Le lycée agricole d’Aix-Valabre accueille en 2023 un jeune béninois en service civique pour une mission d’animation en agroécologie, faisant suite à une mission collective au Bénin en 2021 et organise une semaine africulturelle en présence d’un artiste béninois en résidence et en tournée dans les lycées agricoles.
Depuis plusieurs années le Campus Nature Provence et plus particulièrement le Centre de Ressources proposent différentes activités d’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI) à la communauté éducative, en participant par exemple au Festival Alimenterre avec ses rencontres-débats et ses projections de films très prisées. Elles se prolongent désormais avec des séances de la Seconde au BTSA co-animées avec des jeunes béninois en Volontariat international de réciprocité. Des activités pédagogiques de recherches d’information avec comme fil conducteur « S’informer pour s’engager » ont permis d’élaborer des panneaux d’expositions sur et avec les partenaires Oiseaux et Horizon, CCFD, Arc Bénin (association de soutien à des micro-projets de femmes) pour développer la connaissance mutuelle et interculturelle. Timothé Tode, en tant que Volontaire international, a conçu une exposition sur l’agriculture béninoise qui donne lieu à des échanges en classe sur la situation agro-environnementale et l’économie agricole du Bénin, la découverte et l’étude en distanciel des pratiques agroécologiques de la Ferme-école SAIN.
De la classe de Seconde générale et technologique avec le module EATDD et une séquence « Du local à l’international », en passant par les classes de STAV, BTSA GPN (Gestion et protection de la nature) et APV (Agronomie productions végétales) mais aussi les adultes de l’option maraîchage du BPREA (Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole), plusieurs groupes ont travaillé avec curiosité et enthousiasme sur les enjeux du changement climatique, les milieux écologiques et vivriers du Bénin.
Du 20 au 24 mars 2023, des jeunes et personnels ont pu aussi assister au Festival Valabre Grand Mix, semaine des cultures du monde et du mieux vivre ensemble, qui a accueilli exceptionnellement cette année Adébayo Hounsou. Cet artiste béninois s’est associé au collectif artistique pluridisciplinaire inclusif NewArt’Aix avec lequel il a contribué à la création d’un spectacle cabaret slam poétique associant des marionnettes et même un clown dans l’espace de la restauration, créant la surprise et l’enthousiasme des convives. Il a passé quelques jours au LEGTA d’Aix-Valabre mais aussi au LEGTA de Digne-Carmejane lors de sa tournée de lycées agricoles, qui a commencé par un premier spectacle à l’EPL de Vire à l’occasion des rencontres des réseaux Afrique, et s’est poursuivie par un « Breizh Bénin Tour » passant par les EPL de Pontivy, de Saint-Aubin-du-Cormier et le lycée CNEAP de Saint-Ilan, avant de terminer au LEGTA Le Chesnoy. Cette tournée a fait suite à sa résidence artistique à l’EPL du Bourbonnais dans le cadre du projet porté par le réseau Afrique de l’Ouest/BRECI « Slam Nature : forêts sacrées d’Afrique et d’Auvergne – Sensibiliser à l’agroécologie par l’interculturalité ».
Les deux établissements Aix-Valabre et Digne-Carmajane se sont aussi associés au cours d’une soirée pour organiser un
repas partagé, confectionné ensemble dans la cuisine pédagogique à Aix-Valabre et mettant en avant des produits typiques du Bénin et de Madagascar par des étudiants et des élèves de l’ASCLAV (association des élèves) pour clôturer ces rencontres riches en échanges.
La présentation du Bénin, de sa culture, sa structure sociale traditionnelle et l’art du conte a aussi eu lieu avec les apprenants de la Seconde professionnelle SAPAT (Services aux personnes et aux territoires). Ils ont pu poser des questions de manière très libre et enthousiaste à Adébayo Hounsou. Cela a permis aux apprenants dans différents contextes d’avoir un autre regard sur le Bénin et a suscité leur envie d’aller découvrir l’Afrique de l’Ouest.
Un des objectifs de l’ECSI version Africulture – Valabre est de communiquer autrement auprès des élèves, des étudiants et des adultes à travers des médiations interculturelles et artistiques qui associent Vie scolaire, CPE, personnels de la restauration, enseignants et formateurs pour continuer à faire vivre les collaborations avec les différents partenaires franco-béninois.
Et l’aventure Africulture continue au lycée agricole d’Aix-Valabre en accueillant cette année scolaire 2023-2024 non pas un, mais deux jeunes en service civique, l’un du Bénin également issu de l’Université Nationale d’Agriculture, l’autre du Sénégal de l’USSEIN, université avec laquelle l’établissement a aussi noué un partenariat !
Enfin, le LEGTA d’Aix-Valabre accueillera du 24 au 26 janvier 2024 le regroupement des volontaires internationaux animé par le RED avec l’appui de l’Institut Agro de Montpellier-Florac et les personnels venus de toutes régions pour participer aux rencontres/formation des réseaux Afrique.
Article proposé par Marie-Laure Para, enseignante documentaliste, référente coopération internationale au Campus Nature Provence (LEGTA d’Aix-Valabre) marie-laure.para@educagri.fr
Contact : Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr
Le Bénin choisit l’expertise française
L’expertise de l’enseignement agricole français accompagne le passage de 10 à 30 lycées techniques agricoles au Bénin : des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail ont eu lieu à Cotonou entre le 17 et le 27 septembre 2023.
Le Bénin, via son Agence de Développement de l’Enseignement Technique (ADET) a entrepris une grande réforme institutionnelle de l’enseignement technique et professionnel, en particulier agricole, passant de 10 à 30 lycées techniques agricoles (LTA).
Sollicité par l’ADET dès 2021, l’enseignement agricole français (via la DGER/BRECI et ses réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI) a élaboré avec France Éducation International (FEI) une offre technique pour accompagner cette réforme. Les enjeux sont d’importance : il s’agit d’élaborer des programmes de formation, produire des ressources pédagogiques, identifier les équipements nécessaires aux formations, préparer l’implantation des filières ; soutenir, par la formation et l’insertion les jeunes dans la vie active, les politiques territoriales de développement économique et social ; mettre en place une professionnalisation des métiers de la formation ; favoriser l’implication active dans le territoire, des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, et structurer une dynamique tournée vers l’innovation et l’expérimentation. 11 filières et 15 diplômes (Diplôme Technicien Métier et Diplôme Technicien Supérieur Métier, DTM et DTSM) sont concernés.
Cet appui est mis en œuvre dans le cadre d’une contribution plus globale en « équipe France » à la réforme de l’appareil de formation professionnelle du Bénin, s’inscrivant dans le programme de coopération en matière de formation professionnelle entre la République du Bénin et la France signé à la suite du déplacement au Bénin du Président de la République française en juillet 2022. Avec un financement de la Banque mondiale d’un montant de 1,22 M€, ce projet a en ligne de mire l’accueil de 48 000 apprenants afin de les former très concrètement aux métiers de l’agriculture.
Ainsi, une première mission dans le cadre de ce projet a mené au Bénin entre le 17 et le 27 septembre 2023 un groupe d’experts de l’enseignement agricole français, accompagnés par le réseau CEFAGRI et France Education International. Une réunion de cadrage entre l’ADET, FEI et la DGER (BRECI) a permis le lancement officiel du projet. Puis les experts en aquaculture, en élevages de ruminants, de porcins, en productions horticoles, fruitières et forestières, en agroéquipements… ont animé des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail (AST) avec des professionnels béninois, tant de la production que de la formation agricoles (enseignants et directeurs de LTA, inspecteurs). À leurs côtés étaient présents des experts marocains recrutés par FEI ainsi que des spécialistes du coton et du palmier à huile ayant rejoint l’équipe d’experts par le truchement du réseau CEFAGRI.
Les experts de l’enseignement agricole français témoignent de cette expérience de co-construction d’analyses de situations de travail avec des collègues et partenaires béninois avec lesquels la coopération n’est pas nouvelle :
Jean-Roland Arbus, enseignant d’agronomie au LEGTA de Figeac et co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest : Suite à deux missions au Bénin, en 2019 et 2021, en tant que co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest, j’ai trouvé logique de contribuer à la co-écriture des référentiels avec les Béninois. Être à l’écoute de leurs attentes pour les intégrer dans les référentiels, travailler en équipe d’experts sont des éléments de réussite. Enfin soulignons l’importance d’intégrer l’agroécologie, la durabilité et la gestion économique dans ces référentiels pour les futurs entrepreneurs béninois.
Patrick Desnos, enseignant d’agronomie au lycée horticole privé de Saint-Ilan (Côtes-d’Armor) : La rencontre avec les professionnels, les enseignants et les inspecteurs béninois nous a permis de mieux appréhender les attentes de nos partenaires et de confronter nos visions « Nord-Sud » des métiers des différentes filières agricoles étudiées. Cette co-construction de l’analyse des situations de travail dans le domaine du maraîchage, de l’horticulture ornementale, de l’arboriculture fruitière et forestière m’a permis de mieux cerner ces différents métiers au Bénin. Les diplômes visés de technicien métier et de technicien supérieur métier ont pour but, entre autres, de favoriser la création d’entreprise permettant à des jeunes béninois de participer à la souveraineté alimentaire de leur pays et d’améliorer la chaîne de valeurs. Les échanges avec l’ensemble des participants ont été riches et constructifs : une co-construction à poursuivre pour écrire le référentiel de compétences dans le cadre de cette rénovation ambitieuse.
Catherine Lejolivet, enseignante d’aquaculture au LEGTA de La Canourgue (EPL de la Lozère) : Bénin comme Bienveillance : c’est le sentiment fort ressenti pendant cette semaine de travaux collaboratifs avec les partenaires des filières professionnelles agricoles, l’inspection et les enseignants des lycées techniques. Ce fut une première en Afrique de l’Ouest, me concernant. La mission de co-construction de programmes de formation aquacole est d’importance pour ce pays désireux de former des techniciens et des techniciens supérieurs leur permettant de s’installer, de piloter ainsi leurs entreprises avec un maximum de clés et de contribuer à l’approvisionnement des marchés demandeurs de produits aquatiques d’eau douce ou saumâtre. D’où le challenge pour moi : comprendre le contexte aquacole, les attentes des partenaires afin de répondre au mieux dans un esprit clairement de convivialité partagée. Les échanges ont été riches, vivants et constructifs, hâte de poursuivre l’aventure franco-béninoise !
Arnaud Lefèvre, directeur de l’exploitation ostréicole de l’EPL de Bourcefranc : Suite à des échanges réguliers avec différents partenaires béninois depuis plus de vingt ans, il m’a semblé intéressant de participer à l’évolution des curricula des formations techniques en aquaculture. Au sein de ce secteur très dynamique en Afrique de l’Ouest depuis quelques années, le Bénin réussit à tirer son épingle du jeu, grâce en particulier à la mise en place de l’organisation de la filière. Les échanges avec les professionnels, mais également avec les enseignants et les représentants de l’administration, permettent de contextualiser et de partager les différentes opinions sur ce secteur de production. L’enjeu premier est de proposer des programmes basés sur les pratiques, de façon à ce que les apprenants soient opérationnels dès la sortie des études. Au-delà, la demande inclut de considérer dans ces formations les évolutions et les innovations envisageables de la filière aquacole au Bénin.
Jean-Louis Devoyon, enseignant d’agroéquipement au LPA de Saint-Yrieix-la-Perche :
Sollicité par le BRECI/DGER et avec l’aide de Guillaume Gillet de l’ENSFEA, le lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche est un établissement reconnu dans le domaine des agroéquipements avec une dimension internationale puisqu’il coopère avec des pays d’Afrique et en particulier le Bénin. C’est à ce titre que j’ai été mobilisé sur ce projet pour la co-construction selon l’approche par compétences (APC) des référentiels de formation en machinisme (DTM/DTSM). J’ai ainsi pu valoriser et partager mon expérience en mécanisation agricole afin de proposer des formations qui répondent aux mieux à la demande professionnelle actuelle et à venir pour une insertion réussie des futurs apprenants. En tant qu’expert, j’ai pu prendre la mesure des forts enjeux de ce projet ambitieux par rapport aux grandes potentialités de ce pays en développement et ce fut un honneur pour moi de pouvoir modestement y contribuer. De cette première expérience, je retiendrai la difficulté de proposer une offre de formation cohérente non seulement au regard de la structuration des branches sectorielles actuelles mais aussi tenant compte du secteur informel, non-formel le plus représentatif. Il est apparu ainsi important d’ouvrir cette formation à des métiers pas seulement tournés vers la maintenance agricole mais aussi vers l’utilisation, la conduite, le réglage des machines voire dans certains cas l’adaptation-conception simples d’outils. C’est précisément ce lien agronomique avec le vivant qui permettra à court terme un renforcement capacitaire de l’arrière paysage rural et de son développement économique par un ancrage de jeunes dans leur territoire. Dans cette perspective, la réduction de la pénibilité des travaux agricoles grâce au développement d’une mécanisation raisonnée doit en principe permettre une meilleure productivité des sols et attractivité du métier chez les jeunes agriculteurs, leur offrant ainsi des conditions de vie meilleures et participant alors dans une certaine mesure à la déconstruction des imaginaires migratoires.
Xavier Baudouin, directeur de l’exploitation agricole de l’EPL de Vire : Les missions d’expertise constituent un levier essentiel de la coopération internationale, ainsi qu’un outil de dialogue et de valorisation des savoirs faire. Notre mission sur le sol béninois fut une expérience véritablement enrichissante. La rencontre avec les acteurs locaux, qu’ils soient professionnels du secteur, enseignants ou inspecteurs, a grandement contribué à notre compréhension des attentes de nos homologues béninois. De plus, elle a permis de confronter nos perspectives distinctes sur les métiers agricoles, en intégrant les visions tant « Nord » que « Sud ». Cette convergence d’idées s’est avérée être le socle essentiel à la poursuite de notre collaboration dans le cadre de la révision ambitieuse du référentiel de compétences. De nos discussions, est née une belle opportunité : celle de co-créer, co-construire, d’unir nos forces pour tracer le chemin d’une rénovation ambitieuse. Ce premier pas ne représente qu’une étape préliminaire. Il incarne une promesse de synergies futures, où nos compétences et notre engagement mutuel se fondent dans la rédaction d’un référentiel. Notre récit, forgé par notre passion pour l’agriculture et notre désir de contribuer au progrès, se prolongera, établissant un lien solide et durable entre deux nations unies par leur quête d’excellence dans le domaine agricole.
À l’issue de cette première mission, toutes les analyses de situation de travail co-construites au cours des ateliers puis rédigées par les experts français et marocains sont relues par une DRIF (déléguée régionale à l’ingénierie de formation) de l’enseignement agricole afin d’en proposer à l’ADET une version finale tout à fait complète et harmonisée.
L’ensemble des experts français et marocains ainsi que leurs homologues béninois se retrouveront au Bénin en décembre 2023 pour la prochaine étape : l’élaboration conjointe des référentiels de compétences. Viendront ensuite, avant la fin de cette année scolaire, les missions de co-construction des référentiels de formation et d’évaluation. Ces missions seront bien évidemment accompagnées par les coordonnateurs du projet, béninois (l’ADET) et français (le MENJS via FEI et le MASA via la DGER/BRECI et son réseau CEFAGRI) qui veilleront à assurer la bonne conduite de cette importante coopération multi-acteurs.
Contacts : Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr
Programme « Agri-Tech & Food Business Training » – Nigeria
Le CFAA de La Bretonnière en Seine-et-Marne et le CFPPA Nature du lycée agricole de La Roche-sur-Yon préparent une formation à destination de 20 agro-entrepreneurs nigérians pour février 2024.
Les 24 et 27 juillet 2023, le CFAA de La Bretonnière et le CFPPA Nature de La Roche-sur-Yon ont accueilli Olawale Rotimi Opeyemi, fondateur et PDG de JR FARMS AFRICA (entreprise agroalimentaire implantée au Nigeria, au Rwanda et en Zambie) et Olayemi Olonilua, PDG de Jokun Farms (implanté au Nigeria et en Zambie). Les deux agro-entrepreneurs nigérians étaient accompagnés de Rachid Benlafquih, chargé des programmes Afrique Subsaharienne et Océan Indien à la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA).
Il s’agit là de la première étape d’un partenariat en cours de construction, suite à la demande du secteur privé nigérian de bénéficier en France de formations ad hoc destinées aux agro-entrepreneurs africains. Cette demande avait été relayée par la conseillère aux affaires agricoles de l’ambassade de France au Nigeria, Sonia Darracq, qui a sollicité le BRECI (Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale) et son réseau CEFAGRI (Conseil Expertise Formation Agricole à l’International). Un appel à manifestation d’intérêt a alors été lancé à l’ensemble des CFPPA, et parmi les cinq qui se sont proposés, deux établissements ont finalement été retenus.
Avec l’appui du BRECI, le CFAA de La Bretonnière et le CFPPA Nature de la Roche-sur-Yon se sont ainsi mobilisés pour construire un programme de formation complet visant à montrer la diversité et la complémentarité des secteurs et des métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire français dans une perspective intégrée, de la fourche à la fourchette… en anglais !
La première édition se déclinera sur six semaines du 23 février au 16 mars 2024 sur le site de La Bretonnière, puis du 16 mars au 7 avril 2024 sur celui de La Roche-sur-Yon. Elle permettra d’accueillir vingt agro-entrepreneurs africains, principalement nigérians, qui pourront découvrir les multiples facettes de l’agriculture française, son organisation et ses innovations et envisager des partenariats dans plusieurs filières de productions agricoles (volaille, porc, vigne, maraîchage, grandes cultures, bovins, produits de la mer…). Ce sera également l’occasion pour les participants de partager expérience et savoir-faire avec les acteurs de l’agriculture de territoires français, et d’identifier des opportunités de collaboration.
Ce programme témoigne de l’intérêt croissant des agro-entrepreneurs privés nigérians pour l’agriculture et l’agro-industrie françaises.
Visite et signature de la convention de coopération à La Bretonnière
Pour soutenir cette démarche internationale, de nombreux partenaires étaient présents le lundi 24 juillet 2023 pour la signature par O. Rotimi et Fred Numa, directeur du CFAAH de Seine-et-Marne, de la convention de coopération entre JR Farms Africa et le CFAAH de La Bretonnière : Guy Dhorbait, maire de la commune de Boissy-le-Châtel, Antoine Heusèle, président du Conseil d’Administration de l’EPLEFPA de La Bretonnière, Daniel Kiszel, chef d’entreprise Vigne Envie, monsieur et madame Aubry, exploitants EARL du Logis.
À la suite de la signature, plusieurs visites ont permis de donner un avant-goût du séjour et des formations à venir : les installations de l’établissement, son exploitation et son magasin de vente directe ont été parcourus en compagnie de Jean-Claude Wagny, directeur de l’exploitation du lycée agricole de La Bretonnière. Les partenaires nigérians ont ensuite été accueillis à la Ferme du Logis par M. et Mme Aubry.
Visites et signature de la convention de coopération au Lycée Nature
Le jeudi 27 juillet 2023, la même délégation a été accueillie au lycée Nature de La Roche-sur-Yon, où Régine Chiron, directrice du CFPPA Nature, a signé la convention de coopération avec M. O. Rotimi. Là également, un programme très complet de visites et rencontres avait été préparé, qui a permis à la délégation nigériane de parcourir les quatre pôles de l’exploitation agricole du lycée (volaille, mouton, porc, maraîchage) et son magasin, guidée par Franck Dovonou, jeune ivoirien en service civique, et Nadine Zorzi, secrétaire générale du lycée, très investie dans la coopération internationale de l’établissement, au même titre que Patricia Darjo, la directrice de l’EPLEFPA.
Les visiteurs ont ainsi pu apprécier les modalités d’accueil des futurs participants, les détails du programme de formation et visiter quelques sites qui ont été proposés lors de la formation. Soit l’atelier de l’eau à La Roche-sur-Yon où Maud Rivard, exploitante agricole, a présenté sa production de spiruline, le village de la Vergne à La Roche-sur-Yon, tiers-lieu collaboratif présenté par Christophe Touchancheau, exploitant agricole en maraîchage biologique et la plateforme de compostage de Dompierre-sur-Yon gérée par Trivalis, où François Gilet (maire de Dompierre-sur-Yon), Éric Bourdet (référent de site et président de l’association), Manon Moreau et Kevin Viguier (chargés de mission biodéchets à Trivalis) ont présenté avec passion le site de compostage et ses enjeux écologiques.
Tous les futurs partenaires n’ont pas pu être rencontrés mais les chefs d’entreprise nigérians ont été impressionnés par la qualité des prestations proposées ainsi que par l’engagement des officiels et des partenaires français des deux établissements.
Rendez-vous donc le 23 février 2024 avec le premier groupe de 20 agro-entrepreneurs nigérians pour débuter la formation au salon international de l’agriculture (SIA) et au MASA à Paris !
Pour connaître les entreprises : JR FARMS AFRICA, entreprise agroalimentaire implantée au Nigeria, au Rwanda et en Zambie et Jokun Farms, implanté au Nigeria et en Zambie.
Blended learning au service des vétérinaires angolais
Deux experts de l’enseignement supérieur agricole français, Hayette Adel, professeure en pédagogie numérique à l’ENSFEA, et Jean-Claude Gracia, docteur en science de la formation, consultant VetAgroSup, présentent leur expérience de formation de formateurs à la Faculté de Médecine Vétérinaire de Huambo (Angola).
Le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire (MASA) s’est engagé à accompagner de nouvelles réformes de la formation agricole et rurale en Afrique, à intensifier la mobilité réciproque des étudiants et des enseignants, à co-construire un réseau Afrique-France de formations croisées et de doubles diplômes pour l’avenir des filières agricoles, d’élevage, forestières et agroalimentaires et à accompagner les étudiants entrepreneurs africains, donnant ainsi une nouvelle impulsion aux partenariats existants pour mettre en œuvre les orientations définies par le Président de la République lors de son discours de Ouagadougou en novembre 2017.
Dans ce cadre, un parcours de formation, porté par VetAgroSup Lyon, a été co-élaboré par l’ENSFEA et les écoles vétérinaires de France (ENV) sur proposition du chargé de mission Afrique du Bureau des relations européennes et de la coopération internationale (DGER-MASA).
Qu’est-ce que le dispositif de formation VAI²P ?
Créé sur un réseau de collaborations internationales, le dispositif de formation « Veterinary and Agronomic International and Innovative Pedagogy Training – VAI²P » est un projet de formation internationale à l’innovation pédagogique pour les enseignants vétérinaires et agronomes. Il a pour finalité le renforcement des compétences professionnelles des enseignants. Il repose sur la co-construction et la mutualisation de ressources pédagogiques. C’est une formation hybride à l’international.
Les Écoles Nationales Vétérinaires de France apportent un appui scientifique et technique, l’ENSFEA partage son expertise dans l’encadrement pédagogique en e-learning, l’approche par compétences et l’utilisation des outils numériques.
Ce dispositif de type formation/action d’une durée de 9 mois conduit à la réalisation d’une ressource : un parcours de formation d’une quinzaine d’heures en binômes internationaux – c’est la composante “action” – tout en bénéficiant d’apports pédagogiques et d’accompagnement par une équipe pédagogique dans les domaines de l’approche par compétences, la pédagogie active et l’usage du numérique – c’est la composante “ formation” .
VAI²P est un programme de formation continue à la pédagogie et aux outils innovants pour les enseignants des cursus vétérinaires et agronomiques. Il s’agit à la fois d’un outil d’intégration de l’innovation dans la formation et un cadre d’échange, de partage et de travail entre des enseignants, d’origine et de champ d’action différents mais tous soucieux de l’excellence de leur formation. Le projet a démarré en septembre 2020 avec l’Angola dans une session pilote effectuée grâce à l’appui technique et financier du MASA/DGER et au soutien de la Région Rhône-Alpes, de l’ENSV-FVI et de l’Ambassade de France en Angola, concrétisant ainsi un partenariat engagé depuis juin 2019 avec la faculté de médecine vétérinaire de l’Université Jose Eduardo Dos Santos de Huambo (FMV de l’UJEDS).
Le projet VAI²P s’inscrit dans le cadre de la stratégie Europe et International du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire pour lequel le continent africain représente une zone prioritaire. En effet, le ministère a réaffirmé le caractère structurant des partenariats privilégiés entretenus avec les pays africains, dont notamment l’Angola, qu’il s’agisse d’appui au développement des filières agricoles, d’accompagnement à la transition numérique des systèmes agro-alimentaires, de stimulation de la recherche et de l’innovation ou de la formation des enseignants et des étudiants.
VAI²P s’appuie sur deux séminaires « distanciels » synchrones, un séminaire présentiel en France et un séminaire de fin de projet dans les pays partenaires.
Pour compléter ce dispositif, une salle de visio-conférence est dédiée au projet. Elle est utilisée sur demande des binômes ou planifiée par l’équipe d’accompagnement à différents moments du processus. VAI²P se distingue par ses caractéristiques de collaboration, mutualisation, analyse réflexive et par un processus d’évaluation intégrant différentes modalités (auto-évaluation, co-évaluation, valorisation).
Ce parcours donne lieu à l’obtention d’un Open Badge délivré par l’ENSFEA et endossé par le Ministère de l’Agriculture français.
En quoi a consisté votre mission à la Faculté de Médecine Vétérinaire (FMV) de Huambo ?
Pour clore le processus de formation e-learning, une mission a été réalisée sur site à la FMV de Huambo avec l’appui des services du ministère de l’agriculture (Rachid Benlafquih – chargé de mission Afrique DGER-BRECI), de l’ambassade (René Quirin – COCAC ambassade de France en Angola) et des relations internationales de VetAgroSup Lyon (Cédric Colmar – directeur des Relations Partenariales, Internationales et Européennes).
Après deux premiers séminaires en février et mars 2021 ayant réuni trente participants en formation en ligne, un premier séminaire en présentiel a été l’occasion de réunir, en décembre, les équipes enseignantes engagées dans le dispositif VAI²P, en provenance de la faculté de médecine vétérinaire de Saint Hyacinthe (Québec), de la faculté vétérinaire de l’Université José Eduardo dos Santos de Huambo (Angola), de l’Institut Agro-Vétérinaire Hassan II de Rabat (Maroc) et de la faculté agro-vétérinaire de Bila Tserkva (Ukraine). Des visiteurs des facultés vétérinaires de Kosice (Slovaquie) et Lisbonne (Portugal) étaient également présents. Nos collègues angolais de la Faculté de Médecine Vétérinaire de Huambo ont ainsi réalisé à VetAgroSup Lyon fin décembre 2021 l’étape de mutualisation des ressources. Nous avons pu nous rendre à Huambo en Angola, du 23 au 29 avril 2023.
Cette mission a permis de réaliser la dernière phase du projet VAI²P, la phase d’animation de séance devant les étudiants en présence de l’équipe d’accompagnement et d’autres enseignants locaux ayant participé au projet. Les caractéristiques et les résultats du projet ont été présentés aux équipes de direction et aux enseignants vétérinaires et agronomes de l’Université José Eduardo Santos de Huambo.
Quels sont ces résultats ?
Huit professeurs impliqués dans le projet ont conçu et expérimenté des ressources pédagogiques créées sur différents domaines :
– anatomie pathologie, « Differential diagnosis of intra-cavitary liquid accumulation with a special focus on transudate » par le trinôme Antonio Da Silva Alexandre (FMV) et Florentina Luis Chipepe (FMV) avec Sara Belluco (VetAgro Sup),
– aquaculture, « Analysis of biosecurity in fish farms » par le trinôme Marlinda Jolomba Silva (FMV) avec Ségolène Calvez (ONIRIS) et Nora Navarro-Gonzalez (ONIRIS),
– épidémiologie, « Descriptive epidemiological investigations » par le binôme Antonia Francisco (FMV) avec André Ravel (FMV Ste Hyacinthe Québec Canada).
L’observation des pratiques enseignantes en contexte a démontré l’atteinte des principaux objectifs du projet. Une analyse réflexive a été conduite, une évaluation est en cours.
Plus d’une centaine d’étudiants sont directement impactés par le changement (épistémologique, didactique, l’innovation pédagogique et l’usage pédagogique du numérique).
L’ensemble de l’équipe enseignante mobilisée lors des séminaires virtuels (ouverts) présente lors des travaux est à l’écoute des professeurs formés. Ce sont eux qui ont le mieux communiqué sur les finalités et les objectifs du dispositif. Ils sont reconnus comme référents.
Les caractéristiques du projet ont été présentées aux équipes de direction et à tous les enseignants vétérinaires de la FMV. Une dizaine d’enseignants agronomes ont été rencontrés et invités à la session de clôture et d’échange.
Enfin, la doyenne de l’université de Huambo a présidé une réception mobilisant une centaine de représentants de l’UJES.
Que retenez-vous particulièrement de cette expérience ?
Le dispositif VAI²P en tant que projet de formation continue des enseignants montre son efficacité pour développer les compétences pédagogiques et numériques à partir d’objets scientifiques, techniques et des questions éthiques. Les enseignants bénéficiaires du projet sont repérés comme personnes ressources par leurs collègues. Ils ont fait la démonstration de leur capacité à décrire le contenu et l’intérêt de cette formation pour le renouvellement de leurs pratiques.
Le projet atteint bien son but de créer un réseau de collaborations internationales au-delà du parcours de formation. Deux des quatre enseignants réalisent un PHD (doctorat) grâce au VAI²P. Antonia Virginia Francisco réalise son PHD avec VetagroSup en collaboration avec André Ravel, épidémiologiste Professeur à l’Université de Montréal St-Hyacinthe au Québec. Florentina Amelia Luis Chipepe démarre un PHD avec le professeur Fernando Alfonso de la FMV de Lisbonne suite à leur rencontre au séminaire VAI²P.
Que vous a-t-elle apporté personnellement et professionnellement ?
Jean-Claude Gracia –L’expérience vécue autour de ce dispositif, avec l’accompagnement du BRECI et l’appui structurant de Rachid Benlafquih, est marquante, depuis sa conception (espace de créativité passionnant), son accompagnement (très riche en relations humaines, institutionnelles et internationales), la mise en perspective (projet porteur de développement) et les valeurs à développer (travaux conduits à égale dignité, réalisations concrètes, critère d’utilité sociale, mise en lumière des relations entre la santé humaine, la santé animale et les écosystèmes et le lien entre l’écologie et la médecine humaine et vétérinaire, le One Health). Ce type de dispositif en mode hybride, à faible coût, peut devenir une prestation efficiente (peu de déplacements) et efficace (à la fois pertinente pour créer les conditions du changement de pratiques et, de plus, propédeutique pour des formations académiques de spécialité). En tant qu’expert consultant pour VetAgroSup Lyon j’ai acquis de nouvelles perspectives de travail en partenariat international, à même de recontextualiser savoir et savoir-faire aux attentes de l’environnement, co-élaborer et mutualiser les ressources produites, accompagner les changements (référentiels de formation, approche par les compétences, pédagogie interactive, pédagogie numérique…) dans l’optique « One Health », et les valeurs humaines.
Hayette Adel –Pour ma part, cette expérience m’a permis de mettre en œuvre mon expertise d’ingénierie de formation hybride. J’ai pu avoir, grâce à ce projet, une expérience en contexte international et j’ai en particulier découvert les enjeux de la coopération entre la France et l’Afrique dans le domaine de la formation. Elle a été l’occasion de travailler en mode collaboratif avec des pédagogues et des enseignants vétérinaires, des institutionnels et de faire concilier leurs besoins scientifiques, pédagogiques et numériques, et aussi en particulier de travailler en binôme avec mon collègue Jean-Claude Gracia pour les aspects pédagogique et numérique du projet de manière extrêmement fructueuse et bienveillante. Nous avons appris à nous appuyer sur nos points forts respectifs. Par ailleurs, les orientations, le point de vue critique et constructif de Rachid Benlafquih a toujours été très éclairant lors de la conception et la mise en œuvre de ce projet. Ce travail d’expertise internationale a été l’occasion aussi, du fait de multiples évènements dont la crise sanitaire (covid), d’expérimenter ma capacité à m’adapter à de nouvelles configurations, à trouver des solutions (en collaboration avec les autres intervenants du projet). Cette expérience a enfin été l’occasion de m’adapter au contexte local aussi bien du point de vue matériel qu’humain. D’un point de vue personnel j’ai découvert l’Angola, un pays que je ne connaissais pas. J’ai découvert une histoire, des gens généreux, gentils et avides de connaissances. …En attendant la suite du projet avec le Maroc !
Propos recueillis par Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI.
Contacts : Jean-Claude Gracia, docteur en sciences de l’éducation et de la formation, retraité MASA-ENSFEA, ingénierie pédagogique de la formation, jeanclaudegracia1@gmail.com, Hayette Adel, professeure en pédagogie numérique à l’ENSFEA, hayette.adel@ensfea.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique / ECSI / expertise à l’international au BRECI, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr