Récolter les fruits de l’instant Thé
Les principaux acteurs de la filière thé française se sont réunis le 1er octobre 2024 à Nantes, dans la capitale du camellia en France, dans l’objectif de rassembler, mutualiser et partager les dynamiques du développement de cette culture en France.
Ils sont venus de loin, que ce soit d’Ariège, de Bretagne ou de Normandie pour venir s’abreuver des paroles des différents intervenants du matin et mettre les mains dans les feuilles l’après-midi.
Une France unie
Cette réunion, rassemblant des établissements agricoles ayant des projets autour de la production et la transformation de thé, des producteurs déjà installés ou en cours d’installation et des organismes interprofessionnels, est le résultat du travail conjoint de deux réseaux de la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER), le réseau thématique Hortipaysages, coordonné par Régis TRIOLLET et le réseau géographique Chine, animé par Max Monot.
A noter que la coopération entre les deux bureaux de la Sous-Direction de la Recherche, de l’Innovation et de la Coopération Internationale (SDRICI) de la DGER a facilité l’organisation d’un tel temps fort. le Bureau du Développement Agricole et des Partenariats pour l’Innovation (BDAPI) et le Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale (BRECI) ont soutenu cette dynamique, encouragée par le Ministère.
Les deux animateurs réseau, conscients que de plus en plus d’établissements français s’intéressent à la production de Camellia sinensis (théier pour la boisson) ou Camellia olifeira (théier pour l’huile), ont eu la volonté d’organiser le premier séminaire national sur le thé afin que tous les porteurs de projets puissent échanger sur le travail déjà entrepris ou celui à entreprendre.
Des échanges et… des échanges
Cette journée s’est articulée autour de deux temps forts.
En ouverture du séminaire, le grand témoin de l’évènement, Jacques Soignon, ancien responsable des espaces verts de la ville de Nantes et actuel Vice-président du Conservatoire des Collections Spécialisées de France, a présenté à l’assemblée l’impact des plantes signatures dans la culture française et leurs évolutions en France avec un focus sur le camélia.
Ensuite, Denis Mazerolle, producteur historique de thé breton installé à Languidic, a proposé un cours d’histoire sur l’introduction du thé en France, de la Renaissance à notre époque. Son intervention a été complétée par Arnaud Billon, ancien directeur de l’exploitation du Campus Sciences et Nature du Morbihan, site d’Hennebont, qui a introduit l’enseignement et la culture du thé dans l’établissement breton sur demande de M.Mazerolle.
Suite à cela, la parole fut donnée à 4 établissements agricoles français lors d’une table ronde, pour qu’ils présentent à tous, leur projet autour du thé.
C’est Marine Chotard du Campus Sciences et Nature du Morbihan, le pionnier de la production de thé dans l’enseignement agricole, qui a fait le point sur comment près de 1000 théiers étaient arrivés sur les terres de la vallée du Blavet et comment des modules de formation avaient vu le jour.
Puis Stéphane Lehuede, de Nantes Terre Atlantique (NTA) a explicité comment il souhaitait développer les recherches autour du théier à huile, en partenariat avec certains parfumeurs tels que la maison Chanel, par exemple.
Emmanuel Chemineau a ensuite montré l’importance du lien entre son EPL de Pamiers dans l’Ariège avec les producteurs de thé, regroupés en associations locales dans le développement de la production en région montagneuse.
Pour terminer les interventions de la matinée, Alain Schlesser, théiculteur à Cast dans le Finistère, Président du Lycée Horticole de Kerbernez et président du collectif Armor de Thé, a partagé ses expériences et rappelé les défis économiques auxquels devaient faire face les producteurs.
Lier l’utile à l’agréable
Avant de prendre un repas local et convivial, un temps d’échange s’est organisé autour de posters apportés par les participants et a permis à tous de découvrir les travaux des uns et des autres et de prendre des contacts.
Suite au repas, une dégustation de thé a été offerte par Denis et Weizi Mazerolle. Très appréciée de tous, cette dégustation a mis en valeur la qualité du produit réalisé par les propriétaires de la Filleule des Fées. Elle était accompagnée de petits biscuits aux thé Macha cuisinés par une productrice d’Ariège.
S’enrichir mutuellement
En début d’après-midi, les participants se sont séparés en trois groupes.
Dans le premier atelier, Marine Chotard et Max Monot ont donné la parole aux participants afin de réfléchir à comment développer des projets internationaux bénéfiques aux apprenants, personnel, partenaires et à la production et transformation de thé en lien avec les établissements de l’enseignement agricole. Les réseaux d’associations de producteurs de thé en Europe étant forts, les établissements peuvent s’appuyer sur ces derniers pour trouver aisément des structures de stage pouvant accueillir des apprenants motivés.
Dans le second atelier, Florent Dionizy, chargé de mission développement durable et coopération internationale à Nantes Terre Atlantique et Thomas Bernardi, producteur de thé à Treffieux, Loire Atlantique, ont mis en avant les bénéfices du partenariat signé entre le producteur et le Campus Nantes Terre Atlantique. Ce partenariat a notamment permis aux élèves éco-responsables, de participer aux travaux de ce jardin de thé.
Dans le troisième atelier, Victor Noël, chargé de mission Entreprises et territoires, Végépolys Valley et Stéphane Lehuédé, enseignant à NTA, porteur de projet de développement « Camellia 3.0 Thé + Huile », ont présenté les travaux conduits par Végépolys Valley pour structurer la filière théicole émergente, notamment dans les régions Normandie, Bretagne et Pays de Loire.
Des restitutions de qualité
Après 1h30 de débats, chacun des groupes de travail a pris la parole et synthétisé le contenu des échanges autour de diapositives aux autres participants du séminaire.
Jacques Soignon a ensuite pris la parole pour faire un premier bilan des échanges. C’est ensuite le ministère, via Marion Lhote du BDAPI et Anne-Laure Roy du BRECI qui ont rendu leur synthèse et évoqué les pistes futures, telles que l’intégration de certains participants aux futures biennales du réseauthem Hortipaysages.
En tant que fil rouge de la journée, deux apprenants de NTA, Zia et Sacha, ont fait une restitution de la journée en vidéo.
Bravo à eux pour avoir effectué avec brio ce travail de compilation de témoignages et de montage en si peu de temps.
Pour conclure, les organisateurs souhaitent adresser de grands remerciements à tous les participants de cet évènement fondateur et aussi à la direction et aux personnels de Nantes Terre Atlantique, qui tout au long de la journée, ont parfaitement pris en charge les participants du séminaire.
Max Monot, animateur réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr
Steppe by steppe
Parcourir les steppes de Mongolie intérieure, cette immense région autonome de Chine, afin de diagnostiquer les systèmes de formation permettant de devenir éleveur bovin allaitant : voici quel a été le challenge durant 1 semaine pour 3 experts de l’enseignement agricole, accompagnés du référent du réseau national Chine.
Que ce soit pour Sylvain Chanéac, directeur de l’exploitation de l’EPL de Dax où il y élève des Blondes d’Aquitaine ou Jocelyn Brichet, directeur de l’exploitation de l’EPL de Châteauroux et ses Charolaises, la réalité de la gestion d’un élevage bovin allaitant fait partie de leur quotidien.
Des experts français connaissant le terrain
L’une des missions principales de Xavier Bordenave, inspecteur des exploitations agricoles et des ateliers technologiques à la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) et troisième expert de la mission, est l’accompagnement des directeurs d’exploitation d’établissement agricole. Il a donc une connaissance fine des pratiques qui fonctionnent et de celles qui pénalisent au sein des fermes pédagogiques.
Pour ces trois experts, la mission confiée par la DGER et le pôle Agro de l’ambassade de France en Chine était simple : il fallait revenir de Chine avec la vision de comment les éleveurs bovins chinois étaient formés et par qui. Il s’agissait également d’identifier des pistes de coopération entre établissements chinois et français, en lien avec les besoins du terrain. En parallèle à ces objectifs, ils ont aussi travaillé pour la filière française en faisant un état des lieux des exploitations bovines qu’ils ont visitées.
Une mission qui a su attendre
Dans l’histoire récente de la coopération agricole franco-chinoise, des projets de recherche avaient eu lieu entre 2010 et 2015. Malheureusement, comme parfois dans la coopération internationale, la convergence des intérêts n’est pas suffisante pour que ces actions ne mènent à une relation pérenne de partenariat.
Le temps est passé, les vaches ont grandi et la Chine a réveillé son fort intérêt pour la viande bovine à la fin des années 2010, après avoir subi des pertes énormes dans le porcin, en lien avec la peste porcine africaine.
Dès lors, en juin 2020, le pôle Agro de l’ambassade de France à Pékin accompagné de FranceAgrimer a constitué un consortium français pour éviter les écueils passés et avancer en groupe sur le marché chinois. Ce consortium, composé d’entreprises de génétiques, de bâtiments, et d’alimentation accueille aussi la DGER. En effet, la longue histoire de la filière bovine en France a toujours été accompagnée par des formations de qualité à destination des éleveurs. Côté empire du milieu, la région autonome de Mongolie intérieure a été désignée comme zone pilote pour l’essor de l’élevage bovin allaitant. Fort du plus grand cheptel bovin du pays et de prairie à perte de vue, l’élevage y est déjà roi.
Des webinaires ont été organisés, des réunions de travail en visioconférence ont eu lieu, mais le Covid avait fermé les frontières de la Chine. Sans l’étincelle qui se crée lors des rencontres humaines et qui fait brûler le feu de la coopération, difficile de pouvoir avancer.
Malgré tout, d’un point de vue institutionnel, un cap a été franchi en avril 2023, avec la signature d’un arrangement administratif sur la coopération dans le bovin allaitant au niveau ministre entre les deux pays.
Le cadre était dès lors posé : il fallait se rendre sur le terrain pour comprendre en réel, quels étaient les moyens chinois à disposition pour faire de la formation, et surtout, quelle étaient les pratiques et modèles d’élevage.
C’est pourquoi le référent du réseau Chine de l’enseignement agricole, avec le soutien des financements de la DGER gérés par FranceAgrimer, s’est employé à organiser une mission d’experts en septembre 2024, appuyé par le réseau CEFAGRI pour le recrutement, et par les conseillers aux affaires agricoles à Pékin pour les contacts sur place.
Un programme dense, professionnel et pédagogique
A peine 2h après leur arrivée en Chine, les experts étaient à l’ambassade de France afin de rencontrer la Direction des Sciences et Technologies du Ministère de l’Agriculture et des Affaires Rurales (MARA) de la Chine. Ils ont pu leur présenter leur mission, leurs attentes et leurs objectifs. Côté MARA, ce fut l’occasion de présenter la nouvelle référente sino-française et de préparer le futur Comité de pilotage de l’accord cadre franco-chinois sur la formation professionnelle agricole.
Le lendemain matin, très tôt, direction la gare Nord de Pékin pour prendre le TGV chinois et filer à 300 km/h à travers les steppes direction Hothot, la capitale de la région autonome mongole.
Les premières fermes …
Après un déjeuner d’affaire avec Business France, la mission a fait sa première visite d’exploitation chinoise de la semaine. Rendez-vous chez Weixu Biotechnology, une ferme de 2000 vaches, qui a sur site, un laboratoire prélevant le sang bovin pour la fabrication de médicaments (vaccins humains et animaux et gouttes pour les yeux), un espace dédié au prélèvement d’embryon et de semence, un abattoir et de nombreux bâtiments d’engraissement. Les races présentes sur site sont des Wagyu, Angus et Holstein. Quand les experts ont souhaité savoir pourquoi ces deux premières races, ont leur répondit que, selon eux, c’était les meilleurs pour le persillé, mais qu’ils étaient prêts à faire des essais sur d’autres races si besoin.
Mis à part le chef de production et le gérant de l’entreprise, aucun employé n’avait suivi de formation initiale dans l’élevage. Les seules formations, qui étaient dispensées au sein de l’entreprise, venaient des fournisseurs et du personnel en interne.
Suite à cette visite, direction une deuxième exploitation de type naisseur engraisseur en race Simmental avec un peu de croisement sur de la Charolaise et de la vache jaune chinoise. C’est une autre dimension et une autre structuration qui nous a été présenté. Existant sous la forme de ce qui ressemble à un GAEC en France, cette exploitation sera la seule visitée qui ne bénéficie pas de subvention étatique.
A travers les discussions avec l’un des associés et la visite, les experts ont été surpris des critères de sélection qu’utilisait l’agriculteur (tête blanche) et aussi du manque d’aisance d’un de ses salariés dans la manipulation animale.
… et les premiers établissements de formation !
Le mercredi matin, pendant que Xavier Bordenave présentait l’enseignement agricole français au séminaire de lancement de l’arrangement administratif franco-chinois sur le bovin allaitant, les autres missionnaires se sont rendus au sein de l’Institut de l’élevage de Mongolie intérieure.
Cet institut de recherche qui emploie 560 personnes dont 167 doctorants est composé de 15 départements dont un dédié à l’élevage. Les chercheurs y mènent diverses expérimentations ayant pour vocation finale la vulgarisation et la diffusion auprès des agriculteurs locaux. Les formations qu’ils prodiguent vont de 1 jour à 1 semaine.
Ils ont notamment présenté à la délégation française un logiciel de suivi du troupeau ovin ou bovin permettant d’emmagasiner et analyser de nombreuses données sur l’exploitation et la conduite de l’élevage.
C’est lors de cette réunion que les experts ont aussi pu avoir la réponse à la question « qui forme les éleveurs ? ». Au final, on peut distinguer 6 voies de formation : les Bureaux de l’agriculture et de l’élevage, les Instituts techniques tels que l’Institut de l’élevage, les universités et instituts professionnels (seuls acteurs de la formation initiale), mais également les fournisseurs de matériel, alimentation, médicaments ainsi que les formations en interne des nouveaux employés par les anciens et enfin la China Agricultural Broadcasting Television School.
En termes de partenariat, l’institut est ouvert à l’intégration de connaissances françaises dans les modules de formation qu’ils construisent. Ils sont aussi intéressés pour venir se former en France.
L’après-midi, les 3 experts réunis et le référent Chine se sont rendus à l’université agricole de Mongolie intérieure.
Cette université qui couvre au total près de 1000 hectares sur 4 sites, accueille près de 45 000 étudiants en licence, master et doctorat. Elle est composée de 26 instituts dont un qui intéresse plus particulièrement la mission : celui des Sciences Animales.
Après une visite du campus, les échanges prirent place au sein de la salle de réunion du département des relations internationales.
Le vice-président de l’institut des Sciences Animales accompagnés de 6 professeurs ont répondu aux questions des experts sur les parcours de formation en licence, qui proposent 4 spécialités : Productions animales, Aquaculture, Élevage équin et Agriculture intelligente (ex : agroéquipement, numérique, IA appliqué aux exploitations).
Et les spécialités en master se concentrent sur la Nutrition, Génétique et la Productions animales
S’installer en bovin allaitant en Mongolie intérieure
A la question : « Quel parcours de formation suit un jeune chinois de 18 ans qui souhaite devenir éleveur bovin ? ». Selon eux, deux choix s’offrent au jeune.
Une formation certifiante est organisée par le Bureau de l’agriculture et élevage (équivalent DRAAF) en partenariat avec le Bureau des ressources humaine de la province. Le gouvernement choisit les intervenants (des professeurs invités) : 1 à 3 semaine de formation. Elles sont subventionnées par le gouvernement pour monter en compétence.
Une formation diplômante est également une option. Ceux qui veulent aller travailler dans des entreprises plus professionnelles se forment dans leur université.
Dans la filière productions animales, il y a 1200 élèves en licence, 500 en master et 70 doctorants.
Après leurs études, les diplômés deviennent soit professeurs, salariés dans entreprises para-agricoles (alimentation, génétique) ou employés sur une ferme. Les diplômés en licence sont sur le terrain, les masters deviennent techniciens et les doctorants font de la recherche.
Le nombre de diplômé par an dans la spécialité production animale est de 350 en licence, 80 en master et 12 en doctorat.
En licence, la répartition des cours est la suivante : 80% théorie et 20% pratique. Elle s’effectue en 4 ans. L’université a des contrats de coopération avec des entreprises locales pour placer leurs étudiants en stage lors de la dernière année.
C’est le ministère de l’éducation qui fournit les référentiels. Ils évoluent tous les 3 à 5 ans avec un ajustement tous les ans. 2/3 du contenu pédagogique est stable 1/3 est décidé par les enseignants.
Les frais de scolarité sont de 3500 yuans par an (environ 450 euros) mais pour les étudiants en master et doctorants, il y a possibilité d’obtenir des bourses.
Pour le processus de recrutement des enseignants de l’institut, il y a une fiche de poste, puis ensuite un entretien et enfin le test final est l’observation de l’animation d’un cours.
M. XU, enseignant en zootechnie, a expliqué à la délégation que durant la 3e année de licence, il y a 32 cours de production animale en classe. La pédagogie en classe s’appuie sur les photos et aussi l’accès à une salle informatique avec réseau cloud qui donne accès à des caméras installées dans des fermes partenaires. Il peut ainsi appuyer son enseignement théorique en montrant via écran interposé le déroulé en pratique.
Il y a aussi 16 cours de pratique. Ils se font sur le site de l’université ou chez un partenaire. Il concerne les différentes spécialités liées à l’élevage : reproduction, alimentation, engraissement, gestion des effluents…
Lors de l’année de stage, l’étudiant choisit un professeur référent et doit se spécialiser dans un domaine. Il aura une alternance de périodes en entreprise et en laboratoire pour mener à bien son sujet d’étude.
Des idées de partenariats franco-chinois
Les pistes évoquées pour le partenariat entre l’université agricole de Mongolie intérieure et l’enseignement agricole français sont des échanges d’enseignants pour étude des spécificités des approches de l’élevage de chaque pays et la création d’une spécialisation « élevage à la française » pour les deux dernières années de licence avec stage dans une exploitation française.
Cap au Nord, direction les prairies de Xilingol
Suite à ces rencontres intéressantes dans le sud de la région autonome, une heure d’avion emmène la délégation à destination de la ligue de Xilingol et de ses prairies connues dans tout le pays.
Un Lycée agricole aux dimensions chinoises
La première journée sur place a été consacrée aux échanges avec l’institut professionnel agricole de Xilingol. Et il fallait bien une journée pour faire le tour de cet EPL chinois aux dimensions et effectifs énormes.
Cet établissement situé dans l’une des zones pastorales de Mongolie intérieure a été fondé en 2003. Il forme près de 16 000 étudiants par an dans 17 départements qui englobent 45 spécialités différentes. Ces étudiants peuvent obtenir un diplôme de zhuanke, équivalent du BTS, en 3 ans. La dernière année étant consacrée à la pratique en entreprise.
Le département qui intéresse plus particulièrement les membres de la délégation est celui des prairies et de l’élevage. Il est décomposé en 5 spécialités : l’Elevage animal et médecine vétérinaire (niveau national) qui est LA spécialité numéro 1 suivi de la Conservation du sol et eau (niveau national). Trois autres spécialités sont dispensées : Nutrition animale, Maraîchage et Production animale (troupeau et volaille).
Ce sont près de 2 100 étudiants qui y étudient, dont 1 500 en élevage animal et médecine vétérinaire et 200 en nutrition animale.
Concernant la pédagogie, voici les informations délivrées par le vice-président de l’institut professionnel :
- 25% de cours d’enseignements généraux 75% de cours professionnels
- Les étudiants diplômés qui ne sont pas du métier partent dans des entreprises agricoles ou créent des entreprises et certains enfants d’éleveurs (30%) reprennent la ferme familiale
- Ils souhaitent développer l’apprentissage
- Des intervenants extérieurs des entreprises partenaires participent aux cours durant les deux premières années
- Les entreprises extérieures ne participent pas forcément à la création des référentiels.
- Les référentiels sont décidés par l’Etat suite à une consultation auprès des professeurs et professionnels.
- Il y a des TP durant les 2 ans de formation. Ils ont 60% de cours de pratique dans les enseignements de spécialités.
- Poursuite d’études : Certains d’entre eux font une licence en université
- Leurs diplômés peuvent s’inscrire en master s’ils ont validé 3 ans d’expérience professionnelle dans le domaine
- Moins de 30% des 600 diplômés travaillent dans un élevage (bovin, ovin ou autre)
- La plupart de leurs étudiants (80%) viennent de Mongolie Intérieure, d’autres du Hebei, Shandong, Xinjiang, Yunnan.
- Recrutement en hausse ces deux dernières années. Cela est lié aux nouvelles politiques publiques
- 50 élèves maximum par classe
- La pédagogie prend en compte les problématiques modernes : prévention maladie, vaccination, prévention désertification.
En conclusion, les pistes de partenariat ont été soulevées. Les dirigeants de l’institut seraient intéressés par la mise en place d’échange d’étudiants et réfléchissent aussi à la création d’une 3e année qui aurait pour thème, « les spécificités de l’élevage à la française ».
Des visites et réunions de haut niveau
Lors de la dernière journée de la mission, les experts se sont enfoncés au cœur des steppes et des prairies vers la bannière ouest de Ujimqin.
Sur place, ils ont visité deux exploitations qui leur ont rappelé la France pour la race de vache élevée : la Charolaise.
La première exploitation visitée est une ferme gouvernementale de 130 vaches en charolais, avec une génétique venant d’Australie et du Canada. Ils ont le désir de le développer jusqu’à 300 mères.
On nous explique sur le site qu’il y a actuellement 58 000 Charolaises dans la ligue de Xilingol et qu’ils veulent monter à 100 000. Ils veulent promouvoir la race en montrant que la Charolaise est performante ici dans les conditions locales.
Concernant les critères de sélection, ils sont plus basés sur l’esthétisme que sur la performance économique.
Les vaches sont dans les prairies de fin mars à octobre, elles rentrent dès qu’il neige.
Il y a un gérant de ferme et 2 employés qui vivent la semaine sur le site reculé. L’éleveur n’a pas été formé à l’école mais par ses parents. Il ne parle pas mandarin.
Le bureau de l’agriculture locale organise des formations sur un modèle d’alternance entre 1 semaine de théorie et 1 semaine de pratique. Les formations sont assurées par des intervenants extérieurs qui transmettent leurs savoirs sur les disciplines classiques de l’élevage.
La deuxième ferme, celle-ci privée, est spécialisée dans les naissances et la vente de taureaux.
Les deux personnes qui y travaillent sont le mari et la femme. Ils ont obtenu de nombreuses récompenses pour leur bétail composé de 100 mères en pur Charolais qui sont élevées sur 500 ha.
Cette exploitation fait partie des 8 purs éleveurs de Charolais sur les 10 000 éleveurs de la ligue. L’éleveur et son épouse n’ont pas reçu de formation initiale, leurs méthodes de travail leurs ont été transmises par leurs parents. A leur grand regret, leur fille ne reprendra pas l’exploitation familiale.
Après un dernier échange en salle avec les autorités locales qui ont partagé leurs attentes vis-à-vis de la France, les experts ont pu reprendre l’avion pour Pékin puis pour la France.
Une mission riche d’enseignements
A travers toutes ces rencontres, tous ces échanges, nos experts sont revenus en France avec une grande partie des réponses aux questions qu’ils avaient emmené dans leur valise.
La compréhension des différentes formations qui s’offrent aux jeunes chinois et des structures qui les organisent va leur permettre de faire un rapport détaillé à destination de l’ensemble des acteurs de la filière bovine française.
Les liens créés lors des repas autour de viande de mouton, spécialité locale, et de lait de jument, ne demandent qu’à se renforcer à travers l’accueil en France des différents acteurs chinois qui se sont mobilisés pour offrir à nos experts, un programme et un accueil de très haute qualité.
Contact : Max MONOT, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr
Un jardin qui rassemble
5 étudiants français en aménagements paysagers et 1 formateur ont été accueillis durant 4 semaines dans la capitale chinoise, dans le cadre d’un accord de coopération signé entre les établissements de l’Ecole du Breuil du Campus des Sicaudières et du Beijing Vocational College of Agriculture (BVCA).
Accueil très officiel
Exploration de la culture florale
La journée suivante fut consacrée à une séance de création florale et à la découverte des espaces paysagers du collège.