Soleil Levant sur les vergers bretons

Hiroharu SUKO, professeur d’anglais à la Hokkaido Shizunai Agricultural Highschool, vit une semaine de découverte culturelle, d’échanges pédagogiques et de moments de partage au lycée Les Vergers de Dol-de-Bretagne. L’accueil du professeur japonais et l’échange avec les étudiants français s’inscrit dans un partenariat initié en 2021.

M. Suko, pouvez-vous présenter votre établissement ?

J’enseigne l’anglais sur l’île d’Hokkaido dans un établissement agricole qui accueille 160 jeunes de 16 à 18 ans pour se former en Sciences de l’alimentation, de la production et en Elevage équin pour les courses hippiques. C’est d’ailleurs le seul établissement supérieur qui dispense des formations en élevage équin dans tout le Japon. En Sciences de la production, les jeunes acquièrent des connaissances et des techniques de culture, de production et de vente de produits agricoles (légumes, fleurs). Le département Sciences de l’alimentation leur permet de travailler sur le développement et la fabrication d’aliments spécialisés de la ville de Shinhidaka.

Vous êtes en France dans le cadre du partenariat entre votre lycée au Japon et le lycée Les Vergers. Que représente cette visite pour vous ?

Cela faisait 23 ans que je rêvais de venir en France. J’avais étudié la langue française à l’université, et bien que j’aie eu l’occasion de revenir plusieurs fois en Europe, cela ne s’est jamais concrétisé. Le véritable tournant a été l’échange qui a débuté avec le lycée Les Vergers, particulièrement après la visite de mes collègues Erwan LANDEMAINE et Christelle DESGENETAIS en octobre dernier au Japon. C’était le moment idéal pour moi, à la fois pour rencontrer les élèves français, mais aussi pour échanger sur des pratiques éducatives et culturelles entre nos deux pays.

Que retenez-vous de votre rencontre avec les étudiants français ?

Les étudiants français et japonais ne sont pas si différents finalement. Tous sont curieux de découvrir l’autre culture. En effet, lors du séjour de Christelle et Erwan à Hokkaido, j’ai pu voir que les jeunes japonais étaient intéressés par la culture française, surtout en ce qui concerne le quotidien des élèves et l’agriculture dans nos deux pays. C’est intéressant et rassurant de voir à quel point ils partagent un intérêt commun pour ces domaines.

Vous avez mentionné l’agriculture. Pourquoi ce domaine est-il important pour vous ?

L’agriculture est un domaine crucial pour l’avenir de nos sociétés. Je pense qu’il est essentiel que les jeunes générations, tant en France qu’au Japon, travaillent ensemble pour trouver des solutions innovantes. La France est le plus grand producteur agricole d’Europe, et je crois que ces échanges peuvent ouvrir la voie à une collaboration fructueuse. Par exemple, une étudiante française va venir en stage cet été chez M. et Mme Tanioka, éleveurs de chevaux de course à Shizunai pour en apprendre davantage sur les pratiques agricoles japonaises. J’espère que ces jeunes pourront contribuer à faire perdurer l’agriculture.

Que souhaitez-vous pour l’avenir de ces échanges entre les deux lycées ?

Mon souhait est que ces échanges se poursuivent et se développent, afin que les élèves de nos deux pays puissent travailler ensemble dans différents domaines, notamment l’agriculture, mais aussi l’industrie. Il est important qu’ils apprennent à collaborer au-delà des frontières culturelles, car cela leur permettra d’élargir leurs horizons et de contribuer à un avenir plus prometteur pour tous.

Fort de ce succès, le partenariat entre les deux établissements va continuer de se développer. L’objectif : multiplier ces moments de partage et offrir à toujours plus d’élèves la chance de s’ouvrir au monde.

Contact : Franck Copin, animateur du réseau Japon de l’enseignement agricole, franck.copin@cneap.fr




Agronomy Webinar – Research & Innovation France-Japan

Research and Innovation in Agriculture – A bilateral discussion France-Japan

Online – Zoom (registration link below)

Tuesday June 11 2024, 14h-18h / Wednesday June 12 2024, 7h-11h

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Impressions de la Recherche brésilienne à Bourges

A l’occasion du forum franco-brésilien qui s’est déroulé à Bourges du 22 au 27 octobre 2023, Ana Euler, Directrice des affaires de l’EMBRAPA a présenté la recherche agronomique brésilienne lors de la conférence « Produire et consommer autrement : quelles transitions ? ».

Après sa présentation du 25 octobre 2023 lors du Forum Science et Société, Ana Euler nous a livré ses impressions sur le forum et l’avenir des échanges franco-brésiliens.

Au Brésil, la recherche et l’enseignement agricoles sont étroitement liés

Au Brésil, la recherche agronomique a progressé grâce à ses investissements et dans l’intégration de l’enseignement technique dans les zones rurales. Ces initiatives sont essentielles pour réduire le fossé technologique entre l’agro-industrie et l’agriculture familiale. La situation agraire au Brésil exige que la recherche travaille en étroite collaboration avec l’enseignement agricole. L’EMBRAPA (Institut Brésilien de la Recherche Agronomique) s’intéresse particulièrement au renforcement de son partenariat avec les écoles familiales et les instituts fédéraux par le biais de la formation, de la recherche participative et de la participation à des réseaux sociotechniques. L’éducation dans le pays a été particulièrement enrichie par l’expérience de l’alternance et de l’apprentissage, grâce aux apports du système français (en particulier les MFR : Maison Familiale Rurale). Au Brésil, l’agriculture familiale et son agrobiodiversité constituent l’un des plus grands atouts du pays. Dans ce contexte, la recherche axée sur l’innovation sociale et paysanne est une revendication des mouvements sociaux, en particulier ceux liés à l’agroécologie.

Le Forum Franco-Brésilien : une expérience riche et stimulante

Gerardo Ruiz, D. Pallet, Ana Euler (EMBRAPA) et Philippe Cousinié

« Lors du forum, j’ai été impressionnée par l’engagement des élèves et des enseignants sur le thème « science et société » des transitions et de l’agroécologie et par la qualité du débat citoyen qui se développe en France. Ce dialogue doit être promu de la même manière au Brésil », explique Ana Euler. « L’important dans ces espaces de dialogue et de construction des savoirs est de démontrer aux élèves qu’en plus des savoirs, il faut apprendre à penser et à prendre des décisions collectives », dit-elle. « En France, l’art, la culture et la philosophie sont liés à la science, comme en témoignent les nombreux ateliers culturels et artistiques organisés lors du forum », ajoute Ana Euler. Le forum offre une occasion d’échanges et d’apprentissages à travers les diversités culturelles de nos deux pays.

L’agroécologie au Brésil : une science et un mouvement social pour les pratiques agricoles

Au Brésil, l’agroécologie est basée sur un mouvement qui a émergé de l’agriculture familiale et de ses groupes organisés et est devenu une science avec des techniques appliquées et validées. L’agroécologie a une dimension transdisciplinaire et holistique, avec un esprit de « bien vivre » basé sur les échanges et dont les principes incluent la diversité, l’inclusion sociale, la conservation de la nature (eau, sol, biodiversité), la répartition des richesses, l’autonomisation des femmes et des jeunes, entre autres. Elle repose sur des principes communs aux deux pays, bien qu’avec des différences de techniques. Selon Ana Euler, il existe des différences entre les deux pays : « En France, l’agriculture biologique est davantage citée par les agriculteurs que l’agroécologie elle-même. Au Brésil, cependant, l’agroécologie est directement associée à l’agriculture familiale et aux petits producteurs.

Développer des liens plus étroits entre le Brésil et la France

Pour une coopération future, il serait intéressant d’intégrer au  programme des écoles d’agriculture familiale, existantes au Brésil et en lien avec l’enseignement privé catholique français. L’éducation à la campagne et pour le développement rural apporte cette forte composante d’échange de connaissances et de pratiques, elle a besoin d’opportunités et d’environnements pour la création d’innovations technologiques et sociales, la formation en particulier des jeunes impliqués dans l’agriculture brésilienne. L’objectif est de donner aux étudiants une vision plus large des différentes agricultures qui existent dans le monde, de la ferme à l’assiette, de la transition des systèmes alimentaires et de l’évolution des régimes alimentaires et des normes de durabilité.

« Tout l’intérêt du programme BRAFAGRI est de créer des liens entre chercheurs français et brésiliens pour trouver des solutions communes aux deux pays et tisser des liens plus étroits en envoyant des étudiants sur le terrain pour des stages. Les bourses de mobilité sont utiles. Parce que c’est sur le terrain que l’on apprend le plus, par l’expérience.  La dimension humaine est aussi importante que la dimension technique. Parmi les sujets qui nous intéressent au Brésil, il y a l’intelligence artificielle appliquée à l’agriculture, démocratisant l’accès au numérique. Il y a aussi des échanges intéressants à développer sur le sujet des politiques publiques alimentaires », conclut Ana Euler.

Rédaction de Philippe Cousinié, animateur et coordinateur du collectif Réso’them

Crédit photographique de couverture d’article : Banque image pexels, Photo Thiago Japyassu – Vue Aérienne de la Forêt – Brésil

Contacts : Fanny DE OLIVEIRA SANTOS, animatrice du réseau Brésil de l’enseignement agricole, fanny.de-oliveira-santos@educagri.fr

Gerardo Ruiz, Chargé de mission Amérique(s) au Bureau des relations européenne et de la coopération internationale – Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche, gerardo.ruiz@agriculture.gouv.fr