou avec du matériel de fermentation et de production de jus.
Dans le même temps la Faculté des sciences agronomiques du Bénin s’est engagée dans un grand projet avec l’Université de Lorraine et l’Institut Agro pour que ses étudiants puissent être mieux formés en lien avec les besoins des filières de production au Bénin. Ainsi le projet Biovalor s’est attaché à l’analyse des besoins des filières, à réformer les formations, à lancer des recherches, à faciliter les mobilités d’étudiant et l’émergence de start-up.
Alors quand les deux équipes de Biovalor et de FABéOc se sont rencontrées, il est devenu rapidement évident que l’on pouvait proposer un stage à un premier étudiant. Et voilà comment Ornella est arrivée à Riscle ! Elle fait partie de la première promotion des start-up sélectionnées par le village entrepreneurial créé par le projet Biovalor à la FSA. Le Pôle Biovalor de la FSA n’avait pas encore les équipements pour accompagner le projet d’Ornella, et pas identifié de matériel adapté à son projet. Il n’y avait pas non plus de formateur rompu aux techniques de fermentation à la FSA. Alors le projet Biovalor a financé le séjour de formation d’Ornella en France, le lycée agricole de Riscle a mobilisé son expertise en produits fermentés pour imaginer avec Ornella des produits adaptés au marché béninois et a acheté, via le projet FABéOc, les équipements qu’Ornella a pu tester et qui seront envoyés au lycée de Savalou.

Un tremplin pour d’autres start-up

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Maintenant qu’un ensemble cohérent d’équipements adaptés à la formation d’étudiants ou au démarrage de start-up a été testé, Biovalor pourra déterminer s’il équipe aussi sa halle et d’autres établissements au Bénin pourront s’inspirer de la démarche. Les dispositifs service civique ou mobilités croisées pourront prendre le relais des bourses Biovalor à la fin de ce projet, d’autres coopérations pourront se nouer d’autant que les projets de start up ne manquent pas au pôle Biovalor, et que plusieurs lycées agricoles français sont ouverts à la coopération avec des établissements béninois.

Pour découvrir les ressources pédagogiques produites par le projet FABéOc

Retrouvez le projet Biovalor sur LinkedIn

Article proposé par Jean-Luc Bosio, directeur des relations internationales à l’Institut Agro de Montpellier, et Pierre Daran, directeur du lycée agricole de Riscle.

Contact : Vanessa Forsans, animatrice des réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne / ECSI / expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr