Résonance paysanne au Bénin

Une douzaine d’apprenants des établissements agricoles d’Aix-Valabre et de Digne-Carmejane ont mené un projet « Jeunesse et solidarité internationale – JSI» au Bénin.

Le projet Résonance Paysanne au Bénin associant le LEGTA Aix Valabre, le LEGTA de Digne Carmejane et l’association CIDEV a eu pour objectif principal, du 27 octobre au 11 novembre 2024, de rassembler sur la ferme école SAIN des jeunes français et béninois issus de la formation agricole, de mutualiser leurs connaissances, afin de partager leurs pratiques à travers une action de solidarité internationale en s’appropriant les enjeux mondiaux qui concernent l’agriculture et l’alimentation.

Les jeunes en formation dans différentes filières (productions végétale et animale, conduite et gestion des exploitations agricoles, aménagement paysager, service et animation à la personne et au territoire) ont mis leurs compétences techniques au service du projet. Le projet s’est déroulé au Sud Bénin, sur le site de la ferme école SAIN, située dans le village Kakanitchoé.
L’association le CIDEV est venue en appui au projet. Elle mène, depuis 2020, un programme de lutte contre le changement climatique au Bénin, destiné principalement aux jeunes, ainsi qu’aux femmes rurales, par des actions de sensibilisation et de formation à une agriculture durable, à la gestion des déchets et à la protection de la biodiversité.
La ferme-école SAIN forme des jeunes à l’agriculture et favorise leur installation en production végétale, animale et en pisciculture. Une partie de la production est transformée sur place dans des ateliers d’agro-transformation. Elle bénéficie d’un ancrage important sur son territoire. Entièrement intégrée et agroécologique, elle vise à contribuer à un monde meilleur où tous les individus vivent de manière digne dans un environnement préservé. Les objectifs de ce programme d’échange viennent naturellement compléter les objectifs globaux de la Ferme-école, ceux de favoriser et d’essaimer les pratiques d’une agriculture durable et de favoriser l’installation de jeunes agriculteurs et la lutte contre l’émigration des jeunes vers les villes afin de former davantage de jeunes agriculteurs.

Le lycée d’Aix-Valabre accueille depuis 2022 plusieurs jeunes béninois, volontaires en service civique, qui ont contribué à la préparation des jeunes à ce projet. Plusieurs échanges interculturels entre les lycéens d’Aix Valabre et de Digne Carmejane ont été organisés, permettant aux jeunes lycéens de découvrir davantage le Bénin, sa culture, ses différents modèles d’agriculture. Le projet est né de cette dynamique d’échange, du fort intérêt des jeunes à la prolonger, dans le cadre du projet Résonance Paysanne, visant à développer une mobilité de groupe.
Des échanges réguliers entre les jeunes lycéens, une étude à distance de la Ferme et l’appui des jeunes béninois en service civique depuis 2022 ont permis de concrétiser le projet. Le CIDEV s’est mis en relation avec Territoire Solidaire, plateforme d’appui et de formation en ECSI (Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale) favorisant ainsi la formalisation du parrainage avec La Ligue de L’enseignement. L’ensemble de l’équipe, lycées d’Aix-Valabre, de Digne-Carmejane et la ferme école SAIN, s’est mobilisé afin d’accompagner les jeunes à concrétiser ce projet et le rendre opérationnel sur le terrain, au cours de leur mobilité . Plusieurs réunions d’échanges en visioconférence et au lycée d’Aix Valabre ont permis d’identifier les besoins afin d’élaborer le projet avec le partenaire. Les enseignantes ont organisé les rencontres et les échanges thématiques entre les jeunes des deux établissements afin de mobiliser des moyens sous forme d’un appel au don en ligne, ventes des produits de l’exploitation agricole de Valabre et aussi de soirées africaines de soutien pour faire connaître le projet.
Du printemps à l’automne 2024, les enseignantes avec l’appui du CIDEV, ont préparé sur le plan administratif et réglementaire le départ des jeunes avec l’accord des familles pour que tous soient au rendez-vous à l’aéroport de Marseille Marignane le 27 octobre 2024.
Après une arrivée sur Cotonou, le groupe a rejoint la Ferme SAIN. Après une soirée d’installation, une réunion d’organisation des ateliers, chantiers techniques et activités pédagogiques s’est tenue entre les professeurs, le CIDEV et les responsables de la Ferme école SAIN, Bernardin Djossou et Pascal Gbenou.

La première matinée a été consacrée à la visite détaillée de la ferme et à une présentation des ateliers prévus avec les jeunes béninois en formation. Au cours des deux semaines, des jeunes ont participé à l’ensemble des ateliers et échanges thématiques : maraîchage, récolte de riz, élevage, compostage, production de vermicompost, et conception d’un plan signalétique de la Ferme avec un micro-diagnostic écotouristique.
Les élèves de Digne et Valabre et les jeunes béninois se sont répartis dès le premier après-midi sur les ateliers maraîchage : entretien du potager, désherbage, binage, arrosage, récolte des cultures en place ; atelier petits élevages : lapin, cailles, poules, canards, soins et tâche de nettoyage des cages, alimentation des animaux ; atelier compostage : suivi des biofertilisants en production ; fabrication d’huile de noix de palme. Chaque atelier a permis de favoriser des échanges très riches, des questionnements et des partages de connaissances mutuelles que les jeunes ont pu poursuivre lors des moments de temps libre. Les activités de micro-diagnostic, communication et valorisation de l’accueil écotouristique se sont concrétisées, une fois les problèmes d’accès à internet réglé, par une présentation et harmonisation avec Pascal Gbenou.
La proposition d’un nouveau dépliant d’informations pour les visiteurs de la ferme, validée par l’équipe, sera publiée sur le site internet de la ferme, de même que la cartographie du parcours entre les différents sites de la ferme pour réaliser une carte signalétique simplifiée.

Tous les jours, les élèves et étudiants sont passés sur les différents ateliers pour travailler au côté des stagiaires de la ferme avec en point d’orgue la récolte collective de deux parcelles de riz dans le bas-fond (coupe, transport et battage) : souvent une première expérience très intense physiquement pour tous, les encadrants compris.

Les deux enseignantes, Mmes Karine Ayasse et Marie-Laure Para, ont participé à deux soutenances de fin de parcours de deux jeunes élèves de la Ferme en présence d’un maître de stage, M. Nicet Dossou, promoteur de SENA Agro, secrétaire départemental des maraîchers de l’Ouémé et élu consulaire de la Chambre Nationale d’Agriculture pour le compte du Département de l’Ouémé.

Les jeunes ont contribué à l’organisation, avec la coordination de CREDI-ONG, du deuxième évènement au Bénin du Festival Alimenterre sur la ferme-école SAIN, avec l’ensemble des jeunes et des encadrants. Deux apprenties en BTSA ACSE au CFPPA de Digne Carmejane ont présenté leur film Regard sur l’agriculture au féminin, suivi du film Bienveillance paysanne de la programmation 2024, qui ont suscité de nombreux échanges, animés par le directeur de CREDI-ONG, Martial Kouderin.

Enfin, ce séjour a permis de renforcer les partenariats entre l’École de gestion et protection végétale et semencière (EGPVS) de l’UNA (Université nationale d’agriculture) et le Campus Nature Provence, par une rencontre à l’Université afin d’examiner le processus administratif de sélection des candidats au Volontariat international de réciprocité avec le directeur et également avec madame Sylvie Dagba de France Volontaires Cotonou.

D’autres rencontres ont eu lieu, dans le cadre d’un tournage à Kitigbo d’un documentaire sur les femmes agricultrices membres de la FNCP (Fédération nationale des communes pastorales), par des apprenties en BTSA ACSE du CFPPA de Digne Carmejane, avec le directeur de la FNCP du Bénin, Grégoire Kpossou. Ce dernier, à l’invitation du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale du Bureau des relations européennes et de la coopération internationale (Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche), a accompagné en mai 2024 deux étudiants de l’UNA aux Ovinpiades mondiales en France, avec une préparation au lycée agricole de Digne Carmejane. Dans le cadre également de l’ONG Espace d’Intégration des Jeunes défavorisés, dont il est aussi responsable, des projets d’accueil de futurs stagiaires du lycée d’Aix Valabre ont été envisagés.

Au cours de ce séjour les jeunes ont pu participer à des activités de découvertes écologiques comme l’observation des oiseaux au cours d’une randonnée guidée jusqu’à l’embarcadère de l’Ouémé, par Camille Tchankpan, géographe et ornithologue, responsable de l’association Oiseaux et Horizon. Un élève de terminale de l’enseignement agricole Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant (STAV) d’Aix Valabre a effectué avec lui un inventaire ornithologique sur la ferme SAIN. Ils ont aussi visité le Parc naturel communautaire de CREDI-ONG, situé au cœur de la Vallée du Sitatunga, qui s’engage pour la préservation de la biodiversité.

Les jeunes du lycée de Carmejane en première Production animale ont fait la visite avec le chef d’exploitation des ateliers pédagogiques du lycée agricole d’Adja-Ouéré, rencontré l’équipe pédagogique et ont pu échanger avec les lycéens sur leurs pratiques respectives.

Afin de poursuivre ces actions, un projet est en cours de réflexion pour octobre/novembre 2025, qui fera l’objet d’une nouvelle demande de subvention du FONJEP afin de préparer la venue dans les établissements de Carmejane et d’Aix Valabre des jeunes stagiaires béninois de la Ferme-école SAIN. Ce projet s’inscrira dans une dynamique de réciprocité afin d’inscrire nos partenariats dans une démarche de durabilité.

Article proposé par les encadrantes du projet : Marie-Laure Para, enseignante documentaliste, référente coopération internationale, animatrice régionale RENADOC, au Lycée agricole Aix-Valabre CFPPA Marseille, marie-laure.para@educagri.fr, et Karine Ayasse, enseignante en éducation socio-culturelle au lycée agricole Digne-Carmejane, karine.ayasse@educagri.fr.

Contacts :
Vanessa Forsans et William Gex, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale, vanessa.forsans@educagri.fr, william.gex@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Une visite stratégique

Une délégation chinoise du bureau de l’économie rurale du centre d’études stratégiques (DRC), composée d’un vice-ministre et de ses collaborateurs, s’est rendue, le mercredi 11 décembre 2024, au Campus NaturAlim de Chartres afin d’y découvrir l’enseignement agricole. Leur objectif : connaître notre modèle de formation professionnelle agricole et son rôle dans le développement rural du territoire et la généralisation des nouveaux modèles de production agricole durables.

La visite a débuté très officiellement dans la salle des conseils du lycée par un temps d’échanges pour apprendre à se connaître. Durant la présentation par le directeur, M. Bertholon, de son EPL, M. le Vice ministre Zhang et Mme la directrice générale adjointe Cheng se sont particulièrement montrés curieux sur ce qui anime un établissement agricole tel que la gestion financière d’un établissement public agricole, le niveau d’accessibilité pour devenir agriculteur et le système de l’apprentissage en France ou le défi du renouvellement des générations d’agriculteurs et enfin les poursuites d’études après le bac et après un BTS.

Durant la présentation de la directrice de l’exploitation, Mme Isac, les membres de la délégation ont poursuivi leurs questions sur l’agriculture biologique, les stratégies culturales et l’impact de la vente directe.

Visites des plateformes techniques

Durant les visites du hall agroalimentaire et de l’exploitation, la délégation a pu voir des apprenants en action, dans les halls, où des étudiants en licence réalisaient plusieurs travaux pratiques sur l’efficience dans la construction d’une chaîne de production agro-alimentaire. Les visiteurs se sont montrés curieux sur les débouchés offerts par cette formation et le nombre d’heure de pratique imposé dans le cursus.

Au cours de la visite de l’exploitation, ils n’ont pas hésité à aller dans la boue pour voir la zone de maraîchage qui, comme vous vous en doutez en hiver, était assez peu fourni en légumes. Ils ont posé des questions sur les débouchés possible des légumes produits et le lien crée avec le territoire grâce aux ventes.
Ils ont aussi souhaité visité le vieux corps de ferme datant de 1870, et sont tombés sous son charme. Ils ont aussi posé des questions sur le rôle des coopératives dans l’achat et la revente de la production de la ferme ainsi que sur le système des CUMA*.

*Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA)

Un repas qui scelle des échanges riches et prometteurs
Une fois n’est pas coutume, c’est la délégation chinoise qui a offert l’apéritif en France ! En effet, ils avaient gentiment apporté une bouteille de champagne acquise, la veille, lors d’une visite d’un grand vignoble autour de Reims. En plats très français, le chef avait préparé une poule au pot et une tarte aux pommes, qui furent très appréciées. La découverte du fromage de chèvre les a quelque peu déroutés, mais ils voulaient absolument essayer quand ils ont appris que c’étaient d’anciens élèves qui les avaient préparés.

Le repas fut propice à de nouvelles questions de la part de Mme Cheng sur les points autour de la gestion d’un établissement qu’elle voulait préciser, notamment le fait que nous puissions proposer des formations générales, technologiques et professionnelles au même endroit, ce qui la surprenait beaucoup.

Anecdotes historiques

M. Gérard Martin, le technicien responsable du hall agroalimentaire qui nous a fait la visite, s’est rendu plusieurs dizaines de fois en Chine afin d’aider à la valorisation de la production de pommes. Il est notamment parti deux fois, mandaté par le Bureau des relations européenne et des relations internationales, pendant 2 mois dans le Shaanxi au début des années 2000.

La présentation de l’histoire autour de la poule au pot et de son lien à Henry 4, qui avait démocratisé ce plat le dimanche pour que tous aient accès à de la viande une fois par semaine, nous a permis de faire un aparté sur la loi Egalim et les attendus des circuits courts. Ils ont trouvé les mesures de cette loi très intéressantes.

Cette visite, organisée en concertation avec les conseillers aux affaires agricoles (CAA) du pôle agro-alimentaire du Service économique régional de l’ambassade de France en Chine, a rempli ses deux principaux objectifs.
Premièrement, grâce aux explications des personnels du Campus NaturAlim de Chartres, les responsables chinois ont trouvé les réponses aux questions qu’ils se posaient sur le lien entre l’enseignement agricole et son territoire.
Deuxièmement, grâce à la qualité de l’accueil offerte par le personnel de l’Établissement agricole, ce bureau chinois très proche des instances dirigeantes du pays, va intégrer dans ses réflexions futures, des discussions avec les représentants français en poste à l’ambassade de France en Chine.
Contact : Max MONOT, réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr



Soleil Levant sur les vergers bretons

Hiroharu SUKO, professeur d’anglais à la Hokkaido Shizunai Agricultural Highschool, vit une semaine de découverte culturelle, d’échanges pédagogiques et de moments de partage au lycée Les Vergers de Dol-de-Bretagne. L’accueil du professeur japonais et l’échange avec les étudiants français s’inscrit dans un partenariat initié en 2021.

M. Suko, pouvez-vous présenter votre établissement ?

J’enseigne l’anglais sur l’île d’Hokkaido dans un établissement agricole qui accueille 160 jeunes de 16 à 18 ans pour se former en Sciences de l’alimentation, de la production et en Elevage équin pour les courses hippiques. C’est d’ailleurs le seul établissement supérieur qui dispense des formations en élevage équin dans tout le Japon. En Sciences de la production, les jeunes acquièrent des connaissances et des techniques de culture, de production et de vente de produits agricoles (légumes, fleurs). Le département Sciences de l’alimentation leur permet de travailler sur le développement et la fabrication d’aliments spécialisés de la ville de Shinhidaka.

Vous êtes en France dans le cadre du partenariat entre votre lycée au Japon et le lycée Les Vergers. Que représente cette visite pour vous ?

Cela faisait 23 ans que je rêvais de venir en France. J’avais étudié la langue française à l’université, et bien que j’aie eu l’occasion de revenir plusieurs fois en Europe, cela ne s’est jamais concrétisé. Le véritable tournant a été l’échange qui a débuté avec le lycée Les Vergers, particulièrement après la visite de mes collègues Erwan LANDEMAINE et Christelle DESGENETAIS en octobre dernier au Japon. C’était le moment idéal pour moi, à la fois pour rencontrer les élèves français, mais aussi pour échanger sur des pratiques éducatives et culturelles entre nos deux pays.

Que retenez-vous de votre rencontre avec les étudiants français ?

Les étudiants français et japonais ne sont pas si différents finalement. Tous sont curieux de découvrir l’autre culture. En effet, lors du séjour de Christelle et Erwan à Hokkaido, j’ai pu voir que les jeunes japonais étaient intéressés par la culture française, surtout en ce qui concerne le quotidien des élèves et l’agriculture dans nos deux pays. C’est intéressant et rassurant de voir à quel point ils partagent un intérêt commun pour ces domaines.

Vous avez mentionné l’agriculture. Pourquoi ce domaine est-il important pour vous ?

L’agriculture est un domaine crucial pour l’avenir de nos sociétés. Je pense qu’il est essentiel que les jeunes générations, tant en France qu’au Japon, travaillent ensemble pour trouver des solutions innovantes. La France est le plus grand producteur agricole d’Europe, et je crois que ces échanges peuvent ouvrir la voie à une collaboration fructueuse. Par exemple, une étudiante française va venir en stage cet été chez M. et Mme Tanioka, éleveurs de chevaux de course à Shizunai pour en apprendre davantage sur les pratiques agricoles japonaises. J’espère que ces jeunes pourront contribuer à faire perdurer l’agriculture.

Que souhaitez-vous pour l’avenir de ces échanges entre les deux lycées ?

Mon souhait est que ces échanges se poursuivent et se développent, afin que les élèves de nos deux pays puissent travailler ensemble dans différents domaines, notamment l’agriculture, mais aussi l’industrie. Il est important qu’ils apprennent à collaborer au-delà des frontières culturelles, car cela leur permettra d’élargir leurs horizons et de contribuer à un avenir plus prometteur pour tous.

Fort de ce succès, le partenariat entre les deux établissements va continuer de se développer. L’objectif : multiplier ces moments de partage et offrir à toujours plus d’élèves la chance de s’ouvrir au monde.

Contact : Franck Copin, animateur du réseau Japon de l’enseignement agricole, franck.copin@cneap.fr




Normandie : terre inspirante pour l’Arménie

Deux responsables d’établissements agricoles arméniens ont effectué une visite en France début novembre 2024, dans le cadre d’une initiative visant à renforcer les échanges éducatifs et professionnels. L’objectif de cette mission était la découverte du système d’enseignement agricole français et ses méthodes innovantes, tout en explorant les possibilités de collaboration future.

Au cours de leur séjour, les deux directrices Gayane Gabrielyan de Gyumri (Chirak) et Mery Grigoryan de Vanadzor (Lori) ont eu l’opportunité de visiter quatre sites d’établissements. Ils offrent une perspective unique sur l’enseignement et la formation professionnelle en agriculture française. Une présentation générale de l’enseignement agricole a été réalisée par Stéphanie Mangin à la direction générale de l’enseignement et de la recherche – DGER à Paris. Parmi les établissements visités, les lycées publics agricoles de Sées et d’Yvetot se sont distingués par leur approche pédagogique axée sur la pratique. Lors de la visite de la MFR de Bucchy, l’accent  a été mis sur l’enseignement par alternance . Tandis qu’à Rouen lors de la visite du campus UniLaSalle, l’enseignement supérieur et la recherche ont été évoquées.

Enseignement supérieur et recherche à Rouen

Après l’accueil à la DGER, l’école d’ingénieurs agronomes UniLaSalle à Rouen a été le premier arrêt de cette mission. Les directrices ont été particulièrement intéressées par les projets de recherche menés par les étudiants et les partenariats avec le secteur agricole. La présentation des innovations technologiques en agriculture a ouvert des perspectives intéressantes pour l’avenir de l’agriculture en Arménie.

Immersion au cœur des pratiques agricoles

Le deuxième établissement visité est le lycée agricole d’Yvetot, la visite des ateliers technologiques, où les élèves s’initient aux techniques agricoles de la fabrication de jus de pommes, a particulièrement impressionné les invitées. Ces ateliers, équipés de matériel à la pointe de la technologie, permettent aux étudiants de développer des compétences pratiques indispensables pour leur avenir professionnel. Les directrices ont pu constater l’importance accordée à l’apprentissage par la pratique, un aspect essentiel de l’enseignement agricole en France. En effet, cette approche permet non seulement d’acquérir des connaissances théoriques, mais aussi de les appliquer directement dans des situations réelles, renforçant ainsi la confiance et l’autonomie. Les échanges avec les enseignants et les élèves ont également mis en lumière l’engagement de l’établissement à intégrer des pratiques durables et respectueuses de l’environnement.

Alternance en milieu rural

Enfin, la Maison Familiale Rurale (MFR) de Bucchy a offert un aperçu sur l’enseignement en milieu rural, mettant l’accent sur l’implication des familles et des collectivités locales dans la formation des jeunes. Les directrices ont apprécié le modèle éducatif basé sur la proximité et l’engagement communautaire. La mise en avant du programme d’alternance, permettant aux étudiants de combiner cours théoriques et expériences professionnelles en entreprise. Les partenaires Arméniennes ont échangé sur leurs expériences et ont été ravies de voir comment cette approche favorise l’employabilité des jeunes diplômés.

Modèle de diversité dans les formations agricoles

La délégation accompagnée de l’animatrice du réseau Arménie ont assisté à des travaux pratiques réalisés entre les élèves de seconde et ceux du BTS Gestion et Protection de la Nature (GPN) au Lycée de Sées, une série d’activités a été mise en place pour explorer l’utilisation des plantes et leurs composés bénéfiques. Ces séances permettent non seulement d’appliquer les connaissances théoriques acquises en classe, mais également de développer des compétences pratiques essentielles pour les futurs professionnels du domaine.

Lors du premier TP, les élèves ont eu l’occasion de manipuler divers composés extraits de plantes pour créer des baumes, des infusions et autres produits. En utilisant des matières premières comme de la cire d’abeille, de l’huile d’olive et des plantes médicinales, ils ont appris à préparer des formulations naturelles. Cette activité a permis aux élèves de comprendre les propriétés des plantes et leur utilisation dans la cosmétique et la phytothérapie.

Le second TP a porté sur l’identification des plantes à l’aide d’une clé de détermination. Les élèves ont exploré différentes espèces de plantes comestibles, souvent utilisées dans des recettes traditionnelles telles que les crêpes ou les sirops. Cette activité a non seulement renforcé leurs compétences en botanique, mais aussi mis en avant l’importance de la connaissance des plantes dans la cuisine. Ils ont découvert des ingrédients tels que l’ortie, qui peut être utilisée pour réaliser des crêpes riches en nutriments, ou encore les fleurs de sureau, souvent transformées en sirop sucré.

Les échanges avec la directrice du Centre de Formation pour Apprentis et du Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole de Sées ont mis l’accent sur l’alternance, les formations continues dans le domaine du cheval, de l’agriculture et de l’environnement et sur leur fonctionnement.

Au cours de ces visites, plusieurs thématiques ont été abordées, notamment l’alternance, un modèle qui permet aux étudiants de se former tout en travaillant, favorisant ainsi leur insertion professionnelle.

La pédagogie, basée sur la pratique révèle l’importance d’apprendre par l’expérience, avec des ateliers et des stages en entreprise qui préparent efficacement les élèves aux réalités du métier.

L’innovation en agriculture prend en compte les nouvelles technologies et pratiques durables qui transforment le paysage agricole et comment ces avancées peuvent être intégrées dans les programmes de formation en Arménie.

Cette visite des deux homologues arméniennes d’établissements agricoles a été une expérience enrichissante, tant pour les invitées que pour les établissements français. Elle a permis de créer des ponts entre les deux pays et d’envisager des collaborations futures dans le domaine de l’enseignement agricole. Les échanges d’idées et de pratiques pourraient contribuer à l’amélioration des systèmes éducatifs et agricoles en Arménie, tout en renforçant les liens entre les deux nations.

Contact : Evelyne BOHUON, animatrice du réseau Arménie de l’enseignement agricole, evelyne.bohuon@educagri.fr