Dans le grand bain du thé 茶

En Bretagne, depuis quelques années, le théier est l’arbuste qui monte. Quoi de plus naturel que l’enseignement agricole soit associé au développement de cette nouvelle filière et que les champs de nos exploitations servent de terrain d’expérimentations, de collections et de formations. Pour se faire, une immersion dans la culture chinoise est nécessaire !

Durant 2 semaines à l’automne dernier, Arnaud Billon, directeur des exploitations horticoles de l’EPL du Morbihan, Marine Chotard, enseignante en horticulture et chargée de mission Thé du même établissement et Stéphan Masquelin, gérant de la maison de thé Tea & Cie à Vannes et partenaire de l’EPL, ont suivi une formation en Chine autour de la culture et la transformation du thé.

Le thé est planté depuis près de 4 ans sur les terres du site d’Hennebont de l’EPL du Morbihan. En mars 2020, Arnaud Billon et Marine Chotard auraient déjà dû partir suivre une formation en Chine pour acquérir les bases de la production de thé que sont : la plantation, la démultiplication et la transformation. Suite aux années de fermeture liées à la pandémie, il a fallu attendre octobre 2023 pour que finalement cette formation se réalise.

Elle s’est déroulée dans deux lieux distants l’un de l’autre de plusieurs milliers de kilomètres à Jurong et à Pu’Er.

La première semaine se passa dans le Jiangsu, à Jurong, au sein de l’établissement agricole chinois partenaire d’Hennebont, le Jiangsu Professional College of Agriculture and Forestry (JPCAF).

Dès leur arrivée, Mme Lin Min, leur enseignante tutrice pour la semaine, accompagnée de ses étudiants, leur offrit un chaleureux accueil. Les premiers échanges permirent à la délégation française de mieux comprendre le système scolaire chinois, les particularités culturelles et ils purent aussi exprimer leurs attentes.

Lors de cette semaine, ils ont pu assister à une conférence de M. Zhang, l’un des agronomes les plus réputés de l’école chinoise et qui faisait partie de la délégation chinoise en France, venue en juillet 2023. Cette présentation leur apporta les bases du suivi qualité du thé.

Ils participèrent à un chantier de plantation qui leur donna l’occasion d’avoir de riches échanges avec l’un des ouvriers supervisant le travail. Ce dernier leur donna de précieux conseils et explications sur les points clés de la plantation. Il y eut aussi des échanges sur le bouturage.

Pour le travail en salle, ils ont bénéficié d’une découverte de la dégustation normée. Il s’agit d’une procédure technique permettant d’acquérir les bases de comparaison entre différents thés. On leur rappela que la température et la durée d’infusion dépend du type de thé (blanc, vert, noir, oolong). Puis on leur apprit à analyser la couleur de l’infusion, l’odeur, et la forme des feuilles après infusion. Rien n’est laissé au hasard lors de la dégustation !

De retour sur le terrain, ils purent durant deux jours, travailler leur technique de récolte en suivant les instructions de Maître Kong, médaillé national sur le thé vert. Ce grand maître leur enseigna les bons gestes, la bonne posture et comment choisir les meilleures feuilles. Il partagea aussi avec eux tous ses secrets sur les bons équipements à posséder pour récolter manuellement en toute efficacité.

Une fois récolté, il s’agissait désormais de pouvoir transformer les feuilles. Le focus fut mis sur le thé vert lors de cette première semaine. Maître Kong leur fit travailler à maintes reprises l’étape clé du thé vert qui est la fixation. Elle est d’une grande importance car elle permet de conserver la couleur verte et l’arôme particulier des feuilles de théier. Il a fallu donner de sa personne et mettre les mains dans le wok à 180°C à mains nues pour pouvoir détecter les changements de textures.

« La main du Maître fait 80 % de la qualité. Il doit utiliser tous ses sens pour créer le meilleur thé possible »

Sur ces 2 journées d’apprentissages avec Maître Kong, ils ont pu apprendre 2 techniques de façonnage : la technique longjing (aplatie) et la technique de boucle avec séchage au wok.

La semaine fut aussi ponctuée de plusieurs visites culturelles et professionnels.

Ils purent aller au Musée du thé de l’école et échanger sur les particularités du jardin à la chinoise et la logique de construction avec les enseignants. Lors de cette visite, ils ont aussi pu découvrir différentes variétés et modes de production et de transformation.

Ils ont aussi pu visiter le domaine d’un professionnel. Il leur a ouvert ses portes généreusement et leur a présenté ses techniques d’entretien des arbustes et les machines qu’il utilise. La visite s’est terminée par une dégustation de thé de fleurs.

Il y eut aussi la visite très attendue d’une pépinière de jeunes plants. Ils ont, grâce à elle, acquis les bases sur les techniques de conduite de la culture et de la démultiplication.

Lors de cette semaine, un temps fut dédié à l’échange avec des étudiants. Accompagné de l’animateur du réseau Chine , ils ont pu présenter les filières horticoles et aménagements paysagers de l’enseignement agricole français et ont eu des échanges techniques avec les étudiants du concours de design. L’intervention s’est conclue sur la présentation du plan final combinant les 2 jardins.

Pour conclure la semaine, ils sont revenus, avec Mme Lin Min, sur les réflexions que pose le projet, soit : « comment mener le développement du conservatoire d’Hennebont et dédier des zones à la multiplication, d’autres à la production et à la pédagogie ».

Pour la deuxième semaine de formation, direction le Yunnan, une province limitrophe du Viet-Nam, Laos et du Myanmar.

A leur arrivé, on les conduisit sur le site du berceau de la production de thé en Chine avec ses paysages classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Là encore la semaine fut riche de travaux pratiques, cours et visites.

On les initia aux codes de la cérémonie du thé, avec le « merci » en tapotant sur la table près de la tasse. Puis on leur fit découvrir des thés emblématiques de la province y compris des très grands crus du thé Pu’er.

On leur enseigna, par la pratique, différentes techniques de récolte le matin. Et l’après-midi était consacré à la théorie et la mise en application des techniques de transformation artisanales comme le thé blanc séché au soleil, le thé vert fixé au wok (280°C), séchage au soleil (ou en machine) et enfin le Thé noir roulage manuel et séchage au soleil (ou en machine).

Ils ont pu faire la visite d’une plantation ancestrale avec des théiers de plus de 200 ans menés en arbre avec récolte sur échafaudage. Ils se sont lancés sur la route du thé du Yunnan et ont dégusté des spécialités culinaires locales telle que la guêpe frite.

Ils ont aussi eu des visites professionnelles, des échanges avec des entreprises et fournisseurs spécialisés de machines de transformation et du matériel de dégustation.

 

Enfin, ils ont participé à un festival de thé local et ont pu visiter le musée du thé de Pu’er. C’est forts de deux semaines intenses d’apprentissage que nos passionnés sont revenus en France pour faire évoluer leur projet et partager avec leur communauté éducative et le réseau des établissements agricoles français, tout le savoir qu’ils avaient acquis.

Relire les précédents articles sur les projets de ces partenaires français et chinois sur le thème du thé.

Un thé chinois à la française

Epure et tradition, naissance d’un jardin international

Rédaction : Marine Chotard, Max Monot, Arnaud Billon

Contact : Max Monot, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole : max.monot@educagri.fr




Jumelages franco péruviens

6 jeunes étudiants péruviens, en stage découverte dans 3 établissements de l’enseignement technique et agricole français, illustrent le jumelages des lycées français avec leur homologue péruviens.

Dans le cadre du dispositif Fonds de solidarité pour projets internationaux innovants (FSPI) porté par l’ambassade de France au Pérou en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire et Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF), sur la thématique des enjeux de l’alimentation durable et de la souveraineté alimentaire, 3 jumelages d’écoles franco-péruviens sont en train de se concrétiser en Nouvelle-Aquitaine.

Les 3 Lycées de l’enseignement agricole : les Sicaudières- Bressuire, Coulounieix-Chamiers de Périgueux et le lycée privée Jean Errecart de St Palais ont accueillis du 19 septembre au 11 octobre 2023 des binômes de jeunes péruviens issus des écoles rurales du MINEDU, Ministère de l’Education Péruvien.

Les 6 jeunes péruviens, accompagnés de leur enseignant, ont vécu leur première expérience de mobilité en territoire français. Ils sont issus de deux régions distinctes, Junin et Piura. Au Pérou, ils suivent une formation agricole axée sur les productions animales et végétales. L’immersion dans les établissements agricoles français leur permet de mieux appréhender le monde agricole et de découvrir les formations de l’enseignement agricole technique et supérieur français dans les domaines de la production animale, végétale et de la transformation. La pratique sur les exploitations des établissements, les visites techniques en lien avec l’alimentation durable et la souveraineté alimentaire ainsi que les visites touristiques territoriales et la participation à des cours sont une ouverture pour acquérir de nouvelles compétences enrichissantes. Ils partageront assurément à leur retour leurs expériences avec toute leur communauté.

Ces échanges ont positivement impacté la communauté éducative des établissements français et  ont déclenché de futures mobilités de jeunes vers le Pérou.

Contact : Magali Loupias, animatrice du réseau Amérique Latine – magali.loupias@educagri.fr




Des jeunes colombiens en immersion

20 jeunes étudiants colombiens en stage découverte dans 11 établissements de l’enseignement technique et agricole français

Dans le cadre de partenariats franco-colombiens, signés depuis 2016 entre les lycées agricoles du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire et des centres éducatifs du Service National de l’Apprentissage en Colombie, 20 jeunes étudiants de familles défavorisées  et issus d’établissements du SENA de diverses régions colombiennes, sont accueillis un mois du 13 septembre au 13 octobre 2023. dans plusieurs lycées français de différentes régions (Centre, Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France, Nouvelle-Aquitaine).

Les LEGTA* des 6 régions et un viticulteur béarnais ont manifesté leur intérêt et leur engouement pour cet accueil qui a lieu pour la troisième fois.

* LEGTA de Fontlabour à Albi, Subdray à Bourges, Auzeville à Toulouse, Capou à Montauban, Nevers Cosne Challuy, le Valentin à Valence, Montmorot, Le Buat à Maule, MFR de Dax Oeyreluy , Théza à Perpignan

C’est pour tous les jeunes colombiens la première expérience de mobilité en territoire français. Ils sont en immersion dans les établissements agricoles pour mieux appréhender le monde agricole et découvrir les formations de l’enseignement agricole technique et supérieur français.

Ils réalisent également des exercices pratiques au sein des exploitations pédagogiques des établissements touchant à tous les domaines de la production animale et végétale, en passant par la transformation des produits agricoles jusqu’à la commercialisation.  Ils participent à des visites techniques et touristiques dans le territoire, assistent à des cours, participent aux activités socio-culturelles du lycée et partagent la vie culturelle des  jeunes étudiants français.

Des échanges qui vont impacter la communauté éducative des établissements français et qui vont déclencher dans le cadre de la réciprocité de futures mobilités de jeunes français en BTSA de différentes filières comme ACSE, Production horticole, paysagisme…

Contact : Magali Loupias, animatrice du réseau Amérique Latine – magali.loupias@educagri.fr

 




Une classe connectée à 8 600 km

L’enseignement agricole lance des classes virtuelles franco-colombiennes. Le numérique répond ainsi à une envie d’interculturalité et d’immersion en « effaçant » la distance.

Après le succès des webinaires thématiques de 2020 et 2021, le réseau Amérique Latine-pays du cône andin, a souhaité innover pour la rentrée 2021-2022, avec la conception et réalisation de classes virtuelles franco colombiennes .

Deux classes virtuelles ont vu le jour en octobre et décembre 2021. La première sur la vie quotidienne dans un lycée agricole en France et en Colombie et la deuxième sur les traditions et us  à l’approche des fêtes de fin d’année.

Coté français, 5 établissements agricoles ( les EPLEFPA de l’Oise de Beaune, de Brive, de Bourges et de Ste Livrade s/lot ) se sont engagés dans ce projet, et côté colombien, 2 centres SENA de Buga et Tulua, ainsi qu’un centre de l’éducation nationale de Buga.

Un pont de 8 600 km

Au total, une soixantaine de jeunes français issus des formations de l’enseignement général et technologique agricole ont pu échanger en langue espagnole, et en immersion, sur la culture de chaque pays. Une fois les timidités dépassées, les échanges furent riches en enseignements, en apprentissages et en émotions.

La méthodologie s’articule autour de 3 temps sur la plateforme de vidéoconférence : un temps de présentation en plénière, un deuxième temps en groupe classe composé d’élèves français et colombiens pour débattre, échanger sur la thématique et un troisième temps, à nouveau en plénière, sur les ressentis et vécus de chaque groupe classe.

La pratique de la langue en situation réelle, l’interactivité et l’interculturalité sont des apports pédagogiques indéniables pour les élèves.

Ouverture sur de nouvelles thématiques

Au vu de l’impact positif sur les jeunes, il a été envisagé de poursuivre et de développer ces classes virtuelles au cours de l’année 2022.

Aussi, le 17 mars 2022 aura lieu la troisième classe virtuelle sur la thématique du développement durable.

Les élèves auront à présenter une production sur leur définition d’une culture agricole, d’une exploitation agricole, un jardin, un parc, un service DURABLE pour pouvoir ensuite confronter les points de vue.

Les classes virtuelles : un rendez-vous à ne pas manquer !

Contact : Magali LOUPIAS, animatrice du réseau Amérique Latine – Pays Andins, magali.loupias@educagri.fr