Start-Up innovantes en terre Australe

Pour la 3e session de son Prix de l’Innovation, le F’SAGRI a vu les choses en grand ; un nouveau partenariat avec la Banque mondiale et le programme de développement des Nations Unies (PNUD) ; un nouveau nom : AgTech Innovation Challenge ; une compétition qui dépasse le cadre sudafricain.

Comme l’année dernière, le challenge était divisé en deux catégories: les projets de recherche appliquée portés par des universitaires et les projets portés par les start-up. Voyons de quelles innovations les Strat-up candidates en 2021 sont capables.

Nouveautés 2021 :  5 pays en lice

Zone Afrique Australe

En 2020, le prix de l’innovation ciblait les start-up sud-africaines uniquement. En 2021, soutenu par le Ministère de l’agriculture et l’alimentation (Direction générale de l’enseignement et de la recherche-DGER) via le Budget d’Actions à l’International, le F’SAGRI a développé une collaboration avec la Banque mondiale, ce qui a permis d’étendre ce concours à quatre pays avoisinants : le Lesotho, Eswatini, la Namibie et le Botswana. Au total, plus de 40 dossiers de candidature ont été examinés, dont 9 portés par des entreprises autres que sud-africaines. Une première sélection a permis de conserver 12 candidats, dont un botswanais.

Le jury s’est réuni le 25 novembre 2021 au matin. Il comptait des représentants des autorités sud-africaines, de la chambre de commerce Franco sud-africaine, du PNUD et de l’ambassade de France, réunis à la Résidence de France, mais aussi d’Agreenium et de la DGER, en virtuel.

Le jury a unanimement souligné la qualité des projets présentés et exprimé le souhait d’en assurer le suivi lors d’événements ultérieurs. Ce suivi est d’ailleurs prévu dans le cadre du partenariat entre le F’SAGRI et le PNUD.

Ambassade de France, Banque mondiale et PNUD confirment l’importance de ce challenge dédié à l’agriculture

La cérémonie de remise des prix de l’innovation a eu lieu à la suite du comité de sélection des projets. Lors de leurs interventions, Aurélien Lechevallier, Ambassadeur de France, Marie-Françoise Marie-Nelly, Directrice Régionale de la Banque Mondiale, Dy Ayodele Odusola, Représentant du PNUD en Afrique du Sud ainsi que François Davel, représentant du Department of Science and Innovation (DSI), ont réaffirmé l’enjeu que représente le développement d’une agriculture durable dans les communautés rurales. Ils ont rappelé à quel point, dans un contexte rendu difficile par la crise sanitaire actuelle, il est primordial d’aider les communautés rurales à développer des emplois, notamment l’emploi des jeunes et des femmes, en prenant en compte des problématiques plus larges comme la lutte contre le réchauffement climatique.

Du côté des lauréats…

5 start-up sudafricaines ont été sélectionnées. Grâce aux contributions de l’Ambassade de France, du DSI et du PNUD, elles vont recevoir des prix allant de 2200 € à  8800 € et bénéficier d’un programme d’accompagnement pour développer leurs projets et leur permettre de rentrer en contact avec des financeurs.

En ce 25 novembre 2021, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, 2 femmes sont sur le podium.
Lauréate du 1er prix : Claire Reid pour Reel Gardening

L’objectif de Reel Gardening est de rendre le jardinage aussi rapide, simple et amusant que possible. La solution de jardinage qu’elle propose permet aux particuliers et aux collectivités de réduire leur consommation d’eau jusqu’à 80 %. Leur innovation est un ruban de semences breveté qu’il suffit de placer dans le sol de manière à voir la partie colorée au-dessus de la terre, puis il ne reste plus qu’à ajouter de l’eau. L’entreprise dispose d’une application qui offre un guide étape par étape pour gérer les platations en vous informant de ce que vous devez faire chaque jour dans le jardin en fonction de ce que vous avez planté. Reel Gardening reverse également une partie de ses ventes aux communautés dans le cadre de son programme de sensibilisation.

Lauréat du 2e prix: KHEPRI Biosciences sur la gestion des déchets – Des projets aux prises avec les problématiques actuelles

Bandile Dlabantu, CEO de Khepri Biosciences

KHEPRI Biosciences propose des produits d’alimentation animale de qualité, fabriqués sur mesure pour l’écosystème local à partir de déchets organiques disponibles localement. KHEPRI collecte les déchets alimentaires dans les flux de déchets locaux, les traite et leur ajoute de la valeur en utilisant la mouche du soldat noire pour fabriquer des produits qui répondent aux besoins de leur marché cible. KHEPRI a développé cinq produits d’alimentation animale et les a testés sur le marché. Leur produit final est constitué d’aliments pour animaux et d’engrais proposés à des prix compétitifs et produits selon une approche durable.

Lauréate du 3e prix : Palesa Motaung pour AgriKool

AgriKool est une start-up de Pietermaritzburg (KZN) qui résout le problème de l’accès au marché grâce à une application mobile permettant aux petits exploitants agricoles d’avoir accès au marché, au financement, au transport et à des informations fiables de manière transparente. L’application regroupe la demande des colporteurs et des magasins de vente au détail de produits alimentaires, et convertit cette demande en un marché accessible pour les petits exploitants agricoles des zones rurales. Elle prélève une commission de 3 à 8 % sur la transaction, ainsi que des frais administratifs. L’innovation atténuera les contraintes liées à la saisonnalité, car la start-up prévoit de s’aventurer dans d’autres provinces et en Afrique.

Lauréat du 4e prix: SMARTFILL pour la réduction de l’utilisation du plastique

Marc Wetselaar, CEO de Smartfill

Smartfill est une unité de distribution alimentaire au détail sans emballage plastique (ou les élimine). Les emballages plastiques sur les aliments sont d’autant plus une taxe supplémentaire pour les pauvres en ajoutant les coûts d’emballage au prix de la nourriture. Cette technologie innovante permet d’alléger la pression sur les prix des aliments. Elle ne se préoccupe pas seulement du recyclage et de la réduction du plastique, mais aussi de l’accessibilité financière des aliments. Les emballages sont de plus en plus chers en termes de taxes et augmentent les coûts logistiques qui se répercutent sur le prix des aliments. Le dispositif distribuera l’alimentation en fonction de la quantité requise.

Lauréat du 5e prix: Dropsight pour une utilisation raisonnée des pesticides

Marius Ras Ras, CEO de Dropsight.

Dropsight est une application pour smartphone qui permet de mesurer le dépôt de produits chimiques (c’est-à-dire de pesticides) sur les feuilles dans le champ, de comparer les résultats et de faire des ajustements avant que le produit chimique ne soit ajouté au réservoir. Tout cela se fait grâce à un boîtier d’analyse portable innovant appelé « leaflab », avec l’utilisation d’un smartphone. L’objectif est de réduire le risque de mauvais résultats en matière de lutte biologique en raison d’un mauvais réglage et dépôt du pulvérisateur. Grâce à Dropsight, les agriculteurs réduiront le risque de niveaux inacceptables de résidus chimiques et de ruissellement de produits chimiques. Cette innovation réduira considérablement le risque de contamination du sol et des eaux souterraines due à un volume de pulvérisation excessif. Le processus Dropsight se déroule sur le terrain, en temps réel, et fournit des données visuelles et quantitatives sur lesquelles fonder les décisions relatives à l’amélioration du dépôt de la pulvérisation. Grâce à cette innovation, il n’est plus nécessaire de faire appel à un laboratoire pour analyser le dépôt, ce qui permet non seulement de gagner du temps mais aussi d’économiser de l’argent.

Les pitchs des lauréats et la cérémonie de remise des prix sont disponibles sur la chaine YouTube du F’SAGRI

Pour quelles suites…

Ces projets innovants vont rejoindre les lauréats des années précédentes et intégrer le programme de suivi du F’SAGRI. Ce programme vise différents objectifs, soit de doter le F’SAGRI de structures de stage, conférenciers et mentors potentiels, qui pourront à leur tour aider des étudiants et jeunes porteurs de projets. Ces porteurs de projets innovants pourront intégrer des projets de développement local, à l’échelle d’une municipalité ou d’une province à l’image des projets de création de villes vertes, actuellement soutenus par de grandes instances internationales. Enfin, le programme permet d’aider à identifier des projets porteurs pour de potentiels financeurs français.

Contacts :

Séverine JALOUSTRE, Adjointe au Directeur, F’SAGRI –  French South-African Agricultural Institute, severine.jaloustre@ul.ac.za

Maryline Loquet, Attachée de coopération – Enseignement agricole, Ambassade de France au Sénégal – maryline.loquet@diplomatie.gouv.fr

 




Rubrique Internationale de l’ACTU-DGER n°6

8 sujets « Europe et international » construits par les réseaux Europe & international, les établissements d’enseignement technique et supérieur agricole et les services du MAA sont abordés dans le dossier du mois du 6ème numéro d’Actu’DGER de mars 2021. 

Outils de mobilité
  • Le nouveau Guide de la mobilité internationale et le poster-jeu
Enseignement supérieur et formation d’enseignant
  • Premier séminaire en ligne VAI²P
Zone Europe –
  • Publication du bilan Erasmus+ 2014-2020 pour l’Enseignement Agricole
Zone Asie
  • 1er Webinaire franco-japonais dédié à la coopération des établissements agricoles sur des projets d’intérêt commun
  • Échange ministériel sur la coopération Franco-Chinoise
Zone Afrique
  • L’engagement communautaire dans le cadre du F’SAGRI
Zone Amérique
  • Le MAA engagé dans un projet FSPI de soutien à la formation des jeunes ruraux en Amérique du Sud
  • Dans le dossier du mois : DES FORMATIONS QUI CONTRIBUENT À LA VIE ET À LA VALORISATION DES TERRITOIRES RURAUX – Focus sur les BacPro SAPAT, l’article : Les élèves de la filière Services bougent à l’international ! (Canada-Québec)

Retrouver tous les numéros du mensuel Actu’DGER sur Chlorofil




Un engagement communautaire du F’SAGRI

le F’SAGRI (French South African Agricultural Institute) opte pour l’engagement communautaire et soutient le développement de PMEs agricoles, au travers des appels à projets, dans le cadre de ses activités d’appui à trois universités sud-africaines anciennement défavorisées.

Des appels à projets pour encourager le développement pérenne d’entreprises agricoles

Durant deux années consécutives, le F’SAGRI a lancé des appels à micro-projets à destination des communautés rurales autour des 3 universités partenaires. L’objectif de ces micro-projets était de soutenir le développement des activités des entrepreneurs pour leur permettre d’augmenter de manière durable leurs revenus et/ou de créer de l’emploi.

Les termes de référence de ces appels à projets ont été rédigés en conséquence, en privilégiant les micro-projets basés sur des investissements (achat de matériel, travaux…) et en limitant la part de financement dédié à l’achat de consommables et aux salaires.

Jan Malema, chargé de projet pour FSAGRI

L’ensemble du processus a impliqué différents protagonistes venant des milieux académique, institutionnel et gouvernemental mais aussi d’ONG. Il a été coordonné par Jan Malema, chargé de projets employé par le F’SAGRI, titulaire d’un Master en économie agricole.

Jan Malema, diplômé en économie agricole de l’Université du Limpopo. Son Master a été encadré par le ‘Centre for Rural Communities Empowerment’, centre dédié à l’engagement communautaire au sein de l’université.

Ses activités, dans ce centre, lui ont permis d’acquérir de sérieuses compétences en gestion de projets, appui auprès des communautés rurales et relation avec les autorités compétentes locales. Cette expérience, ainsi que sa connaissance des réseaux locaux, sont de précieux atouts pour le F’SAGRI, qu’il a rejoint en septembre 2019.

Au total 23 micro-projets soutenus à ce jour

Après deux campagnes d’appels à projets. 23 micro-projets ont été soutenus d’une part en attribuant à chacun une bourse, allant jusqu’à 40 000 rand, soit 2 200 euros, en fonction du micro-projet décrit et d’autre part, en mettant en place des visites de terrain et en suivant ces projets pendant plus d’un an. Ces projets feront l’objet d’un suivi régulier et permettront, pour certains, de développer de futures activités du F’SAGRI.

Focus sur 2 « Success stories »
La coopérative Tse di Tala

Créée par 6 femmes en 2019, cette coopérative se situe à Mokopane, à 200 kms au nord-est de Pretoria, dans le Limpopo. Cette coopérative produit principalement des fruits et des légumes mais a aussi un atelier de poulets chairs. Le micro-projet soutenu par le F’SAGRI vise à construire une serre pour protéger les jeunes plants de légumes et produire leurs propres graines, qu’elles pourront aussi distribuer localement.

Au sein de la communauté rurale de Mokopane, cette coopérative tient une place importante puisqu’elle emploie des femmes et des jeunes mais aussi parce qu’elle organise, avec des structures d’enseignement agricoles, de courtes formations techniques à destination des agriculteurs de la communauté.

Son dernier projet : monter une coopérative avec d’autres agriculteurs pour mutualiser certains moyens de production et élaborer une stratégie de vente commune, ceci témoigne du dynamisme et du caractère visionnaire de ces femmes. Le F’SAGRI entend bien suivre et soutenir cette coopérative à l’avenir.

Lutendo Nengudza transforme un haut lieu de criminalité de Makhado en ferme

Il y a quelques années, Makhado Extension-12 était connue comme un haut lieu de criminalité (prostitution, vols, meurtres…). Luthendo Nengudza a déposé un dossier auprès des autorités compétentes locales afin de pouvoir utiliser certaines de ces terres pour créer sa ferme. Dossier accepté !

Lutendo reçoit 10 hectares. Pour l’instant, il n’utilise que 5 ha pour produire fruits et légumes qui nourriront les communautés locales mais son objectif est bien de tirer parti de la totalité de la surface qui lui a été accordée.

Le micro-projet soutenu par le F’SAGRI vise à sécuriser sa production par l’achat de réservoirs d’eau mais aussi de clôtures pour limiter les vols.

 

Retrouvez ces articles en anglais, en téléchargeant ces deux « success stories ».

En savoir plus sur l’historique de F’SAGRI sur le site de l’Ambassade de France en Afrique du Sud : https://za.ambafrance.org/L-institut-franco-sud-africain-de-l-agriculture-F-SAGRI-demarre-ses-activites-a

Contacts :

Severine Jaloustre, mise à disposition par le MAA, Directrice adjointe du F’SAGRI : severine.jaloustre@ul.ac.za

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr