Deux volontaires Togolais au cœur de l’agriculture française

Cherifatou Folega et Pascal Ativon sont volontaires en mission de service civique au Campus agricole de Saint-Gaudens, dans le Sud-Ouest de la France depuis le 15 octobre 2024 et jusqu’en juillet 2025. Cette aventure est rendue possible grâce au partenariat entre le réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale de l’enseignement agricole français et l’Association professionnelle des centres de formation agricole et rurale, France Volontaires et l’Agence Nationale du Volontariat du Togo.

Chérifa et Pascal témoignent de leur mission riche et engagée, une belle expérience !

« Depuis notre arrivée, nous avons été pleinement intégrés à la vie du campus. Nous accompagnons les enseignants lors des travaux pratiques, participons à des sorties pédagogiques et menons des interventions dans les classes sur des thématiques qui nous tiennent à cœur : transhumance, agroécologie, adaptation au changement climatique et développement durable. »

Valoriser le Togo et créer des ponts culturels

Nous intervenons aussi régulièrement dans les classes pour présenter le Togo, ses réalités agricoles, culturelles et climatiques. Nous avons animé des ateliers culturels lors de journées portes ouvertes : perles artisanales, cuisine togolaise, danses traditionnelles, autant de moments forts qui ont permis aux élèves de découvrir notre culture tout en partageant la leur.

Avec le Club Transhumances et Transitions basé au Campus, nous avons organisé une Soirée « Bergères du monde » avec la participation d’acteurs de différents pays pour voir quel rôle occupe la femme dans l’élevage et notamment dans la pratique de la transhumance.

Une mission ponctuée d’événements marquants

Nous avons eu la chance de représenter notre mission et nos valeurs lors de plusieurs salons majeurs.
Dans le cadre de notre engagement au Campus agricole de Saint-Gaudens, nous avons participé au Salon International de l’Agriculture (SIA) de Paris 2025, où nous étions présents sur le stand de la région Occitanie aux côtés de la COPYC (Commission ovine des Pyrénées centrales) et du lycée agricole. Nous avons animé des dégustations d’agneau des Pyrénées, mettant en valeur les produits de notre terroir. Nous sommes également intervenus, avec d’autres volontaires ouest-africains de l’enseignement agricole, sur le stand de la Côte d’Ivoire, pour participer à un side-event organisé par le réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale avec ses partenaires de l’INFPA (Institut national de formation professionnelle agricole) en présence de l’AFD (Agence française de développement), pour échanger autour de l’agriculture, de l’agroécologie et des perspectives d’insertion professionnelle après un volontariat. Nous avons aussi eu un temps d’échange avec une délégation ministérielle de notre pays, avec des représentants de l’ambassade de France au Togo et de la DGER.
Nous avons poursuivi la promotion de l’agneau des Pyrénées lors du Salon de Tarbes, une démarche que nous avons également renouvelée lors du Salon Régional de l’Agriculture à Toulouse.

Nous sommes aussi intervenus à la matinée organisée conjointement par le GIEE Agrivaleur et les étudiants ingénieurs de l’école de Purpan sur 10 ans de pratiques agroécologiques, bilan et perspectives, avec une ouverture sur les enjeux agricoles mondiaux et les pratiques durables, l’occasion de présenter ce qui se passe au Togo.

Créer du lien entre les agricultures d’ici et de là-bas

Dans une logique de coopération concrète, nous avons mis en place des séances en live avec des producteurs agricoles togolais et français avec le GIEE Agrivaleur. Ces échanges directs permettent de comparer les pratiques, de dialoguer sur les réalités de terrain et de favoriser un apprentissage mutuel entre professionnels de l’agriculture des deux pays.

La participation aux regroupements de volontaires internationaux de l’enseignement agricole

Nous avons eu le plaisir de retrouver les autres volontaires togolais, mais aussi des pays voisins, et même des autres continents, à deux reprises.
La première fois, c’était au lycée agricole de Brive au moment de la formation des réseaux Afrique, où Chérifa a été invitée à participer aux côtés d’un représentant de l’AFD à la table ronde « L’Afrique des transitions : quels leviers pour le développement de l’agriculture ? La jeunesse africaine, une opportunité du changement ? Place de la formation et transfert de l’innovation » modérée par Rachid Benlafquih, le chargé de coopération avec l’Afrique et de l’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI) de la DGER.
La deuxième, c’était à Florac, avec les Rencontres du RED, le réseau de l’ECSI de l’enseignement agricole. A cette occasion, nous avons reçu une attestation et notre Open badge de volontaires internationaux de l’enseignement agricole français. Et Chérifa s’est vu remettre le Prix Moveagri du meilleur blog des services civiques 2024.

Une expérience humaine et professionnelle inoubliable

Cette mission est pour nous bien plus qu’un service civique : c’est une expérience de vie.

Chaque jour, nous apprenons, nous partageons, nous grandissons. Travailler aux côtés des équipes pédagogiques, échanger avec les élèves, participer aux événements… tout cela contribue à renforcer nos compétences, à ouvrir notre esprit et à affirmer notre engagement pour une agriculture durable et solidaire.

Retrouvez les témoignages (+ vidéos et photos) de Cherifatou Folega sur Moveagri, grâce auxquels, Cherifatou est Lauréate du Prix Moveagri 2024 du meilleur blog des Volontaires internationaux 

Contacts :
Vanessa Forsans et William Gex, co-animateurs du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale de l’enseignement agricole (BRECI/DGER)
vanessa.forsans@educagri.fr et william.gex@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER/MASA
rachid.benlafquih@educagri.fr

 




Coopérer pour la mécanisation agricole au Togo

Une délégation de l’Agence de transformation agricole du Togo a été accueillie du 12 au 17 mai 2025 dans l’enseignement agricole français pour une mission d’identification de partenaires potentiels en vue de la création et l’opérationnalisation d’une formation de mécanique agricole au Togo.

Le secteur agricole est au cœur de la stratégie de développement du Togo. Pour accélérer sa transformation, le Gouvernement a créé par décret en 2022 l’Agence de Transformation Agricole (ATA). L’ATA, établissement public à caractère administratif, est placée sous la supervision de la Présidence de la République du Togo et sous la tutelle technique du ministère chargé de l’agriculture.
L’ATA a pour objet d’accélérer la transformation structurelle et durable du secteur agricole au Togo. Elle a notamment pour missions d’une part de procéder à l’identification des facteurs de blocage et de mettre en œuvre une intervention systémique visant à lever définitivement ces facteurs de blocage, et d’autre part de promouvoir l’accès des producteurs aux services de mécanisation agricole, avec la mise en place de centres régionaux de mécanisation agricole et le renforcement des capacités des acteurs dans les services de mécanisation.
À ce double titre, l’ATA met en œuvre un programme de conception, opérationnalisation et administration d’une formation technique à la mécanique agricole. L’objectif est de former à la mécanique agricole 400 primo-apprenants (CAP/BAC/BTS) d’ici 2030, qui auront pour mission l’entretien et la maintenance du parc étatique (plus de 150 engins agricoles), mais également du parc privé d’engins agricoles.

Dans ce contexte, l’ATA, avec le Ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique Villageoise, et du Développement Rural du Togo, en lien avec l’Agence française de développement (AFD) et le Service économique régional de l’Ambassade de France à Lomé, ont sollicité l’expertise de l’enseignement technique agricole français, via le réseau CEFAGRI de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER), afin d’appuyer la stratégie du gouvernement togolais dans sa transformation structurelle et durable du secteur agricole.

La délégation, menée par le Directeur général de l’ATA et Conseiller du Président du Togo, composée de trois de ses collaborateurs de l’ATA (un ingénieur agronome, un ingénieur de conception génie mécanique et une technicienne agroéquipement) et deux agents du Ministère en charge de l’Agriculture (un technicien électromécanique et un ingénieur mécanicien de la Direction du développement rural) a été accueillie et accompagnée par le Bureau des relations européennes et de la coopération internationale (BRECI) auprès d’établissements spécialisés en agroéquipements à Ondes, Montargis, Le Mans et Vesoul.

L’objectif général de la délégation était d’identifier et d’évaluer au cours de cette mission en France des établissements d’enseignement technique agricole susceptibles d’accompagner l’ATA dans la mise en place d’un programme de formation à la mécanique des machines agricoles au Togo. Spécifiquement, il s’est agi de visiter quatre établissements représentatifs des formations en agroéquipements afin de mieux comprendre leur organisation, leur fonctionnement pédagogique, institutionnel et opérationnel et de tirer les enseignements nécessaires pour l’adaptation au contexte togolais. Lors de ces visites, la délégation a pu identifier les ressources matérielles, humaines et logistiques dont ces établissements disposent, en vue d’apprécier leur capacité à accompagner efficacement l’ATA dans la conception et la mise en œuvre d’une formation technique en mécanique agricole.
La mission a été articulée autour de deux principales activités : les visites et échanges avec les établissements partenaires potentiels et le partage d’expériences avec les représentants du BRECI/DGER, qui ont accompagné la délégation tout au long du séjour. Ces deux volets complémentaires ont permis d’enrichir les échanges et de renforcer les perspectives de collaboration.

À Innovapôle à Ondes

La délégation a suivi en salle de réunion une présentation du directeur sur les activités de l’établissement et le projet FAAN (Formations agricoles agrivoltaïsme) auquel il participe avec d’autres établissements de la Région Occitanie. Ont suivi les visites des ateliers et de l’exploitation agricole du lycée, des échanges avec des enseignants en agroéquipements et avec le volontaire de Côte d’Ivoire en mission de service civique. Les visites ont également permis d’assister à des séances de formation à la conduite des engins de chantier et à la maintenance des tracteurs en cours dans l’enceinte de l’établissement.

Au Chesnoy à Montargis

Après un accueil par le chef du BRECI, la délégation a suivi la présentation par l’animatrice des réseaux CEFAGRI et Afrique de l’Ouest Afrique centrale. Puis les étudiants de première année du BTSA Génie des équipements agricoles (GDEA) ont présenté leur formation et échangé avec la délégation, avant la rencontre d’enseignants d’agroéquipements et la visite de la halle machinisme, à côté de laquelle se déroulaient des démonstrations d’un constructeur partenaire.

À la Germinière au Mans

Accueillie par l’équipe de direction de l’établissement, la délégation a suivi la présentation du Directeur sur le fonctionnement de l’établissement et plus généralement de l’enseignement agricole. Le référent coopération internationale de l’établissement a amené des élèves de bac pro agroéquipement à parler de leur formation et échanger avec la délégation. Les échanges se sont poursuivis lors des visites des ateliers et de l’exploitation agricole du Campus. Elles ont également permis d’observer des séances de travaux pratiques et de test sur des matériels par les apprenants et le responsable d’atelier agroéquipement.

Au Campus des métiers et des qualifications en agroéquipement à Vesoul

Le directeur de cette entité en a présenté le fonctionnement et les divers projets d’envergure dans lesquels il est impliqué, comme par exemple EVOFIA (évolution de l’offre de formation de la filière des agroéquipements) ou PLAPIMA (plateforme pédagogique innovante des métiers de l’agroéquipement). Les échanges ont également été nourris, autour du robot de traite présenté par le directeur de l’exploitation agricole de l’établissement et bien sûr lors de la visite des ateliers d’agroéquipements.

Perspectives de coopération

Tout d’abord, en réponse assez immédiate aux attentes de la délégation, ce sont plusieurs expertises des établissements de la filière agroéquipements qui vont être mobilisées. L’ATA et le réseau CEFAGRI élaborent de concert une programmation précise des missions qui se dérouleront dès l’été 2025 et jusqu’à la fin de l’année scolaire 2025-2026, avec le soutien financier de l’État togolais puis de l’AFD. Il s’agit, dans un premier temps, de procéder à la remise en fonctionnement du parc de tracteurs immobilisés, ce que réaliseront dès le mois d’août des enseignants des établissements visités, tout en dispensant des recommandations pratiques aux usagers de sorte à ce qu’ils deviennent rapidement autonomes pour les réparations courantes. Ensuite, une autre expertise consistera à étudier et formuler des conseils pour la mise en place progressive d’un atelier de mécanique agricole, voué aussi à être lieu de formation.

En parallèle, des missions perlées d’une ou deux semaines permettront aux experts en agroéquipements de dispenser des séries de cours techniques à la première cohorte de bac pro en machinisme agricole au Togo, dont il s’agit aussi de co-écrire le référentiel. Enfin, le programme de formation EVOFIA propose de réserver des places de stage pour des formateurs togolais qui viendraient ainsi renforcer leurs capacités lors de mobilités dans des établissements techniques agricoles français. Des formations à distance sont également envisagées.
Et outre ces renforcements de capacités, formations, formations de formateurs relevant de la mobilisation de l’expertise via le réseau CEFAGRI, les perspectives de coopérations se tournent vers le développement de partenariats et de mobilités d’apprenants. Ainsi, les établissements français ont la possibilité de proposer des missions de service civique pour des jeunes du Togo pré-sélectionnés par l’ATA puis accompagnés techniquement et financièrement comme les autres volontaires internationaux togolais par France Volontaires, l’ANVT (Agence nationale du volontariat du Togo) et l’Agence du service civique. Ces volontaires passeront la prochaine année scolaire au sein des établissements d’accueil pour des missions alliant animation interculturelle et renforcement des capacités en machinisme agricole, leur permettant à leur retour de s’engager auprès de l’ATA. De même, et avec aussi l’appui du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale, des apprenants français, de BTS TSMA ou GDEA, de bac pro MMA ou Agroéquipements, auront l’opportunité de réaliser leur stage au Togo dans le cadre des activités de l’ATA, stage individuel, ou collectif sous forme de chantier participatif en mécanique agricole avec les apprenants togolais en bac pro.

Enfin, dans la mesure où la vocation de l’ATA va au-delà de son objectif prioritaire qui est la mécanisation agricole, d’autres pistes de coopération se dessinent, telle qu’une éventuelle participation, en partenariat avec les établissements visités disposant d’élevages bovins, d’équipes togolaises au TIEA (Trophée international de l’enseignement agricole) lors du SIA (Salon international de l’agriculture) à Paris en février.

Et à plus long terme, d’autres projets peuvent se monter, par exemple dans le cadre du programme Erasmus+ Capacity Building in the field of Youth in Sub-Saharan Africa.
L’ensemble de ces actions de coopération entre l’enseignement agricole français et le Togo fera l’objet d’une formalisation institutionnelle par la signature conjointe d’un arrangement administratif entre ministères français et togolais.

Contacts :
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER/MASA
rachid.benlafquih@educagri.fr
Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI et co-animatrice avec William Gex du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale de l’enseignement agricole (BRECI/DGER/MASA)
vanessa.forsans@educagri.fr
william.gex@educagri.fr




15 ans de partenariat agroécologique avec Kaydara

« Diakhasso », mot wolof pour signifier mélange, rapprochement et partage : c’est ce qu’ont vécu 16 étudiants en BTSA ACSE au lycée agricole de Figeac avec 25 jeunes sénégalais en formation maraîchage à la ferme-école agroécologique Kaydara, en janvier 2025.

« Notre partenariat avec des centres agroécologiques sénégalais est né en 2010. En 2010, 2011 et 2012 nous avons réalisé les premiers chantiers d’irrigation au goutte-à-goutte sur la ferme école de Kaydara avec un premier groupe d’étudiants. Les initiatives de partenariat ont été malheureusement interrompues par les problèmes d’insécurité au Mali mais avec toujours la ferme intention de reprendre ce partenariat, ce qui a été rendu possible en janvier 2023, avec l’appui du réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole. », raconte Anne Coste, enseignante à Figeac.

En 2023, un groupe d’étudiants de Figeac a réalisé avec les apprenants sénégalais des plantations pour contribuer à sauvegarder la biodiversité locale, recréer un couvert végétal en zone semi-aride et faire la promotion d’arbres qui sont aussi utiles économiquement. En janvier 2025, un nouveau groupe d’étudiants a pu poursuivre le travail engagé à Kaydara et participer également à l’installation d’un jeune sénégalais sur une parcelle mise à sa disposition par la ferme école.

Leur enseignante raconte : « Les jeunes français et sénégalais ont participé ensemble au nettoyage de la parcelle, aux plantations des premiers arbres et au lancement des micro-parcelles de maraîchage. Cela a été l’occasion d’échanger sur les problématiques d’installation mais aussi sur la gestion de la ressource en eau, de l’association de telle ou telle variété, des rotations de cultures, et jusqu’à la commercialisation de leurs produits. Cette expérience mutuelle a été une véritable richesse pour les jeunes français et les jeunes sénégalais, d’autant plus que des temps plus culturels ont été organisés, comme la découverte de la mangrove du Sine Saloum, les matchs de foot franco-sénégalais, l’apprentissage de la lutte sénégalaise, les repas français et sénégalais, les danses… De plus, cette présence au Sénégal nous a permis de mener des entretiens de motivation pour sélectionner nos futurs candidats sénégalais en formation de BTS ACS’Agri, provenant de l’école d’élevage de Saint-Louis. »

Tous les étudiants ont été très touchés par l’accueil chaleureux, qui illustre parfaitement la «Teranga», la tradition d’accueil sénégalaise.
Ils ont ainsi pu découvrir les pratiques agroécologiques concernant la gestion de l’eau, les couverts végétaux, dans un contexte de changement climatique. Par ailleurs, l’observation des conditions d’élevage (petits enclos pour beaucoup d’animaux, animaux attachés, non protégés du soleil, marqués au fer, a suscité des débats au sujet du bien-être animal.

Des rencontres avec l’Université du Sine Saloum (USSEIN), la Dynamique des Transitions Agro-Ecologiques du Sénégal (DyTAES) et l’attaché de coopération agricole à l’ambassade de France (Sébastien Subsol) ont permis de mieux comprendre la place de la ferme-école de Kaydara dans un écosystème de formation et de promotion plus large consacré à l’agroécologie.

Kaydara a été une des premières fermes-écoles à promouvoir l’agroécologie au Sénégal. Elle apporte également une attention particulière au suivi et aux conditions d’installation des jeunes agripreneurs qu’elle forme, en lien avec les communes voisines (notamment via le projet Agri-jeunes, porté par le FIDA, Fonds international de développement agricole de l’ONU).
Depuis la fondation de la ferme il y a bientôt 20 ans, de nombreuses fermes écoles privées du même type se sont établies au Sénégal, sur l’ensemble du territoire. Elles forment des jeunes qui veulent se lancer dans l’agriculture durable et participent très souvent à la plateforme locale multi-acteurs, publics et privés, de la DyTAES, pour contribuer au développement de l’agroécologie dans les territoires.
Au Sénégal et ailleurs au Sahel, l’agroécologie permet non seulement de produire des denrées plus sains mais aussi de restaurer les terres, augmenter les rendements, éviter d’utiliser des intrants chimiques importés et stocker du carbone, en associant arbres et cultures. C’est ce que les étudiants ont pu découvrir sur les différentes parcelles de l’école.

Le lycée agricole de Figeac exprime la volonté de prolonger ce projet d’échange technique et interculturel dans les années à venir. Et c’est ce que souhaite également Gora Ndiaye, le directeur de Kaydara.

Lors de sa rencontre avec l’animatrice du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale et le chargé de coopération Afrique du BRECI en avril, en marge de l’Atelier de capitalisation de la coopération en formation agricole et rurale entre la France et le Sénégal, auquel il a également participé, Gora Ndiaye s’est dit prêt à ouvrir aussi sa ferme-école à d’autres groupes d’établissements agricoles français (comme ce fut le cas par exemple il y a quelques années avec le CFA de Pugnac), ce qui constituerait l’opportunité pour les apprenants comme les enseignants français de renforcer leurs compétences en matière de pratiques agroécologiques.
Kaydara est désormais équipée d’un bâtiment d’hébergement d’une trentaine de places et d’un espace de restauration pour les groupes qui viennent en formation (tels des stagiaires sénégalais de l’USSEIN ou de l’Université de Ziguinchor) ou pour un chantier participatif (pouvant être mené avec des apprenants de l’enseignement technique agricole français).
Le directeur de Kaydara a aussi exprimé le souhait d’un partenariat amenant les jeunes français à passer une partie de leur mobilité sur le site et une partie en campement dans les villages où sont installés les jeunes sénégalais qui ont été formés et accompagnés par la ferme-école Kaydara. Cette initiative permettrait une découverte plus profonde des réalités de ce territoire, d’effectuer des entretiens-bilans, tout en apportant une sorte de reconnaissance aux jeunes au sein de leurs villages respectifs et peut-être ainsi susciter quelques émules en agroécologie.
En outre, la région où se situe la ferme-école, le Sine Saloum, présente une grande richesse naturelle, mise en valeur par le développement de l’écotourisme et l’engagement de plusieurs organismes avec lesquels des partenariats sont aussi possibles par le truchement du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale.

Pour en savoir + sur la ferme agroécologique Kaydara et  sur la DyTAES

Contacts : Vanessa Forsans et William Gex, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale – vanessa.forsans@educagri.fr et william.gex@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER – rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Développer l’apprentissage agricole au Nigéria

François Piperaux, directeur de la Formation Professionnelle Continue et de l’Apprentissage du Lycée agricole de Toulouse Auzeville, a réalisé une mission au Nigéria en janvier 2025 avec pour objectif de partager l’expertise française en apprentissage agricole et d’élaborer un modèle adapté aux spécificités locales.

Dans le cadre du projet WATEA (Woman in Agricultural Technical Education and Apprenticeship), en partenariat avec l’ambassade de France au Nigéria, le Ministère français de l’Europe et des Affaires Étrangères et IITA (International Institute of Tropical Agriculture), l’expert missionné par le réseau CEFAGRI de la DGER a travaillé pendant cinq jours avec des représentants de 7 établissements agricoles nigérians. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à développer l’agriculture et l’économie du pays à travers l’apprentissage.

Cette mission s’est inscrite dans la continuité d’une visite préalable de William Gex, co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest Afrique Centrale de l’enseignement agricole, et Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne et expertise à l’international au BRECI/DGER, qui ont ciblé la mise en place de formation par apprentissage comme un réel levier de développement économique et agricole pour le pays.

Accompagné par Sonia Darracq, conseillère aux affaires agricoles en poste à l’ambassade de France au Nigéria, ainsi que par l’équipe WATEA de l’IITA, François Piperaux a pu échanger non seulement avec des représentants de 7 établissements agricoles nigérians (ABCOAD, ANSPOLY, BUPOLY, ESPOLY, Kwara State Polytechnic, LAUTECH et OYSCATECH)), mais aussi avec certains entrepreneurs agricoles et des représentants de NBTE (National Board for Technical Education).

Il témoigne de cette première expérience en terre africaine.

Comment avez-vous préparé la mission et votre séjour ?

C’était un réel challenge pour moi. Ne connaissant pas grand-chose du pays et le Nigéria étant une zone déconseillée pour les ressortissants étrangers, les préparatifs ont été assez contraignants. D’abord, j’ai dû faire une demande de visa avec des allers / retours à Paris, faire la vaccination contre la fièvre jaune et me faire prescrire des médicaments contre le paludisme avec un certain nombre de préconisations pour le voyage. J’ai également participé à quelques visioconférences de préparation avec le BRECI et les collègues au Nigéria ainsi qu’avec une école nigériane pour commencer à établir du lien et prendre conscience du contexte local. Enfin, j’ai dû établir un programme de formation que j’ai diffusé aux collègues nigérians pour en valider les grandes lignes avant mon arrivée.

Après, comme tout bon touriste qui part pour la première fois en Afrique sub-saharienne, j’ai pris de l’anti-moustique et une moustiquaire de voyage et je me suis lancé pour cette belle mission.

Comment s’est déroulée la mission ?

La mission a été une très belle expérience de vie, du début à la fin. J’ai été très bien pris en charge par les collègues d’IITA et par Sonia Darracq qui travaille à l’ambassade de France et j’ai été accueilli dans un lieu paradisiaque qu’est le campus d’IITA à Ibadan.
Pour ce qui est de la formation à proprement parler, c’était un réel challenge de mener une formation entièrement en anglais avec des personnes dont je connaissais très peu la culture.

Finalement, entrer par les enjeux autour de la formation et de l’éducation sont des thèmes transversaux qui permettent de voir qu’en définitive nos préoccupations ne sont pas tellement éloignées selon les pays, seuls le contexte économique du pays et le mode de vie sont des éléments à prendre particulièrement en compte. La formation a été riche en échanges, en partages et la dynamique de groupe a été particulièrement intéressante. La bonne humeur a aussi été la clé d’une formation dans laquelle tout le monde s’est retrouvé.
Dans les grandes lignes, comme toute formation qui se respecte, nous avons abordé les attentes des participants, puis nous avons abordé les notions de financement, de pédagogie, de certifications et de lien avec les entreprises. Nous avons alterné les modes d’animation entre méthode descendante, travaux de groupes, brainstorming collectif et beaucoup d’utilisation de nouvelles technologies, ce qui a beaucoup plu aux participants.

Pour la petite anecdote, nous avons fait des ateliers interactifs avec des QR codes, le premier jour, je n’avais qu’une personne qui a réussi à se connecter du premier coup en scannant le QR code, le dernier jour, tout le monde y arrivait. C’est assez marrant de voir le décalage entre les modalités pédagogiques que nous avons désormais en France et la réalité d’autres pays comme le Nigéria.

Quel est le bilan que vous faites de cette semaine ?

C’est un très bon bilan. Les participants ont témoigné avoir beaucoup appris pendant la semaine et semblaient prêts à répliquer le modèle de l’apprentissage à leur échelle locale. NBTE qui porte les programmes dans l’enseignement agricole était très impliqué et prêt à adapter les parcours de formation en y intégrant l’approche capacitaire qui nous est chère dans l’enseignement agricole.
C’est aussi un bilan humain très enrichissant, j’ai fait des rencontres de gens incroyables avec qui je pense je vais nouer des relations sur du long terme. En effet, un établissement nigérian est particulièrement prêt à collaborer avec mon établissement de Toulouse autour de thématiques que nous avons en commun.
Humainement encore, les Nigérians m’ont fait un accueil très chaleureux, il y en a même un d’entre eux qui m’a attendu toute une journée avant mon départ à l’aéroport pour m’offrir 3 modèles de Dashikis de couleurs différentes (les Dashikis sont des tenues traditionnelles que les gens portent par exemple le vendredi).
Enfin, le complexe d’IITA à Ibadan est magnifique et l’émulation autour de l’agriculture est très enrichissante. Nous avons visité le campus le mercredi, et nous avons pu tour à tour voir toutes les strates de la recherche, que ce soit dans la transformation du cassava (manioc), la recherche en pisciculture, les méthodes de conservation des graines, le matériel agricole dont ils disposent. Nous nous sommes régalés.

A lire aussi l’article : Watea Nigeria – un tour d’horizon

En savoir plus sur les 7 établissements agricoles nigérians : ABCOAD, ANSPOLY, BUPOLY, ESPOLY, Kwara State Polytechnic, LAUTECH et OYSCATECH

Contact : William Gex, animateur du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale de l’enseignement agricole avec Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr et william.gex@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER,  rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr