WATEA Nigéria : un tour d’horizon

6 établissements partenaires ont été visités dans six États Nigérians, dans le cadre du programme WATEA : Les femmes dans l’enseignement technique agricole et l’apprentissage au Nigeria.

Il s’agit de la première mission au Nigeria de deux représentants de la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) du Ministère français de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA), dans le cadre du projet FEF 2023-2025 « Les femmes dans l’enseignement technique agricole et l’apprentissage au Nigeria ». Elle fait suite à la visite de 12 responsables de l’enseignement technique et pédagogique nigérian·es à Paris et en Saintonge en décembre 2023.

Accompagnés par la Conseillère aux Affaires Agricoles Sonia Darracq basée à Abuja et des coordinateurs et collaboratrices de l’IITA (Institut International d’Agriculture Tropicale), le chargé de mission Afrique subsaharienne de la DGER, Rachid Benlafquih et l’animateur du réseau Nigéria, William Gex ont visité 6 centres de formations nigérians du 28 juin au 14 juillet 2024.

Les objectifs principaux de la mission étaient d’évaluer les installations, la gouvernance et les relations des institutions avec le secteur privé, de fournir des informations sur l’approche par compétences et le système d’apprentissage, d’assurer la pérennité du projet au-delà du financement français par des efforts renforcés d’information et de sensibilisation auprès des autorités et enfin de discuter de la poursuite de la coopération et du partenariat avec les campus agricoles français notamment par la mise en place d’un programme pilote de mobilités d’étudiant·es avec la France.

Pour rappel le projet WATEA – Woman in Agricultural Technical Education and Apprenticeship (Femme dans l’enseignement technique agricole et l’apprentissage 2023-2025), financé par le MEAE (Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères) et mis en œuvre par l’IITA (International Institute of Tropical Agriculture) vise à renforcer les relations opérationnelles entre les établissements d’enseignement technique agricole et les entreprises agro-industrielles, développer et formaliser le statut d’apprenti·e en particulier pour les jeunes filles et enfin accroître le partenariat pédagogique entre l’enseignement technique agricole français et ses homologues nigérians. Ainsi dans 6 états parmi les 36 fédérés, à raison de 500 filles par établissement, ce seront plus de 3000 jeunes femmes qui seront formées dans les institutions partenaires.

Vers un enseignement technique agricole plus attractif

Au Nigéria, les programmes d’enseignement technique sont réglementés par le National Board for Technical Education (NBTE) fédéral sous l’égide du ministère fédéral de l’Éducation : cela s’applique aux cinq collèges techniques visités. L’Institut de formation à la gestion agricole et rurale (ARMTI) de Kwara, organisme semi-public sous l’égide du ministère fédéral de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, est une exception.

Ces six institutions partenaires, bien qu’elles diffèrent en termes de gestion, de gouvernance et de relations, montrent cependant toutes un grand potentiel pour évoluer vers un enseignement technique plus attrayant et davantage orienté vers l’agro-entreprenariat.

Les équipes de direction et pédagogiques sont très impliquées, imaginatives et proactives dans le développement de partenariats public-privé ce qui leur permet dans certains cas de disposer d’infrastructures et de matériels agricole performants.

6 établissements visités. 

L‘équipe a été chaleureusement accueillie par l’équipe enseignante et les étudiant·es des 6 structures de formation :

Audu Bako College of Agriculture (ABCOAD) Dambatta, État de Kano

 

 

 

 

 

 

École polytechnique Binyaminu Usman (BUPOLY) Hadejia, État de Jigawa

 

 

 

 

 

 

 

Enugu State College of Agriculture and agro-entrepreneurship (ESPOLY), État d’Enugu

 

 

 

 

 

 

École polytechnique (ANSPOLY), Mgbakwu, État d’Anambra

 

 

 

Collège d’agriculture et de technologie (OYSCATECH), Igboora, État d’Oyo

 

 

Institut de formation à la gestion agricole et rurale (ARMTI), Ilorin, État de Kwara
L’occasion d’expliciter le système d’apprentissage français

Au Nigeria il existe déjà un dispositif d’apprentissage traditionnel connu sous le nom de système d’apprentissage professionnel Igbo (Igbo trade apprentice system) pratiqué par les Igbos et originaire du sud-est du Nigeria qui met en place le plus souvent un cadre d’accord informel entre l’apprenti et l’entreprise. L’objectif de ce système est de stimuler la croissance et la stabilité économiques ainsi que des moyens de subsistance durables en finançant et en investissant dans les ressources humaines par le biais de la formation professionnelle. Il présente néanmoins l’inconvénient de ne pas faire suffisamment le lien avec les centres de formation professionnelle et de donner peu de sécurisation à l’apprenti·e en terme d’embauche.

La mission a donc été l’occasion de présenter les principes du système d’apprentissage français en insistant sur le contrat tripartite entre l’entreprise, le centre de formation et l’apprenti, avec un encadrement réglementé et un soutien étatique fort garantissant le statut des apprentis et le développement des programmes en contact étroit avec le monde professionnel.

Les institutions ont reconnu la nécessité de moderniser le système nigérian actuel, en adaptant localement des solutions testées en fonction de la disponibilité et de la volonté des entreprises, du soutien politique, de la solidité des centres de formation et des opportunités de développement agricole et industriel dans leurs territoires.

Un soutien officiel accordé par les États partenaires

La mission a permis, avec les responsables des États partenaires, de pointer les progrès de WATEA et de présenter les perspectives à long terme. Les autorités locales ont reconnu l’importance du projet pour le développement durable de l’agro-industrie et se sont également engagées à poursuivre et à pérenniser les réalisations de WATEA après le financement français. Elles contribueront ainsi au développement de l’apprentissage moderne dans leurs États respectifs, en partenariat avec l’enseignent agricole français.


L’équipe de WATEA aux côtés du Gouverneur de l’État d’Oyo, Seyi Makinde

Retour sur les moments phares de la mission, où l’on peut voir l’équipe de WATEA.

En présence du Gouverneur adjoint de l’État d’Enugu, Ifeanyi Ossai

Avec l’assistant spécial du gouverneur pour l’agriculture de l’État de Jigawa, Adamu Sardauna

en réunion avec le Commissaire pour les gouvernements locaux, la chefferie et les affaires communautaires, TonyCollins Nwabunwanne de l’Etat d’Anambra

aux côtés des Commissaires à l’agriculture, Mme Oloruntoyosi Thomas et à l’éducation tertiaire, Mme Mary Ronke Arinde de l’État de Kwara.

Partenariats avec le secteur privé

La mission a catalysé des relations avec des entreprises agroalimentaires privées (Danone/FanMilk, Nutriset/NutriK, Psaltry International Company Ltd, Soilless Farm Lab) pour de la formation et de l’expertise technique, développer un modèle d’apprentissage mais aussi promouvoir la formation des femmes afin de leur offrir des carrières dans l’agro-industrie et enfin faciliter la mobilité des enseignant·es et des étudiant·es.

Contribuer dès 2025 à l’organisation d’un atelier multi-acteurs de WATEA

Un atelier multi-acteurs sera conduit en janvier 2025 au Nigeria dans l’État d’Oyo afin de favoriser l’élaboration et la mise en œuvre d’un système d’apprentissage plus performant et plus sécurisant. Cet atelier fera l’objet de la mobilisation de l’expertise de l’enseignement agricole français via le réseau CEFAGRI de la DGER. Seront réunis pendant une semaine, les six établissements bénéficiaires du programme WATEA, ainsi que de représentant·es des États partenaires, d’institutions de microfinance fédérales, d’organismes professionnels comme le National Education Fund System (NEFS), le SON (Standard Organization of Nigeria), la NAFDAC (National Agency for Food and Drug Administration and Control), le National Board for Technical Education (NBB), le National Board for Technical Education (NBTE), et l’Industrial Technical Fund (ITF).

Et demain…

L’implication de la DGER via ses réseaux permettra de développer durablement l’enseignement technique agricole nigérian. Il s’agira de faciliter les partenariats de pair à pair entre les centres de formation agricole français et nigérians. Il s’agira en particulier d’organiser des webinaires d’échanges d’expériences et d’expertises sur plan technique mais également pédagogique et également d’initier un programme pilote de mobilités entrantes via l’instrument du service civique en réciprocité avec l’Etat d’Oyo en lien avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et son opérateur France Volontaires

Les établissements curieux et intéressés pour initier un partenariat avec l’enseignement agricole nigérian sont invités à se rapprocher de Vanessa Forsans et William Gex, les animateurs du réseau AOAC (Afrique de l’Ouest Afrique Centrale) de la DGER !

A travers ces multiples pistes, l’avenir agricole du pays est davantage confié aux mains des femmes nigérianes.

A lire également WATEA-Nigeria en Saintonge

En savoir plus sur les organismes :Institut International d’Agriculture Tropicale, Audu Bako College of Agriculture (ABCOAD), École polytechnique Binyaminu Usman (BUPOLY), Enugu State College of Agriculture and agro-entrepreneurship (ESPOLY), École polytechnique (ANSPOLY), Collège d’agriculture et de technologie (OYSCATECH), Institut de formation à la gestion agricole et rurale (ARMTI)

Contacts : William Gex, animateur et Vanessa Forsans, animatrice du réseau Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale (AOAC) de l’enseignement agricole, william.gex@educagri.fr , vanessa.forsans@educagri.fr

Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise internationale au BRECI,rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Monde Durable : les graines du changement

Après une mission de volontariat international dans l’enseignement agricole français, deux anciens services civiques béninois créent une association pour apporter leur pierre à la construction d’un monde meilleur.

Le 19 septembre 2023, Arthur EDIKOU et Mari-Christos NOUMONVI obtenaient de la Préfecture de Créteil le Récépissé de Déclaration de leur association dénommée “ Monde Durable ”.

En effet, originaires du Bénin, Arthur et Mari-Christos sont deux jeunes agroéconomistes passionnés des enjeux et défis du développement durable. C’est donc à juste titre qu’entre novembre 2022 et juillet 2023, ils ont effectué leur mission de service civique respectivement dans les Lycées Agricoles de Castelnau-Le-Lez (34) et de Riscle (32), en lien avec le Projet FABéOc (Formation en Agroécologie au Bénin et en Occitanie).

Engagement et action chevillés au corps, les deux jeunes ont vu très tôt leur parcours citoyen récompensé par plusieurs organismes dont notamment la Friedrich Ebert Stiftung et Les Offices Jeunesses Internationaux du Québec (LOJIQ).

Pourquoi l’association Monde Durable ?

L’association Monde Durable est née de la volonté commune de promouvoir le bien-être environnemental, économique et social en France et au Bénin, à travers des projets touchant divers domaines, comme l’environnement, les énergies renouvelables, l’accès à l’eau potable, l’agroécologie et l’autonomisation des femmes.

Elle met en valeur les principes d’Équité, de Solidarité et de Transparence. Ses actions incluent également l’éducation à la citoyenneté ainsi que des initiatives locales et internationales en faveur du développement durable.

Depuis 2020, Arthur et moi avions en projet de mettre sur pied une association qui nous permettrait de mieux organiser notre engagement et de pouvoir contribuer aussi longtemps que possible au bien-être de nos communautés. Ce désir s’est enfin concrétisé à la suite de notre service civique ” – Mari-Christos, Président de l’association.

“ Personnellement, je pense que cette mission de service civique a été une véritable source de motivation pour nous, dans la mise en place de l’association. Nous en avons toujours rêvé et maintenant c’est fait…. Nous sommes heureux et fiers de nous… ” – Arthur, Secrétaire de l’association.

Quels acquis pour l’association au bout d’une année d’existence ?

Depuis sa création en septembre 2023, l’association a mené avec succès six actions dans le cadre de la mise en œuvre du Projet TOUS’ECO, une initiative financée par la Fondation de France dans le cadre du Concours Déclics Jeunes 2023 et qui vise à promouvoir la transition écologique au Bénin à travers l’éducation environnementale des enfants et des jeunes.

Les six actions réalisées sont les suivantes : des dons d’outils de gestion des déchets et d’assainissement aux écoles (16 poubelles, 200 guides de tri sélectif des déchets, 60 balais et 20 râteaux), une sensibilisation de 2000 écolier(e)s et enseignant(e)s au tri sélectif des déchets en milieu scolaire, la formation de 80 écolier(e)s et 10 enseignants à la conception des emballages écoresponsables,  un atelier de bricolage et de recyclage des pneus usagés avec les apprenants éco-responsables, la mise en terre de 20 plants d’arbres à l’occasion de la 40e Journée Nationale de l’Arbre au Bénin ainsi que le renforcement de capacités de 20 enseignant(e)s sur la propreté de l’eau, l’hygiène et l’assainissement en milieu scolaire.

Lesdites actions ont été mises en œuvre dans quatre écoles primaires grâce à l’appui méthodologique de l’Institut Africain pour le Développement de la Famille (IADF-ONG), organisation partenaire de Monde Durable au Bénin.

“ Cette première année a été pleine de défis, d’apprentissages et de réalisations. Ensemble, nous avons mis en place des actions innovantes dans le domaine de l’environnement. Chacune d’elle témoigne de notre engagement envers l’éducation environnementale des jeunes publics et la protection de notre environnement ”  – Mari-Christos.

L’association a par ailleurs organisé le 27 juin 2024 un webinaire d’informations sur les dispositifs du Service Civique et du Volontariat de Solidarité Internationale (VSI). Ce webinaire à destination des jeunes béninois intéressés par le volontariat en lien avec les questions agricoles et environnementales a été animé par Sylvie Dagba, représentante de France Volontaires au Bénin, Vanessa Forsans, animatrice du Réseau Afrique de l’Ouest de l’Enseignement agricole, et Rachid Benlafquih, chargé de mission coopération internationale Afrique de l’Ouest au Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire.

Retrouvez leurs diaporamas ici : présentation 240624 et accueil de services civiques du Bénin en lycées agricoles en France

Quelles perspectives pour l’avenir ?

Pour les années à venir, l’association prévoit entre autres de nouer de nouveaux partenariats en France et au Bénin, de promouvoir l’ECSI auprès des jeunes lycéens en France.
Également, elle prévoit de contribuer à l’amélioration des conditions socio-économiques des femmes rurales au Bénin, à la promotion de l’Entrepreneuriat Agricole des Jeunes en Afrique de l’Ouest et à l’amélioration des conditions d’hygiène et d’assainissement en milieu scolaire au Bénin.
De plus, Monde durable propose d’intervenir dans les établissements agricoles en nouant un partenariat à travers un dossier FONJEP pour un projet « Citoyens solidaires » selon les activités décrites ici : PROGRAMME_ACTIVITES_CS et Activites_Prevues_CS

Pour suivre l’actualité professionnelle sur LinkedIn de Arthur EDIKOU et de Mari-Christos NOUMONVI

En savoir plus sur l’association Monde durable, Projet Projet TOUS’ECO. Pour permettre à l’association de grandir et de mener davantage d’actions, des dons peuvent se faire via une plateforme.

Lire aussi l’article Fabéoc : Top départ !

Article rédigé par Arthur Edikou et Mari-Christos Noumonvi.

Contacts : Vanessa Forsans, animatrice du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale, vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 




PAFAR : vers une nouvelle génération agricole

Une première mission sous forme d’ateliers participatifs a été menée fin mai 2024 en Angola par trois expertes de l’enseignement agricole français, dans le cadre du PAFAR – Projet d’appui à la formation agricole et rurale.

Suite à la visite du Président de la République d’Angola en France en 2018, des accords de coopération intergouvernementaux ont été signés dans le domaine de l’agriculture.
La déclaration conjointe des ministres angolais et français de l’agriculture du 02 avril 2019 indique qu’un des objectifs est de « développer la coopération en matière de formation professionnelle agricole, notamment au niveau secondaire, pour renforcer la capacité des cadres et promouvoir l’employabilité des jeunes dans les activités agricoles ». Cette coopération se concentrera sur les 12 écoles secondaires agricoles angolaises, appelés Instituts techniques agraires (ITA).

Qu’est-ce que le PAFAR ?

Dans ce contexte, l’Agence française de développement (AFD) a commandé en 2019 une étude de faisabilité pour un projet de redynamisation de la formation technique dans le secteur agricole (l’étude de pré-faisabilité coordonnée par la DGER ayant été menée par l’Institut Agro, le réseau FAR et l’ENSFEA). L’étude de faisabilité a permis de formuler le projet d’appui à la formation agricole et rurale (PAFAR), et l’AFD a accordé à l’État angolais un financement de 35 millions d’euros pour le mettre en œuvre, auxquels s’ajoutent 5 millions d’euros de l’Union européenne. La convention de financement de ce projet a été signée par l’AFD et le gouvernement angolais le 12 mai 2022.

Le PAFAR vise à revitaliser le système de formation agricole au niveau de l’enseignement secondaire. Pour ce faire, le projet décline 3 sous-objectifs : assurer une meilleure adéquation entre les programmes de formation technique et professionnelle et les compétences requises par le secteur agricole, en tenant compte des besoins spécifiques de formation et d’orientation des femmes et des hommes ; renforcer l’intégration des ITA sur leur territoire et améliorer la gouvernance du système de formation agricole et rurale, dans une perspective de genre ; doter les ITA d’infrastructures, adaptées aux besoins spécifiques des femmes et des hommes, leur permettant d’enseigner dans de bonnes conditions, et assurer la pérennité du patrimoine des ITA.

Dans ce contexte, le Ministère de l’éducation de la République d’Angola a lancé le 03 janvier 2023 un appel d’offres international pour sélectionner un bureau d’études en vue de la fourniture d’assistance technique à la maîtrise d’ouvrage du PAFAR.
Une réponse française a été proposée par le bureau d’études SFERE, en consortium avec l’Institut Agro, IRAM, Egis-Forhom, et la participation de la DGER. Cette offre, retenue par la partie angolaise, permet en particulier d’assurer la coordination entre les différentes parties prenantes concernées et de sécuriser la dimension institutionnelle de ce projet qui se situe au sein d’une coopération d’enjeu politique entre les gouvernements français et angolais. Il s’agit également de mobiliser de façon cohérente et concertée, via le réseau CEFAGRI, l’expertise de l’enseignement agricole émanant des établissements sous tutelle du MASAF/DGER et clairement attendue dans ce projet.

Premières phases opérationnelles

Après l’arrivée en Angola au sein de l’équipe PAFAR d’une assistante technique résidente en novembre 2023 et une mission du BRECI en janvier 2024, les premières missions d’expertise court-terme ont pu être programmées.
Ainsi, la première a été menée durant la seconde quinzaine de mai 2024 par 3 expertes : Marie-Catherine Arbellot-de-Vacqueur, cheffe du SRFD de Bourgogne-Franche Comté, Sandrine Belvèze, en charge de la politique régionale de l’apprentissage à la DRAAF d’Occitanie, et Fanny Payet, directrice du CFA-CFPPA Forma’terra à La Réunion.
L’ensemble de cette mission a été suivi par Thibaut Nancy, agent de la DGER mis à disposition auprès du ministère de l’enseignement supérieur d’Angola : qu’il soit ici chaleureusement remercié pour la qualité de son accompagnement.

 

Marie-Catherine Arbellot-de-Vacqueur, quels étaient les objectifs de cette mission d’expertise ? Comment s’est-elle déroulée ?

Les objectifs de cette mission d’expertise visaient à présenter les spécificités de l’enseignement agricole technique en France, avec quelques focales particulières à la demande des partenaires angolais : le fonctionnement des Établissements de l’enseignement technique agricole, le rôle des exploitations agricoles dans la formation des apprenants, la question des compétences professionnelles dans la construction des référentiels de formation.
Ils ont été les fils conducteurs d’une mission de terrain qui s’est déroulée sur une quinzaine de jours au cours de laquelle une présentation de l’enseignement agricole français a été proposée à Luanda à un public d’institutionnels engagés dans le PAFAR.
S’en sont suivis trois ateliers de terrain à Malanje, Tchivinguiro et Lubango qui ont permis d’une part de partager ces mêmes informations auprès de chefs d’établissement, de formateurs et de partenaires institutionnels et professionnels des ITA, mais aussi et surtout de mettre les équipes en réflexion sur des évolutions possibles de l’organisation de l’enseignement agricole technique en Angola pour répondre aux enjeux du pays, à commencer par celui de la sécurité alimentaire, le rôle de l’agriculture dans le développement économique local, sans oublier l’adaptation au changement climatique ou encore la réflexion sur l’attractivité des métiers agricoles.
Ces déplacements de terrain ont également permis de mieux cerner les réalités locales, les attentes des partenaires, et d’adapter la contribution de l’enseignement agricole français aux travaux en cours dans le cadre du PAFAR. Je retiens entre autre le sujet des exploitations agricoles des ITA, mais aussi d’autres thématiques telles que la formation des enseignants, la création de ressources pédagogiques de qualité et contextualisées.

Sandrine Belvèze, comment avez-vous préparé cette mission ? Quels en sont les résultats ?

Comme pour toute mission à l’international il convient de se préparer en amont tant au niveau de la connaissance des attendus des commanditaires, des besoins des parties prenantes que du recueil de toutes informations pouvant faciliter la compréhension de la mission.
S’appuyer sur les compétences au sein du BRECI, du réseau CEFAGRI ainsi que sur des personnes ayant déjà réalisé des missions en Angola a permis au groupe d’expertise de valoriser des données existantes et de mieux comprendre les enjeux du pays, de l’agriculture et de la formation agricole.
Cette mission a été riche en rencontres, en constats, dont le premier est la volonté de la chaîne décisionnaire d’organiser un modèle de formation agricole en lien avec les territoires angolais, leurs diversités, les potentiels de développement face à une agriculture dont les enjeux sont très importants.
Ils sont en certains points communs aux nôtres (renouvellement générationnel, souveraineté alimentaire, adaptation aux changements climatiques…) mais s’inscrivent dans une histoire tragique où de nombreux leviers doivent être activés pour reconstruire le système de formation.
Cette mission a été porteuse d’espoirs face à des acteurs du PAFAR et des enseignants motivés et prêts à s’approprier et déployer un nouveau modèle en s’inspirant de celui déployé en France, et ce au bénéfice de la jeunesse angolaise.
C’est en cela que le résultat de cette première mission me semble positif et augure une poursuite favorable aux relations entre les acteurs de l’enseignement agricole de nos deux pays.

Fanny Payet, que retenez-vous de cette mission d’expertise ?

C’est un projet très enthousiasmant où la motivation et l’implication des collègues angolais est à la hauteur des enjeux auxquels le pays doit faire face. Je retiens la qualité des échanges avec les différents acteurs rencontrés et la confiance qu’ils nous ont accordée, l’intérêt manifesté pour l’enseignement agricole français ainsi que pour les transpositions et adaptations locales qui pourront en être faites. J’ai découvert un pays singulier, très attachant, marqué par des années de guerre et qui se relève malgré tout.

Prochaines étapes

Une deuxième mission d’expertise en Angola auprès de l’équipe du PAFAR  est prévue pour novembre 2024. Il s’agira de poursuivre le travail sur un curriculum de technicien agricole polyvalent. Ensuite, une délégation angolaise composée de membres de l’équipe du PAFAR et de directeurs d’ITA sera accueillie en France  pour une visite d’étude. Accompagnée par le BRECI, cette délégation se rendra en Bourgogne-Franche Comté où elle pourra appréhender in situ le fonctionnement des établissements agricoles, en particulier de leurs exploitations, leur ancrage territorial, leur système de gouvernance… comme autant de sources d’inspiration pour une adaptation au contexte angolais.

 

Contact :
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr




RIPAD, un nom à retenir en Méditerranée

La mise en place du Réseau pour l’Innovation et la Professionnalisation en Agriculture Durable (RIPAD) a pour objectif de contribuer au développement en France et au Maroc d’une agriculture plus durable, en construisant un réseau d’établissements de formation professionnelle français et marocains développant une offre de formation sur la transition agroécologique.

Le Réseau RIPAD, financé par la DGER et son homologue marocaine, la DEFR, a été mis en place par le Pôle Tropiques et Méditerranée de l’Institut Agro Montpellier en lien avec l’ENA de Meknès.

Accueil de la délégation à l’Institut Agro de Montpellier

Du  20 au 30 mai 2024, le Pôle Tropiques et Méditerranée a organisé et accueilli la mission en France des représentants des établissements marocains. Celle-ci fait suite à celle de la délégation française qui s’est rendue au Maroc au mois de décembre 2023. Elle était consacrée à la consolidation du Réseau RIPAD, à l’analyse stratégique et aux échanges d’expériences afin de pouvoir construire un programme d’échanges et d’actions conjointes mobilisant les enseignants et les apprenants des deux pays.

Cette mission était composée de représentants de la Direction de l’Enseignement, de la Formation et de la Recherche (Bouchra CHORFI, Khadija ACHOUAK, Fatima Zohra ZAYOU), de l’ENAM (Said AMIRI, directeur ; Abdessalem TAHIRI, directeur des études ; Fouad RACHIDI, enseignant-chercheur, responsable de l’option Agro-écologie)  et de six représentants des Instituts de Techniciens Spécialisés en Agriculture (Ilham ED_DAGHOUR, directrice ;  Otman EL MRABET, directeur ;  Souad IALLATEN, Mustapha LAMRANI, Asmae MOUDDEN, , Abdeslem EL FOUZI, formateurs et formatrices), enfin du représentant de l’ambassade de France à Rabat (Bertrand WYBRECHT).

Ainsi, les établissements marocains sont allés à la rencontre de leurs partenaires français du réseau RIPAD. Ils ont pu visiter l’Institut Agro Montpellier et certaines de ses composantes et interfaces pédagogiques et de recherche (domaine du Chapitre, parcelles expérimentales sur la conduite de vigne en agroécologie, Terracoopa). Du côté de l’enseignement technique, la délégation marocaine a visité les établissements d’enseignement agricole de Carcassonne, Saint-Rémy de Provence, Romans-sur-Isère et Valence, partenaires du projet. Au-delà de la visite des établissements, leurs partenaires privilégiés (coopératives, stations de recherche, opérateurs de développement) ont pu être rencontrés également.

Visite de Terracoopa, une coopérative d’activité et d’emploi de l’agriculture biologique et de l’environnement dans les environs de Montpellier

Visite du Mas numérique du domaine du Chapitre de l’Institut Agro Montpellier et des parcelles de vigne menées en agroécologie

La mission a été très riche et instructive pour tous les participants. Elle a aussi permis à l’Institut Agro d’étoffer ses liens avec les quatre établissements du Sud de la France et d’imaginer des collaborations croisées dans plusieurs domaines entre enseignement technique et supérieur.

Dorénavant, le Réseau pour l’Innovation et la Professionnalisation en Agriculture Durable se veut un espace franco-marocain d’échanges sur l’agriculture durable et l’agroécologie, sur la résilience des agricultures méditerranéennes face aux conséquences du changement climatique et sur l’enseignement de ces sujets à des jeunes en formation professionnelle agricole ou en formation d’ingénieur agronome. Les deux missions croisées ont permis de confirmer l’intérêt de l’ensemble des participants pour ces échanges et d’esquisser les principales catégories d’action qui pourraient être conduites dans le cadre du consortium. Différentes actions ont notamment été évoqués lors de la réunion de fin de mission, au Valentin à Valence.

Des échanges de pratiques sont prévus autour de la pédagogie innovante, notamment par un travail autour de projets étudiants communs lors de stages ou de mini-stages (co-conception de systèmes de culture / systèmes de production durables, caractérisation des structures travaillant autour de l’agroécologie…).

Le réseau privilégie également des échanges techniques : accompagnement des polygones pédagogiques marocains pour la conversion en agriculture biologique (AB) et pour la conversion à l’agroécologie, travail conjoint de conception de systèmes en agroécologie, échanges autour de l’expérimentation, échanges sur l’adaptation des exploitations/polygones pédagogiques au changement climatique.

Le développement des mobilités est un volet important et se concrétisera par des échanges d’étudiants, échanges de formateurs, poursuites d’étude dans les établissements partenaires, voyages d’étude.

l’ Institut Agro et l’ENAM travaille sur le développement de séquences de formation conjointes et la mise en place d’un double diplôme.

Un travail d’expertises croisées  s’attachera à monter une formation de formateurs à produire autrement, la création de modules de formation à l’entreprenariat, des formations diplômantes/certifiantes en AB ou en agroécologie, la mise en place de classes passerelles entre formation professionnelle et enseignement supérieur.

Visite des serres et domaine viticole de l’EPLEFPA Charlemagne de Carcassonne

Des actions conjointes de décloisonnement sont indispensables notamment entre établissements de formation professionnelle et établissements d’enseignement supérieur, et entre établissements publics et privés par des activités conjointes (séminaires, utilisation conjointe d’infrastructures) et par la mise en place de passerelles pour répondre au mieux au principe du Continuum Enseignement/Formation/Recherche.

Des actions conjointes de capitalisation et de valorisation sont au programme comme la définition conjointe de concepts (construction d’un glossaire : résilience, agro-écologie…), l’organisation de séminaires autour de l’agroécologie, webinaires, cours en visio communs, et de construction de matériel pédagogique commun.

Au-delà de l’implication de chaque établissement pour faire vivre ce consortium, un projet structurant, avec différents axes, sera co-construit dès l’automne 2024. Il permettra d’aller chercher des financements afin d’irriguer et d’opérationnaliser ces différentes pistes.

Photo de tête d’article : Visite de l’EPLEFPA Charlemagne de Carcassonne

Contact : Khalid Belarbi, Directeur du Pôle Tropiques et Méditerranée de l’Institut Agro Montpellier, khalid.belarbi@supagro.fr