Le Bénin choisit l’expertise française

L’expertise de l’enseignement agricole français accompagne le passage de 10 à 30 lycées techniques agricoles au Bénin : des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail ont eu lieu à Cotonou entre le 17 et le 27 septembre 2023.

Le Bénin, via son Agence de Développement de l’Enseignement Technique (ADET) a entrepris une grande réforme institutionnelle de l’enseignement technique et professionnel, en particulier agricole, passant de 10 à 30 lycées techniques agricoles (LTA).
Sollicité par l’ADET dès 2021, l’enseignement agricole français (via la DGER/BRECI et ses réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI) a élaboré avec France Éducation International (FEI) une offre technique pour accompagner cette réforme. Les enjeux sont d’importance : il s’agit d’élaborer des programmes de formation, produire des ressources pédagogiques, identifier les équipements nécessaires aux formations, préparer l’implantation des filières ; soutenir, par la formation et l’insertion les jeunes dans la vie active, les politiques territoriales de développement économique et social ; mettre en place une professionnalisation des métiers de la formation ; favoriser l’implication active dans le territoire, des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, et structurer une dynamique tournée vers l’innovation et l’expérimentation. 11 filières et 15 diplômes (Diplôme Technicien Métier et Diplôme Technicien Supérieur Métier, DTM et DTSM) sont concernés.
Cet appui est mis en œuvre dans le cadre d’une contribution plus globale en « équipe France » à la réforme de l’appareil de formation professionnelle du Bénin,  s’inscrivant dans le programme de coopération en matière de formation professionnelle entre la République du Bénin et la France signé à la suite du déplacement au Bénin du Président de la République française en juillet 2022. Avec un financement de la Banque mondiale d’un montant de 1,22 M€, ce projet a en ligne de mire l’accueil de 48 000 apprenants afin de les former très concrètement aux métiers de l’agriculture.

Ainsi, une première mission dans le cadre de ce projet a mené au Bénin entre le 17 et le 27 septembre 2023 un groupe d’experts de l’enseignement agricole français, accompagnés par le réseau CEFAGRI et France Education International. Une réunion de cadrage entre l’ADET, FEI et la DGER (BRECI) a permis le lancement officiel du projet. Puis les experts en aquaculture, en élevages de ruminants, de porcins, en productions horticoles, fruitières et forestières, en agroéquipements… ont animé des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail (AST) avec des professionnels béninois, tant de la production que de la formation agricoles (enseignants et directeurs de LTA, inspecteurs). À leurs côtés étaient présents des experts marocains recrutés par FEI ainsi que des spécialistes du coton et du palmier à huile ayant rejoint l’équipe d’experts par le truchement du réseau CEFAGRI.

Les experts de l’enseignement agricole français témoignent de cette expérience de co-construction d’analyses de situations de travail avec des collègues et partenaires béninois avec lesquels la coopération n’est pas nouvelle :

Jean-Roland Arbus, enseignant d’agronomie au LEGTA de Figeac et co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest :
Suite à deux missions au Bénin, en 2019 et 2021, en tant que co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest, j’ai trouvé logique de contribuer à la co-écriture des référentiels avec les Béninois. Être à l’écoute de leurs attentes pour les intégrer dans les référentiels, travailler en équipe d’experts sont des éléments de réussite. Enfin soulignons l’importance d’intégrer l’agroécologie, la durabilité et la gestion économique dans ces référentiels pour les futurs entrepreneurs béninois.

 

Patrick Desnos, enseignant d’agronomie au lycée horticole privé de Saint-Ilan (Côtes-d’Armor) :
La rencontre avec les professionnels, les enseignants et les inspecteurs béninois nous a permis de mieux appréhender les attentes de nos partenaires et de confronter nos visions « Nord-Sud » des métiers des différentes filières agricoles étudiées. Cette co-construction de l’analyse des situations de travail dans le domaine du maraîchage, de l’horticulture ornementale, de l’arboriculture fruitière et forestière m’a permis de mieux cerner ces différents métiers au Bénin. Les diplômes visés de technicien métier et de technicien supérieur métier ont pour but, entre autres, de favoriser la création d’entreprise permettant à des jeunes béninois de participer à la souveraineté alimentaire de leur pays et d’améliorer la chaîne de valeurs. Les échanges avec l’ensemble des participants ont été riches et constructifs : une co-construction à poursuivre pour écrire le référentiel de compétences dans le cadre de cette rénovation ambitieuse.

Catherine Lejolivet, enseignante d’aquaculture au LEGTA de La Canourgue (EPL de la Lozère) :
Bénin comme Bienveillance : c’est le sentiment fort ressenti pendant cette semaine de travaux collaboratifs avec les partenaires des filières professionnelles agricoles, l’inspection et les enseignants des lycées techniques. Ce fut une première en Afrique de l’Ouest, me concernant. La mission de co-construction de programmes de formation aquacole est d’importance pour ce pays désireux de former des techniciens et des techniciens supérieurs leur permettant de s’installer, de piloter ainsi leurs entreprises avec un maximum de clés et de contribuer à l’approvisionnement des marchés demandeurs de produits aquatiques d’eau douce ou saumâtre. D’où le challenge pour moi : comprendre le contexte aquacole, les attentes des partenaires afin de répondre au mieux dans un esprit clairement de convivialité partagée. Les échanges ont été riches, vivants et constructifs, hâte de poursuivre l’aventure franco-béninoise !

 

Arnaud Lefèvre, directeur de l’exploitation ostréicole de l’EPL de Bourcefranc :
Suite à des échanges réguliers avec différents partenaires béninois depuis plus de vingt ans, il m’a semblé intéressant de participer à l’évolution des curricula des formations techniques en aquaculture. Au sein de ce secteur très dynamique en Afrique de l’Ouest depuis quelques années, le Bénin réussit à tirer son épingle du jeu, grâce en particulier à la mise en place de l’organisation de la filière. Les échanges avec les professionnels, mais également avec les enseignants et les représentants de l’administration, permettent de contextualiser et de partager les différentes opinions sur ce secteur de production. L’enjeu premier est de proposer des programmes basés sur les pratiques, de façon à ce que les apprenants soient opérationnels dès la sortie des études. Au-delà, la demande inclut de considérer dans ces formations les évolutions et les innovations envisageables de la filière aquacole au Bénin.

Jean-Louis Devoyon, enseignant d’agroéquipement au LPA de Saint-Yrieix-la-Perche :

Sollicité par le BRECI/DGER et avec l’aide de Guillaume Gillet de l’ENSFEA, le lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche est un établissement reconnu dans le domaine des agroéquipements avec une dimension internationale puisqu’il coopère avec des pays d’Afrique et en particulier le Bénin. C’est à ce titre que j’ai été mobilisé sur ce projet pour la co-construction selon l’approche par compétences (APC) des référentiels de formation en machinisme (DTM/DTSM). J’ai ainsi pu valoriser et partager mon expérience en mécanisation agricole afin de proposer des formations qui répondent aux mieux à la demande professionnelle actuelle et à venir pour une insertion réussie des futurs apprenants. En tant qu’expert, j’ai pu prendre la mesure des forts enjeux de ce projet ambitieux par rapport aux grandes potentialités de ce pays en développement et ce fut un honneur pour moi de pouvoir modestement y contribuer. De cette première expérience, je retiendrai la difficulté de proposer une offre de formation cohérente non seulement au regard de la structuration des branches sectorielles actuelles mais aussi tenant compte du secteur informel, non-formel le plus représentatif. Il est apparu ainsi important d’ouvrir cette formation à des métiers pas seulement tournés vers la maintenance agricole mais aussi vers l’utilisation, la conduite, le réglage des machines voire dans certains cas l’adaptation-conception simples d’outils. C’est précisément ce lien agronomique avec le vivant qui permettra à court terme un renforcement capacitaire de l’arrière paysage rural et de son développement économique par un ancrage de jeunes dans leur territoire. Dans cette perspective, la réduction de la pénibilité des travaux agricoles grâce au développement d’une mécanisation raisonnée doit en principe permettre une meilleure productivité des sols et attractivité du métier chez les jeunes agriculteurs, leur offrant ainsi des conditions de vie meilleures et  participant alors dans une certaine mesure à la déconstruction des imaginaires migratoires.

Xavier Baudouin, directeur de l’exploitation agricole de l’EPL de Vire :
Les missions d’expertise constituent un levier essentiel de la coopération internationale, ainsi qu’un outil de dialogue et de valorisation des savoirs faire. Notre mission sur le sol béninois fut une expérience véritablement enrichissante. La rencontre avec les acteurs locaux, qu’ils soient professionnels du secteur, enseignants ou inspecteurs, a grandement contribué à notre compréhension des attentes de nos homologues béninois.
De plus, elle a permis de confronter nos perspectives distinctes sur les métiers agricoles, en intégrant les visions tant « Nord » que « Sud ». Cette convergence d’idées s’est avérée être le socle essentiel à la poursuite de notre collaboration dans le cadre de la révision ambitieuse du référentiel de compétences. De nos discussions, est née une belle opportunité : celle de co-créer, co-construire, d’unir nos forces pour tracer le chemin d’une rénovation ambitieuse.
Ce premier pas ne représente qu’une étape préliminaire. Il incarne une promesse de synergies futures, où nos compétences et notre engagement mutuel se fondent dans la rédaction d’un référentiel. Notre récit, forgé par notre passion pour l’agriculture et notre désir de contribuer au progrès, se prolongera, établissant un lien solide et durable entre deux nations unies par leur quête d’excellence dans le domaine agricole.

À l’issue de cette première mission, toutes les analyses de situation de travail co-construites au cours des ateliers puis rédigées par les experts français et marocains sont relues par une DRIF (déléguée régionale à l’ingénierie de formation) de l’enseignement agricole afin d’en proposer à l’ADET une version finale tout à fait complète et harmonisée.

L’ensemble des experts français et marocains ainsi que leurs homologues béninois se retrouveront au Bénin en décembre 2023 pour la prochaine étape : l’élaboration conjointe des référentiels de compétences. Viendront ensuite, avant la fin de cette année scolaire, les missions de co-construction des référentiels de formation et d’évaluation. Ces missions seront bien évidemment accompagnées par les coordonnateurs du projet,  béninois (l’ADET) et français (le MENJS via FEI et le MASA via la DGER/BRECI et son réseau CEFAGRI) qui veilleront à assurer la bonne conduite de cette importante coopération multi-acteurs.

Contacts : Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest
vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 




Programme « Agri-Tech & Food Business Training » – Nigeria

Le CFAA de La Bretonnière en Seine-et-Marne et le CFPPA Nature du lycée agricole de La Roche-sur-Yon préparent une formation à destination de 20 agro-entrepreneurs nigérians pour février 2024.

Les 24 et 27 juillet 2023, le CFAA de La Bretonnière et le CFPPA Nature de La Roche-sur-Yon ont accueilli Olawale Rotimi Opeyemi, fondateur et PDG de JR FARMS AFRICA (entreprise agroalimentaire implantée au Nigeria, au Rwanda et en Zambie) et Olayemi Olonilua, PDG de Jokun Farms (implanté au Nigeria et en Zambie). Les deux agro-entrepreneurs nigérians étaient accompagnés de Rachid Benlafquih, chargé des programmes Afrique Subsaharienne et Océan Indien à la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA).

Il s’agit là de la première étape d’un partenariat en cours de construction, suite à la demande du secteur privé nigérian de bénéficier en France de formations ad hoc destinées aux agro-entrepreneurs africains. Cette demande avait été relayée par la conseillère aux affaires agricoles de l’ambassade de France au Nigeria, Sonia Darracq, qui a sollicité le BRECI (Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale) et son réseau CEFAGRI (Conseil Expertise Formation Agricole à l’International). Un appel à manifestation d’intérêt a alors été lancé à l’ensemble des CFPPA, et parmi les cinq qui se sont proposés, deux établissements ont finalement été retenus.

Avec l’appui du BRECI, le CFAA de La Bretonnière et le CFPPA Nature de la Roche-sur-Yon se sont ainsi mobilisés pour construire un programme de formation complet visant à montrer la diversité et la complémentarité des secteurs et des métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire français dans une perspective intégrée, de la fourche à la fourchette… en anglais !

La première édition se déclinera sur six semaines du 23 février au 16 mars 2024 sur le site de La Bretonnière, puis du 16 mars au 7 avril 2024 sur celui de La Roche-sur-Yon. Elle permettra d’accueillir vingt agro-entrepreneurs africains, principalement nigérians, qui pourront découvrir les multiples facettes de l’agriculture française, son organisation et ses innovations et envisager des partenariats dans plusieurs filières de productions agricoles (volaille, porc, vigne, maraîchage, grandes cultures, bovins, produits de la mer…). Ce sera également l’occasion pour les participants de partager expérience et savoir-faire avec les acteurs de l’agriculture de territoires français, et d’identifier des opportunités de collaboration.

Ce programme témoigne de l’intérêt croissant des agro-entrepreneurs privés nigérians pour l’agriculture et l’agro-industrie françaises.

Visite et signature de la convention de coopération à La Bretonnière

Pour soutenir cette démarche internationale, de nombreux partenaires étaient présents le lundi 24 juillet 2023 pour la signature par O. Rotimi et Fred Numa, directeur du CFAAH de Seine-et-Marne, de la convention de coopération entre JR Farms Africa et le CFAAH de La Bretonnière : Guy Dhorbait, maire de la commune de Boissy-le-Châtel, Antoine Heusèle, président du Conseil d’Administration de l’EPLEFPA de La Bretonnière, Daniel Kiszel, chef d’entreprise Vigne Envie, monsieur et madame Aubry, exploitants EARL du Logis.

À la suite de la signature, plusieurs visites ont permis de donner un avant-goût du séjour et des formations à venir : les installations de l’établissement, son exploitation et son magasin de vente directe ont été parcourus en compagnie de Jean-Claude Wagny, directeur de l’exploitation du lycée agricole de La Bretonnière. Les partenaires nigérians ont ensuite été accueillis à la Ferme du Logis par M. et Mme Aubry.

À lire aussi : article dans la Presse locale, Le Petit Briard du 11 août 2023

Visites et signature de la convention de coopération au Lycée Nature

Le jeudi 27 juillet 2023, la même délégation a été accueillie au lycée Nature de La Roche-sur-Yon, où Régine Chiron, directrice du CFPPA Nature, a signé la convention de coopération avec M. O. Rotimi. Là également, un programme très complet de visites et rencontres avait été préparé, qui a permis à la délégation nigériane de parcourir les quatre pôles de l’exploitation agricole du lycée (volaille, mouton, porc, maraîchage) et son magasin, guidée par Franck Dovonou, jeune ivoirien en service civique, et Nadine Zorzi, secrétaire générale du lycée, très investie dans la coopération internationale de l’établissement, au même titre que Patricia Darjo, la directrice de l’EPLEFPA.

Les visiteurs ont ainsi pu apprécier les modalités d’accueil des futurs participants, les détails du programme de formation et visiter quelques sites qui ont été proposés lors de la formation.  Soit l’atelier de l’eau à La Roche-sur-Yon où Maud Rivard, exploitante agricole, a présenté sa production de spiruline, le village de la Vergne à La Roche-sur-Yon, tiers-lieu collaboratif présenté par Christophe Touchancheau, exploitant agricole en maraîchage biologique et la plateforme de compostage de Dompierre-sur-Yon gérée par Trivalis, où François Gilet (maire de Dompierre-sur-Yon), Éric Bourdet (référent de site et président de l’association), Manon Moreau et Kevin Viguier (chargés de mission biodéchets à Trivalis) ont présenté avec passion le site de compostage et ses enjeux écologiques.

Tous les futurs partenaires n’ont pas pu être rencontrés mais les chefs d’entreprise nigérians ont été impressionnés par la qualité des prestations proposées ainsi que par l’engagement des officiels et des partenaires français des deux établissements.

Rendez-vous donc le 23 février 2024 avec le premier groupe de 20 agro-entrepreneurs nigérians pour débuter la formation au salon international de l’agriculture (SIA) et au MASA à Paris !

 

Pour découvrir les formations des centres : CFAA de La Bretonnière et  CFPPA Nature

Pour connaître les entreprises : JR FARMS AFRICA, entreprise agroalimentaire implantée au Nigeria, au Rwanda et en Zambie et Jokun Farms, implanté au Nigeria et en Zambie.

 

Contacts : Rachid Benlafquih, chargé de mission Afrique subsaharienne / ECSI / expertise à l’international au BRECI/DGER
rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, Sonia Darracq, conseillère aux affaires agricoles à l’ambassade de France au Nigeria
sonia.darracq@dgtresor.gouv.fr

 




Blended learning au service des vétérinaires angolais

Deux experts de l’enseignement supérieur agricole français, Hayette Adel, professeure en pédagogie numérique à l’ENSFEA, et Jean-Claude Gracia, docteur en science de la formation, consultant VetAgroSup, présentent leur expérience de formation de formateurs à la Faculté de Médecine Vétérinaire de Huambo (Angola).

Le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire (MASA) s’est engagé à accompagner de nouvelles réformes de la formation agricole et rurale en Afrique, à intensifier la mobilité réciproque des étudiants et des enseignants, à co-construire un réseau Afrique-France de formations croisées et de doubles diplômes pour l’avenir des filières agricoles, d’élevage, forestières et agroalimentaires et à accompagner les étudiants entrepreneurs africains, donnant ainsi une nouvelle impulsion aux partenariats existants pour mettre en œuvre les orientations définies par le Président de la République lors de son discours de Ouagadougou en novembre 2017.
Dans ce cadre, un parcours de formation, porté par VetAgroSup Lyon, a été co-élaboré par l’ENSFEA et les écoles vétérinaires de France (ENV) sur proposition du chargé de mission Afrique du Bureau des relations européennes et de la coopération internationale (DGER-MASA).

Qu’est-ce que le dispositif de formation VAI²P ?

Créé sur un réseau de collaborations internationales, le dispositif de formation « Veterinary and Agronomic International and Innovative Pedagogy Training – VAI²P » est un projet de formation internationale à l’innovation pédagogique pour les enseignants vétérinaires et agronomes. Il a pour finalité le renforcement des compétences professionnelles des enseignants. Il repose sur la co-construction et la mutualisation de ressources pédagogiques. C’est une formation hybride à l’international.
Les Écoles Nationales Vétérinaires de France apportent un appui scientifique et technique, l’ENSFEA partage son expertise dans l’encadrement pédagogique en e-learning, l’approche par compétences et l’utilisation des outils numériques.
Ce dispositif de type formation/action d’une durée de 9 mois conduit à la réalisation d’une ressource : un parcours de formation d’une quinzaine d’heures en binômes internationaux  – c’est la composante “action” – tout en bénéficiant d’apports pédagogiques et d’accompagnement par une équipe pédagogique dans les domaines de l’approche par compétences, la pédagogie active et l’usage du numérique – c’est la composante “ formation” .

VAI²P est un programme de formation continue à la pédagogie et aux outils innovants pour les enseignants des cursus vétérinaires et agronomiques. Il s’agit à la fois d’un outil d’intégration de l’innovation dans la formation et un cadre d’échange, de partage et de travail entre des enseignants, d’origine et de champ d’action différents mais tous soucieux de l’excellence de leur formation. Le projet a démarré en septembre 2020 avec l’Angola dans une session pilote effectuée grâce à l’appui technique et financier du MASA/DGER et au soutien de la Région Rhône-Alpes, de l’ENSV-FVI et de l’Ambassade de France en Angola, concrétisant ainsi un partenariat engagé depuis juin 2019 avec la faculté de médecine vétérinaire de l’Université Jose Eduardo Dos Santos de Huambo (FMV de l’UJEDS).

Le projet VAI²P s’inscrit dans le cadre de la stratégie Europe et International du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire pour lequel le continent africain représente une zone prioritaire. En effet, le ministère a réaffirmé le caractère structurant des partenariats privilégiés entretenus avec les pays africains, dont notamment l’Angola, qu’il s’agisse d’appui au développement des filières agricoles, d’accompagnement à la transition numérique des systèmes agro-alimentaires, de stimulation de la recherche et de l’innovation ou de la formation des enseignants et des étudiants.

VAI²P s’appuie sur deux séminaires « distanciels » synchrones, un séminaire présentiel en France et un séminaire de fin de projet dans les pays partenaires.
Pour compléter ce dispositif, une salle de visio-conférence est dédiée au projet. Elle est utilisée sur demande des binômes ou planifiée par l’équipe d’accompagnement à différents moments du processus.  VAI²P se distingue par ses caractéristiques de collaboration, mutualisation, analyse réflexive et par un processus d’évaluation intégrant différentes modalités (auto-évaluation, co-évaluation, valorisation).
Ce parcours donne lieu à l’obtention d’un Open Badge délivré par l’ENSFEA et endossé par le Ministère de l’Agriculture français.

Attestation de participation au processus de formation précurseur de l’Open Badge.

En quoi a consisté votre mission à la Faculté de Médecine Vétérinaire (FMV) de Huambo ?

Pour clore le processus de formation e-learning, une mission a été réalisée sur site à la FMV de Huambo avec l’appui des services du ministère de l’agriculture (Rachid Benlafquih – chargé de mission Afrique DGER-BRECI), de l’ambassade (René Quirin – COCAC ambassade de France en Angola) et des relations internationales de VetAgroSup Lyon (Cédric Colmar – directeur des Relations Partenariales, Internationales et Européennes).

Après deux premiers séminaires en février et mars 2021 ayant réuni trente participants en formation en ligne,  un premier séminaire en présentiel a été l’occasion de réunir, en décembre, les équipes enseignantes engagées dans le dispositif VAI²P, en provenance de la faculté de médecine vétérinaire de Saint Hyacinthe (Québec), de la faculté vétérinaire de l’Université José Eduardo dos Santos de Huambo (Angola), de l’Institut Agro-Vétérinaire Hassan II de Rabat (Maroc) et de la faculté agro-vétérinaire de Bila Tserkva (Ukraine). Des visiteurs des facultés vétérinaires de Kosice (Slovaquie) et Lisbonne (Portugal) étaient également présents. Nos collègues angolais de la Faculté de Médecine Vétérinaire de Huambo ont ainsi réalisé à VetAgroSup Lyon fin décembre 2021 l’étape de mutualisation des ressources. Nous avons pu nous rendre à Huambo en Angola, du 23 au 29 avril 2023.

Cette mission a permis de réaliser la dernière phase du projet VAI²P, la phase d’animation de séance devant les étudiants en présence de l’équipe d’accompagnement et d’autres enseignants locaux ayant participé au projet. Les caractéristiques et les résultats du projet ont été présentés aux équipes de direction et aux enseignants vétérinaires et agronomes de l’Université José Eduardo Santos de Huambo.

Analyse de pratiques et mutualisation des ressources et projets pédagogiques.

Présentation du dispositif VAI²P aux professeurs de la FMV.

Quels sont ces résultats ?

Huit professeurs impliqués dans le projet ont conçu et expérimenté des ressources pédagogiques créées sur différents domaines :
– anatomie pathologie, « Differential diagnosis of intra-cavitary liquid accumulation with a special focus on transudate » par le trinôme Antonio Da Silva Alexandre (FMV) et Florentina Luis Chipepe (FMV) avec Sara Belluco (VetAgro Sup),
– aquaculture, « Analysis of biosecurity in fish farms » par le trinôme Marlinda Jolomba Silva (FMV) avec Ségolène Calvez (ONIRIS) et Nora Navarro-Gonzalez (ONIRIS),
– épidémiologie, « Descriptive epidemiological investigations » par le binôme Antonia Francisco (FMV) avec André Ravel (FMV Ste Hyacinthe Québec Canada).
L’observation des pratiques enseignantes en contexte a démontré l’atteinte des principaux objectifs du projet. Une analyse réflexive a été conduite, une évaluation est en cours.
Plus d’une centaine d’étudiants sont directement impactés par le changement (épistémologique, didactique, l’innovation pédagogique et l’usage pédagogique du numérique).
L’ensemble de l’équipe enseignante mobilisée lors des séminaires virtuels (ouverts) présente lors des travaux est à l’écoute des professeurs formés. Ce sont eux qui ont le mieux communiqué sur les finalités et les objectifs du dispositif. Ils sont reconnus comme référents.
Les caractéristiques du projet ont été présentées aux équipes de direction et à tous les enseignants vétérinaires de la FMV. Une dizaine d’enseignants agronomes ont été rencontrés et invités à la session de clôture et d’échange.
Enfin, la doyenne de l’université de Huambo a présidé une réception mobilisant une centaine de représentants de l’UJES.

Que retenez-vous particulièrement de cette expérience ?

Groupes classes des étudiants vétérinaires de la faculté de médecine vétérinaire et un de leur professeur – FMV.

Le dispositif  VAI²P en tant que projet de formation continue des enseignants montre son efficacité pour développer les compétences pédagogiques et numériques à partir d’objets scientifiques, techniques et des questions éthiques. Les enseignants bénéficiaires du projet sont repérés comme personnes ressources par leurs collègues. Ils ont fait la démonstration de leur capacité à décrire le contenu et l’intérêt de cette formation pour le renouvellement de leurs pratiques.

Évaluation de la dernière étape du processus, mise en situation et transfert des acquis des professeurs en formation VAI²P.

Le projet atteint bien son but de créer un réseau de collaborations internationales au-delà du parcours de formation. Deux des quatre enseignants réalisent un PHD (doctorat) grâce au VAI²P. Antonia Virginia Francisco réalise son PHD avec VetagroSup en collaboration avec André Ravel, épidémiologiste Professeur à l’Université de Montréal St-Hyacinthe au Québec. Florentina Amelia Luis Chipepe démarre un PHD avec le professeur Fernando Alfonso de la FMV de Lisbonne suite à leur rencontre au séminaire VAI²P.

Que vous a-t-elle apporté personnellement et professionnellement ?

Jean-Claude Gracia L’expérience vécue autour de ce dispositif, avec l’accompagnement du BRECI et l’appui structurant de Rachid Benlafquih, est marquante, depuis sa conception (espace de créativité passionnant), son accompagnement (très riche en relations humaines, institutionnelles et internationales), la mise en perspective (projet porteur de développement) et les valeurs à développer (travaux conduits à égale dignité, réalisations concrètes, critère d’utilité sociale, mise en lumière des relations entre la santé humaine, la santé animale et les écosystèmes et le lien entre l’écologie et la médecine humaine et vétérinaire, le One Health).
Ce type de dispositif en mode hybride, à faible coût, peut devenir une prestation efficiente (peu de déplacements) et efficace (à la fois pertinente pour créer les conditions du changement de pratiques et, de plus, propédeutique pour des formations académiques de spécialité).
En tant qu’expert consultant pour VetAgroSup Lyon j’ai acquis de nouvelles perspectives de travail en partenariat international, à même de recontextualiser savoir et savoir-faire aux attentes de l’environnement, co-élaborer et mutualiser les ressources produites, accompagner les changements (référentiels de formation, approche par les compétences, pédagogie interactive, pédagogie numérique…) dans l’optique « One Health », et les valeurs humaines.

Hayette Adel Pour ma part, cette expérience m’a permis de mettre en œuvre mon expertise d’ingénierie de formation hybride. J’ai pu avoir, grâce à ce projet, une expérience en contexte international et j’ai en particulier découvert les enjeux de la coopération entre la France et l’Afrique dans le domaine de la formation. Elle a été l’occasion de travailler en mode collaboratif avec des pédagogues et des enseignants vétérinaires, des institutionnels et de faire concilier leurs besoins scientifiques, pédagogiques et numériques, et aussi en particulier de travailler en binôme avec mon collègue Jean-Claude Gracia pour les aspects pédagogique et numérique du projet de manière extrêmement fructueuse et bienveillante. Nous avons appris à nous appuyer sur nos points forts respectifs. Par ailleurs, les orientations, le point de vue critique et constructif de Rachid Benlafquih a toujours été très éclairant lors de la conception et la mise en œuvre de ce projet.
Ce travail d’expertise internationale a été l’occasion aussi, du fait de multiples évènements dont la crise sanitaire (covid), d’expérimenter ma capacité à m’adapter à de nouvelles configurations, à trouver des solutions (en collaboration avec les autres intervenants du projet). Cette expérience a enfin été l’occasion de m’adapter au contexte local aussi bien du point de vue matériel qu’humain. D’un point de vue personnel j’ai découvert l’Angola, un pays que je ne connaissais pas. J’ai découvert une histoire, des gens généreux, gentils et avides de connaissances. …En attendant la suite du projet avec le Maroc !

Invitation de la rectrice, Virginia Quartin, de l’université de Huambo (UJES) ; déjeuner « surprise » faisant suite à la clôture de la session de formation (signifiant ainsi l’importance des collaborations avec VetAgroSup Lyon).

Propos recueillis par Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI.

Contacts : Jean-Claude Gracia, docteur en sciences de l’éducation et de la formation, retraité MASA-ENSFEA, ingénierie pédagogique de la formation, jeanclaudegracia1@gmail.com, Hayette Adel, professeure en pédagogie numérique à l’ENSFEA, hayette.adel@ensfea.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique / ECSI / expertise à l’international au BRECI, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




L’expertise de l’enseignement agricole à l’international

La composante « expertise » de la coopération internationale est animée par le réseau CEFAGRI (Conseil Expertise Formation Agricole à l’International), réseau transversal concernant toutes les zones géographiques (Afrique, Amérique latine, Asie, Europe) piloté par le Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale (BRECI) de la DGER. Pour la première fois, des rencontres ont été organisées pour favoriser les échanges entre les divers acteurs de l’expertise à l’international de l’enseignement agricole. Elles ont eu lieu les 30 et 31 mars 2023 au LEGTA Le Chesnoy et en distanciel.

Les « experts » de l’enseignement agricole, confirmés ou en devenir, qu’ils soient enseignants, formateurs, directeurs de CFPPA, d’exploitation agricole, animateurs de résothem’ ou de réseaux géographiques, inspecteurs, chefs de SRFD, sont venus de diverses régions (et même d’Outre-Mer en visioconférence) pour échanger et rencontrer les représentants d’organismes avec lesquels travaille le réseau CEFAGRI, venant quant à eux de Paris (FranceAgriMer, Expertise France, France Éducation International, SFERE) ou de Montpellier (service DEFIS de l’Institut Agro, ICRA, réseau FAR).

L’objet de ces rencontres, qui ont réuni 35 personnes en présentiel et 7 en distanciel, était d’une part de se connaître mutuellement, créer des synergies d’actions, dégager des bonnes pratiques en commun, et d’autre part de partager les besoins en termes de profils d’experts, les opportunités de collaboration, les perspectives d’amélioration de travail en commun.

L’expertise, une composante à part entière de la mission de coopération internationale

Les experts de l’enseignement agricole sont tout simplement des praticiens de terrain(s) qui interviennent dans un esprit de co-construction entre pairs, à trois niveaux : pour les contenus de formation, l’ingénierie de la formation, les référentiels, la pédagogie ; la gouvernance organisationnelle (ancrage territorial, politiques de décentralisation, stratégie d’établissement) ; la gouvernance institutionnelle (pilotage, moyens, certification, inspection). Les profils des experts sont donc variés, à l’instar des participants à ces rencontres.

Si l’Afrique, qui a à relever d’importants défis sociaux et agricoles du fait de sa croissance démographique, offre de nombreuses opportunités de coopération avec l’enseignement agricole français, les terrains d’expertise se trouvent aussi sur les autres continents, comme le montre cette carte des projets en cours :

Les bénéfices pour l’expert de l’enseignement agricole sont multiples, de la valorisation de ses savoir-faire à la réflexion sur ses pratiques professionnelles, en passant par le développement de compétences interculturelles et autres soft skills, sans oublier la motivation pour développer de nouvelles actions de coopération internationale. Aussi l’établissement de l’expert y trouve-t-il son compte en termes d’impact sur la qualité de l’enseignement ou la dynamisation de la coopération internationale avec à la clé un renforcement des mobilités, des propositions de stages, des projets en partenariat…

Dans ce contexte, le réseau CEFAGRI a pour objectifs de conduire l’analyse et la structuration de l’expertise à l’international menée par les établissements de l’enseignement technique agricole, et de rendre visible, lisible et mobilisable son vivier d’experts. Le réseau CEFAGRI se trouve à l’interface d’offres et de demandes d’expertises et propose d’accompagner une montée en compétences des experts.

Retrouvez tous les détails sur ces aspects dans les diaporamas suivants :

 

Des synergies avec divers organismes d’expertise à l’international

Tous les organismes représentés lors de ces rencontres ont exposé leur fonctionnement et leurs liens avec le réseau CEFAGRI.

Le service DEFIS de l’Institut Agro Montpellier :

L’Institut Agro dispose à Montpellier d’un service dédié à l’appui aux enseignements et à la professionnalisation des étudiants ainsi qu’à l’expertise à l’international (développement rural, agroalimentaire, appui aux dispositifs de formation, techniques à supérieurs : le service DEFIS, pour « Développement Expertise Formation Ingénierie pour le Sud », relevant du Pôle Tropiques et Méditerranée. Dans le cadre de ses missions d’ensemblier et de coordonnateur de consortium, le service DEFIS s’inscrit également dans le continuum FRIDA (Formation Recherche Innovation Développement Appui à l’enseignement technique), et collabore régulièrement avec l’enseignement technique agricole, ce qui a été le cas à l’occasion du projet AFOP au Cameroun depuis plus de dix ans, ainsi que pour le projet AMES au Congo. Ce Projet d’Appui à la Modernisation de l’Enseignement Supérieur de la République du Congo, se déroulant de 2021 à 2024 pour un budget total de 600 000 euros porté par Expertise France et l’Agence Française de Développement (AFD), comprend quatre composantes que sont la formation par la recherche, des stages de perfectionnement en France, la réforme des référentiels, l’ingénierie technique. C’est dans cette quatrième composante que l’enseignement technique agricole intervient par la mobilisation d’un directeur d’atelier technologique de lycée agricole en tant qu’expert technique en appui à l’élaboration du business plan du Centre Multiservices de Valorisation des Bioressources prévu par le projet à l’Université Marien N’Gouabi de Brazzaville.

France Éducation International :

France Éducation International (FEI), établissement placé sous la tutelle du Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse, coordonne de nombreux projets de coopération à travers le monde, dans ses différents domaines d’expertise que sont la coopération en éducation et formation, l’appui à l’enseignement du/en français, et la reconnaissance des diplômes étrangers.

FEI a formulé avec le BRECI/DGER une proposition technique qui a été retenue par le Bénin dans le cadre de son important projet de réforme de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels. Trente lycées techniques agricoles doivent être opérationnels dans les prochaines années. Pour ce faire, une dizaine d’experts de l’enseignement agricole français sont mobilisés autour d’un chef de projet de FEI pour effectuer des missions au Bénin concernant l’élaboration des programmes de formation, des listes d’équipements et la production de ressources pédagogiques de ces nouveaux lycées agricoles.

Le réseau FAR :

Ce réseau international, fort de dix-huit pays membres, a pour mission d’améliorer les dispositifs de Formation Agricole et Rurale.

L’expertise telle que pratiquée par le réseau FAR a pour spécificités de répondre à la demande d’un pays et/ou de l’AFD, avec souplesse et agilité, en favorisant l’expertise Sud, en lien avec le continuum recherche-formation.

Le réseau FAR souhaite renforcer et élargir ses partenariats, notamment avec l’enseignement technique agricole (le réseau FAR fait déjà partie du consortium du projet FABéOc porté par les lycées agricoles de Castelnau-le-Lez et Riscle) et via le réseau CEFAGRI.

FranceAgriMer :

Sous tutelle du Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire (MASA), FranceAgriMer est l’établissement national des produits de l’agriculture et de la mer, un lieu d’information, d’échange, de réflexions stratégiques, d’arbitrage et de gestion pour les filières françaises de l’agriculture et de la pêche. Par son unité CIPAC (Commission internationale et politique agricole commune), FranceAgriMer assure l’ingénierie des projets de coopération internationale dans le champ de compétences du MASA, hors vétérinaire.

Parmi les projets menés par FranceAgriMer avec la DGER, nous pouvons citer le soutien à un développement rural inclusif et durable en Amérique latine (Équateur, Pérou, Colombie, Bolivie, Paraguay) par la revalorisation et l’accès des jeunes à la formation technique et professionnelle agricole et para-agricole, projet clôturé en 2022.

De même, FranceAgriMer est engagé auprès de la DGER dans le soutien au développement de la formation professionnelle au sein des ISEP (Instituts supérieurs d’enseignement professionnel) au Sénégal, via des missions au Sénégal et des visites d’étude en France.

FranceAgriMer et la DGER travaillent également ensemble dans le cadre d’un accord de partenariat avec l’Algérie pour l’appui à la mise en place d’un centre d’excellence en production laitière.

Dans ces cas, FranceAgriMer organise la logistique des missions des experts mobilisés par le réseau CEFAGRI.

SFERE :

La Société Française d’Exportation des Ressources Éducatives est un bureau d’étude spécialisé dans la gestion de programmes de mobilités d’étudiants internationaux ainsi que dans le conseil et l’assistance technique visant la modernisation des systèmes éducatifs et de formation technique et professionnelle des pays en développement.

Si les liens entre SFERE et le MASA se caractérisent par vingt ans d’actions concrètes de coopération avec divers pays, la première collaboration de SFERE avec le réseau CEFAGRI se fait en 2023 sur le PAFAR (Projet d’appui à la formation agricole et rurale) en Angola. Ce projet de grande ampleur (35 millions d’euros de l’AFD et 5 de l’Union européenne) a pour objectif de revitaliser le système de formation agricole au niveau de l’enseignement secondaire dispensé dans douze instituts techniques agricoles répartis dans le pays, en s’appuyant sur le modèle de l’enseignement technique agricole français. Ainsi, avec un consortium comprenant l’Institut Agro, IRAM, Forhom et Foodprocessing, SFERE et la DGER via le BRECI et le réseau CEFAGRI ont élaboré une proposition technique, retenue par l’Angola, impliquant divers profils d’experts de l’enseignement agricole français.

Expertise France :

Filiale du groupe AFD, Expertise France a pour cœur de métier la coopération technique internationale, avec plus de 50% de son activité en Afrique. Diagnostics, ateliers de concertation, formations : les modalités d’appui proposées par Expertise France sont variées et complémentaires, permettant de répondre à des besoins de court terme comme de concevoir des accompagnements sur le temps long. Son expertise est plurisectorielle, avec par exemple un pôle agriculture qui relève de son Département développement durable.

Pour ses projets à venir impliquant des besoins en formation agricole, Expertise France reste en contact avec le réseau CEFAGRI pour identifier les experts idoines.

Explor :

Proposant du mécénat de compétences au service des projets de coopération internationale, le dispositif Explor est mis en œuvre dans cinq réseaux régionaux multi-acteurs (RRMA). Il permet de mobiliser des salariés, des fonctionnaires, des retraités disposant d’une compétence pour des missions courtes (une à deux semaines) à l’étranger. Ce dispositif s’adresse aux acteurs de la solidarité internationale basés en régions (associations, entreprises, collectivités) souhaitant bénéficier d’une expertise en vue de préparer, mettre en œuvre ou évaluer leurs projets. Les missions  Explor sont financées pour moitié par le RRMA et pour moitié par l’organisme bénéficiaire.

Le RRMA (tel Centraider en région Centre-Val de Loire) se chargeant de la recherche d’experts peut faire appel au réseau CEFAGRI en cas de besoin d’expertise dans le domaine de la formation agricole.

ICRA :

ICRA-global est une fondation dont le siège est aux Pays-Bas, le bureau à Montpellier, avec des représentations en Afrique de l’Ouest et de l’Est et en Amérique latine. Sa vocation est de participer à l’épanouissement de la jeunesse dans le développement rural des pays du Sud, de former des formateurs et professionnels de l’appui-conseil et de fournir des services dans les domaines de l’éducation et de l’agribusiness.

Des passerelles avec le réseau CEFAGRI sont envisagées en fonction des opportunités de projets.

Ces diverses présentations ont donné lieu à des échanges avec l’ensemble des participants, qui ont notamment fait ressortir les valeurs communes : l’expertise à l’international se mène dans un esprit de co-construction, de réciprocité, de partenariat gagnant-gagnant, relayant des politiques publiques telles que celles relatives aux transitions agroécologiques, au bien-être animal, à l’agriculture familiale (sans pour autant négliger l’agribusiness), à l’appui aux filières, en misant sur le continuum formation-installation.

Des échanges de pratiques fructueux entre experts de l’enseignement agricole

La seconde journée de ces rencontres a été dédiée aux témoignages des participants et à leurs échanges de pratiques quant à la participation à des missions d’expertise à l’international, dont voici un exemple : partage d’expérience sur 10 ans de missions en Colombie – par Sandrine Belvèze. Ainsi, un enseignant en agronomie a évoqué sa participation à la co-écriture des référentiels de licence en agriculture biologique de l’Université du Sine Saloum (Sénégal) ; un directeur d’exploitation agricole a parlé de sa mission en Côte d’Ivoire sur le partage de pratiques pour enseigner à produire autrement pour les transitions et l’agroécologie dans le cadre du projet FABA ; une formatrice en CFPPA a présenté ses activités d’expertise en hydraulique et hydrologie ; une chargée de mission en EPL a fait part de son expérience relative à un projet international sur la transhumance ; un enseignant en génie alimentaire a relaté le déroulement de ses missions d’expertise en Russie et en Algérie… Quant aux participants moins expérimentés, ils ont exprimé leur intérêt, leurs motivations pour ce type de coopération internationale. Ces échanges ont aussi permis d’expliciter la notion d’expert, voire de la démystifier.

Dans un deuxième temps, des pistes de préparation de missions ont aussi été abordées. Il s’est agi, avec l’appui et les exemples de missions et de profils d’experts proposés par Expertise France, de voir comment appréhender des termes de références, présenter un CV qui mette en avant les compétences requises pour le projet.

A l’issue de ces rencontres, l’appréciation des participants tient en ces mots :

Tous les participants ont exprimé leur souhait de pouvoir se retrouver régulièrement dans ce type de configuration, très structurant, qui permet de créer du lien, du collectif. On retiendra donc que l’expérience est à renouveler. Ainsi, le comité de pilotage du réseau CEFAGRI initialement prévu va évoluer vers un groupe de concertation sur l’expertise en formation agricole et rurale, auquel participeront tous les organismes présents intéressés. Quant aux experts de l’enseignement technique agricole, ils se verront proposer d’autres types de regroupement, en particulier des temps de formation et de préparation des missions de courte durée à l’international, qui pourront s’organiser en lien avec FranceAgriMer et Expertise France.

Enfin, ces rencontres, en présentant une vision globale des acteurs de l’expertise à l’international de la formation agricole et rurale, ont confirmé le fait que le réseau CEFAGRI répond à une attente de synergie, de mise en lien, pour aller dans le sens d’une mobilisation en « équipe France » de cette expertise.

Pour voir les différentes présentations : DEFIS de l’Institut Agro Montpellier, France Éducation International, Le réseau FAR, FranceAgriMer, SFERE, Expertise France, Explor, ICRA

 

Contacts : Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI de l’enseignement agricole, vanessa.forsans@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique / ECSI / expertise à l’international au BRECI, Direction générale de l’enseignement et de la recherche – MASA, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr