Apprendre à agir sur le bilan carbone

Un groupe de sept élèves du Lycée de Château Gontier, tous engagés dans des formations variées allant de la production aquacole à l’agriculture en passant par la vente en animalerie, se souviendront longtemps de leur voyage au Bénin où ils ont vécu une expérience unique, en avril 2024.

Le lycée des métiers de l’agriculture de Château-Gontier (53) de retour au Bénin, qui fait suite à une série d’actions depuis 2012. Les jeunes lycéens mayennais étaient accompagnés de sept élèves béninois et se sont tous lancés dans un projet ambitieux centré sur l’évaluation du bilan carbone en France et au Bénin.

Une coopération inscrite dans la durée

Suite à une première mobilité d’un groupe d’élèves du lycée du Haut-Anjou (à Château Gontier) à destination du Bénin réussie en 2012, une seconde action du même type a eu lieu en 2016, toujours dans le but d’étudier les problématiques agricoles d’un pays d’Afrique subsaharienne. On peut en retrouver le récit de ces actions dans notre rétrospective 2016-2017.

Ces projets s’inscrivaient dans le cadre d’un partenariat déjà bien existant entre l’établissement mayennais et, d’une part, le lycée Medji de Sékou, dans le sud du Bénin, d’autre part le Centre régional de recherche et d’éducation pour un développement intégré (CREDI-ONG*), organisation béninoise ayant pour missions principales la promotion de l’aquaculture intégrée et de l’agriculture paysanne et la protection de l’environnement.

*CREDI-ONG : structure béninoise qui est un acteur important de la promotion de l’agroécologie en Afrique de l’Ouest, en particulier sur la filière piscicole. C’est par leur intermédiaire que viennent chaque année depuis 2017 les services civiques internationaux qui effectuent leur mission en Mayenne.

Ces étapes ont créé les bases d’une forte coopération, qui prend la forme depuis 2017 par l’accueil chaque année au sein de l’établissement français de deux jeunes Béninois en mission de service civique. De belles actions d’ouverture de solidarité et d’ouverture au monde, que nous avons eu à cœur à plusieurs reprises de mettre en lumière au cours de nos précédentes rétrospectives, en particulier celle de 2018-2019.

Choix du Teck pour capter le CO2

Au cœur de cette aventure, une formation théorique sur le bilan carbone a posé les bases intellectuelles de leur mission afin d’apprendre et agir sur le bilan carbone en France et au Bénin. Mais c’est sur le terrain, au sein de la pisciculture, de l’agroécologie et du refuge animalier de la vallée de la Sitatunga, que les élèves ont véritablement plongé dans les réalités concrètes de ces enjeux. De la théorie à la pratique, leur réflexion s’est enrichie grâce à des analyses approfondies et des échanges avec des acteurs locaux passionnés.

La démarche de compensation des émissions de gaz à effet de serre a été un élément central de leur engagement. Avec détermination, le groupe a planté pas moins de 2500 plants de tecks, contribuant ainsi activement à la préservation de l’écosystème local. Le choix du teck s’est avéré être particulièrement judicieux, car cette essence d’arbre capte une quantité importante de CO2 et le stocke même après sa coupe, grâce à son utilisation dans la construction.

De plus, le bois ne sera coupé qu’au bout de 5 ans de croissance, et pendant cette période, il jouera un rôle crucial dans la préservation des forêts primaires contre la déforestation, souvent liée à l’expansion agricole. Le nombre de plans de tecks plantés a permis de compenser les émissions de CO2 du groupe lors de leurs différents trajets, que ce soit en bus ou en avion, soulignant ainsi leur engagement en faveur de l’environnement.

Éducation au développement durable et sensibilisation à la diversité culturelle

Mais ce voyage ne s’est pas limité à des activités strictement éducatives. Les élèves ont également eu l’occasion de découvrir la richesse culturelle et historique du Bénin. De la route des esclaves à Ouidah au centre artisanal de Cotonou, en passant par des rencontres avec des officiels partenaires, dont les maires des différentes communes, et France Volontaires au Bénin, chaque expérience a été l’occasion d’en apprendre davantage sur ce magnifique pays et ses habitants.

Pour valider leur projet, deux posters en double exemplaire ont été réalisés. Un exemplaire de chaque poster est désormais exposé dans les deux pays partenaires, symbolisant ainsi le lien fort qui unit ces deux communautés engagées dans la lutte pour un environnement plus sain.

Enfin, les élèves ont donné vie à leurs réflexions à travers des scénettes portant sur différentes thématiques professionnelles et de la vie quotidienne liées au bilan carbone. Ces scènes ont été capturées en vidéo pour être diffusées auprès des partenaires, des élèves de l’établissement et des parents, témoignant ainsi de leur engagement et de leur volonté de partager leurs connaissances et expériences avec leur communauté.

Transmettre l’ouverture au monde

A leur retour en France, lors de la restitution de leur expérience auprès de leurs camarades dans l’enceinte du lycée, les heureux participants à ce très beau projet ont, à juste titre, exprimé leur gratitude aux encadrants qui leur ont permis de réussir l’aventure.

Parler ici du développement des compétences sociales et personnelles ne sont pas des vains mots : ouverture au monde, renforcement de l’autonomie, adaptation et capacité à travailler en équipe font désormais partie de l’éventail des compétences acquises par ces jeunes qui se souviendront toute leur vie de ce qu’ils ont vécu en Afrique de l’Ouest au printemps 2023..

Retrouvez l’expérience des jeunes en image sur Bénin2024 / FindPenguins retraçant le voyage organisé par le lycée agricole du Haut Anjou à Chateau-Gontier (53) qui a pour but la sensibilisation et l’action environnementale des élèves au Bénin.

Auteurs : René CUINET, Directeur du Lycée des métiers de l’agriculture de Château-Gontier et Julien PICHON, Chargé de coopération européenne et international – DRAAF-SRFD

Contact : Julien PICHON, Chargé de coopération européenne et internationale à la DRAAF Pays de Loire, julien.pichon@agriculture.gouv.fr

 




Une délégation franco-ouest africaine au SARA

L’enseignement agricole développe ses partenariats avec la Côte d’Ivoire à l’occasion du plus important salon de l’agriculture d’Afrique de l’Ouest, le SARA (Salon de l’agriculture et des ressources animales), qui s’est tenu au parc des expositions d’Abidjan du 29 septembre au 8 octobre 2023.

Accompagnée par les deux animateurs du réseau Afrique de l’Ouest et le chargé de coopération Afrique subsaharienne de l’enseignement agricole pour la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (BRECI) du Ministère de l’agriculture et de la Souveraineté alimentaire, la délégation a associé des personnels de l’enseignement agricole français (la directrice et un membre de l’équipe de l’exploitation agricole de l’EPL de La Roche-sur-Yon, une enseignante de l’EPL du Morvan, le directeur du CFAA de La Bretonnière) mais aussi de partenaires africains, venant du Bénin et du Sénégal, spécialistes de l’agroécologie : Pascal Gbenou, directeur de la ferme-école SAIN et enseignant chercheur à l’Université Nationale d’Agriculture au Bénin, et Sidy Tounkara, chercheur à l’IPAR (Initiative et Prospective Agricole et Rurale), membre de la fondation FARM et point focal de la Dytaes (Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal).

Panels et conférences

La délégation a assisté à plusieurs conférences donnant à entendre les préoccupations majeures de l’agriculture ouest-africaine, telle que la conférence inaugurale du Salon intitulée « L’agriculture africaine face aux défis des chocs internes et externes : quelles innovations structurelles pour améliorer les secteurs agricoles et garantir la souveraineté alimentaire ? » puis la table ronde sur le thème « Jeunesse et agriculture africaine résiliente » à laquelle a participé Alain Moulinier, du CGAAER, qui a représenté le ministre du MASA et a abordé les enjeux environnementaux, sociétaux et démographiques, mentionnant notamment les ambitions du PLOA (Pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles)  : améliorer la souveraineté, augmenter la résilience, accompagner les transitions, favoriser l’installation et le renouvellement des actifs. Il a été souligné que le changement climatique oblige à des transformations de nos systèmes de productions et donc des pratiques, appelle à des compétences nouvelles ou renforcées comme en matière de gestion de l’eau, de protection des sols ou de numérique. Cela passe en particulier par un investissement dans la transformation de l’enseignement agricole. Ces thématiques ont trouvé un écho lors du side-event de la CEDEAO sur « L’agriculture intelligente face au climat (AIC) et l’agroécologie : opportunités et défis pour l’Afrique de l’Ouest », de même que dans la présentation organisée par FranceAgriMer de l’expertise française en aviculture, au cours de laquelle le réseau CEFAGRI a eu l’occasion d’évoquer son fonctionnement et son rôle en matière de mobilisation de l’expertise de l’enseignement agricole.

Le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole a également proposé un panel de regards croisés ouest-africains et français sur le thème « Formation agricole, agroécologie et coopération », en partenariat avec le METFPA (Ministère de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’apprentissage), l’INFPA (Institut national de formation professionnelle agricole) représenté par son directeur général Marc-Olivier Togbe, et l’ambassade de France en Côte d’Ivoire, avec Jean-Pierre Chomienne, Conseiller aux affaires agricoles, et Marie-Laure Martial, du Service de coopération et d’action culturelle. En ouverture des échanges, a été visionné le film « Agri-cultures / la coopération – la Côte d’Ivoire ». En présence d’une centaine de personnes (inspecteurs, directeurs, formateurs, apprenants des établissements ivoiriens, étudiants ouest-africains), les membres de la délégation ont illustré la thématique du panel par des exemples concrets issus de leurs organismes respectifs (activités liées au plan EPA2 pour les EPL français, de la ferme SAIN au Bénin, d’IPAR au Sénégal). Cet événement a permis de renforcer le rapprochement entre l’INFPA et le METFPA et ainsi favoriser les synergies entre institutions ivoiriennes en charge de la formation agricole. Il a également permis de mettre la lumière sur la mission de coopération internationale de l’enseignement agricole français et de montrer comment celui-ci est en mesure d’être un partenaire pour contribuer au renforcement des capacités de systèmes de formation agricole et rurale comme levier central du développement agricole.

Rencontres professionnelles et institutionnelles

La délégation a été reçue par le ministre d’État en charge de l’agriculture, M. Adjoumani, qui est en outre passé saluer les participants au panel « Formation agricole, agroécologie et coopération ». Une réunion de travail a aussi pu se tenir avec M. N’Guessan Koffi, ministre de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’apprentissage, ouvrant des perspectives de coopération avec de nouveaux établissements proposant des formations agricoles en Côte d’Ivoire, dont le lycée professionnel sectoriel de formation aux métiers agricoles de Botro.

Sur le pavillon France, une réunion avec des représentants de la région AURA (Chambre d’agriculture, AFDI, Fédération nationale des communes pastorales) a permis d’aller dans le sens d’une bonne implication de l’enseignement agricole dans leurs initiatives avec la Côte d’Ivoire. La rencontre avec la responsable de l’entreprise Prestige chocolat a permis d’envisager la vente de son champagne au chocolat dans les boutiques des EPL en partenariat avec la Côte d’Ivoire.
En parallèle des visites et rencontres au SARA, les membres de la délégation ont poursuivi les échanges avec leurs partenaires de l’INFPA en se rendant dans les établissements de Bingerville (CAPP, ESEMV, ERA-Sud) et de Tiébissou. Aquaculture, élevages, aménagement paysager, maraîchage (dont une expérimentation croisée sur le semis de pommes de terre) constituent les principaux domaines sur lesquels portent les projets de partenariat, se concrétisant notamment par des mobilités réciproques.

Le rôle des animateurs du réseau

Outre l’organisation logistique de la mission collective, il revient aux animateurs du réseau de faciliter les contacts entre établissements français et ivoiriens en l’occurrence. C’est ce qui a notamment été effectué en amont de cette mission en Côte d’Ivoire, lors du Salon international de l’agriculture à Paris en mars dernier, sur le stand de l’INFPA. Un temps d’échange avec des enseignants de l’EPL du Loiret a permis à un groupe d’étudiants de BTSA ACSE du lycée agricole Le Chesnoy d’être accueilli par l’INFPA à Bingerville pour un voyage d’étude, se poursuivant auprès des cacaoculteurs de San Pedro dans le cadre d’un projet porté par l’AFDI. Et la mise en relation de l’équipe de direction de l’EPL du Morvan avec celle de l’INFPA a été suivie de la possibilité de participer à cette mission en Côte d’Ivoire et de lancer concrètement le partenariat par l’accueil dans le Morvan de deux volontaires ivoiriens en service civique.
Jean-Roland Arbus nous fait part de son expérience : « En tant qu’animateur du réseau Afrique de l’Ouest, cette mission m’a permis d’accompagner, faciliter et finaliser un partenariat naissant entre l’EPL du Morvan spécialisé en aquaculture, représenté par Nathalie Guenard, enseignante, et l’un des 11 établissements de l’INFPA, l’école spécialisée en aquaculture de Tiébissou, à 300km au Nord-Est d’Abidjan, représentée par son directeur Zoué Lassina. Durant deux jours, nous avons pris du temps pour mieux nous connaître et nous comprendre pour démarrer ce partenariat sur de bonnes bases. Nous avons découvert l’ensemble de l’établissement : locaux d’enseignement, internats, logement possible d’étudiants français en mobilités individuelles ou collectives, équipe de direction, bassins d’élevages des poissons. Nous avons aussi pu rencontrer les deux jeunes services civiques ivoiriens, Ézéchiel et Emmanuel, en partance pour l’EPL du Morvan, évoquer leur préparation au départ pour les mettre en confiance. Une charte de partenariat a été finalisée et signée par les deux représentants, avec notamment la réalisation d’un programme de mobilités entrantes et sortantes planifiées sur trois ans, avec les difficultés probables à surmonter.
Ce lancement de partenariat résume bien le type de travail d’un animateur de réseau : mettre en bonne voie le rapprochement de deux établissements et les accompagner en chemin par la suite. »

Des liens consolidés avec France Volontaires

L’une des modalités majeures de coopération avec la Côte d’Ivoire depuis 2018 est l’accueil d’étudiants sortant de l’INFPA pour des missions de service civique en lycées agricoles français, et ce toujours en lien avec France Volontaires. Une nouvelle rencontre avec les représentants de France Volontaires en Côte d’Ivoire a d’ailleurs permis de valider une procédure conjointe de sélection, accueil et suivi de jeunes ivoiriens issus de l’INFPA pour des missions de service civique en lycées agricoles français. À cette occasion a été présenté le film « Agri-cultures / le service civique – la Côte d’Ivoire ».

La mission vue par une directrice d’établissement

Patricia Darjo, directrice de l’EPLEFPA Nature de La Roche-sur-Yon, témoigne : « Accompagnée de Michèle Raitière, responsable de l’atelier maraîchage du lycée Nature, cette nouvelle mission de coopération internationale à Abidjan nous a permis de répondre à plusieurs objectifs.
Durant plusieurs jours la délégation française a participé au SARA dans un lieu nouvellement construit. La thématique de ce salon de l’agriculture était tournée vers la jeunesse et l’agriculture africaine résiliente. J’ai pu rencontrer de nombreux interlocuteurs du monde agricole particulièrement en agroalimentaire et confronter ainsi nos points de vues sur des préoccupations communes. Nous avons participé à deux conférences en lien avec les transitions agroécologiques et la souveraineté alimentaire. Nous avons également pu témoigner de nos actions sur ces thématiques.

Cette mission a été l’occasion de renforcer notre coopération avec l’INFPA, ERA SUD, le CAPP et l’école d’élevage de Bingerville. Nous avons fait un bilan croisé des missions réalisées par Services civiques français et ivoiriens. Nous avons travaillé sur nos pratiques de recrutement, affiné nos attentes réciproques et trouvé un consensus pour améliorer nos conditions d’accueil de nos jeunes volontaires. Un travail très constructif que nous avons exposé auprès de France Volontaires. D’autre part, nous recevrons à la Roche-sur-Yon en avril 2024 une délégation de l’école d’agriculture de Bingerville constituée d’étudiants, de formateurs et des directeurs.

Une expérimentation sur l’implantation de la pomme de terre en terre africaine va démarrer sur nos établissements respectifs français et ivoiriens. Le protocole a été écrit lors d’une journée de travail à ERA Sud.
J’ai particulièrement apprécié les nombreux contacts avec les professionnels du monde agricole, avec nos partenaires des différentes écoles agricoles jusqu’à l’entrevue avec le ministre d’État de l’Agriculture. Ce fut des moments de dialogues professionnels, constructifs, sincères et amicaux, qui nous ont permis de confirmer nos préoccupations communes et l’intérêt de continuer à travailler ensemble. Je tiens à remercier tous nos partenaires ivoiriens et les membres de la délégation française bien en phase avec les objectifs de cette mission. »

Des pistes de partenariat renforcées

Sidy Tounkara, représentant d’IPAR Sénégal, nous livre ici les perspectives de partenariat qu’il envisage à la suite de cette mission franco-ouest africaine :

« Quelques axes de coopération entre IPAR Think Tank, les partenaires du Ministère français de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA), l’Université Nationale d’Agriculture (UNA) du Bénin et les structures de formation professionnelle agricole du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Bénin et de la France sont identifiés.

 Coopérer autour des projets de renforcement de capacités des acteurs déjà engagés dans la transition agroécologique et de formation initiale et/ou continue des jeunes apprenants dans le domaine agricole en mettant le focus sur la promotion de l’agroécologie. À ce niveau, il s’agit de renforcer les interactions, les échanges, les apprentissages mutuels entre les paysans disposant de savoirs locaux, endogènes et les jeunes apprenants souvent évalués par les mécanismes de l’école classique/académique.

Développer des projets de coopération avec des interlocuteurs comme les Collectivités territoriales qui engagent des initiatives de développement basées sur la promotion de la transition agroécologique afin de les accompagner dans une dynamique de passage à l’échelle des bonnes pratiques dont les données de capitalisation pourraient alimenter les opérations de renforcement des capacités des agriculteurs et des services d’appui-conseil à la territorialisation de la formation agricole et agroécologique.

Collaborer autour des projets d’échanges d’élèves et d’étudiants en formation agricole entre le Nord et le Sud pour favoriser le partage d’expériences et l’apprentissage mutuel entre des apprenants de cultures différentes. L’IPAR Think Tank est aussi une institution d’accueil pour les apprenants.
À ces 3 niveaux de coopération, IPAR Think Tank peut mettre à profit son expérience et son expertise pour contribuer à la formation agricole et en agroécologie des agriculteurs mais aussi des jeunes aspirants à devenir agriculteurs dans un contexte de relève agricole de plus en plus difficilement assurée. De par son expertise et son option stratégique d’agir sur les politiques publiques, IPAR Think Tank pourra également contribuer à appuyer les Collectivités territoriales désireuses de s’engager dans la transition agroécologique. »

Cette mission collective ouest-africaine s’est donc révélée fructueuse à bien des égards. Afin de continuer à donner vie à ces partenariats, les établissements déjà impliqués comme ceux, publics ou privés, qui seraient intéressés pour intégrer cette coopération peuvent compter sur l’appui du réseau Afrique de l’Ouest, pour accueillir des jeunes ivoiriens en service civique, mais aussi pour répondre à tout appel à projets permettant le financement d’actions s’inscrivant dans la durée.

Visionner film « Agri-cultures / la coopération – la Côte d’Ivoire » et le film « Agri-cultures / le service civique – la Côte d’Ivoire » sur Vimeo

Sidy Tounkara, représentant d’IPAR Sénégal, rend compte de sa participation dans un article Think-Thank au SARA

Contacts : Jean-Roland Arbus, co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest, jean-roland.arbus@educagri.fr, Vanessa Forsans, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, animatrice du réseau CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Une délégation du Togo au SPACE

La France recevait mi-septembre une délégation du ministère togolais de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement rural (MAEDR). Cette délégation a débuté sa visite par trois jours en Bretagne dans le cadre du salon SPACE, autour d’un programme concerté notamment avec les équipes du ministère de l’agriculture et de l’alimentation française (BRECI), la Direction Régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt et des établissements d’enseignement agricole, puis s’est rendue en région parisienne.

La délégation togolaise était conduite par le ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement rural, Antoine Gbegbeni. Elle était composée de directeurs centraux du ministère et de responsables de structures techniques chargées de la promotion des agropoles, de la structuration des filières, de la formation et du financement agricoles, de l’élevage et des intrants agricoles. Elle était appuyée par la Conseillère du Président de la République, Karine de La Guéronnière, accompagnée par Jérôme Frouté, conseiller économique pour la zone Togo-Bénin auprès de l’ambassade de France. La mission était bâtie autour de la feuille de route agricole du Togo et des priorités que le pays s’est fixé en termes de productions végétales et animales. Il s’agit pour ce pays d’Afrique subsaharienne, ancré dans plusieurs espaces économiques significatifs, d’intensifier les productions végétales et animales pour assurer sa souveraineté alimentaire, mais aussi de faciliter l’accès des agriculteurs aux financements et à la terre notamment par le biais d’une réforme foncière et de développer le secteur de la transformation des produits pour créer de la valeur et des emplois pour les jeunes, à travers par exemple la création d’agropoles.

Un autre enjeu d’importance est celui de la formation agricole et rurale, comme a pu l’appréhender la mission, menée au Togo en avril 2023, par le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole, associant des représentants d’établissements agricoles français publics et privés. L’enseignement agricole au Togo est sous tutelle de trois ministères (dont le MAEDR), comporte l’Association Professionnelle des Centres de Formation Agricole et Rurale (APCFAR) regroupant 67 établissements, auquel s’ajoutent des Instituts de Formation en Alternance pour le Développement (IFAD) spécialisés en aquaculture et en élevage, sous tutelle de la Présidence via l’Agence Éducation Développement (AED).

Visites en Bretagne

Le séjour a commencé en Bretagne par la visite de deux établissements d’enseignement agricole, le Lycée agricole Les Vergers de Dol-de-Bretagne du réseau CNEAP et l’EPL de Saint-Aubin du Cormier.

Ces visites ont permis des échanges fructueux sur les missions de production–formation-expérimentation des lycées agricoles qui leur permettent de mener des projets au cœur et au service des territoires, permettant de faire un parallèle avec le réseau des IFAD, avec lesquels des établissements du CNEAP ont déjà entamé une coopération.

En présence d’Éric Plaze, chargé de coopération internationale à la DRAAF/SRFD Bretagne, il a aussi été question d’échanges d’étudiants français et togolais, de l’accueil de jeunes en mission de service civique et du possible renforcement des coopérations en termes d’ingénierie pédagogique et d’accompagnement pour l’ouverture des prochains IFAD.

La délégation a également souhaité visiter plusieurs sites bretons de transformation. Il y a été question de l’importance de la structuration des filières végétales, du dimensionnement des usines et des outils de transformation, permettant d’augmenter la compétitivité des productions de lait et de viande. Ont ainsi été rencontrés les groupes CCPA, AVRIL, MIXSCIENCE, ainsi que le laboratoire ARTEMIS à Janzé et Bruz en Ille-et-Vilaine.

Les membres de la délégation ont ensuite participé au SPACE, le plus grand salon international de l’élevage en Europe, où ils ont passé deux jours intenses à la rencontre d’entreprises françaises intéressées par un investissement au Togo et prêtes à accompagner les professionnels togolais dans le développement de leurs filières animales et végétales. Ils sont également passés sur les stands des différentes familles de l’enseignement agricole français et ont échangé avec des chefs d’établissements mais aussi avec des élèves en partance pour le Togo. En effet, des élèves de plusieurs établissements bretons, en particulier du CNEAP, réalisent chaque année des stages au sein de structures togolaises en agroforesterie, agroécologie, autour de la petite enfance,… parmi eux six élèves du Lycée ISSAT de Redon s’apprêtant à partir 15 jours à la découverte de la culture togolaise, en lien avec le projet du centre de ressources EKOFODA en formations agroécologiques.

Enfin, Madadozi Téziké, Secrétaire général du ministère, s’est entretenu avec Yves Auffret, Directeur adjoint du cabinet du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, et Anne Louyot, Conseillère diplomatique du Préfet de la Région Bretagne. Il a présenté les actions engagées dans le cadre de la feuille de route gouvernementale « Togo 2025 » et appelé à un renforcement de la coopération agricole entre la France et le Togo.

Rencontres institutionnelles à Paris

Après ce passage en Bretagne, la délégation s’est rendue à Rungis autour de diverses rencontres de professionnels du secteur de l’agro-alimentaire et le jeudi 14 septembre, le ministre togolais du MAEDR a tenu une conférence à laquelle ont assisté les représentants d’une quarantaine d’entreprises françaises prêtes à investir dans les secteurs clés. Il a rencontré à cette occasion la Secrétaire d’État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou. La présence du secteur privé français était importante, signe d’un intérêt renforcé pour le Togo. De même, les représentants togolais ont montré leur volonté de faire de la France leur partenaire de référence dans la mise en œuvre de la feuille de route agricole et agroalimentaire du Togo. En clôture, le ministre Gbegbeni a invité les entreprises françaises aux prochaines « Rencontres Agro Togo-France » qui se tiendront à Lomé à la fin de l’année.

La venue de cette délégation ministérielle togolaise a été perçue de part et d’autre comme une réussite et le signe d’une relation agricole franco-togolaise renouvelée. Elle confirme aussi les diverses perspectives de coopération dans le secteur de l’enseignement agricole. Et si le ministère togolais a déploré les difficultés pour les jeunes du Togo d’obtenir un visa étudiant pour se former dans les centres français d’apprentissage agricole, il n’en demeure pas moins que l’accueil de jeunes volontaires togolais en mission de service civique est ouvert et facilité.

En effet, la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche, via le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole a convenu avec France Volontaires à Lomé et l’Agence nationale du volontariat au Togo (ANVT) d’une procédure pour sélectionner des jeunes des établissements de l’APCFAR (dont des IFAD) en réponse à des propositions de missions de service civique émanant de lycées agricoles français.

Ainsi, deux jeunes togolais sont accueillis l’année scolaire 2023-2024 par l’EPL de Saint-Gaudens pour une mission de service civique intitulée « Interculturalité, transhumance et transitions agroécologiques », leur permettant donc à la fois un échange interculturel et un renforcement de leurs capacités professionnelles agricoles.

Contacts : Stéphanie Dumortier, chargée de coopération internationale au CNEAP, stephanie.dumortier@cneap.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, Vanessa Forsans et Jean-Roland Arbus, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr, jean-roland.arbus@educagri.fr




Réussir son projet Coop avec l’Afrique subsaharienne

Concevoir, mettre en œuvre et réussir un projet de coopération avec l’Afrique subsaharienne : formation dispensée lors des rencontres des réseaux Afrique de l’enseignement agricole.

L’EPL de Vire, emmené par son directeur Frédéric Regourd, a accueilli du 25 au 27 janvier dernier la 3e session de formation « Rencontres des réseaux Afrique de la DGER ».

Cette formation, ouverte aux enseignant·es / formatrices-eurs et personnels de l’enseignement agricole technique,  public comme privé, se propose de donner les outils, contacts et méthodologies nécessaires à la réussite de son projet de coopération en Afrique subsaharienne.

Philippe Renard, chef du BRECI (Bureau des Relations Européennes et de la Coopération internationale), en visioconférence depuis Paris, rappelle que la coopération internationale, 5e mission de l’Enseignement Agricole est transversale et vient enrichir les 4 premières grâce aux expériences à l’étranger. Il précise également que, pour aider à construire les projets, les réseaux géographiques et le BRECI apportent leur appui aux équipes des établissements. Dans ce contexte Philippe Renard souligne que la coopération avec le continent africain est une priorité pour le gouvernement et par conséquent également pour le MASA.

Pourquoi et dans quels cadres monter un projet de coopération avec l’Afrique ?

Rachid Benlafquih, responsable des réseaux Afrique subsaharienne, présente les objectifs généraux et pédagogiques de la formation puis les différentes dynamiques de coopération du MASA dans les 3 zones (Afrique de l’ouest, Cameroun-Nigéria, Afrique Australe et Océan Indien) : coopération bilatérale, renforcement des capacités en matière de Formation Agricole et Rurale (FAR), productions agricole et alimentaire, transformation et commercialisation, entreprenariat et installation des agriculteurs, sécurité alimentaire et nutritionnelle, agroécologie, mobilités, doubles diplômes, attractivité aux métiers de l’agriculture,… il souligne notamment qu’avec sa forte croissance démographique l’Afrique est au cœur des défis sociaux, agricoles et alimentaires.

Les 5 animateurs et l’animatrice de réseaux géographiques (Vanessa Forsans et Jean-Roland Arbus pour le réseau Afrique de l’ouest, Florent Dionizy et Yann Jagoury pour le réseau Cameroun-Nigéria, Didier Ramay et William Gex pour le réseau Afrique Australe Océan Indien) présentent les activités de leurs zones respectives puis la quarantaine d’enseignant·es et de personnels de direction expose, par pays, ses projets en cours ou futurs.

François Doligez, chargé de programme / Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de développement IRAM explique lors de sa conférence « Regards critiques sur l’agropolitique / la coopération agricole avec l’Afrique subsaharienne » que l’Afrique est le continent dont la population augmentera le plus avec 330 millions de personnes supplémentaires d’ici 2031 et sur lequel la part d’agricultrices et d’agriculteurs reste élevée (entre 40 et 50 % de la population active).

Il précise que la majorité des 500 millions de ruraux africains travaillent dans des exploitations agricoles familiales dont 33 millions (soit 80 %) ont de moins de 2 ha ! « Nous assistons à un métropolisation de l’Afrique de l’Ouest » explique-t-il à l’aide des images de https://africapolis.org/en.

Le premier soir, encadrée par Danuta Rzewuski et Vincent Rousval du RED (Réseau Éducation du Développement et à la Citoyenneté Internationale), la trentaine de jeunes volontaires en service civique venue du Bénin, du Sénégal, de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, d’Allemagne, d’Espagne ou du Royaume-Uni et de Madagascar, a clôturé la journée par des sketchs/scénettes humoristiques traduisant leurs anecdotes vécues en France.

La journée du lendemain est rythmée par les projets du réseau international FAR, Formation Agricole et Rurale, présentés par Marie Picard (à gauche sur la photo) ou encore ceux de Lucie Lombard de France Volontaires (22 antennes dans le monde et 8854 volontaires).

Quels outils pour monter un projet et avec quels acteurs ?

Les RRMA (Réseaux Régionaux Multi-Acteurs), riches ressources en régions grâce à leur travail de connexion des actrices et acteurs de la coopération internationale sur les territoires, sont mis à l’honneur grâce aux interventions de Tony Ben Lahoucine, président de la Conférence Inter-régionale des Réseaux Régionaux Multi Acteurs (CIRRMA), de Jaqueline Baury (ci-contre), vice-présidente de la CIRRMA Coopération internationale au RRMA Normandie

Ensuite, l’animatrice du réseau Afrique de l’Ouest présente les financements Erasmus+ pour des partenariats avec des pays d’Afrique subsaharienne et rappelle que des personnes ressources sont à disposition parmi les animateurs et animatrices réseaux, que des sessions de formations sont organisées tous les ans en janvier (voir le Plan National de Formation).

L’après-midi les participant·es ont pu se concentrer sur le développement de leurs projets par zones dans divers ateliers de rédaction ; méthodologie de montage d’un dossier Fonjep (Fond de Coopération de la Jeunesse et de l’Education Populaire), création d’une demande de service civique ou mise en œuvre d’une mobilité Erasmus+.

L’interculturalité … un levier essentiel !

En début de soirée, les jeunes volontaires internationaux ont présenté des contes, des danses et des musiques de leurs pays respectifs. Enfin la première présentation du spectacle « Slam Nature – Terres sacrées d’Afrique et d’Auvergne » d’Adebayo Hounsou (slameur en résidence artistique de 6 mois à l’EPL du Bourbonnais, article https://portailcoop.educagri.fr/slam-nature-terres-sacrees-dafrique-et-dauvergne/) et William Gex est venue clôturer cette soirée culturelle internationale.

A ces 3 jours riches en apprentissages, il faut ajouter des brise-glaces, un world café, se remémorer les mises en garde de Sylvie Brunel (géographe et ancienne présidente d’Action contre la faim, auteure de la « Géographie amoureuse du maïs ») sur « le sauveur blanc » ou le « blantourisme » et se souvenir que « Ceux qui aiment la paix doivent apprendre à s’organiser aussi efficacement que ceux qui aiment la guerre », Martin Luther King.

Les diapositives de la formation sont à retrouver sur : https://fermewikisagro.fr/PnfAfrique2023/?Ressources

Vous pouvez déjà tester vos compétences en citoyenneté mondiale grâce à l’outil Globalsteps http://www.globalsteps.eu/fr et pour quiconque désire créer, monter, affiner son projet avec l’Afrique subsaharienne, RDV l’année prochaine !

Contacts :

Réseau Afrique de l’ouest : Vanessa Forsans vanessa.forsans@educagri.fr et Jean-Roland Arbus jean-roland.arbus@educagri.fr

Réseau Cameroun-Nigéria : Florent Dionizy florent.dionizy@educagri.fr et Yann Jagoury yann.jagoury@educagri.fr

Réseau AAOI, Afrique Australe Océan Indien : Didier Ramay didier.ramay@educagri.fr et William Gex william.gex@educagri.fr

Rachid Benlafquih, chargé de mission Afrique/ECSI/Expertise DGER/BRECI, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr