Une Béninoise vinifie dans le Gers

Le lycée agricole de Riscle a accueilli pour un stage de 6 mois Ornella Sodokpa, diplômée de la Faculté des sciences agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin, en partenariat avec l’Institut Agro de Montpellier et l’ENSAIA de Nancy dans le cadre du projet Biovalor.

Il est 14 heures à l’aéroport de Roissy et Ornella Sodokpa embarque pour rentrer chez elle après 6 mois passés au lycée agri-viticole de Riscle dans le Gers. Elle est venue en septembre 2023 avec l’idée de valoriser les fruits de son pays : ananas, mangue, pomme cajou. Elle rentre avec plein de recettes en tête, une solide expérience de la fabrication de bière, de vin, de produits fermentés divers. Elle a rencontré dans le Gers des passionnés de la mise au point de nouvelles boissons fermentées. Les enseignants de viticulture, Jean-Marc Sarran et François Robert, ainsi que toute une équipe de formateurs engagés auprès des établissements béninois avec à leur tête le proviseur du lycée, Pierre Daran, sont très investis dans la coopération internationale.  Au retour elle compte sur le Pôle Biovalor de la Faculté des sciences agronomiques (FSA) pour développer son entreprise de fabrication de vin, de bières et de jus.

Quand Biovalor rencontre FABéOc

Cette belle histoire, Ornella la doit à plusieurs équipes qui ont su coopérer pour que les étudiants avec des projets de création d’entreprise puissent être formés et accompagnés entre le Bénin et la France. Les lycées de Riscle et de Castelnau-le-Lez travaillaient déjà depuis plusieurs années avec le lycée technique agro-pastoral de Kpataba, près de Savalou, dans le département des Collines au Bénin. Dans cette partie du Bénin, on produit de nombreux fruits, notamment de plus en plus de noix de cajou pour l’exportation. La pomme de cajou est la partie charnue sur laquelle pousse la noix, la plupart du temps, elle est jetée dans les champs et n’est pas valorisée. Des échanges d’étudiants et d’enseignants avaient déjà eu lieu pour tester des idées de valorisation, mobilisant les étudiants et le professeur Joseph Dossou de la FSA. Mais pour que les jeunes béninois puissent mieux se former et valoriser leurs productions il fallait changer d’échelle. Un financement a été obtenu auprès de la région Occitanie par les lycées agricoles de Castelnau-le-Lez et de Riscle pour le projet FABéOc (Formation en Agroécologie au Bénin et en Occitanie), qui a permis notamment d’équiper le lycée de Savalou avec du matériel de fermentation et de production de jus.
Dans le même temps la Faculté des sciences agronomiques du Bénin s’est engagée dans un grand projet avec l’Université de Lorraine et l’Institut Agro pour que ses étudiants puissent être mieux formés en lien avec les besoins des filières de production au Bénin. Ainsi le projet Biovalor s’est attaché à l’analyse des besoins des filières, à réformer les formations, à lancer des recherches, à faciliter les mobilités d’étudiant et l’émergence de start-up.
Alors quand les deux équipes de Biovalor et de FABéOc se sont rencontrées, il est devenu rapidement évident que l’on pouvait proposer un stage à un premier étudiant. Et voilà comment Ornella est arrivée à Riscle ! Elle fait partie de la première promotion des start-up sélectionnées par le village entrepreneurial créé par le projet Biovalor à la FSA. Le Pôle Biovalor de la FSA n’avait pas encore les équipements pour accompagner le projet d’Ornella, et pas identifié de matériel adapté à son projet. Il n’y avait pas non plus de formateur rompu aux techniques de fermentation à la FSA. Alors le projet Biovalor a financé le séjour de formation d’Ornella en France, le lycée agricole de Riscle a mobilisé son expertise en produits fermentés pour imaginer avec Ornella des produits adaptés au marché béninois et a acheté, via le projet FABéOc, les équipements qu’Ornella a pu tester et qui seront envoyés au lycée de Savalou.

Un tremplin pour d’autres start-up

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Maintenant qu’un ensemble cohérent d’équipements adaptés à la formation d’étudiants ou au démarrage de start-up a été testé, Biovalor pourra déterminer s’il équipe aussi sa halle et d’autres établissements au Bénin pourront s’inspirer de la démarche. Les dispositifs service civique ou mobilités croisées pourront prendre le relais des bourses Biovalor à la fin de ce projet, d’autres coopérations pourront se nouer d’autant que les projets de start up ne manquent pas au pôle Biovalor, et que plusieurs lycées agricoles français sont ouverts à la coopération avec des établissements béninois.

Pour découvrir les ressources pédagogiques produites par le projet FABéOc

Retrouvez le projet Biovalor sur LinkedIn

Article proposé par Jean-Luc Bosio, directeur des relations internationales à l’Institut Agro de Montpellier, et Pierre Daran, directeur du lycée agricole de Riscle.

Contact : Vanessa Forsans, animatrice des réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne / ECSI / expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr