Le Lycée Agropastoral de Savalou : du Bénin à l’Occitanie

Dans le cadre du projet FABéOc  porté par les lycées agricoles de Castelnau-le-Lez dans l’Hérault et de Riscle dans le Gers avec un consortium régional multi-acteurs composé de l’Institut Agro Montpellier, du Réseau FAR, de l’AFDI du Gers, de l’association Lafi Bala ainsi que de France Volontaires, un groupe de 4 apprenants du Lycée Technique Agropastoral de Kpataba-Savalou  (Bénin) accompagnés par leur proviseur et un enseignant ont été accueillis dans les 2 établissements d’Occitanie.

Le projet FABéOc (Formation en Agroécologie au Bénin et en Occitanie) s’appuie sur trois objectifs : co-construire des ressources pédagogiques afin d’améliorer les pratiques agroécologiques des formateurs français et béninois ; améliorer et créer des infrastructures permettant l’échange de pratiques et la dissémination des techniques agroécologiques et de transformation ; appuyer le développement des filières “anacarde” et “fruits tropicaux” avec un objectif de durabilité.
Afin de réaliser ces objectifs, des mobilités ont été positionnées, qui permettent de découvrir et comprendre le fonctionnement des établissements et de leurs exploitations agricoles, de mener des expérimentations, de faire se rencontrer les apprenants et les formateurs des deux pays, de produire des ressources de travail et de formation afin de pérenniser les pratiques innovantes en agroécologie dans les filières concernées. Ainsi, un groupe du lycée agricole de Riscle a passé 3 semaines au Bénin en février 2023 et un groupe du lycée technique agricole de Savalou a réalisé une mobilité de 15 jours en Occitanie en novembre 2023. Cette délégation béninoise était composée de M. Jean Didier Bahini, proviseur du lycée, de M. Amamion Hospice, enseignant en technologie alimentaire, de quatre élèves : Oussou Boris, Dagbeto Clautilde, Dossouhoui Elvyre, Adiko Rolande.


Plusieurs réunions de travail ont été menées en amont avec tous les partenaires et deux intervenants, Lucas Dijoux et Emmanuelle Guichet, entrepreneurs sur les réseaux sociaux,  pour la mise en forme des ressources conçues pendant le projet, ils étaient également présents  sur le terrain afin de réaliser les vidéos, interviews, photos et illustrations qui vont être les ressources pérennes pour la diffusion de nos travaux.

Activités réalisées dans les établissements d’Occitanie

À Riscle, le groupe était aussi accompagné par Edia Ornella Sodokpa, première stagiaire dans un lycée agricole français dans le cadre du projet Biovalor, relevant du Partenariat avec l’Enseignement supérieur Africain (PEA). Les deux filières de bac pro du lycée, « gestion des milieux naturels et de la faune » et « vigne et vin »,  ainsi que les apprentis du CFPPA, ont été impliqués dans les activités. Pour la filière vigne et vin, il y a eu la visite du chai, des vignes, au lycée et dans l’entreprise Plaimont, partenaire du lycée, la participation aux vendanges et à la vinification. La filière nature a travaillé sur un site aménagé conduit en gestion durable et labellisé.

 

 

 

 

 

 

À Castelnau-le-Lez, la météo et l’indisponibilité de certains enseignants ont quelque peu perturbé le programme et certaines activités : la récolte de pommes au verger du Domaine de Restinclières et la fabrication de compote ont dû être annulées. Le temps ainsi libéré a été mis à profit pour finaliser les interviews d’apprenants et encadrants dans l’optique d’alimenter la chaîne Youtube et autres supports dédiés au projet FABéOc ainsi que l’illustration des ressources pédagogiques. Mais le groupe a pu bénéficié d’une visite des serres de La Frondaie (exploitation de l’établissement) avec une information sur la lutte biologique intégrée, et rencontrer le groupe des élèves écoresponsables avec lesquels les échanges ont été très intéressants. C’est parmi les élèves de ce groupe que seront sélectionnés ceux qui participeront à la future mobilité de Castelnau-le-Lez à Savalou. Des activités ont de plus été organisées dans le cadre de la semaine « Santé et Développement Durable » avec les classes de première Bac Pro, avec le jeu « Yemoja » sur la problématique des ressources en eau animé par l’association Lafi Bala, la projection débat du film « Toxique Afrique » sur la problématique des pesticides (Festival AlimenTerre) et une autre activité sur la gestion des sols animée par l’association APIEU (Atelier Permanent d’Initiation à l’Environnement Urbain). Une rencontre avec M. Jacques Plan de l’association CODEGAZ a permis de faire émerger des synergies entre le projet FABéOc et un projet de champ-école à Dassa-Zoumé qui permettrait de faciliter l’insertion des jeunes diplômés du LTA de Savalou. La délégation a aussi été reçue par le Maire de Castelnau-le-Lez, M. Frédéric Lafforgue, et son adjoint chargé du développement durable, M. Jean Koechlin. Enfin, la visite d’un jardin partagé sur la commune a permis aux apprenants et encadrants de la délégation d’échanger avec quelques utilisateurs sur les techniques agroécologiques mises en œuvre dans le jardin (association de cultures, plantation et/ou entretien de haies, compost …) ainsi que le lien social et la transmission entre utilisateurs expérimentés et novices.

Création de ressources et leur diffusion

Cette mobilité a été pour une grande part consacrée à la création de ressources pédagogiques et leur mise en forme pour une diffusion sur de multiples supports.

Nous avons constaté que les apprenants français et béninois sont facilement sur les réseaux sociaux (whatsapp, youtube, facebook), que les Béninois parlent parfois plus facilement leurs dialectes que le français, que les Français de nos lycées agricoles sont fréquemment porteurs de handicaps de type « dys » (lexie, praxie, etc). De plus, au Bénin le professeur Joseph Dossou de la Faculté des Sciences Agronomiques d’Abomey-Calavi nous avait présenté des documents illustrés pouvant aussi s’adresser aux professionnels du secteur non lecteurs. Alors, au regard de l’analyse que nous avons de nos apprenants et de nos cultures, il est apparu que nous allions créer différentes ressources accessibles sur divers supports. Et il a donc été décidé avec les partenaires béninois que plusieurs documents de travail seraient des illustrations. Par ailleurs, nous souhaitions tourner des vidéos des phases techniques et professionnelles, en français mais aussi  en dialectes fon et mari. Outre la chaîne YouTube dédiée au projet FABéOc, il a été proposé de créer un biosite qui permettra d’orienter les visiteurs vers les différents supports et leurs ressources (instagram, youtube, plateforme photo, etc). Des ouvrages de type bandes dessinées et manuels de travail illustrés seront également créés.

À l’issue de cet accueil de deux semaines, nous pouvons affirmer que la présence de nos partenaires béninois a animé les établissements et les territoires et permis à beaucoup de personnes de se rencontrer, que ce soit des adultes ou des jeunes. La venue de personnes issues d’un autre pays et porteuses d’une autre culture permet une internationalisation à domicile et favorise la curiosité et l’ouverture d’esprit. Enfin, les échanges techniques, scolaires et professionnels sont un réel déclencheur d’idées nouvelles et de méthodologies innovantes.

Article proposé par Sandrine GUICHET, enseignante au LPA de Riscle (sandrine.guichet@educagri.fr) et Serge MISERICORDIA, enseignant au LPA de Castelnau-le-Lez (serge.misericordia@educagri.fr), porteurs du projet FABéOc.

Contacts :
Jean-Roland ARBUS (jean-roland.arbus@educagri.fr) et Vanessa FORSANS (vanessa.forsans@educagri.fr), animateurs du réseau Afrique de l’Ouest,
Rachid BENLAFQUIH (rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr), chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER.

 




Aquaculture, de la Côte d’Ivoire au Morvan

La coopération entre l’EPL du Morvan et l’une des écoles de l’INFPA de Côte d’Ivoire prend forme à travers l’accueil de deux jeunes ivoiriens effectuant une mission de service civique liant aquaculture et interculturalité.

Tout a commencé lors du Salon international de l’agriculture de Paris : Madame Leblanc-Albarel, directrice de l’EPL du Morvan et Monsieur Baraton, directeur-adjoint, visitent le hall présentant les produits du monde, notamment de pays d’Afrique. Ils s’arrêtent sur le stand de la Côte d’Ivoire, en particulier sur l’espace de l’INFPA (Institut national de formation professionnelle agricole).
Mme Leblanc-Albarel précise : « Il a suffi d’une rencontre, un jeudi de février 2023, pour qu’Ézéchiel et Emmanuel nous rejoignent dans le Morvan. L’établissement agricole du Morvan forme les jeunes dans la filière aquacole. Depuis plusieurs années, le nombre de jeunes africains intéressés par l’aquaculture provenant de l’école de pêche de Dakar ou d’écoles du Togo, du Bénin ou du Cameroun augmente. L’équipe en place dans le BTSA aquaculture a déjà accueilli, avant la crise de Covid-19, des jeunes provenant d’Afrique de l’Ouest. Cela s’était bien passé, les jeunes étaient intéressés et les échanges culturels sont importants pour tous.
Dans le cadre de notre mission de coopération internationale, nous avons un partenariat avec le Québec et nous souhaitions pouvoir développer un partenariat avec un pays d’Afrique. C’est donc avec cet objectif que nous nous sommes rendus dans le hall des pays du monde au Salon international de l’agriculture. Nous y avons rencontré Marc-Olivier Togbe, directeur général de l’INFPA, ainsi que ses collaborateurs en charge des partenariats, Désiré Gnan et Lucien Camara. Lors de notre visite sur le stand, nous avons aussi rencontré les collègues Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne au MASA (BRECI), Vanessa Forsans, animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, et des collègues d’établissements de La Roche-sur-Yon et de Vire ayant déjà reçu des services civiques ivoiriens les années passées.
Tout naturellement, le réseau Afrique de l’Ouest nous a ensuite associés au déplacement en Côte d’Ivoire prévu lors du SARA. Ne pouvant me libérer durant cette période, c’est Madame Guenard, enseignante d’éducation socio-culturelle, très investie dans la filière aquacole, qui a accepté de représenter l’établissement (j’en profite pour la remercier) et de travailler à la faisabilité de l’accueil des deux jeunes. »

Lors de cette mission collective qui s’est déroulée début octobre 2023, la représentante de l’EPL du Morvan a procédé à la signature d’une charte de partenariat avec l’École de Spécialisation en Pisciculture et Pêche en Eaux Continentales de Tiébissou (l’une des 11 écoles de l’INFPA) et son directeur Zoué Lassina.

Nathalie Guenard témoigne : « Après avoir fait plus ample connaissance, visité le site et l’exploitation, la charte a été ratifiée : un moment fort qui présage de nombreux échanges et une ouverture sur l’Afrique pour les apprenants de la filière aquacole du lycée de Château-Chinon. Tout dans ce voyage était nouveau, difficile de choisir un événement plus marquant que les autres mais les moments de rencontres et d’échanges avec les populations locales restent des moments inoubliables pour moi.
De retour en France, nous avons préparé au mieux l’arrivée d’Ézéchiel Djo et d’Emmanuel Kouassi, deux jeunes services civiques ivoiriens (volontaires internationaux de réciprocité) venus découvrir notre pays mais aussi et surtout diversifier leurs connaissances en aquaculture. Depuis le 13 octobre 2023, ils partagent leur temps entre des cours d’aquaculture avec la classe de BTSA1 Aqua, des travaux pratiques sur la pisciculture et des animations dans l’établissement (aide aux devoirs, sorties organisées par l’association des élèves, soirée ivoirienne,…). L’adaptation se fait doucement, il faut s’habituer au climat, à la cuisine, aux horaires, etc. Le chef d’exploitation est toutefois très satisfait de leur travail et les trouve même plus motivés que certains de nos élèves !

Sportifs, Emmanuel et Ézéchiel sont licenciés de l’équipe de foot de la ville et participent aux matchs les dimanches. Tout au long de l’année, de nombreuses activités leur seront proposées, en lien avec les sorties pédagogiques des apprenants : découverte de l’ostréiculture au lycée de la mer et du littoral de Bourcefranc, visite du marché de Rungis, participation au regroupement des volontaires internationaux lors des rencontres des réseaux Afrique au lycée agricole d’Aix-Valabre, visite de la capitale à l’occasion du SIA 2024. 
Le but est également d’aider et d’accompagner au mieux ces deux jeunes gens à finaliser leurs projets d’avenir : création d’une entreprise d’aliments pour poissons pour l’un, reprise des études supérieures avec un BTS pour l’autre.

Cet échange permet à tous d’apprendre et de mûrir mais aussi de découvrir de nouvelles pratiques, de nouvelles cultures, incitant ainsi l’ensemble de l’établissement à davantage de curiosité et d’ouverture. »

Article proposé par Michèle Leblanc-Albarel, directrice de l’EPL du Morvan, et Nathalie Guenard, enseignante.

Contact : Vanessa Forsans et Jean-Roland Arbus, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr, jean-roland.arbus@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 




Deux Togolais en service civique à Saint-Gaudens

La coopération internationale se développe et se structure depuis un an et demi au sein de l’EPL de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) : stages d’apprenants et mobilités d’enseignants et personnels administratifs en Europe, accueils de partenaires européens, missions au Togo, au Botswana et en Afrique du Sud et, pour l’année scolaire 2023-2024, l’accueil de deux jeunes togolais pour une mission de service civique.

En tant que directeur de l’EPL de Saint-Gaudens, Vincent Labart a participé en avril 2023 à la mission au Togo proposée par le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole à l’occasion du Forum-Afrique-Monde de Lomé.
Il témoigne de cette expérience au Togo et sur les suites mises en place pour la vie de son établissement :

« Au cours de cette mission, nous avons rencontré différents partenaires, dont le responsable de France Volontaires au Togo, des représentants de l’ANVT (Agence nationale du volontariat au Togo) et de l’APCFAR (Association professionnelle des centres de formation agricole et rurale), ainsi que des jeunes souhaitant venir en France dans le cadre d’un service civique. Ces belles rencontres ont rejoint la volonté de l’établissement d’accueillir un jeune volontaire.

Le réseau Afrique de l’Ouest a accompagné cette demande. Ce soutien a été essentiel dans la mesure où le recrutement d’un service civique était une première pour notre Campus et que nous n’en maîtrisions pas les procédures. Notre désir était d’apporter une ouverture au monde à nos élèves à travers des actions d’animations culturelles (temps périscolaires, club UNESCO) mais aussi à travers des échanges techniques relatifs aux pratiques agroécologiques très bien développées au Togo, notamment dans le domaine du maraîchage.
Selon la procédure élaborée conjointement par le réseau Afrique de l’Ouest et les partenaires togolais, ces derniers ont effectué une présélection de qualité qui nous a décidé, après des entretiens en visioconférence, à accueillir, non pas un, mais deux jeunes togolais : Éric Lalaguewé Tchangani et Parfait Kébalo Takouda.

Ils sont arrivés le 7 novembre 2023, refroidis par les 25 degrés d’écart entre Lomé et Toulouse. Leur bonne humeur, leurs qualités relationnelles, leur envie d‘échanger ont conquis les élèves et les équipes. Cathy Garcia, leur tutrice, directrice-adjointe de l’établissement, organise en lien avec eux leurs emplois du temps.
Ils ont commencé par découvrir le pays de Comminges (région naturelle et historique des Pyrénées françaises), l’enseignement agricole, nos pratiques pédagogiques et nos élèves. Les enseignants et formateurs les ont associés aux cours, travaux pratiques et visites. Ils ont par exemple participé aux manipulations ovines et bovines, assisté aux concours de jugements d’animaux mais aussi collaboré au diagnostic de territoire dans le cadre du projet Pro de la classe de terminale SAPAT.

Très curieux, ils s’intéressent autant aux connaissances professionnelles qu’aux techniques d’animation pédagogique. Ils expriment leur envie d’apprendre et de transmettre. Les interventions de Parfait et d’Éric dans le temps périscolaire et dans les cours illustrent cette volonté de transmission. Ils l’ont encore démontré en présentant en décembre l’agriculture togolaise aux représentants de la Mongolie, de l’Italie, de la Grèce et de la Roumanie qui se sont déplacés pour le Comité de pilotage de notre projet Erasmus + coopération de partenariats entre institutions – KA2 s’inscrivant dans le cadre du plan de sauvegarde international de la transhumance en collaboration avec 5 pays.
Leur lettre de mission, dont l’intitulé est « Interculturalité, transhumance et transitions agroécologiques », prévoit une participation aux travaux d’expérimentation de l’exploitation. Les projets de la ferme leur ont été présentés et ils ont choisi leur terrain d’action. Ce seront notamment le suivi du projet « laine » (comparaison de différents paillages) et le suivi des couverts végétaux pâturables. Ils sont donc véritablement parties prenantes de la vie de l’établissement, d’autant plus qu’ils ont souhaité participer à la remise en fonctionnement d’un atelier maraîchage sous serre pour les élèves et les apprentis.

Notre campus accueille pour la première fois des services civiques, qui plus est d’origine étrangère. Si nous savons organiser la vie au sein de l’établissement, nous n’avions pas obligatoirement les réflexes pour assurer la vie quotidienne de Parfait et Éric hors de l’établissement. Nous avons certainement manqué d’anticipation dans cette organisation, mais la mobilisation de l’ensemble de la communauté éducative a permis de pallier ce manque.

Notre volonté était d’ouvrir notre campus, nos élèves et apprentis au monde, de mieux comprendre l’Autre, ses différences, ses particularismes et ses richesses. Parfait et Éric le soulignent particulièrement : il est très enrichissant de découvrir une autre culture, un autre mode de vie, même s’il peut être difficile d’en saisir toutes les nuances.

Cet enrichissement est valable également pour les apprenants et les adultes du campus. Deux mois après leur arrivée, nous pensons que cette ambition peut être atteinte grâce à la combinaison d’une volonté d’accueil du Campus, de l’accompagnement du MASA/DGER, de France Volontaires et bien évidemment de la personnalité de Parfait et Éric. »

Article proposé par Vincent Labart, directeur de l’EPL de Saint-Gaudens (jusqu’en décembre 2023), vincent.labart@educagri.fr

Contact :
Vanessa Forsans, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




3 jeunes Malgaches à FORMA’TERRA

Feno, Malya et Miran sont arrivés en août 2023 à La Réunion pour la rentrée scolaire, tous 3 sélectionnés pour suivre une formation de deux ans en BTSA GEMEAU et DARC à la Réunion au lycée agricole Emile Boyer de La Giroday de l’EPL FORMA’TERRA à Saint Paul.

L’arrivée de 3 jeunes malgaches en formation agricole sur l’île de la Réunion est associée à un projet initié en 2022. En effet, l’établissement d’enseignement agricole FORMATERRA de St Paul avait accueilli avec la collaboration de l’Ambassade de France à Madagascar et Campus France Madagascar, un premier groupe de 8 étudiants malgaches en agronomie pour un stage de 3 mois. Ce stage s’est décomposé en 3 périodes de 1 mois : une formation dans les classes BTSA du lycée et du Centre de Formation d’Apprentis, un stage pratique sur l’exploitation agricole de FORMATERRA et un stage dans une entreprise agricole partenaire.

Ce projet  mobilité entrante a été un véritable succès tant humainement que professionnellement. Il et a permis aux 8 jeunes issus de plusieurs écoles de formation agronomique de Madagascar de réaliser une expérience qualifiante et d’acquérir des compétences en agroécologie en milieu tropical.

Suite au succès de cette collaboration, FORMATERRA a donné son accord pour renouveler l’expérience pour l’accueil d’un deuxième groupe de jeunes en 2023 sur le même format.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là . En effet lors du bilan, la majorité des 8 jeunes ont exprimé leur souhait de pouvoir intégrer les sections BTSA du lycée.

Face à cette demande , FORMATERRA a décidé d’offrir à 3 étudiants malgaches la possibilité de suivre une formation diplômante de deux ans dans les filières BTSA du lycée Emile Boyer de La Giroday. Un appel à candidature a été lancé début 2023.

Feno, Malya et Miran – tsoa Hajaina ont été les 3 étudiants sélectionnés par FORMATERRA pour s’inscrire en BTSA GEMEAU et DARC dès la rentrée d’août 2023.

 Miran, inscrite BTSA GEMEAU

Avant l’arrivée à FORMATERRA, je suis Miran RAKOTOARIMANANA et j’ai un parcours d’ingénieur diplômée de l’école supérieur polytechnique D’Antananarivo.

Pourquoi le choix de compléter par une formation technique BTSA GEMEAU ?

Je suis particulièrement sensible aux besoins de mon pays et en spécifiquement à la difficulté des familles malgaches à avoir accès à l’eau potable. Mon pays se compose de près de 70% d’agriculteurs et pourtant on a du mal à produire assez de nourriture pour toute la population. Le manque d’eau ou sa mauvaise gestion est souvent le frein à la productivité de l’agriculture à Madagascar, aussi on recourt encore beaucoup aux importations. Ces situations m’ont conduit à m’interroger et m’ont poussé à m’impliquer professionnellement pour trouver des solutions durables. Suivre une formation technique spécialisée dans le domaine de l’eau m’a semblé une opportunité d’acquérir de nouvelles compétences en rapport avec mon projet professionnel. Aussi j’ai candidaté pour intégrer la formation BTS GEMEAU à La Réunion.

Feno, inscrit en BTSA DARC

Feno HASINA RAFALINDRANTO, avant l’arrivée à FORMATERRA, était étudiant diplômé de l’école de formation des techniciens agricole d’Ambatobe à Antananrivo.

Pourquoi le choix de compléter par une formation technique BTS DARC ?

J’ai toujours été passionné par l’agriculture et l’élevage. Je considère que, pour mon pays, l’agriculture c’est l’avenir. Elle joue un rôle important sur le développement durable du pays. Dans le sud malgache, en particulier, les problèmes de la production agricole sont importants et nécessite davantage de techniciens. Je pense que le BTSA DARC va m’apporter les compétences nécessaires pour contribuer à résoudre ces problèmes. Je souhaite après cette formation technique suivre une licence professionnelle en agronomie. Ces 2 parcours vont me permettre de me qualifier en agroécologie, puis je pourrais travailler comme technicien agricole à Madagascar et ensuite m’installer en tant qu’agriculteur.

Malya, inscrite en BTSA DARC

Avant l’arrivée à FORMATERRA, Malya STEPHANIE RANDRIANARIVELO était étudiante en deuxième année de licence en science agronomique dans le domaine de la production végétale à l’Ecole Professionnelle Supérieure Agricole (EPSA de Bevalala) à Antananarivo.

Pourquoi le choix de compléter par une formation technique BTSA DARC ?

Je viens d’une famille d’agriculteur et j’ai toujours été attiré par la nature et l’Environnement, c’est pour cela que je me suis inscrite dans une école professionnelle en Agriculture à Antananarivo pour acquérir des expériences et compétences afin de les pratiquer et de les partager une fois chez moi. Mon but était d’approfondir mes connaissances dans le domaine de l’Agriculture durable surtout tout ce qui concerne la production végétale et la transformation agroalimentaire. Mon but est de devenir technicienne agricole.  Mon objectif est d’obtenir le BTSA DARC est de pouvoir acquérir les compétences nécessaires à mon projet.

En plus des expériences professionnelles que ces étudiants vont acquérir en stage dans les entreprises de La Réunion, nos deux jeunes malgaches en BTSA DARC se sont inscrits dans une démarche de mobilité professionnelle de stages en agroécologie en Europe via le dispositif Erasmus+. Ils bénéficieront aussi au cours de leurs deux années en BTS, du programme de stage collectif du BTSA DARC de FORMATERRA, soit une étude de système agraire et de développement local à Madagascar ou aux Seychelles ainsi que l’animation d’une formation à l’agroécologie autour de la création d’un jardin potager dans une école de Rodrigues.

Crédit photographique – tête d’article : Bandeau illustrant les formations de l’EPL FORMATERRA

Contact : Didier Ramay, animateur réseau géographique Afrique Australe Océan Indien, didier.ramay@educagri.fr