Accord signé avec l’Irlande

Marc Fesneau, ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, était en visite en Irlande fin octobre 2023, pour rencontrer le ministre McConalogue et signer un accord éducatif avec le Teagasc.

Le ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Mer, Charlie McConalogue T.D., a accueilli Marc Fesneau, le ministre français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, et sa délégation en visite en Irlande le vendredi 27 octobre. Cette visite s’inscrit dans le cadre du plan d’action conjoint France-Irlande 2021-2025, signé en 2021 à l’occasion de la visite du président Emmanuel Macron en Irlande. Au cours de la visite, les ministres ont discuté de la possibilité de travailler ensemble dans des domaines d’intérêt agricole mutuel.

Au cours de la visite, une déclaration d’intention sur le renforcement de la coopération dans le domaine de l’enseignement agricole entre le Teagasc et la Direction française de l’enseignement et de la recherche a été signée.

La délégation française a commencé sa visite par le Centre de recherche alimentaire de Teagasc à Ashtown, Co. Dublin, où les ministres McConalogue et Marc Fesneau ont prononcé les discours d’ouverture de la conférence Teagasc EU50 célébrant le 50e anniversaire de l’adhésion de l’Irlande à l’Union européenne. Le ministre Marc Fesneau et la délégation française, en compagnie du ministre McConalogue, ont ensuite visité une exploitation agricole suivie par le Teagasc dans le Co. Meath.

S’exprimant lors de l’événement Teagasc EU 50, le ministre Marc Fesneau a déclaré : « Au sein de l’Union européenne, l’Irlande et la France sont des partenaires de confiance, notamment sur le plan agricole. La politique agricole commune, entrée en vigueur en 1962, est l’une des politiques européennes les plus anciennes et l’un des fondements majeurs de la construction européenne. Au sein de l’Union, l’Irlande et la France partagent une vision commune de l’agriculture : une agriculture durable, résiliente et performante, basée sur un modèle familial ».

Lors de la visite de la ferme, le ministre McConalogue a déclaré : « Je suis très heureux que mon collègue français ait visité une ferme de démonstration et qu’il ait pu découvrir un système de production de viande bovine durable familial. L’exploitation fait partie du réseau de 22 fermes de démonstration du programme Future Beef, que Teagasc a mis en place avec des partenaires du secteur pour mettre en avant la production durable de viande bovine en Irlande. Ces fermes démontrent comment les gains d’efficacité réalisés dans les exploitations bovines peuvent contribuer à améliorer la rentabilité tout en réduisant l’empreinte carbone de la viande bovine produite dans ces exploitations ».

Le ministre Marc Fesneau a déclaré : « Au cours de cette visite, j’ai pu constater que l’Irlande, comme la France, est une terre d’excellence pour l’élevage durable. Nous devons reconnaître et encourager tous les efforts fournis par nos éleveurs, en Irlande comme en France. Nous avons besoin d’élevage pour nous nourrir, mais aussi pour la transition et la lutte contre le changement climatique, et ce d’autant plus que, nous l’avons encore malheureusement vu récemment, les agriculteurs et les éleveurs sont les premières victimes du changement climatique. »

Les deux ministres ont ensuite tenu une réunion bilatérale au cours de laquelle ils ont abordé un large éventail de sujets, notamment l’agriculture durable, les accords de libre-échange, les discussions en cours sur le règlement relatif aux nouvelles techniques génomiques et la politique agricole commune.

À l’issue de la réunion bilatérale, le ministre McConalogue a déclaré que « la réunion bilatérale s’appuie sur la coopération continue dans le cadre du plan d’action conjoint et constitue une déclaration claire de l’engagement de nos deux pays à travailler en étroite collaboration sur des questions d’intérêt agricole mutuel. Je me réjouis de travailler en étroite collaboration avec mon collègue français sur le développement futur de la politique agricole commune et d’autres questions connexes ».

La visite s’est achevée par la signature de la déclaration d’intention avec le Teagasc. A cette occasion, le ministre Marc Fesneau a déclaré que « cette signature illustre, une fois de plus, la richesse de la relation bilatérale et s’inscrit pleinement dans le Plan d’action conjoint signé entre nos deux pays en 2021 ». Il s’est félicité que la déclaration d’intention « encourage les établissements à partager leurs expériences, notamment sur les questions liées au changement climatique et à la durabilité, qui sont évidemment des questions clés lorsqu’il s’agit de former les agriculteurs de demain ».

Article publié sur le site du Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire – Alimagri

Contact : Stéphanie MANGIN, chargée de mission Europe – Bureau des relations européenne et de la coopération internationale – DGER-MASA – stephanie.mangin@agriculture.gouv.fr




Collaborations franco-japonaises pour des défis communs

Une délégation du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s’est rendue à Tokyo les 18 et 19 octobre 2023, à l’occasion du 8e groupe de travail agricole franco-japonais.

Des représentants des directions d’administration centrale du ministère français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire se sont rendus à Tokyo afin de rencontrer leurs homologues du ministère japonais de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche à l’occasion du 8e groupe de travail agricole franco-japonais. Initié en 2014, il se réunit depuis chaque année alternativement en France et au Japon. Ce temps d’échange permet de nourrir la relation entre nos ministères, et de faire le point sur les nombreux enjeux communs et sur l’état d’avancement des coopérations entre nos deux pays en matière agricole.

Des politiques agricoles face à des défis communs

Ce groupe de travail a notamment permis d’aborder les réformes des politiques agricoles japonaise et française, avec la révision japonaise en cours de la Loi fondamentale sur l’alimentation, l’agriculture et les zones rurales (Basic Law on Food, Agriculture and Rural Areas) et le projet français de pacte et loi d’orientation et d’avenir agricole (PLOAA). Ces réformes, et les initiatives qui les accompagnent, visent à relever des défis communs, qu’il s’agisse du renouvellement des actifs agricoles (sujet particulièrement prégnant au Japon, où l’âge moyen des exploitants agricoles est de 68 ans, avec 70% de la population agricole qui a plus de 60 ans), de l’adaptation au changement climatique, ou des enjeux de sécurité et de souveraineté alimentaires (le Japon a un taux d’autosuffisance alimentaire de 47% en valeur mais de 37% seulement si l’on raisonne en apports caloriques).

Un dialogue soutenu, des coopérations suivies

À la suite de la déclaration conjointe franco-japonaise sur les régimes alimentaires équilibrés publiée en septembre 2021 à l’occasion du sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, les deux pays ont réaffirmé leur volonté de poursuivre leur coopération dans le domaine de l’éducation à l’alimentation et de la promotion de nos cultures gastronomiques.

Cette réunion a permis d’effectuer un bilan des trois premières années du programme de coopération dans l’enseignement agricole conclu en 2019 entre les deux ministères, et d’évoquer les perspectives et projets de l’année à venir portés par des élèves et des équipes pédagogiques engagés. Ce programme de coopération a su se structurer dans le contexte de la pandémie de Covid-19 autour de webinaires entre enseignants et apprenants de l’enseignement technique. L’année 2023 a permis de démarrer les échanges d’étudiants en présentiel, avec la venue d’élèves de quatre écoles japonaises en France en février. Les deux pays ont réaffirmé leur volonté de poursuivre et développer ces échanges fructueux.

Les collaborations franco-japonaises sont également denses dans le domaine de la recherche agricole, elles s’appuient sur une relation bien établie entre l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et le National Agricultural and Food Reasearch Organzation (NARO) d’une part, ainsi qu’entre le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et le Japanese International Research Centre for Agricultural Sciences (JIRCAS) d’autre part. Le ministère français a rappelé son intérêt à ce que le Japon rejoigne l’initiative PREZODE (Preventing ZOonotic Disease Emergence), une initiative internationale pour prévenir l’émergence des zoonoses. Les échanges du groupe de travail sur ce sujet ont été complétés par une visite au siège du NARO, situé dans la préfecture d’Ibaraki, où les représentants du NARO ont exposé leurs recherches en matière d’analyse des sols, de robotique, d’intelligence artificielle et d’agriculture intelligente (smart farming). Ils ont également présenté l’état d’avancement de leurs recherches et expérimentations en matière d’alimentation et de régimes alimentaires.

Lire aussi l’article L’INRAE renforce ses collaborations au Japon

La poursuite des négociations dans les domaines sanitaire et phytosanitaire

Les représentants des deux ministères ont pu faire le point sur les négociations en cours dans les domaines sanitaire et phytosanitaire. S’agissant de la peste porcine africaine, il a pu être acté que la version technique du projet d’accord de zonage est désormais stabilisée, et que celle-ci va pouvoir être soumise à l’examen du comité d’experts japonais correspondant. Par ailleurs, les deux ministères se sont accordés à ouvrir des négociations pour adapter les conditions sanitaires japonaises à la suite de la mise en œuvre de la campagne de vaccination contre l’influenza aviaire hautement pathogène depuis le 1er octobre 2023 en France.

Des échanges complémentaires en marge du 8e groupe de travail agricole franco-japonais

Des échanges ont eu lieu avec les représentants d’entreprises françaises présentes au Japon ainsi que d’importateurs de produits français pour évoquer les opportunités offertes par l’entrée en vigueur, depuis le 1er février 2019, de l’accord de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et le Japon pour les exportations agroalimentaires françaises, et sur les améliorations possibles. La délégation a également pu s’entretenir avec l’Agriculture & Livestock Industries Corporation (ALIC), agence administrative japonaise chargée de l’import de produits agricoles, et notamment de la gestion des quotas consentis à l’organisation mondiale du commerce (OMC), en particulier les quotas de beurre, dont la France est le deuxième bénéficiaire avec 24% du total en 2023. La délégation française a fait part à la délégation japonaise de difficultés d’accès de nos entreprises à ce quota pour certains produits très spécifiques.

Enfin, la directrice générale adjointe de l’alimentation et cheffe des services vétérinaires français Emmanuelle Soubeyran a complété ce déplacement par une rencontre avec les services du ministère japonais de la santé, du travail et de la protection sociale pour échanger sur des questions relatives à la sécurité sanitaire des aliments, ainsi qu’avec la représentation régionale Asie-Pacifique de l’organisation mondiale de la santé animale (OMSA).

Article publié sur le site du Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire – Alimagri

Contact : Anne-Laure Roy, chargée de mission Asie-Pourtour Méditerranéen – Bureau des relations européenne et de la coopération internationale – DGER-MASA – anne-laure.roy@agriculture.gouv.fr




Du yack au mérinos

Une délégation présidentielle venue de Mongolie en visite à la Bergerie Nationale de Rambouillet le 12 octobre 2023.

La Direction générale de l’enseignement agricole – Ministère de la l’agriculture et de la Souveraineté alimentaire (MASA) a accueilli la délégation dans le cadre d’une visite de haut niveau entre les présidents de la République de Mongolie et de la France. Anne-Laure Roy, qui représentait la DGER pour l’occasion s’est fait l’écho de la satisfaction que cet accueil ait lieu dans un des 804 établissements sous tutelle du MASA, répartis dans des territoires diversifiés et couvrant toutes les filières représentatives de l’agriculture française.

La visite de la bergerie nationale de Rambouillet a été l’occasion de montrer le savoir-faire des établissements agricoles français qui allient enseignements théoriques et pratiques dans les domaines de la production, transformation, agroéquipement, commercialisation, préservation de l’environnement et du service aux personnes en milieu rural.

La délégation tenait beaucoup à visiter la Bergerie Nationale dans le cadre de la révolution agricole qui s’opère actuellement dans le pays. La directrice Mme Lescoat a présenté l’histoire et les missions de ce pôle de formation qui accueille 400 jeunes sur des formations en productions animales, métiers du cheval et agriculture. Puis elle a insisté sur quelques éléments patrimoniaux remarquables, témoins de la ferme expérimentale créée par Louis XVI.

le conseiller agricole du Président mongole observe la finesse de la qualité de la laine Merinos.

Le conseiller en immersion dans le troupeau de béliers merinos

Gérald Roseau, directeur de l’exploitation a pris le relais pour présenter le projet de l’exploitation servant de support aux formations en respectant les principes de l’agroécologie et tourné vers l’autonomie fourragère. Il a expliqué la conduite du troupeau de vaches laitières en agriculture biologique dont tout le lait est transformé sur place et vendu en circuit court. La présentation du troupeau des béliers mérinos, géré en conservatoire de la race depuis 1786, a suscité un intérêt particulier pour la qualité de sa laine, ainsi que pour les croisements effectués avec des brebis romanes pour l’amélioration de la production de viande.

Concernant le pôle formation, plusieurs membres de la délégation ont été spécialement intéressés par l’organisation de la scolarité en apprentissage et le fait que les jeunes soient rémunérés et également internes dans l’établissement.

Pour clôturer la visite, une dégustation a permis d’apprécier les fromages de la Bergerie Nationale élaborés sur place.

La visite du moulin qui transforme 100 kg de céréales en farine par heure et qui stabilise la valorisation des grandes cultures a également retenu l’attention des visiteurs.

Des cadeaux ont été échangés à l’issue de la visite.

A travers cette visite, l’enseignement agricole a été heureux de partager son expertise avec la Mongolie sur des sujets  d’intérêt commun (élevage laitier et transformation laitière, production et transformation de céréales, valorisation des qualités lainières du Mérinos, élevage équin…)

Suite à cette visite, les établissements d’enseignement français et mongols vont continuer à explorer les possibilités d’organiser la mobilité réciproque d’apprenants au sein de leurs différentes filières de formation.

Légende de la photo de tête de l’article : Chimiddorj Davaabayar, conseiller agricole du Président de la République mongol accompagné de plusieurs entrepreneurs mongols, entouré de Elisabeth Lescoat directrice de la Bergerie Nationale, Gérald Roseau directeur de l’exploitation, Anne-Laure Roy chargée de mission Asie au BRECI/DGER et Anne-Caroline VINET chargée de coopération internationale DRIAAF/ IDF

Rédaction de l’article par Anne-Caroline VINET chargée de coopération internationale DRIAAF/ IDF

Contact : Anne-Laure Roy, chargée de mission Asie-Pourtour Méditerranéen – Bureau des relations européenne et de la coopération internationale – DGER-MASA – anne-laure.roy@agriculture.gouv.fr




Le Bénin choisit l’expertise française

L’expertise de l’enseignement agricole français accompagne le passage de 10 à 30 lycées techniques agricoles au Bénin : des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail ont eu lieu à Cotonou entre le 17 et le 27 septembre 2023.

Le Bénin, via son Agence de Développement de l’Enseignement Technique (ADET) a entrepris une grande réforme institutionnelle de l’enseignement technique et professionnel, en particulier agricole, passant de 10 à 30 lycées techniques agricoles (LTA).
Sollicité par l’ADET dès 2021, l’enseignement agricole français (via la DGER/BRECI et ses réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI) a élaboré avec France Éducation International (FEI) une offre technique pour accompagner cette réforme. Les enjeux sont d’importance : il s’agit d’élaborer des programmes de formation, produire des ressources pédagogiques, identifier les équipements nécessaires aux formations, préparer l’implantation des filières ; soutenir, par la formation et l’insertion les jeunes dans la vie active, les politiques territoriales de développement économique et social ; mettre en place une professionnalisation des métiers de la formation ; favoriser l’implication active dans le territoire, des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, et structurer une dynamique tournée vers l’innovation et l’expérimentation. 11 filières et 15 diplômes (Diplôme Technicien Métier et Diplôme Technicien Supérieur Métier, DTM et DTSM) sont concernés.
Cet appui est mis en œuvre dans le cadre d’une contribution plus globale en « équipe France » à la réforme de l’appareil de formation professionnelle du Bénin,  s’inscrivant dans le programme de coopération en matière de formation professionnelle entre la République du Bénin et la France signé à la suite du déplacement au Bénin du Président de la République française en juillet 2022. Avec un financement de la Banque mondiale d’un montant de 1,22 M€, ce projet a en ligne de mire l’accueil de 48 000 apprenants afin de les former très concrètement aux métiers de l’agriculture.

Ainsi, une première mission dans le cadre de ce projet a mené au Bénin entre le 17 et le 27 septembre 2023 un groupe d’experts de l’enseignement agricole français, accompagnés par le réseau CEFAGRI et France Education International. Une réunion de cadrage entre l’ADET, FEI et la DGER (BRECI) a permis le lancement officiel du projet. Puis les experts en aquaculture, en élevages de ruminants, de porcins, en productions horticoles, fruitières et forestières, en agroéquipements… ont animé des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail (AST) avec des professionnels béninois, tant de la production que de la formation agricoles (enseignants et directeurs de LTA, inspecteurs). À leurs côtés étaient présents des experts marocains recrutés par FEI ainsi que des spécialistes du coton et du palmier à huile ayant rejoint l’équipe d’experts par le truchement du réseau CEFAGRI.

Les experts de l’enseignement agricole français témoignent de cette expérience de co-construction d’analyses de situations de travail avec des collègues et partenaires béninois avec lesquels la coopération n’est pas nouvelle :

Jean-Roland Arbus, enseignant d’agronomie au LEGTA de Figeac et co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest :
Suite à deux missions au Bénin, en 2019 et 2021, en tant que co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest, j’ai trouvé logique de contribuer à la co-écriture des référentiels avec les Béninois. Être à l’écoute de leurs attentes pour les intégrer dans les référentiels, travailler en équipe d’experts sont des éléments de réussite. Enfin soulignons l’importance d’intégrer l’agroécologie, la durabilité et la gestion économique dans ces référentiels pour les futurs entrepreneurs béninois.

 

Patrick Desnos, enseignant d’agronomie au lycée horticole privé de Saint-Ilan (Côtes-d’Armor) :
La rencontre avec les professionnels, les enseignants et les inspecteurs béninois nous a permis de mieux appréhender les attentes de nos partenaires et de confronter nos visions « Nord-Sud » des métiers des différentes filières agricoles étudiées. Cette co-construction de l’analyse des situations de travail dans le domaine du maraîchage, de l’horticulture ornementale, de l’arboriculture fruitière et forestière m’a permis de mieux cerner ces différents métiers au Bénin. Les diplômes visés de technicien métier et de technicien supérieur métier ont pour but, entre autres, de favoriser la création d’entreprise permettant à des jeunes béninois de participer à la souveraineté alimentaire de leur pays et d’améliorer la chaîne de valeurs. Les échanges avec l’ensemble des participants ont été riches et constructifs : une co-construction à poursuivre pour écrire le référentiel de compétences dans le cadre de cette rénovation ambitieuse.

Catherine Lejolivet, enseignante d’aquaculture au LEGTA de La Canourgue (EPL de la Lozère) :
Bénin comme Bienveillance : c’est le sentiment fort ressenti pendant cette semaine de travaux collaboratifs avec les partenaires des filières professionnelles agricoles, l’inspection et les enseignants des lycées techniques. Ce fut une première en Afrique de l’Ouest, me concernant. La mission de co-construction de programmes de formation aquacole est d’importance pour ce pays désireux de former des techniciens et des techniciens supérieurs leur permettant de s’installer, de piloter ainsi leurs entreprises avec un maximum de clés et de contribuer à l’approvisionnement des marchés demandeurs de produits aquatiques d’eau douce ou saumâtre. D’où le challenge pour moi : comprendre le contexte aquacole, les attentes des partenaires afin de répondre au mieux dans un esprit clairement de convivialité partagée. Les échanges ont été riches, vivants et constructifs, hâte de poursuivre l’aventure franco-béninoise !

 

Arnaud Lefèvre, directeur de l’exploitation ostréicole de l’EPL de Bourcefranc :
Suite à des échanges réguliers avec différents partenaires béninois depuis plus de vingt ans, il m’a semblé intéressant de participer à l’évolution des curricula des formations techniques en aquaculture. Au sein de ce secteur très dynamique en Afrique de l’Ouest depuis quelques années, le Bénin réussit à tirer son épingle du jeu, grâce en particulier à la mise en place de l’organisation de la filière. Les échanges avec les professionnels, mais également avec les enseignants et les représentants de l’administration, permettent de contextualiser et de partager les différentes opinions sur ce secteur de production. L’enjeu premier est de proposer des programmes basés sur les pratiques, de façon à ce que les apprenants soient opérationnels dès la sortie des études. Au-delà, la demande inclut de considérer dans ces formations les évolutions et les innovations envisageables de la filière aquacole au Bénin.

Jean-Louis Devoyon, enseignant d’agroéquipement au LPA de Saint-Yrieix-la-Perche :

Sollicité par le BRECI/DGER et avec l’aide de Guillaume Gillet de l’ENSFEA, le lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche est un établissement reconnu dans le domaine des agroéquipements avec une dimension internationale puisqu’il coopère avec des pays d’Afrique et en particulier le Bénin. C’est à ce titre que j’ai été mobilisé sur ce projet pour la co-construction selon l’approche par compétences (APC) des référentiels de formation en machinisme (DTM/DTSM). J’ai ainsi pu valoriser et partager mon expérience en mécanisation agricole afin de proposer des formations qui répondent aux mieux à la demande professionnelle actuelle et à venir pour une insertion réussie des futurs apprenants. En tant qu’expert, j’ai pu prendre la mesure des forts enjeux de ce projet ambitieux par rapport aux grandes potentialités de ce pays en développement et ce fut un honneur pour moi de pouvoir modestement y contribuer. De cette première expérience, je retiendrai la difficulté de proposer une offre de formation cohérente non seulement au regard de la structuration des branches sectorielles actuelles mais aussi tenant compte du secteur informel, non-formel le plus représentatif. Il est apparu ainsi important d’ouvrir cette formation à des métiers pas seulement tournés vers la maintenance agricole mais aussi vers l’utilisation, la conduite, le réglage des machines voire dans certains cas l’adaptation-conception simples d’outils. C’est précisément ce lien agronomique avec le vivant qui permettra à court terme un renforcement capacitaire de l’arrière paysage rural et de son développement économique par un ancrage de jeunes dans leur territoire. Dans cette perspective, la réduction de la pénibilité des travaux agricoles grâce au développement d’une mécanisation raisonnée doit en principe permettre une meilleure productivité des sols et attractivité du métier chez les jeunes agriculteurs, leur offrant ainsi des conditions de vie meilleures et  participant alors dans une certaine mesure à la déconstruction des imaginaires migratoires.

Xavier Baudouin, directeur de l’exploitation agricole de l’EPL de Vire :
Les missions d’expertise constituent un levier essentiel de la coopération internationale, ainsi qu’un outil de dialogue et de valorisation des savoirs faire. Notre mission sur le sol béninois fut une expérience véritablement enrichissante. La rencontre avec les acteurs locaux, qu’ils soient professionnels du secteur, enseignants ou inspecteurs, a grandement contribué à notre compréhension des attentes de nos homologues béninois.
De plus, elle a permis de confronter nos perspectives distinctes sur les métiers agricoles, en intégrant les visions tant « Nord » que « Sud ». Cette convergence d’idées s’est avérée être le socle essentiel à la poursuite de notre collaboration dans le cadre de la révision ambitieuse du référentiel de compétences. De nos discussions, est née une belle opportunité : celle de co-créer, co-construire, d’unir nos forces pour tracer le chemin d’une rénovation ambitieuse.
Ce premier pas ne représente qu’une étape préliminaire. Il incarne une promesse de synergies futures, où nos compétences et notre engagement mutuel se fondent dans la rédaction d’un référentiel. Notre récit, forgé par notre passion pour l’agriculture et notre désir de contribuer au progrès, se prolongera, établissant un lien solide et durable entre deux nations unies par leur quête d’excellence dans le domaine agricole.

À l’issue de cette première mission, toutes les analyses de situation de travail co-construites au cours des ateliers puis rédigées par les experts français et marocains sont relues par une DRIF (déléguée régionale à l’ingénierie de formation) de l’enseignement agricole afin d’en proposer à l’ADET une version finale tout à fait complète et harmonisée.

L’ensemble des experts français et marocains ainsi que leurs homologues béninois se retrouveront au Bénin en décembre 2023 pour la prochaine étape : l’élaboration conjointe des référentiels de compétences. Viendront ensuite, avant la fin de cette année scolaire, les missions de co-construction des référentiels de formation et d’évaluation. Ces missions seront bien évidemment accompagnées par les coordonnateurs du projet,  béninois (l’ADET) et français (le MENJS via FEI et le MASA via la DGER/BRECI et son réseau CEFAGRI) qui veilleront à assurer la bonne conduite de cette importante coopération multi-acteurs.

Contacts : Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest
vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr