L’Afrique au SIA 2024

Le Salon International de l’Agriculture est un rendez-vous incontournable pour les acteurs de la coopération de l’enseignement agricole avec l’Afrique subsaharienne.

Dès l’entrée dans le pavillon 5 du SIA 2024, les visiteurs se retrouvent en Côte d’Ivoire, au Nigeria, au Rwanda ou au Cameroun !

Les opportunités de rencontres et d’échanges sont nombreuses sur les stands de ces pays, mais aussi lors de conférences et autres side-events, en particulier pour les partenaires et les établissements des réseaux Afrique de l’enseignement agricole.

Le Nigeria s’expose

Si le Nigeria a participé à de précédentes éditions du SIA par la présence d’importantes délégations, pour la première fois en 2024 ce pays dispose d’un stand, aux dimensions imposantes et aux activités débordantes. Un Business Event organisé par Sonia Darracq, Conseillère aux affaires agricoles à l’ambassade de France à Abuja, a réuni de nombreux agroentrepreneurs du Nigeria, sans oublier les mises en relation avec des producteurs et négociants français. Le stand a également reçu la visite du Ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité, de la Francophonie et des Français·es de l’étranger, Franck Riester, ainsi que de la Secrétaire d’État auprès de la Ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères, chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou.
Ce fut l’occasion de valoriser les partenariats en cours, dont l’ambitieux projet WATEA (Women in Agricultural Technical Education and Apprenticeship in Nigeria).

La coopération dans le domaine de la formation agricole n’a en effet pas été en reste. Par exemple deux représentants de la NBTE (National Board for Technical Education, un organisme qui dépend du Ministère Fédéral de l’éducation nigérian), après divers échanges sur le stand du Nigeria, notamment avec la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER-Bureau des relations européennes et de la coopération internationale), sont allé visiter le lycée agricole de La Bretonnière (77), afin d’observer in situ les dispositifs de formation et d’explorer les possibilités de collaborations et de partenariats pour renforcer les programmes d’acquisition de compétences au Nigeria.
Par ailleurs, suite à l’accueil de la délégation nigériane du projet WATEA venue en visite d’étude en France en décembre 2023, la directrice de l’EPL de Surgères, Marie-Pierre Gousset, est venue exprimer son envie et son intérêt d’aller plus avant dans cette coopération, qui pourrait concerner plusieurs filières, telles que le cacao, la meunerie, le poisson fumé, nécessitant un renforcement de capacités.

Côte d’Ivoire, questions aviculture et cuniculture

La participation au SIA de la délégation du Ministère des ressources animales et halieutiques (MIRAH) avait pour objectif principal l’imprégnation des questions de biosécurité avec les professionnels des filières avicole et cunicole. Outre diverses rencontres et visites organisées par le truchement de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche avec la Direction générale de l’alimentation, la délégation ivoirienne a eu un temps d’échange important avec le BRECI, VetAgroSup, France Vétérinaire International, et Éric Leleu, expert national biosécurité. Ont ainsi pu être abordées l’organisation de l’enseignement agricole en France et son expertise, l’organisation de la gouvernance sanitaire en France et en Côte d’Ivoire, la réglementation sur la biosécurité européenne et française.
Il en est ressorti la nécessité d’un accompagnement dans la formation des formateurs en biosécurité, y compris avec l’expertise de l’enseignement technique agricole via le réseau CEFAGRI de la DGER ; de la signature d’un MoU avec la DGAL incluant les questions de formations ; d’un accord cadre de coopération entre MIRAH et DGER.

Partenariats avec l’Institut national de formation professionnelle agricole

« Coopération internationale et enjeux de formation et insertion agricoles », tel était le thème de la séance organisée et animée par le réseau Afrique de l’Ouest de la DGER avec l’Institut national de formation professionnelle agricole (INFPA) sur le stand de la Côte d’Ivoire au SIA. Après une ouverture par le Directeur général de l’INFPA, le chargé de coopération Afrique subsaharienne et le chef du BRECI, le film Agri-cultures – La coopération internationale / La Côte d’Ivoire a été projeté. La parole a ensuite circulé parmi les participants (responsable des partenariats à l’INFPA, directrices d’EPL, ancien directeur d’EPL devenu chef de SFD, services civiques ivoiriens, animateurs de réseaux, représentants de la recherche agronomique ivoirienne, de la Fédération nationale des communes pastorales…), comme autant de témoignages d’actions et de perspectives de coopération franco-ivoirienne en matière de formation agricole.

Dans le prolongement du SIA, l’EPL du Morvan a reçu la visite de deux personnes de l’INFPA, dont le directeur de l’École d’aquaculture de Tiébissou, avec lequel un partenariat a été initié un an auparavant . L’objectif de cette visite était le suivi des services civiques et le renforcement du partenariat.
À l’issue des trois jours de rencontres, les partenaires se sont accordés pour les perspectives suivantes : le renouvellement de l’accueil en service civique par l’EPL du Morvan de deux étudiants de Tiébissou pour l’année scolaire 2024-2025, et l’organisation d’un voyage d’étude en Côte d’Ivoire en 2025 de la classe de BTSA aquaculture, avec une visite préparatoire à Tiébissou de deux enseignants du Morvan à l’automne 2024.

Volontaires internationaux en visite au SIA

Les six Ivoiriens, étudiants issus de l’INFPA, effectuant une mission de service civique en lycées agricoles français ont tous participé au SIA 2024, accompagnés de leurs tuteurs ou de l’équipe de direction des établissements d’accueil.
C’est également le cas des trois services civiques du Togo et de certains du Bénin et du Sénégal. À cette occasion, ont pu être tournées quelques séquences du film en préparation sur l’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale (ECSI) dans l’enseignement agricole.

Conférences à ne pas manquer

Les services civiques ouest-africains comme les membres des réseaux Afrique ont pu assister à plusieurs conférences en lien avec leurs centres d’intérêt.
La désormais traditionnelle conférence du Ministre d’État de Côte d’Ivoire en charge de l’agriculture avec pour thème cette année « Productions vivrières et souveraineté alimentaire : défis et perspectives de développement » a fait salle comble. Il est à noter que parmi les opportunités d’investissement pour la souveraineté alimentaire, le conférencier a souligné l’importance du partenariat pour l’innovation technologique et la formation.
Le CIRAD et l’AFD ont proposé la conférence « Comment gérer la fertilité des sols pour renforcer la souveraineté alimentaire en Afrique ? » qui a abordé la question des approches agroécologiques fondées sur le recyclage des éléments minéraux via les matières organiques diverses et l’utilisation de légumineuses en lien avec la productivité des cultures annuelles en Afrique.
Sur le stand de l’AFD, le Nigérien Ali Bety a apporté son éclairage sur le sujet « Orienter l’agriculture irriguée vers l’agroécologie pour renforcer la souveraineté alimentaire et la résilience climatique : l’expérience du COSTEA (Comité Scientifique et Technique pour l’Eau Agricole) ». Par ailleurs Grand Témoin des rencontres des réseaux Afrique 2024, Ali Bety a aussi pu retrouver et échanger avec des membres du réseau Afrique de l’Ouest, notamment autour de projets de lycées agricoles avec l’Afrique liés à l’élevage ovin et la transhumance.

2024 – Ovinpiades mondiales

19 % de la production ovine mondiale est africaine. Aussi la participation aux Ovinpiades mondiales est-elle l’un des projets du réseau Afrique de l’Ouest, qui a de ce fait été invité par les organisateurs (Inn’ovin/Interbev) au lancement presse de cet événement lors du SIA2024.
Une quinzaine de délégations étrangères, venant de tous les continents, est invitée à participer à la troisième «Coupe du Monde des Jeunes Bergers» qui se déroulera du 25 mai au 1er juin 2024. La précédente édition internationale date de 2014.

Au programme : huit épreuves qui seront disputées au cours d’une compétition itinérante afin de découvrir la diversité de l’élevage ovin. Après être accueillies à Paris, les équipes embarqueront dans un bus habillé aux couleurs des Ovinpiades vers le Limousin, l’Aveyron, l’Auvergne, la Bourgogne et reviendront en région parisienne pour la remise des prix à la Bergerie nationale de Rambouillet. Telle est l’invitation d’Inn’ovin.

Le réseau Afrique de l’Ouest a donc inscrit et invité trois équipes, chacune composée d’une étudiante et d’un étudiant en formation dans les établissements de ses partenaires : l’École d’élevage de Kétou, de l’Université nationale d’agriculture (UNA) du Bénin ; l’École d’élevage de Bingerville, de l’INFPA de Côte d’Ivoire ; l’IFAD élevage de Barkoissi, de l’APCFAR (Association professionnelle des centres de formation agricole et rurale) du Togo. Afin d’établir un lien avec les professionnels et organisations locales de la filière ovine, chaque binôme de participants sera accompagné par un représentant de la Fédération nationale des communes pastorales (FNCP). Ces trois équipes seront accueillies au BRECI-DGER dès le 21 mai, puis chacune sera dirigée vers un lycée agricole pour parfaire pendant trois jours son entraînement aux épreuves des Ovinpiades mondiales.

De belles aventures de coopération à suivre, en attendant de se retrouver au SIA 2025 !

Retrouvez plus d’information : projet WATEA – Visite d’étude en France en décembre 2023,  WATEA sur Instagram,  le film Agri-cultures – La coopération internationale / La Côte d’Ivoire, La coopération avec l’INFPA Aquaculture,  de la côte d’Ivoire au Morvan,

Contact : Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, William Gex, animateur du réseau Nigeria, william.gex@educagri.fr, Vanessa Forsans, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr

 

 

 

 




Le Lycée Agropastoral de Savalou : du Bénin à l’Occitanie

Dans le cadre du projet FABéOc  porté par les lycées agricoles de Castelnau-le-Lez dans l’Hérault et de Riscle dans le Gers avec un consortium régional multi-acteurs composé de l’Institut Agro Montpellier, du Réseau FAR, de l’AFDI du Gers, de l’association Lafi Bala ainsi que de France Volontaires, un groupe de 4 apprenants du Lycée Technique Agropastoral de Kpataba-Savalou  (Bénin) accompagnés par leur proviseur et un enseignant ont été accueillis dans les 2 établissements d’Occitanie.

Le projet FABéOc (Formation en Agroécologie au Bénin et en Occitanie) s’appuie sur trois objectifs : co-construire des ressources pédagogiques afin d’améliorer les pratiques agroécologiques des formateurs français et béninois ; améliorer et créer des infrastructures permettant l’échange de pratiques et la dissémination des techniques agroécologiques et de transformation ; appuyer le développement des filières “anacarde” et “fruits tropicaux” avec un objectif de durabilité.
Afin de réaliser ces objectifs, des mobilités ont été positionnées, qui permettent de découvrir et comprendre le fonctionnement des établissements et de leurs exploitations agricoles, de mener des expérimentations, de faire se rencontrer les apprenants et les formateurs des deux pays, de produire des ressources de travail et de formation afin de pérenniser les pratiques innovantes en agroécologie dans les filières concernées. Ainsi, un groupe du lycée agricole de Riscle a passé 3 semaines au Bénin en février 2023 et un groupe du lycée technique agricole de Savalou a réalisé une mobilité de 15 jours en Occitanie en novembre 2023. Cette délégation béninoise était composée de M. Jean Didier Bahini, proviseur du lycée, de M. Amamion Hospice, enseignant en technologie alimentaire, de quatre élèves : Oussou Boris, Dagbeto Clautilde, Dossouhoui Elvyre, Adiko Rolande.


Plusieurs réunions de travail ont été menées en amont avec tous les partenaires et deux intervenants, Lucas Dijoux et Emmanuelle Guichet, entrepreneurs sur les réseaux sociaux,  pour la mise en forme des ressources conçues pendant le projet, ils étaient également présents  sur le terrain afin de réaliser les vidéos, interviews, photos et illustrations qui vont être les ressources pérennes pour la diffusion de nos travaux.

Activités réalisées dans les établissements d’Occitanie

À Riscle, le groupe était aussi accompagné par Edia Ornella Sodokpa, première stagiaire dans un lycée agricole français dans le cadre du projet Biovalor, relevant du Partenariat avec l’Enseignement supérieur Africain (PEA). Les deux filières de bac pro du lycée, « gestion des milieux naturels et de la faune » et « vigne et vin »,  ainsi que les apprentis du CFPPA, ont été impliqués dans les activités. Pour la filière vigne et vin, il y a eu la visite du chai, des vignes, au lycée et dans l’entreprise Plaimont, partenaire du lycée, la participation aux vendanges et à la vinification. La filière nature a travaillé sur un site aménagé conduit en gestion durable et labellisé.

 

 

 

 

 

 

À Castelnau-le-Lez, la météo et l’indisponibilité de certains enseignants ont quelque peu perturbé le programme et certaines activités : la récolte de pommes au verger du Domaine de Restinclières et la fabrication de compote ont dû être annulées. Le temps ainsi libéré a été mis à profit pour finaliser les interviews d’apprenants et encadrants dans l’optique d’alimenter la chaîne Youtube et autres supports dédiés au projet FABéOc ainsi que l’illustration des ressources pédagogiques. Mais le groupe a pu bénéficié d’une visite des serres de La Frondaie (exploitation de l’établissement) avec une information sur la lutte biologique intégrée, et rencontrer le groupe des élèves écoresponsables avec lesquels les échanges ont été très intéressants. C’est parmi les élèves de ce groupe que seront sélectionnés ceux qui participeront à la future mobilité de Castelnau-le-Lez à Savalou. Des activités ont de plus été organisées dans le cadre de la semaine « Santé et Développement Durable » avec les classes de première Bac Pro, avec le jeu « Yemoja » sur la problématique des ressources en eau animé par l’association Lafi Bala, la projection débat du film « Toxique Afrique » sur la problématique des pesticides (Festival AlimenTerre) et une autre activité sur la gestion des sols animée par l’association APIEU (Atelier Permanent d’Initiation à l’Environnement Urbain). Une rencontre avec M. Jacques Plan de l’association CODEGAZ a permis de faire émerger des synergies entre le projet FABéOc et un projet de champ-école à Dassa-Zoumé qui permettrait de faciliter l’insertion des jeunes diplômés du LTA de Savalou. La délégation a aussi été reçue par le Maire de Castelnau-le-Lez, M. Frédéric Lafforgue, et son adjoint chargé du développement durable, M. Jean Koechlin. Enfin, la visite d’un jardin partagé sur la commune a permis aux apprenants et encadrants de la délégation d’échanger avec quelques utilisateurs sur les techniques agroécologiques mises en œuvre dans le jardin (association de cultures, plantation et/ou entretien de haies, compost …) ainsi que le lien social et la transmission entre utilisateurs expérimentés et novices.

Création de ressources et leur diffusion

Cette mobilité a été pour une grande part consacrée à la création de ressources pédagogiques et leur mise en forme pour une diffusion sur de multiples supports.

Nous avons constaté que les apprenants français et béninois sont facilement sur les réseaux sociaux (whatsapp, youtube, facebook), que les Béninois parlent parfois plus facilement leurs dialectes que le français, que les Français de nos lycées agricoles sont fréquemment porteurs de handicaps de type « dys » (lexie, praxie, etc). De plus, au Bénin le professeur Joseph Dossou de la Faculté des Sciences Agronomiques d’Abomey-Calavi nous avait présenté des documents illustrés pouvant aussi s’adresser aux professionnels du secteur non lecteurs. Alors, au regard de l’analyse que nous avons de nos apprenants et de nos cultures, il est apparu que nous allions créer différentes ressources accessibles sur divers supports. Et il a donc été décidé avec les partenaires béninois que plusieurs documents de travail seraient des illustrations. Par ailleurs, nous souhaitions tourner des vidéos des phases techniques et professionnelles, en français mais aussi  en dialectes fon et mari. Outre la chaîne YouTube dédiée au projet FABéOc, il a été proposé de créer un biosite qui permettra d’orienter les visiteurs vers les différents supports et leurs ressources (instagram, youtube, plateforme photo, etc). Des ouvrages de type bandes dessinées et manuels de travail illustrés seront également créés.

À l’issue de cet accueil de deux semaines, nous pouvons affirmer que la présence de nos partenaires béninois a animé les établissements et les territoires et permis à beaucoup de personnes de se rencontrer, que ce soit des adultes ou des jeunes. La venue de personnes issues d’un autre pays et porteuses d’une autre culture permet une internationalisation à domicile et favorise la curiosité et l’ouverture d’esprit. Enfin, les échanges techniques, scolaires et professionnels sont un réel déclencheur d’idées nouvelles et de méthodologies innovantes.

Article proposé par Sandrine GUICHET, enseignante au LPA de Riscle (sandrine.guichet@educagri.fr) et Serge MISERICORDIA, enseignant au LPA de Castelnau-le-Lez (serge.misericordia@educagri.fr), porteurs du projet FABéOc.

Contacts :
Jean-Roland ARBUS (jean-roland.arbus@educagri.fr) et Vanessa FORSANS (vanessa.forsans@educagri.fr), animateurs du réseau Afrique de l’Ouest,
Rachid BENLAFQUIH (rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr), chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER.

 




Africulture : du Bénin à Aix-Valabre

Le lycée agricole d’Aix-Valabre accueille en 2023 un jeune béninois en service civique pour une mission d’animation en agroécologie, faisant suite à une mission collective au Bénin en 2021 et organise une semaine africulturelle en présence d’un artiste béninois en résidence et en tournée dans les lycées agricoles.

Depuis plusieurs années le Campus Nature Provence et plus particulièrement le Centre de Ressources proposent différentes activités d’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI) à la communauté éducative, en participant par exemple au Festival Alimenterre avec ses rencontres-débats et ses projections de films très prisées. Elles se prolongent désormais avec des séances de la Seconde au BTSA co-animées avec des jeunes béninois en Volontariat international de réciprocité. Des activités pédagogiques de recherches d’information avec comme fil conducteur « S’informer pour s’engager » ont permis d’élaborer des panneaux d’expositions sur et avec les partenaires Oiseaux et Horizon, CCFD, Arc Bénin (association de soutien à des micro-projets de femmes) pour développer la connaissance mutuelle et interculturelle. Timothé Tode, en tant que Volontaire international, a conçu une exposition sur l’agriculture béninoise qui donne lieu à des échanges en classe sur la situation agro-environnementale et l’économie agricole du Bénin, la découverte et l’étude en distanciel des pratiques agroécologiques de la Ferme-école SAIN.

De la classe de Seconde générale et technologique avec le module EATDD et une séquence « Du local à l’international », en passant par les classes de STAV, BTSA GPN (Gestion et protection de la nature) et APV (Agronomie productions végétales) mais aussi les adultes de l’option maraîchage du BPREA (Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole), plusieurs groupes ont travaillé avec curiosité et enthousiasme sur les enjeux du changement climatique, les milieux écologiques et vivriers du Bénin.
Du 20 au 24 mars 2023, des jeunes et personnels ont pu aussi assister au Festival Valabre Grand Mix, semaine des cultures du monde et du mieux vivre ensemble, qui a accueilli exceptionnellement cette année Adébayo Hounsou. Cet artiste béninois s’est associé au collectif artistique pluridisciplinaire inclusif NewArt’Aix avec lequel il a contribué à la création d’un spectacle cabaret slam poétique associant des marionnettes et même un clown dans l’espace de la restauration, créant la surprise et l’enthousiasme des convives. Il a passé quelques jours au LEGTA d’Aix-Valabre mais aussi au LEGTA de Digne-Carmejane lors de sa tournée de lycées agricoles, qui a commencé par un premier spectacle à l’EPL de Vire à l’occasion des rencontres des réseaux Afrique, et s’est poursuivie par un « Breizh Bénin Tour » passant par les EPL de Pontivy, de Saint-Aubin-du-Cormier et le lycée CNEAP de Saint-Ilan, avant de terminer au LEGTA Le Chesnoy. Cette tournée a fait suite à sa résidence artistique à l’EPL du Bourbonnais dans le cadre du projet porté par le réseau Afrique de l’Ouest/BRECI « Slam Nature : forêts sacrées d’Afrique et d’Auvergne – Sensibiliser à l’agroécologie par l’interculturalité ».

Lire aussi Slam Nature : terres sacrées d’Afrique et d’Auvergne

Les deux établissements Aix-Valabre et Digne-Carmajane se sont aussi associés au cours d’une soirée pour organiser un

repas partagé, confectionné ensemble dans la cuisine pédagogique à Aix-Valabre et mettant en avant des produits typiques du Bénin et de Madagascar par des étudiants et des élèves de l’ASCLAV (association des élèves) pour clôturer ces rencontres riches en échanges.

La présentation du Bénin, de sa culture, sa structure sociale traditionnelle et l’art du conte a aussi eu lieu avec les apprenants de la Seconde professionnelle SAPAT (Services aux personnes et aux territoires). Ils ont pu poser des questions de manière très libre et enthousiaste à Adébayo Hounsou. Cela a permis aux apprenants dans différents contextes d’avoir un autre regard sur le Bénin et a suscité leur envie d’aller découvrir l’Afrique de l’Ouest.

   

Un des objectifs de l’ECSI version Africulture – Valabre est de communiquer autrement auprès des élèves, des étudiants et des adultes à travers des médiations interculturelles et artistiques qui associent Vie scolaire, CPE, personnels de la restauration, enseignants et formateurs pour continuer à faire vivre les collaborations avec les différents partenaires franco-béninois.

Et l’aventure Africulture continue au lycée agricole d’Aix-Valabre en accueillant cette année scolaire 2023-2024 non pas un, mais deux jeunes en service civique, l’un du Bénin également issu de l’Université Nationale d’Agriculture, l’autre du Sénégal de l’USSEIN, université avec laquelle l’établissement a aussi noué un partenariat !

Enfin, le LEGTA d’Aix-Valabre accueillera du 24 au 26 janvier 2024 le regroupement des volontaires internationaux animé par le RED avec l’appui de l’Institut Agro de Montpellier-Florac et les personnels venus de toutes régions pour participer aux rencontres/formation des réseaux Afrique.

Retrouvez les 5 étapes de l’aventure de Timothé Tode sur Moveagri

Article proposé par Marie-Laure Para, enseignante documentaliste, référente coopération internationale au Campus Nature Provence (LEGTA d’Aix-Valabre)
marie-laure.para@educagri.fr

Contact : Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Le Bénin choisit l’expertise française

L’expertise de l’enseignement agricole français accompagne le passage de 10 à 30 lycées techniques agricoles au Bénin : des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail ont eu lieu à Cotonou entre le 17 et le 27 septembre 2023.

Le Bénin, via son Agence de Développement de l’Enseignement Technique (ADET) a entrepris une grande réforme institutionnelle de l’enseignement technique et professionnel, en particulier agricole, passant de 10 à 30 lycées techniques agricoles (LTA).
Sollicité par l’ADET dès 2021, l’enseignement agricole français (via la DGER/BRECI et ses réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI) a élaboré avec France Éducation International (FEI) une offre technique pour accompagner cette réforme. Les enjeux sont d’importance : il s’agit d’élaborer des programmes de formation, produire des ressources pédagogiques, identifier les équipements nécessaires aux formations, préparer l’implantation des filières ; soutenir, par la formation et l’insertion les jeunes dans la vie active, les politiques territoriales de développement économique et social ; mettre en place une professionnalisation des métiers de la formation ; favoriser l’implication active dans le territoire, des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, et structurer une dynamique tournée vers l’innovation et l’expérimentation. 11 filières et 15 diplômes (Diplôme Technicien Métier et Diplôme Technicien Supérieur Métier, DTM et DTSM) sont concernés.
Cet appui est mis en œuvre dans le cadre d’une contribution plus globale en « équipe France » à la réforme de l’appareil de formation professionnelle du Bénin,  s’inscrivant dans le programme de coopération en matière de formation professionnelle entre la République du Bénin et la France signé à la suite du déplacement au Bénin du Président de la République française en juillet 2022. Avec un financement de la Banque mondiale d’un montant de 1,22 M€, ce projet a en ligne de mire l’accueil de 48 000 apprenants afin de les former très concrètement aux métiers de l’agriculture.

Ainsi, une première mission dans le cadre de ce projet a mené au Bénin entre le 17 et le 27 septembre 2023 un groupe d’experts de l’enseignement agricole français, accompagnés par le réseau CEFAGRI et France Education International. Une réunion de cadrage entre l’ADET, FEI et la DGER (BRECI) a permis le lancement officiel du projet. Puis les experts en aquaculture, en élevages de ruminants, de porcins, en productions horticoles, fruitières et forestières, en agroéquipements… ont animé des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail (AST) avec des professionnels béninois, tant de la production que de la formation agricoles (enseignants et directeurs de LTA, inspecteurs). À leurs côtés étaient présents des experts marocains recrutés par FEI ainsi que des spécialistes du coton et du palmier à huile ayant rejoint l’équipe d’experts par le truchement du réseau CEFAGRI.

Les experts de l’enseignement agricole français témoignent de cette expérience de co-construction d’analyses de situations de travail avec des collègues et partenaires béninois avec lesquels la coopération n’est pas nouvelle :

Jean-Roland Arbus, enseignant d’agronomie au LEGTA de Figeac et co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest :
Suite à deux missions au Bénin, en 2019 et 2021, en tant que co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest, j’ai trouvé logique de contribuer à la co-écriture des référentiels avec les Béninois. Être à l’écoute de leurs attentes pour les intégrer dans les référentiels, travailler en équipe d’experts sont des éléments de réussite. Enfin soulignons l’importance d’intégrer l’agroécologie, la durabilité et la gestion économique dans ces référentiels pour les futurs entrepreneurs béninois.

 

Patrick Desnos, enseignant d’agronomie au lycée horticole privé de Saint-Ilan (Côtes-d’Armor) :
La rencontre avec les professionnels, les enseignants et les inspecteurs béninois nous a permis de mieux appréhender les attentes de nos partenaires et de confronter nos visions « Nord-Sud » des métiers des différentes filières agricoles étudiées. Cette co-construction de l’analyse des situations de travail dans le domaine du maraîchage, de l’horticulture ornementale, de l’arboriculture fruitière et forestière m’a permis de mieux cerner ces différents métiers au Bénin. Les diplômes visés de technicien métier et de technicien supérieur métier ont pour but, entre autres, de favoriser la création d’entreprise permettant à des jeunes béninois de participer à la souveraineté alimentaire de leur pays et d’améliorer la chaîne de valeurs. Les échanges avec l’ensemble des participants ont été riches et constructifs : une co-construction à poursuivre pour écrire le référentiel de compétences dans le cadre de cette rénovation ambitieuse.

Catherine Lejolivet, enseignante d’aquaculture au LEGTA de La Canourgue (EPL de la Lozère) :
Bénin comme Bienveillance : c’est le sentiment fort ressenti pendant cette semaine de travaux collaboratifs avec les partenaires des filières professionnelles agricoles, l’inspection et les enseignants des lycées techniques. Ce fut une première en Afrique de l’Ouest, me concernant. La mission de co-construction de programmes de formation aquacole est d’importance pour ce pays désireux de former des techniciens et des techniciens supérieurs leur permettant de s’installer, de piloter ainsi leurs entreprises avec un maximum de clés et de contribuer à l’approvisionnement des marchés demandeurs de produits aquatiques d’eau douce ou saumâtre. D’où le challenge pour moi : comprendre le contexte aquacole, les attentes des partenaires afin de répondre au mieux dans un esprit clairement de convivialité partagée. Les échanges ont été riches, vivants et constructifs, hâte de poursuivre l’aventure franco-béninoise !

 

Arnaud Lefèvre, directeur de l’exploitation ostréicole de l’EPL de Bourcefranc :
Suite à des échanges réguliers avec différents partenaires béninois depuis plus de vingt ans, il m’a semblé intéressant de participer à l’évolution des curricula des formations techniques en aquaculture. Au sein de ce secteur très dynamique en Afrique de l’Ouest depuis quelques années, le Bénin réussit à tirer son épingle du jeu, grâce en particulier à la mise en place de l’organisation de la filière. Les échanges avec les professionnels, mais également avec les enseignants et les représentants de l’administration, permettent de contextualiser et de partager les différentes opinions sur ce secteur de production. L’enjeu premier est de proposer des programmes basés sur les pratiques, de façon à ce que les apprenants soient opérationnels dès la sortie des études. Au-delà, la demande inclut de considérer dans ces formations les évolutions et les innovations envisageables de la filière aquacole au Bénin.

Jean-Louis Devoyon, enseignant d’agroéquipement au LPA de Saint-Yrieix-la-Perche :

Sollicité par le BRECI/DGER et avec l’aide de Guillaume Gillet de l’ENSFEA, le lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche est un établissement reconnu dans le domaine des agroéquipements avec une dimension internationale puisqu’il coopère avec des pays d’Afrique et en particulier le Bénin. C’est à ce titre que j’ai été mobilisé sur ce projet pour la co-construction selon l’approche par compétences (APC) des référentiels de formation en machinisme (DTM/DTSM). J’ai ainsi pu valoriser et partager mon expérience en mécanisation agricole afin de proposer des formations qui répondent aux mieux à la demande professionnelle actuelle et à venir pour une insertion réussie des futurs apprenants. En tant qu’expert, j’ai pu prendre la mesure des forts enjeux de ce projet ambitieux par rapport aux grandes potentialités de ce pays en développement et ce fut un honneur pour moi de pouvoir modestement y contribuer. De cette première expérience, je retiendrai la difficulté de proposer une offre de formation cohérente non seulement au regard de la structuration des branches sectorielles actuelles mais aussi tenant compte du secteur informel, non-formel le plus représentatif. Il est apparu ainsi important d’ouvrir cette formation à des métiers pas seulement tournés vers la maintenance agricole mais aussi vers l’utilisation, la conduite, le réglage des machines voire dans certains cas l’adaptation-conception simples d’outils. C’est précisément ce lien agronomique avec le vivant qui permettra à court terme un renforcement capacitaire de l’arrière paysage rural et de son développement économique par un ancrage de jeunes dans leur territoire. Dans cette perspective, la réduction de la pénibilité des travaux agricoles grâce au développement d’une mécanisation raisonnée doit en principe permettre une meilleure productivité des sols et attractivité du métier chez les jeunes agriculteurs, leur offrant ainsi des conditions de vie meilleures et  participant alors dans une certaine mesure à la déconstruction des imaginaires migratoires.

Xavier Baudouin, directeur de l’exploitation agricole de l’EPL de Vire :
Les missions d’expertise constituent un levier essentiel de la coopération internationale, ainsi qu’un outil de dialogue et de valorisation des savoirs faire. Notre mission sur le sol béninois fut une expérience véritablement enrichissante. La rencontre avec les acteurs locaux, qu’ils soient professionnels du secteur, enseignants ou inspecteurs, a grandement contribué à notre compréhension des attentes de nos homologues béninois.
De plus, elle a permis de confronter nos perspectives distinctes sur les métiers agricoles, en intégrant les visions tant « Nord » que « Sud ». Cette convergence d’idées s’est avérée être le socle essentiel à la poursuite de notre collaboration dans le cadre de la révision ambitieuse du référentiel de compétences. De nos discussions, est née une belle opportunité : celle de co-créer, co-construire, d’unir nos forces pour tracer le chemin d’une rénovation ambitieuse.
Ce premier pas ne représente qu’une étape préliminaire. Il incarne une promesse de synergies futures, où nos compétences et notre engagement mutuel se fondent dans la rédaction d’un référentiel. Notre récit, forgé par notre passion pour l’agriculture et notre désir de contribuer au progrès, se prolongera, établissant un lien solide et durable entre deux nations unies par leur quête d’excellence dans le domaine agricole.

À l’issue de cette première mission, toutes les analyses de situation de travail co-construites au cours des ateliers puis rédigées par les experts français et marocains sont relues par une DRIF (déléguée régionale à l’ingénierie de formation) de l’enseignement agricole afin d’en proposer à l’ADET une version finale tout à fait complète et harmonisée.

L’ensemble des experts français et marocains ainsi que leurs homologues béninois se retrouveront au Bénin en décembre 2023 pour la prochaine étape : l’élaboration conjointe des référentiels de compétences. Viendront ensuite, avant la fin de cette année scolaire, les missions de co-construction des référentiels de formation et d’évaluation. Ces missions seront bien évidemment accompagnées par les coordonnateurs du projet,  béninois (l’ADET) et français (le MENJS via FEI et le MASA via la DGER/BRECI et son réseau CEFAGRI) qui veilleront à assurer la bonne conduite de cette importante coopération multi-acteurs.

Contacts : Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest
vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr