TEA TIME pour la France et la Chine

Le 24 mars 2022, pour la première fois, le réseau Chine de l’enseignement agricole, le Centre Franco-Chinois de formation agricole et l’institut technique professionnel agricole de Jurong ont réuni les acteurs de l’enseignement et de la profession des deux pays afin d’échanger autour de leurs projets de coopération.

Près de 200 participants se sont connectés pour suivre les présentations, participer et prendre part aux échanges entre les deux pays. Il s’agissait pour la plupart de représentants d’établissements et d’entreprises chinoises et françaises. Côté français, les établissements d’enseignement agricole étaient au nombre de 8 : Saint-Lô Thère, Coutances, Evreux, Hennebont, Bressuire, Tarbes, Hasparren et Nantes.

D’autres acteurs de l’enseignement agricole étaient aussi impliqués, tels que Régis Triollet du réseau thématique Horticulture et Paysages et Stéphanie Dumortier chargée de mission coopération internationale pour la fédération de l’enseignement privé du CNEAP.

Offre de formation chinoise

La première présentation chinoise porta sur les formations dispensées par l’établissement professionnel agricole de Jurong dans le Jiangsu. Ils catégorisent leurs formations selon deux parcours : l’un diplômant, l’autre non-diplômant. Les formations diplômantes concernent des apprenants de niveau BTS, Licence et Master. Deux types de voies sont possibles, initiale ou par apprentissage. Les évaluations portent sur les cours, les techniques pratiques sur la plantation et l’art du thé, des concours (campus, province, national) et des accréditations du niveau de capacité professionnelle (art du thé, testeur). Les référentiels sont construits en concertation avec les acteurs de l’industrie du thé pour répondre à leurs attentes et besoins professionnels.

Les formations non-diplômantes sont proposées en formation continue. Les programmes portent sur des techniques spécifiques : jardin, plantation du thé, traitement du thé noir, savoir-faire sur l’infusion du thé.

Des compléments ont été apportés en présentant la plateforme technique dédiée au thé de l’établissement de Jurong. Ce “parc du thé” s’étend sur 166 hectares. Il comprend un institut de recherche du Jiangsu, qui est spécialisé dans la qualité et rentabilité du thé et de la conduite de projets (5 par an).

Une école propose des formations diplômantes ou certifiantes. Elle est composée de 2 académies sur 2 campus pour élèves et étudiants afin de comprendre et d’expérimenter la culture du thé. Plusieurs centres d’activités sont consacrés aux pratiques techniques : une salle pratique sur l’art du thé, une pour l’évaluation, une de transformation du thé et enfin une dédiée à la dégustation.

Des centres de services technologiques, de recherche de la culture, recherche et développement sont intégrés au campus. Des parcours pédagogiques sur la culture du thé sont adapté aux différentes variétés : « voyage du thé dans la province du Jiangsu ».

L’école chinoise intègre également un hall de transformation et détient des champs de thé sous forme de 6 jardins, élevant plus de 100 variétés de thé.

 

 

 

 

 

 

 

 

La réponse française à la culture de thé

La première présentation française fut effectuée par Arnaud BILLON,  directeur de l’exploitation agricole de l’EPL d’Hennebont. Ce dernier est à l’initiative du développement des formations autour du thé en France. Sa coopération avec un producteur local lui a permis de se positionner en tête de file en France pour tout ce qui est ingénierie de formation et recherches sur les cultivars.

L’établissement est notamment en train de construire un conservatoire du thé. Les plantations ont commencé et se poursuivront en 2022 sur 7000 m² de terrain : près de 7000 plants représentant un peu plus de 100 variétés.  Une implantation en agroforesterie est prévue, ainsi que des implantations de théiers avec alternance de rangées de légumes.

Le projet prévoit la construction d’un parc de l’amitié franco-chinois, il servira de vitrine pour le projet.

Des travaux de recherche sont menés, notamment sur le paillage des théiers qui est une des problématiques fortes des producteurs.

Les expérimentations portent aussi sur des essais de bouturage en agriculture biologique et de marcottage. Le champ de thé créé servira également à la pédagogie et la formation. Les apprenants pourront pratiquer la multiplication les plants et entretenir les parcelles.

Concernant la post-production, la réflexion se tourne sur la filière et les partenariats. Il s’agit d’envisager l’élaboration de nouveaux produits transformés en collaboration avec l’EPL de Pontivy : jus de pomme au thé ou pâté au thé.

La collaboration de l’EPL avec l’établissement de Jurong se concrétisera en plusieurs temps, soit l’élaboration d’un guide du débutant sur l’univers du thé à destination des étudiants et agriculteurs, la poursuite des échanges par des réunions de comité de pilotage du projet (2 fois par an) et enfin la construction d’un module de formation intégré dans les formations diplômantes ainsi que la construction d’un module de formation continue courte pour adultes.

L’intervention chinoise suivante concernait l’établissement professionnel agricole de Suzhou, dans le Jiangsu. Cette présentation s’est attachée à montrer aux participants, la structuration de cette école qui propose des formations dans le thé depuis une quinzaine d’années. Les équipes d’experts mettent en place des programmes d’innovations à destination des étudiants et cela tout en intégrant l’apprentissage moderne au modèle actuel.

Concours de design autour du parc de l’amitié

Puis ce fut au tour de Marine Chotard, chargée de mission du projet thé à l’EPL d’Hennebont, de présenter le concours mis en place par son établissement avec l’école de Jurong.

Ce concours vise à remettre, au centre des échanges, le travail des apprenants. Il s’agit en effet d’un concours de design à destination d’élèves et étudiants en filière – Aménagements paysagers – portant sur le parc de l’amitié franco-chinoise qui sera conçu sur l’EPL

d’Hennebont.

Le jury composé d’enseignants des deux pays désignera les 3 meilleurs projets de chaque pays et une grande finale aura lieu au mois de mai pour désigner le concept gagnant. Les apprenants devront défendre leur vision durant 5 minutes en anglais (en visoconférence).

Tous les participants verront leurs noms inscrits sur une plaque placée dans le jardin et le grand gagnant sera récompensé par des lots de produits des deux établissements.

Début des travaux prévus à l’automne 2022 !

La dernière présentation chinoise fut l’œuvre de l’établissement professionnel et technique de Yangling dans le Shaanxi. Elle se concentra sur l’offre de formation de l’établissement et des travaux qui y sont menés.

La filière thé en France

Le dernier intervenant de cette matinée fut Lucas Ben Moura, producteur de thé et futur président de l’association européenne du thé.

Cet ingénieur agronome de formation a planté, fin 2020, près de 3500 plants sur 0,5 ha dans la commune d’Argelès Gazost en Hautes-Pyrénées. Il a pour objectif de planter 2 ha de théiers. Une vieille grange sera réhabilitée en pôle transformation-vente. Au regard des conditions climatiques et géographiques, il pense se concentrer sur la production de thé noir.

Concernant la structuration de la filière Thé en France, les principaux producteurs se sont réunis sous deux étendards : l’association EuT – Tea Grown in Europe qui est composée de 56 membres européens dont 28 Français et l’ANVPTF : Association Nationale pour la Valorisation et la Protection des Producteurs de Thé Français créé en 2021 et qui compte 25 membres.

Beaucoup de producteurs en France et en Europe ont opté pour des systèmes de production privilégiant des produits de haute qualité sur des superficies d’exploitations restreintes (moins de 10 ha).

Au cours de la visioconférence, les discussions furent nombreuses avec une traduction au fil de l’eau, portant sur les questions de revitalisation rurale en Chine, les concours autour du thé, les référentiels, l’aspect marketing des formations, la mécanisation des cultures, etc…

Suite à ce webinaire, les établissements en France se structurent et se rapprochent des producteurs locaux ou d’autres établissements de leur zone géographique. L’animateur réseau s’engage à faciliter les échanges en venant à la rencontre des établissements intéressés dans les régions du Sud-Ouest et en Normandie afin de faciliter les premiers pas et fédérer les projets de partenariats innovants ou s’inspirant de projets existants.

Toutes les présentations sont disponibles sur Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCSyPj3suivqrW5_ak7jJLcQ

 

Contact : Max MONOT, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr