Françoise Vanga, un parcours de coopération exceptionnel

Françoise Vanga est une personnalité incontournable de la coopération franco-ivoirienne dans le domaine de l’enseignement agricole. C’est sous la forme d’une interview-portrait qu’elle nous présente son parcours et les étapes importantes des partenariats menés pour dynamiser les liens entre établissements ivoiriens et français, facilitant la mobilité réciproque et en particulier l’accueil de services civiques.

Françoise Vanga, vous êtes ivoirienne, quels sont vos liens avec l’enseignement agricole français?

Actuellement sous-directrice des enseignements à l’Institut National de Formation Professionnelle Agricole (INFPA), équivalent ivoirien de la DGER, titulaire d’un Diplôme d’Étude Approfondie en Écologie Tropicale obtenu en 1992 à la Faculté des Sciences de l’Université d’Abidjan, je suis un pur produit de la coopération internationale entre établissements agricoles !

À titre d’exemple, j’étais membre en 1986 du comité de rédaction des textes officiels du réseau de partenariat des établissements agricoles de France et de Côte d’Ivoire, signé en 1990.

J’ai ensuite eu diverses opportunités de me rendre en France. Ainsi, en 1992 j’ai suivi, à Troyes, un stage de formation à l’utilisation de l’audiovisuel dans l’enseignement de la biologie. En 1999, j’ai été membre de la mission d’étude des systèmes de formation comparés en milieu rural de France et de Côte d’Ivoire dans les Monts du Forez. J’ai pu participer aux Journées de la Coopération Internationale de l’Enseignement Agricole, en 2000 au LPA de Saint Gervais d’Auvergne puis en 2012 à Lyon. En 2000 aussi j’ai été invitée à présenter à Montpellier le cas de l’INFPA lors d’un atelier portant sur l’ingénierie des dispositifs de formation à l’international, en partenariat avec un consortium composé du CNEARC de Montpellier, de l’ENFA de Toulouse et de l’ENESAD de Dijon. En parallèle, pendant la dernière décennie, je me suis rendue chaque année à Paris pour une série d’activités concernant le renforcement des partenariats avec les opérateurs économiques et institutions françaises et européennes dans le cadre du Salon International de l’Agriculture.

Enfin, en 2019, j’ai contribué à la rédaction de la déclaration d’intention de coopération entre la DGER et l’INFPA.

A la DGER en 2009

Au SIA en 2019

2018-2020 : une nouvelle dynamique de coopération franco-ivoirienne

Ces dernières années, la coopération entre établissements agricoles français et INFPA a été particulièrement relancée. Deux délégations de personnels français ont été reçues en Côte d’Ivoire, l’une en mars 2018, l’autre en novembre 2019. Et deux délégations de chefs d’établissements ivoiriens ont été accueillies en France par le réseau Afrique de l’Ouest à l’occasion du SIA en 2019 et 2020.

Ces échanges ont permis l’envoi en stage de formation dans le cadre du service civique de sept étudiants de l’INFPA dans quatre établissements agricoles français en 2018-2019 et cinq en 2019-2020.

Lors du Salon de l’Agriculture et des Ressources Animales à Abidjan (SARA) en novembre 2019, la déclaration d’intention de coopération entre la DGER et l’INFPA a été signée en présence des ministres français et ivoiriens en charge de l’agriculture. Nous avons ensuite reçu dans notre établissement de Bingerville la délégation ministérielle française, et M. le Ministre Didier Guillaume m’a fait l’honneur de me décorer « Chevalier du mérite agricole français ».

2020-2021 : une transition pour le réseau France en Côte d’Ivoire

La dernière rencontre en présentiel entre nos deux réseaux en France, en février-mars 2020, a été l’occasion de faire ensemble un point d’étape. Côté INFPA, on se dit pleinement satisfaits des retombées des mobilités des étudiants ivoiriens en BTS via le dispositif de service civique mis en place entre la DGER et l’INFPA depuis 2018. Sont en particulier à souligner la qualité de l’accueil et de l’encadrement en France.

À noter qu’en terme de sélection des candidats au service civique en France, l’INFPA est extrêmement vigilant à sélectionner les étudiants les plus motivés avec un projet clair et bien construit. L’INFPA est également particulièrement soucieux de ce que les étudiants ivoiriens reviennent en Côte d’Ivoire afin de poursuivre soit leur cursus de formation, soit leurs projets professionnels.

Par ailleurs, France Volontaire assure une préparation au départ appropriée, grâce à son espace du volontariat à Abidjan. L’INFPA souhaiterait ainsi augmenter le nombre de missions de service civique par an, ce qui devait déjà se réaliser en 2020-2021 mais la COVID en a décidé autrement, du moins pour l’instant.

Un autre projet nous tient à cœur : la proposition élaborée par la DGER et ADECIA en réponse à l’appel à projets du Hub franco-ivoirien pour l’éducation lancé par l’ambassade de France à Abidjan. Il s’agit du projet FOSTA (FOrmation Supérieure en Sciences et Technologies des Aliments) qui a pour objectif de diversifier et dynamiser le cursus de formation de l’INFPA en vue de renforcer l’employabilité des jeunes sortants d’une part, et de contribuer significativement à la croissance économique du pays d’autre part. Un projet important donc, qui devrait prendre forme en 2021, sous la houlette de mon successeur…

En effet, animatrice du réseau France en Côte d’Ivoire depuis 1996, je passe désormais le flambeau à Madinan Soro, qui continuera à entretenir au mieux ces liens tissés depuis trois décennies déjà.

Contacts :

Vanessa FORSANS, Jean-Roland ARBUS, co-animateurs du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr, jean-roland.arbus@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Priwétik, Evelyne !

 parcours professionnel ?

Actuellement en poste au lycée de Caulnes (22), je suis référente Erasmus+ depuis 5 ans.

La seconde année, les jeunes ont découvert les exploitations agricoles en participant aux différents travaux pendant 15 jours.

reportage filmé par France 24 : Erasmus+, les élèves européens se mettent au vert

Quelle opportunité vous a amené à intégrer le réseau Russie/Arménie et pourquoi avoir postulé pour une mission nationale d’animatrice de réseau Europe et international de l’enseignement agricole ?

Je suis convaincue que la mise en place de ces échanges est une belle aventure pour les jeunes, pendant laquelle ils découvrent un pays et sa culture mais ils acquièrent également autonomie et maturité.

-vous travailler en tant qu’animatrice ?

Mon expérience est, à ce jour, assez faible et je me nourrie de lecture sur la culture et les sujets plus spécifiques concernant la coopération avec ces deux pays.

Je commencerai par le début en vous partageant mes premières recherches sur quelques formules usuelles pour dire « Bonjour » !

En effet, toute communication commence par un salut : saluer une personne est le premier pas que nous faisons pour rentrer en contact. C’est un code de communication incontournable, une sorte de mot de passe, la clé qui permet de lancer la conversation… et une coopération réussie !

Voici trois traductions pour dire « Bonjour » :

  • Приветик (Priwétik) : bonjour (formule amicale pour une femme)
  • Здрасти (Sdrásti) : bonjour (plus formel et utilisé lors du vouvoyement)
  • сутки (sútki) désigne un tour complet du cadran. Cette formule magique vous permettra de dire bonjour 24 heures sur 24, puisqu’elle signifie littéralement bon moment autour de l’horloge !

« Au revoir»,

Ctésoutyoun (ցտեսություն)

 

Pour en savoir plus sur les partenaires du réseau Russie, consulter la carte des universités agraires de Russie 

evelyne.bohuon@educagri.fr




Namasté, Chantal !

Quel est votre parcours professionnel ?

En quelques mots : après des études en Chimie à l’école du Génie Chimique de Toulouse et à l’Université de Toulouse Paul Sabatier, j’ai été diplômée d’un DEA de Chimie moléculaire et supramoléculaire. Puis, j’ai préparé et obtenu le CAPESA de sciences physiques. J’exerce dans l’enseignement agricole depuis 27 ans les sciences physiques et la biochimie de la seconde au BTS Agroalimentaire. J’ai débuté ma carrière à Limoges les Vaseix, depuis je poursuis à Auch Beaulieu-Lavacant où je coordonne la filière BTSA STA.


Dans quel contexte avez-vous pu aborder la coopération internationale ? sur quel(s)pays ou quelle(s) zone(s) ?

Très vite, je me suis investie dans la coopération internationale. En 2006, j’ai participé à la création de la Section Européenne en baccalauréat technologique. Je suis habilitée par l’Inspection en anglais et dispense des travaux pratiques/cours de DELE en Chimie, c’est une belle expérience. Afin de rendre la section dynamique, j’ai co-élaboré des projets avec les jeunes et organisé des mobilités européennes. De même avec les BTSA, apprentis et scolaires, j’ai co-organisé des mobilités de classe à l’étranger.

J’ai également participé avec les jeunes à un projet agro-puzzle en Grèce dans lequel 5 pays étaient impliqués en 2011.

De plus, au sein du consortium ERASMIP, j’ai effectué une mobilité professionnelle en Croatie en 2015, puis accueilli et intégré sur notre établissement des étudiantes de l’université croate de Knin en stage de Master.

Persuadée que l’ouverture d’esprit des jeunes passe par une mobilité à l’international, j’accompagne les jeunes BTSA dans leur projet de stage à l’étranger (Canada, Espagne, Angleterre).

 

Oeuvre réalisée lors de la semaine d’intégration à Auch en janvier 2020 par les étudiants indiens et français, joli partage !

Après avoir contacté le duo d’animateurs de choc, Jean Christophe Ygrié et Christophe Groell, en 2017, j’initie sur l’établissement auscitain, l’échange d’étudiants avec GB Pant université de Pantnagar, en Inde.

Après avoir rejoint le réseau DEFIAA, j’ai pu intégrer la délégation française de la mission DEFIAA 2 en Inde, accompagnée de Thierry Bizeul, Directeur de L’EPL d’Auch. Ce fut le départ d’un bel échange avec nos amis indiens. Chaque année, nos étudiants participent à l’accueil de jeunes indiens dans notre lycée et certains ont le privilège de partir vivre une aventure en Inde. Ils en reviennent avec des étoiles pleins les yeux et enrichis de cette merveilleuse ouverture d’esprit qui leur est proposée !

J’ai eu l’opportunité de présenter ma candidature à la succession de Jean Christophe Ygrié, en juin 2020, pour co-animer le réseau auprès de Christophe; cette mission me réjouis.


– En quelques mots, quels sont les objectifs que vous allez poursuivre pour le réseau en tant que co-animatrice aux côtés de Christophe ?

L’objectif est de poursuivre les échanges franco-indiens entre étudiants et les représentants des instituts français et indiens dès que la situation sanitaire sera apaisée. Il s’agit surtout de maintenir les liens de coopération avec les référents indiens et français et de les étendre à de nouveaux partenaires.

L’Inde ne se raconte pas, l’Inde se vit. Ce pays de 1.3 milliards d’habitants a un sacré potentiel économique et humain . L’expression « Incredible India » caractérise ce pays en pleine transformation, où l’ascenseur social passe par les études !

Je terminerai par un monument d’une construction remarquable qui m’a particulièrement éblouie, le symbole ultime de l’Amour de l’Inde, patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1983, il s’agit du Taj Mahal !

Dhanyavad !

[Traduction de l’Hindi – Namasté : Bonjour, Dhanyavad : Merci]

Contact des animateurs du Réseau Inde de l’enseignement agricole : chantal.desprats@educagri.fr et christophe.goell@educagri.fr




Ranto, jeune malgache en service civique à Pau

Ranto, jeune étudiant de 22 ans, après avoir décroché une Licence en Gestion de l’environnement à l’université de Soavinandriana à Madagascar, est arrivé à Pau au tout début de l’hiver 2019 dans le sud de la France, au pied des Pyrénées toutes blanches…

Il a passé 6 mois au lycée sur un poste d’animateur du foyer socio-éducatif avec les élèves, les étudiants et les apprentis.

Mais la crise Covid est passée par là et Ranto est toujours parmi nous, dans l’attente de son rapatriement à Madagascar en octobre prochain. Il nous livre quelques réflexions sur son parcours en tant que service civique.

 

Ton expérience de service civique est-elle à la hauteur des attentes que tu avais en arrivant ?

« C’est beaucoup plus que ce que j’imaginais ! Au début, je considérais ça comme un voyage, une découverte, et c’est devenu bien plus ! J’ai évolué, je me suis ouvert aux autres et j’ai pris davantage confiance en moi. En deux mots, j’ai grandi !

Et j’ai également fait beaucoup de progrès en français, même si je le parlais couramment avant d’arriver. »

Comment as-tu vécu la période d’adaptation ?

« C’était un défi qu’il fallait relever. Les deux premières semaines de préparation à Montalivet avec l’association Cool’eurs du monde étaient très bien. Heureusement qu’on a eu ce temps-là. Mais après ça a été compliqué ! Il y avait tellement d’informations à assimiler… Le calcul pour le change de l’euro, les trajets en bus, Internet… Il m’a fallu deux mois pour me sentir à l’aise. Au lycée, j’ai été très bien accueilli, surtout par les profs. Cet accompagnement a tout changé pour moi. Et puis je me suis fait des amis au lycée, aussi bien des élèves de seconde que des étudiants en BTS. »

Quel était ton travail au lycée ?

« Je devais m’occuper de l’animation au foyer et dans le lycée en général. Avant le confinement j’ai pu mettre en place des tournois, des jeux. J’ai présenté la situation sociale, politique et agricole de mon pays dans les classes, en lien avec l’EATDD, et ça c’était vraiment stimulant et dynamique. Malheureusement, je n’ai pas pu organiser une animation avec les migrants pour faire un débat et monter une chorale et mettre en place une semaine « Madagascar »…

C’est une idée qui a germé ici à Montardon et que je suis en train de mettre en œuvre pour mon retour à Mada. »

Quels conseils donnerais-tu au prochain service civique ?

« Tout d’abord de ne pas vouloir trop en faire dès le début ! La barre est haute à chaque fois mais il faut se laisser le temps de l’adaptation. Par exemple, se donner le temps de s’adapter à la

llement de choses à intégrer d’un coup comme par exemple s’entraîner à prendre le bus jusqu’au lycée. Ce serait bien que le lycée prépare un livret d’accueil à lire chez soi avant d’arriver.

Ensuite, il ne faut pas attendre que les jeunes lycéens viennent vers nous, il faut oser aller vers eux et surmonter sa timidité. Surtout, le plus important est de se faire des amis ! »

Armelle ROSMANN, enseignante d’ESC témoigne :

« Nous avons eu la chance cette année d’accueillir Ranto, qui a été présent principalement sur les temps extra-scolaires nous assistant sur les temps d’animation. Il a ainsi accompagné les élèves sur un certain nombre de projets, notamment en Théâtre et en Musique. Il a aussi initié des tournois sportifs. Il s’est adapté très rapidement à notre fonctionnement et a participé activement à la vie de l’association des élèves et étudiants. Ranto a su créer des liens de confiance avec nos jeunes qui ont vu en lui une personne-relais disponible et attentive. Il est aussi intervenu dans les classes afin de faire découvrir son pays, sa culture et rendre compte à travers son regard de nos modes de vie. Il a abordé des points plus précis (développement, agriculture…) à la demande de certains enseignants.

Ces échanges ont été des moments très forts, de découverte, de questionnement pour nos élèves. Madagascar est un pays très éloigné géographiquement mais aussi culturellement, il l’est peut être un peu moins aujourd’hui. Ranto a créé des envies de voyages chez certains, attisé la curiosité et l’envie de savoir, de comprendre chez d’autres.

Ces rencontres sont des temps qui me semblent essentiels afin d’amener nos élèves vers une meilleure comp

réhension et acceptation de notre société et de notre monde. »

Lors des journées réseaux Afrique en janvier 2020