Favoriser l’entreprenariat des jeunes en Afrique

La Chaire Systèmes alimentaires et entrepreneuriat en Afrique : un dispositif en faveur de l’entrepreneuriat des jeunes et de systèmes alimentaires durables.

L’Afrique connaît des mutations importantes, avec un accroissement et une urbanisation forte de sa population, une demande en biens alimentaires en augmentation et qui tend vers des produits transformés et standardisés appropriés à la consommation en ville. Elle est également confrontée à des enjeux forts d’employabilité des jeunes chaque année plus nombreux sur un marché du travail insuffisamment structuré, n’offrant pas assez d’opportunités et dont les besoins ne sont pas toujours en adéquation avec les offres de formation.

En 2020, des acteurs académiques et privés ont uni leur force afin d’apporter une réponse collective à ces enjeux. Ainsi, la Chaire Systèmes alimentaires et entrepreneuriat en Afrique a été créée avec pour objectif de favoriser l’entrepreneuriat de jeunes africains dans les secteurs agricole et agroalimentaire, de manière à apporter une réponse aux enjeux alimentaires et au défi de l’employabilité. Ce dispositif est le fruit d’une coopération internationale entre quatre établissements d’enseignement supérieur en agronomie : Bordeaux Sciences Agro (BSA) en France, l’Ecole Supérieure d’Agronomie (ESA) de l’INP-HB de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, la Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de l’Université de Dschang au Cameroun et l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA) de l‘Université d’Antananarivo à Madagascar (qui a rejoint le consortium en 2023), et soutenue par le Fonds de dotation Pierre Castel.

Face à ces défis, la Chaire se positionne au niveau de la Sensibilisation à l’entrepreneuriat d’environ 500 étudiants chaque année dans les 3 pays africains partenaires et sur la Formation et l’accompagnement d’une dizaine de porteurs de projet par pays et par an, dans la maturation de leur projet entrepreneurial. La formation est fondée sur la pédagogie par l’action, avec une application immédiate des compétences entrepreneuriales acquises sur les projets portés par les jeunes. La durabilité est la première composante de la formation afin que les projets développés intègrent dès leur conception les externalités positives et négatives.

La Chaire Animation scientifique contribue au développement de projets communs de recherche afin de produire et diffuser des connaissances sur les thématiques d’intérêt pour le dispositif (freins et leviers à l’entrepreneuriat, emballages écologiques, innovation, etc.). Et elle participe à al Création d’un écosystème favorable en fédérant les acteurs engagés en faveur de l’entrepreneuriat des jeunes, afin d’apporter aux porteurs de projet de la visibilité et d’éventuelles opportunités.

Depuis sa création, le dispositif a accompagné 70 étudiants en fin de cursus ingénieur agronome ou jeunes diplômés dans la maturation et la concrétisation de leur projet.

La dynamique engagée par la Chaire concrétise les engagements* de l’enseignement agricole de partenariat avec l’Afrique du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA) via la Direction Générale de l’Enseignement et de la la Recherche (DGER), en particulier en matière de formation croisée et d’entrepreneuriat. Elle répond également à la stratégie d’internationalisation de Bordeaux Sciences Agro.

* les 4 engagements de l’Enseignement Agricole pour l’Afrique

A sa création, la Chaire a bénéficié du soutien du Ministère français de l’Europe et des Affaires Étrangères avec son programme d’Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur Français en Afrique (ADESFA) et dispose aujourd’hui du soutien de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) Europe Occidentale via son programme Co//ectif.

Le dispositif de formation et d’accompagnement de la chaire permet à la fois l’autonomie des établissements membres et la mise à disposition d’un format partagé standardisé et adaptable. Il a été conçu pour pouvoir être dupliqué dans de nouveaux établissements. La chaire cherche aujourd’hui de nouveaux partenaires pour un changement d’échelle et son déploiement dans de plus nombreux pays en Afrique.

Pour en savoir plus consulter les informations sur le site de la Chaire, Rapport d’activités 2021-2022

Contacts : Christophe ALEMANY, Enseignant en management d’entreprise à Bordeaux Science Agro Département Entreprises & Territoires
Responsable spécialisation Stratégie, Entrepreneuriat et Management des Entreprises Agricoles / Référent entrepreneuriat / Responsable pédagogique parcours Agro Finance Banque, christophe.alemany@agro-bordeaux.fr
Rachid BENLAFQUIH, chargé de mission Afrique subsaharienne / ECSI / expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Le Bénin choisit l’expertise française

L’expertise de l’enseignement agricole français accompagne le passage de 10 à 30 lycées techniques agricoles au Bénin : des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail ont eu lieu à Cotonou entre le 17 et le 27 septembre 2023.

Le Bénin, via son Agence de Développement de l’Enseignement Technique (ADET) a entrepris une grande réforme institutionnelle de l’enseignement technique et professionnel, en particulier agricole, passant de 10 à 30 lycées techniques agricoles (LTA).
Sollicité par l’ADET dès 2021, l’enseignement agricole français (via la DGER/BRECI et ses réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI) a élaboré avec France Éducation International (FEI) une offre technique pour accompagner cette réforme. Les enjeux sont d’importance : il s’agit d’élaborer des programmes de formation, produire des ressources pédagogiques, identifier les équipements nécessaires aux formations, préparer l’implantation des filières ; soutenir, par la formation et l’insertion les jeunes dans la vie active, les politiques territoriales de développement économique et social ; mettre en place une professionnalisation des métiers de la formation ; favoriser l’implication active dans le territoire, des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, et structurer une dynamique tournée vers l’innovation et l’expérimentation. 11 filières et 15 diplômes (Diplôme Technicien Métier et Diplôme Technicien Supérieur Métier, DTM et DTSM) sont concernés.
Cet appui est mis en œuvre dans le cadre d’une contribution plus globale en « équipe France » à la réforme de l’appareil de formation professionnelle du Bénin,  s’inscrivant dans le programme de coopération en matière de formation professionnelle entre la République du Bénin et la France signé à la suite du déplacement au Bénin du Président de la République française en juillet 2022. Avec un financement de la Banque mondiale d’un montant de 1,22 M€, ce projet a en ligne de mire l’accueil de 48 000 apprenants afin de les former très concrètement aux métiers de l’agriculture.

Ainsi, une première mission dans le cadre de ce projet a mené au Bénin entre le 17 et le 27 septembre 2023 un groupe d’experts de l’enseignement agricole français, accompagnés par le réseau CEFAGRI et France Education International. Une réunion de cadrage entre l’ADET, FEI et la DGER (BRECI) a permis le lancement officiel du projet. Puis les experts en aquaculture, en élevages de ruminants, de porcins, en productions horticoles, fruitières et forestières, en agroéquipements… ont animé des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail (AST) avec des professionnels béninois, tant de la production que de la formation agricoles (enseignants et directeurs de LTA, inspecteurs). À leurs côtés étaient présents des experts marocains recrutés par FEI ainsi que des spécialistes du coton et du palmier à huile ayant rejoint l’équipe d’experts par le truchement du réseau CEFAGRI.

Les experts de l’enseignement agricole français témoignent de cette expérience de co-construction d’analyses de situations de travail avec des collègues et partenaires béninois avec lesquels la coopération n’est pas nouvelle :

Jean-Roland Arbus, enseignant d’agronomie au LEGTA de Figeac et co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest :
Suite à deux missions au Bénin, en 2019 et 2021, en tant que co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest, j’ai trouvé logique de contribuer à la co-écriture des référentiels avec les Béninois. Être à l’écoute de leurs attentes pour les intégrer dans les référentiels, travailler en équipe d’experts sont des éléments de réussite. Enfin soulignons l’importance d’intégrer l’agroécologie, la durabilité et la gestion économique dans ces référentiels pour les futurs entrepreneurs béninois.

 

Patrick Desnos, enseignant d’agronomie au lycée horticole privé de Saint-Ilan (Côtes-d’Armor) :
La rencontre avec les professionnels, les enseignants et les inspecteurs béninois nous a permis de mieux appréhender les attentes de nos partenaires et de confronter nos visions « Nord-Sud » des métiers des différentes filières agricoles étudiées. Cette co-construction de l’analyse des situations de travail dans le domaine du maraîchage, de l’horticulture ornementale, de l’arboriculture fruitière et forestière m’a permis de mieux cerner ces différents métiers au Bénin. Les diplômes visés de technicien métier et de technicien supérieur métier ont pour but, entre autres, de favoriser la création d’entreprise permettant à des jeunes béninois de participer à la souveraineté alimentaire de leur pays et d’améliorer la chaîne de valeurs. Les échanges avec l’ensemble des participants ont été riches et constructifs : une co-construction à poursuivre pour écrire le référentiel de compétences dans le cadre de cette rénovation ambitieuse.

Catherine Lejolivet, enseignante d’aquaculture au LEGTA de La Canourgue (EPL de la Lozère) :
Bénin comme Bienveillance : c’est le sentiment fort ressenti pendant cette semaine de travaux collaboratifs avec les partenaires des filières professionnelles agricoles, l’inspection et les enseignants des lycées techniques. Ce fut une première en Afrique de l’Ouest, me concernant. La mission de co-construction de programmes de formation aquacole est d’importance pour ce pays désireux de former des techniciens et des techniciens supérieurs leur permettant de s’installer, de piloter ainsi leurs entreprises avec un maximum de clés et de contribuer à l’approvisionnement des marchés demandeurs de produits aquatiques d’eau douce ou saumâtre. D’où le challenge pour moi : comprendre le contexte aquacole, les attentes des partenaires afin de répondre au mieux dans un esprit clairement de convivialité partagée. Les échanges ont été riches, vivants et constructifs, hâte de poursuivre l’aventure franco-béninoise !

 

Arnaud Lefèvre, directeur de l’exploitation ostréicole de l’EPL de Bourcefranc :
Suite à des échanges réguliers avec différents partenaires béninois depuis plus de vingt ans, il m’a semblé intéressant de participer à l’évolution des curricula des formations techniques en aquaculture. Au sein de ce secteur très dynamique en Afrique de l’Ouest depuis quelques années, le Bénin réussit à tirer son épingle du jeu, grâce en particulier à la mise en place de l’organisation de la filière. Les échanges avec les professionnels, mais également avec les enseignants et les représentants de l’administration, permettent de contextualiser et de partager les différentes opinions sur ce secteur de production. L’enjeu premier est de proposer des programmes basés sur les pratiques, de façon à ce que les apprenants soient opérationnels dès la sortie des études. Au-delà, la demande inclut de considérer dans ces formations les évolutions et les innovations envisageables de la filière aquacole au Bénin.

Jean-Louis Devoyon, enseignant d’agroéquipement au LPA de Saint-Yrieix-la-Perche :

Sollicité par le BRECI/DGER et avec l’aide de Guillaume Gillet de l’ENSFEA, le lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche est un établissement reconnu dans le domaine des agroéquipements avec une dimension internationale puisqu’il coopère avec des pays d’Afrique et en particulier le Bénin. C’est à ce titre que j’ai été mobilisé sur ce projet pour la co-construction selon l’approche par compétences (APC) des référentiels de formation en machinisme (DTM/DTSM). J’ai ainsi pu valoriser et partager mon expérience en mécanisation agricole afin de proposer des formations qui répondent aux mieux à la demande professionnelle actuelle et à venir pour une insertion réussie des futurs apprenants. En tant qu’expert, j’ai pu prendre la mesure des forts enjeux de ce projet ambitieux par rapport aux grandes potentialités de ce pays en développement et ce fut un honneur pour moi de pouvoir modestement y contribuer. De cette première expérience, je retiendrai la difficulté de proposer une offre de formation cohérente non seulement au regard de la structuration des branches sectorielles actuelles mais aussi tenant compte du secteur informel, non-formel le plus représentatif. Il est apparu ainsi important d’ouvrir cette formation à des métiers pas seulement tournés vers la maintenance agricole mais aussi vers l’utilisation, la conduite, le réglage des machines voire dans certains cas l’adaptation-conception simples d’outils. C’est précisément ce lien agronomique avec le vivant qui permettra à court terme un renforcement capacitaire de l’arrière paysage rural et de son développement économique par un ancrage de jeunes dans leur territoire. Dans cette perspective, la réduction de la pénibilité des travaux agricoles grâce au développement d’une mécanisation raisonnée doit en principe permettre une meilleure productivité des sols et attractivité du métier chez les jeunes agriculteurs, leur offrant ainsi des conditions de vie meilleures et  participant alors dans une certaine mesure à la déconstruction des imaginaires migratoires.

Xavier Baudouin, directeur de l’exploitation agricole de l’EPL de Vire :
Les missions d’expertise constituent un levier essentiel de la coopération internationale, ainsi qu’un outil de dialogue et de valorisation des savoirs faire. Notre mission sur le sol béninois fut une expérience véritablement enrichissante. La rencontre avec les acteurs locaux, qu’ils soient professionnels du secteur, enseignants ou inspecteurs, a grandement contribué à notre compréhension des attentes de nos homologues béninois.
De plus, elle a permis de confronter nos perspectives distinctes sur les métiers agricoles, en intégrant les visions tant « Nord » que « Sud ». Cette convergence d’idées s’est avérée être le socle essentiel à la poursuite de notre collaboration dans le cadre de la révision ambitieuse du référentiel de compétences. De nos discussions, est née une belle opportunité : celle de co-créer, co-construire, d’unir nos forces pour tracer le chemin d’une rénovation ambitieuse.
Ce premier pas ne représente qu’une étape préliminaire. Il incarne une promesse de synergies futures, où nos compétences et notre engagement mutuel se fondent dans la rédaction d’un référentiel. Notre récit, forgé par notre passion pour l’agriculture et notre désir de contribuer au progrès, se prolongera, établissant un lien solide et durable entre deux nations unies par leur quête d’excellence dans le domaine agricole.

À l’issue de cette première mission, toutes les analyses de situation de travail co-construites au cours des ateliers puis rédigées par les experts français et marocains sont relues par une DRIF (déléguée régionale à l’ingénierie de formation) de l’enseignement agricole afin d’en proposer à l’ADET une version finale tout à fait complète et harmonisée.

L’ensemble des experts français et marocains ainsi que leurs homologues béninois se retrouveront au Bénin en décembre 2023 pour la prochaine étape : l’élaboration conjointe des référentiels de compétences. Viendront ensuite, avant la fin de cette année scolaire, les missions de co-construction des référentiels de formation et d’évaluation. Ces missions seront bien évidemment accompagnées par les coordonnateurs du projet,  béninois (l’ADET) et français (le MENJS via FEI et le MASA via la DGER/BRECI et son réseau CEFAGRI) qui veilleront à assurer la bonne conduite de cette importante coopération multi-acteurs.

Contacts : Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest
vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 




Programme « Agri-Tech & Food Business Training » – Nigeria

Le CFAA de La Bretonnière en Seine-et-Marne et le CFPPA Nature du lycée agricole de La Roche-sur-Yon préparent une formation à destination de 20 agro-entrepreneurs nigérians pour février 2024.

Les 24 et 27 juillet 2023, le CFAA de La Bretonnière et le CFPPA Nature de La Roche-sur-Yon ont accueilli Olawale Rotimi Opeyemi, fondateur et PDG de JR FARMS AFRICA (entreprise agroalimentaire implantée au Nigeria, au Rwanda et en Zambie) et Olayemi Olonilua, PDG de Jokun Farms (implanté au Nigeria et en Zambie). Les deux agro-entrepreneurs nigérians étaient accompagnés de Rachid Benlafquih, chargé des programmes Afrique Subsaharienne et Océan Indien à la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA).

Il s’agit là de la première étape d’un partenariat en cours de construction, suite à la demande du secteur privé nigérian de bénéficier en France de formations ad hoc destinées aux agro-entrepreneurs africains. Cette demande avait été relayée par la conseillère aux affaires agricoles de l’ambassade de France au Nigeria, Sonia Darracq, qui a sollicité le BRECI (Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale) et son réseau CEFAGRI (Conseil Expertise Formation Agricole à l’International). Un appel à manifestation d’intérêt a alors été lancé à l’ensemble des CFPPA, et parmi les cinq qui se sont proposés, deux établissements ont finalement été retenus.

Avec l’appui du BRECI, le CFAA de La Bretonnière et le CFPPA Nature de la Roche-sur-Yon se sont ainsi mobilisés pour construire un programme de formation complet visant à montrer la diversité et la complémentarité des secteurs et des métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire français dans une perspective intégrée, de la fourche à la fourchette… en anglais !

La première édition se déclinera sur six semaines du 23 février au 16 mars 2024 sur le site de La Bretonnière, puis du 16 mars au 7 avril 2024 sur celui de La Roche-sur-Yon. Elle permettra d’accueillir vingt agro-entrepreneurs africains, principalement nigérians, qui pourront découvrir les multiples facettes de l’agriculture française, son organisation et ses innovations et envisager des partenariats dans plusieurs filières de productions agricoles (volaille, porc, vigne, maraîchage, grandes cultures, bovins, produits de la mer…). Ce sera également l’occasion pour les participants de partager expérience et savoir-faire avec les acteurs de l’agriculture de territoires français, et d’identifier des opportunités de collaboration.

Ce programme témoigne de l’intérêt croissant des agro-entrepreneurs privés nigérians pour l’agriculture et l’agro-industrie françaises.

Visite et signature de la convention de coopération à La Bretonnière

Pour soutenir cette démarche internationale, de nombreux partenaires étaient présents le lundi 24 juillet 2023 pour la signature par O. Rotimi et Fred Numa, directeur du CFAAH de Seine-et-Marne, de la convention de coopération entre JR Farms Africa et le CFAAH de La Bretonnière : Guy Dhorbait, maire de la commune de Boissy-le-Châtel, Antoine Heusèle, président du Conseil d’Administration de l’EPLEFPA de La Bretonnière, Daniel Kiszel, chef d’entreprise Vigne Envie, monsieur et madame Aubry, exploitants EARL du Logis.

À la suite de la signature, plusieurs visites ont permis de donner un avant-goût du séjour et des formations à venir : les installations de l’établissement, son exploitation et son magasin de vente directe ont été parcourus en compagnie de Jean-Claude Wagny, directeur de l’exploitation du lycée agricole de La Bretonnière. Les partenaires nigérians ont ensuite été accueillis à la Ferme du Logis par M. et Mme Aubry.

À lire aussi : article dans la Presse locale, Le Petit Briard du 11 août 2023

Visites et signature de la convention de coopération au Lycée Nature

Le jeudi 27 juillet 2023, la même délégation a été accueillie au lycée Nature de La Roche-sur-Yon, où Régine Chiron, directrice du CFPPA Nature, a signé la convention de coopération avec M. O. Rotimi. Là également, un programme très complet de visites et rencontres avait été préparé, qui a permis à la délégation nigériane de parcourir les quatre pôles de l’exploitation agricole du lycée (volaille, mouton, porc, maraîchage) et son magasin, guidée par Franck Dovonou, jeune ivoirien en service civique, et Nadine Zorzi, secrétaire générale du lycée, très investie dans la coopération internationale de l’établissement, au même titre que Patricia Darjo, la directrice de l’EPLEFPA.

Les visiteurs ont ainsi pu apprécier les modalités d’accueil des futurs participants, les détails du programme de formation et visiter quelques sites qui ont été proposés lors de la formation.  Soit l’atelier de l’eau à La Roche-sur-Yon où Maud Rivard, exploitante agricole, a présenté sa production de spiruline, le village de la Vergne à La Roche-sur-Yon, tiers-lieu collaboratif présenté par Christophe Touchancheau, exploitant agricole en maraîchage biologique et la plateforme de compostage de Dompierre-sur-Yon gérée par Trivalis, où François Gilet (maire de Dompierre-sur-Yon), Éric Bourdet (référent de site et président de l’association), Manon Moreau et Kevin Viguier (chargés de mission biodéchets à Trivalis) ont présenté avec passion le site de compostage et ses enjeux écologiques.

Tous les futurs partenaires n’ont pas pu être rencontrés mais les chefs d’entreprise nigérians ont été impressionnés par la qualité des prestations proposées ainsi que par l’engagement des officiels et des partenaires français des deux établissements.

Rendez-vous donc le 23 février 2024 avec le premier groupe de 20 agro-entrepreneurs nigérians pour débuter la formation au salon international de l’agriculture (SIA) et au MASA à Paris !

 

Pour découvrir les formations des centres : CFAA de La Bretonnière et  CFPPA Nature

Pour connaître les entreprises : JR FARMS AFRICA, entreprise agroalimentaire implantée au Nigeria, au Rwanda et en Zambie et Jokun Farms, implanté au Nigeria et en Zambie.

 

Contacts : Rachid Benlafquih, chargé de mission Afrique subsaharienne / ECSI / expertise à l’international au BRECI/DGER
rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, Sonia Darracq, conseillère aux affaires agricoles à l’ambassade de France au Nigeria
sonia.darracq@dgtresor.gouv.fr

 




Blended learning au service des vétérinaires angolais

Deux experts de l’enseignement supérieur agricole français, Hayette Adel, professeure en pédagogie numérique à l’ENSFEA, et Jean-Claude Gracia, docteur en science de la formation, consultant VetAgroSup, présentent leur expérience de formation de formateurs à la Faculté de Médecine Vétérinaire de Huambo (Angola).

Le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire (MASA) s’est engagé à accompagner de nouvelles réformes de la formation agricole et rurale en Afrique, à intensifier la mobilité réciproque des étudiants et des enseignants, à co-construire un réseau Afrique-France de formations croisées et de doubles diplômes pour l’avenir des filières agricoles, d’élevage, forestières et agroalimentaires et à accompagner les étudiants entrepreneurs africains, donnant ainsi une nouvelle impulsion aux partenariats existants pour mettre en œuvre les orientations définies par le Président de la République lors de son discours de Ouagadougou en novembre 2017.
Dans ce cadre, un parcours de formation, porté par VetAgroSup Lyon, a été co-élaboré par l’ENSFEA et les écoles vétérinaires de France (ENV) sur proposition du chargé de mission Afrique du Bureau des relations européennes et de la coopération internationale (DGER-MASA).

Qu’est-ce que le dispositif de formation VAI²P ?

Créé sur un réseau de collaborations internationales, le dispositif de formation « Veterinary and Agronomic International and Innovative Pedagogy Training – VAI²P » est un projet de formation internationale à l’innovation pédagogique pour les enseignants vétérinaires et agronomes. Il a pour finalité le renforcement des compétences professionnelles des enseignants. Il repose sur la co-construction et la mutualisation de ressources pédagogiques. C’est une formation hybride à l’international.
Les Écoles Nationales Vétérinaires de France apportent un appui scientifique et technique, l’ENSFEA partage son expertise dans l’encadrement pédagogique en e-learning, l’approche par compétences et l’utilisation des outils numériques.
Ce dispositif de type formation/action d’une durée de 9 mois conduit à la réalisation d’une ressource : un parcours de formation d’une quinzaine d’heures en binômes internationaux  – c’est la composante “action” – tout en bénéficiant d’apports pédagogiques et d’accompagnement par une équipe pédagogique dans les domaines de l’approche par compétences, la pédagogie active et l’usage du numérique – c’est la composante “ formation” .

VAI²P est un programme de formation continue à la pédagogie et aux outils innovants pour les enseignants des cursus vétérinaires et agronomiques. Il s’agit à la fois d’un outil d’intégration de l’innovation dans la formation et un cadre d’échange, de partage et de travail entre des enseignants, d’origine et de champ d’action différents mais tous soucieux de l’excellence de leur formation. Le projet a démarré en septembre 2020 avec l’Angola dans une session pilote effectuée grâce à l’appui technique et financier du MASA/DGER et au soutien de la Région Rhône-Alpes, de l’ENSV-FVI et de l’Ambassade de France en Angola, concrétisant ainsi un partenariat engagé depuis juin 2019 avec la faculté de médecine vétérinaire de l’Université Jose Eduardo Dos Santos de Huambo (FMV de l’UJEDS).

Le projet VAI²P s’inscrit dans le cadre de la stratégie Europe et International du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire pour lequel le continent africain représente une zone prioritaire. En effet, le ministère a réaffirmé le caractère structurant des partenariats privilégiés entretenus avec les pays africains, dont notamment l’Angola, qu’il s’agisse d’appui au développement des filières agricoles, d’accompagnement à la transition numérique des systèmes agro-alimentaires, de stimulation de la recherche et de l’innovation ou de la formation des enseignants et des étudiants.

VAI²P s’appuie sur deux séminaires « distanciels » synchrones, un séminaire présentiel en France et un séminaire de fin de projet dans les pays partenaires.
Pour compléter ce dispositif, une salle de visio-conférence est dédiée au projet. Elle est utilisée sur demande des binômes ou planifiée par l’équipe d’accompagnement à différents moments du processus.  VAI²P se distingue par ses caractéristiques de collaboration, mutualisation, analyse réflexive et par un processus d’évaluation intégrant différentes modalités (auto-évaluation, co-évaluation, valorisation).
Ce parcours donne lieu à l’obtention d’un Open Badge délivré par l’ENSFEA et endossé par le Ministère de l’Agriculture français.

Attestation de participation au processus de formation précurseur de l’Open Badge.

En quoi a consisté votre mission à la Faculté de Médecine Vétérinaire (FMV) de Huambo ?

Pour clore le processus de formation e-learning, une mission a été réalisée sur site à la FMV de Huambo avec l’appui des services du ministère de l’agriculture (Rachid Benlafquih – chargé de mission Afrique DGER-BRECI), de l’ambassade (René Quirin – COCAC ambassade de France en Angola) et des relations internationales de VetAgroSup Lyon (Cédric Colmar – directeur des Relations Partenariales, Internationales et Européennes).

Après deux premiers séminaires en février et mars 2021 ayant réuni trente participants en formation en ligne,  un premier séminaire en présentiel a été l’occasion de réunir, en décembre, les équipes enseignantes engagées dans le dispositif VAI²P, en provenance de la faculté de médecine vétérinaire de Saint Hyacinthe (Québec), de la faculté vétérinaire de l’Université José Eduardo dos Santos de Huambo (Angola), de l’Institut Agro-Vétérinaire Hassan II de Rabat (Maroc) et de la faculté agro-vétérinaire de Bila Tserkva (Ukraine). Des visiteurs des facultés vétérinaires de Kosice (Slovaquie) et Lisbonne (Portugal) étaient également présents. Nos collègues angolais de la Faculté de Médecine Vétérinaire de Huambo ont ainsi réalisé à VetAgroSup Lyon fin décembre 2021 l’étape de mutualisation des ressources. Nous avons pu nous rendre à Huambo en Angola, du 23 au 29 avril 2023.

Cette mission a permis de réaliser la dernière phase du projet VAI²P, la phase d’animation de séance devant les étudiants en présence de l’équipe d’accompagnement et d’autres enseignants locaux ayant participé au projet. Les caractéristiques et les résultats du projet ont été présentés aux équipes de direction et aux enseignants vétérinaires et agronomes de l’Université José Eduardo Santos de Huambo.

Analyse de pratiques et mutualisation des ressources et projets pédagogiques.

Présentation du dispositif VAI²P aux professeurs de la FMV.

Quels sont ces résultats ?

Huit professeurs impliqués dans le projet ont conçu et expérimenté des ressources pédagogiques créées sur différents domaines :
– anatomie pathologie, « Differential diagnosis of intra-cavitary liquid accumulation with a special focus on transudate » par le trinôme Antonio Da Silva Alexandre (FMV) et Florentina Luis Chipepe (FMV) avec Sara Belluco (VetAgro Sup),
– aquaculture, « Analysis of biosecurity in fish farms » par le trinôme Marlinda Jolomba Silva (FMV) avec Ségolène Calvez (ONIRIS) et Nora Navarro-Gonzalez (ONIRIS),
– épidémiologie, « Descriptive epidemiological investigations » par le binôme Antonia Francisco (FMV) avec André Ravel (FMV Ste Hyacinthe Québec Canada).
L’observation des pratiques enseignantes en contexte a démontré l’atteinte des principaux objectifs du projet. Une analyse réflexive a été conduite, une évaluation est en cours.
Plus d’une centaine d’étudiants sont directement impactés par le changement (épistémologique, didactique, l’innovation pédagogique et l’usage pédagogique du numérique).
L’ensemble de l’équipe enseignante mobilisée lors des séminaires virtuels (ouverts) présente lors des travaux est à l’écoute des professeurs formés. Ce sont eux qui ont le mieux communiqué sur les finalités et les objectifs du dispositif. Ils sont reconnus comme référents.
Les caractéristiques du projet ont été présentées aux équipes de direction et à tous les enseignants vétérinaires de la FMV. Une dizaine d’enseignants agronomes ont été rencontrés et invités à la session de clôture et d’échange.
Enfin, la doyenne de l’université de Huambo a présidé une réception mobilisant une centaine de représentants de l’UJES.

Que retenez-vous particulièrement de cette expérience ?

Groupes classes des étudiants vétérinaires de la faculté de médecine vétérinaire et un de leur professeur – FMV.

Le dispositif  VAI²P en tant que projet de formation continue des enseignants montre son efficacité pour développer les compétences pédagogiques et numériques à partir d’objets scientifiques, techniques et des questions éthiques. Les enseignants bénéficiaires du projet sont repérés comme personnes ressources par leurs collègues. Ils ont fait la démonstration de leur capacité à décrire le contenu et l’intérêt de cette formation pour le renouvellement de leurs pratiques.

Évaluation de la dernière étape du processus, mise en situation et transfert des acquis des professeurs en formation VAI²P.

Le projet atteint bien son but de créer un réseau de collaborations internationales au-delà du parcours de formation. Deux des quatre enseignants réalisent un PHD (doctorat) grâce au VAI²P. Antonia Virginia Francisco réalise son PHD avec VetagroSup en collaboration avec André Ravel, épidémiologiste Professeur à l’Université de Montréal St-Hyacinthe au Québec. Florentina Amelia Luis Chipepe démarre un PHD avec le professeur Fernando Alfonso de la FMV de Lisbonne suite à leur rencontre au séminaire VAI²P.

Que vous a-t-elle apporté personnellement et professionnellement ?

Jean-Claude Gracia L’expérience vécue autour de ce dispositif, avec l’accompagnement du BRECI et l’appui structurant de Rachid Benlafquih, est marquante, depuis sa conception (espace de créativité passionnant), son accompagnement (très riche en relations humaines, institutionnelles et internationales), la mise en perspective (projet porteur de développement) et les valeurs à développer (travaux conduits à égale dignité, réalisations concrètes, critère d’utilité sociale, mise en lumière des relations entre la santé humaine, la santé animale et les écosystèmes et le lien entre l’écologie et la médecine humaine et vétérinaire, le One Health).
Ce type de dispositif en mode hybride, à faible coût, peut devenir une prestation efficiente (peu de déplacements) et efficace (à la fois pertinente pour créer les conditions du changement de pratiques et, de plus, propédeutique pour des formations académiques de spécialité).
En tant qu’expert consultant pour VetAgroSup Lyon j’ai acquis de nouvelles perspectives de travail en partenariat international, à même de recontextualiser savoir et savoir-faire aux attentes de l’environnement, co-élaborer et mutualiser les ressources produites, accompagner les changements (référentiels de formation, approche par les compétences, pédagogie interactive, pédagogie numérique…) dans l’optique « One Health », et les valeurs humaines.

Hayette Adel Pour ma part, cette expérience m’a permis de mettre en œuvre mon expertise d’ingénierie de formation hybride. J’ai pu avoir, grâce à ce projet, une expérience en contexte international et j’ai en particulier découvert les enjeux de la coopération entre la France et l’Afrique dans le domaine de la formation. Elle a été l’occasion de travailler en mode collaboratif avec des pédagogues et des enseignants vétérinaires, des institutionnels et de faire concilier leurs besoins scientifiques, pédagogiques et numériques, et aussi en particulier de travailler en binôme avec mon collègue Jean-Claude Gracia pour les aspects pédagogique et numérique du projet de manière extrêmement fructueuse et bienveillante. Nous avons appris à nous appuyer sur nos points forts respectifs. Par ailleurs, les orientations, le point de vue critique et constructif de Rachid Benlafquih a toujours été très éclairant lors de la conception et la mise en œuvre de ce projet.
Ce travail d’expertise internationale a été l’occasion aussi, du fait de multiples évènements dont la crise sanitaire (covid), d’expérimenter ma capacité à m’adapter à de nouvelles configurations, à trouver des solutions (en collaboration avec les autres intervenants du projet). Cette expérience a enfin été l’occasion de m’adapter au contexte local aussi bien du point de vue matériel qu’humain. D’un point de vue personnel j’ai découvert l’Angola, un pays que je ne connaissais pas. J’ai découvert une histoire, des gens généreux, gentils et avides de connaissances. …En attendant la suite du projet avec le Maroc !

Invitation de la rectrice, Virginia Quartin, de l’université de Huambo (UJES) ; déjeuner « surprise » faisant suite à la clôture de la session de formation (signifiant ainsi l’importance des collaborations avec VetAgroSup Lyon).

Propos recueillis par Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI.

Contacts : Jean-Claude Gracia, docteur en sciences de l’éducation et de la formation, retraité MASA-ENSFEA, ingénierie pédagogique de la formation, jeanclaudegracia1@gmail.com, Hayette Adel, professeure en pédagogie numérique à l’ENSFEA, hayette.adel@ensfea.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique / ECSI / expertise à l’international au BRECI, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr