Steppe by steppe

Parcourir les steppes de Mongolie intérieure, cette immense région autonome de Chine, afin de diagnostiquer les systèmes de formation permettant de devenir éleveur bovin allaitant : voici quel a été le challenge durant 1 semaine pour 3 experts de l’enseignement agricole, accompagnés du référent du réseau national Chine.

 

Que ce soit pour Sylvain Chanéac, directeur de l’exploitation de l’EPL de Dax où il y élève des Blondes d’Aquitaine ou Jocelyn Brichet, directeur de l’exploitation de l’EPL de Châteauroux et ses Charolaises, la réalité de la gestion d’un élevage bovin allaitant fait partie de leur quotidien.

Des experts français connaissant le terrain


Des experts sur le terrain

L’une des missions principales de Xavier Bordenave, inspecteur des exploitations agricoles et des ateliers technologiques à la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) et troisième expert de la mission, est l’accompagnement des directeurs d’exploitation d’établissement agricole. Il a donc une connaissance fine des pratiques qui fonctionnent et de celles qui pénalisent au sein des fermes pédagogiques.

Pour ces trois experts, la mission confiée par la DGER et le pôle Agro de l’ambassade de France en Chine était simple : il fallait revenir de Chine avec la vision de comment les éleveurs bovins chinois étaient formés et par qui. Il s’agissait également d’identifier des pistes de coopération entre établissements chinois et français, en lien avec les besoins du terrain. En parallèle à ces objectifs, ils ont aussi travaillé pour la filière française en faisant un état des lieux des exploitations bovines qu’ils ont visitées.

Une mission qui a su attendre

Dans l’histoire récente de la coopération agricole franco-chinoise, des projets de recherche avaient eu lieu entre 2010 et 2015. Malheureusement, comme parfois dans la coopération internationale, la convergence des intérêts n’est pas suffisante pour que ces actions ne mènent à une relation pérenne de partenariat.

Le temps est passé, les vaches ont grandi et la Chine a réveillé son fort intérêt pour la viande bovine à la fin des années 2010, après avoir subi des pertes énormes dans le porcin, en lien avec la peste porcine africaine.

Dès lors, en juin 2020, le pôle Agro de l’ambassade de France à Pékin accompagné de FranceAgrimer a constitué un consortium français pour éviter les écueils passés et avancer en groupe sur le marché chinois. Ce consortium, composé d’entreprises de génétiques, de bâtiments, et d’alimentation accueille aussi la DGER. En effet, la longue histoire de la filière bovine en France a toujours été accompagnée par des formations de qualité à destination des éleveurs. Côté empire du milieu, la région autonome de Mongolie intérieure a été désignée comme zone pilote pour l’essor de l’élevage bovin allaitant. Fort du plus grand cheptel bovin du pays et de prairie à perte de vue, l’élevage y est déjà roi.

Des webinaires ont été organisés, des réunions de travail en visioconférence ont eu lieu, mais le Covid avait fermé les frontières de la Chine. Sans l’étincelle qui se crée lors des rencontres humaines et qui fait brûler le feu de la coopération, difficile de pouvoir avancer.

Malgré tout, d’un point de vue institutionnel, un cap a été franchi en avril 2023, avec la signature d’un arrangement administratif sur la coopération dans le bovin allaitant au niveau ministre entre les deux pays.

Le cadre était dès lors posé : il fallait se rendre sur le terrain pour comprendre en réel, quels étaient les moyens chinois à disposition pour faire de la formation, et surtout, quelle étaient les pratiques et modèles d’élevage.

C’est pourquoi le référent du réseau Chine de l’enseignement agricole, avec le soutien des financements de la DGER gérés par FranceAgrimer, s’est employé à organiser une mission d’experts en septembre 2024, appuyé par le réseau CEFAGRI pour le recrutement, et par les conseillers aux affaires agricoles à Pékin pour les contacts sur place.

Un programme dense, professionnel et pédagogique

 

A peine 2h après leur arrivée en Chine, les experts étaient à l’ambassade de France afin de rencontrer la Direction des Sciences et Technologies du Ministère de l’Agriculture et des Affaires Rurales (MARA) de la Chine. Ils ont pu leur présenter leur mission, leurs attentes et leurs objectifs. Côté MARA, ce fut l’occasion de présenter la nouvelle référente sino-française et de préparer le futur Comité de pilotage de l’accord cadre franco-chinois sur la formation professionnelle agricole.

Le lendemain matin, très tôt, direction la gare Nord de Pékin pour prendre le TGV chinois et filer à 300 km/h à travers les steppes direction Hothot, la capitale de la région autonome mongole.

Les premières fermes …

 

Après un déjeuner d’affaire avec Business France, la mission a fait sa première visite d’exploitation chinoise de la semaine. Rendez-vous chez Weixu Biotechnology, une ferme de 2000 vaches, qui a sur site, un laboratoire prélevant le sang bovin pour la fabrication de médicaments (vaccins humains et animaux et gouttes pour les yeux), un espace dédié au prélèvement d’embryon et de semence, un abattoir et de nombreux bâtiments d’engraissement. Les races présentes sur site sont des Wagyu, Angus et Holstein. Quand les experts ont souhaité savoir pourquoi ces deux premières races, ont leur répondit que, selon eux, c’était les meilleurs pour le persillé, mais qu’ils étaient prêts à faire des essais sur d’autres races si besoin.

Mis à part le chef de production et le gérant de l’entreprise, aucun employé n’avait suivi de formation initiale dans l’élevage. Les seules formations, qui étaient dispensées au sein de l’entreprise, venaient des fournisseurs et du personnel en interne.

Suite à cette visite, direction une deuxième exploitation de type naisseur engraisseur en race Simmental avec un peu de croisement sur de la Charolaise et de la vache jaune chinoise. C’est une autre dimension et une autre structuration qui nous a été présenté. Existant sous la forme de ce qui ressemble à un GAEC en France, cette exploitation sera la seule visitée qui ne bénéficie pas de subvention étatique.

A travers les discussions avec l’un des associés et la visite, les experts ont été surpris des critères de sélection qu’utilisait l’agriculteur (tête blanche) et aussi du manque d’aisance d’un de ses salariés dans la manipulation animale.

… et les premiers établissements de formation !

Le mercredi matin, pendant que Xavier Bordenave présentait l’enseignement agricole français au séminaire de lancement de l’arrangement administratif franco-chinois sur le bovin allaitant, les autres missionnaires se sont rendus au sein de l’Institut de l’élevage de Mongolie intérieure.

Cet institut de recherche qui emploie 560 personnes dont 167 doctorants est composé de 15 départements dont un dédié à l’élevage. Les chercheurs y mènent diverses expérimentations ayant pour vocation finale la vulgarisation et la diffusion auprès des agriculteurs locaux. Les formations qu’ils prodiguent vont de 1 jour à 1 semaine.

Ils ont notamment présenté à la délégation française un logiciel de suivi du troupeau ovin ou bovin permettant d’emmagasiner et analyser de nombreuses données sur l’exploitation et la conduite de l’élevage.

C’est lors de cette réunion que les experts ont aussi pu avoir la réponse à la question « qui forme les éleveurs ? ». Au final, on peut distinguer 6 voies de formation : les Bureaux de l’agriculture et de l’élevage, les Instituts techniques tels que l’Institut de l’élevage, les universités et instituts professionnels (seuls acteurs de la formation initiale), mais également les fournisseurs de matériel, alimentation, médicaments ainsi que les formations en interne des nouveaux employés par les anciens et enfin la China Agricultural Broadcasting Television School.

 

En termes de partenariat, l’institut est ouvert à l’intégration de connaissances françaises dans les modules de formation qu’ils construisent. Ils sont aussi intéressés pour venir se former en France.

L’après-midi, les 3 experts réunis et le référent Chine se sont rendus à l’université agricole de Mongolie intérieure.

 

Cette université qui couvre au total près de 1000 hectares sur 4 sites, accueille près de 45 000 étudiants en licence, master et doctorat. Elle est composée de 26 instituts dont un qui intéresse plus particulièrement la mission : celui des Sciences Animales.

Après une visite du campus, les échanges prirent place au sein de la salle de réunion du département des relations internationales.

Le vice-président de l’institut des Sciences Animales accompagnés de 6 professeurs ont répondu aux questions des experts sur les parcours de formation en licence, qui proposent 4 spécialités : Productions animales, Aquaculture, Élevage équin et Agriculture intelligente (ex : agroéquipement, numérique, IA appliqué aux exploitations).

Et les spécialités en master se concentrent sur la Nutrition, Génétique et la Productions animales

S’installer en bovin allaitant en Mongolie intérieure

A la question : « Quel parcours de formation suit un jeune chinois de 18 ans qui souhaite devenir éleveur bovin ? ». Selon eux, deux choix s’offrent au jeune.

Une formation certifiante est organisée par le Bureau de l’agriculture et élevage (équivalent DRAAF) en partenariat avec le Bureau des ressources humaine de la province. Le gouvernement choisit les intervenants (des professeurs invités) : 1 à 3 semaine de formation. Elles sont subventionnées par le gouvernement pour monter en compétence.

Une formation diplômante est également une option. Ceux qui veulent aller travailler dans des entreprises plus professionnelles se forment dans leur université.

Dans la filière productions animales, il y a 1200 élèves en licence, 500 en master et 70 doctorants.

Après leurs études, les diplômés deviennent soit professeurs, salariés dans entreprises para-agricoles (alimentation, génétique) ou employés sur une ferme. Les diplômés en licence sont sur le terrain, les masters deviennent techniciens et les doctorants font de la recherche.

Le nombre de diplômé par an dans la spécialité production animale est de 350 en licence, 80 en master et 12 en doctorat.

En licence, la répartition des cours est la suivante : 80% théorie et 20% pratique. Elle s’effectue en 4 ans. L’université a des contrats de coopération avec des entreprises locales pour placer leurs étudiants en stage lors de la dernière année.

C’est le ministère de l’éducation qui fournit les référentiels. Ils évoluent tous les 3 à 5 ans avec un ajustement tous les ans. 2/3 du contenu pédagogique est stable 1/3 est décidé par les enseignants.

Les frais de scolarité sont de 3500 yuans par an (environ 450 euros) mais pour les étudiants en master et doctorants, il y a possibilité d’obtenir des bourses.

Pour le processus de recrutement des enseignants de l’institut, il y a une fiche de poste, puis ensuite un entretien et enfin le test final est l’observation de l’animation d’un cours.

M. XU, enseignant en zootechnie, a expliqué à la délégation que durant la 3e année de licence, il y a 32 cours de production animale en classe. La pédagogie en classe s’appuie sur les photos et aussi l’accès à une salle informatique avec réseau cloud qui donne accès à des caméras installées dans des fermes partenaires. Il peut ainsi appuyer son enseignement théorique en montrant via écran interposé le déroulé en pratique.

Il y a aussi 16 cours de pratique. Ils se font sur le site de l’université ou chez un partenaire. Il concerne les différentes spécialités liées à l’élevage : reproduction, alimentation, engraissement, gestion des effluents…

Lors de l’année de stage, l’étudiant choisit un professeur référent et doit se spécialiser dans un domaine. Il aura une alternance de périodes en entreprise et en laboratoire pour mener à bien son sujet d’étude.

Des idées de partenariats franco-chinois

Les pistes évoquées pour le partenariat entre l’université agricole de Mongolie intérieure et l’enseignement agricole français sont des échanges d’enseignants pour étude des spécificités des approches de l’élevage de chaque pays et la création d’une spécialisation « élevage à la française » pour les deux dernières années de licence avec stage dans une exploitation française.

Cap au Nord, direction les prairies de Xilingol

Suite à ces rencontres intéressantes dans le sud de la région autonome, une heure d’avion emmène la délégation à destination de la ligue de Xilingol et de ses prairies connues dans tout le pays.

 

Un Lycée agricole aux dimensions chinoises

La première journée sur place a été consacrée aux échanges avec l’institut professionnel agricole de Xilingol. Et il fallait bien une journée pour faire le tour de cet EPL chinois aux dimensions et effectifs énormes.

Cet établissement situé dans l’une des zones pastorales de Mongolie intérieure a été fondé en 2003. Il forme près de 16 000 étudiants par an dans 17 départements qui englobent 45 spécialités différentes. Ces étudiants peuvent obtenir un diplôme de zhuanke, équivalent du BTS, en 3 ans. La dernière année étant consacrée à la pratique en entreprise.

Le département qui intéresse plus particulièrement les membres de la délégation est celui des prairies et de l’élevage. Il est décomposé en 5 spécialités : l’Elevage animal et médecine vétérinaire (niveau national) qui est LA spécialité numéro 1 suivi de la Conservation du sol et eau (niveau national). Trois autres spécialités sont dispensées : Nutrition animale, Maraîchage et Production animale (troupeau et volaille).

Ce sont près de 2 100 étudiants qui y étudient, dont 1 500 en élevage animal et médecine vétérinaire et 200 en nutrition animale.

Concernant la pédagogie, voici les informations délivrées par le vice-président de l’institut professionnel :

  • 25% de cours d’enseignements généraux 75% de cours professionnels
  • Les étudiants diplômés qui ne sont pas du métier partent dans des entreprises agricoles ou créent des entreprises et certains enfants d’éleveurs (30%) reprennent la ferme familiale
  • Ils souhaitent développer l’apprentissage
  • Des intervenants extérieurs des entreprises partenaires participent aux cours durant les deux premières années
  • Les entreprises extérieures ne participent pas forcément à la création des référentiels.
  • Les référentiels sont décidés par l’Etat suite à une consultation auprès des professeurs et professionnels.
  • Il y a des TP durant les 2 ans de formation. Ils ont 60% de cours de pratique dans les enseignements de spécialités.
  • Poursuite d’études : Certains d’entre eux font une licence en université
  • Leurs diplômés peuvent s’inscrire en master s’ils ont validé 3 ans d’expérience professionnelle dans le domaine
  • Moins de 30% des 600 diplômés travaillent dans un élevage (bovin, ovin ou autre)
  • La plupart de leurs étudiants (80%) viennent de Mongolie Intérieure, d’autres du Hebei, Shandong, Xinjiang, Yunnan.
  • Recrutement en hausse ces deux dernières années. Cela est lié aux nouvelles politiques publiques
  • 50 élèves maximum par classe
  • La pédagogie prend en compte les problématiques modernes : prévention maladie, vaccination, prévention désertification.

 

En conclusion, les pistes de partenariat ont été soulevées. Les dirigeants de l’institut seraient intéressés par la mise en place d’échange d’étudiants et réfléchissent aussi à la création d’une 3e année qui aurait pour thème, « les spécificités de l’élevage à la française ».

Des visites et réunions de haut niveau

Lors de la dernière journée de la mission, les experts se sont enfoncés au cœur des steppes et des prairies vers la bannière ouest de Ujimqin.

Sur place, ils ont visité deux exploitations qui leur ont rappelé la France pour la race de vache élevée : la Charolaise.

La première exploitation visitée est une ferme gouvernementale de 130 vaches en charolais, avec une génétique venant d’Australie et du Canada. Ils ont le désir de le développer jusqu’à 300 mères.

On nous explique sur le site qu’il y a actuellement 58 000 Charolaises dans la ligue de Xilingol et qu’ils veulent monter à 100 000. Ils veulent promouvoir la race en montrant que la Charolaise est performante ici dans les conditions locales.

Concernant les critères de sélection, ils sont plus basés sur l’esthétisme que sur la performance économique.

Les vaches sont dans les prairies de fin mars à octobre, elles rentrent dès qu’il neige.

Il y a un gérant de ferme et 2 employés qui vivent la semaine sur le site reculé. L’éleveur n’a pas été formé à l’école mais par ses parents. Il ne parle pas mandarin.

Le bureau de l’agriculture locale organise des formations sur un modèle d’alternance entre 1 semaine de théorie et 1 semaine de pratique. Les formations sont assurées par des intervenants extérieurs qui transmettent leurs savoirs sur les disciplines classiques de l’élevage.

 

La deuxième ferme, celle-ci privée, est spécialisée dans les naissances et la vente de taureaux.

Les deux personnes qui y travaillent sont le mari et la femme. Ils ont obtenu de nombreuses récompenses pour leur bétail composé de 100 mères en pur Charolais qui sont élevées sur 500 ha.

Cette exploitation fait partie des 8 purs éleveurs de Charolais sur les 10 000 éleveurs de la ligue. L’éleveur et son épouse n’ont pas reçu de formation initiale, leurs méthodes de travail leurs ont été transmises par leurs parents. A leur grand regret, leur fille ne reprendra pas l’exploitation familiale.

Après un dernier échange en salle avec les autorités locales qui ont partagé leurs attentes vis-à-vis de la France, les experts ont pu reprendre l’avion pour Pékin puis pour la France.

Une mission riche d’enseignements

A travers toutes ces rencontres, tous ces échanges, nos experts sont revenus en France avec une grande partie des réponses aux questions qu’ils avaient emmené dans leur valise.

La compréhension des différentes formations qui s’offrent aux jeunes chinois et des structures qui les organisent va leur permettre de faire un rapport détaillé à destination de l’ensemble des acteurs de la filière bovine française.

Les liens créés lors des repas autour de viande de mouton, spécialité locale, et de lait de jument, ne demandent qu’à se renforcer à travers l’accueil en France des différents acteurs chinois qui se sont mobilisés pour offrir à nos experts, un programme et un accueil de très haute qualité.

 

Contact : Max MONOT, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr

 




Une filière agricole dans le Tavoush

L’Arménie veut faciliter l’insertion des jeunes en milieu rural grâce à l’ouverture d’un lycée agricole à Idjevan.

Elèves en travaux pratiques

En septembre 2022, une trentaine d’élèves rentraient en classe dans un centre de formation agricole d’Idjevan. Ces élèves proviennent de la région du Tavoush et du Lori, régions au Nord d’Erevan très rurale. Ces jeunes souhaitent s’installer dans la région et ont des projets agricoles très variés allant de l’élevage au maraîchage. Les jeunes âgés de 15 ans vont préparés leur diplôme en 3 ans et pour les jeunes de 18 ans, le parcours se réalise en un an. Deux niveaux de l’enseignement professionnel arménien (15-18 ans et 18-19 ans), correspondant aux niveaux CAPA et BAC Pro en France. Les élèves de 18 ans se verront offrir la possibilité de prolonger leur cycle de formation avec une deuxième année de spécialisation.

Le centre de Formation financé par le Fonds Arménien de France (FAF), le département des hauts de Seine et la région Ile-de-France, a été inauguré en octobre 2022.

Une ferme pédagogique : Lussadzor

La ferme de Lussadzor et la ferme de Gandzakar à quelques kilomètres du lycée seront des lieux où les élèves pourront mettre en pratique leurs enseignements.

La ferme de Lussadzor a été mise en œuvre par le FAF et financé exclusivement  par le département Hauts de Seine et le FAF. Une exploitation avec trois ateliers : un atelier de production laitière, comprenant des races Jersiaises et Simmenthal, un atelier de transformation fromagère et un atelier ovin de race Blanche du Massif Central.

L’une des fermes de petite taille de ce projet, Gandzakar est un GAEC de 6 éleveurs avec 27 bovins dont 14 vaches laitières. Ils vendent leur lait en direct tous les matins sur la place du village.

Présentation du programme de développement agropastoral dans le Tavoush – programme de coopération décentralisée de la Région des Hauts de Seine et le Tavoush-Arménie

L’expérience de l’enseignement français

Un soutien d’expertise pédagogique est apporté par Eric Demouron, ancien enseignant de zootechnie du lycée La Barotte Haute côte d’or. Il accompagnera les enseignants arméniens de zootechnie et d’agronomie et animera des travaux pratiques auprès des jeunes arméniens plusieurs fois dans l’année.

Au cours de la mission de l’animatrice de réseau Arménie de l’enseignement agricole, en novembre 2022, une visite a été organisé dans la nouvelle structure de formation pour rencontrer les élèves, les enseignants et la directrice. Ainsi, à l’issue de cette échange, la directrice Magarit Poghosyan, francophone, envisage la possibilité de mettre en place d’une coopération avec un lycée agricole français.

Contact : Evelyne BOHUON, animatrice du réseau Arménie de l’enseignement agricole, evelyne.bohuon@educagri.fr




Les tribulations de la Simmental en Chine

Le premier webinaire franco-chinois de l’enseignement agricole technique sur la filière bovin allaitant s’est tenu le 15 décembre 2021 en visioconférence. Co-organisé par le réseau Chine de l’enseignement agricole et le Jiangsu Professional College of Agriculture and Forestry (JPCAF), établissement chinois en charge des relations avec la France, l’évènement a rassemblé près de 100 participants et une vingtaine d’établissements chinois et français autour de la thématique de l’élevage bovin et de la valorisation de la viande bovine.

Après le mot d’introduction de la vice-directrice du département éducation du Ministère de l’Agriculture et des Affaires Rurales chinois (MARA), Mme Wang Xin, qui a rappelé combien les coopérations entre les établissements des deux pays étaient importantes et s’inscrivaient sur la durée, 6 interventions ont été proposées.

Formation « éleveur »

La première intervention de Max Monot, animateur du réseau Chine de l’EA, porta sur l’enseignement agricole français et les formations pour devenir éleveur bovin, en rappelant l’importance de la structuration de nos établissements autour de fermes d’application et d’ateliers technologiques afin de proposer à nos apprenants de pratiquer leurs futurs métiers tout au long de leur formation.Un focus sur les diplômes préparant au métier d’éleveur bovin et les axes principaux des référentiels qui les composent ont permis aux partenaires chinois de connaître le dispositif français.

Enfin, les opportunités de coopération ont été évoqué reposant sur la formation courte, les techniques d’élevage en prenant exemple sur deux établissements agricoles français (EPL de Nevers et celui de Bressuire) ou encore sur l’insémination bovine proposée par le CEZ Rambouillet et l’Association nationale de formation pour l’élevage et l’insémination animale (ANFEIA) au service des coopératives pour la formation continue des éleveurs). La mise en place de cursus chinois intégrant des matériels pédagogiques français a été abordé.

Une coopération institutionnelle et professionnelle

La coopération au profit de la filière bovine entre la Chine et la France s’opère aussi au niveau des entreprises et des autres directions du ministère et l’animateur du réseau de l’enseignement agricole français a profité pour présenter le projet sur l’amélioration de la génétique bovine en Chine mené par les services de l’ambassade de France et France Agrimer.

Un second temps a été consacré aux travaux de recherche du professeur Gong, menés par l’établissement d’Enshi dans le Hubei sur les questions de stress chez le veau.

Sollicité par des producteurs locaux qui déploraient de nombreuses pertes chez leurs jeunes bovins, cet établissement a mené des enquêtes pour comprendre le phénomène. Suite à leur diagnostic, ils ont pu proposer des traitements et des systèmes de prévention aux agriculteurs de leur territoire.

Praticités et technicités dans la formation française

Un binôme d’enseignants des établissements de Nevers et Bressuire, Stéphanie Moulin et Jacky Rivaux, a présenté sur les spécificités des exploitations des établissements agricoles français, en présentant les spécificités des ateliers de production et le travail lié à ces productions. La place des exploitations est essentielle dans la formation agricole ainsi que leur rôle dans les travaux de recherche et leur avancée dans les domaines de l’agroécologie.

Ensuite, le professeur Li a présenté sur la situation de l’élevage bovin en Chine et plus particulièrement dans la province du Sichuan, étant lui-même enseignant à l’institut technique agricole de Chengdu.

Alors que la consommation de viande bovine par personne est passée de 4.7 kg/pers. en 2009 à 6.6 kg/pers. en 2020 en Chine, la quantité produite n’a pas suivi les besoins de la population. Le

Présentation des croisements races locales avec Simmental

gouvernement chinois s’est saisi du problème et a lancé un plan de développement des productions bovine et ovine pour atteindre un taux d’autonomie en viande dans ces deux productions de 85% d’ici 2025 contre 70% actuellement. A savoir que le Sichuan produit 8.8 millions de têtes par an. Le cheptel est principalement composé de races locales telles que la Bashan ou la Sanjiang.

Expérimentation pour répondre aux besoins

La province afin de mener à bien des expérimentations dans la matière s’est équipée d’une ferme pilote, d’une ferme de race locale et d’un élevage de taureaux reproducteurs. Monsieur Li nous a ensuite présenté les caractéristiques des races locales chinoises qui ont besoin d’un fourrage grossier. Elles sont résistantes au climat mais ont l’inconvénient d’être petites et donc de ne pas avoir une bonne rentabilité. Des expérimentations sont en cours pour croiser les races locales à des races étrangères comme les Simmental.

Marie Provost, directrice des halls agroalimentaires de l’EPL de Bressuire et Xavier Blais, responsable des formations en boucherie et découpe du même établissement, ont mis en avant le savoir-faire français en termes de transformation alimentaire. Ils ont rappelé la structuration d’un atelier technologique et présenté les produits qui pouvaient être fabriqués puis commercialisés dans nos établissements. Ils ont enfin mis en avant le lien avec la profession et l’importance de travailler étroitement avec les agriculteurs afin de produire des produits de haute qualité.

Ils ont ainsi apporté des précision sur la formation française au métier de boucher ainsi que celle des charcutiers-traiteurs et leurs rôles dans la société.

Présentation des ateliers technologiques

Enfin, les conditions de l’élevage bovin dans le sud de la Chine ont été abordées par le professeur Zhang de l’établissement de Tongren de la province du Guizhou. Il a explicité les conditions météorologiques et topographiques, la qualité des sols et d’accès à des fourrages bons marchés ainsi qu’à la mécanisation entraînaient des difficultés à obtenir une bonne rentabilité.

Comme lors de la présentation de son collègue de l’institut technique agricole de Chengdu, il a fortement insisté sur un problème de qualité des fourrages qui rend l’élevage des bovins en Chine difficile.

Afin de résoudre ces difficultés, les équipes de l’établissement de Tongren ont mené des études comparatives sur les performances des races étrangères dans les provinces du sud en collaboration avec des agriculteurs locaux. Ces études, qui reposent principalement sur une comparaison entre la race locale Wuniu et la race Simmental, ont mis en exergue les difficultés pour la vache étrangère à s’adapter aux conditions de vie locale.

Une vache de race Simmental dans les conditions locales du sud de la Chine

Afin d’améliorer la filière, ils ont mené à bien des croisements, notamment dans la province du Yunnan, qui ont permis d’améliorer les performances des races locales et l’adaptabilité des races étrangères.

Pour conclure la séance, Monsieur Yang, directeur des relations internationales du JPCAF, a rappelé que cet évènement s’inscrivait dans une démarche de webinaires multi-sectoriels qui prendront place entre les établissements des deux pays pendant la période de pandémie et qu’une analyse sera menée pour améliorer après chaque session la qualité des échanges.

Suite à ces premières présentations, les établissements chinois seront à nouveau sollicités afin qu’ils définissent leurs besoins de formation dans les domaines de la production et de transformation dans la filière qu’ils ont identifiés.

Pour visionner les échanges de ce webinaire :

Contact : Max Monot, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr