Transition agroécologique dans l’Océan Indien

Dans le cadre de la mission coopération de la Région Réunion, l’EPL FORMATERRA mobilise son expertise pour répondre aux besoins de formation des Iles de l’Océan Indien (Maurice, Rodrigues, Seychelles, Madagascar et Comores)  et ainsi contribuer à leur transition agroécologique et plus largement à leur souveraineté alimentaire.

L’expertise en agroécologie de FORMATERRA s’est construite grâce à sa participation aux expérimentations mises en place sur les différents sites de son exploitation agricole (Saint Paul, Saint Benoit et Saint Leu et Etang Salé) par les acteurs de la recherche agronomique et du développement agricole durable de l’ile de La Réunion : CIRAD, ARMEFLHOR, FDGDON, chambre d’agriculture. On peut citer le projet GAMOUR et le projet STOP .

FORMATERRA est aussi associé, aux travers des réseaux d’innovation et de transferts agricoles (RITA) aux différentes innovations dans le domaine de l’agroécologie et de l’agriculture durable en Outre-Mer.

Cette forte implication a permis à FORMATERRA d’être aujourd’hui un centre de formation professionnel reconnu et sollicité dans son espace régional Océan Indien pour mettre en place des formations dans le domaine de l’agroécologie et de l’agriculture durable.

La plupart des  formations proposées dans les pays de la zone Océan Indien  s’inscrivent dans les programmes de coopération INTERREG  de la Région Réunion (volet  formation professionnelle) en lien avec les actions de coopération du réseau REAP AAOI et de la plate forme PReRAD-OI. C’est ainsi que des formations aux actifs agricoles (techniciens, formateurs et agriculteurs) ont été réalisées aux Seychelles, à Maurice et sont envisagées dans le sud malgache et sur l’Ile Rodrigues.

C’est dans ce contexte que depuis la mi-août 2023, les équipes du CFPPA de FORMATERRA proposent des sessions de formation à l’Académie du « Vélo Vert » , centre de formation de l’association mauricienne du même nom qui fait la promotion de l’agriculture organique .

Le Vélo Vert de Maurice est né de la détermination de Géraldine d’Unienville, fondatrice de l’association en 2012, alertée par les pédiatres sur les risques de consommation régulière  de résidus de produits phytosanitaires contenus dans les fruits et légumes frais commercialisés à Maurice. Suite au COVID  mais aussi un rapport de la FAO, cette alerte s’est ajoutée au besoin de sécurité alimentaire et d’autonomie en produits agricoles sains et de pratiques respectueuses de l’environnement. Le Vélo Vert, installé à Chamouny dans le sud de Maurice dispose maintenant d’une ferme expérimentale qui lui sert de terrain d’application pour ses formations.

Depuis janvier 2023, le Vélo Vert est l’une des rares organisations à proposer une formation professionnelle en agroécologie à Maurice, intitulée « agroécologie et agripreneurs : parcours et pratiques ». La formation se déroule en 3 chapitres : Conception d’un système agroécologique (chapitre 1- 8 jours), Pratiques agroécologiques (chapitre 2-12 jours) et Autonomie et durabilité en agroécologie (chapitre3-8 jours).

La formation est relativement courte (160 heures) mais répond aux besoins et aux contraintes des agriculteurs mauriciens avec 70 % de pratique et 30 % de théorie.

Suite à ses interventions dans 2 projets de formation en agroécologie à Maurice organisée par l’antenne de la Région Réunion et les acteurs du développement et de la recherche agricole locale (MCA : Chambre d’agriculture de Maurice, le régionale Training Center RTC et le Food and Agriculture Research and Extension Institut FAREI, FORMA’TERRA a été sollicité pour un soutien en expertise régionale dans l’acquisition des compétences pour les encadrants et techniciens du Vélo Vert et les agri-entrepreneurs inscrits aux sessions de formation du Vélo Vert pour cette première édition.

Trois formateurs du CFA/CFPPA sont intervenus sur les pratiques agroécologiques de juillet à septembre 2023, dans 3 modules, l’un sur l’Entretien de la fertilité du sol : Connaître le fonctionnement d’un sol vivant et appliquer des pratiques pour l’entretenir, le second sur la Gestion des ravageurs et maladies : Réduire les risques des attaques en agroécologie et enfin sur le thème de l’Agroécologie et reconnaissance des auxiliaires de culture.

Les formations ont alterné des moments de cours théoriques et des séances pratiques,  les cours théoriques ont notamment abordés la gestion des populations de bio-agresseurs, la démarche agroécologique, l’utilisation des produits de biocontrôle. Les ateliers pratiques ont permis d’expérimenter des notions de capture (filet fauchoir, parapluie japonais, aspirateur à bouche) et l’observation à la loupe binoculaire.

Quelle suite ?

Deux formateurs sont intervenus sur l’autonomie et durabilité en agroécologie en novembre et décembre 2023 sur les modules de Propagations des plantes : Rendre sa production plus autonome par la production de graines et de plantes (A. Colle) et de Gestion financière : Gérer l’aspect financier de l’activité et assurer des profits (R. Khattou).

Mieux connaître les RITA

« Le Velo Vert » Association de soutien au développement agroécologique

Contacts :

Didier Ramay co animateur du réseau géographique Afrique Australe Océan Indien de la DGER – EPLEFPA FORMATERRA Saint-Paul de la Réunion, Jérôme Masson, chargé de coopération régionale EPLEFPA FORMATERRA Saint-Paul de la Réunion ; Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise internationale au BRECI

 




Deux Togolais en service civique à Saint-Gaudens

La coopération internationale se développe et se structure depuis un an et demi au sein de l’EPL de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) : stages d’apprenants et mobilités d’enseignants et personnels administratifs en Europe, accueils de partenaires européens, missions au Togo, au Botswana et en Afrique du Sud et, pour l’année scolaire 2023-2024, l’accueil de deux jeunes togolais pour une mission de service civique.

En tant que directeur de l’EPL de Saint-Gaudens, Vincent Labart a participé en avril 2023 à la mission au Togo proposée par le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole à l’occasion du Forum-Afrique-Monde de Lomé.
Il témoigne de cette expérience au Togo et sur les suites mises en place pour la vie de son établissement :

« Au cours de cette mission, nous avons rencontré différents partenaires, dont le responsable de France Volontaires au Togo, des représentants de l’ANVT (Agence nationale du volontariat au Togo) et de l’APCFAR (Association professionnelle des centres de formation agricole et rurale), ainsi que des jeunes souhaitant venir en France dans le cadre d’un service civique. Ces belles rencontres ont rejoint la volonté de l’établissement d’accueillir un jeune volontaire.

Le réseau Afrique de l’Ouest a accompagné cette demande. Ce soutien a été essentiel dans la mesure où le recrutement d’un service civique était une première pour notre Campus et que nous n’en maîtrisions pas les procédures. Notre désir était d’apporter une ouverture au monde à nos élèves à travers des actions d’animations culturelles (temps périscolaires, club UNESCO) mais aussi à travers des échanges techniques relatifs aux pratiques agroécologiques très bien développées au Togo, notamment dans le domaine du maraîchage.
Selon la procédure élaborée conjointement par le réseau Afrique de l’Ouest et les partenaires togolais, ces derniers ont effectué une présélection de qualité qui nous a décidé, après des entretiens en visioconférence, à accueillir, non pas un, mais deux jeunes togolais : Éric Lalaguewé Tchangani et Parfait Kébalo Takouda.

Ils sont arrivés le 7 novembre 2023, refroidis par les 25 degrés d’écart entre Lomé et Toulouse. Leur bonne humeur, leurs qualités relationnelles, leur envie d‘échanger ont conquis les élèves et les équipes. Cathy Garcia, leur tutrice, directrice-adjointe de l’établissement, organise en lien avec eux leurs emplois du temps.
Ils ont commencé par découvrir le pays de Comminges (région naturelle et historique des Pyrénées françaises), l’enseignement agricole, nos pratiques pédagogiques et nos élèves. Les enseignants et formateurs les ont associés aux cours, travaux pratiques et visites. Ils ont par exemple participé aux manipulations ovines et bovines, assisté aux concours de jugements d’animaux mais aussi collaboré au diagnostic de territoire dans le cadre du projet Pro de la classe de terminale SAPAT.

Très curieux, ils s’intéressent autant aux connaissances professionnelles qu’aux techniques d’animation pédagogique. Ils expriment leur envie d’apprendre et de transmettre. Les interventions de Parfait et d’Éric dans le temps périscolaire et dans les cours illustrent cette volonté de transmission. Ils l’ont encore démontré en présentant en décembre l’agriculture togolaise aux représentants de la Mongolie, de l’Italie, de la Grèce et de la Roumanie qui se sont déplacés pour le Comité de pilotage de notre projet Erasmus + coopération de partenariats entre institutions – KA2 s’inscrivant dans le cadre du plan de sauvegarde international de la transhumance en collaboration avec 5 pays.
Leur lettre de mission, dont l’intitulé est « Interculturalité, transhumance et transitions agroécologiques », prévoit une participation aux travaux d’expérimentation de l’exploitation. Les projets de la ferme leur ont été présentés et ils ont choisi leur terrain d’action. Ce seront notamment le suivi du projet « laine » (comparaison de différents paillages) et le suivi des couverts végétaux pâturables. Ils sont donc véritablement parties prenantes de la vie de l’établissement, d’autant plus qu’ils ont souhaité participer à la remise en fonctionnement d’un atelier maraîchage sous serre pour les élèves et les apprentis.

Notre campus accueille pour la première fois des services civiques, qui plus est d’origine étrangère. Si nous savons organiser la vie au sein de l’établissement, nous n’avions pas obligatoirement les réflexes pour assurer la vie quotidienne de Parfait et Éric hors de l’établissement. Nous avons certainement manqué d’anticipation dans cette organisation, mais la mobilisation de l’ensemble de la communauté éducative a permis de pallier ce manque.

Notre volonté était d’ouvrir notre campus, nos élèves et apprentis au monde, de mieux comprendre l’Autre, ses différences, ses particularismes et ses richesses. Parfait et Éric le soulignent particulièrement : il est très enrichissant de découvrir une autre culture, un autre mode de vie, même s’il peut être difficile d’en saisir toutes les nuances.

Cet enrichissement est valable également pour les apprenants et les adultes du campus. Deux mois après leur arrivée, nous pensons que cette ambition peut être atteinte grâce à la combinaison d’une volonté d’accueil du Campus, de l’accompagnement du MASA/DGER, de France Volontaires et bien évidemment de la personnalité de Parfait et Éric. »

Article proposé par Vincent Labart, directeur de l’EPL de Saint-Gaudens (jusqu’en décembre 2023), vincent.labart@educagri.fr

Contact :
Vanessa Forsans, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




3 jeunes Malgaches à FORMA’TERRA

Feno, Malya et Miran sont arrivés en août 2023 à La Réunion pour la rentrée scolaire, tous 3 sélectionnés pour suivre une formation de deux ans en BTSA GEMEAU et DARC à la Réunion au lycée agricole Emile Boyer de La Giroday de l’EPL FORMA’TERRA à Saint Paul.

L’arrivée de 3 jeunes malgaches en formation agricole sur l’île de la Réunion est associée à un projet initié en 2022. En effet, l’établissement d’enseignement agricole FORMATERRA de St Paul avait accueilli avec la collaboration de l’Ambassade de France à Madagascar et Campus France Madagascar, un premier groupe de 8 étudiants malgaches en agronomie pour un stage de 3 mois. Ce stage s’est décomposé en 3 périodes de 1 mois : une formation dans les classes BTSA du lycée et du Centre de Formation d’Apprentis, un stage pratique sur l’exploitation agricole de FORMATERRA et un stage dans une entreprise agricole partenaire.

Ce projet  mobilité entrante a été un véritable succès tant humainement que professionnellement. Il et a permis aux 8 jeunes issus de plusieurs écoles de formation agronomique de Madagascar de réaliser une expérience qualifiante et d’acquérir des compétences en agroécologie en milieu tropical.

Suite au succès de cette collaboration, FORMATERRA a donné son accord pour renouveler l’expérience pour l’accueil d’un deuxième groupe de jeunes en 2023 sur le même format.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là . En effet lors du bilan, la majorité des 8 jeunes ont exprimé leur souhait de pouvoir intégrer les sections BTSA du lycée.

Face à cette demande , FORMATERRA a décidé d’offrir à 3 étudiants malgaches la possibilité de suivre une formation diplômante de deux ans dans les filières BTSA du lycée Emile Boyer de La Giroday. Un appel à candidature a été lancé début 2023.

Feno, Malya et Miran – tsoa Hajaina ont été les 3 étudiants sélectionnés par FORMATERRA pour s’inscrire en BTSA GEMEAU et DARC dès la rentrée d’août 2023.

 Miran, inscrite BTSA GEMEAU

Avant l’arrivée à FORMATERRA, je suis Miran RAKOTOARIMANANA et j’ai un parcours d’ingénieur diplômée de l’école supérieur polytechnique D’Antananarivo.

Pourquoi le choix de compléter par une formation technique BTSA GEMEAU ?

Je suis particulièrement sensible aux besoins de mon pays et en spécifiquement à la difficulté des familles malgaches à avoir accès à l’eau potable. Mon pays se compose de près de 70% d’agriculteurs et pourtant on a du mal à produire assez de nourriture pour toute la population. Le manque d’eau ou sa mauvaise gestion est souvent le frein à la productivité de l’agriculture à Madagascar, aussi on recourt encore beaucoup aux importations. Ces situations m’ont conduit à m’interroger et m’ont poussé à m’impliquer professionnellement pour trouver des solutions durables. Suivre une formation technique spécialisée dans le domaine de l’eau m’a semblé une opportunité d’acquérir de nouvelles compétences en rapport avec mon projet professionnel. Aussi j’ai candidaté pour intégrer la formation BTS GEMEAU à La Réunion.

Feno, inscrit en BTSA DARC

Feno HASINA RAFALINDRANTO, avant l’arrivée à FORMATERRA, était étudiant diplômé de l’école de formation des techniciens agricole d’Ambatobe à Antananrivo.

Pourquoi le choix de compléter par une formation technique BTS DARC ?

J’ai toujours été passionné par l’agriculture et l’élevage. Je considère que, pour mon pays, l’agriculture c’est l’avenir. Elle joue un rôle important sur le développement durable du pays. Dans le sud malgache, en particulier, les problèmes de la production agricole sont importants et nécessite davantage de techniciens. Je pense que le BTSA DARC va m’apporter les compétences nécessaires pour contribuer à résoudre ces problèmes. Je souhaite après cette formation technique suivre une licence professionnelle en agronomie. Ces 2 parcours vont me permettre de me qualifier en agroécologie, puis je pourrais travailler comme technicien agricole à Madagascar et ensuite m’installer en tant qu’agriculteur.

Malya, inscrite en BTSA DARC

Avant l’arrivée à FORMATERRA, Malya STEPHANIE RANDRIANARIVELO était étudiante en deuxième année de licence en science agronomique dans le domaine de la production végétale à l’Ecole Professionnelle Supérieure Agricole (EPSA de Bevalala) à Antananarivo.

Pourquoi le choix de compléter par une formation technique BTSA DARC ?

Je viens d’une famille d’agriculteur et j’ai toujours été attiré par la nature et l’Environnement, c’est pour cela que je me suis inscrite dans une école professionnelle en Agriculture à Antananarivo pour acquérir des expériences et compétences afin de les pratiquer et de les partager une fois chez moi. Mon but était d’approfondir mes connaissances dans le domaine de l’Agriculture durable surtout tout ce qui concerne la production végétale et la transformation agroalimentaire. Mon but est de devenir technicienne agricole.  Mon objectif est d’obtenir le BTSA DARC est de pouvoir acquérir les compétences nécessaires à mon projet.

En plus des expériences professionnelles que ces étudiants vont acquérir en stage dans les entreprises de La Réunion, nos deux jeunes malgaches en BTSA DARC se sont inscrits dans une démarche de mobilité professionnelle de stages en agroécologie en Europe via le dispositif Erasmus+. Ils bénéficieront aussi au cours de leurs deux années en BTS, du programme de stage collectif du BTSA DARC de FORMATERRA, soit une étude de système agraire et de développement local à Madagascar ou aux Seychelles ainsi que l’animation d’une formation à l’agroécologie autour de la création d’un jardin potager dans une école de Rodrigues.

Crédit photographique – tête d’article : Bandeau illustrant les formations de l’EPL FORMATERRA

Contacts :

Didier Ramay, animateur réseau géographique Afrique Australe Océan Indien, didier.ramay@educagri.fr

Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise internationale au BRECI

 

 




Une délégation franco-ouest africaine au SARA

L’enseignement agricole développe ses partenariats avec la Côte d’Ivoire à l’occasion du plus important salon de l’agriculture d’Afrique de l’Ouest, le SARA (Salon de l’agriculture et des ressources animales), qui s’est tenu au parc des expositions d’Abidjan du 29 septembre au 8 octobre 2023.

Accompagnée par les deux animateurs du réseau Afrique de l’Ouest et le chargé de coopération Afrique subsaharienne de l’enseignement agricole pour la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (BRECI) du Ministère de l’agriculture et de la Souveraineté alimentaire, la délégation a associé des personnels de l’enseignement agricole français (la directrice et un membre de l’équipe de l’exploitation agricole de l’EPL de La Roche-sur-Yon, une enseignante de l’EPL du Morvan, le directeur du CFAA de La Bretonnière) mais aussi de partenaires africains, venant du Bénin et du Sénégal, spécialistes de l’agroécologie : Pascal Gbenou, directeur de la ferme-école SAIN et enseignant chercheur à l’Université Nationale d’Agriculture au Bénin, et Sidy Tounkara, chercheur à l’IPAR (Initiative et Prospective Agricole et Rurale), membre de la fondation FARM et point focal de la Dytaes (Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal).

Panels et conférences

La délégation a assisté à plusieurs conférences donnant à entendre les préoccupations majeures de l’agriculture ouest-africaine, telle que la conférence inaugurale du Salon intitulée « L’agriculture africaine face aux défis des chocs internes et externes : quelles innovations structurelles pour améliorer les secteurs agricoles et garantir la souveraineté alimentaire ? » puis la table ronde sur le thème « Jeunesse et agriculture africaine résiliente » à laquelle a participé Alain Moulinier, du CGAAER, qui a représenté le ministre du MASA et a abordé les enjeux environnementaux, sociétaux et démographiques, mentionnant notamment les ambitions du PLOA (Pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles)  : améliorer la souveraineté, augmenter la résilience, accompagner les transitions, favoriser l’installation et le renouvellement des actifs. Il a été souligné que le changement climatique oblige à des transformations de nos systèmes de productions et donc des pratiques, appelle à des compétences nouvelles ou renforcées comme en matière de gestion de l’eau, de protection des sols ou de numérique. Cela passe en particulier par un investissement dans la transformation de l’enseignement agricole. Ces thématiques ont trouvé un écho lors du side-event de la CEDEAO sur « L’agriculture intelligente face au climat (AIC) et l’agroécologie : opportunités et défis pour l’Afrique de l’Ouest », de même que dans la présentation organisée par FranceAgriMer de l’expertise française en aviculture, au cours de laquelle le réseau CEFAGRI a eu l’occasion d’évoquer son fonctionnement et son rôle en matière de mobilisation de l’expertise de l’enseignement agricole.

Le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole a également proposé un panel de regards croisés ouest-africains et français sur le thème « Formation agricole, agroécologie et coopération », en partenariat avec le METFPA (Ministère de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’apprentissage), l’INFPA (Institut national de formation professionnelle agricole) représenté par son directeur général Marc-Olivier Togbe, et l’ambassade de France en Côte d’Ivoire, avec Jean-Pierre Chomienne, Conseiller aux affaires agricoles, et Marie-Laure Martial, du Service de coopération et d’action culturelle. En ouverture des échanges, a été visionné le film « Agri-cultures / la coopération – la Côte d’Ivoire ». En présence d’une centaine de personnes (inspecteurs, directeurs, formateurs, apprenants des établissements ivoiriens, étudiants ouest-africains), les membres de la délégation ont illustré la thématique du panel par des exemples concrets issus de leurs organismes respectifs (activités liées au plan EPA2 pour les EPL français, de la ferme SAIN au Bénin, d’IPAR au Sénégal). Cet événement a permis de renforcer le rapprochement entre l’INFPA et le METFPA et ainsi favoriser les synergies entre institutions ivoiriennes en charge de la formation agricole. Il a également permis de mettre la lumière sur la mission de coopération internationale de l’enseignement agricole français et de montrer comment celui-ci est en mesure d’être un partenaire pour contribuer au renforcement des capacités de systèmes de formation agricole et rurale comme levier central du développement agricole.

Rencontres professionnelles et institutionnelles

La délégation a été reçue par le ministre d’État en charge de l’agriculture, M. Adjoumani, qui est en outre passé saluer les participants au panel « Formation agricole, agroécologie et coopération ». Une réunion de travail a aussi pu se tenir avec M. N’Guessan Koffi, ministre de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’apprentissage, ouvrant des perspectives de coopération avec de nouveaux établissements proposant des formations agricoles en Côte d’Ivoire, dont le lycée professionnel sectoriel de formation aux métiers agricoles de Botro.

Sur le pavillon France, une réunion avec des représentants de la région AURA (Chambre d’agriculture, AFDI, Fédération nationale des communes pastorales) a permis d’aller dans le sens d’une bonne implication de l’enseignement agricole dans leurs initiatives avec la Côte d’Ivoire. La rencontre avec la responsable de l’entreprise Prestige chocolat a permis d’envisager la vente de son champagne au chocolat dans les boutiques des EPL en partenariat avec la Côte d’Ivoire.
En parallèle des visites et rencontres au SARA, les membres de la délégation ont poursuivi les échanges avec leurs partenaires de l’INFPA en se rendant dans les établissements de Bingerville (CAPP, ESEMV, ERA-Sud) et de Tiébissou. Aquaculture, élevages, aménagement paysager, maraîchage (dont une expérimentation croisée sur le semis de pommes de terre) constituent les principaux domaines sur lesquels portent les projets de partenariat, se concrétisant notamment par des mobilités réciproques.

Le rôle des animateurs du réseau

Outre l’organisation logistique de la mission collective, il revient aux animateurs du réseau de faciliter les contacts entre établissements français et ivoiriens en l’occurrence. C’est ce qui a notamment été effectué en amont de cette mission en Côte d’Ivoire, lors du Salon international de l’agriculture à Paris en mars dernier, sur le stand de l’INFPA. Un temps d’échange avec des enseignants de l’EPL du Loiret a permis à un groupe d’étudiants de BTSA ACSE du lycée agricole Le Chesnoy d’être accueilli par l’INFPA à Bingerville pour un voyage d’étude, se poursuivant auprès des cacaoculteurs de San Pedro dans le cadre d’un projet porté par l’AFDI. Et la mise en relation de l’équipe de direction de l’EPL du Morvan avec celle de l’INFPA a été suivie de la possibilité de participer à cette mission en Côte d’Ivoire et de lancer concrètement le partenariat par l’accueil dans le Morvan de deux volontaires ivoiriens en service civique.
Jean-Roland Arbus nous fait part de son expérience : « En tant qu’animateur du réseau Afrique de l’Ouest, cette mission m’a permis d’accompagner, faciliter et finaliser un partenariat naissant entre l’EPL du Morvan spécialisé en aquaculture, représenté par Nathalie Guenard, enseignante, et l’un des 11 établissements de l’INFPA, l’école spécialisée en aquaculture de Tiébissou, à 300km au Nord-Est d’Abidjan, représentée par son directeur Zoué Lassina. Durant deux jours, nous avons pris du temps pour mieux nous connaître et nous comprendre pour démarrer ce partenariat sur de bonnes bases. Nous avons découvert l’ensemble de l’établissement : locaux d’enseignement, internats, logement possible d’étudiants français en mobilités individuelles ou collectives, équipe de direction, bassins d’élevages des poissons. Nous avons aussi pu rencontrer les deux jeunes services civiques ivoiriens, Ézéchiel et Emmanuel, en partance pour l’EPL du Morvan, évoquer leur préparation au départ pour les mettre en confiance. Une charte de partenariat a été finalisée et signée par les deux représentants, avec notamment la réalisation d’un programme de mobilités entrantes et sortantes planifiées sur trois ans, avec les difficultés probables à surmonter.
Ce lancement de partenariat résume bien le type de travail d’un animateur de réseau : mettre en bonne voie le rapprochement de deux établissements et les accompagner en chemin par la suite. »

Des liens consolidés avec France Volontaires

L’une des modalités majeures de coopération avec la Côte d’Ivoire depuis 2018 est l’accueil d’étudiants sortant de l’INFPA pour des missions de service civique en lycées agricoles français, et ce toujours en lien avec France Volontaires. Une nouvelle rencontre avec les représentants de France Volontaires en Côte d’Ivoire a d’ailleurs permis de valider une procédure conjointe de sélection, accueil et suivi de jeunes ivoiriens issus de l’INFPA pour des missions de service civique en lycées agricoles français. À cette occasion a été présenté le film « Agri-cultures / le service civique – la Côte d’Ivoire ».

La mission vue par une directrice d’établissement

Patricia Darjo, directrice de l’EPLEFPA Nature de La Roche-sur-Yon, témoigne : « Accompagnée de Michèle Raitière, responsable de l’atelier maraîchage du lycée Nature, cette nouvelle mission de coopération internationale à Abidjan nous a permis de répondre à plusieurs objectifs.
Durant plusieurs jours la délégation française a participé au SARA dans un lieu nouvellement construit. La thématique de ce salon de l’agriculture était tournée vers la jeunesse et l’agriculture africaine résiliente. J’ai pu rencontrer de nombreux interlocuteurs du monde agricole particulièrement en agroalimentaire et confronter ainsi nos points de vues sur des préoccupations communes. Nous avons participé à deux conférences en lien avec les transitions agroécologiques et la souveraineté alimentaire. Nous avons également pu témoigner de nos actions sur ces thématiques.

Cette mission a été l’occasion de renforcer notre coopération avec l’INFPA, ERA SUD, le CAPP et l’école d’élevage de Bingerville. Nous avons fait un bilan croisé des missions réalisées par Services civiques français et ivoiriens. Nous avons travaillé sur nos pratiques de recrutement, affiné nos attentes réciproques et trouvé un consensus pour améliorer nos conditions d’accueil de nos jeunes volontaires. Un travail très constructif que nous avons exposé auprès de France Volontaires. D’autre part, nous recevrons à la Roche-sur-Yon en avril 2024 une délégation de l’école d’agriculture de Bingerville constituée d’étudiants, de formateurs et des directeurs.

Une expérimentation sur l’implantation de la pomme de terre en terre africaine va démarrer sur nos établissements respectifs français et ivoiriens. Le protocole a été écrit lors d’une journée de travail à ERA Sud.
J’ai particulièrement apprécié les nombreux contacts avec les professionnels du monde agricole, avec nos partenaires des différentes écoles agricoles jusqu’à l’entrevue avec le ministre d’État de l’Agriculture. Ce fut des moments de dialogues professionnels, constructifs, sincères et amicaux, qui nous ont permis de confirmer nos préoccupations communes et l’intérêt de continuer à travailler ensemble. Je tiens à remercier tous nos partenaires ivoiriens et les membres de la délégation française bien en phase avec les objectifs de cette mission. »

Des pistes de partenariat renforcées

Sidy Tounkara, représentant d’IPAR Sénégal, nous livre ici les perspectives de partenariat qu’il envisage à la suite de cette mission franco-ouest africaine :

« Quelques axes de coopération entre IPAR Think Tank, les partenaires du Ministère français de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA), l’Université Nationale d’Agriculture (UNA) du Bénin et les structures de formation professionnelle agricole du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Bénin et de la France sont identifiés.

 Coopérer autour des projets de renforcement de capacités des acteurs déjà engagés dans la transition agroécologique et de formation initiale et/ou continue des jeunes apprenants dans le domaine agricole en mettant le focus sur la promotion de l’agroécologie. À ce niveau, il s’agit de renforcer les interactions, les échanges, les apprentissages mutuels entre les paysans disposant de savoirs locaux, endogènes et les jeunes apprenants souvent évalués par les mécanismes de l’école classique/académique.

Développer des projets de coopération avec des interlocuteurs comme les Collectivités territoriales qui engagent des initiatives de développement basées sur la promotion de la transition agroécologique afin de les accompagner dans une dynamique de passage à l’échelle des bonnes pratiques dont les données de capitalisation pourraient alimenter les opérations de renforcement des capacités des agriculteurs et des services d’appui-conseil à la territorialisation de la formation agricole et agroécologique.

Collaborer autour des projets d’échanges d’élèves et d’étudiants en formation agricole entre le Nord et le Sud pour favoriser le partage d’expériences et l’apprentissage mutuel entre des apprenants de cultures différentes. L’IPAR Think Tank est aussi une institution d’accueil pour les apprenants.
À ces 3 niveaux de coopération, IPAR Think Tank peut mettre à profit son expérience et son expertise pour contribuer à la formation agricole et en agroécologie des agriculteurs mais aussi des jeunes aspirants à devenir agriculteurs dans un contexte de relève agricole de plus en plus difficilement assurée. De par son expertise et son option stratégique d’agir sur les politiques publiques, IPAR Think Tank pourra également contribuer à appuyer les Collectivités territoriales désireuses de s’engager dans la transition agroécologique. »

Cette mission collective ouest-africaine s’est donc révélée fructueuse à bien des égards. Afin de continuer à donner vie à ces partenariats, les établissements déjà impliqués comme ceux, publics ou privés, qui seraient intéressés pour intégrer cette coopération peuvent compter sur l’appui du réseau Afrique de l’Ouest, pour accueillir des jeunes ivoiriens en service civique, mais aussi pour répondre à tout appel à projets permettant le financement d’actions s’inscrivant dans la durée.

Visionner film « Agri-cultures / la coopération – la Côte d’Ivoire » et le film « Agri-cultures / le service civique – la Côte d’Ivoire » sur Vimeo

Sidy Tounkara, représentant d’IPAR Sénégal, rend compte de sa participation dans un article Think-Thank au SARA

Contacts : Jean-Roland Arbus, co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest, jean-roland.arbus@educagri.fr, Vanessa Forsans, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, animatrice du réseau CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr