Gastronomie nippone à l’honneur

Les rencontres nationales des établissements du réseau Japon ont vécu 3 journées intenses sur le thème de la fermentation dans l’alimentation en Auvergne-Rhône-Alpes. Début février 2025, le lycée Eugénie Joubert a accueilli 9 lycées français et 1 lycée japonais pendant 3 jours.

Le réseau Japon de l’enseignement agricole partage les points forts de l’évènement organisé sous le signe de l’initiation gastronomique avec l’accueil d’un établissement partenaire japonais, à découvrir sous la forme d’un journal de bord.

Jour 1 – mercredi 5 février

C’était la première fois que les 3 élèves et leurs deux professeurs découvraient la France. Leur séjour a commencé par une étape au lycée agricole de Pressin à Saint Genis Laval dans la Métropole Lyonnaise. L’accueil réservé aux Japonais par le Président du conseil d’administration, le délégué de la tutelle Don Bosco, le directeur Igor Navarro, les équipes et les élèves a été très chaleureux.

Claude Vigneron, enseignant au lycée de Pressin et principal acteur de cette coopération était bien sûr présent. En effet, les deux établissements ont développé des échanges autour de l’arboriculture. Le lycée de Minabe est une grande référence au Japon pour la production de prunes Umeboshi, fleuron de la gastronomie japonaise. Ces prunes sont cultivées avec soin sous la bienveillance du responsable d’exploitation Monsieur Taniguchi.

De son côté le lycée de Pressin a planté des poiriers de la variété Le Lectier, variété d’origine française mais tombée dans l’oubli chez nous alors qu’elle est considérée comme un produit de luxe au Japon. La délégation était accompagnée par Monsieur Tsuzuki et Madame Nishikawa du consulat du Japon à Lyon. Monsieur Kato, premier secrétaire aux affaires agricoles de l’ambassade du Japon était lui aussi présent.

L’équipe de l’établissement a fait découvrir de nombreuses facettes de la gastronomie lyonnaise que les Japonais ont fortement appréciée. L’après-midi a été consacrée à une visite de l’établissement par Igor Navarro qui a présenté les poiriers plantés par le lycée. Ce partenariat s’inscrit sur le long terme, au sens propre, en effet, nous pourrons voir le fruit de cette coopération dans 5 à 7 ans.

Après la visite, la délégation japonaise s’est rendue à Yssingeaux, les jeudi 6 et vendredi 7 février, où se tenaient les rencontres nationales des lycées agricoles impliqués dans la coopération avec le Japon.

Jour 2 – jeudi 6 février

3 lycées publics agricoles et 6 lycées du réseau CNEAP-conseil national de l’enseignement agricole privé se sont rassemblés à Yssingeaux. La plupart étaient hébergés à l’internat de l’ensemble scolaire catholique d’Yssingeaux mais le lycée Georges Sand a mis également des chambres à disposition des établissements et il a été nécessaire d’avoir recours à des gites à proximité afin de pouvoir héberger tous les participants.

Les lycées venaient de 5 régions différentes. Sans surprise, la région Auvergne Rhône Alpes était la mieux représentée puisqu’elle accueillait l’évènement et présente avec 4 lycées. Le lycée Eugénie Joubert d’Yssingeaux hôte de la manifestation, le lycée La Pélissière à Tournon sur Rhône, le lycée de Pressin à Saint Genis Laval et le lycée agricole d’Aurillac. La seconde région représentée avec deux établissements était Nouvelle Aquitaine avec le lycée Kyoto, qui contrairement à ce que son nom indique, se situe à Poitiers et le lycée Errecart de Saint Palais au Pays Basque. Il y avait également le lycée de Wintzenheim-Rouffach qui est venu d’Alsace, l’Institut d’Anchin, venu du Nord et le lycée de Dol de Bretagne situé à proximité de Saint Malo. Avec le lycée de Minabe de la province de Wakayama au Japon, ce sont 10 lycées agricoles qui étaient regroupés à Yssingeaux.

Jeudi matin, les établissements ont échangé sur les projets qu’ils menaient autour du Japon. Les élèves ont préparé le repas dans la cuisine pédagogique du lycée Eugénie Joubert. Tandis que les Français ont préparé un plat typique de la cuisine régionale d’Auvergne, les Japonais ont concocté un poulet aromatisé à la prune de Minabe. Le déjeuner a été l’occasion de nombreux échanges autour de la gastronomie, de l’agriculture et un moment opportun pour des échanges de cadeaux entre Français et Japonais.

L’après-midi, le thème était la mobilité avec entre autres le témoignage de Rémy, Francine et Lili, trois élèves de Bac Pro Services Aux Personnes qui sont partis en stage dans une école maternelle à Tokyo pendant 3 semaines, en novembre 2023. La professeure qui les a accompagnés Mme Padel a présenté un guide à destination du stagiaire français au Japon qu’elle a corédigé avec sa collègue Mme Bracq.

A l’issue de cette réunion, le consulat a offert un spectacle pour les yeux et pour les papilles avec la fabrication traditionnelle de Mochi par l’équipe du consulat de Lyon. M. Reynaud, M. Tsuzuki et Mme Nishikawa ont régalé les professeurs et les élèves présents qui ont pu, à l’occasion, s’essayer à la fabrication du Mochi.

Après un dîner préparé par la société de restauration de l’Ensemble Scolaire Catholique d’Yssingeaux, les personnes présentes ont pu écouter une conférence faite par M. Luc Debove, directeur de l’Ecole Nationale Supérieure de la Pâtisserie d’Yssingeaux et Meilleur Ouvrier de France sur le thème de la fermentation. Les auditeurs ont pu découvrir la grande diversité des plats fermentés à travers le monde et leur intérêt pour la santé des personnes et de la planète.

Jour 3 – vendredi 7 février

La dernière journée des rencontres nationales des lycées agricoles impliqués dans le réseau Japon était plus festive. Elle s’est déroulée au foyer rural d’Yssingeaux. La matinée a commencé par une visioconférence entre les lycées Japonais au Japon et les lycées présents à Yssingeaux. Le thème de cet échange était centré sur l’avenir de l’agriculture en France et au Japon. Les deux pays sont confrontés à des problèmes similaires : le renouvellement des générations, le compromis entre une agriculture rentable et une agriculture respectueuse de la planète et l’artificialisation des sols.

Les élèves ont proposé des solutions qui mettent en œuvre la technologie pour répondre à ces différentes problématiques mais aussi ils ont proposé qu’une communication positive sur le monde agricole soit mise en place par des gouvernements qui soutiendraient d’avantage une agriculture vertueuse.

Après la visioconférence, c’est dans un grand calme qu’un maître de la cérémonie du thé originaire du Puy en Velay a initié les élèves et professeurs présents à cet art Japonais. La cérémonie a été suivie par une conférence sur la fermentation dans la cuisine japonaise par la maison du Koji venue de Clermont-Ferrand.

En fin de matinée, l’inauguration de la matsuri (fête japonaise) a été lancée par Monsieur Kato, premier secrétaire aux affaires agricoles de l’ambassade du Japon, Monsieur Ramiro inspecteur en japonais du ministère de l’Éducation nationale s’est déplacé de Paris pour assister à l’événement et a également dit un mot d’accueil. Il a été suivi par Monsieur le Maire d’Yssingeaux et Monsieur Copin directeur de l’ESCY et animateur du réseau Japon a clôturé l’inauguration par des remerciements.

Les participants ont pu faire une pause déjeuner avec un bento (panier repas japonais) et les stands de la matsuri ont pu être ouverts. Les exposants ont été invités sur le critère de la relation au Japon ou à la fermentation. Ainsi, M. Mayoux est venu présenter le seul whisky de Haute-Loire, M. Marc est venu présenter une bière brassée aux Estables, la Burle. La laiterie Gerentes est venue animer un stand sur la fermentation lactique. La chèvrerie de La Madeleine était aussi présente bien que les chèvres soient taries en cette saison. Le restaurant Lou Pinatou avait préparé quelques aliments fermentés pour une dégustation à l’aveuglette. La librairie des Sucs avait amené des mangas et des livres en lien avec le Japon.

Les exposants en lien direct avec le Japon étaient le dojo d’aïkido de Bourg Argental, très lié avec l’ensemble scolaire catholique d’Yssingeaux. Ils ont fait plusieurs démonstrations sur l’après-midi. La maison du Koji a présenté des produits fermentés par leurs soins. L’association de calligraphie de Saint-Etienne était elle-aussi présente ainsi que l’association franco-japonaise de Saint-Etienne qui a animé un atelier de makis et les élèves pouvaient les faire eux-mêmes. Un atelier origami a permis à chacun de tester ses talents au pliage du papier.

Pour l’occasion, les élèves de l’option japonais du lycée Saint-Gabriel à Yssingeaux ont fait déguster des takoyakis cuisinés devant les visiteurs. Les takoyakis sont des boules de pâte dans lesquelles on trouve un morceau de poulpe. Ils étaient encadrés par leur professeure Mme Kuribayashi et par Mme Copin-Yokoyama. Une nouvelle recette a d’ailleurs été proposée par cette dernière : le Gerentesyaki. Un takoyaki dans lequel on remplace le poulpe par du fromage de la laiterie Gerentes.

Les élèves de formation agricole du lycée Georges Sand étaient aussi présents, accompagnés par leur directeur M. Gauthier et la directrice de l’exploitation agricole de l’établissement, Mme Masson. Les responsables de ce lycée ont d’ailleurs emmené la délégation japonaise visiter leur exploitation agricole.

La journée s’est terminée par une visite guidée de la laiterie Gerentes pour toute l’équipe du lycée de Minabe ainsi que l’équipe du consulat et le représentant de l’ambassade du Japon. C’est M. Gerentes qui a fait la visite. Les Japonais ont été impressionnés par cette entreprise locale qui travaille exclusivement avec des agriculteurs locaux et dont la préoccupation essentielle est de proposer des produits de la meilleure qualité possible à leurs clients.

Après ces trois journées très intenses, nos amis Japonais ont pu profiter d’une dernière soirée yssingelaise et d’une nuit dans les locaux de l’ESCY avant de repartir le samedi 8 février au matin pour le Japon.

Contact : Franck COPIN, animateur du réseau Japon de l’enseignement agricole, franck.copin@cneap.fr




Élevage bovin du futur

L’École centrale chinoise de radiodiffusion et de télévision agricoles (CABTS) et le réseau Chine de l’enseignement agricole français ont organisé un webinaire « vision croisée franco-chinoise » qui a mis en miroir la vision de l’élevage bovin du futur dans les deux pays.

Depuis le comité de pilotage de l’arrangement administratif franco-chinois sur la formation professionnelle agricole, le référent en Chine pour la collaboration avec la France dans ce domaine est la CABTS.  Créée en 1980, cette institution est placée sous l’administration du ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales de Chine (MARA) et gérée conjointement par 17 ministères et commissions, spécialisée dans l’éducation et la formation des agriculteurs. En combinant les TIC-Technologies de l’information et de la communication modernes aux méthodes d’éducation traditionnelles, la CABTS s’est engagée à fournir des services publics aux zones rurales et aux agriculteurs en Chine, notamment l’éducation et la formation, la promotion de la technologie, la vulgarisation scientifique et la diffusion d’informations, etc.

La CABTS, un partenaire de qualité

Fin 2022, il y avait 34 écoles au niveau provincial, 256 au niveau municipal, 1 693 au niveau du comté et 16 451 écoles pratiques d’agriculture. On parle de la CABTS comme étant la plus grande école agricole ouverte au monde. En plus des cours en présentiels dispensés dans le réseau de ses nombreuses écoles, elle propose un large panel de formation en ligne sur sa plateforme dédiée www.ngx.net.cn et une application mobile 云上智农 (traduction : agriculture intelligente sur le cloud).

Lancer de nouveaux projets

Au regard de la dynamique qu’il existe entre les deux pays sur le sujet du bovin allaitant et l’envie chinoise d’échanger autour des nouvelles technologies, le thème du nouveau webinaire organisé conjointement fut rapidement trouvé.

Pour parler des différentes technologies et approches des deux pays dans l’élevage intelligent, suite aux discours introductifs prononcés par Mme Wang, directrice-adjointe à la direction des Sciences et Technologies du MARA, et Mme Roy, chargée de mission Asie au Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale de la DGER, 5 experts se sont présentés face à la centaine de participants du webinaire.

La technologie au service du bien-être animal

Sylvain Chanéac, directeur de l’exploitation de l’EPL de Dax, a présenté à tous comment il avait intégré dans ses pratiques, des outils innovants permettant de lui simplifier la vie. Que ce soit du détecteur des chaleurs, aux caméras de surveillance, la technologie se met toujours au service du bien être des animaux et de l’éleveur.

Clément Allain, chef de projet Élevage de Précision à l’IDELE, a effectué une présentation de l’Institut de l’élevage. Il a ensuite partagé les résultats de l’enquête de fin 2024 sur l’état des lieux de l’adoption des nouvelles technologies dans les élevages français. Il a ensuite mis en avant les projets de R&D (Bebop, Phéno3D, Icaerus, etc.) qu’il suit et qui permettront aux élevages français de rester à la pointe de la technologie dans les années futures. Il a terminé par une présentation des infrastructures accompagnant les éleveurs et acteurs de l’élevage dans cette transition numérique.

 

Le troisième intervenant français représentait quant à lui les entreprises nationales du secteur. Thomas Aubry, directeur des opérations à iOtee s’est appuyé sur un diaporama riche d’images afin de présenter son entreprise puis de dérouler sur l’ensemble des solutions innovantes développées par iOtee afin de permettre aux éleveurs français et européens d’avoir une approche durable et avancée dans la conduite de leurs exploitations.

Nouvelles technologie et traditions locales

Wang Jingjun, professeur agrégé et directeur du bureau de l’École des sciences et technologies animales de l’institut technique professionnel d’élevage et de médecine vétérinaire du Shandong, a pris la parole pour présenter son établissement puis en quoi ses collègues et lui accordent une attention égale à l’éducation et aux services pour créer une industrie bovine intelligente et haut de gamme en Chine. Il a développé une partie du contenu des référentiels, proposés par son école, dans le domaine de l’élevage bovin et mis en avant comment, sur les plateformes techniques de l’établissement, la technologie était déjà au service de l’éleveur.

Pour la deuxième intervention chinoise, Yang Kong, professeur agrégé de l’institut technique professionnel agricole des Trois Gorges de Chongqing, nous a parlé des pratiques innovantes dans la formation des futurs professionnels en élevage dans le sud-ouest de la Chine. Sa présentation très riche en illustrations, nous a permis de bien comprendre comment son établissement, s’adaptait aux conditions pédoclimatiques et culturels locales pour proposer des formations adaptées aux terrains. Il a développé quelles étaient les pédagogies typiques à cette zone géographique de la Chine et comment les nouvelles technologies avaient su épouser les traditions locales.

Webinaire, une technologie apprivoisée

L’exercice du séminaire dématérialisée n’est jamais évident, surtout lorsqu’il inclut la traduction consécutive de termes très professionnels. Pour autant, au fil des années et des différentes expériences, force est de constater qu’aussi bien côté français que côté chinois, les interventions sont de plus en plus agréables à suivre et d’un contenu toujours plus riche, comme ce fut le cas lors de ce webinaire.

Si vous souhaitez vous en rendre compte par vous-même et découvrir plus en détails toutes les informations partagées durant les différentes présentations, n’hésitez pas à visionner la vidéo.

Lien vers le webinaire sur You-Tube

A lire aussi les articles : Steppe by steppe, Chine-France, former les formateurs par la pratique, Les tribulations de la Simmental en Chine

Contact : Max Monot, animateur national du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr

 

 

 




MAFALDA, un pont scientifique France-Argentine

Le projet MAFALDA – Mobilité entre l’Argentine et la France pour ALler vers un Développement Agroécologique – s’est structuré autour d’un séminaire scientifique visant à renforcer les collaborations entre l’Argentine et la France.

Dans le cadre du programme ARFAGRI, le projet MAFALDA s’étend de 2023 à 2026. Il rassemble trois institutions argentines et cinq institutions françaises, sous la coordination de Patrice Cannavo (Institut Agro) et Mariela Andreozzi (FAUBA). Il s’inscrit dans la continuité du projet PUMA, développé entre 2015 et 2022 et poursuivant ainsi une dynamique de coopération engagée depuis près d’une décennie.

Un séminaire pour tisser des liens scientifiques


1er séminaire scientifique, organisé en 2022 dans le cadre du précédent projet Arfagri avec les mêmes partenaires que pour le projet MAFALDA

Le séminaire s’est déroulé en ligne, en anglais, sur trois sessions de deux heures chacune, en octobre et novembre 2024. L’objectif était de permettre aux enseignants-chercheurs des deux pays de se présenter rapidement et d’échanger sur des thématiques de recherche communes. Avec un format innovant de « speed dating », soit 5 minutes de présentation et 2 à 3 diapositives par participant. L’événement a rassemblé un large public et 43 enseignants-chercheurs, répartis équitablement entre les institutions argentines et françaises ont présenté leurs lignes de recherche..

Un fichier compilant l’ensemble des présentations a été partagé avec les participants, qui ont exprimé une grande satisfaction quant à cette formule dynamique. Son large partage au sein des institutions partenaires a été encouragé afin de maximiser les opportunités de collaboration.

Des perspectives prometteuses malgré des défis à relever

Si les mobilités étudiantes entre la France et l’Argentine ont retrouvé un niveau significatif après la pandémie avec 34 mobilités en 2023-2024 dans le cadre de MAFALDA, la situation reste plus difficile pour les étudiants argentins, freinés par un nombre limité de bourses. Dans ce contexte, le renforcement des collaborations scientifiques apparaît comme un levier essentiel pour maintenir une coopération active et durable.

Les échanges initiés lors du séminaire ouvrent la voie à des projets concrets, sous réserve d’un soutien financier adéquat, dont les possibilités ont été discutées durant les sessions. Un séminaire en présentiel est d’ores et déjà envisagé en 2026 pour faire le bilan des avancées scientifiques et pédagogiques réalisées au cours du projet.

Ce séminaire MAFALDA marque ainsi une étape clé dans la consolidation des liens académiques entre la France et l’Argentine, démontrant que la coopération internationale est un moteur essentiel du progrès en agroécologie.

Pour en savoir plus

Les partenaires du projet MAFALDA : Argentine: Facultad de Agronomia – Universidad de Buenos Aires, Facultad de Ciencias Agrarias – Universidad Nacional de Rosario et la Universidad Nacional del Nord Este / France : l’Institut Agro, VetAgro Sup, AgroParisTech, Bordeaux Sciences Agro et l’ INP-AgroToulouse.

Les thématiques scientifiques partagées :

  • Thème 1 : Changement climatique/transition : ressources en eau, résilience des écosystèmes, stockage du carbone.
  • Thème 2 : Interactions biotiques et abiotiques : agro-biodiversité, végétation spontanée, légumineuses, mauvaises herbes, santé des sols, services écosystémiques, etc.
  • Thème 3 : Intrants : réduction de l’utilisation de l’eau, des produits phytosanitaires et des engrais chimiques, alternatives et innovation, recyclage et valorisation des déchets pour fertiliser les sols, limitation de l’utilisation des concentrés et réduction de la concurrence alimentation animale-alimentation humaine, meilleure utilisation des ressources fourragères, bouclage des cycles, etc.
  • Thème 4 : Systèmes de production : comparaison des systèmes de production, amélioration de la durabilité des exploitations en fonction de leur contexte et des marchés locaux, nationaux et internationaux, transition agroécologique des systèmes en fonction du changement climatique.
  • Thème 5 : Nutrition : accès à la nourriture, santé et qualité nutritionnelle, bien-être des animaux

Photo de tête d’article, l’une des universités partenaires : Facultad de Ciencias Agrarias 

Contacts : Patrice Cannavo, enseignant-chercheur à l’Institut Agro Rennes-Angers, coordinateur du projet MAFALDA. patrice.cannavo@institut-agro.fr, Brisoux, Directeur adjoint des relations internationales de l’Institut Agro Rennes-Angers francois.brisoux@institut-agro.fr

 




Océan Indien, un levier pour la formation

Les étudiants BTS Développement de l’Agriculture des Régions Chaudes du  lycée agricole FORMA’TERRA de St Paul de La Réunion se sont rendu aux pays des épines dans le sud Malgache, en novembre 2024, pour une formation sur le diagnostic agraire et au développement local.

Dans le cadre du programme d’action de coopération de FORMA’TERRA financé par la Région Réunion sur les fonds de l’Union Européenne du programme INTERREG VI, 7 étudiants en formation BTS DARC (Malya, Aymeric, Feno, Meganne, Emma, Gabrielle et Thevanessen) accompagnés de 2 de leurs enseignants en agronomie ( Aurélien Velle et Didier Ramay) ont réalisé du 18 au 29 novembre 2024 une étude du système agraire et du développement agricole de la plaine sédimentaire située entre les fleuves Mandrare en Région Anosy et Manambovo en Région Androy. Cette étude in situ s’inscrit dans le cursus de formation des futurs techniciens réunionnais (module M52 du BTS DARC) et leur permet d’appréhender d’autres formes d’agriculture des pays voisins.

Paysages de l’Androy : La forêt xérophile

Parcelles de pâturage et de cultures de la plaine sédimentaire

La plaine sédimentaire retenue pour cette étude est un vaste territoire longeant l’Océan Indien d’environ 5000 Km2 (le double de la Réunion). Elle se caractérise par des conditions pédo – climatiques difficiles pour l’agriculture : moins de 400 mm de pluviométrie par an, concentré  essentiellement entre décembre et mars, des vents violents et des sols principalement sableux peu fertiles (moins de 1% de matière organique).  Dans ces conditions difficiles, la forêt xérophile semble avoir trouvé sa place. Elle se caractérise par la présence de la famille botanique typique du sud malgache, les Didiéracées dont l’arbre pieuvre (Allaudia procera), le Fantsilotral en langue locale, marque les paysages de l’Androy.

Le Fantsilotral  marquer de la forêt xérophile

La Région Androy                                            

Ce séjour a permis aux 7 étudiants BTS DARC d’appréhender et réaliser la caractérisation de l’agriculture locale et de son développement. Ils ont bénéficié de l’appui des deux partenaires de FORMA’TERRA, l’association paysanne Cactus for Life et l’ONG malgache CTAS (Centre Technique Agroécologie d Sud) . Ceux-ci ont mis à disposition leurs réseaux d’acteurs locaux avec lesquels les étudiants ont pu réaliser de nombreuses visites de terrain, échanger avec les agriculteurs. Les étudiants ont aussi pu voir les projets mis en place par les acteurs pour relever les défis actuels auxquels sont confrontés les agriculteurs locaux.

Le réchauffement climatique accentue les effets des vents violents, la sècheresse et la hausse des températures qui impactent fortement la productivité des cultures.

La forte démographie réduit les surfaces agricoles par ménage et qui accentue la déforestation pour obtenir le bois nécessaire à la fabrication du charbon servant à la cuisine.

Village Antandroy

Culture industrielle de sisal de la région du Mandrare

Les cultures vivrières de la petite agriculture  en  bocage avec le Raketa

Il ressort de cette étude une convergence des acteurs pour la promotion d’une agriculture résiliente basée sur l’agroécologie et la reforestation permettant malgré un contexte pédoclimatique défavorable, l’amélioration de la productivité des productions végétales et animales, facteur indispensable pour garantir la sécurité alimentaire du territoire.

Les projets des acteurs locaux s’inscrivent dans les grands programmes d’appui au développement du Sud de Madagascar mis en place par l’Etat Malgache : le programme DEFIS (qui a pour objectif de placer l’agroécologie au cœur de son approche du développement et le programme Mionjo qui se propose de renforcer le développement durable par un accès plus facile à l’eau, renforcer la gouvernance locale et en particulier celle des femmes et apporter les financements nécessaires en cas de situation d’urgence. Cette stratégie nationale est reprise par le Plan de Développement Régionale de la Région Androy, qui au niveau de l’agriculture a inscrit son soutien à la promotion et diffusion des techniques agroécologiques dans les systèmes de productions agricoles et au niveau de l’environnement et à la reforestation pour remettre l’arbre dans le territoire et valoriser les espèces endémiques pour la création de brises vent. On peut citer le projet de la ceinture verte qui prévoit de planter, sur les dunes littorales du sud malgaches, 168 km de brise vent qui pourrait être composées d’Aloès, Didieracées et autres végétaux adaptés aux conditions semi arides du sud malgache.

Parmi les projets étudiés par les étudiants, on peut citer celui des blocs agroécologiques mis en œuvre par le CTAS dans le cadre du programme DEFIS avec l’appui du GRET. Ce projet a permis l’amélioration de la fertilité des sols par l’introduction du Pois d’Angole, plante de service qui apporte à la fois du bois, de la fertilité au sol (apport azote) et de la nourriture et qui par les gains de productivité obtenus a permis l’augmentation du revenu des agriculteurs.

Les visites des communautés agricoles villageoises : CTAS projet blocs agroécologiques

 

L’étude a révélé également de nombreuses initiatives en faveur de l’agroécologie et de la protection de la forêt xérophile comme les associations de cultures, la plantation sur buttes et l’introduction d’arbres fruitiers dans les haies brise vent chez les paysans dans les projets portés par ACF. On peut citer aussi le projet en faveur de l’agroforesterie à partir d’arbres de la forêt xérophile comme le Varo (Cordia marei) et du Bonara (Albizia) développé par l’association Tinone  et les projets pour limiter la déforestation par la fabrication de charbon écologique en substitut du charbon de bois portés par l’association MadAgave à partir des déchets de l’industrie sisalière et par l’ONG Fraternité Sans Frontière à partir de cendre et de manioc. AVSF travaille quant à lui sur des projets pour l’amélioration des techniques d’élevage et d’alimentation animale en incitant à la plantation de cultures fourragères comme le cactus inerme, le Moringa et le Penissetum, dans les communautés pour développer des activités génératrices de revenus en s’appuyant sur des groupes de femmes. Le GRET porte aussi des projets générateurs de revenus comme l‘appui à la production maraichère par des groupes de femmes en finançant des kits d’irrigation avec des pompes solaires permettant le captage d’eau des forages.

On peut aussi souligner les initiatives d’UNICEF sur le développement de la filière arachide pour la production locale d’aliments pour les enfants confrontés à la malnutrition. CFL association paysanne qui s’est construite sur la valorisation des sous-produits du Raketa (Opuntia stricta) et qui est aussi impliquée dans la reforestation ( Moringa) et l’agroécologie (canal compost) développe en réponse à la demande d’UNICEF la production d’arachide locale en association avec le cactus inerme utilisé également comme fourrage pour les zébus.

Enfin les étudiants ont pu visiter la société Taza, dirigée par un entrepreneur inventif qui fait la promotion de solutions adaptés aux conditions du territoire Androy et qui développe, par la transformation de fruits et légumes locaux, différents sous-produits comme la semoule de manioc, des huiles de ricins, des pâtes d’arachides …

Les visites de terrains chez les petits agriculteurs et à l’entreprise Taza

Les projets agricoles conduits par les femmes : AVSF petits élevage et GRET maraichage avec kit irrigation

Les projets agroécologique d’ACF

Projets de fabrication du charbon écologique de Fraternité Sans Frontière

Il est ressorti de cette étude à travers les visites et entretiens sur le système agraire, que les agriculteurs antandroy ont acquis au fils des années des compétences techniques leur permettant de maintenir une agriculture pluviale vivrière extensive adaptée à leurs sols et au climat. Ils ont particulièrement réussi à sélectionner des variétés de maïs, manioc et patates douces capable de se développer à partir d’une faible ressource en eau et à résister aux effets des vents. Ils savent aussi tirer profits des ressources végétales du territoire : Raketa, cactus inerme, résidus sisal, résidus cultures, etc. pour alimenter leurs ruminants.

On a pu noter que malgré le poids des traditions qui s’opposent parfois à des techniques agronomiques qui pourraient améliorer la fertilisé des sols et donc la productivité des cultures (comme l’interdiction d’utiliser le fumier de zébus dans les cultures vivrières de pleins champs, de ne pas planter d’arbres dans les champs pour ne pas réduire l’espaces des cultures, de ne pas consommer du pois d’Angole etc..), les acteurs réussissent progressivement par la démonstration, les paysans relais, la volonté des femmes, à faire évoluer les comportements et à faire adapter des innovations.

L’exemple des blocs agroécologique du CTAS en est une belle illustration mais aussi l’introduction de l’agroforesterie par les paysans qui travaillent avec des associations comme Tinone ou bien les activités génératrices de revenus conduites par des groupes de femmes.

Il est donc raisonnable de penser que le système agraire peut encore évoluer dans l’avenir avec davantage d’agroécologie et d’agroforesterie et le retour de l’arbre endémique dans les systèmes de cultures.

La volonté des acteurs institutionnels de reverdir le territoire, faciliter les accès à l’eau par des infrastructures et de coordonner les projets facilitant l’atteinte des objectifs du Plan du Développement Régional devrait permettre d’accélérer ces évolutions.

La visite d’un des 5 groupes sisaliers, SIFOR, montre également qu’ils peuvent participer à ces évolutions. Par exemple le groupe SIFOR autorise l’association de cultures dans ses plantations par les paysans voisins sur les 3 premières années de ses cultures, le groupe HAH développe aussi l’agrotourisme favorisant la restauration de la forêt xérophile et l’habitat des Lémuriens.

Rencontre et visite de la société de sisal SIFOR

Rencontre et visite des associations Tinone (reforestation)et Madagave (charbon écologique)

Réunion avec ACF et CTAS sur Ambovombe,  préfecture de l’Androy

La rencontre des acteurs institutionnels avec le Directeur des Infrastructures et du développement et le Directeur de l’agriculture et de l’élevage de la Région Androy  

Réunion avec UNICEF Ambovombe

En conclusion, l ’étude réalisée par les 7 étudiants BTS DARC a mis en évidence la nécessité d’une synergie des acteurs du développement pour relever les 2 défis par une agriculture plus résiliente afin de maintenir le fragile équilibre de la sécurité alimentaire du territoire. La coordination par la Région Androy peut contribuer à cette synergie et sortir de l’idée que l’Androy est un cimetière de projets, alors qu’on peut observer de nombreuses initiatives abouties et opérationnels.

FORMA’TERRA est en mesure de prendre sa place dans cette dynamique territoriale en partageant son expertise en agronomie et en particulier en agroécologie à travers des formations répondant aux besoins des acteurs et contribuant à la synergie de leurs interventions.

A ce propos, en parallèle de cette étude, Aurélien Velle, enseignant en agronomie à FORMA’TERRA a dispensé sur 3 jours une formation sur les techniques d’agriculture durable et sur l’accompagnement aux changements de comportement à 16 techniciens de CFL, CTAS, AVSF et du GRET. Cette formation s’inscrit dans le programme de coopération régionale que FORMA’TERRA a établi, à la demande de ses 2 partenaires, pour le renforcement des compétences en agroécologie et en agronomie, des techniciens de terrain et paysans leaders impliqués dans les projets des acteurs locaux.

Les participants ont exprimé leur grande satisfaction pour cette première session.

Les participants à la première session de formation agronomique de FORMATERRA au CTAS d’Ambovombe

Ce programme de coopération proposé par FORMATERRA s’inscrit dans le cadre de la fiche action 31 du programme INTERREG VI OCEAN INDIEN « formation et partages d’expérience dans l’Océan indien ».

 Article rédigé par Didier RAMAY , Chargé coopération internationale au Lycée agricole Emile Boyer de La Giroday FORMATERRA SAINT PAUL REUNION

Contacts : Agnès ESTAGER, animatrice du réseau géographique Afrique Australe Océan Indien de la DGER, agnes.estager@educagri.fr, Didier RAMAY, animateur du réseau géographique Afrique Australe Océan Indien de la DGER, didier.ramay@educagri.fr

Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr