Erasmus+ c’est aussi du « capacity-building » !

Trois missions de formation agricole basées sur des échanges de pratiques se sont déroulées, tout au long de l’année 2024, entre la France, le Portugal et l’Arménie pour aboutir à une SMART Farm en Arménie.

Dans le cadre du programme Erasmus +, le projet « CB4WBL » « an innovation model of SMART farm adjacent to VET institution fort students work-based learning towards better employability » vise à renforcer la capacité des prestataires de formation et d’enseignement professionnel arméniens à fournir une Work Based Learning par le développement et la mise en œuvre d’un modèle innovant de ferme SMART adjacent à l’établissement permettant aux étudiants d’apprendre sur le lieu de travail et de développer les compétences pertinentes pour une meilleure employabilité ; ainsi que les compétences à l’appui de la transmission verte.

Les 3 pays partenaires de ce projet échangent pour renforcer leur coopération, enrichir les pratiques pédagogiques et favoriser la découverte de nouveaux modèles d’enseignement agricole. À travers des missions, les membres des équipes de direction et des enseignants ont l’opportunité d’échanger et renforcer leurs connaissances mutuelles sur les systèmes éducatifs des trois pays.

Un programme de formation transnational

Trois missions ont été organisées dans le cadre de ce programme Erasmus+, en lien avec le lycée des Sardières, établissement situé en bordure de la ville de bourg en Bresse en France. Ce lycée dispose d’une exploitation et d’un atelier de transformation ce qui correspond aux attentes et projets du lycée de Stepanavan en Arménie. Alexandra Costa Artur, directrice d’Imanovation du Portugal et Arakik Navoyan, président d’ACEP en Arménie, animent ce projet dans les deux pays partenaires.

Séminaire de lancement en Arménie

Au printemps 2024, une première mission en Arménie, au Collège agraire de Stepanavan, dans la région du Lori, a permis aux participants, Vincent Chaverot enseignant en agronomie et Pierre Mouroux enseignant en zootechnie de découvrir les pratiques agricoles en Arménie.

L’objectif principal était d’observer et échanger sur les méthodes d’enseignement agricole dans un pays en pleine transition agricole. Arayik Chaboyan directeur du lycée de Stepanavan et son équipe pédagogique ont ainsi pu partager les savoir-faire de chacun, afin de faire évoluer les pratiques d’enseignement agricole en Arménie notamment en intégrant des innovations agricoles et en projetant de développer une exploitation agricole et un atelier de transformation fromagère comme supports de formation.

Découvertes et réflexions en France

En octobre 2024, le lycée des Sardières à Bourg-en-Bresse en région Auvergne-Rhône-Alpes

avec à sa tête le proviseur Mr Charvin, a joué un rôle clé dans l’accueil d’une de ces missions tripartites. Ce lycée, qui dispose de son exploitation agricole avec un atelier de transformation, a utilisé ses installations comme support pédagogique pour illustrer les pratiques agricoles françaises.

L’exploitation du lycée des Sardières est de type polyculture : élevage avec un troupeau laitier, un atelier volailles de Bresse AOP, un atelier volailles fermières de l’Ain et des surfaces associées. L’objectif était de permettre à la délégation arménienne, constituée de l’équipe pédagogique de Stepanavan et accompagnée d’un représentant du ministère de l’éducation, de se familiariser avec la gestion d’une exploitation moderne et durable tout en échangeant sur les modèles éducatifs spécifiques à chaque pays.

Spécificités du modèle portugais

En novembre 2024, une mission au Portugal, a permis aux participants de se pencher sur les spécificités du système éducatif agricole portugais et de visiter des exploitations agricoles locales. Ces échanges ont été animés par Irina Vinhas, directrice adjointe de l’Escola Profissional Agrícola D.  – Paiã.

Ce fut également l’occasion d’échanger sur les référentiels et pratiques pédagogiques concrètes sur les supports de production tout en partageant des expériences en matière d’enseignement et de formation agricole.

Se retrouver sur des objectifs communs

L’un des objectifs majeurs de ces missions est de mettre en valeur l’utilisation des exploitations agricoles comme supports pédagogiques. En effet, ces sites sont des lieux idéaux pour l’application concrète des enseignements théoriques et permettent aux étudiants d’observer la réalité du terrain.

Les échanges ont ainsi permis d’enrichir les pratiques pédagogiques de chacun des pays participants. En effet, le collège agraire arménien souhaite installer une « smart farm ».

Les missions ont également permis de découvrir les systèmes d’enseignement agricole des différents pays, favorisant une approche comparative et une meilleure compréhension des défis communs et des solutions mises en œuvre dans chaque contexte national. Ce dialogue interculturel est essentiel pour préparer les jeunes générations d’agriculteurs aux défis mondiaux de l’agriculture.

Une dynamique de coopération pour l’avenir de l’agriculture

Ces échanges entre l’Arménie, la France et le Portugal ouvrent la voie à une coopération plus large, notamment dans le domaine de la formation agricole. À travers ces missions, les personnels de la direction et les enseignants ont non seulement renforcé leurs connaissances sur les systèmes agricoles européens et arméniens, mais ont aussi développé un réseau de partenariats internationaux propice à la diffusion de pratiques agricoles innovantes et durables.

Le programme Erasmus+, dans ce contexte, est bien plus qu’une simple opportunité d’échange académique ; il représente une dynamique stratégique pour l’avenir de l’agriculture européenne et internationale.

Les objectifs du projet Erasmus+ CB4WBL Arménie-Portugal-France

  • Renforcement des capacités du personnel des institutions arméniennes concernées sur les approches pédagogiques, l’enseignement et les méthodes d’apprentissage orientés WBL.
  • Développement du modèle de SMART Farm adjacent à l’établissement de FEP visant la production et la vente de lait et de produits laitiers permettant aux étudiants de participer à l’apprentissage sur le lieu de travail.
  • Révision des normes d’éducation de l’État et des programmes modulaires des spécialités « Vétérinaire », « Technologie du lait et des produits laitiers » et « Gestion » pour la livraison par un régime WBL à SMART Farm
  • Création des conditions légales et de transformation du lait nécessaires dans la ferme SMART adjacente à l’établissement de FEP
  • Pilotage des programmes révisés des spécialités « Lait et technologie laitière » et « Gestion » par le biais du programme WBL à la ferme SMART adjacente à l’établissement de FEP. 

En savoir sur le projet Erasmus+ CB4WBL https://www.cb4wbl.com/en/

Page Facebook du partenaire arménien : https://www.facebook.com/ErasmusCB4WBL

Contact : Evelyne BOHUON, animatrice du réseau Arménie de l’enseignement agricole, evelyne.bohuon@educagri.fr




Agropastoralisme en Arménie : entre défis et tradition

Une délégation de l’enseignement agricole français a visité en novembre 2024 l’établissement de Sissian en Arménie afin de travailler au renforcement des pratiques agricoles durables et d’explorer le thème de l’agropastoralisme, une pratique traditionnelle qui combine agriculture et élevage, tout en mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs arméniens.

Les membres de la délégation française ont eu l’opportunité de rencontrer des agriculteurs locaux qui pratiquent le pastoralisme. Les échanges ont permis de comprendre les spécificités de l’agropastoralisme en Arménie, une méthode qui s’avère essentielle dans les régions montagneuses où l’élevage de bétail est souvent la principale source de revenus.

Une rencontre enrichissante

Les agriculteurs ont partagé leur expérience, avec deux intervenantes françaises Sylvie Hausard et Fabienne Gilot.

L’une enseignante en aménagement du territoire au lycée agricole de Rochefort sur Montagne qui aborde les aspects pastoraux dans ces cours et étude de cas avec les élèves en BTSA Gestion et Protection de la Nature, et l’autre cheffe de projets internationaux au sein du Campus Pyrénées-Comminges à Saint-Gaudens, spécialisée dans les actions et projets ayant trait au pastoralisme et à la pratique de la transhumance notamment par la coordination du projet Erasmus + ECOTRANSH, réunissant six pays partenaires (France, Grèce, Italie, Maroc, Mongolie, Roumanie).

Cependant, ils ont également souligné les difficultés croissantes auxquelles ils sont confrontés, notamment à la gestion des pâturages, au manque d’infrastructures et aux impacts du changement climatique.

Des défis à surmonter

L’un des points saillants de cette rencontre a été le constat que près de 40 % des terres agricoles en Arménie ne sont pas utilisées pour le pâturage. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation. En premier lieu, l’absence d’infrastructures adéquates, telles que les routes et les installations de stockage, le manque d’accès aux ressources notamment à l’eau.

Les variations climatiques affectent la disponibilité des pâturages et la productivité des cultures, rendant l’agropastoralisme encore plus précaire.

Vers une coopération durable

Pour faire face à ces défis, il est essentiel de renforcer la coopération entre les agriculteurs arméniens et les organisations internationales. Quelques pistes ont été pointées pour poursuivre cette collaboration, notamment en organisant des sessions de formation sur les pratiques agropastorales durables, incluant des techniques de gestion des pâturages et de diversification des cultures, en partenariat avec l’ Université de Sissian et en développant des solutions adaptées aux réalités locales.

L’utilisation de technologies modernes peut être une solution pour améliorer la gestion des ressources et optimiser la production, tout en respectant l’environnement.

La visite à l’établissement de Sissian a mis en lumière l’importance de l’agropastoralisme pour l’économie arménienne, tout en révélant les défis significatifs auxquels les agriculteurs doivent faire face. En favorisant une coopération renforcée et en mettant en œuvre des solutions innovantes, il est possible d’améliorer la situation des agriculteurs arméniens et de valoriser pleinement le potentiel de leurs terres.

En savoir plus sur le projet Erasmus+ Eco-Transh

Contact : Evelyne Bohuon, animatrice Arménie de l’enseignement agricole, evelyne.bohuon@educagri.fr




Normandie : terre inspirante pour l’Arménie

Deux responsables d’établissements agricoles arméniens ont effectué une visite en France début novembre 2024, dans le cadre d’une initiative visant à renforcer les échanges éducatifs et professionnels. L’objectif de cette mission était la découverte du système d’enseignement agricole français et ses méthodes innovantes, tout en explorant les possibilités de collaboration future.

Au cours de leur séjour, les deux directrices Gayane Gabrielyan de Gyumri (Chirak) et Mery Grigoryan de Vanadzor (Lori) ont eu l’opportunité de visiter quatre sites d’établissements. Ils offrent une perspective unique sur l’enseignement et la formation professionnelle en agriculture française. Une présentation générale de l’enseignement agricole a été réalisée par Stéphanie Mangin à la direction générale de l’enseignement et de la recherche – DGER à Paris. Parmi les établissements visités, les lycées publics agricoles de Sées et d’Yvetot se sont distingués par leur approche pédagogique axée sur la pratique. Lors de la visite de la MFR de Bucchy, l’accent  a été mis sur l’enseignement par alternance . Tandis qu’à Rouen lors de la visite du campus UniLaSalle, l’enseignement supérieur et la recherche ont été évoquées.

Enseignement supérieur et recherche à Rouen

Après l’accueil à la DGER, l’école d’ingénieurs agronomes UniLaSalle à Rouen a été le premier arrêt de cette mission. Les directrices ont été particulièrement intéressées par les projets de recherche menés par les étudiants et les partenariats avec le secteur agricole. La présentation des innovations technologiques en agriculture a ouvert des perspectives intéressantes pour l’avenir de l’agriculture en Arménie.

Immersion au cœur des pratiques agricoles

Le deuxième établissement visité est le lycée agricole d’Yvetot, la visite des ateliers technologiques, où les élèves s’initient aux techniques agricoles de la fabrication de jus de pommes, a particulièrement impressionné les invitées. Ces ateliers, équipés de matériel à la pointe de la technologie, permettent aux étudiants de développer des compétences pratiques indispensables pour leur avenir professionnel. Les directrices ont pu constater l’importance accordée à l’apprentissage par la pratique, un aspect essentiel de l’enseignement agricole en France. En effet, cette approche permet non seulement d’acquérir des connaissances théoriques, mais aussi de les appliquer directement dans des situations réelles, renforçant ainsi la confiance et l’autonomie. Les échanges avec les enseignants et les élèves ont également mis en lumière l’engagement de l’établissement à intégrer des pratiques durables et respectueuses de l’environnement.

Alternance en milieu rural

Enfin, la Maison Familiale Rurale (MFR) de Bucchy a offert un aperçu sur l’enseignement en milieu rural, mettant l’accent sur l’implication des familles et des collectivités locales dans la formation des jeunes. Les directrices ont apprécié le modèle éducatif basé sur la proximité et l’engagement communautaire. La mise en avant du programme d’alternance, permettant aux étudiants de combiner cours théoriques et expériences professionnelles en entreprise. Les partenaires Arméniennes ont échangé sur leurs expériences et ont été ravies de voir comment cette approche favorise l’employabilité des jeunes diplômés.

Modèle de diversité dans les formations agricoles

La délégation accompagnée de l’animatrice du réseau Arménie ont assisté à des travaux pratiques réalisés entre les élèves de seconde et ceux du BTS Gestion et Protection de la Nature (GPN) au Lycée de Sées, une série d’activités a été mise en place pour explorer l’utilisation des plantes et leurs composés bénéfiques. Ces séances permettent non seulement d’appliquer les connaissances théoriques acquises en classe, mais également de développer des compétences pratiques essentielles pour les futurs professionnels du domaine.

Lors du premier TP, les élèves ont eu l’occasion de manipuler divers composés extraits de plantes pour créer des baumes, des infusions et autres produits. En utilisant des matières premières comme de la cire d’abeille, de l’huile d’olive et des plantes médicinales, ils ont appris à préparer des formulations naturelles. Cette activité a permis aux élèves de comprendre les propriétés des plantes et leur utilisation dans la cosmétique et la phytothérapie.

Le second TP a porté sur l’identification des plantes à l’aide d’une clé de détermination. Les élèves ont exploré différentes espèces de plantes comestibles, souvent utilisées dans des recettes traditionnelles telles que les crêpes ou les sirops. Cette activité a non seulement renforcé leurs compétences en botanique, mais aussi mis en avant l’importance de la connaissance des plantes dans la cuisine. Ils ont découvert des ingrédients tels que l’ortie, qui peut être utilisée pour réaliser des crêpes riches en nutriments, ou encore les fleurs de sureau, souvent transformées en sirop sucré.

Les échanges avec la directrice du Centre de Formation pour Apprentis et du Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole de Sées ont mis l’accent sur l’alternance, les formations continues dans le domaine du cheval, de l’agriculture et de l’environnement et sur leur fonctionnement.

Au cours de ces visites, plusieurs thématiques ont été abordées, notamment l’alternance, un modèle qui permet aux étudiants de se former tout en travaillant, favorisant ainsi leur insertion professionnelle.

La pédagogie, basée sur la pratique révèle l’importance d’apprendre par l’expérience, avec des ateliers et des stages en entreprise qui préparent efficacement les élèves aux réalités du métier.

L’innovation en agriculture prend en compte les nouvelles technologies et pratiques durables qui transforment le paysage agricole et comment ces avancées peuvent être intégrées dans les programmes de formation en Arménie.

Cette visite des deux homologues arméniennes d’établissements agricoles a été une expérience enrichissante, tant pour les invitées que pour les établissements français. Elle a permis de créer des ponts entre les deux pays et d’envisager des collaborations futures dans le domaine de l’enseignement agricole. Les échanges d’idées et de pratiques pourraient contribuer à l’amélioration des systèmes éducatifs et agricoles en Arménie, tout en renforçant les liens entre les deux nations.

Contact : Evelyne BOHUON, animatrice du réseau Arménie de l’enseignement agricole, evelyne.bohuon@educagri.fr




Partage d’expérience en Arménie

Apporter un regard extérieur sur le fonctionnement et établir un diagnostic sur le management global du collège régional professionnel Patrick Devedjian, situé dans la région du Tavoush en Arménie, tel a été l’objectif général de l’expertise d’une directrice-adjointe et d’une conseillère principale d’éducation lors de leur première mission qui s’est déroulée du 9 au 16 novembre 2024.

À l’issue des entretiens avec les différents candidats ayant répondu à l’appel à manifestation d’intérêt diffusé par le réseau CEFAGRI-Conseil Expertise Formation Agricole à l’International, sollicité par le Fonds arménien de France, ce sont Elisabeth Magré, directrice-adjointe de l’établissement agricole « Terres de Gascogne » à Bazas, et Clémence Bretagne, CPE au lycée horticole Le Sullio à Saint-Jean-Brévelay (Campus Sciences et Nature du Morbihan) qui ont été retenues pour mener à bien cette mission d’expertise. Elles ont été accompagnées par Max Delpérié, chargé de mission du Fonds arménien de France, et en partie par Évelyne Bohuon, animatrice du réseau Arménie Kazakhstan de l’enseignement agricole français, selon un programme établi en concertation avec les membres de la direction du collège arménien, Nara Ichkhanian et Margarit Poghosyan. Les réunions régulières et les échanges, auxquels ont aussi participé le chargé d’expertise à l’international du Bureau des relations européennes et de la coopération internationale, Rachid Benlafquih, et l’animatrice du réseau CEFAGRI, Vanessa Forsans, avant, pendant et après la semaine en Arménie ont permis de noter les points de vigilance, l’évolution du contexte et des jeux d’acteurs.

Élisabeth Magré du Lycée Terres de Gascogne à Bazas nous livre ses impressions et observations.

Clémence Bretagne et moi-même avons été retenues par les réseaux CEFAGRI et Arménie de l’enseignement agricole pour assurer une mission d’expertise en relation avec le Fonds Arménien de France qui soutient financièrement la formation et les projets de développement du Collège Patrick Devedjian. Max Delpérié, ancien directeur d’établissement d’enseignement agricole et chargé de mission pour le Fonds Arménien de France, nous a aussi servi de guide culturel et professionnel.

En début de séjour, il nous a fait découvrir la région d’Erevan, le Mémorial et le musée du génocide arménien, le monastère de Khor Virap avec son incroyable vue sur le mont Ararat.
Le trajet d’Erevan à Idjevan nous a permis de nous imprégner des paysages et de la végétation, passant d’un relief vallonné et sec à un paysage de montagne et boisé.
Le collège est situé dans le Tavoush, à Idjevan ; c’est un établissement à taille humaine avec un peu plus de 300 élèves et une trentaine d’enseignants, comme des établissements français dans lesquels j’ai pu assurer des fonctions d’enseignante et de directrice adjointe. Il ne propose que des formations professionnelles : restauration, tourisme, réparation auto, énergie renouvelable et depuis peu agriculture et mécanique agricole. Les effectifs des classes de ces deux dernières sections ont tendance à augmenter grâce, entre autres, à la présence d’un internat et d’une cantine, infrastructures inexistantes dans les autres collèges arméniens et mises en place très récemment.

La mission concerne l’expertise du fonctionnement pédagogique de la filière agricole et de la vie scolaire qui n’est pas structurée et qui peut faire défaut. L’absentéisme est important, les retards sont réguliers, mettant en cause un manque de transport collectif, des inégalités sociales et un manque de cadre évident.
Les enseignants n’ont pas tous eu des formations pédagogiques et peinent à rentrer dans une pédagogie innovante mettant les élèves au cœur de l’action. Ils sont conscients que leur pédagogie, encore trop descendante, est une raison du manque de motivation de certains élèves. Malgré des envies de faire mieux, ils ne se sentent pas assez outillés pour progresser dans ce domaine. Les référentiels ne proposent pas non plus une fenêtre d’ouverture vers une pédagogie de terrain, plus active pour les élèves.
La ferme école de Lusadzor est une réelle opportunité pour tous ces jeunes qui ont comme projet le développement de leur ferme familiale et l’introduction de technologies « françaises ». De nombreuses ressources sont présentes et offrent autant d’occasions pour faire de la pratique : élevage de vaches laitières et transformation fromagère (alimentation, entretien, traite, transformation, vente), élevage de brebis Blanche du Massif central et vente directe d’agneaux (soins aux animaux, vente), culture de plants sous serres, vergers, agroéquipement,… Plusieurs salariés sont présents pour accueillir les classes et leurs enseignants ; des parcelles ont été aussi mises à leur disposition pour faire des essais ; dès cette rentrée, les élèves vont par binôme faire un mini-stage sur cette ferme pendant deux jours.
Notre première évaluation montre que les conditions d’un travail collectif de terrain sont réunies mais qu’un travail de coordination devient nécessaire entre le collège et la ferme pour optimiser la fonction pédagogique de cette dernière et pour satisfaire les besoins de pratique des élèves.
Les enseignants en zootechnie et en agronomie doivent encore mieux s’approprier cet outil aux multiples ressources et proposer des activités de terrain montrant les champs des possibles en termes de techniques agricoles et de diversité des systèmes agricoles.
Margarit Poghosyan, directrice adjointe, est en train de réfléchir à une organisation qui alterne matières générales et matières techniques pour intégrer plus de pratiques dans l’enseignement.
Cette première semaine a été riche en rencontres, en découvertes et en échanges professionnels ; tous nos entretiens et visites nous ont permis de faire un constat mitigé et une première analyse de la situation.
La prochaine mission sera consacrée à la mise en place collective de piste d’améliorations.

Et Clémence Bretagne du Campus Sciences et Nature du Morbihan résume ainsi cette expérience.

La mission qui nous a été confiée au Collège Patrick Devedjian en Arménie a commencé sous le signe de la découverte, du dialogue et de la réflexion. Ce projet s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue et durable du Collège.
Dès notre arrivée, nous avons entrepris une série de visites culturelles pour mieux comprendre le territoire dans lequel s’inscrit l’établissement. Ces visites nous ont offert un aperçu de la richesse culturelle et des spécificités géographiques qui influencent directement le quotidien des élèves et des équipes éducatives. Ces observations nous ont permis de cerner les réalités locales et les défis propres à cette région arménienne.
Une partie essentielle de cette première phase de mission a été consacrée aux entretiens avec les différents personnels du collège et de ses partenaires. Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec la direction, pour comprendre la vision stratégique et les enjeux administratifs, avec les enseignants, afin de recueillir leurs besoins et leurs suggestions sur le fonctionnement pédagogique, avec les élèves, qui nous ont partagé leur expérience et leurs attentes pour leur environnement scolaire, ainsi qu’avec les adjoints et surveillants, pour aborder les questions et problématiques liées à la vie scolaire, et enfin avec l’équipe de la ferme-école de Lousadzor, un partenaire-clé dont le rôle est essentiel dans le développement de la filière agricole du Collège, pour aborder et cibler les bases d’un partenariat durable et qualitatif.
Ces échanges nous ont permis d’identifier plusieurs problématiques et dysfonctionnements, notamment au niveau de la coordination entre le collège et la ferme-école, ainsi que dans certains aspects de l’organisation de la vie scolaire. Ces constats ont servi de base pour orienter notre réflexion vers des solutions concrètes et adaptées. Riches en enseignements, ils ont mis en lumière les contraintes, les attentes et les aspirations de chacune des parties prenantes.
Parmi les axes prioritaires identifiés, il est apparu important de fluidifier le partenariat entre la ferme-école de Lousadzor et le collège, pour développer les synergies éducatives et des projets communs, mais aussi d’optimiser le fonctionnement de la vie scolaire, en élaborant un plan d’action permettant une gestion plus harmonieuse et durable des activités au sein de l’établissement.
Ce travail est réalisé en étroite collaboration avec l’ensemble des acteurs impliqués, afin d’assurer une appropriation collective des propositions et leur mise en œuvre effective.
Cette première phase a jeté les bases d’une expertise qui, nous l’espérons, portera ses fruits lors de notre prochaine intervention. En février prochain, forts des constats établis et des échanges réalisés, nous pourrons formuler des recommandations concrètes et accompagner le Collège Patrick Devedjian dans la mise en place d’un cadre de travail plus fluide, fonctionnel et durable.
C’est une aventure humaine et professionnelle passionnante qui s’annonce, avec pour ambition d’apporter une contribution significative au développement de cet établissement.

Margharit Poghosyan et Max Delpérié apportent leur point de vue, côté Arménie.

« Le programme de la mission a évolué en fonction des contraintes et de l’émergence de nouveaux rendez-vous et des aléas de la vie d’un établissement arménien, en particulier dans la précision des horaires et les disponibilités des uns et des autres. Nous tenons à remercier Laura Gévorgyan, professeure de français, et Meri Gasparian, responsable de l’association AEFA (Amitié et échanges franco-arméniens), avec les étudiantes de l’université d’Idjevan pour avoir assuré les missions d’interprètes.
La mission d’expertise s’est déroulée de façon très favorable, agréable et dans une ambiance conviviale et constructive. Les activités extérieures (visites de ferme, du patrimoine historique, religieux et culturel…) ont permis de placer cette expertise dans une approche sensible de l’environnement et de l’état d’esprit des Arméniens dans un contexte toujours complexe.
Les relations entre nous étaient empreintes de sympathie, de sourire, de convivialité et de partages instructifs dans un travail collaboratif évident dès le début du séjour.
Les précisions des observations et des analyses permettront de construire le programme de la deuxième mission prévue du 1er au 8 février 2025.

Suite à cette première mission d’expertise en Arménie, une journée de restitution et d’échanges a été programmée début janvier 2025 à Paris (Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche), en lien avec la chargée de coopération Europe au BRECI, Stéphanie Mangin, le Fonds arménien de France représenté par son directeur, Souren Kévorkian, et Michel Pazounian, administrateur chargé du développement agricole, ainsi qu’avec Florence Provendier, coordinatrice des coopérations franco-arméniennes au Ministère de l’Europe et des affaires étrangères.

Contacts :

Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI de l’enseignement agricole, vanessa.forsans@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr
Évelyne Bohuon, animatrice du réseau Arménie / Kazakhstan de l’enseignement agricole, evelyne.bohuon@educagri.fr
Stéphanie Mangin, chargée de coopération Europe au BRECI/DGER, stephanie.mangin@agriculture.gouv.fr