Chercheurs et agriculteurs français parlent aux Australiens

Un groupe d’agriculteurs et de chercheurs français a partagé ses premières initiatives agroécologiques pour répondre aux enjeux à l’horizon 2030 et en terme de bien-être animal auprès d’un public d’institutionnels et de professionnels australiens.

Vincent Hébrail, Conseiller aux affaires agricoles – Australie

Le Conseiller aux affaires agricoles basé en Australie, a organisé le 13 septembre 2023 un événement hybride au sein de l’Ambassade, visant à promouvoir auprès des Australiens les démarches de groupes d’agriculteurs en France, comme moteurs d’atteinte des cibles de durabilité : réduction du recours aux intrants, amélioration de la santé du sol, meilleure prise en compte du bien-être animal, résilience par l’ajout de valeur…

L’événement, qui s’est tenu à la Résidence de l’Ambassade et virtuellement, a été ouvert par les Ambassadeurs de France et de l’UE en Australie.

Gabriele Visentin, Ambassadeur représentant l’Union européenne en Australie

Jean-Pierre Thébault, Ambassadeur de France en Australie

Initiatives vertueuses des agriculteurs

Après une présentation par le Ministère de l’agriculture français sur les réseaux de fermes DEPHY, 30 000 et GIEE, quatre groupes ont pris la parole successivement pour témoigner sur leurs projets et leurs résultats dans différents domaines de l’agriculture, particulièrement sur  la réduction des produits phytosanitaires en vigne en Pays de la Loire, l’agriculture de conservation en polyculture-élevage sous climat océanique en Normandie, ou encore l’amélioration du bien-être des animaux et des éleveurs en région Bretagne et enfin l’ajout de valeur au lait par des pratiques agroécologiques et la constitution d’une fromagerie collective en Auvergne-Rhône-Alpes.

Ils ont présenté leurs pratiques avec une passion et un professionnalisme hautement convaincants pour le public australien, qui rassemblait des représentants du gouvernement fédéral, de l’Etat du Victoria, de la recherche et des filières agricoles ainsi que de l’agence de lutte contre la cruauté envers les animaux.

Analyses côté Recherche

INRAe a ensuite livré un panorama de l’état de la recherche sur le sujet, mettant en avant les indicateurs (dont l’indice de fréquence de traitement), la collecte de données et les méthodologies scientifiques et statistiques soutenant l’analyse de telles démarches. Cela a particulièrement parlé aux homologues australiens, qui ont regretté ne pas connaître de travaux similaires en Australie.

Echanges et faisabilité

Enfin, avant une séance de questions-réponses, l’organisation Agri-futures Australia est intervenue pour décrire la démarche de durabilité du secteur agricole australien, et notamment son objectif de neutralité en émissions nettes à l’horizon 2030.

Si un cocktail a clos l’événement à la Résidence, permettant des échanges moins formels, les questions des participants, en ligne ou présents, ont mis l’accent sur des points clefs. La faisabilité des objectifs du Green Deal européen, en lien avec les aides de la politique agricole commune, mais aussi les technologies digitales (Optidose* en viticulture) utilisées par les agriculteurs français et le développement de l’agriculture biologique en France.

*Optidose® en ligne sur le Web : un outil pour ajuster les doses de fongicides. Un programme qui propose une stratégie de protection du vignoble économe en produits phytosanitaires

L’événement a fait valoir la démarche agroécologique française, soutenue par un effort de recherche de haut niveau, tournée vers la collaboration, ainsi que la conviction française de la nécessité et du caractère réalisable des objectifs de durabilité qu’ont fixés la France et l’UE.

Lire aussi l’article dans la Rubrique International Content : French farmers’ groups talk to Australians

Crédit photographique de l’illustration de tête d’article : photographie MASA, agroforesterie-élevage

Contact : Vincent, HEBRAIL, Conseiller aux affaires agricoles à l’Ambassade d’Australie/ périmètre élargie à la Nouvelle-Zélande, Service économique régional – vincent.hebrail@dgtresor.gouv.fr




INRAE renforce ses collaborations au Japon

En marge du Forum mondial pour la science et la technologie, une délégation d’INRAE s’est rendue au Japon du 28 septembre au 4 octobre 2023, à l’occasion du STS Forum qui réunissait les leaders mondiaux de la recherche.

Philippe Mauguin, président-directeur général d’INRAE et Jean-François Soussana, vice-président en charge de la politique internationale de l’institut, étaient invités au forum où ils ont participé à plusieurs sessions. Un déplacement qui a permis de développer les partenariats de l’institut avec ses partenaires au Japon.

20e rencontre annuelle mondiale de la science et de la technologie dans la société

La 20e rencontre annuelle du Forum pour la science et la technologie dans la société (STS Forum) réunissait le monde de la science à Kyoto du 1er au 3 octobre 2023. Fondé en 2004, le STS Forum réunit chaque année des scientifiques et leaders mondiaux pour discuter des enjeux scientifiques et technologiques auxquels le monde est confronté.

Philippe Mauguin et Jean-François Soussana participaient à cet évènement. Ils ont livré leur regard sur un certain nombre d’enjeux globaux pour la transition des systèmes agroalimentaires face aux enjeux du changement climatique et de la sécurité alimentaire et hydrique.

Jean-François Soussana  est intervenu dans une session consacrée au changement climatique : « Il est urgent de développer la résilience agricole au changement climatique et à la pénurie d’eau qui en découle. Les réponses intégrées nécessitent des changements à grande échelle dans les systèmes alimentaires et la restauration des sols et des écosystèmes dégradés. »

Philippe Mauguin participait également à la 12e réunion des leaders mondiaux des instituts de recherche, le Global Summit of Research Institute Leaders. Il y a évoqué les risques et opportunités de l’intelligence artificielle générative en agriculture, lors d’un échange coprésidé par le RIKEN, l’un des principaux instituts de recherche au Japon pour les sciences fondamentales et appliquées, et le Conseil national de la recherche du Canada, sur les défis posés par ces nouvelles technologies disruptives aux acteurs de la recherche.

« Face aux défis de la sécurité alimentaire, du changement climatique et de la biodiversité, la recherche mondiale doit combiner les leviers de l’agronomie, de la santé des plantes, de la génétique et du numérique pour réussir la transition agroécologique. L’intelligence artificielle générative peut permettre d’intégrer des connaissances très variées et des données massives dans des modèles prédictifs. Mais il faut s’assurer de la qualité des données, de la transparence et de l’ouverture des algorithmes, pour aller vers un « Science GPT » ouvert et piloté par la communauté scientifique internationale.»

Philippe Mauguin au Global Summit of Research Institute Leaders

Le partenariat entre INRAE et le NARO se tourne vers la robotique et le phénotype des plantes pour répondre aux enjeux de la sécurité alimentaire mondiale

La National Agriculture and Food Research Organization (NARO) est l’équivalent d’INRAE au Japon. En marge du Forum, une rencontre bilatérale entre les présidents des 2 instituts de recherche a permis d’acter la perspective de futurs instruments de coopération.

Le premier porte sur la construction d’un futur laboratoire international associé (LIA) sur la robotique, et le deuxième prépare la mise en place d’un réseau international de recherche (2RI) RhizoNet, sur les ressources phytogénétiques et les technologies avancées de phénotypage pour contribuer à la sécurité alimentaire et à la neutralité carbone.

Le 2RI RhizoNet

Rhizonet prévoit d’impliquer plusieurs disciplines portées par les départements Agroécosystèmes et Biologie et amélioration des plantes (BAP) d’INRAE, le NARO ainsi que des partenaires académiques européens aux Pays-Bas et en Allemagne. Il s’agit d’une collaboration scientifique de haut niveau entre des instituts de recherche ayant réalisé des avancées significatives pour le phénotypage du système racinaire des plantes et la sélection végétale.

Il part d’un postulat de départ : les futures stratégies agricoles, pour s’adapter et lutter contre le changement climatique, doivent impérativement tenir compte des caractéristiques morphologiques et physiologiques des systèmes racinaires, leur plasticité et l’architecture génétique des processus qui les régissent. Elles permettraient d’améliorer la captation des ressources dans des conditions extrêmes et de stocker davantage de carbone dans le sol tout en assurant la sécurité alimentaire mondiale.

Le joint-linkage call existant entre INRAE et le NARO a largement contribué à l’émergence de ce réseau par la pérennisation des collaborations de recherche grâce à des financements sur projet. L’objectif final de ce réseau sera de préparer le lancement futur d’un programme de recherche commun sur l’agriculture bas carbone qui travaillera sur l’utilisation des racines des plantes et l’amélioration des cultures pour s’adapter au changement climatique grâce au phénotypage à haut débit des plantes.

Philippe Mauguin, PDG d’INRAE et Dr. KYUMA Kazuo, President du NARO

Les collaborations entre INRAE et le NARO se développent de longue date, les 2 instituts ayant formalisé depuis 2020 un programme de mobilité scientifique croisée (Joint Linkage Call). Les 2 instituts coordonnent ensemble le 2RI Pisi-Net signé en 2023 sur la protection des insectes ravageurs par l’utilisation de techniques biologique. Ce 2RI associe 4 laboratoires INRAE et 2 laboratoires du CNRS du côté français, et 5 laboratoires japonais, du NARO et de l’université de Toyama, de l’université préfectorale de Kyoto et de l’université de Saga. Il a facilité plusieurs projets de recherche communs, sur la lutte contre les pathogènes végétaux à transmission vectorielle et sur la lutte contre les insectes nuisibles à l’agriculture grâce aux symbiotes.

En savoir plus sur les collaborations INRAE-NARO

Atelier scientifique organisé à l’Ambassade de France au Japon le 28 septembre 2023

Ce déplacement aura été l’occasion pour la délégation d’INRAE de rencontrer les partenaires scientifiques de l’institut au Japon grâce à un atelier scientifique organisé à l’Ambassade de France au Japon, qui réunissait des participants du NARO, de l’université de Tokyo et de l’université de Tsukuba. Parmi les coopérations mises en lumière à cette occasion, INRAE collabore avec l’université de Tsukuba au sein du LIA FREQUENCE signé en 2019 sur la biologie du fruit face au changement climatique et associant l’université de Bordeaux. Il offre aux étudiants la possibilité d’obtenir un master international en co-dipôme. Des scientifiques INRAE sont impliqués dans l’enseignement du programme.

Le laboratoire international associé (LIA) FRuit QUality under Changing Environment – FreQUenCE s’intéresse à la régulation et les mécanismes impliqués dans le contrôle du rendement des fruits, de la morphogenèse des fruits et de la composition des fruits. En savoir sur LIA Frequence

Des perspectives de collaboration élargies avec l’écosystème de la recherche au Japon
Visite du laboratoire d’entomologie du RIKEN avec le chercheur Issei Ohshima

Des rencontres ont également eu lieu avec des institutions prestigieuses au Japon comme le RIKEN et l’université de Kyoto. Elles préfigurent de prochains accords-cadres et proposent l’intensification des coopérations sur des domaines de recherche communs.

Ariane Lelah, Rédactrice de l’article : INRAE renforce ses collaborations au Japon en marge du Forum mondial pour la science et la technologie

Crédits photographiques : INRAE – Photo de tête d’article : Global Summit of Research Institute Leaders

Contact : Florent CHAZARENC – Directeur de Recherche Unité REVERSAAL, Chargé de Mission international pour la région Chine, Japon, Corée du Sud – florent.chazarenc@inrae.fr

Pierre  MARIE – Directeur adjoint des relations internationales / Chef par intérim du service mobilité internationale et interculturalité – pierre.marie@inrae.fr




La DGER dans le paysage scientifique mondiale

Retour sur la participation de la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche du Ministère français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire au Word Science Forum en Afrique du Sud du 5 au 9 décembre 2022.

Le World Science Forum s’est tenu à Cape Town  sous le patronage d’institutions prestigieuses comme l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Conseil international de la science (CIS), l’Association américaine pour le progrès de la science (AAAS) et le Conseil consultatif scientifique des académies européennes (EASAC). Comme son nom « WF2022 : Science for Social Justice », ce forum était dédié à la contribution essentielle que la science est appelée à apporter à la création d’un monde plus égalitaire, équitable et juste en ces temps sans précédent, marqués par des défis mondiaux tels que la pandémie de COVID-19, le changement climatique et la pauvreté persistante. Au total, ce sont 5 sessions plénières, 40 sessions thématiques et des évènements parallèles, au cours desquels il a été discuté de la manière dont la production et l’application de nouvelles connaissances pourraient et devraient défier l’inégalité, l’injustice, la destruction environnementale et la marginalisation. La DGER-MASA a activement participé à 3 de ces évènements.

14ème Assemblée Générale de l’Académie Africaine des Sciences

L’African Academy of Sciences (AAS) est une organisation panafricaine apolitique et à but non lucratif dont le siège est à Nairobi et qui a conclu un accord d’hébergement avec le gouvernement du Kenya. La vision de l’AAS est de voir des vies transformées sur le continent africain grâce à la science. C’est la seule Académie continentale en Afrique qui bénéficie du soutien et de la reconnaissance de l’Union africaine, ainsi que de plusieurs gouvernements et partenaires internationaux majeurs.

Elle organisait, en marge du World Science Forum, sa 14ème Assemblée Générale et a invité la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche à délivrer un discours lors de la session d’ouverture de cette AG. Représentée par la Directrice Adjointe du F’SAGRI, la DGER a réaffirmé ses priorités en terme de coopération en soulignant notamment les nombreux projets actuellement en cours en Afrique mais aussi exposé sa vision d’un continuum Recherche – Innovation – Enseignement, incitant les chercheurs à partager plus largement les résultats de leurs recherches pour en faire profiter la société civile.

1ère Assemblée Générale de TSARA

Neuf mois après son lancement au Salon international de l’agriculture 2022, la première assemblée générale de l’initiative TSARA (Transformer les Systèmes Alimentaires et l’agriculture par la Recherche en partenariat avec l’Afrique) s’est tenue le 5 décembre à Cape Town en Afrique du Sud. Elle pose la première pierre de sa mise en œuvre avec ses 19 membres français et africains, issus de 11 pays, ainsi que d’autres participants. En marge du World Science Forum 2022, cette réunion organisée par INRAE, le Cirad et l’Agricultural Research Council (ARC) en présence de délégations de haut niveau, a été l’occasion de mettre en place la gouvernance et d’établir le calendrier opérationnel de l’initiative internationale. L’initiative TSARA a l’ambition de renforcer les coopérations de recherche en partenariat pour promouvoir une agriculture, des systèmes alimentaires et des paysages agricoles, pastoraux et forestiers durables. Cette initiative est au service de multiples enjeux en Afrique, et au-delà en Europe et dans le monde, sur des sujets tels que la sécurité alimentaire, la lutte contre le réchauffement climatique, le renforcement de la biodiversité, la santé des hommes, des animaux et des écosystèmes ainsi que l’emploi des jeunes et l’équité femmes-hommes.

Cette première assemblée générale a été l’occasion de doter l’initiative TSARA d’une gouvernance: un secrétariat opérationnel constitué de 12 institutions, 10 africaines et 2 françaises, représentant une grande diversité géographique. La présidence sera assurée sur la base d’un binôme d’instituts co-présidents, le Cirad et l’ARC en 2023 puis INRAE et ISRA par la suite. Mais elle a aussi permis à chacun des 8 groupes thématiques (les sols, l’eau et la forêt sous contrainte de changement climatique; la transition agroécologique de l’agriculture et de l’élevage; la durabilité des systèmes alimentaires; la santé des hommes, des animaux et des paysages; le travail et l’emploi) de présenter l’état d’avancement de leur travail, permettant de fonder la trame de l’agenda scientifique de TSARA et de son plan d’actions 2023-2025.

« CHALLENGES OF URBANIZATION : FOOD SECURITY IN AFRICA »

Cette session était dédiée au défi que représente la sécurité alimentaire en Afrique, continent en proie actuellement à une urbanisation grandissante. En effet, les villes africaines connaissent l’un des taux de croissance démographique les plus élevés au monde. Selon les Perspectives de l’urbanisation mondiale des Nations Unies, le nombre d’habitants de l’Afrique, qui s’élève à 1,1 milliard, doublera d’ici 2050. Les zones métropolitaines seront à l’origine de 80 % de ce développement, et de nombreuses personnes vivront dans des établissements informels. De nombreux problèmes découleront de ce degré d’expansion, notamment la surpopulation urbaine, la pauvreté croissante et le délabrement des infrastructures. Plus important encore, le déclin de la population rurale affecte la capacité des communautés à répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels de base des populations urbaines.

Lors de cette session a été discutée une nouvelle perspective de la sécurité alimentaire, une perspective qui met l’accent sur sa disponibilité, son accessibilité, son utilisation, sa stabilité, son agencement et sa durabilité. Cette nouvelle perspective devrait contribuer au développement durable aux niveaux local, national, régional et international. Pendant cette session, la Directrice Adjointe du F’SAGRI a présenté la contribution de la DGER à ces réflexions au travers des nombreuses activités de coopération en Afrique, citant notamment l’initiative TSARA et le F’SAGRI. Elle a illustré ses propos en évoquant le projet proposé par le F’SAGRI ‘Initiating Food Sovereignty in South African Township’, visant à développer un circuit de distribution alimentaire local, durable, s’appuyant sur les petits agriculteurs issus des communautés. De nombreux échanges fructueux, portant notamment sur les demandes de nouvelles universités pour rejoindre le F’SAGRI, ont suivi les présentations.

La place de la DGER réaffirmée

Au cours de cette semaine à Cape Town, la Direction de l’enseignement et la recherche du MASA a montré la valeur de sa contribution dans le paysage scientifique mondial. Au travers de ses nombreuses coopérations sur le territoire africain, elle propose sa vision en réponse à des problématiques universelles dont l’urgence ne fait plus doute, en contribuant à la justice alimentaire notamment.

Cette semaine a aussi été l’occasion pour le F’SAGRI de plaider pour une science impliquant les universités historiquement défavorisées. Au cours de ses différentes interactions, la Directrice Adjointe a reçu les demandes de 3 universités pour rejoindre l’institut, portant leur nombre à 7 et étendant la zone d’influence de l’institut sur 4 provinces sud-africaines.

Photo de tête d’article : Représentants des 12 institutions (10 africaines et 2 françaises) de la gouvernance de l’initiative TSARA lors de sa première assemblée générale.

Contacts :

Séverine JALOUSTRE, Adjointe au Directeur, F’SAGRI – French South African Agricultural Institute – severine.jaloustre@ul.ac.za

Rachid BENLAFQUIH, chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




France-Japon, défis agricoles communs

Une délégation du ministère japonais de l’agriculture, de la forêt et des pêches s’est rendue à Paris du 1er au 3 juin à l’occasion du 7e groupe de travail agricole franco-japonais. Les deux pays ont pu échanger sur les enjeux communs rencontrés par le secteur agricole et agroalimentaire, revenir sur les coopérations fructueuses entre nos deux pays en matière agricole et faire le point sur les négociations en cours dans le domaine sanitaire et phytosanitaire.

La visite en France de Mme Yutaka ARAI, vice-ministre chargée des relations internationales au Ministère japonais de l’agriculture, de la forêt et des pêches a permis d’intégrer le 7e édition du groupe de travail agricole franco-japonais, initié en 2014 et qui, depuis lors, s’est réuni régulièrement. Mme Valérie METRICH-HECQUET, Directrice générale de la performance économique et environnementale des entreprises, Mme Valérie BADUEL, Directrice générale de l’enseignement et de la recherche et Mme Emmanuelle SOUBEYRAN, Cheffe des services vétérinaires, ont accueilli la délégation japonaise et fait le point sur les nombreux enjeux communs et les coopérations entre nos deux pays en matière agricole.

Des politiques agricoles face à des défis communs

Parmi les nombreux sujets d’échanges, figuraient les effets de l’invasion de l’Ukraine par la Russie sur les secteurs agricoles en France et au Japon et les aides mises en place de part et d’autre pour y faire face. Les effets du conflit sur la sécurité alimentaire mondiale ont également été abordés, ainsi que les actions européennes à ce sujet, en particulier, avec l’initiative FARM qui a pour objectif de prévenir les effets désastreux de la guerre menée par la Russie en Ukraine. L’action japonaise a été évoqué à travers la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, dont la 8e édition se tiendra en août 2022. Les deux ministères ont également échangé sur leurs stratégies respectives en matière de mise en place de systèmes alimentaires durables.

Un dialogue soutenu, des coopérations suivies

A la suite de la déclaration conjointe franco-japonaise sur les régimes alimentaires équilibrés publiée en septembre 2021 à l’occasion du sommet des Nations-Unies sur les systèmes alimentaires, les deux ministères ont réaffirmé leur volonté de poursuivre leur coopération dans le domaine de l’éducation à l’alimentation et de la promotion de nos cultures gastronomiques.

Cette réunion a également permis d’effectuer un bilan des deux premières années du programme de coopération dans l’enseignement agricole conclu en 2019 entre les deux ministères, et d’évoquer les perspectives et projets de l’année à venir portés par les élèves engagés. 16 lycées agricoles participent côté français et 18 établissements côté japonais. En dépit de la situation sanitaire, de nombreux échanges à distance et projets communs ont pu voir le jour et les deux pays ont réaffirmé leur volonté de poursuivre et développer ces échanges fructueux.

Une coopération exemplaire en matière de surveillance des épizooties

Les représentants des deux ministères ont aussi fait le point sur les négociations en cours dans le domaine sanitaire et phytosanitaire : contrôles sur les produits importés en provenance des préfectures de la région de Fukushima, dont le réexamen est prévu en juin 2023 par la Commission européenne, et négociations de reconnaissance du zonage en cas de foyers épizootiques. Les ministères ont notamment pu se féliciter de la bonne coopération entre services français et japonais et de la mise en œuvre efficace de l’accord de zonage sur l’influenza aviaire hautement pathogène conclu en 2018, qui permet aujourd’hui de maintenir les exportations de volailles depuis les départements indemnes.

Les deux ministères se sont également engagés à poursuivre les négociations actuellement pour un accord de zonage similaire pour la peste porcine africaine, en vue d’une conclusion rapide.

Enfin, les deux parties ont souligné leur intérêt d’adopter des certificats sanitaires électroniques, déjà en cours de déploiement en Europe et dont l’utilisation simplifie les procédures pour les exportateurs.

Au cours de son séjour européen, la délégation japonaise conduite par la vice-ministre Yutaka ARAI a également eu l’occasion de rencontrer les services de la Commission européenne (DG-AGRI) et d’aborder des sujets variés lors de visites de terrain à Orléans (laboratoire de l’INRAE travaillant sur les sols), Reims (Laboratoire FARE de l’INRAE travaillant sur les biomatériaux) ou la protection des indications géographiques (Comité interprofessionnel du vin de Champagne).

Photo : Jean Quellier / agriculture.gouv.fr