Une visite stratégique

Une délégation chinoise du bureau de l’économie rurale du centre d’études stratégiques (DRC), composée d’un vice-ministre et de ses collaborateurs, s’est rendue, le mercredi 11 décembre 2024, au Campus NaturAlim de Chartres afin d’y découvrir l’enseignement agricole. Leur objectif : connaître notre modèle de formation professionnelle agricole et son rôle dans le développement rural du territoire et la généralisation des nouveaux modèles de production agricole durables.

La visite a débuté très officiellement dans la salle des conseils du lycée par un temps d’échanges pour apprendre à se connaître. Durant la présentation par le directeur, M. Bertholon, de son EPL, M. le Vice ministre Zhang et Mme la directrice générale adjointe Cheng se sont particulièrement montrés curieux sur ce qui anime un établissement agricole tel que la gestion financière d’un établissement public agricole, le niveau d’accessibilité pour devenir agriculteur et le système de l’apprentissage en France ou le défi du renouvellement des générations d’agriculteurs et enfin les poursuites d’études après le bac et après un BTS.

Durant la présentation de la directrice de l’exploitation, Mme Isac, les membres de la délégation ont poursuivi leurs questions sur l’agriculture biologique, les stratégies culturales et l’impact de la vente directe.

Visites des plateformes techniques

Durant les visites du hall agroalimentaire et de l’exploitation, la délégation a pu voir des apprenants en action, dans les halls, où des étudiants en licence réalisaient plusieurs travaux pratiques sur l’efficience dans la construction d’une chaîne de production agro-alimentaire. Les visiteurs se sont montrés curieux sur les débouchés offerts par cette formation et le nombre d’heure de pratique imposé dans le cursus.

Au cours de la visite de l’exploitation, ils n’ont pas hésité à aller dans la boue pour voir la zone de maraîchage qui, comme vous vous en doutez en hiver, était assez peu fourni en légumes. Ils ont posé des questions sur les débouchés possible des légumes produits et le lien crée avec le territoire grâce aux ventes.
Ils ont aussi souhaité visité le vieux corps de ferme datant de 1870, et sont tombés sous son charme. Ils ont aussi posé des questions sur le rôle des coopératives dans l’achat et la revente de la production de la ferme ainsi que sur le système des CUMA*.

*Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA)

Un repas qui scelle des échanges riches et prometteurs
Une fois n’est pas coutume, c’est la délégation chinoise qui a offert l’apéritif en France ! En effet, ils avaient gentiment apporté une bouteille de champagne acquise, la veille, lors d’une visite d’un grand vignoble autour de Reims. En plats très français, le chef avait préparé une poule au pot et une tarte aux pommes, qui furent très appréciées. La découverte du fromage de chèvre les a quelque peu déroutés, mais ils voulaient absolument essayer quand ils ont appris que c’étaient d’anciens élèves qui les avaient préparés.

Le repas fut propice à de nouvelles questions de la part de Mme Cheng sur les points autour de la gestion d’un établissement qu’elle voulait préciser, notamment le fait que nous puissions proposer des formations générales, technologiques et professionnelles au même endroit, ce qui la surprenait beaucoup.

Anecdotes historiques

M. Gérard Martin, le technicien responsable du hall agroalimentaire qui nous a fait la visite, s’est rendu plusieurs dizaines de fois en Chine afin d’aider à la valorisation de la production de pommes. Il est notamment parti deux fois, mandaté par le Bureau des relations européenne et des relations internationales, pendant 2 mois dans le Shaanxi au début des années 2000.

La présentation de l’histoire autour de la poule au pot et de son lien à Henry 4, qui avait démocratisé ce plat le dimanche pour que tous aient accès à de la viande une fois par semaine, nous a permis de faire un aparté sur la loi Egalim et les attendus des circuits courts. Ils ont trouvé les mesures de cette loi très intéressantes.

Cette visite, organisée en concertation avec les conseillers aux affaires agricoles (CAA) du pôle agro-alimentaire du Service économique régional de l’ambassade de France en Chine, a rempli ses deux principaux objectifs.
Premièrement, grâce aux explications des personnels du Campus NaturAlim de Chartres, les responsables chinois ont trouvé les réponses aux questions qu’ils se posaient sur le lien entre l’enseignement agricole et son territoire.
Deuxièmement, grâce à la qualité de l’accueil offerte par le personnel de l’Établissement agricole, ce bureau chinois très proche des instances dirigeantes du pays, va intégrer dans ses réflexions futures, des discussions avec les représentants français en poste à l’ambassade de France en Chine.
Contact : Max MONOT, réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr



Soleil Levant sur les vergers bretons

Hiroharu SUKO, professeur d’anglais à la Hokkaido Shizunai Agricultural Highschool, vit une semaine de découverte culturelle, d’échanges pédagogiques et de moments de partage au lycée Les Vergers de Dol-de-Bretagne. L’accueil du professeur japonais et l’échange avec les étudiants français s’inscrit dans un partenariat initié en 2021.

M. Suko, pouvez-vous présenter votre établissement ?

J’enseigne l’anglais sur l’île d’Hokkaido dans un établissement agricole qui accueille 160 jeunes de 16 à 18 ans pour se former en Sciences de l’alimentation, de la production et en Elevage équin pour les courses hippiques. C’est d’ailleurs le seul établissement supérieur qui dispense des formations en élevage équin dans tout le Japon. En Sciences de la production, les jeunes acquièrent des connaissances et des techniques de culture, de production et de vente de produits agricoles (légumes, fleurs). Le département Sciences de l’alimentation leur permet de travailler sur le développement et la fabrication d’aliments spécialisés de la ville de Shinhidaka.

Vous êtes en France dans le cadre du partenariat entre votre lycée au Japon et le lycée Les Vergers. Que représente cette visite pour vous ?

Cela faisait 23 ans que je rêvais de venir en France. J’avais étudié la langue française à l’université, et bien que j’aie eu l’occasion de revenir plusieurs fois en Europe, cela ne s’est jamais concrétisé. Le véritable tournant a été l’échange qui a débuté avec le lycée Les Vergers, particulièrement après la visite de mes collègues Erwan LANDEMAINE et Christelle DESGENETAIS en octobre dernier au Japon. C’était le moment idéal pour moi, à la fois pour rencontrer les élèves français, mais aussi pour échanger sur des pratiques éducatives et culturelles entre nos deux pays.

Que retenez-vous de votre rencontre avec les étudiants français ?

Les étudiants français et japonais ne sont pas si différents finalement. Tous sont curieux de découvrir l’autre culture. En effet, lors du séjour de Christelle et Erwan à Hokkaido, j’ai pu voir que les jeunes japonais étaient intéressés par la culture française, surtout en ce qui concerne le quotidien des élèves et l’agriculture dans nos deux pays. C’est intéressant et rassurant de voir à quel point ils partagent un intérêt commun pour ces domaines.

Vous avez mentionné l’agriculture. Pourquoi ce domaine est-il important pour vous ?

L’agriculture est un domaine crucial pour l’avenir de nos sociétés. Je pense qu’il est essentiel que les jeunes générations, tant en France qu’au Japon, travaillent ensemble pour trouver des solutions innovantes. La France est le plus grand producteur agricole d’Europe, et je crois que ces échanges peuvent ouvrir la voie à une collaboration fructueuse. Par exemple, une étudiante française va venir en stage cet été chez M. et Mme Tanioka, éleveurs de chevaux de course à Shizunai pour en apprendre davantage sur les pratiques agricoles japonaises. J’espère que ces jeunes pourront contribuer à faire perdurer l’agriculture.

Que souhaitez-vous pour l’avenir de ces échanges entre les deux lycées ?

Mon souhait est que ces échanges se poursuivent et se développent, afin que les élèves de nos deux pays puissent travailler ensemble dans différents domaines, notamment l’agriculture, mais aussi l’industrie. Il est important qu’ils apprennent à collaborer au-delà des frontières culturelles, car cela leur permettra d’élargir leurs horizons et de contribuer à un avenir plus prometteur pour tous.

Fort de ce succès, le partenariat entre les deux établissements va continuer de se développer. L’objectif : multiplier ces moments de partage et offrir à toujours plus d’élèves la chance de s’ouvrir au monde.

Contact : Franck Copin, animateur du réseau Japon de l’enseignement agricole, franck.copin@cneap.fr




Jeunes pousses françaises en terre chinoise

Six étudiants bretons en BTS ACSE accompagné d’un formateur ont été accueillis durant 4 semaines à l’université de Weifang, dans la province du Shandong en Chine, profitant d’un accord d’échanges signé en 2019. Présentation d’une expérience unique pour les étudiants qui ont vécu un stage hors-norme à l’étranger….

Julien Pieddeloup, formateur à l’Iréo de Lesneven, nous livre les étapes de cette aventure vécu par les jeunes bretons en Chine.

Après un trajet de 11 heures depuis Bruxelles et un atterrissage à Pékin, nous arrivons au Shandong Vocational Animal and Sciences Veterinary College (SVASVC). A l’université, nous sommes accueillis de manière officielle par le président et par l’équipe enseignante.

Ville et Université

Avec 9.4 millions d’habitants, Weifang nous apparait gigantesque pour notre échelle européenne. L’établissement s’étale sur plusieurs sites et accueille 20 000 étudiants. L’école est dotée d’un très beau campus et d’un équipement sportif d’une très grande qualité. Tout est vraiment dépaysant, et la vie estudiantine y est agréable et animée.

Visites techniques

Découverte d’un centre de formation équin
Le centre équestre du SVASVC est un centre d’apprentissage très réputé. Les formateurs chinois ont donné aux étudiants les connaissances de base à avoir en hippologie, puis pour la partie pratique, leur ont appris comment s’occuper de ces animaux, comment les préparer et comment les monter. Un apprentissage passionnant dispensé par des formateurs hautement qualifiés, qui montent lors de concours internationaux (courses, obstacles…)

Stage immersion en centre vétérinaire

Nous avons passé trois jours dans le centre vétérinaire installé sur le campus. Malheureusement, nous n’avons pas pu prendre de photographies pour des raisons de droits à l’image des propriétaires des animaux, mais nous avons pu assister à des interventions chirurgicales sur des animaux de compagnie, ainsi qu’à des dissections d’oiseaux malades. Nous avons également découvert des équipements de diagnostic de pointe permettant un traitement optimal des animaux, avec l’intégration de la médecine traditionnelle chinoise (MTC) et cela nous a surpris !

Visite d’une exploitation laitière

Nous avons pu découvrir une exploitation laitière qui dispose d’un équipement très moderne. L’exploitation met en place des pratiques respectueuses de l’environnement et intègre le bien-être animal, ce qui est venu contredire certains clichés que nous avions et a particulièrement intéressé plusieurs futurs éleveurs bretons.

Echanges sur l’agriculture chinoise

Les étudiants ont été impressionnés de l’étendue des fermes chinoises qui s’étendent à perte de vue, avec des parcelles très petites mais où l’utilisation de la technologie améliore considérablement l’efficacité des pratiques agricoles.

La beauté des sites

Outre la très célèbre grande muraille de Chine sur laquelle les étudiants ont pu monter à Pékin, le voyage a été l’occasion de visiter des sites magnifiques, comme le sanctuaire de Linsu, ou encore la montagne de Yunmen à Quingzhou avec à son pied sa vieille ville et ses rues dont certaines datent de la dynastie Ming (1368-1644) et ont plus de 700 ans.

Culture chinoise

Weifang étant la capitale mondiale du cerf-volant, les étudiants ont pu visiter une fabrique de cerf-volant et créer leurs propres modèles ! Parmi les différentes animations proposées tout au long du séjour, ils ont également réalisé des éventails colorés, confectionné des plats à raviolis en brins de sorgo… et même essayé des vêtements traditionnels chinois. Toutes ces activités témoignent de la richesse du patrimoine culturel chinois.

 

L’exotisme culinaire

Voyager, c’est également découvrir de nouveaux produits et de nouvelles habitudes alimentaires. Or, la Chine est un pays très connu de par le monde pour la qualité de sa nourriture, très différente de la nourriture occidentale. Chaque repas a donc été l’occasion d’apprivoiser de nouvelles saveurs, comme la fondue chinoise ou encore le zongzi, un aliment à base de riz sucré enfermant un fruit confit cuit dans une feuille de riz, que les Chinois confectionnent pour la fête des Bateaux Dragons.

Ce voyage a été d’une très grande richesse sur tous les plans. Nous remercions chaleureusement tous ceux qui, en France et en Chine, ont rendu ce voyage possible, en particulier notre organisatrice sur place Clarisse Li, coordinatrice internationale au Shandong Vocational Animal and Sciences Veterinary College, Max Monot, animateur national du réseau Chine de l’enseignement agricole, Mélanie Cazuc et Valérie Coeuret, responsables mobilité de l’Iréo de Lesneven et du lycée La Ville Davy de Quessoy.
Nous sommes impatients de pouvoir accueillir des étudiants chinois en 2025, et leur faire découvrir, à notre tour, les spécificités de notre région bretonne.

Auteur : Julien Pieddeloup, formateur à l’Iréo de Lesneven

Contact : Max Monot, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr

 




Deux enseignants bretons au Japon

Enrichir l’éducation, promouvoir la tolérance, permettre la compréhension mutuelle en deux cultures, de l’extrême Ouest français en Bretagne et l’extrême Est au Japon.

Dans le cadre de la coopération internationale, Erwan Landemaine professeur d’EPS et Christelle Desgenétais, professeure d’éducation socioculturelle et de français au lycée Les Vergers de Dol de Bretagne ont vécu une immersion au Japon pendant les deux semaines de vacances de la Toussaint. Ce séjour visait à renforcer les liens entre les institutions scolaires françaises et japonaises tout en favorisant le partage de pratiques pédagogiques et culturelles.
Un rapprochement éducatif et culturel
Depuis 2021, souhaitant sensibiliser les jeunes générations à la richesse culturelle qui existe au-delà des frontières, les deux enseignants donnent vie à un partenariat avec Hiroharu Suko professeur d’anglais à la Hokkaido Shizunai agricultural Highschool. Les élèves et étudiants français et japonais réalisent ainsi des travaux collaboratifs et deux étudiantes ont aussi effectué un stage à Shizunai.
A Tokyo, les enseignants ont rencontré des représentants du ministère japonais en charge de l’agriculture (MAFF) et des membres de l’Ambassade de France. Les échanges ont porté sur l’évolution et particulièrement l’avenir de l’agriculture des deux pays. Il a notamment été question du vieillissement de la population japonaise qui met en péril l’agriculture et la façon de motiver les jeunes à s’orienter dans les filières agricoles. Par ailleurs, Yusuke Kambayashi (ancien directeur de la culture alimentaire traditionnelle, responsable principal de la planification de la Commission japonaise de réglementation des casinos) a accompagné les enseignants dans une découverte historique et culturelle de Tokyo.
Enrichir la culture des élèves
Cet échange éducatif vise également à encourager une meilleure compréhension des cultures française et japonaise chez les élèves des deux pays. Pendant leur séjour, les enseignants ont ainsi présenté des activités autour de la culture française auprès des élèves japonais lors d’échanges riches et dynamiques.
Guidés par Hiroharu SUKO, ils ont également visité les structures de stage. Ce déplacement était, enfin, l’occasion d’évoquer les pratiques sportives des jeunes. Les enseignants ont aussi rencontré les membres du club de judo de Shinidaka-Shizunai, belle opportunité pour M. Landemaine, judoka à Saint-Malo.
Les enseignants sont rentrés enrichis de cette expérience qui renforce les liens entre les deux pays.
Des mobilités d’élèves en perspective
L’objectif de la visite des deux enseignants était surtout de préparer des mobilités d’élèves et d’étudiants entre la France et le Japon. Ces mobilités se feront sous forme de stage afin de mieux appréhender les enjeux de nos agricultures respectives et, riches de nos regards croisés d’élèves, trouver ensemble des solutions aux enjeux pour l’avenir de l’agriculture franco-japonaise.
Le sport sera aussi une piste d’échanges et de renforcement de l’amitié entre nos deux pays. Une réflexion est ainsi menée pour proposer une manifestation sportive au cours de laquelle élèves Français et Japonais pourront mesurer leurs performances sportives respectives à travers des rencontres amicales.
Contact : Franck COPIN, animateur du réseau Japon de l’enseignement agricole, franck.copin@cneap.fr