Une délégation du Togo au SPACE

La France recevait mi-septembre une délégation du ministère togolais de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement rural (MAEDR). Cette délégation a débuté sa visite par trois jours en Bretagne dans le cadre du salon SPACE, autour d’un programme concerté notamment avec les équipes du ministère de l’agriculture et de l’alimentation française (BRECI), la Direction Régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt et des établissements d’enseignement agricole, puis s’est rendue en région parisienne.

La délégation togolaise était conduite par le ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement rural, Antoine Gbegbeni. Elle était composée de directeurs centraux du ministère et de responsables de structures techniques chargées de la promotion des agropoles, de la structuration des filières, de la formation et du financement agricoles, de l’élevage et des intrants agricoles. Elle était appuyée par la Conseillère du Président de la République, Karine de La Guéronnière, accompagnée par Jérôme Frouté, conseiller économique pour la zone Togo-Bénin auprès de l’ambassade de France. La mission était bâtie autour de la feuille de route agricole du Togo et des priorités que le pays s’est fixé en termes de productions végétales et animales. Il s’agit pour ce pays d’Afrique subsaharienne, ancré dans plusieurs espaces économiques significatifs, d’intensifier les productions végétales et animales pour assurer sa souveraineté alimentaire, mais aussi de faciliter l’accès des agriculteurs aux financements et à la terre notamment par le biais d’une réforme foncière et de développer le secteur de la transformation des produits pour créer de la valeur et des emplois pour les jeunes, à travers par exemple la création d’agropoles.

Un autre enjeu d’importance est celui de la formation agricole et rurale, comme a pu l’appréhender la mission, menée au Togo en avril 2023, par le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole, associant des représentants d’établissements agricoles français publics et privés. L’enseignement agricole au Togo est sous tutelle de trois ministères (dont le MAEDR), comporte l’Association Professionnelle des Centres de Formation Agricole et Rurale (APCFAR) regroupant 67 établissements, auquel s’ajoutent des Instituts de Formation en Alternance pour le Développement (IFAD) spécialisés en aquaculture et en élevage, sous tutelle de la Présidence via l’Agence Éducation Développement (AED).

Visites en Bretagne

Le séjour a commencé en Bretagne par la visite de deux établissements d’enseignement agricole, le Lycée agricole Les Vergers de Dol-de-Bretagne du réseau CNEAP et l’EPL de Saint-Aubin du Cormier.

Ces visites ont permis des échanges fructueux sur les missions de production–formation-expérimentation des lycées agricoles qui leur permettent de mener des projets au cœur et au service des territoires, permettant de faire un parallèle avec le réseau des IFAD, avec lesquels des établissements du CNEAP ont déjà entamé une coopération.

En présence d’Éric Plaze, chargé de coopération internationale à la DRAAF/SRFD Bretagne, il a aussi été question d’échanges d’étudiants français et togolais, de l’accueil de jeunes en mission de service civique et du possible renforcement des coopérations en termes d’ingénierie pédagogique et d’accompagnement pour l’ouverture des prochains IFAD.

La délégation a également souhaité visiter plusieurs sites bretons de transformation. Il y a été question de l’importance de la structuration des filières végétales, du dimensionnement des usines et des outils de transformation, permettant d’augmenter la compétitivité des productions de lait et de viande. Ont ainsi été rencontrés les groupes CCPA, AVRIL, MIXSCIENCE, ainsi que le laboratoire ARTEMIS à Janzé et Bruz en Ille-et-Vilaine.

Les membres de la délégation ont ensuite participé au SPACE, le plus grand salon international de l’élevage en Europe, où ils ont passé deux jours intenses à la rencontre d’entreprises françaises intéressées par un investissement au Togo et prêtes à accompagner les professionnels togolais dans le développement de leurs filières animales et végétales. Ils sont également passés sur les stands des différentes familles de l’enseignement agricole français et ont échangé avec des chefs d’établissements mais aussi avec des élèves en partance pour le Togo. En effet, des élèves de plusieurs établissements bretons, en particulier du CNEAP, réalisent chaque année des stages au sein de structures togolaises en agroforesterie, agroécologie, autour de la petite enfance,… parmi eux six élèves du Lycée ISSAT de Redon s’apprêtant à partir 15 jours à la découverte de la culture togolaise, en lien avec le projet du centre de ressources EKOFODA en formations agroécologiques.

Enfin, Madadozi Téziké, Secrétaire général du ministère, s’est entretenu avec Yves Auffret, Directeur adjoint du cabinet du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, et Anne Louyot, Conseillère diplomatique du Préfet de la Région Bretagne. Il a présenté les actions engagées dans le cadre de la feuille de route gouvernementale « Togo 2025 » et appelé à un renforcement de la coopération agricole entre la France et le Togo.

Rencontres institutionnelles à Paris

Après ce passage en Bretagne, la délégation s’est rendue à Rungis autour de diverses rencontres de professionnels du secteur de l’agro-alimentaire et le jeudi 14 septembre, le ministre togolais du MAEDR a tenu une conférence à laquelle ont assisté les représentants d’une quarantaine d’entreprises françaises prêtes à investir dans les secteurs clés. Il a rencontré à cette occasion la Secrétaire d’État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou. La présence du secteur privé français était importante, signe d’un intérêt renforcé pour le Togo. De même, les représentants togolais ont montré leur volonté de faire de la France leur partenaire de référence dans la mise en œuvre de la feuille de route agricole et agroalimentaire du Togo. En clôture, le ministre Gbegbeni a invité les entreprises françaises aux prochaines « Rencontres Agro Togo-France » qui se tiendront à Lomé à la fin de l’année.

La venue de cette délégation ministérielle togolaise a été perçue de part et d’autre comme une réussite et le signe d’une relation agricole franco-togolaise renouvelée. Elle confirme aussi les diverses perspectives de coopération dans le secteur de l’enseignement agricole. Et si le ministère togolais a déploré les difficultés pour les jeunes du Togo d’obtenir un visa étudiant pour se former dans les centres français d’apprentissage agricole, il n’en demeure pas moins que l’accueil de jeunes volontaires togolais en mission de service civique est ouvert et facilité.

En effet, la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche, via le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole a convenu avec France Volontaires à Lomé et l’Agence nationale du volontariat au Togo (ANVT) d’une procédure pour sélectionner des jeunes des établissements de l’APCFAR (dont des IFAD) en réponse à des propositions de missions de service civique émanant de lycées agricoles français.

Ainsi, deux jeunes togolais sont accueillis l’année scolaire 2023-2024 par l’EPL de Saint-Gaudens pour une mission de service civique intitulée « Interculturalité, transhumance et transitions agroécologiques », leur permettant donc à la fois un échange interculturel et un renforcement de leurs capacités professionnelles agricoles.

Contacts : Stéphanie Dumortier, chargée de coopération internationale au CNEAP, stephanie.dumortier@cneap.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, Vanessa Forsans et Jean-Roland Arbus, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr, jean-roland.arbus@educagri.fr




Africulture : du Bénin à Aix-Valabre

Le lycée agricole d’Aix-Valabre accueille en 2023 un jeune béninois en service civique pour une mission d’animation en agroécologie, faisant suite à une mission collective au Bénin en 2021 et organise une semaine africulturelle en présence d’un artiste béninois en résidence et en tournée dans les lycées agricoles.

Depuis plusieurs années le Campus Nature Provence et plus particulièrement le Centre de Ressources proposent différentes activités d’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI) à la communauté éducative, en participant par exemple au Festival Alimenterre avec ses rencontres-débats et ses projections de films très prisées. Elles se prolongent désormais avec des séances de la Seconde au BTSA co-animées avec des jeunes béninois en Volontariat international de réciprocité. Des activités pédagogiques de recherches d’information avec comme fil conducteur « S’informer pour s’engager » ont permis d’élaborer des panneaux d’expositions sur et avec les partenaires Oiseaux et Horizon, CCFD, Arc Bénin (association de soutien à des micro-projets de femmes) pour développer la connaissance mutuelle et interculturelle. Timothé Tode, en tant que Volontaire international, a conçu une exposition sur l’agriculture béninoise qui donne lieu à des échanges en classe sur la situation agro-environnementale et l’économie agricole du Bénin, la découverte et l’étude en distanciel des pratiques agroécologiques de la Ferme-école SAIN.

De la classe de Seconde générale et technologique avec le module EATDD et une séquence « Du local à l’international », en passant par les classes de STAV, BTSA GPN (Gestion et protection de la nature) et APV (Agronomie productions végétales) mais aussi les adultes de l’option maraîchage du BPREA (Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole), plusieurs groupes ont travaillé avec curiosité et enthousiasme sur les enjeux du changement climatique, les milieux écologiques et vivriers du Bénin.
Du 20 au 24 mars 2023, des jeunes et personnels ont pu aussi assister au Festival Valabre Grand Mix, semaine des cultures du monde et du mieux vivre ensemble, qui a accueilli exceptionnellement cette année Adébayo Hounsou. Cet artiste béninois s’est associé au collectif artistique pluridisciplinaire inclusif NewArt’Aix avec lequel il a contribué à la création d’un spectacle cabaret slam poétique associant des marionnettes et même un clown dans l’espace de la restauration, créant la surprise et l’enthousiasme des convives. Il a passé quelques jours au LEGTA d’Aix-Valabre mais aussi au LEGTA de Digne-Carmejane lors de sa tournée de lycées agricoles, qui a commencé par un premier spectacle à l’EPL de Vire à l’occasion des rencontres des réseaux Afrique, et s’est poursuivie par un « Breizh Bénin Tour » passant par les EPL de Pontivy, de Saint-Aubin-du-Cormier et le lycée CNEAP de Saint-Ilan, avant de terminer au LEGTA Le Chesnoy. Cette tournée a fait suite à sa résidence artistique à l’EPL du Bourbonnais dans le cadre du projet porté par le réseau Afrique de l’Ouest/BRECI « Slam Nature : forêts sacrées d’Afrique et d’Auvergne – Sensibiliser à l’agroécologie par l’interculturalité ».

Lire aussi Slam Nature : terres sacrées d’Afrique et d’Auvergne

Les deux établissements Aix-Valabre et Digne-Carmajane se sont aussi associés au cours d’une soirée pour organiser un

repas partagé, confectionné ensemble dans la cuisine pédagogique à Aix-Valabre et mettant en avant des produits typiques du Bénin et de Madagascar par des étudiants et des élèves de l’ASCLAV (association des élèves) pour clôturer ces rencontres riches en échanges.

La présentation du Bénin, de sa culture, sa structure sociale traditionnelle et l’art du conte a aussi eu lieu avec les apprenants de la Seconde professionnelle SAPAT (Services aux personnes et aux territoires). Ils ont pu poser des questions de manière très libre et enthousiaste à Adébayo Hounsou. Cela a permis aux apprenants dans différents contextes d’avoir un autre regard sur le Bénin et a suscité leur envie d’aller découvrir l’Afrique de l’Ouest.

   

Un des objectifs de l’ECSI version Africulture – Valabre est de communiquer autrement auprès des élèves, des étudiants et des adultes à travers des médiations interculturelles et artistiques qui associent Vie scolaire, CPE, personnels de la restauration, enseignants et formateurs pour continuer à faire vivre les collaborations avec les différents partenaires franco-béninois.

Et l’aventure Africulture continue au lycée agricole d’Aix-Valabre en accueillant cette année scolaire 2023-2024 non pas un, mais deux jeunes en service civique, l’un du Bénin également issu de l’Université Nationale d’Agriculture, l’autre du Sénégal de l’USSEIN, université avec laquelle l’établissement a aussi noué un partenariat !

Enfin, le LEGTA d’Aix-Valabre accueillera du 24 au 26 janvier 2024 le regroupement des volontaires internationaux animé par le RED avec l’appui de l’Institut Agro de Montpellier-Florac et les personnels venus de toutes régions pour participer aux rencontres/formation des réseaux Afrique.

Retrouvez les 5 étapes de l’aventure de Timothé Tode sur Moveagri

Article proposé par Marie-Laure Para, enseignante documentaliste, référente coopération internationale au Campus Nature Provence (LEGTA d’Aix-Valabre)
marie-laure.para@educagri.fr

Contact : Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Le Bénin choisit l’expertise française

L’expertise de l’enseignement agricole français accompagne le passage de 10 à 30 lycées techniques agricoles au Bénin : des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail ont eu lieu à Cotonou entre le 17 et le 27 septembre 2023.

Le Bénin, via son Agence de Développement de l’Enseignement Technique (ADET) a entrepris une grande réforme institutionnelle de l’enseignement technique et professionnel, en particulier agricole, passant de 10 à 30 lycées techniques agricoles (LTA).
Sollicité par l’ADET dès 2021, l’enseignement agricole français (via la DGER/BRECI et ses réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI) a élaboré avec France Éducation International (FEI) une offre technique pour accompagner cette réforme. Les enjeux sont d’importance : il s’agit d’élaborer des programmes de formation, produire des ressources pédagogiques, identifier les équipements nécessaires aux formations, préparer l’implantation des filières ; soutenir, par la formation et l’insertion les jeunes dans la vie active, les politiques territoriales de développement économique et social ; mettre en place une professionnalisation des métiers de la formation ; favoriser l’implication active dans le territoire, des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, et structurer une dynamique tournée vers l’innovation et l’expérimentation. 11 filières et 15 diplômes (Diplôme Technicien Métier et Diplôme Technicien Supérieur Métier, DTM et DTSM) sont concernés.
Cet appui est mis en œuvre dans le cadre d’une contribution plus globale en « équipe France » à la réforme de l’appareil de formation professionnelle du Bénin,  s’inscrivant dans le programme de coopération en matière de formation professionnelle entre la République du Bénin et la France signé à la suite du déplacement au Bénin du Président de la République française en juillet 2022. Avec un financement de la Banque mondiale d’un montant de 1,22 M€, ce projet a en ligne de mire l’accueil de 48 000 apprenants afin de les former très concrètement aux métiers de l’agriculture.

Ainsi, une première mission dans le cadre de ce projet a mené au Bénin entre le 17 et le 27 septembre 2023 un groupe d’experts de l’enseignement agricole français, accompagnés par le réseau CEFAGRI et France Education International. Une réunion de cadrage entre l’ADET, FEI et la DGER (BRECI) a permis le lancement officiel du projet. Puis les experts en aquaculture, en élevages de ruminants, de porcins, en productions horticoles, fruitières et forestières, en agroéquipements… ont animé des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail (AST) avec des professionnels béninois, tant de la production que de la formation agricoles (enseignants et directeurs de LTA, inspecteurs). À leurs côtés étaient présents des experts marocains recrutés par FEI ainsi que des spécialistes du coton et du palmier à huile ayant rejoint l’équipe d’experts par le truchement du réseau CEFAGRI.

Les experts de l’enseignement agricole français témoignent de cette expérience de co-construction d’analyses de situations de travail avec des collègues et partenaires béninois avec lesquels la coopération n’est pas nouvelle :

Jean-Roland Arbus, enseignant d’agronomie au LEGTA de Figeac et co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest :
Suite à deux missions au Bénin, en 2019 et 2021, en tant que co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest, j’ai trouvé logique de contribuer à la co-écriture des référentiels avec les Béninois. Être à l’écoute de leurs attentes pour les intégrer dans les référentiels, travailler en équipe d’experts sont des éléments de réussite. Enfin soulignons l’importance d’intégrer l’agroécologie, la durabilité et la gestion économique dans ces référentiels pour les futurs entrepreneurs béninois.

 

Patrick Desnos, enseignant d’agronomie au lycée horticole privé de Saint-Ilan (Côtes-d’Armor) :
La rencontre avec les professionnels, les enseignants et les inspecteurs béninois nous a permis de mieux appréhender les attentes de nos partenaires et de confronter nos visions « Nord-Sud » des métiers des différentes filières agricoles étudiées. Cette co-construction de l’analyse des situations de travail dans le domaine du maraîchage, de l’horticulture ornementale, de l’arboriculture fruitière et forestière m’a permis de mieux cerner ces différents métiers au Bénin. Les diplômes visés de technicien métier et de technicien supérieur métier ont pour but, entre autres, de favoriser la création d’entreprise permettant à des jeunes béninois de participer à la souveraineté alimentaire de leur pays et d’améliorer la chaîne de valeurs. Les échanges avec l’ensemble des participants ont été riches et constructifs : une co-construction à poursuivre pour écrire le référentiel de compétences dans le cadre de cette rénovation ambitieuse.

Catherine Lejolivet, enseignante d’aquaculture au LEGTA de La Canourgue (EPL de la Lozère) :
Bénin comme Bienveillance : c’est le sentiment fort ressenti pendant cette semaine de travaux collaboratifs avec les partenaires des filières professionnelles agricoles, l’inspection et les enseignants des lycées techniques. Ce fut une première en Afrique de l’Ouest, me concernant. La mission de co-construction de programmes de formation aquacole est d’importance pour ce pays désireux de former des techniciens et des techniciens supérieurs leur permettant de s’installer, de piloter ainsi leurs entreprises avec un maximum de clés et de contribuer à l’approvisionnement des marchés demandeurs de produits aquatiques d’eau douce ou saumâtre. D’où le challenge pour moi : comprendre le contexte aquacole, les attentes des partenaires afin de répondre au mieux dans un esprit clairement de convivialité partagée. Les échanges ont été riches, vivants et constructifs, hâte de poursuivre l’aventure franco-béninoise !

 

Arnaud Lefèvre, directeur de l’exploitation ostréicole de l’EPL de Bourcefranc :
Suite à des échanges réguliers avec différents partenaires béninois depuis plus de vingt ans, il m’a semblé intéressant de participer à l’évolution des curricula des formations techniques en aquaculture. Au sein de ce secteur très dynamique en Afrique de l’Ouest depuis quelques années, le Bénin réussit à tirer son épingle du jeu, grâce en particulier à la mise en place de l’organisation de la filière. Les échanges avec les professionnels, mais également avec les enseignants et les représentants de l’administration, permettent de contextualiser et de partager les différentes opinions sur ce secteur de production. L’enjeu premier est de proposer des programmes basés sur les pratiques, de façon à ce que les apprenants soient opérationnels dès la sortie des études. Au-delà, la demande inclut de considérer dans ces formations les évolutions et les innovations envisageables de la filière aquacole au Bénin.

Jean-Louis Devoyon, enseignant d’agroéquipement au LPA de Saint-Yrieix-la-Perche :

Sollicité par le BRECI/DGER et avec l’aide de Guillaume Gillet de l’ENSFEA, le lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche est un établissement reconnu dans le domaine des agroéquipements avec une dimension internationale puisqu’il coopère avec des pays d’Afrique et en particulier le Bénin. C’est à ce titre que j’ai été mobilisé sur ce projet pour la co-construction selon l’approche par compétences (APC) des référentiels de formation en machinisme (DTM/DTSM). J’ai ainsi pu valoriser et partager mon expérience en mécanisation agricole afin de proposer des formations qui répondent aux mieux à la demande professionnelle actuelle et à venir pour une insertion réussie des futurs apprenants. En tant qu’expert, j’ai pu prendre la mesure des forts enjeux de ce projet ambitieux par rapport aux grandes potentialités de ce pays en développement et ce fut un honneur pour moi de pouvoir modestement y contribuer. De cette première expérience, je retiendrai la difficulté de proposer une offre de formation cohérente non seulement au regard de la structuration des branches sectorielles actuelles mais aussi tenant compte du secteur informel, non-formel le plus représentatif. Il est apparu ainsi important d’ouvrir cette formation à des métiers pas seulement tournés vers la maintenance agricole mais aussi vers l’utilisation, la conduite, le réglage des machines voire dans certains cas l’adaptation-conception simples d’outils. C’est précisément ce lien agronomique avec le vivant qui permettra à court terme un renforcement capacitaire de l’arrière paysage rural et de son développement économique par un ancrage de jeunes dans leur territoire. Dans cette perspective, la réduction de la pénibilité des travaux agricoles grâce au développement d’une mécanisation raisonnée doit en principe permettre une meilleure productivité des sols et attractivité du métier chez les jeunes agriculteurs, leur offrant ainsi des conditions de vie meilleures et  participant alors dans une certaine mesure à la déconstruction des imaginaires migratoires.

Xavier Baudouin, directeur de l’exploitation agricole de l’EPL de Vire :
Les missions d’expertise constituent un levier essentiel de la coopération internationale, ainsi qu’un outil de dialogue et de valorisation des savoirs faire. Notre mission sur le sol béninois fut une expérience véritablement enrichissante. La rencontre avec les acteurs locaux, qu’ils soient professionnels du secteur, enseignants ou inspecteurs, a grandement contribué à notre compréhension des attentes de nos homologues béninois.
De plus, elle a permis de confronter nos perspectives distinctes sur les métiers agricoles, en intégrant les visions tant « Nord » que « Sud ». Cette convergence d’idées s’est avérée être le socle essentiel à la poursuite de notre collaboration dans le cadre de la révision ambitieuse du référentiel de compétences. De nos discussions, est née une belle opportunité : celle de co-créer, co-construire, d’unir nos forces pour tracer le chemin d’une rénovation ambitieuse.
Ce premier pas ne représente qu’une étape préliminaire. Il incarne une promesse de synergies futures, où nos compétences et notre engagement mutuel se fondent dans la rédaction d’un référentiel. Notre récit, forgé par notre passion pour l’agriculture et notre désir de contribuer au progrès, se prolongera, établissant un lien solide et durable entre deux nations unies par leur quête d’excellence dans le domaine agricole.

À l’issue de cette première mission, toutes les analyses de situation de travail co-construites au cours des ateliers puis rédigées par les experts français et marocains sont relues par une DRIF (déléguée régionale à l’ingénierie de formation) de l’enseignement agricole afin d’en proposer à l’ADET une version finale tout à fait complète et harmonisée.

L’ensemble des experts français et marocains ainsi que leurs homologues béninois se retrouveront au Bénin en décembre 2023 pour la prochaine étape : l’élaboration conjointe des référentiels de compétences. Viendront ensuite, avant la fin de cette année scolaire, les missions de co-construction des référentiels de formation et d’évaluation. Ces missions seront bien évidemment accompagnées par les coordonnateurs du projet,  béninois (l’ADET) et français (le MENJS via FEI et le MASA via la DGER/BRECI et son réseau CEFAGRI) qui veilleront à assurer la bonne conduite de cette importante coopération multi-acteurs.

Contacts : Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest
vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 




Programme « Agri-Tech & Food Business Training » – Nigeria

Le CFAA de La Bretonnière en Seine-et-Marne et le CFPPA Nature du lycée agricole de La Roche-sur-Yon préparent une formation à destination de 20 agro-entrepreneurs nigérians pour février 2024.

Les 24 et 27 juillet 2023, le CFAA de La Bretonnière et le CFPPA Nature de La Roche-sur-Yon ont accueilli Olawale Rotimi Opeyemi, fondateur et PDG de JR FARMS AFRICA (entreprise agroalimentaire implantée au Nigeria, au Rwanda et en Zambie) et Olayemi Olonilua, PDG de Jokun Farms (implanté au Nigeria et en Zambie). Les deux agro-entrepreneurs nigérians étaient accompagnés de Rachid Benlafquih, chargé des programmes Afrique Subsaharienne et Océan Indien à la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA).

Il s’agit là de la première étape d’un partenariat en cours de construction, suite à la demande du secteur privé nigérian de bénéficier en France de formations ad hoc destinées aux agro-entrepreneurs africains. Cette demande avait été relayée par la conseillère aux affaires agricoles de l’ambassade de France au Nigeria, Sonia Darracq, qui a sollicité le BRECI (Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale) et son réseau CEFAGRI (Conseil Expertise Formation Agricole à l’International). Un appel à manifestation d’intérêt a alors été lancé à l’ensemble des CFPPA, et parmi les cinq qui se sont proposés, deux établissements ont finalement été retenus.

Avec l’appui du BRECI, le CFAA de La Bretonnière et le CFPPA Nature de la Roche-sur-Yon se sont ainsi mobilisés pour construire un programme de formation complet visant à montrer la diversité et la complémentarité des secteurs et des métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire français dans une perspective intégrée, de la fourche à la fourchette… en anglais !

La première édition se déclinera sur six semaines du 23 février au 16 mars 2024 sur le site de La Bretonnière, puis du 16 mars au 7 avril 2024 sur celui de La Roche-sur-Yon. Elle permettra d’accueillir vingt agro-entrepreneurs africains, principalement nigérians, qui pourront découvrir les multiples facettes de l’agriculture française, son organisation et ses innovations et envisager des partenariats dans plusieurs filières de productions agricoles (volaille, porc, vigne, maraîchage, grandes cultures, bovins, produits de la mer…). Ce sera également l’occasion pour les participants de partager expérience et savoir-faire avec les acteurs de l’agriculture de territoires français, et d’identifier des opportunités de collaboration.

Ce programme témoigne de l’intérêt croissant des agro-entrepreneurs privés nigérians pour l’agriculture et l’agro-industrie françaises.

Visite et signature de la convention de coopération à La Bretonnière

Pour soutenir cette démarche internationale, de nombreux partenaires étaient présents le lundi 24 juillet 2023 pour la signature par O. Rotimi et Fred Numa, directeur du CFAAH de Seine-et-Marne, de la convention de coopération entre JR Farms Africa et le CFAAH de La Bretonnière : Guy Dhorbait, maire de la commune de Boissy-le-Châtel, Antoine Heusèle, président du Conseil d’Administration de l’EPLEFPA de La Bretonnière, Daniel Kiszel, chef d’entreprise Vigne Envie, monsieur et madame Aubry, exploitants EARL du Logis.

À la suite de la signature, plusieurs visites ont permis de donner un avant-goût du séjour et des formations à venir : les installations de l’établissement, son exploitation et son magasin de vente directe ont été parcourus en compagnie de Jean-Claude Wagny, directeur de l’exploitation du lycée agricole de La Bretonnière. Les partenaires nigérians ont ensuite été accueillis à la Ferme du Logis par M. et Mme Aubry.

À lire aussi : article dans la Presse locale, Le Petit Briard du 11 août 2023

Visites et signature de la convention de coopération au Lycée Nature

Le jeudi 27 juillet 2023, la même délégation a été accueillie au lycée Nature de La Roche-sur-Yon, où Régine Chiron, directrice du CFPPA Nature, a signé la convention de coopération avec M. O. Rotimi. Là également, un programme très complet de visites et rencontres avait été préparé, qui a permis à la délégation nigériane de parcourir les quatre pôles de l’exploitation agricole du lycée (volaille, mouton, porc, maraîchage) et son magasin, guidée par Franck Dovonou, jeune ivoirien en service civique, et Nadine Zorzi, secrétaire générale du lycée, très investie dans la coopération internationale de l’établissement, au même titre que Patricia Darjo, la directrice de l’EPLEFPA.

Les visiteurs ont ainsi pu apprécier les modalités d’accueil des futurs participants, les détails du programme de formation et visiter quelques sites qui ont été proposés lors de la formation.  Soit l’atelier de l’eau à La Roche-sur-Yon où Maud Rivard, exploitante agricole, a présenté sa production de spiruline, le village de la Vergne à La Roche-sur-Yon, tiers-lieu collaboratif présenté par Christophe Touchancheau, exploitant agricole en maraîchage biologique et la plateforme de compostage de Dompierre-sur-Yon gérée par Trivalis, où François Gilet (maire de Dompierre-sur-Yon), Éric Bourdet (référent de site et président de l’association), Manon Moreau et Kevin Viguier (chargés de mission biodéchets à Trivalis) ont présenté avec passion le site de compostage et ses enjeux écologiques.

Tous les futurs partenaires n’ont pas pu être rencontrés mais les chefs d’entreprise nigérians ont été impressionnés par la qualité des prestations proposées ainsi que par l’engagement des officiels et des partenaires français des deux établissements.

Rendez-vous donc le 23 février 2024 avec le premier groupe de 20 agro-entrepreneurs nigérians pour débuter la formation au salon international de l’agriculture (SIA) et au MASA à Paris !

 

Pour découvrir les formations des centres : CFAA de La Bretonnière et  CFPPA Nature

Pour connaître les entreprises : JR FARMS AFRICA, entreprise agroalimentaire implantée au Nigeria, au Rwanda et en Zambie et Jokun Farms, implanté au Nigeria et en Zambie.

 

Contacts : Rachid Benlafquih, chargé de mission Afrique subsaharienne / ECSI / expertise à l’international au BRECI/DGER
rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, Sonia Darracq, conseillère aux affaires agricoles à l’ambassade de France au Nigeria
sonia.darracq@dgtresor.gouv.fr