Bună ziua, Cyrille

Les conseillers aux affaires agricoles français sont les intermédiaires entre les États, les administrations et les entreprises. Ils assurent un relais d’influence et de diplomatie dans plus de 120 pays du globe. Depuis le 17 octobre 2022, Cyrille Schweizer a débuté sa mission pour faciliter la coopération internationale y compris dans le domaine de la formation et de la recherche entre la France et la Roumanie, ainsi que la Hongrie et la Bulgarie.

Bună ziua*, Cyrille [*Bonjour en Roumain]
– Vous êtes le nouveau Conseiller aux affaires agricoles (CAA) en poste à l’Ambassade de France à Bucarest, compétent également pour la Bulgarie et la Hongrie, depuis l’automne 2022. En quelques mots, quel est votre parcours professionnel ?

J’étais précédemment en charge des questions européennes au sein de la Sous-Direction des Filières Agricoles à la DGPE, rattaché directement à la sous directrice. J’ai notamment beaucoup travaillé au sein des groupes d’experts et comités de gestion de la Commission européenne pour les sujets relevant de l’organisation des marchés (règlement 1308/2013 OCM unique) mais j’ai surtout été mobilisé sur la réforme de la PAC et la réalisation du plan stratégique national.

Avant cela, j’étais en charge des questions de coopération internationale et européenne, au sein de la mission internationale de FranceAgriMer.

– Dans quel contexte avez-vous abordé la coopération internationale ? sur quel(s)pays ou quelle(s) zone(s) et sur quelle(s) thématique(s) ?

Compte tenu de mon parcours, je distingue deux volets en matière de coopération internationale : celui de la coopération avec les pays tiers – que je connais bien pour avoir travaillé dans ce domaine quelques années lorsque j’étais à FranceAgriMer, et celui de la coopération européenne, qui plus encore que la première, relève d’une logique d’influence dans le cadre des négociations et discussions européennes sur les réformes en cours et à venir, en particulier relatives à la mise en place de la stratégie « Farm to fork « .

Aujourd’hui, mon poste de CAA en charge des échanges bilatéraux avec 3 Etats membres de l’Union Européenne s’inscrit dans cette logique. Ma mission s’appuie bien évidemment aussi sur des actions de coopération, notamment dans le domaine de l’enseignement et de la formation agricole portées par la DGER. 

 – Quelle opportunité vous a amené à intégrer votre poste en Roumanie et pourquoi avoir postulé pour une mission de CAA ?

Cela fait déjà quelques années que je souhaitais un poste de CAA, en particulier au sein d’un Etat membre de l’UE compte tenu de mon parcours et de mon expérience en matière de politique agricole commune. Après 5 années passées à la DGPE, l’occasion de candidater à ce poste de CAA en Roumanie s’est présentée et je l’ai saisie, en remerciant bien sûr les personnes qui, au sein du MASA, m’ont accordé leur confiance.

 – En quelques mots, quels sont les objectifs que vous allez poursuivre en tant que CAA ?

J’en ai évoqué déjà un certain nombre, mais ils peuvent être résumés ainsi :

  • Partager nos positions avec mes interlocuteurs en Roumanie, en Hongrie et en Bulgarie sur l’ensemble des réformes en cours conduites par la Commission européenne ;
  • Faire vivre les accords de coopération avec ces pays, au premier rang desquels celui entre la France et la Roumanie sur les corridors de solidarité signé en septembre dans le contexte de la guerre en Ukraine et en initier de nouveaux ;
  • Initier et faciliter autant que possible l’ensemble des échanges entre la France et les pays de ma zone tant dans le domaine institutionnel, en particulier en matière d’enseignement, de formation et de recherche, mais également au niveau professionnel auprès des filières et des entreprises françaises en collaborant avec Business France et les chambres de commerce françaises présentes dans ces trois pays.
 – Pouvez-vous nous partager un axe de coopération qui caractérise votre nouvelle mission ?

Évidemment le premier qui me vient à l’esprit est celui que je viens d’évoquer concernant les corridors de solidarité en Roumanie, signé avant mon arrivée et qui depuis prend de l’ampleur. Celui-ci relève en fait du Ministère des transitions écologiques chargé des Transports plus que du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire mais il m’appartient de l’animer et de faciliter les échanges et les missions d’experts entre la France et la Roumanie. Il vise à accompagner la Roumanie dans l’amélioration de ses capacités logistiques – maritimes, ferroviaires et fluviales – pour faciliter les exportations, principalement de céréales ukrainiennes via la Roumanie dans le contexte actuel de la guerre. Il s’agit d’un sujet essentiel qui vise également à garantir la sécurité alimentaire mondiale.

 – Dans le contexte particulier que le monde traverse en 2022, comment abordez-vous l’organisation de votre mission, la «construction » des contacts avec les acteurs, les membres du réseau et les partenaires français et étranger ?

Je ne crois pas que le contexte actuel change la nature de mes missions… Elles ont a minima un impact sur la nature de celles-ci. En Roumanie, elles sont en outre facilitées par l’implication de notre pays auprès de la Roumanie avec une participation active, au sein de l’OTAN, de la France, qui joue le rôle de nation cadre et a envoyé des unités militaires dans ce pays. Je ne reviens pas ici sur notre implication également en matière de développement des capacités logistiques. Cela nous met collectivement dans une position singulière, très positive et nous engage plus encore.

– Souhaitez-vous développer un volet particulier de votre mission ou une collaboration spécifique dans le domaine de la formation, de la recherche ou de l’innovation ?

A ce stade, j’en suis encore à faire l’inventaire des actions conduites. En matière d’enseignement et de formation, les actions engagées sont nombreuses et les échanges riches, plus en Roumanie qu’en Hongrie et en Bulgarie cependant. D’ores et déjà, si je peux aider à les rendre plus faciles et plus fluides, j’en serais heureux. En tout cas, je reste naturellement au service de la DGER et son réseau d’animateurs à l’international pour les assister dans toutes les actions qui seront engagées.

En matière de recherche et d’innovation, j’ai déjà eu des échanges avec l’Académie agricole de Bulgarie, qui est très dynamique et souhaite développer ses actions de coopération en particulier avec la France.

A suivre donc…

– Pour finir sur une note culturelle – quelle référence vous tient à cœur (artistique, scientifique, philosophique, linguistique…etc.) et représente, pour vous, le pays dans lequel vous exercez votre mission ?

Pour le coup, je n’évoquerai ici que la Roumanie qui est mon pays de résidence. Je connaissais déjà ce pays avant pour y avoir effectué quelques missions mais y vivre est sensiblement différent.

Je dirai que les principales caractéristiques qui me viennent à l’esprit au bout de ces deux premiers mois sont la latinité, revendiquée, de ce pays. Une sorte d’ilot perdu au milieu d’un monde slave ! qui va de pair avec son histoire singulière et son dynamisme culturel.

– Merci à vous et nous vous donnons rendez-vous dans quelques mois pour en savoir plus sur les opportunités de coopération en faveur de l’enseignement agricole et la recherche que vous aurez pu identifier en particulier en collaboration avec le réseau Roumanie-Bulgarie de l’enseignement agricole.
Comment vous traduiriez « Au revoir » en roumain ?

« La revedere » [bien prononcer « é » sur chaque e]

 

Photo de tête d’article : crédit photographique – Dragos Asaftei

Contact : Cyrille Schweizer Conseiller aux affaires agricoles pour la Roumanie, la Hongrie et la Bulgarie, cyrille.schweizer@dgtresor.gouv.fr




A la découverte de l’enseignement horticole irlandais

Une délégation d’enseignants de 6 établissements agricoles français, accompagnée par l’animateur du réseau Irlande de la DGER, a pu découvrir début novembre 2022 l’enseignement de l’horticulture « made in Ireland » au College of Horticulture de Dublin.

A noter que cette dénomination Horticulture couvre un champ très large qui se retrouve dans différentes formations en France : horticulture, aménagement paysager, entretien des terrains de sports (rugby, football, golf, football gaélique et hurling) et maraîchage.

Démonstration de prise de mesures

Comment ça marche ?

L’enseignement agricole en Irlande s’effectue soit dans des établissements de formation géré par TEAGASC, soit dans des instituts de technologie. Les partenariats entre les deux systèmes sont nombreux, notamment dans la délivrance des diplômes de niveau 7 (équivalent à un BTSA/Licence 3). Les formations sont de niveaux 5 à 7. Dans le système de formation agricole français, le niveau 5 équivaut à des tâches que l’on confierait à des élèves en CAPA et le niveau 7 davantage au niveau BTSA. Les collègues ont pu suivre certains cours de niveau 6 et 7 : écologie & environnement, design d’aménagements paysagers, identification des plantes et leur utilisation, botanique et production entre autres.

Les membres de la délégation ont pu découvrir d’autres approches de l’enseignement, notamment un important recours à la plateforme Moodle et le fait que de nombreux cours théoriques puissent être

Temps de présentation du fonctionnement du College of Horticulture

enregistrés en vidéo et mis à disposition des apprenants. Les formations agricoles en Irlande sont accessibles dès l’obtention du Leaving Certificate, c’est à dire que ces formations sont toutes post-baccalauréat.

Apprendre de 7 à 77 ans

Les apprenants sont donc âgés de 17 à…. 77 ans !  En effet, les collègues qui participaient à cette mobilité ont tous et toutes été surpris par la multiplicité des âges présents lors des cours. Autre surprise, le fait que les apprenants ont une certaine proximité avec les enseignants dès qu’ils sont en extérieur (en les appelant par leur prénom) et d’autres pratiques, telles que porter obligatoirement un gilet de sécurité.

Opportunité rime avec Mobilité

Pour l’avenir, les collègues français ont déjà en stock des lieux de stages en France pour les étudiants irlandais et le réseau travaille dès à présent à l’accueil potentiel de formateurs irlandais en France.

Une semaine bien remplie et de l’avis de tous les membres une belle réussite tant au niveau de l’ambiance de groupe que du contenu. Certains sont déjà demandeurs d’une nouvelle mobilité l’année prochaine notamment sur la thématique équine.

L’aventure Franco-Irlandaise n’est donc pas près de s’arrêter !

Photo de tête d’article : Le College of Horticulture de Dublin bénéficie des installations du National Botanic Garden

Contact : Frédéric Mesure, animateur du réseau Royaume-Uni, Irlande de l’enseignement agricole, frederic.mesure@educagri.fr

 




L’Europe et moi

Comment vit-on l’Europe et la citoyenneté européenne au quotidien sur notre territoire et dans l’enseignement agricole ?

« Europe et moi », c’est une série de podcasts de l’Institut Kervégan, du think tank « citoyen nantais » et de la Maison de l’Europe à Nantes.

Dans l’épisode d’Europe et moi dédié à la mobilité au service de la citoyenneté européenne, le micro a été laissé à acteurs de l’enseignement professionnel : élèves, enseignants coordonnateurs Erasmus+, chef d’établissement et Rectorat qui ont pu expérimenter la mobilité en Europe.

Quel regard ont-ils maintenant sur leur citoyenneté ?
Qu’est ce que cela a changé pour eux ?

De la 10ème à la 15ème minute de l’épisode, c’est l’enseignement professionnel agricole qui a la parole :

Cécile Chevillard et Camille Nobillet, représentantes du consortium ERAS’MOV, qui regroupe 4 lycées agricoles de Loire Atlantique (CNEAP), nous disent comment les élèves sont accompagnés dans leurs mobilités pendant leur parcours en baccalauréat professionnel.

Les jeunes de différentes filières sont concernés, qu’ils soient en formation Aménagement Paysager, Service aux personnes et aux territoire (SAPAT), Production Horticole, Viticole, ou en Conduite et gestion d’exploitation agricole (CGEA), également en Gestion des milieux naturels et forestiers… etc.

Chacun suit un programme complet organisé par les équipes pédagogiques, constitué par une préparation au départ afin de limiter les freins à la mobilité pour le jeune comme pour sa famille, un accès à une plateforme de pratique de l’anglais qui est proposée pour faciliter les échanges avec les professionnels un fois en situation dans le pays européen. A la fin du séjour, une évaluation est faite par le maître de stage puis une valorisation des acquis et des compétences est prévue au retour du stagiaire (renseignement d’un livret, journée de restitution, formalisation des acquis d’expérience sur un CV/Europass et prise de recul sur les savoirs). Toutes ces étapes participent à une prise de conscience de la notion de citoyenneté européenne.

Vous pouvez l’écouter  »La mobilité au service de la citoyenneté européenne » en ligne :

https://play.acast.com/s/6257d94790ef350012b80605/63073f7de315950014054a9b

Bonne écoute !

Contacts : Julien Pichon, chargé de coopération internationale, DRAAF-SRFD Pays de Loire, julien.pichon@agriculture.gouv.fr 

Pour l’Institut Kervégan : Jonathan Calves et pour la Maison de l’Europe – Europa Nantes : Jean-Marie Fouilleul

 




Résidence Pro-Agri à la Villa Medicis

La Résidence Pro de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis est un programme pédagogique ambitieux qui accueillera 600 lycéens de 24 établissements en mai 2023 et mettra à l’honneur l’excellence des filières françaises d’enseignement professionnel y compris les filières agricoles.

Les directions régionales de l’alimentation, l’agriculture et de la forêt (DRAAF) et des affaires culturelles (DRAC) de Provence-Alpes-Côte d’Azur soutiennent un projet innovant, dont l’initiative revient à l’Académie de France à   Rome, la Villa Médicis depuis le projet pilote lancé en 2021 avec les jeunes de la région Nouvelle-Aquitaine, qui a permis d’accueillir 300 élèves en mai 2022 sur la thématique de la filière bois (construction, sylviculture) à travers le Campus des Métiers et des Qualifications Forêt Bois Nouvelle-Aquitaine qui coordonne l’ensemble des établissements professionnels du territoire. Ainsi chaque édition est conduite avec plusieurs régions et déployée sur une année pour valoriser les talents et savoir-faire territoriaux.

Pour la seconde édition, la Résidence Pro double ses effectifs en accueillant près de 600 lycéens toutes filières professionnelles confondues au printemps 2023. Ce projet de Résidence Pro permettra de valoriser le travail et les 12 « projets remarquables » réalisés par les 270 élèves inscrits dans les 12 lycées publics d’enseignement agricole de la région PACA, qui partiront à Rome une semaine en mai 2023.

Les métiers d’art et les secteurs de l’art de vivre tels que l’alimentation (Grand-Est) ainsi que les métiers du vivant en lien avec la nature et l’humain seront les champs couvert par l’édition 2022-2023 pour explorer toutes les expressivités techniques, sociales, artisanales et artistiques particulièrement à travers l’environnement, le développement durable, l’aménagement paysager ou encore le service à la personne (PACA), domaines dans lesquels les jeunes de l’enseignement agricole peuvent s’exprimer.

Après huit mois de recherche et de travail en groupe dans leur établissement sur des oeuvres choisies (telles que la gastronomie, le jardin botanique de Rome… etc), les élèves se rendront à Rome pour une semaine de résidence à la Villa Médicis selon un programme conçu sur mesure associant ateliers d’expérimentations, rencontres avec des professionnels de leurs filières et avec des artistes en résidence.

C’est une initiative qui répond pleinement aux objectifs d’éducation artistique consistant à encourager la participation de tous les jeunes à la vie culturelle par l’acquisition de connaissances, par un rapport direct aux œuvres, ou encore par la rencontre d’artistes et de professionnels de la culture.

Connecter les domaines de compétences des filières professionnelles aux arts et à la culture européenne, conduire un projet collectif transdisciplinaire, donner des outils aux élèves pour restituer leur travail et porter leur voix, susciter ou renforcer des vocations, ouvrir de nouveaux horizons par l’expérience du voyage et la découverte d’un lieu qui accueille les artistes d’une génération : autant d’ambitions pour ce programme d’égalité des chances imaginé par la Villa Médicis en collaboration avec les partenaires et les équipes pédagogiques.

Ce programme permettra aussi de mettre en lumière les nombreuses richesses de l’enseignement agricole, qui forme à plus de 200 métiers en lien avec le Vivant, donc d’accroître sa notoriété auprès du grand public et hors des frontières.

Le communiqué de presse qui concrétise le lancement de la campagne de communication autour de la Résidence Pro 2022-2023, détaille la construction du projet, le programme et les porteurs (y compris les 12 établissements agricole de la région PACA) et les partenaires soutenant le dispositif.

Pour découvrir le projet pilote de la Résidence Pro, vécu par les jeunes de la région Nouvelle-Aquitaine, lisez l’article et écouter le podcast réalisé en immersion avec les élèves et les professeurs.

Crédits photographiques : Marguerita Nuti

Contact : Patrice CHAZAL, Chef du service régional de la formation et du développement – DRAAF PACA

Jean-François BRISSE, chef de Pôle et référent Coopération internationale à la DRAAF-SRFD PACA, jean-francois.brisse@agriculture.gouv.fr