Le premier comité de pilotage du projet de plateforme Warwi dont le thème est « Outils de pilotage de la formation agricole et rurale (FAR) pour l’emploi décent des jeunes au Sénégal » s’est tenu ce 26 mai 2021 à l’Ambassade de France à Dakar.
D’une durée de deux ans pour un montant de 170,5 millions de francs CFA, ce projet vise le développement d’une cartographie interactive de la formation agricole et rurale au Sénégal. Cette cartographie sera un outil de suivi et de pilotage, mais aussi d’informations pour tous les usagers, (agriculteurs, entreprises, organisations professionnelles agricoles, organisations de la société civile, autorités, partenaires au développement, etc.).
Le projet Warwi permettra également de disposer d’un moteur de recherches sur la formation et l’enseignement agricoles au Sénégal, afin d’aider les apprenants dans leur orientation scolaire et professionnelle en fonction de la zone géographique, des métiers et du niveau escompté.
Cette plateforme s’articulera avec les outils mis en place notamment par les Ministères en charge de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur, de la jeunesse, tous pleinement associés à ce projet.
Des activités en régions permettront de promouvoir la formation agricole et rurale auprès des apprenants et des acteurs locaux (collectivités territoriales, entreprises, etc.) à travers les deux outils susmentionnés et en favorisant les innovations ainsi que les dynamiques des territoires.
Financé par le Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, ce projet s’inscrit dans le cadre des accords intergouvernementaux signés en 2016 dans le domaine de la formation agricole entre le ministère français en charge de l’agriculture et de l’alimentation et les ministères sénégalais en charge de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur. Des accords confortés lors du dernier séminaire inter-gouvernemental du 17 novembre 2019 entre le Sénégal et la France.
Cette coopération s’inscrit également dans le cadre de la stratégie Europe et International du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation pour lequel le continent africain constitue une zone prioritaire, ainsi que dans le cadre des 4 engagements pour l’Afrique de l’enseignement agricole français, formalisés suite au discours de Ouagadougou prononcé par le président Macron le 28 novembre 2017 à l’Université de Ouagadougou.
Contacts :
Maryline Loquet, Attachée de coopération – Enseignement agricole, Ambassade de France au Sénégal – maryline.loquet@diplomatie.gouv.fr
Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr
Photo de tête d’article : crédit photographique – Association SOL, Alternatives Agroécologiques et Solidaires
Cuniculteur près d’Abidjan après un service civique au lycée agricole de Vire
Jean-Pierre Ouattara, ancien service civique au lycée agricole de Vire, revient sur son expérience en France et ses projets professionnels actuels en Côte d’Ivoire.
Ma mission de service civique au LPA de Vire
Alors étudiant à l’INFPA, plus précisément à l’École de Spécialisation en Élevage de Bingerville, j’ai effectué de novembre 2018 à juin 2019 une mission de service civique au LPA de Vire, en binôme avec mon collègue Thierry Koffi. Cette mission, intitulée « Tisser des liens entre l’exploitation agricole et ses utilisateurs », comportait divers aspects :
– Participer à la vie quotidienne de l’exploitation et de l’EPL pour bien comprendre la stratégie et son fonctionnement.
– Participer activement à la réflexion sur le projet de méthanisation (organisation des visites et rencontres de formation, d’échanges, en s’appuyant sur les autres collègues du groupe dont fait partie l’exploitation du lycée agricole).
– Participer à la communication de ce projet auprès des différents usagers de l’exploitation : formateurs, enseignants, apprenants, agriculteurs, collectivités, consommateurs, partenaires du monde agricole, médias… tout en développant des outils de communication (plaquettes, réunions publiques, suivis des travaux, réseaux sociaux).
– Participer à des actions d’Éducation à Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI).
– Intervenir auprès et avec des élèves pour présenter mon pays sous les angles culturels, sociaux, historiques, économiques, agricoles.
Pour en savoir plus sur le déroulement de ma mission de service civique, vous pouvez visionner mon témoignage, enregistré lors des Rencontres du Réseau Afrique de l’Ouest au LEGTA Le Chesnoy en janvier 2019 :
Ce que m’a apporté cette mission de service civique
Cette mission de service civique m’a permis d’un point de vue personnel de vaincre ma timidité et aussi de découvrir tout le potentiel relationnel qui était enfoui en moi. Quant au plan professionnel, j’ai pu développer des aptitudes telles que l’abnégation au travail, le sens de la responsabilité, le travail en équipe, tisser et entretenir des liens entre professionnels, le tout avec une plus grande ouverture sur le monde.
La création de mon activité cunicole en Côte d’Ivoire
Après ma mission de service civique j’ai décidé de retourner au pays afin de finaliser mon BTSA à l’INFPA et de pouvoir mettre en pratique les compétences acquises en France.
C’est ainsi qu’à travers une aide de l’OFII j’ai pu mettre en œuvre un projet d’élevage cunicole dans la périphérie d’Abidjan. J’ai bénéficié d’une subvention de 5000€ répartis en deux phases (70% d’abord puis 30 % pour la deuxième phase de la subvention totale).
Le projet dans son ensemble est composé de 55 lapins reproducteurs répartis en deux groupes :
30 reproducteurs pour la phase 1 et 25 reproducteurs pour la phase 2. Il faut noter que la phase 1 est terminée et je suis en attente pour l’exécution de la phase 2 qui consistera à augmenter ma capacité de production afin de mieux rentabiliser l’investissement. Un volet publicité/communication est également prévu dans cette deuxième phase.
Mon activité propose des lapins de consommation (vifs ou en carcasses) et des lapins pour la reproduction. Les clients sont des particuliers, des restaurants et réceptifs hôteliers, généralement c’est sur commande et nous assurons la livraison.
Mon projet à court terme consistera à donner une bonne assise à l’activité que je mène actuellement.
Heureux de partager cette riche expérience avec vous !
Contacts et informations :
vanessa.forsans@educagri.fr
Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr
De retour en Afrique après un service civique en lycée agricole (2)
Elle s’appelle Jemima Hounnouvi, a 23 ans, et a créé son entreprise de pisciculture au Bénin, après un service civique au lycée agricole de Château-Gontier.
Ma mission de service civique au LPA de Château-Gontier
Après ma licence en agronomie, j’ai été retenue pour une mission de volontariat de service civique en octobre 2019. Cette mission a été possible grâce à France Volontaires et l’OBSVJ (Office Béninois des Services de Volontariat des Jeunes), en partenariat avec CREDI-ONG (Centre régional de Recherche et d’Éducation pour un Développement Intégré) et le Lycée des Métiers de l’Agriculture de Château-Gontier, ainsi que le Refuge de l’Arche. Mon travail pendant ma mission a été d’abord de représenter les valeurs culturelles de mon pays auprès des élèves et personnels du lycée, mais aussi de capitaliser des expériences dans le domaine de la faune locale.
Parallèlement au travail à l’animalerie du lycée et au Refuge de l’Arche (pour la protection de la faune sauvage), j’ai beaucoup participé aux activités de pisciculture, comme la pêche d’étang avec le directeur de la pisciculture du lycée des métiers de l’agriculture, sur le site de production aquacole. Pour la fin de ma mission, j’ai réalisé une conférence webinaire qui a été diffusée en direct sur ma page Facebook.
De retour au bercail le 28 juin 2020, j’ai démarré ma restitution le 06 juillet pour finir le 06 octobre. Durant cette période, j’ai pu partager mes expériences en matière d’organisation du travail en tant qu’assistante du chargé de tourisme àCREDI-ONG, dans la commune d’Abomey-Calavi.
La création de mon activité piscicole au Bénin
Pendant ma mission, j’ai eu connaissance par France Volontaires de l’opportunité que l’OFII offre pour une réinsertion au retour. C’était important pour moi de la saisir vu que j’avais un projet d’entreprenariat, mais pas les moyens financiers nécessaires pour le mener à bien.
À mon retour au Bénin, dans le cadre de la restitution de la mission (3 mois avec CREDI-ONG), j’ai aussi réalisé des investigations avec le gérant d’une entreprise petit poisson qui est partenaire de CREDI-ONG. J’accompagnais mon supérieur sur les sites de production de poisson tilapia. Nous allions voir aussi les marchands installés sur les lacs afin d’aider à la distribution des poissons aux revendeurs et grossistes à la fin des cycles. Après avoir remarqué la rentabilité de cette technique de production et la disponibilité du marché, j’ai donc décidé de me tourner vers ce projet avec l’opportunité offerte par l’OFII.
Ainsi, j’ai choisi de mettre en place le projet « production et vente de poisson tilapia ». Le site d’implantation est le lac Toho, situé dans la commune de Ouidah, à 28km de Cotonou.
Mon projet consiste donc à produire du poisson tilapia monosexe dans des cages fixes sur un lac. Il s’agit de prendre des alevins et passer à l’étape de grossissement. Ces alevins sont déposés dans une cage fixe installée dans le lac pour engraissement jusqu’à maturité. Les alevins après engraissement auront le poids moyen de 400 grammes requis au moment de la vente. Avec une estimation de 12 tonnes 600 kg de poissons d’ici 5 ans, mon objectif à moyen terme est de rassurer la clientèle en ce qui concerne l’approvisionnement en poisson.
Enfin, ce projet de production de poisson me permet d’avoir une autonomie financière. Il facilitera la création d’emploi et apporte déjà une contribution à l’économie locale.
Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr
Cacao « to show »
Une tournée du documentaire « Keka Wongan » est organisée pour faire connaître sa démarche dans les établissements publics agricoles français. Actuellement, 20 séances ont été programmées dont celle qui a eu lieu vendredi 2 avril sur l’EPLEFPA de Castelnau-le-Lez, en présence du chef de projet. Il s’agit, selon lui, de « dévoiler les coulisses du projet, la méthodologie à adopter lorsqu’on se lance dans un projet durable d’une telle envergure ».
Le vendredi 2 avril, le lycée professionnel agricole de Castelnau-le-Lez, sous la supervision de la directrice adjointe et du professeur qui dispose d’un tiers temps coopération internationale et européenne a réuni dans l’amphithéâtre, les élèves de trois classes. Le Chargé de mission développement durable pour l’EPLEFPA de Nantes Terre Atlantique effectue une mission, appuyée par le réseau Cameroun de l’enseignement agricole, sur l’opportunité de développer des relations de coopération entre un établissement français, le sien, et un partenaire camerounais, le Collège Régional d’Agriculture (CRA). Depuis 2014, des actions réciproques entre les deux pays sont menées et le rythme s’est accéléré pour aboutir in fine à la création à Ebolowa, d’un atelier technologique de transformation du cacao en un chocolat « made in Cameroun ». Ce projet a fait l’objet d’un film, Keka-Wongan, signifiant « notre cacao » dans la langue Bulu parlée à Ebolowa, la ville chef lieu de la région sud-Cameroun. Le court-métrage (libre de droits) a été réalisé par Julie Lizambard de Com Son Image. Elle y restitue fidèlement l’histoire de ce projet dont « l’ambition semblait démesurée au départ et l’objectif non réaliste ». Et pourtant ils l’ont fait !
Du film à la démarche éco-citoyenne
Ce film est inspirant, particulièrement pour les élèves du lycée, formés aux métiers agricoles et préoccupés, ou du moins sensibilisés aux enjeux des transitions agroécologiques et du développement durable. Il donne un exemple de pistes d’actions concrètes, et l’envie d’agir. Keka Wongan est un projet de coopération basé sur la réciprocité, qui met en avant le partenariat multi-acteurs et l’implication des apprenants tant en France qu’au Cameroun. L’objectif, pour l’intervenant comme pour le personnel qui l’a accueilli, était en partie d’inspirer les élèves du lycée Honoré de Balzac de Castelnau-Le-Lez à agir de la même façon. A leur échelle, ils peuvent s’intégrer dans une démarche écocitoyenne également, en rejoignant des réseaux d’acteurs présents depuis cette année dans l’établissement tels que les écoresponsables (au nombre de 10 parmi les élèves), ou encore l’association Lafi Bala, hébergée par le lycée et présidée par le Professeur correspondant coopération internationale. Par ailleurs, une très belle initiative de coopération internationale avec le Bénin est en place au lycée pour favoriser l’échange entre les lycéens des deux pays ; et pourquoi pas, pour ces élèves, en initiant de nouveaux projets.
Un film comme promotion d’une coopération
La projection montre les différentes étapes de l’entreprise. La première consistait à maîtriser la phase complexe de l’approvisionnement en fèves de cacao, en incluant des exigences de qualité et le respect de l’environnement. Ces conditions ont permis aux petits cacaoculteurs de la coopérative de Bytilie d’augmenter, en moyenne, leur prix de vente de 30 %. La deuxième étape, très sensible, fut la transformation, avec l’obligation de fabriquer localement les machines pour garantir par la suite leur entretien. Enfin, « il n’y a plus qu’à vendre ! », mais en appliquant les règles du commerce équitable. Le film invite à une réflexion sur le commerce équitable Nord-Sud mais aussi Nord-Nord et Sud-Sud et sur les filières locales.
Un film comme source de réflexion plus globale
Au terme de la projection, un atelier-débat est organisé par le chef du projet afin de faire participer les élèves et connaître leur opinion sur le projet ainsi que sur ce moyen de diffusion. Des images sont disposées aléatoirement au sol et les élèves doivent choisir celle qui leur fait penser, d’une manière ou d’une autre, au film qu’ils viennent de regarder. Ils doivent ensuite s’exprimer un par un et expliquer le rapport qu’ils ont trouvé entre cette image et le film. Le chef du projet Keka-Wongan accueille leur point de vue et y répond en confirmant le lien qu’on peut trouver entre ces images, même déroutantes, et le projet. Par exemple, un pont a été fait entre l’image d’un champ de tournesols et le film : le champ de tournesols représentait, d’après un élève, l’aspect vaste et gigantesque de la nature, qui s’étend à perte de vue. Cela symbolisait, selon le jeune, l’importance de la faune et la flore, et cela se retrouvait dans le projet qui s’inscrit dans une démarche de développement durable, concept dans lequel l’environnement est une priorité. L’objectif de cet exercice particulier d’analyse d’illustrations était de faire conduire aux élèves une réflexion globale. Cette réflexion les amenant à comprendre les enjeux du projet présenté en allant au-delà des actions concrètes, en d’autres termes : d’en tirer des leçons.
Une « tournée » qui favorise le partage
Cette vision participative est véritablement recherchée par l’intervenant qui insiste sur l’importance du regard des jeunes. C’est la raison pour laquelle il entreprend cette « tournée » des établissements scolaires. Il souhaite faire connaître ce projet et son histoire, mais également obtenir des réponses : savoir ce que cela inspire aux apprenants.
Ainsi, le partage est le maître mot de ce projet qui a été favorablement accueilli par les lycéens et quelques enseignants du lycée Honoré de Balzac. Un dialogue est constamment recherché, de l’étape de création du projet : quand il faut établir un partenariat entre le lycée de Nantes et le CRA d’Ebolowa, à celle du déroulement : lorsqu’il s’agit de travailler à plusieurs mains une fois l’entreprise démarrée au Cameroun. « Chacun donne le même effort, ce n’est pas l’un qui donne et l’autre qui reçoit » jusqu’à la dernière phase, celle de la diffusion du projet dans les établissements et attendant, de la part de l’auditoire, une réaction et une opinion.
En l’occurrence, c’est grâce à la curiosité et à la réceptivité des élèves, émus par une réalisation dont les plans laissaient voir beaucoup de complicité et de partage entre les écoresponsables français et camerounais, que cet échange a pu se poursuivre au-delà de l’horaire défini au départ.
Article rédigé par Jessica Rouveirol, Volontaire en service civique au lycée professionnel agricole Honoré de Balzac de Castelneau-Le-Lez
Pour découvrir le film, visionnez le maintenant
Contact : Florent DIONIZY, Chargé de mission développement durable pour l’EPLEFPA de Nantes Terre Atlantique, florent.dionizy@educagri.fr
Regis DUPUY, animateur du réseau Cameroun de l’enseignement agricole, regis.dupuy@educagri.fr
Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr