WATEA-Nigéria en Saintonge

Dans le cadre du projet Woman in Agricultural Technical Education and Apprenticeship-WATEA, 12 personnels de l’enseignement technique agricole nigérian ont été accueillis en France pour un voyage d’étude, de découverte du dispositif français de l’apprentissage et de la formation agricole.

Le 11 décembre 2023, 6 directeurs et directrices et 6 responsables pédagogiques d’établissements d’enseignement technique agricole nigérians sont officiellement accueillis à la DGER par Marie-Bénédicte Peyrat, sous-directrice de l’Innovation et des Coopérations Internationales, Rachid Benlfaquih, chargé des programmes Afrique subsaharienne et Océan Indien au Bureau des relations européennes et de la coopération internationale et William Gex, animateur du réseau Nigéria. Ces derniers les ont ensuite accompagnés en Charente maritime où les attendait un programme de visites et rencontres organisées par Rodolphe Zegrar, formateur au CFAA17, selon la sollicitation du réseau CEFAGRI, en lien avec la conseillère aux affaires agricoles en poste au Nigéria, Sonia Darracq et Zaïnatou Sore du CGIAR.

Qu’est-ce que le projet WATEA ?

 Entre 2020 et 2022, dans le domaine de la Formation Agricole et Rurale (FAR), les échanges avec le Nigéria se sont développés grâce au Fonds de Solidarité pour les Projets Innovants (FSPI ) « Soutien à l’entreprenariat féminin dans le secteur agroalimentaire au Nigeria » qui a permis de former dans deux Etats, Kaduna et Oyo, directement 300 femmes agripreneuses, 60 formatrices et au final 1500 bénéficiaires.

Ainsi 3 manuels de formation ont été édités en anglais, yoruba et haoussa sur des sujets tels que : transformation de manioc ou de poisson-chat, comptabilité, processus de certification, hygiène, sécurité sanitaire des aliments, packaging et commercialisation en circuit court. Conscient de la nécessité de renforcer ses services de vulgarisation agricole, le président du Nigéria a la volonté de moderniser l’ensemble de sa filière pédagogique, depuis les établissements d’enseignement technique agricole jusqu’à l’insertion socioprofessionnelle des personnes formées afin de rendre le système attractif et de donner envie aux jeunes agriculteurs et agricultrices de s’installer.

A la demande du Ministère Fédéral du Plan, l’Agence Française de Développement (AFD) a conçu, en lien avec l’ambassade de France, un programme de rénovation, de modernisation et de développement du système  Agricultural Technical Vocational Education and Training (ATVET) nigérian dans trois Etats du Nigéria (Oyo, Benue et Plateau). Cela commence par la construction et le renforcement de la base du secteur agricole à travers la formation initiale et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes professionnels dans l’agriculture de production et se poursuit par la formation continue des agriculteurs en exercice, de petites exploitations, pour faire face aux problèmes de sécurité alimentaire et d’auto-alimentation.

Les jeunes femmes ne sont pas attirées par l’enseignement technique agricole public, perçu comme dépassé et dépourvu de perspectives d’emplois rémunérateurs. Cependant, la demande de techniciens agroalimentaires qualifié·es est importante et croissante, offrant ainsi une opportunité aux jeunes femmes et hommes d’accéder à un emploi rémunérateur ou indépendant. Une réforme de l’ATVET au Nigeria permettrait de lutter contre le chômage et de rajeunir la population agricole vieillissante en améliorant l’employabilité des jeunes, en particulier des jeunes femmes.

Ainsi, le programme WATEA-Nigeria, entièrement financé par le  Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères (MEAE)  via l’ambassade de France au Nigeria, vise à promouvoir le développement des compétences techniques et professionnelles des jeunes femmes, directement aligné sur les besoins des petites et moyennes entreprises (PME) agroalimentaires, comme à soutenir la croissance des entreprises agroalimentaires dirigées par des femmes ou encore à favoriser les écosystèmes entrepreneuriaux locaux et nationaux au Nigeria. La promotion des normes environnementales les plus élevées garantira la durabilité des pratiques agricoles et augmentera la productivité, tout en favorisant une participation significative des jeunes femmes.

Un voyage d’étude dans un territoire représentatif

Pour ce faire, toute une semaine de visites a été mise en place dans les EPL du territoire et les antennes de l’Agrocampus de Saintonge. La semaine a débuté par une présentation de l’établissement par les élèves de baccalauréat STAV en présence de Myriam Huet, directrice de l’Agrocampus, et de M. Amblard, président du conseil d’administration et représentant à la chambre d’agriculture et à l’AFDI (Agriculteurs Français et Développement International). La délégation a aussi été reçue par le directeur du site de Desclaude, Philippe Bizet, pour une visite des infrastructures du lycée, les étudiants ont présenté le BTS GEMEAU puis échangé autour de leur formation. Le directeur de l’exploitation polyculture élevage, Sébastien Riquart, a ensuite guidé le groupe à travers les unités de production avant de l’amener déguster, avec des élèves, yaourts, fromage et beurre de la ferme. La première journée s’est conclue par des discussions avec des apprentis en agroéquipement.

Le deuxième jour, la directrice de l’EPL de Surgères, Marie-Pierre Gousset, avec son référent coopération internationale Pierre Séchet, a proposé la visite du campus de l’alimentation et de ses ateliers (industrie laitière, de la mer, hall boulangerie-biscuiterie-viennoiserie et moulin pilote), qui s’est terminée autour de la minoterie par une dégustation de meringues et de chocolats. La visite de l’exploitation maraîchère et horticole « Aux plants et jardins » de Magalie Vinet a clôturé la journée.

A Bourcefranc, au lycée de la mer et du littoral, toute l’équipe était aux petits soins. Valérie Vial, secrétaire de direction chargée de coopération internationale, les attendait dans le hall et le directeur exploitation, Arnaud Lefèvre, a accompagné la délégation à travers les étangs de pisciculture avant de proposer une dégustation d’huîtres locales ouvertes, de surcroît, par deux services civiques béninois présents sur place.

A l’antenne de Chadignac, le visite a été la découverte des serres de l’exploitation de production horticole et maraîchère, organisée par sa directrice Clotilde Plantureux, suivie de la rencontre avec le directeur du lycée, Stéphane Barmoy.

Rodolphe Zegrar, formateur sur les métiers de l’eau au CFA de Desclaude, chef d’orchestre de ces rencontres, a été, par son organisation et sa logistique millimétrée, une des clefs de la réussite de ces journées du 11 au 15 décembre 2023.

Quelles perspectives ?

La coopération internationale, sujet transversal de la semaine, a été à nouveau soulignée lors de la présentation des prochaines collaborations du département Charente Maritime à Djibouti ou en Guinée.

Les Nigérians ont été fortement intéressés par le dispositif de services civiques internationaux et même si aucune agence de France Volontaires n’est présente sur le territoire, le réseau, en collaboration avec Sonia Darracq, Conseillère aux Affaires Agricoles à Abuja, réfléchit à une organisation pour cet accompagnement.

Suite à ces rencontres, dans une perspective de renforcement des capacités des ATVET, la seconde phase sera une mission du BRECI au Nigéria, au printemps 2024, afin d’identifier les actions à conduire. Mais ces échanges ont déjà permis de tisser des liens étroits entre les représentants des établissements agricoles nigérians et français et la réflexion sur des collaborations techniques est d’ores et déjà bien avancée.

 

Contacts : William Gex, animateur du réseau Nigéria, william.gex@educagri.fr, Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise internationale au BRECI, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, Sonia Darracq, conseillère aux affaires agricoles au Nigéria, sonia.darracq@dgtresor.gouv.fr

Zaïnatou Sore, Head of Capacity Development, CGIAR Consultative Group on International Agricultural Research, S.Sore@cgiar.org




Séminaire dans le KwaZulu-Natal

La coopération franco sud-africaine entre le F’SAGRI, les colleges agricoles de Cedara, d’Owen Sithole et l’université d’Unizulu a fait naître un projet de réflexion, concrétisé par un séminaire sur les questions d’éducation comme solution aux défis des agriculteurs.

En 2015 naît en Afrique du Sud le F’SAGRI, un programme de coopération de l’institut agronomique Franco-Sud-Africain dont l’objectif est d’« Améliorer les compétences professionnelles pour réussir les projets entrepreneuriaux des jeunes Sud-Africain·es diplômé·es de la formation agricole supérieure et technique ». Piloté par Séverine Jaloustre du MASA et Norman Maiwashe de l’ARC (Agricultural Research Council), le F’SAGRI bénéficie d’un comité stratégique bilatéral composé côté français de Rachid Benlafquih et Philippe Renard du BRECI, côté sud-africain de François Davel et Kgomotso Seikaneng du DSI (Department of Sciences and Innovation) du Ministère de la Recherche.

En septembre 2021, les lycées professionnels polyvalents (TVET) et les colleges agricoles (identiques à nos lycées agricoles) rejoignent le programme destiné initialement à renforcer les compétences des étudiant·es comme des enseignant·es des universités de Fort Hare, de Venda et du Limpopo. En 2022, l’université Unizulu adhère également au dispositif.

En mars 2023, au regard des similarités avec l’enseignement agricole technique français, William Gex et Didier Ramay, animateurs du réseau géographique Afrique australe – Océan Indien-AAOI de l’enseignement agricole français, effectuent une mission exploratoire dans les provinces du KwaZulu-Natal et de l’Eastern Cape.

Le projet se recentre sur l’université d’Unizulu qui, en concertation avec les colleges agricoles de Cedara, d’Owen Sithole (OSCA) et la région du KwaZulu-Natal valident l’organisation d’un séminaire fin 2023. Quatre expert·es du CEFAGRI (2 enseignant·es d’économie, un directeur d’établissement et une déléguée régionale à l’ingénierie de formation) sont alors recruté·es pour animer un séminaire au KwaZulu-Natal début décembre 2023. Leur mission débute fin novembre par 3 jours de visites de fermes locales et de rencontres dans les deux colleges partenaires.

Le séminaire « A travers l’éducation, comment relever les défis quotidiens des agriculteurs émergeants »

Le 30 novembre 2023 au matin, plus d’une quarantaine de participant·es se retrouvent au cœur des champs de canne à sucre d’Empangeni pour échanger et partager autour de l’enseignement agricole et de ses enjeux locaux dans le cadre de la réforme foncière. Après les présentations protocolaires du séminaire, les systèmes d’enseignement agricoles français et sud-africains sont détaillés. La 2e partie de la matinée est consacrée à l’étude des référentiels de formation et leur processus de construction.

L’après-midi, quatre groupes travaillent à l’identification des compétences de quatre métiers agricoles : gérant·e, ouvrier·e agricole, technicien·ne conseil et gérant·es d’un atelier agro-alimentaire. Sur le modèle du world café, les différents groupes s’enrichissent des propositions amendées par les un·es et les autres. Lors de la restitution, les riches débats autour des notions d’installation, de transition et de changement climatique mettent clairement en évidence nos problématiques communes.

Le 2e jour débute autour de l’ancrage des établissements sur leurs territoires puis les colleges présentent leurs filières et le contenu de leur diploma, titre de niveau 6 équivalent au BTSA français mais avec un volume horaire d’économie bien moins conséquent que le BTSA ACSE de l’enseignement agricole. Comme la veille, les protagonistes sont à nouveau sollicité·es en groupes sur le thème : « quels types de formations pour quels types de public ? ».

A l’issue des 2 journées, plusieurs collaborations s’envisagent. A court-terme ; des échanges en visioconférence autour de pratiques professionnelles communes dans la gestion d’une entreprise agricole ; à long terme des études de cas, un module commun d’enseignement de l’économie voire un projet pilote « s’installer en agriculture dans le KwaZulu-Natal ».

4 jours plus tard, le séminaire est mis en avant dans la capitale en marge du Sciences forum & Innovation de Pretoria. A l’issue d’une analyse du système agricole sud-africain, des présentations du F’SAGRI et de l’enseignement agricole français, les intervenant·es se rejoignent sur les difficultés d’accès aux ressources des petits agriculteurs locaux. La table ronde permet de confronter les points saillants de l’atelier de travail organisé la semaine précédente à Empageni avec les enjeux actuels des agriculteurs émergents et ainsi d’envisager ensemble les leviers d’un avenir durable.

Regards d’experts

Les quatre experts et expertes de l’enseignement agricole français apportent leur regard personnel sur le workshop. Ils témoignent des enjeux, des situations évoquées comme des travaux réalisés pendant les deux jours avec leurs collègues Sud-Africain·es.

Szprenkel Johanne, DRIF – DRAAF Occitanie à Toulouse en Haute-Garonne (31) : la mission a été riche d’enseignements tant de notre côté que de celui de nos collègues Sud-Africains, je pense. Nous avons pu croiser les regards et envisager des pistes d’actions sur des sujets de préoccupation communs : le lien formation-entreprenariat agricole et l’accompagnement à la création d’entreprise agricole. Les participants au séminaire se sont véritablement engagés dans les exercices d’analyse des emplois dans le contexte socio-économique spécifique de l’Afrique du Sud. Cela nous a permis d’identifier ensemble les freins mais surtout les leviers possibles pour faire bouger les lignes dans le cadre de la formation. Reste à poursuivre notre partenariat à travers l’échange de pratiques pédagogiques et peut-être le développement de modules de formation communs pour “transformer l’essai ».

Lamy Stéphanie, enseignante d’économie à l’EPL d’Albi dans le Tarn (81) : cette mission a été l’occasion de rencontrer des acteurs du monde de la formation agricole en Afrique du sud et de mieux comprendre les enjeux et les problématiques de leur pays. Les échanges ont été nourris des expériences de chacun et nous avons pu partager nos méthodes de travail et nos réflexions pour un enseignement agricole performant et adapté aux enjeux du monde agricole de demain. La poursuite de cette mission d’expertise sera, sans nul doute, l’occasion d’approfondir ce partage et de travailler ensemble sur la conception de cursus de formation pertinents et efficients. Ce sera aussi l’occasion de développer des outils pédagogiques communs permettant à chacun de faire progresser ses pratiques et d’ouvrir nos établissements vers d’autres horizons.

Leonardi François, Directeur de l’EPL de Tarbes dans les Hautes-Pyrénées (65) : cette mission en Afrique du Sud était une occasion de découvrir le KwaZulu-Natal et son système de formation agricole. La visite des établissements a permis de constater des similitudes dans l’organisation et les objectifs de formation. L’articulation des contenus en rapport avec les métiers visés semble moins présente et systématique que dans l’écriture de nos référentiels. Un atelier avec les collègues enseignants et directeurs a mis en évidence la possibilité de travailler ensemble sur ces sujets. Nous avons également compris que les établissements de formation agricole sud-africains sont aussi sollicités par d’autres partenaires étrangers même si ces visites se traduisent rarement par de la coopération éducative. Les établissements restent donc en attente d’actions concrètes aussi bien au niveau des étudiants que des enseignants. L’absence de rencontre avec l’autorité de tutelle, le ministère de l’agriculture sud-africain, ne permet pas à ce stade de conclure sur les pistes de coopération esquissées.

Jean Marc Pécassou , enseignant Sciences économiques, sociales et gestion en BTSA ACSE, LEGTA de Pau-Montardon (64), agriculteur : ayant servi en coopération en Afrique de l’Ouest et désireux de m’impliquer en coopération internationale, c’est avec plaisir que j’ai candidaté pour cette mission, et autant de plaisir que j’ai eu à y participer. Les visites, les attentes et l’empan de la mission appelaient à un travail humble tout en restant ambitieux ; chaque rencontre, chaque animation de groupe ont fait remonter cette recherche universelle pour la production de denrées agricoles tout en rentabilisant l’outil permettant de produire. Nous nous sommes efforcés d’apporter des réponses via l’enseignement.

Contacts :

William GEX, co-animateur du réseau Afrique Australe, Océan Indien et Nigéria de la DGER, wiliam.gex@educagri.fr, Didier RAMAY co animateur du réseau géographique Afrique Australe Océan Indien de la DGER, Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI de la DGER, vanessa.forsans@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

Séverine JALOUSTRE, responsable du programme F’SAGRI, severine.jaloustre@ul.ac.za




Réussir son projet Coop avec l’Afrique subsaharienne

Concevoir, mettre en œuvre et réussir un projet de coopération avec l’Afrique subsaharienne : formation dispensée lors des rencontres des réseaux Afrique de l’enseignement agricole.

L’EPL de Vire, emmené par son directeur Frédéric Regourd, a accueilli du 25 au 27 janvier dernier la 3e session de formation « Rencontres des réseaux Afrique de la DGER ».

Cette formation, ouverte aux enseignant·es / formatrices-eurs et personnels de l’enseignement agricole technique,  public comme privé, se propose de donner les outils, contacts et méthodologies nécessaires à la réussite de son projet de coopération en Afrique subsaharienne.

Philippe Renard, chef du BRECI (Bureau des Relations Européennes et de la Coopération internationale), en visioconférence depuis Paris, rappelle que la coopération internationale, 5e mission de l’Enseignement Agricole est transversale et vient enrichir les 4 premières grâce aux expériences à l’étranger. Il précise également que, pour aider à construire les projets, les réseaux géographiques et le BRECI apportent leur appui aux équipes des établissements. Dans ce contexte Philippe Renard souligne que la coopération avec le continent africain est une priorité pour le gouvernement et par conséquent également pour le MASA.

Pourquoi et dans quels cadres monter un projet de coopération avec l’Afrique ?

Rachid Benlafquih, responsable des réseaux Afrique subsaharienne, présente les objectifs généraux et pédagogiques de la formation puis les différentes dynamiques de coopération du MASA dans les 3 zones (Afrique de l’ouest, Cameroun-Nigéria, Afrique Australe et Océan Indien) : coopération bilatérale, renforcement des capacités en matière de Formation Agricole et Rurale (FAR), productions agricole et alimentaire, transformation et commercialisation, entreprenariat et installation des agriculteurs, sécurité alimentaire et nutritionnelle, agroécologie, mobilités, doubles diplômes, attractivité aux métiers de l’agriculture,… il souligne notamment qu’avec sa forte croissance démographique l’Afrique est au cœur des défis sociaux, agricoles et alimentaires.

Les 5 animateurs et l’animatrice de réseaux géographiques (Vanessa Forsans et Jean-Roland Arbus pour le réseau Afrique de l’ouest, Florent Dionizy et Yann Jagoury pour le réseau Cameroun-Nigéria, Didier Ramay et William Gex pour le réseau Afrique Australe Océan Indien) présentent les activités de leurs zones respectives puis la quarantaine d’enseignant·es et de personnels de direction expose, par pays, ses projets en cours ou futurs.

François Doligez, chargé de programme / Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de développement IRAM explique lors de sa conférence « Regards critiques sur l’agropolitique / la coopération agricole avec l’Afrique subsaharienne » que l’Afrique est le continent dont la population augmentera le plus avec 330 millions de personnes supplémentaires d’ici 2031 et sur lequel la part d’agricultrices et d’agriculteurs reste élevée (entre 40 et 50 % de la population active).

Il précise que la majorité des 500 millions de ruraux africains travaillent dans des exploitations agricoles familiales dont 33 millions (soit 80 %) ont de moins de 2 ha ! « Nous assistons à un métropolisation de l’Afrique de l’Ouest » explique-t-il à l’aide des images de https://africapolis.org/en.

Le premier soir, encadrée par Danuta Rzewuski et Vincent Rousval du RED (Réseau Éducation du Développement et à la Citoyenneté Internationale), la trentaine de jeunes volontaires en service civique venue du Bénin, du Sénégal, de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, d’Allemagne, d’Espagne ou du Royaume-Uni et de Madagascar, a clôturé la journée par des sketchs/scénettes humoristiques traduisant leurs anecdotes vécues en France.

La journée du lendemain est rythmée par les projets du réseau international FAR, Formation Agricole et Rurale, présentés par Marie Picard (à gauche sur la photo) ou encore ceux de Lucie Lombard de France Volontaires (22 antennes dans le monde et 8854 volontaires).

Quels outils pour monter un projet et avec quels acteurs ?

Les RRMA (Réseaux Régionaux Multi-Acteurs), riches ressources en régions grâce à leur travail de connexion des actrices et acteurs de la coopération internationale sur les territoires, sont mis à l’honneur grâce aux interventions de Tony Ben Lahoucine, président de la Conférence Inter-régionale des Réseaux Régionaux Multi Acteurs (CIRRMA), de Jaqueline Baury (ci-contre), vice-présidente de la CIRRMA Coopération internationale au RRMA Normandie

Ensuite, l’animatrice du réseau Afrique de l’Ouest présente les financements Erasmus+ pour des partenariats avec des pays d’Afrique subsaharienne et rappelle que des personnes ressources sont à disposition parmi les animateurs et animatrices réseaux, que des sessions de formations sont organisées tous les ans en janvier (voir le Plan National de Formation).

L’après-midi les participant·es ont pu se concentrer sur le développement de leurs projets par zones dans divers ateliers de rédaction ; méthodologie de montage d’un dossier Fonjep (Fond de Coopération de la Jeunesse et de l’Education Populaire), création d’une demande de service civique ou mise en œuvre d’une mobilité Erasmus+.

L’interculturalité … un levier essentiel !

En début de soirée, les jeunes volontaires internationaux ont présenté des contes, des danses et des musiques de leurs pays respectifs. Enfin la première présentation du spectacle « Slam Nature – Terres sacrées d’Afrique et d’Auvergne » d’Adebayo Hounsou (slameur en résidence artistique de 6 mois à l’EPL du Bourbonnais, article https://portailcoop.educagri.fr/slam-nature-terres-sacrees-dafrique-et-dauvergne/) et William Gex est venue clôturer cette soirée culturelle internationale.

A ces 3 jours riches en apprentissages, il faut ajouter des brise-glaces, un world café, se remémorer les mises en garde de Sylvie Brunel (géographe et ancienne présidente d’Action contre la faim, auteure de la « Géographie amoureuse du maïs ») sur « le sauveur blanc » ou le « blantourisme » et se souvenir que « Ceux qui aiment la paix doivent apprendre à s’organiser aussi efficacement que ceux qui aiment la guerre », Martin Luther King.

Les diapositives de la formation sont à retrouver sur : https://fermewikisagro.fr/PnfAfrique2023/?Ressources

Vous pouvez déjà tester vos compétences en citoyenneté mondiale grâce à l’outil Globalsteps http://www.globalsteps.eu/fr et pour quiconque désire créer, monter, affiner son projet avec l’Afrique subsaharienne, RDV l’année prochaine !

Contacts :

Réseau Afrique de l’ouest : Vanessa Forsans vanessa.forsans@educagri.fr et Jean-Roland Arbus jean-roland.arbus@educagri.fr

Réseau Cameroun-Nigéria : Florent Dionizy florent.dionizy@educagri.fr et Yann Jagoury yann.jagoury@educagri.fr

Réseau AAOI, Afrique Australe Océan Indien : Didier Ramay didier.ramay@educagri.fr et William Gex william.gex@educagri.fr

Rachid Benlafquih, chargé de mission Afrique/ECSI/Expertise DGER/BRECI, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Slam Nature : terres sacrées d’Afrique et d’Auvergne

Une résidence d’artiste béninois en lycée agricole français, suivie d’une tournée, pour sensibiliser et former à l’agroécologie par l’interculturalité.

Intervention poétique en français avec la classe de 2de Crédit photographique : CDR du lycée agricole du Bourbonnais

Depuis le temps que nous l’attendions, le poète slameur Adebayo Hounsou est enfin arrivé en France mi-novembre dernier. Il pleuvait, nous étions désolé·e·s pour lui mais « arriver sous la pluie est un signe de bénédiction » nous a-t-il lancé tout sourire dehors !

En France pour 6 mois dont 3 mois consécutifs à l’EPL du Bourbonnais, il a entamé sa prise de parole au pot d’accueil par un chant traditionnel. Émerveillement.

Adebayo écrit autour du fâ*, une science ancestrale éducative et spirituelle du golfe du Bénin, en lien étroit avec la nature et l’environnement. Il est aussi sensible aux thèmes de la forêt et de l’agroécologie. L’opportunité pour nos élèves d’une ouverture à de nouveaux univers artistiques et culturels comme à de nouveaux champs de réflexions. Il propose des ateliers d’écriture et de création de textes à travers des quartiers littéraires autour du fâ, des interventions autour de son pays, sa langue et ses traditions ainsi que des conférences autour de son rapport étroit avec la nature (forêts sacrées, divinités…).

*Le Fâ est un art divinatoire pratiqué traditionnellement par les populations du golfe du Bénin, notamment par les Yorubas du Nigeria, du Bénin et les Fons du Bénin

Il s’est tellement rapidement intégré au lycée que ses traversées des couloirs sont déjà ponctuées d’interminables « checks » avec les élèves. En quelques semaines, il est devenu un personnage incontournable de l’EPL en particulier pour certain·e·s collégien·ne·s.

A l’issue de cette résidence, un spectacle de slam-poésie est envisagé à l’amphithéâtre en février présentant les différentes créations réalisées avec les élèves.

Crédit photographique : CDR du lycée agricole du Bourbonnais

Poète-conteur-slameur, anthropologue de formation et spécialiste des contes du Fâ, Adébayo a l’habitude d’intervenir au Bénin et dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest dans un souci de réappropriation du narratif africain, que ce soit auprès d’enfants comme dans le cadre de « projets par le patrimoine » dans des écoles du Bénin, de jeunes de différents pays en formation ou en reconversion professionnelle dans le cadre d’Agrobootcamps (stages intégrant les différentes dimensions de l’agroécologie), de spécialistes ou encore du grand public lors de conférences-spectacles poético-musicales.

Les participants à la mobilité collective au Bénin organisée en octobre 2021 par le réseau Afrique de l’Ouest ont eu la chance de le rencontrer.

Voici comment il nous présente son art au cours des films réalisés lors de cette mission par ComSonImage de Julie Lizambard :

De cette rencontre a germé l’idée de l’accueillir en résidence d’artiste au lycée agricole du Bourbonnais pour faire dialoguer les approches sensibles d’Auvergne et du Bénin comme moyen de réfléchir et s’exprimer sur les questions de transitions agroécologiques en particulier sur leurs dimensions culturelles et ethniques. Rendue possible par un financement du ministère en charge de l’agriculture au titre du Budget d’Action Internationale, cette résidence se poursuivra par d’autres ateliers d’écriture et une tournée jusqu’à fin mai 2023 dans les lycées agricoles qui manifesteront leur intérêt pour cette initiative.

Crédit photographique de la photo de tête de l’article de la classe de 2de : Adebayo Hounsou

Contacts : GEX William, co-animateur du réseau AAOI (Afrique Australe Océan Indien) de l’Enseignement agricole. 06.89.35.93.03 – william.gex@educagri.fr

Vanessa FORSANS, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest – vanessa.forsans@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, chargé de mission coopération Afrique / ECSI / expertise internationale au BRECI/DGER – rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr