Vis la vie de professeur à Iwamizawa

Un professeur de l’Institut d’Anchin a eu la chance de vivre pendant quatre jours la vie lycéenne japonaise au sein de l’établissement professionnel agricole d’Iwamizawa, situé dans la préfecture de Hokkaido, au nord du Japon.

Dans le cadre de la coopération franco-japonaise gérée par le réseau Japon de l’enseignement agricole, l’enseignant français, Monsieur Aurélien FALSONE, a été accueilli avec bienveillance et gentillesse au Lycée Agricole d’Iwamizawa à Hokkaido, du mardi 10 juin au vendredi 13 juin 2025.

Il y a vécu des expériences très enrichissantes et a pu assister à divers enseignements au cours de cette semaine d’échanges et d’observation.
Il est important de noter que cette expérience n’est pas forcément représentative de l’ensemble du système scolaire japonais, car il existe différents types d’établissements, tout comme en France. Ce lycée se démarque sur quelques points qui seront abordés.

Le lycée : spécificités et ambiance

Le lycée agricole dans lequel l’enseignant français s’est rendu est un établissement professionnel composé de sept sections : les sciences agricoles, le paysagisme, l’élevage de bétail, la foresterie, l’agroalimentaire, la floriculture et l’ingénierie civile. C’est une structure qui se veut moderne ; on n’y retire pas ses chaussures, chose particulièrement rare dans les établissements japonais. Le lycée est très grand : on y retrouve, en plus du bâtiment scolaire, des cultures de riz, de fruits et légumes variés, des serres et des hangars pour les animaux et pour entreposer les machines agricoles.
Si, en France, le fait de faire des groupes de niveau fait parfois polémique, au Japon, cette pratique est la norme. Il n’y a pas de groupes de niveau au sein des établissements, mais plutôt des lycées de niveau. Ainsi, selon les résultats des élèves à leur équivalent du brevet, ces derniers sont assignés (pour les établissements publics) au lycée du niveau qui leur correspond.

Concernant ce lycée, certains élèves y sont par choix, car ils connaissent déjà leur projet de vie et que l’établissement répond à leurs attentes, tandis que d’autres y sont parce qu’ils sont moins « scolaires ». Les cours théoriques (que j’oppose ici aux cours pratiques) y sont décrits comme plus « vivants » et les élèves comme plus « agités ». Il est vrai qu’on ne retrouve pas toujours l’image stéréotypée des élèves bien sages derrière leur table. Cela peut sembler être un cliché, mais les classes majoritairement féminines, comme celle de la section floriculture, sont plus calmes que les classes de sciences agricoles, composées quasi-exclusivement de garçons. Néanmoins, le niveau de bruit ne semble pas très différent de celui de la classe de terminale générale de Monsieur Falsone à l’Institut d’Anchin.

Au Japon, chaque classe a sa salle attitrée, et ce sont les professeurs qui se déplacent. Chaque enseignant dispose cependant d’un bureau dédié dans une salle du personnel. Le professeur est à la fois enseignant et membre de la vie scolaire. En effet, la vie scolaire telle que nous la connaissons n’existe pas au Japon. Les professeurs étant présents chaque jour de 8h20 à 16h45. Dans la pratique, il n’est pas rare qu’ils partent vers 18h ou 19h le soir, ils gèrent aussi bien leurs cours que l’aspect de la vie scolaire du lycée.
Le lycée possède également un internat, ou plutôt deux : un internat classique et un disciplinaire pour élèves difficiles. Comme indiqué, la notion d’élève difficile ne semble pas être tout à fait la même au Japon et en France. Les professeurs d’agriculture sont tenus de dormir à l’internat une fois par semaine, une sorte de nuit d’astreinte qu’ils effectuent chacun leur tour.

Horaires et rythme de travail des élèves

La journée commence à 8h20 avec une première sonnerie, dont la mélodie est emblématique et souvent entendue dans la culture populaire japonaise (animation, cinéma, télévision). Cette première sonnerie indique aux élèves qu’il sera bientôt temps de se rendre en classe et aux professeurs que la journée de travail commence. Dans la salle du personnel, le proviseur indique aux professeurs les événements prévus dans la journée, et les professeurs peuvent, s’ils le souhaitent, prendre la parole pour transmettre une information à leurs collègues.
À 8h30, une seconde sonnerie indique aux élèves qu’ils doivent se rendre en classe. Le professeur principal de chaque classe se rend dans sa classe pour un « Short Home Room » (SHR), un temps d’échange de 10 minutes. Il fait l’appel, donne des informations aux élèves le cas échéant, et permet aux élèves de poser des questions ou de partager des informations.
À 8h40, une nouvelle sonnerie indique la fin du SHR, et à 8h45 sonne la première « heure » de cours, qui dure 50 minutes. Une pause de 10 minutes est observée entre chaque cours, ce qui permet aux élèves de se détendre avant le cours suivant.

Après quatre cours, à 12h35, la pause déjeuner débute. Les élèves sortent leur bento* et mangent froid le déjeuner préparé par leurs parents ou par l’établissement pour les internes. Quarante minutes plus tard, la pause se termine, les élèves disposent de cinq minutes pour rejoindre leur salle et reprendre leurs deux cours de l’après-midi.

* boîte à repas

À 15h10, les cours se terminent et les professeurs principaux rejoignent à nouveau leur classe pour un SHR de cinq minutes afin de faire le bilan de la journée. C’est donc à 15h15 que retentit la dernière sonnerie. Une poignée d’élèves restent quelques minutes dans la salle pour le nettoyage quotidien : effacer proprement le tableau et balayer la salle.
Pour les élèves, c’est ensuite le moment de rentrer chez soi, de rejoindre un club scolaire (sport, cérémonie du thé, lecture…) ou de partir au travail, nombreux sont les jeunes de plus de 16 ans à avoir un travail à temps partiel dans une supérette, par exemple.

50 minutes « inside a course »

Durant cette semaine, Monsieur Falsone a pu assister à différents cours.
En cours de paysagisme en classe de seconde, les élèves, en tenue de sécurité, ont travaillé en groupe sur des parcelles qu’ils devaient décorer en suivant certaines recommandations. Les plus belles parcelles sont ensuite reproduites pour décorer le lycée lors de sa fête annuelle, le festival d’été.
En cours de paysagisme en classe de première, les élèves coupaient des petits rondins de bois à la scie afin de créer des décorations pour le festival d’été.
En cours de musique en première, alors que les matières artistiques sont moins développées dans nos lycées, au Japon, les arts restent présents dans le cursus lycéen. Ainsi, Monsieur Falsone a pu assister à un cours de musique, axé sur le chant. Le professeur jouait du piano et les élèves chantaient des chansons japonaises. Dans une deuxième partie, les élèves avaient préparé un petit événement musical pour leur hôte français. Ils ont chanté l’hymne de leur école ainsi que quelques autres chansons. Chaque école, de la maternelle au lycée, possède son propre hymne.
Les élèves de terminale apprenaient la programmation HTML en cours d’informatique. Ils réalisaient des pages web simples.
Les jeunes de seconde étudiaient en cours de japonais les « Waka », une forme de poésie. Cela ressemblait d’abord à un cours magistral : le professeur expliquait comment composer des wakas, les élèves écoutaient et prenaient en note ce que disait le professeur. Ensuite, les élèves se sont exercés et la participation s’est faite plus active, rendant le cours très similaire à un cours français.
Pour l’occasion de la venue de Monsieur Falsone, le professeur d’anglais avait préparé avec ses élèves de terminale une présentation simple pour chacun d’entre eux. Le cours lui-même se passait uniquement à l’oral, sans prise de notes, et le professeur et l’assistant de langue avaient très souvent recours au japonais pour aider les élèves à suivre. Monsieur Falsone leur parlait en anglais, mais une traduction quasi systématique était réalisée par l’un ou l’autre. Un autre professeur a indiqué qu’il procédait tout autrement, il axait son enseignement sur la grammaire et proposait de petits tests sous forme d’exercices à la fin de chaque cours pour évaluer les élèves.


Observations sur l’anglais et la gestion administrative

Concernant l’anglais, il est important de noter que la liberté pédagogique des professeurs est largement respectée. Bien qu’il existe des programmes nationaux définis par le Ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie (MEXT), l’anglais n’étant pas évalué par un test national normé en fin de lycée, chaque enseignant dispose d’une autonomie significative quant à ses méthodes d’enseignement et au choix des activités. Le gouvernement n’intervient donc pas directement dans les pratiques pédagogiques quotidiennes.
Sur l’aspect plus administratif, les lycées sont gérés par les départements japonais. Les professeurs sont payés par le département et non par l’État. Aussi, leur certification n’est valable que dans le département en question ; s’ils souhaitent déménager dans une autre région, ils doivent repasser la certification.

Le « petit marché » de l’école

L’école vend tous les vendredis sa production. Ce jour-là, ils vendaient asperges, fraises, riz, saucisses, glaces, œufs, pieds de tomate et fleurs. Même si les quantités sont faibles, les prix sont très attractifs, ce qui assure une clientèle régulière. Les élèves, encadrés par les professeurs, présentent et vendent eux-mêmes les produits. Ils gèrent la caisse et accueillent les clients.

Redorer la place des fleurs

L’enseignement français a pu remarquer qu’en effet, seules les personnes les plus âgées avaient acheté des fleurs.

Le Japon, et particulièrement cette école, cherche à répondre à une problématique importante : comment attirer à nouveau les Japonais vers les fleurs ?

La clientèle de ce domaine est vieillissante et l’établissement cherche à attirer les jeunes. C’est sur ce sujet qu’ils souhaitent développer la coopération internationale avec des partenaires français, afin de trouver des pistes marketing pour attirer les nouvelles générations vers l’achat de fleurs.

Contact : Franck COPIN, animateur du réseau Japon de l’enseignement agricole, franck.copin@cneap.fr




Le service civique, c’est grandir ensemble

Des rues animées de Delhi à la paisible petite ville de Beaumont-de-Lomagne du Tarn et Garonne, Poornima avoue qu’elle a entamé un tout nouveau chapitre de sa vie. « Il s’est avéré que cette expérience a changé ma vie »

Nous avons interviewé Poornima MAHAJAN pour qu’elle nous partage ce qui lui tient à cœur.

Je m’appelle Poornima. Je suis Indienne. Je fais un service civique international dans le domaine de l’éducation et l’interculturalité et travaille dans le lycée LEAP LESTONNAC (Occitanie) comme assistante de langue anglaise et fais découvrir aux élèves la culture indienne afin de les encourager à réaliser une mobilité internationale et s’engager dans la solidarité internationale.

Quelles ont été tes motivations pour entreprendre cette expérience de service civique en France ?

Engagée depuis des années dans le bénévolat et profondément convaincue de l’importance de l’éducation, je suis venue en France avec une intention simple mais forte : apprendre, partager et avoir un impact positif partout où j’irai.
Le Service civique international ouvrait une porte à ma passion en m’offrant la merveilleuse opportunité de travailler dans le domaine de l’éducation et de l’interculturalité au Lycée d’Enseignement Agricole Privé Lestonnac.

Quelles activités as-tu menées pendant ton séjour ?

Mon rôle consistait principalement à assister les professeurs pendant les cours d’anglais, mais aussi à participer à d’autres cours, en y intégrant des notions d’échange culturel. J’ai fait découvrir aux élèves la beauté de la culture indienne à travers des ateliers de danse Bollywood, des cours de cuisine indienne, des célébrations de festivals et de nombreux petits moments qui ont servi de ponts entre nos mondes.

Quelles impressions et apprentissages rapportes-tu en Inde, après cette expérience ?

Je me souviens encore de mon premier pas hors de la voiture à Beaumont, respirant l’air frais et vivifiant et me sentant instantanément hypnotisée par la verdure infinie. La vie ici se déroulait à un rythme plus lent, et bientôt, moi aussi. Les sourires chaleureux de mes collègues, la curiosité des élèves et le rythme tranquille de la ville sont devenus mes compagnons quotidiens.

Travailler avec les élèves m’a façonnée d’une manière que je n’aurais jamais imaginée. Au début, la barrière de la langue rendait les explications difficiles. Mais j’ai rapidement appris à être créative en utilisant des gestes, des dessins, des jeux de rôle et d’autres activités. J’ai ainsi réalisé que la connexion passait souvent avant le vocabulaire. Un après-midi, après avoir obtenu de bonnes notes à son examen, une élève s’est approchée discrètement de moi et m’a dit : « Merci d’avoir cru en moi quand je n’y arrivais pas. » Ce moment est resté gravé dans mon cœur. Il m’a rappelé que l’enseignement n’est pas seulement une question de leçons, mais aussi de courage et de confiance en soi chez les autres.

Ces compétences resteront gravées en moi toute ma vie, que ce soit dans une salle de classe ou dans tout autre espace professionnel.

La France m’a surprise en démantelant tranquillement les stéréotypes que le monde a créés. Les gens sont ouverts, gentils et ont souvent fait des pieds et des mains pour que je me sente chez moi. Même dans une petite ville, j’ai trouvé la richesse des conversations, des traditions et des repas partagés.

Y a-t-il eu des moments plus difficiles à surmonter ?

Bien sûr, il y a eu des défis à relever. En tant que végétarienne, il était parfois difficile de trouver le type de nourriture adapté et d’expliquer que les œufs et le poisson ne sont pas considérés comme des aliments végétariens pour les Indiens. Le confort des repas indiens préparés à la maison, l’explosion des épices et la chaleur de la famille m’ont manqué. L’adaptation de mon palais à la nourriture française m’a pris du temps, mais en fin de compte, j’ai aussi appris à apprécier les saveurs subtiles et à trouver la joie dans la simplicité. De cette façon, le fromage et la baguette sont devenus ma partie préférée de chaque repas.

Si tu devais résumer ton expérience, que dirais-tu ?

Pour résumer cette expérience unique en quelques mots, je dirais ceci : le volontariat à l’étranger ne consiste pas seulement à donner, mais aussi à grandir ensemble. Il s’agit de s’aventurer dans l’inconnu et de découvrir que le monde est bien plus rempli de gentillesse que nous ne le croyons souvent. « Le monde est un endroit magnifique, s’il est vu avec les bonnes lunettes ». Le volontariat à l’étranger, c’est réaliser que l’on peut porter sa culture avec fierté tout en embrassant celle de l’autre avec un cœur ouvert.

À tous ceux qui envisagent de vivre une telle expérience, que ce soit en tant qu’étudiant, enseignant ou professionnel, je ne peux que dire :

« Sautez le pas, foncez ! »

Les compétences que vous acquerrez, les amitiés que vous nouerez et les perspectives que vous ramènerez à la maison resteront à jamais gravées dans votre mémoire. Beaumont-de-Lomagne me rappellera toujours que lorsque les cultures se rencontrent, le monde devient un peu plus petit et beaucoup plus chaleureux.

Lancement du réseau des alumni « services civiques » franco-indiens à l’ambassade de France à New Delhi le 7 juillet 2025, en présence de Thierry Mathou, l’ambassadeur et Yann Delaunay et le Direction général de France Volontaires.

Pour en savoir plus, consultez le blog de Poornima sur Moveagri

Contact : Anne-Laure ROY, chargée de mission Asie, Bureau des relations européennes et de la coopération internationale, anne-laure.roy@agriculture.gouv.fr, Chantal Desprats, animatrice du Réseau Inde de l’enseignement agricole, chantal.desprats@educagri.fr, Christophe Goell, animateur du Réseau Inde de l’enseignement agricole, christophe.groell@educagri.fr.

 




Le raisin, l’olive et le mandarin

Durant 3 jours, trois membres de la direction du Beijing Vocational College of Agriculture, le seul établissement d’enseignement agricole technique de la capitale chinoise, se sont rendus dans l’ouest de la France afin de rencontrer les équipes de lycées agricoles et d’entreprises locales.

L’accueil de la délégation chinoise, planifiée de longue date, avait de multiples objectifs. Elle devait permettre de faire le bilan des mobilités entrantes chinoises de mai 2025, rencontrer leur nouveau partenaire à Saintes, comprendre le lien entre les écoles françaises et les entreprises locales ainsi que d’ouvrir de nouvelles perspectives dans la coopération dans le domaine viti-oenologique.

Pour réussir à remplir leur mission, le programme proposé par l’animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole allait forcément être dense et varié.

Dès la première journée, avec la réunion au Lycée d’enseignement agricole Les Sicaudières de Bressuire, le bilan et les pistes d’amélioration concernant la venue des étudiants chinois et de leur enseignante en mai 2025 a été mis sur la table.

La partie française a souligné à quel point la sélection des participants, par la partie chinoise, avait été abouti, car tous les participants ont su séduire les écoles françaises par leur curiosité professionnelle, connaissances et motivation sur le terrain et qualités de savoir-être.

Concernant les pistes d’amélioration, le point noir était la période, puisque mai étant un mois particulièrement compliqué en termes de jours fériés. Une réflexion sur une venue au mois de mars s’est alors posée, les autres créneaux, en raison des calendriers des uns et des autres, étant compliqués.

Suite à cet échange, les membres de la délégation chinoise ont pu visiter l’établissement du bocage bressuirais, découvrir la structuration d’un EPL avec ces 4 centres constitutifs et enfin découvrir le jardin créé par les étudiants chinois en mai 2025.

Durant l’après-midi, la visite de l’entreprise Obojardins a permis de découvrir que la finalité des formations en aménagements paysagers de chaque pays avait quelques différences notables. En effet, une bonne partie des diplômés français du paysage partent travailler dans des structures qui proposent leur service aux particuliers pour concevoir ou entretenir des jardins de maison individuelle.

En Chine, ce type de travail n’existe pas, car la plupart des Chinois vivent en appartement. Tant bien même s’ils avaient des maisons avec jardin, les missionnaires chinois ont fait remarquer non sans amusement, que ces espaces verts seraient utilisés pour faire pousser des légumes et non pour créer des lieux de réception ou de repos. Là encore, la différence culturelle est au centre des échanges, car en Chine, on ne reçoit pas ses amis ou sa famille chez soi, on privilégie en général le restaurant.

La grande présence d’olivier dans les offres proposées par l’entreprise les a aussi surpris. Ils ne connaissaient pas vraiment cet arbre qui est peu exploité en Chine. Ce fut l’occasion d’expliquer que cette essence était historiquement cultivée dans le sud de l’Europe, mais que le changement climatique progressant, il est désormais possible d’en planter plus au nord.

Le deuxième jour, après les Deux-Sèvres, cap sur le Maine et Loire et la Vienne.

Le matin, Agnès Lenne, directrice du lycée d’enseignement agricole de Montreuil-Bellay et ses équipes, ont accueilli la délégation et présenté leur établissement. Très actif sur la coopération internationale avec notamment un partenariat avec un établissement argentin, les échanges ont réussi à entrevoir des possibilités de partenariat. Pouvoir proposer aux étudiants français de découvrir le monde du viti-vini en banlieue pékinoise et inversement, laisser des étudiants chinois s’immerger dans les vendanges et le travail de la vinification en France est désormais une hypothèse qui devient possible.

Suite à la visite de l’établissement et de ses chais, une dégustation des produits de l’exploitation du lycée a été organisée pour le plus grand plaisir de tous.

 

L’après-midi fut consacré à la visite du Domaine Château-Gaillard à Messemé dans le Loudunais. Emmanuel Bienvenu, ingénieur agronome devenu vigneron depuis plus d’une décennie, a présenté aux membres de la délégation sa démarche très singulière de production de vins natures français.

Depuis la culture de vieux cépages d’antan, que le vigneron a repéré lui même dans la campagne environnante, à l’utilisation d’amphores en terre cuite pour la vinification à jusqu’à l’intégration des techniques de biodynamie :  toute la démarche du vigneron a fortement intéressé les collègues chinois. La dégustation de certains de ses vins, au goût si naturel, si proche du fruit, n’a fait que conforter cette curiosité. La question de savoir si le cépage Plantet Noir voyagera un jour en Chine, n’est pas d’actualité, car le but de cette visite était bien de prouver aux dirigeants chinois que l’utilisation de son environnement et des variétés propres à sa région permettaient de produire de très bons vins adaptés aux transitions.

Au troisième jour de la mission, les dirigeants chinois se sont dirigés vers la Charente-Maritime et Saintes.

Ils avaient à cœur de venir remercier en personne les équipes de l’établissement Agrocampus de Saintonges qui se sont grandement impliqués dans l’accueil de leurs élèves et collègues. Ils ont pu rencontrer la nouvelle équipe de direction et sceller leur partenariat grâce à un accord de coopération reliant leurs deux établissements. Là aussi, les échanges ont porté sur les actions déjà réalisées et sur les futurs actions. Saintes ayant la double casquette paysage et viti-viniculture, de nombreuses belles opportunités s’offrent à tous.

Les discussions se sont ensuite poursuivies dans la matinée par la visite du site de Saintes puis dans l’après-midi, par la visite du site du lycée professionnel agro-viticole Le Renaudin de Jonzac.

Cette mission en France qui a permis tous ces échanges et toutes ces rencontres, n’a fait que confirmer l’intérêt et la grande motivation pour l’établissement pékinois de travailler avec l’enseignement agricole français.

Lire aussi l’article précédent : Une connexion aménagée

A Lire la presse régionale – De Pékin au paysage local – Courrier de l’Ouest/Bressuires – septembre 2025

Contact : Max MONOT, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr




Une connexion aménagée

Durant 4 semaines, 6 jeunes étudiants du Beijing Vocational College of Agriculture accompagnée d’une de leur enseignante en aménagements paysagers, se sont plongés dans la beauté des jardins français, aussi bien par les visites que par la pratique.

Chen Yifei, Li Tianzi, Guo Xinyu, Cui Jing, Baihua et Li Guangyi ne se doutaient pas, lorsqu’ils ont commencé leur formation post-bac chinois (gaokao), il y a 2 ans, que leur cursus les emmènerait à découvrir la France à travers l’aménagement paysager. Mais grâce à la mise en place d’une coopération durable et réciproque, 4 établissements français et le Beijing Vocational College of Agriculture-BVCA ont pu concrétiser une deuxième vague d’échanges après celle effectuée en 2024*.

Un point d’entrée par la découverte et l’immersion dans les jardins français fut la visite du lycée horticole professionnel Camille Godard de Bordeaux-Le Haillan.

Au programme de la première semaine, des visites de parcs et jardins bordelais, de domaine viticole ayant intégré l’aménagement paysager à leurs espaces verts et des aménagements urbains autour de la Cité du vin.

En dehors des visites, les interactions entre les étudiants furent nombreuses. Que ce soit autour d’activités pédagogiques comme un chantier de construction paysagère sur le site du Haillan ou bien la présentation des jardins à la chinoise par les Pékinois, d’activités culturelles telles que la calligraphie et la découverte du vin, ou bien d’activités sportives avec du rugby, du badminton et la montée de la Dune du Pilat. Des liens se sont créés et ils pourront être renforcés lors d’une prochaine mobilité des jeunes français en Chine.

Direction la Charente-Maritime et Saintes

A nouveau, un programme de grande qualité mêlant échanges entre apprenants et visites sur le terrain a été proposé.

L’histoire des jardins chinois a su captiver les jeunes de BTS en Aménagement paysager de Saintes. Ils ont ensuite pu présenter leur filière et leur quotidien grâce à des échanges en anglais encadrés par les enseignants de langues vivantes.

La participation au concours de Saint-Fraigne en Charente sur le thème « Cinéma du 21ème siècle » via le chantier école a permis aux jeunes chinois de mieux s’imprégner de la culture et des cultures françaises.

Les visites des jardins de Saintes aux côtés de professionnels des espaces verts ont permis d’approfondir les échanges sur des questions techniques et pratiques.

Enfin, « cerise sur le gâteau », les Pékinois ont pu participer au festival de l’Agrocampus le samedi, donnant lieu à de nombreuses interactions avec les visiteurs et apprenants français.

Le chemin vers le nord allait se poursuivre avec une étape d’une semaine à Bressuire, la capitale du Nord Deux-Sèvres.

Bien que cette semaine fut impactée par le pont de l’Ascension, les équipes du Campus des Sicaudières se sont mobilisées pour que la qualité du programme puisse avoir un impact bénéfique sur le long terme pour les apprenants chinois.

Au cours des deux premiers jours, l’accent fut mis sur les projets en collaboration avec les stagiaires adultes en formation horticulture et aménagements paysagers. Que ce soit durant les visites du Château Colbert ou du parc oriental de Maulévrier ainsi que durant la réalisation du jardin chinois nommé « L’éventail s’ouvrant à la lumière » dans les espaces verts du campus, la connexion entre les apprenants fut forte et le restera.

La découverte du château de Villandry et de ses célèbres jardins à la française, la roseraie de Doué-la-Fontaine, les parcs et jardins de la ville de Bressuire, et même la boulangerie d’un artisan sacré aux Olympiades des métiers de Shanghai, autant de lieux et de souvenirs immortalisés par les jeunes, qui seront partagés et valorisés à leur retour en Chine.

Cette année, la « fête des bateaux dragons » tombait justement le samedi 31 mai. Cela a donné lieu a un atelier de fabrication de raviolis chinois qui a plu aussi bien à certains stagiaires français revenus pour l’occasion, qu’à Faniry, la service civique malgache du campus.

Les semaines défilent à toute vitesse et le temps est venu pour nos chers étudiants chinois de conclure leur immersion par la capitale, Paris.

C’est encadré par les équipes de l’école du Breuil, que nos 6 étudiants et leur enseignante vont finir cette formidable expérience.

Au programme de la semaine parisienne, l’apprentissage de la taille d’arbustes dans les 10 ha du parc de l’école. Des chantiers d’aménagement paysager avec quelques uns des 25 jardiniers de l’école. Des parcs et jardins cultes de la région tels que Versailles, la Butte-Chaumont, l’Ile florale, les Tuileries et les berges de Seine ont conclu ses visites culturelles et professionnelles .

Après ces 4 semaines d’intenses apprentissages, les 6 étudiants pourront rentrer en Chine riches de nouveaux savoirs et se faire les ambassadeurs d’une approche française des parcs et jardins auprès des multiples acteurs qu’ils croiseront durant leur carrière.

Encore merci aux équipes des différents établissements français de s’être investis au-delà de ce qu’ils leur étaient demandés pour permettre de faire vivre à ces jeunes, un mois inoubliable.

A lire aussi, Un jardin qui rassemble, article présentant le premier cycle d’accueil, découlant de ce partenariat « aménagement paysagé », publié en juillet 2024.

Max Monot, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr