Former aux transitions agro-écologiques

Séminaire du réseau international FAR-Formation Agricole et Rurale à Meknès : une occasion de réfléchir à l’enseignement de l’agroécologie et des transitions au Maroc.

Les 6, 7 et 8 octobre 2025, le réseau international FAR a rassemblé à l’École Nationale d’Agriculture de Meknès (ENAM) les représentants des réseaux nationaux FAR formels ou informels de 19 pays africains à Meknès pour échanger sur les formations aux transitions et à l’agroécologie. D’importantes délégations françaises et marocaines ont participé aux différents ateliers, tables-rondes et conférences, comprenant des représentants des ministères en charge de l’agriculture, des responsables d’établissements de formation agricole technique et supérieure, des enseignants et enseignants-chercheurs, des représentants professionnels ainsi que des acteurs associatifs du milieu rural.

Le séminaire a mis en lumière de nombreuses initiatives récentes des différents pays dans le champ des formations à l’agroécologie et aux transitions et l’importance de la coopération pour innover dans le secteur.

L’agroécologie en marche dans l’enseignement agricole marocain

Mme Bouchra Chorfi, directrice de l’enseignement, de la formation et de la recherche (DEFR) au ministère de l’Agriculture marocain a rappelé en introduction du séminaire que la stratégie agricole marocaine, « Génération Green 2020-2030 », accorde une importance primordiale à la formation des ruraux et au développement d’une agriculture durable et résiliente.

Cette orientation a été mise en œuvre ces dernières années au Maroc à travers notamment la mise en place d’un Centre national pour l’initiative en agroécologie à Meknès, support de travaux de recherche menés de manière collaborative avec l’Institut Agro de Montpellier et l’École Normale Supérieure d’Enseignement Technique et Professionnel (ENSETP) de Dakar.

De plus, la généralisation d’un module d’initiation à l’agriculture biologique et à l’agro-écologie est active dans toutes les filières d’enseignement agricole.

Le développement d’une véritable filière d’ingénieurs en Agroécologie est inscrite à l’Ecole Nationale de l’Agriculture à Meknès. Depuis 3 ans, l’ENAM est engagée à former des ingénieurs en mettant l’accent sur la conservation des sols et le fonctionnement systémique des milieux agricoles, véritables composantes des écosystèmes.

De même, la généralisation d’un module d’initiation à l’agriculture biologique et l’agroécologie dans les formations professionnelles sont orientées vers la production végétale comme  animale.

D’ailleurs, en juillet 2025, une formation qualifiante en agriculture biologique a été lancée dans l’objectif de former 250 personnes par an.

En outre, un réseau d’échanges entre établissements français et marocains a été mis en place sur le thème des formations aux transitions agroécologiques (Réseau pour l’Innovation et la Professionnalisation en Agriculture Durable (RIPAD)).

Au-delà de la mise en place de structures et de programmes, des interrogations sont communes à tous les pays sur la pédagogie des transitions.

Témoignage illustré par Julien Revenu – Scribing en direct pour créer un témoignage sensible des événements

Le séminaire a été l’occasion d’échanger entre participants sur les questions de pédagogie posées par la mise en œuvre des formations aux transitions et à l’agroécologie. La présentation introductive de Stéphane de Tourdonnet, directeur du département « Milieux, productions, ressources et systèmes » à l’Institut Agro Montpellier, a souligné les difficultés à enseigner des connaissances nouvelles, souvent non stabilisées, à expérimenter dans de nouveaux contextes en mutation permanente et accélérée par l’emballement du changement climatique. Robustesse et résilience des systèmes sont en effet plus complexes à appréhender et à mesurer que rendement et marge brute des cultures !

Les ateliers qui ont suivi et les présentations sous forme de posters commentés de 16 initiatives conduites en Afrique et ailleurs ont permis aux 200 participants d’échanger sur leurs expériences de formation aux transitions et à l’agroécologie. L’importance d’une pédagogie active permettant aux jeunes de construire leur savoir par l’expérimentation et la conduite de mini-projets a constitué le fil rouge de nombreuses présentations.

Les plans « Enseigner à produire autrement » I et II et leur mise en œuvre dans les établissements français ont fait l’objet de nombreux échanges grâce à Christian Candalh (IEA), Clélia Berger-Cluzel (EPN de Mayotte), Domitille de Clerq (EPLEFPA de Cibeins), Guillaume Fichepoil, David Lacaille et Alexy Spangel (EPLEFPA du Valentin), Jean-Claude Gracia et Jean-Pierre Del Corso (ENSFEA), qui ont pu présenter les actions variées entreprises au niveau national ou dans leur établissement.

Les réseaux FAR nationaux associent acteurs de la formation agricole publics et privés et acteurs du développement agricole de nombreux pays d’Afrique. La présence d’acteurs du développement venant de différents pays a permis d’élargir les réflexions autour du développement de l’agro-écologie à la formation continue des agriculteurs et au conseil aux exploitations agricoles, mettant en évidence la nécessité d’avoir des interventions plus individualisées et moins prescriptives.

La coopération internationale, un outil puissant pour faire avancer les réflexions

Le travail en coopération entre établissements français et africains sur les questions de formation à l’agroécologie et aux transitions a également pu être présenté et discuté grâce à la présence au séminaire de Vanessa Forsans et William Gex, animateurs du Réseau Afrique de l’Ouest et Afrique centrale de la DGER, Jan Siess, animateur du Réseau Maroc de la DGER, Nadine Zorzi et Philippe Nauleau (EPL Nature de La Roche sur Yon), Diane Ravit et Guilhem Heranney (EPLEFPA Terre d’horizon) et Vincent Vertes (Campus Terre et Nature de Carcassonne).

L’occasion d’illustrer la richesse et la diversité des types d’échange possibles : visites d’étude, échanges de pratiques pédagogiques et de contenus entre formateurs, stages individuels ou collectifs de jeunes, conception commune de serious games,… Les établissements français impliqués dans le réseau RIPAD  présents au séminaire (Institut Agro Montpellier, EPLEFPA de Romans sur Isère, Campus Terre et Nature de Carcassonne, EPLEFPA Le Valentin) ont échangé avec leurs partenaires marocains en bilatéral. Une réunion de ce réseau en marge du séminaire a ainsi mis en évidence le souhait partagé d’ouvrir le réseau à de nouveaux établissements et à de nouveaux sujets (élevage durable, gestion de l’eau…).

Un séminaire tremplin pour des actions élargies

Le séminaire du réseau international FAR a été l’occasion à la fois de contribuer aux réflexions africaines sur l’enseignement de l’agroécologie et de permettre aux établissements membres du réseau RIPAD de replacer ses actions de coopération entre établissements dans un paysage plus vaste, celui de l’évolution des dispositifs de formation et de conseil agricole à l’échelle du continent africain.

Au Maroc, un réseau national FAR formel est en cours de constitution. Il permettra d’échanger sur les initiatives locales menées par la société civile, foisonnantes mais disparates, sur les nombreuses évolutions en cours du dispositif public de formation et de conseil agricole et de capitaliser les expériences. Le réseau RIPAD pour sa part est amené à se développer et à étendre son champ d’activité. Tous les participants marocains présents au séminaire, et accompagnés en cela par la force du Réseau FAR semblent être prêts à relever le défi et à prendre leur part dans la mise en œuvre urgente de ces pratiques durables.

Les plus belles pages sont donc certainement celles qui restent à écrire.

Lire aussi l’article sur le RIPAD, un nom à retenir en méditerranée 

Consulter les ressources de FAR, Livret de contribution sur 43 initiatives de formation en Afrique et ailleurs pour accompagner les transitions

Article proposé par Jan Siess et Bertrand Wybrecht

Illustration de tête d’article – Crédit : Julien Revenu, dessinateur en facilitation graphique

Contact : Jan Siess, animateur du réseau Maroc de l’enseignement agricole – jan.siess@educagri.fr, Bertrand WYBRECHT, Conseiller agricole adjoint à l’ambassade de France à Rabat




35 ans de « Stage 250 » Agri

Il était une fois, en 1990, une visite au Maroc du Ministre français de l’agriculture… 35 ans plus tard, des expériences de vie entre le Maroc et la France, ce sont des histoires d’agriculture, de nature et d’amitié.

L’homologue marocain du ministre de l’agriculture évoque l’idée que les futurs cadres agricoles du Maroc puissent découvrir l’agriculture française à travers un stage en exploitation agricole. Trouvant l’idée intéressante, le Ministre français propose 2 places dans chacune des 125 fermes des lycées agricoles.

2×125 = 250 ! c’est ainsi que le stage 250 est né.

35 ans après, ce dispositif fête dignement son anniversaire par la signature, à Paris, de son renouvellement pour 10 ans et souffle ses bougies à Marrakech-Souihla lors d’un comité de pilotage de l’arrangement administratif entre la DEFR et la DGER, les 2 directions en charge de la formation et de la recherche agricole au Maroc et en France.

Après avoir été contraint à une pause durant la période COVID, le stage 250 a redémarré en 2023 avec quelques adaptations. Du côté de l’enseignement supérieur, chaque année, environ 80 étudiants de L’École Nationale d’Agriculture de Meknès (ENA) l’ENA Meknès et de l’Institut Agronomique et Vétérinaire HASSAN II (IAV) effectuent soit des stages individuels en entreprise, en centre de recherche ou en cabinet vétérinaire, soit une visite d’étude de 2 semaines permettant de visiter le pôle agronomique montpelliérain et de découvrir l’organisation du développement agricole dans une région française.

En ce qui concerne l’enseignement technique, la formule retenue reste celle d’un stage dans une exploitation agricole (privée ou de lycée) ou dans l’atelier de transformation agroalimentaire d’un établissement de formation. En 2025, 45 étudiants en 2ème année de formation de techniciens spécialisés (équivalent à nos BTS), issus de 17 Instituts de techniciens spécialisés en agriculture (ITSA), répartis sur le territoire marocain, ont bénéficié de ce programme.

Ils ont effectué un stage de 6 semaines en France, seuls ou en binômes, dans les exploitations agricoles de 11 établissements d’enseignement agricole mais également chez 20 agriculteurs privés, partenaires de l’enseignement agricole français.

Ainsi, 21 filles et 24 garçons ont pu se familiariser avec l’agriculture française, dans des domaines aussi variés que le maraichage, la viti-viniculture, l’apiculture, l’oléiculture, l’élevage bovin, caprin, ovin ou de volaille, la transformation des produits laitiers ou des plantes aromatiques, etc.

Moi, c’est Yassine, 20 ans, made in Rabat, Maroc

La plupart des exploitations qui les ont accueillis pratiquent l’agriculture biologique, ce qui a bien inspiré les stagiaires comme Yassine, stagiaire dans une exploitation de la Nièvre :

« Je suis actuellement en immersion dans une exploitation agricole qui transforme ses fruits en jus, vinaigre et cidre — autant dire que je ne vois plus les pommes de la même façon ??
Ici, j’apprends autant avec mes bottes qu’avec ma tête : du verger à l’atelier de transformation, je découvre le quotidien d’une ferme engagée dans le bio, avec ses valeurs, ses défis… et pas mal de brouillard matinal ?️ Toutes ces tâches m’ont permis de développer ma précision, mon sens de l’observation, mais aussi mon endurance physique. Travailler en maraîchage, c’est apprendre à être attentif au moindre détail : un changement de texture, une tache suspecte, un excès d’humidité… tout compte. Le maraîchage bio, c’est de la rigueur, de l’adaptation, de la patience… mais aussi beaucoup de satisfaction quand on voit un champ bien conduit, sain, et prêt à nourrir les gens avec des produits sains.

[En tant que caissier dans la boutique paysanne] j’ai appris la rigueur, la gestion rapide des situations, et surtout, le sens de la relation client : accueillir avec le sourire, écouter, expliquer l’origine des produits. Ce contact direct avec les clients, les producteurs et même les machines (parfois capricieuses), m’a permis de développer ma confiance à l’oral, de mieux présenter un produit, et de faire passer mon message malgré mon petit accent marocain (qui, au fond, ajoute une touche d’authenticité ?). Cette immersion m’a aussi ouvert les yeux sur la valeur des circuits courts, sur l’importance de l’engagement local… et sur le fait que l’agriculture, ce n’est pas que dans les champs : c’est aussi dans les échanges, les vitrines, et la relation humaine.
Mon objectif ? Lancer bientôt un projet de maraîchage bio, mais version high-tech : capteurs, arrosage précis, gestion intelligente… Bref, l’agriculture qui respecte la planète sans oublier l’innovation ! »

Ce stage n’a pas été qu’une immersion professionnelle — c’était aussi une belle aventure humaine, pleine de découvertes, de fierté, et d’émotions. Autant de moments qui donnent du sens à ce métier et nourrissent profondément la motivation. »

Retrouvez le blog de Yassine : Du Maroc aux champs français : mon immersion en agriculture

Nous, venus d’ailleurs

De leur côté, voici ce que Bouchra et Fatima Ez-Zahra retiennent de leur stage sur l’exploitation du lycée agricole de Nimes Rodilhan :

Bouchra en stage au Lycée de Rodilhan, travail de la vigne jusqu’à l’élevage en cave

« Au-delà des compétences techniques, ce stage nous a offert bien plus. Nous avons découvert une culture du travail bien fait, une écoute de la plante, une rigueur portée avec amour.
Et surtout, nous avons rencontré des personnes passionnées, disponibles, prêtes à transmettre leur savoir sans retenue. Leur patience, leur bienveillance, leurs conseils nous ont profondément marquées.
Dans cette exploitation, tout est lié : la vigne, l’eau, la cave, la technologie, les équipes… et nous, venus d’ailleurs, mais accueillis comme si nous avions toujours fait partie de cette famille de la terre.

Blog de Bouchra : Le Maroc à Nîmes dans le cadre du « Stage 250 »

Et Fatima Ez-Zahra complète avec ces éléments :

« Mon maître de stage accorde une grande importance à l’agriculture durable. Parmi les pratiques mises en œuvre, on retrouve : l’usage minimal ou l’absence de produits phytosanitaires chimiques, le désherbage mécanique en remplacement des herbicides, l’agriculture biologique ou en conversion, un mode de production bas-carbone, respectueux de l’environnement, une valorisation locale des produits pour limiter les intermédiaires et soutenir le territoire.

En France, j’ai trouvé des idées pour adapter certaines pratiques agroécologiques à notre contexte local à Ouled Teïma. Et pourquoi pas, inspirer d’autres jeunes femmes rurales à s’engager dans l’agriculture de demain. »

Pour en savoir plus : Portrait de Fatima sur Moveagri, Témoignage de Hamza

Moveagri : le réseau des étudiants de l’enseignement agricole qui bougent à l’étranger !

l’ENA Meknès, Etablissement Public Marocain d’Enseignement Supérieur Agronomique, l’Institut Agronomique et Vétérinaire HASSAN II (IAV)

Contact : Anne-Laure ROY, chargée de mission Asie, Bureau des relations européennes et de la coopération internationale, anne-laure.roy@agriculture.gouv.fr, Bertrand WYBRECHT, Conseiller agricole adjoint à l’ambassade de France à Rabat, Jan Siess, animateur du réseau Maroc de l’enseignement agricole – jan.siess@educagri.fr




RIPAD, un nom à retenir en Méditerranée

La mise en place du Réseau pour l’Innovation et la Professionnalisation en Agriculture Durable (RIPAD) a pour objectif de contribuer au développement en France et au Maroc d’une agriculture plus durable, en construisant un réseau d’établissements de formation professionnelle français et marocains développant une offre de formation sur la transition agroécologique.

Le Réseau RIPAD, financé par la DGER et son homologue marocaine, la DEFR, a été mis en place par le Pôle Tropiques et Méditerranée de l’Institut Agro Montpellier en lien avec l’ENA de Meknès.

Accueil de la délégation à l’Institut Agro de Montpellier

Du  20 au 30 mai 2024, le Pôle Tropiques et Méditerranée a organisé et accueilli la mission en France des représentants des établissements marocains. Celle-ci fait suite à celle de la délégation française qui s’est rendue au Maroc au mois de décembre 2023. Elle était consacrée à la consolidation du Réseau RIPAD, à l’analyse stratégique et aux échanges d’expériences afin de pouvoir construire un programme d’échanges et d’actions conjointes mobilisant les enseignants et les apprenants des deux pays.

Cette mission était composée de représentants de la Direction de l’Enseignement, de la Formation et de la Recherche (Bouchra CHORFI, Khadija ACHOUAK, Fatima Zohra ZAYOU), de l’ENAM (Said AMIRI, directeur ; Abdessalem TAHIRI, directeur des études ; Fouad RACHIDI, enseignant-chercheur, responsable de l’option Agro-écologie)  et de six représentants des Instituts de Techniciens Spécialisés en Agriculture (Ilham ED_DAGHOUR, directrice ;  Otman EL MRABET, directeur ;  Souad IALLATEN, Mustapha LAMRANI, Asmae MOUDDEN, , Abdeslem EL FOUZI, formateurs et formatrices), enfin du représentant de l’ambassade de France à Rabat (Bertrand WYBRECHT).

Ainsi, les établissements marocains sont allés à la rencontre de leurs partenaires français du réseau RIPAD. Ils ont pu visiter l’Institut Agro Montpellier et certaines de ses composantes et interfaces pédagogiques et de recherche (domaine du Chapitre, parcelles expérimentales sur la conduite de vigne en agroécologie, Terracoopa). Du côté de l’enseignement technique, la délégation marocaine a visité les établissements d’enseignement agricole de Carcassonne, Saint-Rémy de Provence, Romans-sur-Isère et Valence, partenaires du projet. Au-delà de la visite des établissements, leurs partenaires privilégiés (coopératives, stations de recherche, opérateurs de développement) ont pu être rencontrés également.

Visite de Terracoopa, une coopérative d’activité et d’emploi de l’agriculture biologique et de l’environnement dans les environs de Montpellier

Visite du Mas numérique du domaine du Chapitre de l’Institut Agro Montpellier et des parcelles de vigne menées en agroécologie

La mission a été très riche et instructive pour tous les participants. Elle a aussi permis à l’Institut Agro d’étoffer ses liens avec les quatre établissements du Sud de la France et d’imaginer des collaborations croisées dans plusieurs domaines entre enseignement technique et supérieur.

Dorénavant, le Réseau pour l’Innovation et la Professionnalisation en Agriculture Durable se veut un espace franco-marocain d’échanges sur l’agriculture durable et l’agroécologie, sur la résilience des agricultures méditerranéennes face aux conséquences du changement climatique et sur l’enseignement de ces sujets à des jeunes en formation professionnelle agricole ou en formation d’ingénieur agronome. Les deux missions croisées ont permis de confirmer l’intérêt de l’ensemble des participants pour ces échanges et d’esquisser les principales catégories d’action qui pourraient être conduites dans le cadre du consortium. Différentes actions ont notamment été évoqués lors de la réunion de fin de mission, au Valentin à Valence.

Des échanges de pratiques sont prévus autour de la pédagogie innovante, notamment par un travail autour de projets étudiants communs lors de stages ou de mini-stages (co-conception de systèmes de culture / systèmes de production durables, caractérisation des structures travaillant autour de l’agroécologie…).

Le réseau privilégie également des échanges techniques : accompagnement des polygones pédagogiques marocains pour la conversion en agriculture biologique (AB) et pour la conversion à l’agroécologie, travail conjoint de conception de systèmes en agroécologie, échanges autour de l’expérimentation, échanges sur l’adaptation des exploitations/polygones pédagogiques au changement climatique.

Le développement des mobilités est un volet important et se concrétisera par des échanges d’étudiants, échanges de formateurs, poursuites d’étude dans les établissements partenaires, voyages d’étude.

l’ Institut Agro et l’ENAM travaille sur le développement de séquences de formation conjointes et la mise en place d’un double diplôme.

Un travail d’expertises croisées  s’attachera à monter une formation de formateurs à produire autrement, la création de modules de formation à l’entreprenariat, des formations diplômantes/certifiantes en AB ou en agroécologie, la mise en place de classes passerelles entre formation professionnelle et enseignement supérieur.

Visite des serres et domaine viticole de l’EPLEFPA Charlemagne de Carcassonne

Des actions conjointes de décloisonnement sont indispensables notamment entre établissements de formation professionnelle et établissements d’enseignement supérieur, et entre établissements publics et privés par des activités conjointes (séminaires, utilisation conjointe d’infrastructures) et par la mise en place de passerelles pour répondre au mieux au principe du Continuum Enseignement/Formation/Recherche.

Des actions conjointes de capitalisation et de valorisation sont au programme comme la définition conjointe de concepts (construction d’un glossaire : résilience, agro-écologie…), l’organisation de séminaires autour de l’agroécologie, webinaires, cours en visio communs, et de construction de matériel pédagogique commun.

Au-delà de l’implication de chaque établissement pour faire vivre ce consortium, un projet structurant, avec différents axes, sera co-construit dès l’automne 2024. Il permettra d’aller chercher des financements afin d’irriguer et d’opérationnaliser ces différentes pistes.

Photo de tête d’article : Visite de l’EPLEFPA Charlemagne de Carcassonne

Contact : Khalid Belarbi, Directeur du Pôle Tropiques et Méditerranée de l’Institut Agro Montpellier, khalid.belarbi@supagro.fr




Fresne-Angers, la culture de partenariats historiques

C’est en 2026 que le Lycée d’enseignement agricole d’Angers et l’École d’horticulture de Munich souffleront les 50 bougies de leur partenariat, ce qui en fera à ce jour en France l’un des plus anciens partenariats étrangers de l’enseignement agricole technique. Le Fresne d’Angers, un établissement résolument tourné vers la coopération européenne et internationale !

Le cinquantenaire d’échange entre les deux structures de formation d’Angers et de Munich s’inscrira dans un projet d’établissement résolument tourné vers la coopération européenne et internationale, puisque l’établissement Le Fresne entretient de longue date deux autres partenariats : avec le centre de formation horticole de Laval au Québec, depuis maintenant trente ans et avec l’institut des techniciens spécialisés en horticulture (ITSH) de Meknès au Maroc.

Le point de départ de la coopération entre le Lycée français et le Maroc dans le domaine de la formation agricole remonte au début des années 2000, avec une première étape importante en 2011, date à laquelle est signée une véritable convention de partenariat entre les deux établissements. C’est ainsi que, depuis le début de cet accord, deux étudiants marocains sont accueillis chaque année en Maine-et-Loire afin de suivre un BTSA en productions horticoles. Et pour parfaire cette dynamique, depuis 2014, ce sont deux étudiantes qui sont accueillies en alternance une année sur deux, ce qui permet de faire rimer coopération internationale et parité dans le cadre de cette fructueuse collaboration.

Très rapidement, il s’avère que les étudiants accueillis sont des exemples pour leurs homologues français : soif d’apprendre, forte implication, niveau technique développé et autonomie caractérisent chaque promotion. Ils favorisent aussi la sensibilisation des jeunes Français à la solidarité internationale, et donnent un vrai sens à la mission de coopération Sud/Nord que doit promouvoir l’enseignement agricole.

Un partenariat renaissant pour le meilleur

Le COVID a, comme pour de nombreux autres, mis un coup d’arrêt à ce partenariat. Après plusieurs années d’incertitude, l’envie de travailler ensemble et de cultiver l’amitié franco-marocaine a été la plus forte, et en février 2023, une nouvelle mission angevine s’envolait vers le Moyen Atlas afin de reconduire la convention, élaborer conjointement avec les partenaires marocains un plan quinquennal de coopération et, bien sûr, procéder aux entretiens de sélection en prévision de l’accueil de deux nouvelles étudiantes à la rentrée scolaire suivante.

C’est ainsi que Chaimae et Samya sont arrivées en Anjou au mois de septembre 2023 pour entrer en première année de BTSA « métiers du végétal » (anciennement « productions horticoles »). Samya, l’aînée des deux, en tant que fille d’agriculteur, connait bien ce domaine. Elle a souhaité venir en France notamment pour approfondir ses connaissances sur l’agriculture biologique, et achever la transition initiée par son père dans la culture de figues et d’olives. Son objectif est d’acquérir une certification bio, afin des valoriser sa production locale face à la concurrence des produits étrangers.

Pour ce qui est de Chaimae, outre son envie de découvrir la France, le moteur de sa décision de venir continuer ses études à Angers, si elle ne vient pas d’une famille d’agriculteurs, elle est cependant passionnée par l’arboriculture fruitière. Son souhait est alors d’explorer des techniques innovantes, mais elle est aussi curieuse du système éducatif français.

1 année passée en France

Les deux jeunes semblent ravies de leur première année de BTSA au sein du lycée agricole d’Angers. Elles acquièrent de nouvelles compétences qui, comme le précise Samya, sont basées sur une approche globale de la production, qui complète bien l’aspect plus opérationnel de ce qu’elles ont déjà appris au Maroc.

Chaimae est, elle, contente de pouvoir profiter des opportunités offertes par l’exploitation de l’établissement, qui permet une pratique concrète de ce qu’elles abordent en cours avec leurs professeurs. Concernant ceux-ci, elles évoquent toutes deux leur bienveillance et leur disponibilité, en particulier durant la recherche des stages qu’elles ont dû faire cette année, faisant jouer leur réseau afin de trouver des structures d’accueil proches du lycée où elles résident en appartement, car elles sont peu mobiles. Chaimae en a d’ailleurs profité pour apprendre à faire du vélo, une autre compétence acquise !

A noter qu’en septembre 2024, alors que Samya et Chaimae commenceront leur deuxième année de BTSA, et comme le prévoit la convention entre l’EPLEFPA et l’ITSH, ce sont deux nouveaux étudiants qui arriveront à leur tour à Angers pour un cycle de deux années d’études. Il seront donc quatre jeunes Marocains au sein de l’établissement. Aucun doute sur le fait que nos deux étudiantes sauront les accueillir et leur faire bénéficier de leur expérience déjà riche.

Une fois diplômées… ?

Suite à l’obtention de leur diplôme, au printemps 2025 donc, Samya et Chaimae souhaitent rester quelque temps en France pour une licence professionnelle par apprentissage, peut être toujours au Fresne-Angers. Cette possibilité leur permettrait en effet de financer leur séjour, et de parfaire leur parcours en termes d’acquisition de connaissances dans le domaine de la production agricole. Puis, pourquoi pas, se faire embaucher en tant que salariée dans une des nombreuses exploitations maraichères du pays angevin.

Mais le but ultime de cette belle expérience reste le même pour les deux jeunes femmes : retourner au Maroc pour retrouver les leurs et s’installer fièrement en tant que productrices locales.

Contact : Julien PICHON, Chargé de coopération européenne et internationale à la DRAAF Pays de Loire, julien.pichon@agriculture.gouv.fr