Immersion malgache pour une transmission

La nouvelle animatrice du réseau Afrique Australe et Océan Indien a vécu une « formation accélérée », en une dizaine de jours. Une immersion intense et grandeur nature ! avec l’opportunité de participer à la 5° Conférence Internationale du Réseau REAP AAOI, à des ateliers et à de nombreuses rencontres institutionnelles en particulier avec les ministères malgaches en charge de la formation agricole et rurale.

Dans le cadre de ma nouvelle responsabilité d’animatrice réseau Afrique Australe Océan Indien (AAOI) de l’enseignement agricole, une intégration très rapide au sein du réseau s’est déroulée du 6 au 18 septembre 2024 à Madagascar.

Cette toute première mission a permis de cerner et mesurer les enjeux et objectifs prioritaires de cette fonction et ce, tout au long de nos activités, visites et rencontres, accompagnée de Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ ECSI / Expertise à l’international au Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale – Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche  et Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI de la DGER et co animateur du réseau géographique Afrique de l’ouest et Afrique Centrale (AOAC) de la DGER, mais aussi de Didier Ramay, co animateur du réseau géographique AAOI.

Suivre et appuyer des actions de coopération

Du lundi 9 au jeudi 12 septembre 2024, s’est tenue la 5° conférence Internationale du réseau REAP AAOI – Réseau de coopération régionale de l’Enseignement Agricole Professionnel avec pour thème « L’enseignement agricole, l’articulation nécessaire entre la recherche appliquée, l’innovation, la formation et l’entreprenariat ».

Plus d’une cinquantaine de représentants des établissements REAP AAOI se sont retrouvés au bord du lac Kavitaha à Ampefy dans la région Itasy à Madagascar, occasion de rencontrer les experts locaux et les acteurs de la coopération en matière de Formation Agricole et Rurale dans cette zone.

Toutes les familles de l’enseignement agricole étaient représentées et notamment les établissements publics agricoles français faisant l’objet d’un appui du réseau AAOI de la DGER.

Centrée sur l’entreprenariat agricole des jeunes et adultes en formation, la conférence a permis de recenser les différents outils et moyens mis en œuvre dans le réseau pour les aider et les accompagner vers une réussite de leur projet entrepreneurial. Une organisation rythmée et variée avec des présentations des établissements et organismes, des tables rondes, des ateliers et des visites de terrain, a permis de bien expliciter le continuum FRIDA – Formation Recherche Innovation Développement Appui, axe majeur de l’enseignement technique agricole et sa coopération européenne et internationale.

Cette diversité d’échanges d’expériences et d’idées dans le domaine de la formation agricole entre délégations de la zone AAOI et les représentants de la DGER, a ainsi démontré l’intérêt d’actions de coopération, de mobilisation d’expertise, de mobilités entrantes et sortantes d’apprenants et de personnels de l’enseignement agricole public, privé, technique et supérieur, entre la France et les pays partenaires du réseau AAOI, et ce en marge du réseau REAP AAOI.

Visite pépinière d’une « Mex », partenariat Agrisud

Commence alors à émerger une « cartographie » intégrant d’une part l’existant mais aussi les nouvelles volontés de coopération, ainsi que les besoins en expertise dans différents domaines du développement durable, l’agroécologie, la gestion de l’eau, la protection de l’environnement et la souveraineté alimentaire.

Les échanges en ingénierie de formation entre directeurs et formateurs ainsi que la gouvernance des dispositifs de Formation Agricole et Rurale (FAR) ont mis en lumière de nombreux besoins d’expertise que le réseau CEFAGRI sera à même de mobiliser.

Ces journées s’inscrivaient totalement dans les axes stratégiques de la DGER, qui cherche à impulser des partenariats afin de mettre en œuvre les orientations définies par le Président de la République lors de son discours de Ouagadougou en novembre 2018, avec un focus sur le 4° axe « accompagner les étudiants entrepreneurs africains ».

Comprendre et analyser les dispositifs de l’enseignement agricole

La mise en place lors du REAP AAOI de groupes de réflexion sur les axes de développement vers l’entreprenariat (lors des 3 stades Pré-installation  –  Incubation/installation  –  Accélération des entreprises/accompagnement post installation) a été un premier temps d’échange très enrichissant qui a aussi permis d’atteindre ce deuxième objectif, à savoir : comprendre et analyser les différents dispositifs de l’enseignement agricole sur la zone AAOI.

Mais c’est aussi, via les visites et l’accompagnement de Mme Hoby Rakotoarison, cheffe de Service de la Formation Agricole et Rurale au sein de MINAE (ministère de l’agriculture et de l’élevage malgache) que la cartographie des dispositifs de formation agricole à Madagascar a pu être contextualisée, ainsi que la présentation des orientations stratégiques.

Lors d’une rencontre, Mme Fanja Raharinomena, secrétaire générale du MINAE a présenté

la Stratégie Nationale de Formation Agricole et Rurale à Madagascar (SNFAR) donne un cadre général et cohérent du développement du système de la formation agricole et rurale à Madagascar. L’objectif prioritaire est de contribuer à soutenir le processus de modernisation du secteur agricole, notamment en améliorant le dispositif institutionnel de la Formation Agricole et Rurale et en préparant de nouvelles générations d’Agriculteurs à affronter les défis du futur.

Madagascar bénéficie d’une grande diversité agricole grâce à sa position géographique, mais subit régulièrement des cyclones, aggravés par le changement climatique. Face à ces défis, l’agroécologie apparaît comme une solution durable pour renforcer la résilience des producteurs et assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

La population, majoritairement jeune et rurale, est confrontée au sous-emploi. Former les jeunes à l’agroécologie leur permettrait de devenir acteurs du changement.

C’est pourquoi la Stratégie Nationale de la Formation Agricole et Rurale 2023-2035 promeut l’agroécologie pour un développement agricole durable. Divers programmes de formation ont été mis en place, en collaboration avec des producteurs locaux permettant d’adapter les pratiques aux réalités locales.

Suite à ce premier point, Rachid Benlafquih a présenté la force et les intérêts d’un appui que peut apporter le Ministère de l’agriculture, de l’alimentation et de la souveraineté alimentaire via le réseau AAOI de la DGER.

Vanessa Forsans a expliqué les objectifs du réseau CEFAGRI, porteur d’expertises sur le plan de ces problématiques agroécologiques en droite ligne avec la SNFAR.

Didier Ramay a dressé un état des lieux et a présenté quelques actions de coopération avec Madagascar, déjà mises en place depuis de longues années, des liens durables qui existent entre les établissements français comme ceux de Mayotte – Coconi (avec le CEFFEL et le CRFPA Ilofosana), ceux de La Réunion (avec CAPA Antsirabe, CRFPA Ilofosana, Ferme école de Tombotsoa, EFTA Amanja EFTA Ambatobe),  mais aussi avec quelques établissements de la métropole (Arras, Pau, Montmorot, Coutances, Bressuire) notamment via une coopération décentralisée (Région Nouvelle Aquitaine et Itasy).

Ces présentations ont montré combien il est pertinent et souhaitable, en synergie avec la dynamique les établissements du réseau REAP AAOI, de renforcer des partenariats au sein du réseau AAOI de l’enseignement agricole français. Toutefois il semble important de mieux encadrer les partenariats existants et à venir, impliquant notamment des mobilités d’expertise et des mobilités individuelles ou collectives d’apprenants. Il est proposé une rencontre prochaine avec le MEFTP (dont certains établissements agricoles sont sous la tutelle) pour proposer la préparation d’une lettre d’intention de coopération entre le MASAF, le MINAE, le MEFTP et FARMADA.

Participation au Concours d’Eloquence

Le concours d’éloquence, organisé à la Foire internationale de l’agriculture, en septembre 2024, avait pour but d’améliorer la visibilité des Centres et Établissements de Formation Agricole et Rurale (CEFAR) publics en tant qu’outil du MINAE pour la promotion de la FAR et également d’encourager les jeunes à entreprendre dans le secteur agricole.

Deux centres ont été choisis pour participer à la première édition de ce concours d’éloquence, le Centre d’appui et de formation professionnelle Agricole (CAFPA) Mahitsy et l’Ecole de Formation de Technicien Agricole (EFTA) Ambatobe. Les thématiques étaient axées sur des défis de demain et tournées vers une agriculture innovante et agro écologique.

Les membres du jurys étaient Mme Fanja RAHARINOMENA, Secrétaire Générale du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, M. Rachid BENLAFQUIH, M. Hirotaka NAKAMURA, Conseiller principal du projet de promotion de l’Agriculture Orientée vers le Marché (SHEP), et Mme Hoby Andrianjatovo RAKOTOARISON, Chef du Service de la Formation Agricole et Rurale du MINAE.

Place de la Formation Agricole et Rurale dans la diffusion des innovations

L’innovation a pour effet d’améliorer les méthodes existantes et de générer de nouvelles manières de produire et de consommer les aliments et autres produits agricoles. Elle est très importante dans la mise en place de systèmes alimentaires durables. La formation agricole et rurale se doit de préparer aujourd’hui des actifs de demain. La conférence, modérée par Mme Hoby Andrianjatovo RAKOTOARISON, visait à explorer l’articulation de la formation agricole et rurale avec l’innovation agricole, en essayant de répondre à la question « Comment organiser la formation agricole pour qu’elle devienne effectivement un moteur pour la promotion et la diffusion de l’innovation ? ».

Différents acteurs de la formation agricole et rurale et de l’innovation étaient invités à participer à cette conférence : des représentants du CIRAD, de FORMAPROD et de FARMADA, ainsi que de Rachid Benlafquih (BRECI / DGER) pour une présentation du modèle de l’enseignement agricole français.

Chacun a réaffirmé combien le transfert de l’innovation est fondamental pour le développement d’un pays (innovation technique, pédagogique, organisationnelle et juridique).

La présence de la DGER pour le MASAF dans ce débat a permis de mettre en avant combien cette thématique est omniprésente dans l’enseignement agricole français. En effet, c’est l’une des 5 missions, avec ce continuum « Formation Recherche Innovation Développement et Appui » qui met en lien les acteurs académiques, techniques et scientifiques.

Un long chemin est encore à faire pour mettre en avant la place de la FAR dans la diffusion de ces innovations mais les différentes interventions et partage durant la conférence ont montré qu’en renforçant la collaboration entre les différents acteurs, privés et publics des améliorations pourraient être réalisées.

Visite de EFTA d’Ambatobe – Antananarivo

Accueillis par le directeur RANAIVOSON Ndremanalina SERGY, nous avons visités l’ensemble des structures et rencontrés également les apprenants.

Cet établissement accueille des promotions de 24 élèves, niveau post bac, pour deux années de formation, alors que, chaque année, l’établissement reçoit 300 dossiers de candidature.

Visite du Parc National Analamazaotra Mantadia accompagnés du guide naturaliste Désiré Marta

Des partenariats sont déjà actifs avec les établissements français de la Réunion. Il est alors envisagé d’élargir cette coopération avec les établissements de la métropole, avec l’accueil d’étudiants en service civique dès 2025.

Entretenir les contacts et mettre en place de nouveaux partenariats

« Madagascar National Parks » est une Association Malagasy de droit privé, reconnue d’utilité publique opérante sous tutelle du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable. Sa mission est de conserver et gérer de manière durable le réseau national des parcs et réserves représentatif de la diversité biologique et du patrimoine propre à Madagascar.

Ce parc est constitué de deux aires protégées : Mantadia et Analamazaotra, il est le lieu de vie de Babakoto – indri ou lémuriens.

Une forêt tropicale humide de moyenne altitude (930 à 1050 m) est aménagée en réseau de sentiers sur plus de 810 et offre une vraie perspective d’action pour la protection et la gestion de la biodiversité.

C’est à ce titre qu’elle peut être un lieu d’accueil de stagiaires de formation Bac pro GMNF et BTSA GPN

FIA : Foire Internationale de l’Agriculture

FIA du 12 au 15 septembre 2024 au Parc des Expositions Forello Tanjombato à Tananarive

La FIA, c’est l’événement économique majeur de Madagascar et de la zone indianocéanique en matière de process alimentaires. C’est une plateforme stratégique où se rencontrent et s’échangent les innovations et les bonnes pratiques agricoles. Elle vise à stimuler la croissance économique et à transformer le monde rural en encourageant la participation active des jeunes.

Ces deux journées ont permis la rencontre de nombreux acteurs avec des perspectives de coopérations dont des accueils de stagiaires entrants et sortants, par exemple avec l’entreprise Renala (huiles essentielles), Mme Mamy Hubert  formatrice, coach et mentor en agripreneuriat depuis plus de 10 ans, spécialisée dans la transformation artisanale de fruits et épices, ou encore le Centre incubateur de Sandrine Siamazava à l’EFTA Analamalotra.

Par la qualité et la diversité des stands de la foire, mettant en avant des initiatives très intéressantes, on a pu constater les atouts et le dynamisme dans l’installation et l’innovation du secteur agricole.

Des échanges avec Jocelyn Mérot, Conseiller Résident au Jumelage SPS, et Martin Parent, Conseiller aux Affaires Agricoles zone Afrique de l’Est et Océan Indien, ont été à l’initiative d’une perspective de coopération entre les établissements du réseau AAOI pour la mise en œuvre d’un projet portant sur la gestion des pertes post-récoltes.

A ce titre, nous avons rencontré le CFFAMMA – Centre de Fabrication de Formation et d’Application du Machinisme et de la Mécanisation Agricole présent au salon pour évaluer si cet établissement aurait sa place dans de ce projet de coopération.

Rencontre avec France Volontaires Madagascar

La rencontre avec la directrice de l’espace de volontariat de Tananarive, Niry Ramarijaona, avait pour but de renforcer les liens au sujet des services civiques. L’intérêt réciproque d’un partage de cartographie est ressorti aux prises avec cette même difficulté qu’elle rencontre pour avoir un recensement exhaustif des mobilités. Capitaliser sur l’existant est un premier axe de coopération, mais il faut aussi travailler sur une approche plus institutionnalisée avec un mode opératoire prédéfini pour mutuellement identifier les candidats, travailler sur leur sélection puis leur accompagnement au cours de leurs séjours en France jusqu’à leur retour.

Jumelage européen en zone Océan Indien

Le Jumelage SPS « Appui au renforcement du dispositif de surveillance et de contrôle de la qualité et conformité sanitaire et phytosanitaire des produits agricoles et agroalimentaires à Madagascar » est le premier jumelage européen dans la zone Océan Indien. Il est piloté par la France en consortium avec l’Italie et s’inscrit dans une politique volontariste décidée au début des années 2010 par les cinq États membres de la COI de faire de Madagascar le grenier de la région et soutenu notamment par l’Union européenne et la FAO.

L’objectif général est de contribuer à accroître la production et améliorer la qualité sanitaire et phytosanitaire des produits agricoles de Madagascar.

Ce programme doit prendre fin en février 2025, mais il est envisagé une continuité de programmes de coopération notamment via le réseau CEFAGRI. En effet, il ressort clairement des besoins d’adaptation de la formation dans les établissements malgaches sur le plan des bonnes pratiques sanitaires, des normes et des règlementations et certifications comme HACCP, ou encore sur les techniques d’analyses de laboratoire.

Suite aux échanges avec Jocelyn Mérot, CRJ du jumelage SPS, Jean Louis Barjol, chef de projet du jumelage SPS, et Martin Parent, Conseiller aux affaires agricoles, l’équipe du jumelage SPS et le BRECI proposent d’accueillir une délégation du MINAE en France, pour un voyage d’étude et d’exploration du système FAR sur ces sujets sanitaires.

Audience ministérielle

Audience avec Madame la Ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, Mme Rasoloarisoa Marcelline et son équipe, en présence de la responsable de la FAR au MINAE, de la directrice de l’espace de volontariat à Madagascar, de Jocelyn Mérot ( CRJ jumelage SPS)

Il est à noter que certains centres de formation agricole et rurale sont sous tutelle du ministère METFP.

Dans un premier temps, chacun a pu exposer ses visions et enjeux réciproques sur le plan de la coopération internationale, ainsi que proposer des plans stratégiques d’actions dont les besoins en expertise de l’enseignement agricole. Afin de mieux structurer nos relations, avec un travail de concert multipartite, il est envisagé de travailler à la signature d’une lettre d’intention de coopération entre le MASAF, le MINAE, le MEFTP et probablement FARMADA, lettre qui précisera les axes d’orientation et les priorités de notre coopération.

Cette première mission à Madagascar aura permis d’atteindre globalement les objectifs attendus dont le passage de relais de l’animation du réseau AAOI, réalisé depuis plus de 20 ans par Didier Ramay et la présentation du fonctionnement du réseau CEFAGRI afin d’en comprendre la place et le rôle transversal de l’expertise au sein d’un réseau, ainsi que le partage de l’expérience de Vanessa Forsans sur ses deux réseaux.

Aussi, l’ensemble de cette mission va permettre de valoriser et capitaliser les initiatives de coopération avec cette zone. Il s’agit de continuer à accompagner ces partenariats existants mais également d’encourager et soutenir de nouveaux partenariats, élargis au territoire métropolitain.

Il a été signifié beaucoup d’enjeux et surtout beaucoup de dynamisme qui laisse entrevoir le démarrage de collaborations fructueuses et actions de coopération tant sur le plan de la gouvernance des établissements que sur les mobilités individuelles dans une optique de réciprocité que sur le plan de mobilités collectives.

Cette mission a permis d’assurer un bon dialogue, articulé entre le réseau AAOI de l’enseignement agricole, les établissements de formation agricole de cette zone et les autorités académiques, point d’ancrage prépondérant à de futures coopérations.

Contacts : Agnès ESTAGER, animatrice du réseau géographique Afrique Australe Océan Indien de la DGER, agnes.estager@educagri.fr

Didier RAMAY, animateur du réseau géographique Afrique Australe Océan Indien de la DGER, didier.ramay@educagri.fr, Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI de la DGER, vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 

 




De la botanique togolaise à l’Occitanie

Aboudou Salam Assebou, Volontaire International de Réciprocité togolais en mission de service civique au Lycée Agricole de Beaulieu Lavacant à Auch (Gers), partage l’expérience de son premier mois en France.

En tant que volontaire international de réciprocité (VIR), Aboudou, comme ses camarades togolais, a bénéficié de l’accompagnement de l’ANVT (Agence nationale du volontariat du Togo) et de France Volontaires à Lomé. Sa mission de service civique au lycée agricole d’Auch va durer pendant toute cette année scolaire et s’inscrit dans le cadre du partenariat noué entre le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole français (DGER) et l’Association professionnelle des centres de formation agricole et rurale (APCFAR) du Togo.

Je suis arrivé en France le 15 octobre 2024, avec trois de mes compatriotes également en service civique dans l’enseignement agricole en Occitanie, au lycée agricole de Saint-Gaudens et à l’Institut Agro – site de Florac. Après un long vol d’une dizaine d’heures, la fatigue était bien présente. J’ai été accueilli à l’aéroport de Toulouse-Blagnac avant d’être conduit au lycée agricole de Beaulieu à Auch, à une heure de route de Toulouse. Le parking aérien de l’aéroport, les autoroutes, et les routes bien aménagées sont les premières choses qui m’ont marqué.

Le lendemain de mon arrivée, Monsieur Vincent Labart, le proviseur, m’a présenté au personnel du lycée et m’a fait découvrir les locaux des sites de Beaulieu et de Lavacant. L’accueil chaleureux du personnel a facilité mon intégration. Cependant, une des expériences nouvelles et marquantes pour moi a été de faire face au froid intense auquel je n’étais pas habitué. Dans les jours qui ont suivi, en collaboration avec Monsieur Labart, j’ai effectué mes démarches administratives.

Lors de la semaine suivante, j’ai eu l’occasion de travailler avec l’équipe de permanence. Monsieur Jean-Luc Rouet m’a fait visiter les trois sites de l’exploitation agricole du lycée : Beaulieu, La Castagnère, et La Hourre.

Dans le cadre de ma mission sur les Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales (PPAM), j’ai reçu une documentation approfondie sur les PPAM françaises, ce qui m’a permis d’élargir mes connaissances sur ces cultures. J’ai également collaboré avec le personnel de Créabio lors de certaines de leurs activités ainsi qu’avec les élèves lors des travaux pratiques.
J’ai eu la chance de participer à plusieurs sorties enrichissantes, notamment la visite d’une maison de retraite avec les élèves de seconde SAPAT, l’observation de fosses pédologiques sur le site de La Hourre, en collaboration avec le personnel de l’exploitation, Créabio, et les représentants de la chambre d’agriculture et l’accueil des demandeurs d’asile au site de Lavacant, avec les élèves de la filière SAPAT, pour une journée d’échanges organisée par France Terre d’Asile.
Egalement, des visites professionnelles ont été organisées, au sein des fermes le GAEC de La Bordeneuve à Samatan (volailles) et l’EARL du Cassagnaou à Peyrissas (bovins lait, porcs et transformation) et de l’usine de SOBIOTECH qui est une société spécialisée dans la production et le développement d’actifs 100% végétaux à partir de Coriandre, enfin une PPAM pour les marchés de la cosmétique et nutraceutique.

Mon intégration s’est déroulée sans grande difficulté grâce à l’accueil chaleureux de mes collègues et des élèves. Logé à la cité scolaire avec des étudiants en BTS, dont beaucoup sont originaires d’Afrique, j’ai trouvé des camarades avec qui je partage des affinités culturelles. Je m’entends également bien avec Ritika, Volontaire indienne en Service Civique, avec qui j’échange régulièrement. Les repas à la cantine du lycée sont des moments privilégiés pour échanger avec les élèves et le personnel et pour partager des anecdotes sur mon pays, le Togo.

En résumé, ce premier mois m’a permis de découvrir le Gers et son agriculture, avec un accent particulier sur l’utilisation avancée de la technologie dans le secteur agricole français. Cette expérience est pour moi une véritable opportunité d’apprentissage et de partage culturel. Chaque jour j’apprends un peu plus sur les systèmes agricoles et sur la vie en France. Je suis vraiment reconnaissant de vivre cette expérience unique, qui est à la fois enrichissante sur le plan professionnel et humain.

Je tiens à remercier tout le personnel pour l’accueil chaleureux qu’il m’a réservé !!!

Vincent Labart, directeur de l’EPL d’Auch, qui a participé en 2023 à une mission au Togo organisée par le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole, partage également ses impressions sur cet accueil qui ressemble bien à une réussite.

Dès son arrivée Aboudou a montré une grande curiosité, une envie de découvrir et de s’intégrer au sein de l’établissement.
Cette posture a été appréciée par tous, et les équipes pédagogiques l’ont associé à différentes sorties et activités. L’idée est de lui faire découvrir le département du Gers, sa culture et son agriculture. Dans le même temps, il a développé ses connaissances en matière de plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM). Notre souhait est qu’il puisse partager une culture commune des PPAM avec les équipes de l’établissement mais aussi en externe. De ce fait, il a également été associé à des visites et des rencontres avec les acteurs de la transformation des PPAM. A ce stade, il a fait des propositions de mise en culture de différentes espèces sur notre exploitation. Il participera ensuite au choix de production et de transformation qui seront mis en place au sein de l’EPL d’Auch Beaulieu Lavacant.
Aboudou a également préparé un diaporama pour présenter le Togo aux élèves et apprentis. A partir de décembre il participera à des actions visant à développer l’esprit d’ouverture au monde des apprenants de notre établissement.

Et comme tous les volontaires internationaux en mission de service civique dans les lycées agricoles, publics et privés, il est invité à participer aux regroupements proposés par le réseau d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale (ECSI) – RED de l’enseignement agricole, avec l’appui de l’Institut Agro-Florac. Le premier aura lieu du 28 au 31 janvier 2025 au lycée agricole de Brive, lors des Rencontres des réseaux Afrique(s), inscrites au Plan national de formation (PNF). Le second correspondra aux Rencontres du RED qui se tiendront du 20 au 23 mai 2025 au lycée agricole de Saint-Affrique.

Crédit photographique de la photo de tête : Banque d’images Pexels – ASPhotography

Contacts : Vanessa Forsans et William Gex, co-animateurs du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale
vanessa.forsans@educagri.fr et william.gex@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER
rachid.benlafquih@educagri.fr




Monde Durable : les graines du changement

Après une mission de volontariat international dans l’enseignement agricole français, deux anciens services civiques béninois créent une association pour apporter leur pierre à la construction d’un monde meilleur.

Le 19 septembre 2023, Arthur EDIKOU et Mari-Christos NOUMONVI obtenaient de la Préfecture de Créteil le Récépissé de Déclaration de leur association dénommée “ Monde Durable ”.

En effet, originaires du Bénin, Arthur et Mari-Christos sont deux jeunes agroéconomistes passionnés des enjeux et défis du développement durable. C’est donc à juste titre qu’entre novembre 2022 et juillet 2023, ils ont effectué leur mission de service civique respectivement dans les Lycées Agricoles de Castelnau-Le-Lez (34) et de Riscle (32), en lien avec le Projet FABéOc (Formation en Agroécologie au Bénin et en Occitanie).

Engagement et action chevillés au corps, les deux jeunes ont vu très tôt leur parcours citoyen récompensé par plusieurs organismes dont notamment la Friedrich Ebert Stiftung et Les Offices Jeunesses Internationaux du Québec (LOJIQ).

Pourquoi l’association Monde Durable ?

L’association Monde Durable est née de la volonté commune de promouvoir le bien-être environnemental, économique et social en France et au Bénin, à travers des projets touchant divers domaines, comme l’environnement, les énergies renouvelables, l’accès à l’eau potable, l’agroécologie et l’autonomisation des femmes.

Elle met en valeur les principes d’Équité, de Solidarité et de Transparence. Ses actions incluent également l’éducation à la citoyenneté ainsi que des initiatives locales et internationales en faveur du développement durable.

Depuis 2020, Arthur et moi avions en projet de mettre sur pied une association qui nous permettrait de mieux organiser notre engagement et de pouvoir contribuer aussi longtemps que possible au bien-être de nos communautés. Ce désir s’est enfin concrétisé à la suite de notre service civique ” – Mari-Christos, Président de l’association.

“ Personnellement, je pense que cette mission de service civique a été une véritable source de motivation pour nous, dans la mise en place de l’association. Nous en avons toujours rêvé et maintenant c’est fait…. Nous sommes heureux et fiers de nous… ” – Arthur, Secrétaire de l’association.

Quels acquis pour l’association au bout d’une année d’existence ?

Depuis sa création en septembre 2023, l’association a mené avec succès six actions dans le cadre de la mise en œuvre du Projet TOUS’ECO, une initiative financée par la Fondation de France dans le cadre du Concours Déclics Jeunes 2023 et qui vise à promouvoir la transition écologique au Bénin à travers l’éducation environnementale des enfants et des jeunes.

Les six actions réalisées sont les suivantes : des dons d’outils de gestion des déchets et d’assainissement aux écoles (16 poubelles, 200 guides de tri sélectif des déchets, 60 balais et 20 râteaux), une sensibilisation de 2000 écolier(e)s et enseignant(e)s au tri sélectif des déchets en milieu scolaire, la formation de 80 écolier(e)s et 10 enseignants à la conception des emballages écoresponsables,  un atelier de bricolage et de recyclage des pneus usagés avec les apprenants éco-responsables, la mise en terre de 20 plants d’arbres à l’occasion de la 40e Journée Nationale de l’Arbre au Bénin ainsi que le renforcement de capacités de 20 enseignant(e)s sur la propreté de l’eau, l’hygiène et l’assainissement en milieu scolaire.

Lesdites actions ont été mises en œuvre dans quatre écoles primaires grâce à l’appui méthodologique de l’Institut Africain pour le Développement de la Famille (IADF-ONG), organisation partenaire de Monde Durable au Bénin.

“ Cette première année a été pleine de défis, d’apprentissages et de réalisations. Ensemble, nous avons mis en place des actions innovantes dans le domaine de l’environnement. Chacune d’elle témoigne de notre engagement envers l’éducation environnementale des jeunes publics et la protection de notre environnement ”  – Mari-Christos.

L’association a par ailleurs organisé le 27 juin 2024 un webinaire d’informations sur les dispositifs du Service Civique et du Volontariat de Solidarité Internationale (VSI). Ce webinaire à destination des jeunes béninois intéressés par le volontariat en lien avec les questions agricoles et environnementales a été animé par Sylvie Dagba, représentante de France Volontaires au Bénin, Vanessa Forsans, animatrice du Réseau Afrique de l’Ouest de l’Enseignement agricole, et Rachid Benlafquih, chargé de mission coopération internationale Afrique de l’Ouest au Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire.

Retrouvez leurs diaporamas ici : présentation 240624 et accueil de services civiques du Bénin en lycées agricoles en France

Quelles perspectives pour l’avenir ?

Pour les années à venir, l’association prévoit entre autres de nouer de nouveaux partenariats en France et au Bénin, de promouvoir l’ECSI auprès des jeunes lycéens en France.
Également, elle prévoit de contribuer à l’amélioration des conditions socio-économiques des femmes rurales au Bénin, à la promotion de l’Entrepreneuriat Agricole des Jeunes en Afrique de l’Ouest et à l’amélioration des conditions d’hygiène et d’assainissement en milieu scolaire au Bénin.
De plus, Monde durable propose d’intervenir dans les établissements agricoles en nouant un partenariat à travers un dossier FONJEP pour un projet « Citoyens solidaires » selon les activités décrites ici : PROGRAMME_ACTIVITES_CS et Activites_Prevues_CS

Pour suivre l’actualité professionnelle sur LinkedIn de Arthur EDIKOU et de Mari-Christos NOUMONVI

En savoir plus sur l’association Monde durable, Projet Projet TOUS’ECO. Pour permettre à l’association de grandir et de mener davantage d’actions, des dons peuvent se faire via une plateforme.

Lire aussi l’article Fabéoc : Top départ !

Article rédigé par Arthur Edikou et Mari-Christos Noumonvi.

Contacts : Vanessa Forsans, animatrice du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale, vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 




Ritika à la découverte d’Auch

Le Lycée agricole d’AUCH Beaulieu-Lavacant accueille Ritika PANDEY, depuis la Rentrée de septembre 2024, et ce,  en immersion pour encourager la mobilité internationale, innover dans la technologie alimentaire et le développer l’interculturel.

Ritika PANDEY, diplômée d’un Bachelor de G.B.PUA&T en agroalimentaire, a choisi de donner une dimension internationale à son CV en postulant auprès de l’Établissement d’enseignement technique agricole d’Auch, pour y réaliser un service civique de 7 mois, de septembre 2024 jusqu’en février 2025, après une première expérience d’un mois en Australie.

L’établissement Public Local d’Enseignement et de Formation Professionnelle Agricole (EPLEFPA) d’Auch a fait appel à France Volontaires en Inde et en France, dans le cadre d’un partenariat stratégique INDE France Horizon 2047, signé en juillet 2024 entre les deux pays. L’Établissement d’Auch fait également partie d’un consortium des 12 établissements impliqués dans le programme DEFIAA (Developping French Indian Exchanges in Agrofood and Agronomy) avec l’université agricole et agroalimentaire en Uttarakhand G.B.PUA&T de Pantnagar en Inde. Le renouvellement de l’accord cadre 2023-2028 a été signé en décembre 2023 pour 5 ans.

Les équipes de direction et les animateurs français du réseau Inde accueillent, du 6 au 11 octobre 2024, une délégation de 20 professeurs et directeurs de G.B.PUA&T dans trois des 12 établissements du consortium, et à l’EPLEFPA de Auch les 10 et 11 octobre afin de rencontrer les équipes et de renforcer le partenariat DEFIAA.

L’étudiante Indienne a été sélectionnée après entretien, parmi plusieurs candidats. Les trois axes d’action de sa mission à Auch viendront faciliter la mobilité et l’engagement international des jeunes gersois, renforcer l’envie de travailler en webinaire sur des thèmes agroalimentaires, et enfin développer une approche interculturelle dans l’établissement.

Elle est pétillante, enthousiaste, et a de grands projets et de belles idées d’échanges et d’interactions avec les Français.

Pour l’équipe de Auch, il s’agit de conforter son partenariat avec l’Inde, notamment dans le cadre de la prévision de l’ouverture de classes internationales en BTS BioQualim. Dans un temps plus long, cette expérience favorisera le développement de l’innovation en agroalimentaire avec des chefs cuisiniers, des industries partenaires, des artisans, et des travaux d’étudiants en Inde et en France autour des enjeux du développement durable.

Pour Ritika, les objectifs seront multiples : créer du lien, encourager l’ouverture au monde, développer des compétences techniques, professionnelles et personnelles, acquérir des compétences linguistiques en français renforcées par les cours de FLE (Français Langues Étrangères) dispensés par des professeurs qualifiés, réaliser des animations pour et avec les jeunes et les personnels de la communauté éducative.

Au cours de son séjour en France, la jeune Ritika partagera certainement les meilleurs moment de sa vie de service civique sur Moveagri.

Une année internationale « haute en couleurs » et pleine de richesse se profile à l’EPLEFPA d’Auch !

Contact : Chantal Desprats, animatrice du Réseau Inde de l’enseignement agricole, chantal.desprats@educagri.fr