Le Lycée Agropastoral de Savalou : du Bénin à l’Occitanie

Dans le cadre du projet FABéOc  porté par les lycées agricoles de Castelnau-le-Lez dans l’Hérault et de Riscle dans le Gers avec un consortium régional multi-acteurs composé de l’Institut Agro Montpellier, du Réseau FAR, de l’AFDI du Gers, de l’association Lafi Bala ainsi que de France Volontaires, un groupe de 4 apprenants du Lycée Technique Agropastoral de Kpataba-Savalou  (Bénin) accompagnés par leur proviseur et un enseignant ont été accueillis dans les 2 établissements d’Occitanie.

Le projet FABéOc (Formation en Agroécologie au Bénin et en Occitanie) s’appuie sur trois objectifs : co-construire des ressources pédagogiques afin d’améliorer les pratiques agroécologiques des formateurs français et béninois ; améliorer et créer des infrastructures permettant l’échange de pratiques et la dissémination des techniques agroécologiques et de transformation ; appuyer le développement des filières “anacarde” et “fruits tropicaux” avec un objectif de durabilité.
Afin de réaliser ces objectifs, des mobilités ont été positionnées, qui permettent de découvrir et comprendre le fonctionnement des établissements et de leurs exploitations agricoles, de mener des expérimentations, de faire se rencontrer les apprenants et les formateurs des deux pays, de produire des ressources de travail et de formation afin de pérenniser les pratiques innovantes en agroécologie dans les filières concernées. Ainsi, un groupe du lycée agricole de Riscle a passé 3 semaines au Bénin en février 2023 et un groupe du lycée technique agricole de Savalou a réalisé une mobilité de 15 jours en Occitanie en novembre 2023. Cette délégation béninoise était composée de M. Jean Didier Bahini, proviseur du lycée, de M. Amamion Hospice, enseignant en technologie alimentaire, de quatre élèves : Oussou Boris, Dagbeto Clautilde, Dossouhoui Elvyre, Adiko Rolande.


Plusieurs réunions de travail ont été menées en amont avec tous les partenaires et deux intervenants, Lucas Dijoux et Emmanuelle Guichet, entrepreneurs sur les réseaux sociaux,  pour la mise en forme des ressources conçues pendant le projet, ils étaient également présents  sur le terrain afin de réaliser les vidéos, interviews, photos et illustrations qui vont être les ressources pérennes pour la diffusion de nos travaux.

Activités réalisées dans les établissements d’Occitanie

À Riscle, le groupe était aussi accompagné par Edia Ornella Sodokpa, première stagiaire dans un lycée agricole français dans le cadre du projet Biovalor, relevant du Partenariat avec l’Enseignement supérieur Africain (PEA). Les deux filières de bac pro du lycée, « gestion des milieux naturels et de la faune » et « vigne et vin »,  ainsi que les apprentis du CFPPA, ont été impliqués dans les activités. Pour la filière vigne et vin, il y a eu la visite du chai, des vignes, au lycée et dans l’entreprise Plaimont, partenaire du lycée, la participation aux vendanges et à la vinification. La filière nature a travaillé sur un site aménagé conduit en gestion durable et labellisé.

 

 

 

 

 

 

À Castelnau-le-Lez, la météo et l’indisponibilité de certains enseignants ont quelque peu perturbé le programme et certaines activités : la récolte de pommes au verger du Domaine de Restinclières et la fabrication de compote ont dû être annulées. Le temps ainsi libéré a été mis à profit pour finaliser les interviews d’apprenants et encadrants dans l’optique d’alimenter la chaîne Youtube et autres supports dédiés au projet FABéOc ainsi que l’illustration des ressources pédagogiques. Mais le groupe a pu bénéficié d’une visite des serres de La Frondaie (exploitation de l’établissement) avec une information sur la lutte biologique intégrée, et rencontrer le groupe des élèves écoresponsables avec lesquels les échanges ont été très intéressants. C’est parmi les élèves de ce groupe que seront sélectionnés ceux qui participeront à la future mobilité de Castelnau-le-Lez à Savalou. Des activités ont de plus été organisées dans le cadre de la semaine « Santé et Développement Durable » avec les classes de première Bac Pro, avec le jeu « Yemoja » sur la problématique des ressources en eau animé par l’association Lafi Bala, la projection débat du film « Toxique Afrique » sur la problématique des pesticides (Festival AlimenTerre) et une autre activité sur la gestion des sols animée par l’association APIEU (Atelier Permanent d’Initiation à l’Environnement Urbain). Une rencontre avec M. Jacques Plan de l’association CODEGAZ a permis de faire émerger des synergies entre le projet FABéOc et un projet de champ-école à Dassa-Zoumé qui permettrait de faciliter l’insertion des jeunes diplômés du LTA de Savalou. La délégation a aussi été reçue par le Maire de Castelnau-le-Lez, M. Frédéric Lafforgue, et son adjoint chargé du développement durable, M. Jean Koechlin. Enfin, la visite d’un jardin partagé sur la commune a permis aux apprenants et encadrants de la délégation d’échanger avec quelques utilisateurs sur les techniques agroécologiques mises en œuvre dans le jardin (association de cultures, plantation et/ou entretien de haies, compost …) ainsi que le lien social et la transmission entre utilisateurs expérimentés et novices.

Création de ressources et leur diffusion

Cette mobilité a été pour une grande part consacrée à la création de ressources pédagogiques et leur mise en forme pour une diffusion sur de multiples supports.

Nous avons constaté que les apprenants français et béninois sont facilement sur les réseaux sociaux (whatsapp, youtube, facebook), que les Béninois parlent parfois plus facilement leurs dialectes que le français, que les Français de nos lycées agricoles sont fréquemment porteurs de handicaps de type « dys » (lexie, praxie, etc). De plus, au Bénin le professeur Joseph Dossou de la Faculté des Sciences Agronomiques d’Abomey-Calavi nous avait présenté des documents illustrés pouvant aussi s’adresser aux professionnels du secteur non lecteurs. Alors, au regard de l’analyse que nous avons de nos apprenants et de nos cultures, il est apparu que nous allions créer différentes ressources accessibles sur divers supports. Et il a donc été décidé avec les partenaires béninois que plusieurs documents de travail seraient des illustrations. Par ailleurs, nous souhaitions tourner des vidéos des phases techniques et professionnelles, en français mais aussi  en dialectes fon et mari. Outre la chaîne YouTube dédiée au projet FABéOc, il a été proposé de créer un biosite qui permettra d’orienter les visiteurs vers les différents supports et leurs ressources (instagram, youtube, plateforme photo, etc). Des ouvrages de type bandes dessinées et manuels de travail illustrés seront également créés.

À l’issue de cet accueil de deux semaines, nous pouvons affirmer que la présence de nos partenaires béninois a animé les établissements et les territoires et permis à beaucoup de personnes de se rencontrer, que ce soit des adultes ou des jeunes. La venue de personnes issues d’un autre pays et porteuses d’une autre culture permet une internationalisation à domicile et favorise la curiosité et l’ouverture d’esprit. Enfin, les échanges techniques, scolaires et professionnels sont un réel déclencheur d’idées nouvelles et de méthodologies innovantes.

Article proposé par Sandrine GUICHET, enseignante au LPA de Riscle (sandrine.guichet@educagri.fr) et Serge MISERICORDIA, enseignant au LPA de Castelnau-le-Lez (serge.misericordia@educagri.fr), porteurs du projet FABéOc.

Contacts :
Jean-Roland ARBUS (jean-roland.arbus@educagri.fr) et Vanessa FORSANS (vanessa.forsans@educagri.fr), animateurs du réseau Afrique de l’Ouest,
Rachid BENLAFQUIH (rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr), chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER.

 




Consortium Erasmus+ Occitanie souffle sa 1ère bougie

Le Consortium EFP Occitanie « Enseignement et Formation Professionnels » vient de fêter son premier anniversaire ! C’est l’occasion de faire un retour sur 1 an de mobilité Erasmus+ pour l’ensemble des membres.

Samuel, Lia et Laura de l’EPL de Toulouse-Auzeville écoutent les explications de leur tuteur, durant leur stage de 3 semaines réalisé en Croatie en avril-mai 2023

Après une année, plus de 200 mobilités ont ainsi pu se concrétiser grâce à ce programme d’échanges.

En 2022, dans le cadre du programme Erasmus+, les 22 Établissements d’enseignement  agricoles de la région Occitanie et l’Ecole Nationale Supérieure de Formation de l’Enseignement Agricole (ENSFEA), porteur du projet, se sont regroupés en consortium dans le but de dynamiser les projets de mobilité dans l’enseignement et la formation professionnels.

Les 5 missions du Consortium EFP Occitanie

Ce projet collectif s’est donné 5 missions principales à remplir, celle de favoriser l’employabilité des jeunes par leur montée en compétences acquises durant une mobilité européenne, également à la professionnalisation et à l’ouverture à l’international des personnels. Ces projets aident à promouvoir l’éducation à la citoyenneté européenne et permettent d’appuyer le principe d’inclusion et de diversité et enfin développent l’engagement de l’enseignement technique agricole dans la stratégie d’ouverture à l’international.

Un boom des mobilités en Occitanie

Plus de 60% correspondent à des mobilités d’apprenants, la grande majorité en formation Bac Pro, qui sont partis, seuls ou avec des accompagnateurs, réaliser des stages dans des entreprises européennes, de 2 à 8 semaines.

S’ajoutent également 40 mobilités de personnels enseignants et administratifs partis échanger et observer des pratiques de travail différentes, suivre des formations linguistiques ou préparer de futures mobilités.

Répartition des mobilités du Consortium EFP Occitanie par type d’activité entre juin 2022 et juillet 2023
Une montée en compétences en matière de projets européens

Ces projets sont réalisés et réalisables grâce à une forte équipe dynamique composée d’une trentaine de référents Mobilité et Coop Inter répartis dans les établissements constitutifs des 22 établissements d’enseignement agicoles régionaux et de la Direction des Relations Internationales de l’ENSFEA chargée de l’ingénierie administrative et financière du Consortium.

Au cours de cette première année, un important travail cohésif définissant le fonctionnement du Consortium via des outils de dématérialisation a été mis en œuvre.

Atelier organisé par le RED sur la préparation au départ, le suivi sur place et la valorisation au retour d’une mobilité

Deux journées de formation, inscrit au Plan Régional de Formation, ont notamment eu lieu à Toulouse en avril dernier avec l’objectif d’échanger, mutualiser et harmoniser les pratiques et outils du Consortium. La DRAAF Occitanie et le Réseau Education à

la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (RED) ont enrichi cette formation de leurs présence et ateliers.

Au programme de cette formation :

  • un atelier sur les étapes dématérialisées sur « Démarches Simplifiées » à effectuer pour organiser un projet de mobilité ;
  • un atelier sur la complétion en groupe et par filière du « contrat pédagogique », un document essentiel du kit de mobilité Erasmus+ qui établit les acquis et activités d’apprentissage en jeu durant la mobilité ;
  • des partages d’expériences et échanges de bonnes pratiques autour des projets déjà réalisés dans le cadre du Consortium.

Atelier organisé par l’ENSFEA sur la présentation et rédaction du contrat pédagogique Erasmus+

Les défis sont encore nombreux à relever : les partenariats entre les EPL et les structures d’accueil européennes sont à consolider, la simplification des mobilités, la consolidation des stratégies de coopération internationale au sein des établissements etc….

Toutefois, le chemin parcouru ces derniers mois par ce jeune Consortium EFP Occitanie est constructif, positif et prometteur, comme en témoigne la présence des 40 apprenants actuellement au-delà des frontières françaises !

Abdallah de l’EPL de Mirande-Riscle au sein d’une exploitation viticole de Tenerife/Espagne en juin 2023 (stage de 3 semaines)

Photo de tête d’article : Une partie des référents Mobilité et Coopération Internationale des Lycées agricoles d’Occitanie réunis à Carcassonne dans le cadre d’une journée d’ateliers, le 06 décembre 2022.

Contacts : Adeline Minot Kohl, chargée de projet de mobilités Erasmus +  relations-internationales@ensfea.fr, Marion Demay, Directrice déléguée Relations Internationales, ENSFEA, marion.demay@ensfea.fr, James Chaigneaud, Chargée de coopération internationale, SRFD- DRAAF Occitanie, james.chaigneaud@agriculture.gouv.fr




L’agroécologie : un apprentissage collectif

Un projet d’envergure pour accompagner la mise en œuvre de dispositifs de formation de formateurs en agroécologie qui repose sur la mobilisation de savoirs endogènes en collaboration avec des chercheurs sénégalais, béninois et togolais.

Dans le cadre de l’appel à projet « Alimentation durable et Agroécologie en Afrique », le projet porté par Jean-Pierre Del Corso, Professeur de sciences économiques à l’ENSFEA, « Accompagner la mise en œuvre de dispositifs de formation de formateurs en agroécologie reposant sur la mobilisation de savoirs endogènes », a obtenu un financement de 150 K€ de la Région Occitanie pour une durée de trois ans. Ce projet rassemble des chercheurs de France (ENSFEA/UT2J) et d’Afrique (Sénégal/Bénin/Togo), mais aussi des enseignants de l’enseignement technique agricole (comme le lycée d’Auzeville) et des acteurs du monde associatif tels que « SOL, Alternatives Agroécologiques et Solidaires ».

Sur quoi porte ce projet ?

Ces dernières années, on assiste à l’émergence de démarches agroécologiques initiées par des collectifs d’agriculteurs en Afrique et en Occitanie. Ces démarches basées sur les échanges et la mutualisation d’expériences entre agriculteurs inaugurent de nouvelles formes d’apprentissages collectifs. Reposant sur des savoirs endogènes (cf. encart), ces apprentissages permettent de soutenir des processus d’innovation tout en limitant les prises de risques techniques et économiques pour les acteurs car les coûts d’apprentissage sont supportés par le collectif.

La diffusion et l’essaimage sur une plus grande échelle territoriale de démarches agroécologiques basées sur des savoirs endogènes butent cependant sur des obstacles socio-cognitifs non négligeables. En effet, l’adoption de pratiques agroécologiques est conditionnée par d’importantes transformations mentales en agriculture : telle que la nécessité d’une rupture avec l’habitude bien ancrée d’utilisation systématique de produits phytosanitaires.

Savoirs endogènes

Par définition, les savoirs endogènes sont très largement inscrits (situés) dans les territoires. Dans les pays d’Afrique subsaharienne, ces savoirs agricoles traditionnels ont jadis joué un rôle déterminant dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes ruraux, avant d’être fortement remis en cause par les programmes d’intensification agricole développés à l’initiative des gouvernements et des organisations internationales. La forte urbanisation et la croissance démographique ont également eu un impact négatif sur la préservation de ces savoirs. Au final, ils ont été souvent déconsidérés, voire en partie oubliés. Ils représentent pourtant des ressources territoriales potentiellement activables pour stimuler des formes d’innovation frugale (Radjou, 2014) en agriculture et soutenir la mise en place de systèmes agroécologiques comme le prouvent les premières réussites d’expériences développées dans les territoires d’Occitanie et d’Afrique subsaharienne. Dans ce deuxième territoire, des fermes écoles agroécologiques récemment créées parviennent, souvent avec bonheur, à réactiver des savoirs et des pratiques agricoles endogènes dans des démarches collectives agroécologiques (voir par exemple : projet Beer Shéba, ActSol, Kaydara, Nguiguiss Bamba et Tolour Keur au Sénégal).

Les dispositifs de formation, et tout particulièrement ceux axés sur la formation des formateurs, sont évidemment des vecteurs potentiellement majeurs pour soutenir de telles révisions des modes de raisonnement et favoriser l’essaimage de pratiques agroécologiques. Pour jouer pleinement ce rôle, les dispositifs en question nécessitent d’être repensés. D’une part, la conception des curricula en termes de compétences semble devoir s’imposer dans la mesure où l’objectif prioritaire est de favoriser la maîtrise par les apprenants de connaissances opératoires et situées, et donc très sensibles aux spécificités des contextes d’application. D’autre part et complémentairement, il s’agit d’associer étroitement les acteurs locaux, détenteurs de savoirs endogènes, à la conception et à la réalisation des formations. In fine, ces évolutions curriculaires doivent permettre de doter les apprenants de compétences appropriées pour impulser et animer des démarches d’innovation collectives et participatives. Si ces préoccupations commencent à trouver une traduction dans les politiques publiques de formation, elles restent très limitées dans la réalité.

Leviers d’une transition

Le projet vise à identifier et promouvoir l’usage de savoirs agricoles endogènes comme leviers d’une transition agroécologique en s’appuyant sur la formation de formateurs.

La conduite du projet s’appuie sur les démarches innovantes d’agroécologie mises en œuvre dans la Région Occitanie et les trois territoires d’Afrique : le Bassin arachidier au Sénégal, la région des plateaux au Togo, le site rizicole de Dokomey au Bénin.

Bassin arachidier au Sénégal

Zone des plateaux au Togo

Site rizicole de Dokomey au Bénin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quels savoirs endogènes sur les 4 territoires ?

La première étape de ce projet a consisté à identifier les savoirs endogènes spécifiques mobilisées dans les quatre territoires d’étude. Pour chacun de ces territoires, l’objectif a été de dresser une cartographie desdits savoirs afin d’identifier des acteurs individuels et collectifs qui en sont détenteurs, mais aussi de repérer des conditions économiques et financières requises à leur déploiement et des freins socio-économiques à leurs utilisations.

12 stagiaires 6 mois ont été recrutés (6 français et 6 africains) pour réaliser ce travail. Au total, 275 entretiens ont été réalisés par un binôme d’étudiants de master pendant une période entre mars et octobre 2022. Ces entretiens ont permis d’identifier 148 savoirs répartis sur les 4 territoires. L’enquête a montré qu’une grande majorité des savoirs identifiés est issue de sources variées, mais provenant essentiellement de l’héritage familial et d’échanges de conseils entre producteurs locaux.

Un futur diplôme international Nord/Sud

La deuxième étape, actuellement en cours, a pour but d’accompagner et mettre en œuvre une démarche d’ingénierie de formation. Cette nouvelle phase du projet ambitieux est structurée en plusieurs étapes, soit l’écriture de curricula de formation par compétences en agroécologie intégrant des savoirs endogènes, la mise en œuvre expérimentale de ces curricula dans 4 centres de formation agricole (ENSA de Thiès / INFA du Togo / Bénin / ENSFEA-Lycée d’Auzeville) et enfin la capitalisation d’expériences à des fins d’élaboration de dispositifs de formation de formateurs en agroécologie.

L’analyse territoriale comparative et le croisement d’expériences entre les différents partenaires durant toutes les phases de réalisation du programme d’actions sont considérés comme des gages importants de la réussite du projet et de sa dynamique.

L’ambition est que ce dispositif expérimental de formation puisse déboucher dans les années à venir sur un diplôme international de collaboration Nord/Sud d’enseignement supérieur de formation de formateurs en agroécologie.

Vers un revalorisation des savoirs endogènes

Prochainement, une plateforme numérique verra le jour sur laquelle seront déposés les principaux « produits » de l’opération. Cette plateforme a vocation à faciliter le transfert et l’essaimage des acquis de cette opération à une échelle territoriale élargie.

Enfin, un séminaire final est programmé pour mars 2025 à l’ENSFEA de Toulouse, qui sera le point d’orgue de ces études pour ouvrir les conclusions aux acteurs de la société civile. Il constituera un moment important pour dresser un bilan du programme d’actions et engager une réflexion sur les innovations à introduire dans les systèmes de la formation agricole, au Nord comme au Sud, pour favoriser une meilleure diffusion de pratiques agro-écologiques reposant sur une revalorisation de savoirs endogènes.

Article proposé par Jean-Pierre DEL CORSO, enseignant à l’ENSFEA, jean-pierre.del-corso@ensfea.fr

Contacts :

Vanessa FORSANS et Jean-Roland ARBUS, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr et jean-roland.arbus@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, chargé de mission coopération Afrique / ECSI / expertise internationale au BRECI/DGER,  rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




FABéOc : Top Départ !

En réponse à l’appel à projet « Alimentation durable et agroécologie en Afrique » de la Région Occitanie en avril 2021, le projet FABéOc, Formation en Agroécologie au Bénin et en Occitanie, a été sélectionné et sera développé entre 2022 et 2025.

Porté par le LPA de Castelnau-le-Lez (34), le projet rassemble des acteurs d’Occitanie au sein d’un consortium : le LPA de Riscle (32), l’Institut Agro Montpellier, le Réseau FAR, l’AFDI du Gers, l’Association LAFI BALA et le GIP France Volontaires. Il bénéficie de l’appui du Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale (BRECI), du réseau Afrique de l’Ouest et du RED (réseau Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale) de la DGER. Les partenaires au Bénin sont la Faculté des Sciences Agronomiques d’Abomey-Calavi et le Lycée Technique Agropastoral de Kpataba-Savalou, ainsi que l’usine de production de jus de Dassa Zoumé.

Avec un budget de 150 000 euros sur trois ans (75 000 financés par la région et l’autre moitié autofinancée par le consortium), le projet FABéOc a pour objectif général le renforcement de capacités en agroécologie grâce à une approche par compétences dans la formation de formateurs de l’Enseignement Agricole Technique, permettant une meilleure inclusion dans la chaîne de valeur de la filière “anacarde et fruits tropicaux” au Bénin (région des Collines).

De la pédagogie à la durabilité

Cet objectif sera décliné en 3 axes. Le premier sera la co-construction de ressources pédagogiques afin d’améliorer les pratiques en agroécologie des formateurs français et béninois.

Un second axe sera basé sur l’amélioration et la création des infrastructures permettant l’échange de pratiques et la dissémination des techniques agroécologiques et de transformation.

Le dernier axe sera consacré à l’appui au développement des filières « anacarde » et « fruits tropicaux » avec un objectif de durabilité.

Le projet engage les équipes pédagogiques des lycées agricoles et permet de fédérer une dynamique d’enseignement. En effet, au lycée agricole de Castelnau-le-Lez, l’enseignant porteur du projet (qui bénéficie par ailleurs d’un tiers-temps coopération internationale) travaille avec sa collègue d’Éducation socio-culturelle (ESC), le directeur de l’exploitation agricole et un enseignant d’agronomie. De même, au lycée agricole de Riscle, l’enseignante qui porte le projet bénéficie depuis la rentrée 2022 d’un tiers-temps coopération internationale, travaille avec ses collègues de viticulture-œnologie, de biologie-écologie, d’aménagement paysager et le directeur de l’exploitation agricole. Chacun des deux établissements a accueilli deux jeunes béninois en service civique pendant l’année scolaire 2021-2022 et renouvelle l’expérience en 2022-2023.

Les partenaires ont constitué un comité de pilotage (COPIL) se réunissant régulièrement en visioconférence pour affiner la méthodologie de travail, faire un état des lieux des dispositifs existants au Bénin et en France et co-organiser les activités.

Diverses activités en présentiel se sont aussi déroulées, tel un échange de trois jours entre apprenants et enseignants des LPA de Riscle et de Castelnau-le-Lez. Ce regroupement a permis aux lycéens du Gers de présenter leurs travaux sur les couverts végétaux, les essais de vinification du jus de pomme cajou (fruit de l’anacardier) réalisés au Bénin et le jus de pomme bio réalisé au lycée de Riscle. Les lycéens de l’Hérault ont présenté leur séjour au Bénin et leurs travaux de fabrication de jus de fruits (ananas, mangue) dans l’atelier de transformation du LTA de Kpataba-Savalou. Cette présentation s’est adressée aux acteurs du territoire impliqués dans le projet et à la presse, en présence également des jeunes béninois en service civique dans les deux établissements.

Une visite de la cave coopérative viticole de Plaimont, partenaire du projet et une dégustation des vins a permis aux partenaires de se rencontrer et d’échanger sur le projet franco-béninois.

Des réunions en distanciel entre acteurs en nombre réduit se sont tenues par ailleurs. Il est apparu que des objectifs communs existent entre le projet FABéOC et le projet Biovalor porté par l’Institut Agro de Montpellier : des moyens seront donc mis en commun afin que le village entrepreneurial prévu au Bénin par Biovalor puisse intégrer des jeunes formés par FABéOC et que des modalités de travail et d’organisation soient établies entre les deux projets, dans les deux pays.

Une délégation de la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) d’Abomey-Calavi inscrite dans le projet Biovalor a du reste visité les installations du LPA de Castelnau-le-Lez en mai 2022. Retour sur l’évènement dans un précédent article

Ces premiers échanges ont permis une meilleure connaissance des partenaires entre eux, humainement et institutionnellement, et les travaux de l’année 1 du projet peuvent se poursuivre avec la formation de groupes de travail sur la co-construction de ressources pédagogiques en agroécologie et l’identification de thématiques à traiter.

Il est convenu qu’une mission du lycée agricole de Riscle, composée d’enseignants et d’apprenants de bac pro et BTSA, se rendra au Bénin, à la FSA et au lycée de Savalou, pendant 3 semaines en février 2023. Ils ont par ailleurs eu l’opportunité d’échanger sur ce projet avec Lidwine Baloitcha, agroéconomiste béninoise, qui est intervenue lors de la tournée du festival Alimenterre en novembre 2022 (sur invitation du CFSI – Comité français de solidarité internationale – suite à une proposition du réseau Afrique de l’Ouest).

En conclusion, il apparaît que le consortium mis en place pour répondre à l’appel à projet permet dès à présent de dynamiser de manière évidente les équipes des établissements agricoles porteurs du projet, de les ouvrir au territoire local comme international et de les amener vers des partenariats et des réflexions plus diversifiés.

Article proposé par Serge MISERICORDIA et Sandrine GUICHET, enseignants porteurs du projet FABéOc – serge.misericordia@educagri.frsandrine.guichet@educagri.fr

Contacts :

Vanessa FORSANS et Jean-Roland ARBUS, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest – vanessa.forsans@educagri.frjean-roland.arbus@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, chargé de mission coopération Afrique / ECSI / expertise internationale au BRECI (DGER) – rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr