35 ans de « Stage 250 » Agri

Il était une fois, en 1990, une visite au Maroc du Ministre français de l’agriculture… 35 ans plus tard, des expériences de vie entre le Maroc et la France, ce sont des histoires d’agriculture, de nature et d’amitié.

L’homologue marocain du ministre de l’agriculture évoque l’idée que les futurs cadres agricoles du Maroc puissent découvrir l’agriculture française à travers un stage en exploitation agricole. Trouvant l’idée intéressante, le Ministre français propose 2 places dans chacune des 125 fermes des lycées agricoles.

2×125 = 250 ! c’est ainsi que le stage 250 est né.

35 ans après, ce dispositif fête dignement son anniversaire par la signature, à Paris, de son renouvellement pour 10 ans et souffle ses bougies à Marrakech-Souihla lors d’un comité de pilotage de l’arrangement administratif entre la DEFR et la DGER, les 2 directions en charge de la formation et de la recherche agricole au Maroc et en France.

Après avoir été contraint à une pause durant la période COVID, le stage 250 a redémarré en 2023 avec quelques adaptations. Du côté de l’enseignement supérieur, chaque année, environ 80 étudiants de L’École Nationale d’Agriculture de Meknès (ENA) l’ENA Meknès et de l’Institut Agronomique et Vétérinaire HASSAN II (IAV) effectuent soit des stages individuels en entreprise, en centre de recherche ou en cabinet vétérinaire, soit une visite d’étude de 2 semaines permettant de visiter le pôle agronomique montpelliérain et de découvrir l’organisation du développement agricole dans une région française.

En ce qui concerne l’enseignement technique, la formule retenue reste celle d’un stage dans une exploitation agricole (privée ou de lycée) ou dans l’atelier de transformation agroalimentaire d’un établissement de formation. En 2025, 45 étudiants en 2ème année de formation de techniciens spécialisés (équivalent à nos BTS), issus de 17 Instituts de techniciens spécialisés en agriculture (ITSA), répartis sur le territoire marocain, ont bénéficié de ce programme.

Ils ont effectué un stage de 6 semaines en France, seuls ou en binômes, dans les exploitations agricoles de 11 établissements d’enseignement agricole mais également chez 20 agriculteurs privés, partenaires de l’enseignement agricole français.

Ainsi, 21 filles et 24 garçons ont pu se familiariser avec l’agriculture française, dans des domaines aussi variés que le maraichage, la viti-viniculture, l’apiculture, l’oléiculture, l’élevage bovin, caprin, ovin ou de volaille, la transformation des produits laitiers ou des plantes aromatiques, etc.

Moi, c’est Yassine, 20 ans, made in Rabat, Maroc

La plupart des exploitations qui les ont accueillis pratiquent l’agriculture biologique, ce qui a bien inspiré les stagiaires comme Yassine, stagiaire dans une exploitation de la Nièvre :

« Je suis actuellement en immersion dans une exploitation agricole qui transforme ses fruits en jus, vinaigre et cidre — autant dire que je ne vois plus les pommes de la même façon ??
Ici, j’apprends autant avec mes bottes qu’avec ma tête : du verger à l’atelier de transformation, je découvre le quotidien d’une ferme engagée dans le bio, avec ses valeurs, ses défis… et pas mal de brouillard matinal ?️ Toutes ces tâches m’ont permis de développer ma précision, mon sens de l’observation, mais aussi mon endurance physique. Travailler en maraîchage, c’est apprendre à être attentif au moindre détail : un changement de texture, une tache suspecte, un excès d’humidité… tout compte. Le maraîchage bio, c’est de la rigueur, de l’adaptation, de la patience… mais aussi beaucoup de satisfaction quand on voit un champ bien conduit, sain, et prêt à nourrir les gens avec des produits sains.

[En tant que caissier dans la boutique paysanne] j’ai appris la rigueur, la gestion rapide des situations, et surtout, le sens de la relation client : accueillir avec le sourire, écouter, expliquer l’origine des produits. Ce contact direct avec les clients, les producteurs et même les machines (parfois capricieuses), m’a permis de développer ma confiance à l’oral, de mieux présenter un produit, et de faire passer mon message malgré mon petit accent marocain (qui, au fond, ajoute une touche d’authenticité ?). Cette immersion m’a aussi ouvert les yeux sur la valeur des circuits courts, sur l’importance de l’engagement local… et sur le fait que l’agriculture, ce n’est pas que dans les champs : c’est aussi dans les échanges, les vitrines, et la relation humaine.
Mon objectif ? Lancer bientôt un projet de maraîchage bio, mais version high-tech : capteurs, arrosage précis, gestion intelligente… Bref, l’agriculture qui respecte la planète sans oublier l’innovation ! »

Ce stage n’a pas été qu’une immersion professionnelle — c’était aussi une belle aventure humaine, pleine de découvertes, de fierté, et d’émotions. Autant de moments qui donnent du sens à ce métier et nourrissent profondément la motivation. »

Retrouvez le blog de Yassine : Du Maroc aux champs français : mon immersion en agriculture

Nous, venus d’ailleurs

De leur côté, voici ce que Bouchra et Fatima Ez-Zahra retiennent de leur stage sur l’exploitation du lycée agricole de Nimes Rodilhan :

Bouchra en stage au Lycée de Rodilhan, travail de la vigne jusqu’à l’élevage en cave

« Au-delà des compétences techniques, ce stage nous a offert bien plus. Nous avons découvert une culture du travail bien fait, une écoute de la plante, une rigueur portée avec amour.
Et surtout, nous avons rencontré des personnes passionnées, disponibles, prêtes à transmettre leur savoir sans retenue. Leur patience, leur bienveillance, leurs conseils nous ont profondément marquées.
Dans cette exploitation, tout est lié : la vigne, l’eau, la cave, la technologie, les équipes… et nous, venus d’ailleurs, mais accueillis comme si nous avions toujours fait partie de cette famille de la terre.

Blog de Bouchra : Le Maroc à Nîmes dans le cadre du « Stage 250 »

Et Fatima Ez-Zahra complète avec ces éléments :

« Mon maître de stage accorde une grande importance à l’agriculture durable. Parmi les pratiques mises en œuvre, on retrouve : l’usage minimal ou l’absence de produits phytosanitaires chimiques, le désherbage mécanique en remplacement des herbicides, l’agriculture biologique ou en conversion, un mode de production bas-carbone, respectueux de l’environnement, une valorisation locale des produits pour limiter les intermédiaires et soutenir le territoire.

En France, j’ai trouvé des idées pour adapter certaines pratiques agroécologiques à notre contexte local à Ouled Teïma. Et pourquoi pas, inspirer d’autres jeunes femmes rurales à s’engager dans l’agriculture de demain. »

Pour en savoir plus : Portrait de Fatima sur Moveagri, Témoignage de Hamza

Moveagri : le réseau des étudiants de l’enseignement agricole qui bougent à l’étranger !

l’ENA Meknès, Etablissement Public Marocain d’Enseignement Supérieur Agronomique, l’Institut Agronomique et Vétérinaire HASSAN II (IAV)

Contact : Anne-Laure ROY, chargée de mission Asie, Bureau des relations européennes et de la coopération internationale, anne-laure.roy@agriculture.gouv.fr, Bertrand WYBRECHT, Conseiller agricole adjoint à l’ambassade de France à Rabat, Jan Siess, animateur du réseau Maroc de l’enseignement agricole – jan.siess@educagri.fr




Élevage bovin du futur

L’École centrale chinoise de radiodiffusion et de télévision agricoles (CABTS) et le réseau Chine de l’enseignement agricole français ont organisé un webinaire « vision croisée franco-chinoise » qui a mis en miroir la vision de l’élevage bovin du futur dans les deux pays.

Depuis le comité de pilotage de l’arrangement administratif franco-chinois sur la formation professionnelle agricole, le référent en Chine pour la collaboration avec la France dans ce domaine est la CABTS.  Créée en 1980, cette institution est placée sous l’administration du ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales de Chine (MARA) et gérée conjointement par 17 ministères et commissions, spécialisée dans l’éducation et la formation des agriculteurs. En combinant les TIC-Technologies de l’information et de la communication modernes aux méthodes d’éducation traditionnelles, la CABTS s’est engagée à fournir des services publics aux zones rurales et aux agriculteurs en Chine, notamment l’éducation et la formation, la promotion de la technologie, la vulgarisation scientifique et la diffusion d’informations, etc.

La CABTS, un partenaire de qualité

Fin 2022, il y avait 34 écoles au niveau provincial, 256 au niveau municipal, 1 693 au niveau du comté et 16 451 écoles pratiques d’agriculture. On parle de la CABTS comme étant la plus grande école agricole ouverte au monde. En plus des cours en présentiels dispensés dans le réseau de ses nombreuses écoles, elle propose un large panel de formation en ligne sur sa plateforme dédiée www.ngx.net.cn et une application mobile 云上智农 (traduction : agriculture intelligente sur le cloud).

Lancer de nouveaux projets

Au regard de la dynamique qu’il existe entre les deux pays sur le sujet du bovin allaitant et l’envie chinoise d’échanger autour des nouvelles technologies, le thème du nouveau webinaire organisé conjointement fut rapidement trouvé.

Pour parler des différentes technologies et approches des deux pays dans l’élevage intelligent, suite aux discours introductifs prononcés par Mme Wang, directrice-adjointe à la direction des Sciences et Technologies du MARA, et Mme Roy, chargée de mission Asie au Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale de la DGER, 5 experts se sont présentés face à la centaine de participants du webinaire.

La technologie au service du bien-être animal

Sylvain Chanéac, directeur de l’exploitation de l’EPL de Dax, a présenté à tous comment il avait intégré dans ses pratiques, des outils innovants permettant de lui simplifier la vie. Que ce soit du détecteur des chaleurs, aux caméras de surveillance, la technologie se met toujours au service du bien être des animaux et de l’éleveur.

Clément Allain, chef de projet Élevage de Précision à l’IDELE, a effectué une présentation de l’Institut de l’élevage. Il a ensuite partagé les résultats de l’enquête de fin 2024 sur l’état des lieux de l’adoption des nouvelles technologies dans les élevages français. Il a ensuite mis en avant les projets de R&D (Bebop, Phéno3D, Icaerus, etc.) qu’il suit et qui permettront aux élevages français de rester à la pointe de la technologie dans les années futures. Il a terminé par une présentation des infrastructures accompagnant les éleveurs et acteurs de l’élevage dans cette transition numérique.

 

Le troisième intervenant français représentait quant à lui les entreprises nationales du secteur. Thomas Aubry, directeur des opérations à iOtee s’est appuyé sur un diaporama riche d’images afin de présenter son entreprise puis de dérouler sur l’ensemble des solutions innovantes développées par iOtee afin de permettre aux éleveurs français et européens d’avoir une approche durable et avancée dans la conduite de leurs exploitations.

Nouvelles technologie et traditions locales

Wang Jingjun, professeur agrégé et directeur du bureau de l’École des sciences et technologies animales de l’institut technique professionnel d’élevage et de médecine vétérinaire du Shandong, a pris la parole pour présenter son établissement puis en quoi ses collègues et lui accordent une attention égale à l’éducation et aux services pour créer une industrie bovine intelligente et haut de gamme en Chine. Il a développé une partie du contenu des référentiels, proposés par son école, dans le domaine de l’élevage bovin et mis en avant comment, sur les plateformes techniques de l’établissement, la technologie était déjà au service de l’éleveur.

Pour la deuxième intervention chinoise, Yang Kong, professeur agrégé de l’institut technique professionnel agricole des Trois Gorges de Chongqing, nous a parlé des pratiques innovantes dans la formation des futurs professionnels en élevage dans le sud-ouest de la Chine. Sa présentation très riche en illustrations, nous a permis de bien comprendre comment son établissement, s’adaptait aux conditions pédoclimatiques et culturels locales pour proposer des formations adaptées aux terrains. Il a développé quelles étaient les pédagogies typiques à cette zone géographique de la Chine et comment les nouvelles technologies avaient su épouser les traditions locales.

Webinaire, une technologie apprivoisée

L’exercice du séminaire dématérialisée n’est jamais évident, surtout lorsqu’il inclut la traduction consécutive de termes très professionnels. Pour autant, au fil des années et des différentes expériences, force est de constater qu’aussi bien côté français que côté chinois, les interventions sont de plus en plus agréables à suivre et d’un contenu toujours plus riche, comme ce fut le cas lors de ce webinaire.

Si vous souhaitez vous en rendre compte par vous-même et découvrir plus en détails toutes les informations partagées durant les différentes présentations, n’hésitez pas à visionner la vidéo.

Lien vers le webinaire sur You-Tube

A lire aussi les articles : Steppe by steppe, Chine-France, former les formateurs par la pratique, Les tribulations de la Simmental en Chine

Contact : Max Monot, animateur national du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr

 

 

 




Agropastoralisme en Arménie : entre défis et tradition

Une délégation de l’enseignement agricole français a visité en novembre 2024 l’établissement de Sissian en Arménie afin de travailler au renforcement des pratiques agricoles durables et d’explorer le thème de l’agropastoralisme, une pratique traditionnelle qui combine agriculture et élevage, tout en mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs arméniens.

Les membres de la délégation française ont eu l’opportunité de rencontrer des agriculteurs locaux qui pratiquent le pastoralisme. Les échanges ont permis de comprendre les spécificités de l’agropastoralisme en Arménie, une méthode qui s’avère essentielle dans les régions montagneuses où l’élevage de bétail est souvent la principale source de revenus.

Une rencontre enrichissante

Les agriculteurs ont partagé leur expérience, avec deux intervenantes françaises Sylvie Hausard et Fabienne Gilot.

L’une enseignante en aménagement du territoire au lycée agricole de Rochefort sur Montagne qui aborde les aspects pastoraux dans ces cours et étude de cas avec les élèves en BTSA Gestion et Protection de la Nature, et l’autre cheffe de projets internationaux au sein du Campus Pyrénées-Comminges à Saint-Gaudens, spécialisée dans les actions et projets ayant trait au pastoralisme et à la pratique de la transhumance notamment par la coordination du projet Erasmus + ECOTRANSH, réunissant six pays partenaires (France, Grèce, Italie, Maroc, Mongolie, Roumanie).

Cependant, ils ont également souligné les difficultés croissantes auxquelles ils sont confrontés, notamment à la gestion des pâturages, au manque d’infrastructures et aux impacts du changement climatique.

Des défis à surmonter

L’un des points saillants de cette rencontre a été le constat que près de 40 % des terres agricoles en Arménie ne sont pas utilisées pour le pâturage. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation. En premier lieu, l’absence d’infrastructures adéquates, telles que les routes et les installations de stockage, le manque d’accès aux ressources notamment à l’eau.

Les variations climatiques affectent la disponibilité des pâturages et la productivité des cultures, rendant l’agropastoralisme encore plus précaire.

Vers une coopération durable

Pour faire face à ces défis, il est essentiel de renforcer la coopération entre les agriculteurs arméniens et les organisations internationales. Quelques pistes ont été pointées pour poursuivre cette collaboration, notamment en organisant des sessions de formation sur les pratiques agropastorales durables, incluant des techniques de gestion des pâturages et de diversification des cultures, en partenariat avec l’ Université de Sissian et en développant des solutions adaptées aux réalités locales.

L’utilisation de technologies modernes peut être une solution pour améliorer la gestion des ressources et optimiser la production, tout en respectant l’environnement.

La visite à l’établissement de Sissian a mis en lumière l’importance de l’agropastoralisme pour l’économie arménienne, tout en révélant les défis significatifs auxquels les agriculteurs doivent faire face. En favorisant une coopération renforcée et en mettant en œuvre des solutions innovantes, il est possible d’améliorer la situation des agriculteurs arméniens et de valoriser pleinement le potentiel de leurs terres.

En savoir plus sur le projet Erasmus+ Eco-Transh

Contact : Evelyne Bohuon, animatrice Arménie de l’enseignement agricole, evelyne.bohuon@educagri.fr




WATEA Nigéria- Démarrez une coopération à distance

Coopérez avec le Nigéria, une ouverture sur le monde pour votre établissement !

Vous êtes prêts à intégrer le réseau des établissements en lien avec le Nigeria ?

Envoyez vos noms, prénoms, établissements et centres d’intérêts au réseau AOAC, pour une visioconférence le 18 décembre 2024 à 14h

Dans la continuité du projet WATEA Nigeria – Women in Agricultural Technical Education and Apprenticeship, le réseau Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale propose aux établissement de l’enseignement agricole un appel à manifestation d’intérêt afin de s’inscrire dans une démarche de coopération avec des partenaires Nigérians.

Pour en savoir plus, documents et articles à lire :

Retrouvez le réseau le 18 décembre 2024 pour présenter votre établissement, ses spécificités et identifier votre futur partenaire.

A travers vos regards croisés vous échangerez ensuite sur des sujets transversaux et/ou des problématiques communes lors de WebiNigéria (cf AMI) Affiche AMI Nigeria AMI Nigeria

Contact : Animateurs du réseau Afrique de l’Ouest et Afrique centrale de l’enseignement agricole, vanessa.forsans@educagri.fr, william.gex@educagri.fr et en copie à rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr