L’agroéquipement au service de l’agroécologie

Deux enseignants-chercheurs béninois et sénégalais partagent des pratiques agroécologiques possibles en agroéquipement à l’ENSFEA et lors de leur tournée en lycées agricoles du 14 au 25 novembre 2022.

Cet accueil s’inscrit dans la droite ligne de la mission d’appui réalisée au mois d’août dernier au Sénégal dans le cadre du projet USSEIN « licence Agroéquipement », soutenu par le Campus Franco Sénégalais, l’Institut Agro et l’ENSFEA ainsi que du projet recherche « Afrique-Occitanie » porté par l’ENSFEA.

Cette mission qui avait pour ambition l’identification de pratiques agroécologiques dans le domaine de la mécanisation agricole et les conditions de leur transposition en contexte sénégalais et béninois a permis la visite d’établissements agricoles spécialisés en agroéquipements et des constructeurs de machines agricoles. C’est ainsi que les établissements de Ondes, La Faye de Saint Yriex la Perche, La Germinière du Mans, de Toulouse-Auzeville et de l’ENSFEA ont pu initier ces enseignants à la conduite-réglage de machines, la conception-fabrication mécano-soudée assistée par ordinateur (CFAO), aux Agro-TIC (formation GPS), aux énergies renouvelables (biomasse) et aux outils utilisés en FAB-LAB (imprimantes 3D, découpeuse laser) ainsi qu’aux possibilités offertes par les fermes d’applications pédagogiques.

À Saint-Yrieix-la-Perche avec la directrice de l’EPL  et le responsable des ateliers.

À Ondes en TP réglage de machine avec les professeurs stagiaires.

À Ondes, avec le directeur d’EPL.

À Saint-Yrieix, en TP soudure avec les élèves et l’enseignant d’agroéquipement.

À Saint-Yrieix, en TP CA-DAO avec les étudiants et l’enseignant d’agroéquipement.

Au Mans, en visite de l’usine Claas.

La visite de constructeurs tels que Majar à Carcassonne, La fabriculture à Verdier, l’usine de tracteurs Claas au Mans ainsi que l’usine de méthanisation près de Limoges ont permis également de mieux saisir les problématiques liées aux agroéquipements dans une perspective de Transition Agro-Écologique (TAE).

À Ondes, avec l’enseignant d’agroéquipement.

À Toulouse, en visite historique de la ville avec Philippe Sahuc, enseignant-chercheur de l’ENSFEA.

À Rouillon (Le Mans), en visite de l’atelier avec l’enseignant d’agroéquipement responsable des ateliers.

Au regard des forts besoins en formation exprimés par ces enseignants-chercheurs, une réflexion s’est engagée à l’occasion d’une réunion de bilan de la mission avec le réseau Afrique de l’Ouest et le BRECI (DGER) sur les synergies de ce projet avec les autres actions de coopération actuellement menées à l’échelle des établissements agricoles avec le Bénin et le Sénégal. Parmi les perspectives : la signature de chartes de partenariats pour formaliser la coopération initiée entre les membres de la délégation et les établissements d’accueil.

Article proposé par Guillaume GILLET, enseignant-chercheur en agroéquipement à l’ENSFEA – guillaume.gillet@ensfea.fr

Contacts :

Vanessa FORSANS (vanessa.forsans@educagri.fr) et Jean-Roland ARBUS (jean-roland.arbus@educagri.fr), animateurs du réseau Afrique de l’Ouest

Rachid BENLAFQUIH, chargé de mission coopération Afrique / ECSI / expertise internationale au BRECI/DGER – rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




1, 2, 3 : Côte d’Ivoire !

Trois lycées agricoles français, Châlons-en-Champagne, La Roche-sur-Yon et Vire ont participé début décembre 2022 à une mission de coopération en Côte d’Ivoire accompagnée par les animateurs du réseau Afrique de l’Ouest de la DGER.

Afin d’accompagner les établissements français dans leur partenariat avec des écoles de l’Institut national de formation professionnelle agricole (INFPA) de Côte d’Ivoire, le réseau Afrique de l’Ouest a lancé en mars 2022 un appel à manifestation d’intérêt pour réaliser une mission collective d’apprenants au moment du SARA (Salon de l’agriculture et des ressources animales) qui devait se tenir à Abidjan fin novembre 2022.

La mission proposée a été maintenue, forte finalement de près de 50 participants aux profils variés.

Se sont ainsi retrouvés en Côte d’Ivoire du 3 au 10 décembre 2022, avec les deux animateurs du réseau, le chargé de mission Afrique subsaharienne du BRECI, deux vidéastes professionnels, 10 étudiants en BTSA (STA et APV) de Châlons-en-Champagne avec 3 de leurs enseignants, 3 étudiants en BTSA (TC et GPN) de La Roche-sur-Yon avec la directrice de l’EPL et sa secrétaire générale, et du 3 au 17 décembre 20 élèves de bac pro (CGEA et GMNF) de Vire avec 4 enseignants, en immersion dans les établissements ivoiriens de Bingerville.

Les visites de terrain

C’est en présence du Ministre ivoirien de l’agriculture, M. Adjoumani, ministre d’État, que la délégation française a passé sa première journée en terre ivoirienne ! La rencontre a eu lieu aux environs de Yamoussoukro, sur la route d’Attiegouakro. L’ensemble du groupe a visité une rizière et une unité de décorticage et transformation de riz, puis la ferme piscicole écologique du Bélier, avec quelques travaux pratiques pour les apprenants français et ivoiriens :

Cette journée a permis de mettre la lumière sur la coopération entre la DGER et l’INFPA et a donné l’occasion à la délégation française d’entendre la vision du ministre d’État de l’agriculture et du développement rural (MINADER) sur les enjeux agricoles et alimentaires en Côte d’Ivoire et de mettre l’accent sur l’importance d’une coopération bilatérale franco-ivoirienne conduite d’un esprit de partenariat, de co-construction et de réciprocité. Cette rencontre a donné lieu à la diffusion d’un reportage dans le Journal télévisé de la chaîne nationale RT1 le mardi 6 décembre à 20h.

Une deuxième visite a conduit la délégation française dans une partie du Parc national du Banco. Niché au cœur d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, entre quatre communes (Adjamé, Attécoubé, Abobo et Yopougon), le parc national du Banco, qualifié de réservoir hydraulique et poumon vert de la ville, couvre une superficie de 3438 hectares ! La visite guidée a été l’occasion pour la délégation de découvrir biotopes et écosystèmes ivoiriens et de mesurer la multidimensionnalité d’un parc national en zone urbaine (protection d’un espace naturel, tourisme, formation, sport, culture…) avec les conflits d’usages qui peuvent en résulter.

Également à Abidjan, c’est l’usine de chocolat Cémoi qu’une partie du groupe a pu visiter. Fruit d’un investissement de huit millions d’euros, l’usine africaine de Cémoi, d’une surface de 2 000 m², offre une capacité de production de 10 000 tonnes par an (70 000 tonnes de fèves broyées annuellement). Cémoi s’est fixé comme objectif de faire apprécier le chocolat aux Ivoiriens, avec des produits adaptés aux habitudes de consommation et ambitionne de faire de la Côte d’Ivoire une rampe de lancement pour servir d’autres pays d’Afrique de l’Ouest tels que le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal ou le Togo. Le numéro un du chocolat en France est présent depuis les années 70 en Côte d’Ivoire, première zone de production mondiale de cacao. Le groupe y a implanté en 1996 son usine de transformation de fèves. Il y travaille avec 19 000 planteurs dans le cadre de la joint-venture PACTS, créée en 2009 avec les chocolatiers Blommer et Delfi dans le but de favoriser la culture d’un cacao durable. Ce programme favorise la transmission de bonnes pratiques agronomiques, le respect de la biodiversité, la valorisation et la professionnalisation du monde agricole. Il a conduit à la création de 17 centres de fermentation et de séchage du cacao, en partenariat avec les coopératives, une action qui a permis de maintenir le niveau de qualité des fèves de cacao, la filière ayant été déstabilisée par la guerre civile mais aussi par la concurrence d’autres cultures.

La délégation française a aussi été reçue sur le site de Tiassalé de la Société de Culture Bananière (SCB). La SCB, qui emploie plus de 6 700 personnes en Côte d’Ivoire et couvre 75% de la production ivoirienne de bananes, a instauré une éthique de travail unique dans la région, fondée sur le respect des hommes et de l’environnement, avec une politique de Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) qui a transformé le quotidien de son personnel et des populations locales. La visite de la plantation avec démonstration des étapes de production, notamment en agriculture biologique, et de l’unité d’emballage et d’exportation ont permis de saisir les enjeux sanitaires et phytosanitaires, ainsi que les enjeux économiques, dont ceux liés à l’exportation vers le marché européen.

Ces différents sites de visite constituent autant de lieux de stage potentiels pour les apprenants de lycées agricoles. Et il est même envisageable de former des binômes de stagiaires français et ivoiriens, pour favoriser encore les échanges, croiser les regards sur les gestes techniques.

Un forum sur l’enseignement des transitions agroécologiques

Ce forum s’est tenu dans l’un des établissements de l’INFPA, l’École régionale d’agriculture de Bingerville, et a réuni un peu plus de 150 participants dont une centaine d’apprenants ivoiriens et français. Y étaient également représentés les acteurs du continuum recherche / formation / développement / appui ivoirien (INFPA, Groupe SIFCA, École Supérieure d’Agronomie / INPHB, Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER), Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et Conseil Agricole (FIRCA), AGRIFER, Chambre d’Agriculture, du Club Agro (Groupe Cémoi) ainsi que des acteurs de la société civile (AFDI).

Après une présentation des grandes étapes de la coopération entre la DGER et l’INFPA et du plan EPA2 (Enseigner à produire autrement pour les transitions et l’agroécologie), le forum a pris la forme d’une table ronde dont le modérateur, Rachid Benlafquih (chargé de coopération Afrique subsaharienne au BRECI), a fait dialoguer les divers acteurs mentionnés ci-dessus autour des enjeux de l’enseignement de l’agroécologie en Côte d’Ivoire, des opportunités de l’agroécologie pour le développement, et pour quels acteurs. Une séquence a permis aussi aux représentants de l’École régionale d’agriculture d’Abengourou d’évoquer les suites de la mission FABA (Formation agricole pour la banane plantain en Afrique), ses réalisations et perspectives. Enfin, tous les apprenants français ont présenté des exemples de pratiques pédagogiques en agroécologie vécues dans leurs classes, leurs établissements.

Ce forum a donné l’occasion à la délégation française et aux participants ivoiriens, dont les étudiants de l’INFPA, d’interagir avec les acteurs de la FAR en Côte d’Ivoire ; de mettre en avant la coopération entre la DGER et l’INFPA : ses réalisations et perspectives, notamment sous le prisme de l’agroécologie. De même, une concertation s’est enclenchée entre acteurs de la FAR ivoiriens autour de la thématique de l’agroécologie, formation de formateurs et entrepreneuriat. Il est également important de souligner que le représentant du MINADER a annoncé la mise en place récente d’une Sous-Direction de l’Agroécologie et de l’Adaptation au Changement Climatique.

Des ateliers pédagogiques et des activités interculturelles

Les groupes d’apprenants et leurs encadrants de chacun des trois établissements français ont ensuite mené diverses activités avec leurs partenaires ivoiriens des établissements de l’INFPA situés à Bingerville.

Vivant pleinement au rythme de l’école d’agriculture ivoirienne, entre matchs de foot, pas de danse, séances de tresses et conversations diverses, des groupes franco-ivoiriens se sont constitués pour effectuer des activités liées à leurs domaines de compétences et d’apprentissage, que ce soit en transformation agroalimentaire, en agroéquipement, en élevage ou en aménagement paysager…

 

 

 

 

 

 

INFPA

Contacts :

Jean-Roland ARBUS et Vanessa FORSANS, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest, jean-roland.arbus@educagri.frvanessa.forsans@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, chargé de mission Afrique / ECSI / expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




L’expertise française au service du projet FABA

L’expertise de l’enseignement technique agricole a été mobilisée dans le cadre du projet FABA lors de deux missions en avril 2022 afin d’élaborer des collaborations pédagogiques avec des établissements partenaires ivoiriens et camerounais.

Porté par le Cirad et l’Institut Agro, co-financé par le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères et le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, le projet FABA a pour objectif de développer les formations pour une banane plantain durable en Afrique de l’Ouest et Centrale, à l’attention des producteurs, conseillers et enseignants, afin d’augmenter significativement la production en réponse aux enjeux de sécurité alimentaire, de nutrition et d’emploi, dans une approche innovante, attentive aux jeunes et aux femmes, respectueuse des ressources et du climat et dans la perspective de transférer les acquis du projet à d’autres filières.

Ce projet vise l’intensification agroécologique avec la réalisation de kits pédagogiques en s’appuyant sur des capsules vidéos.

Les deux missions menées par l’enseignement technique agricole s’inscrivent dans l’une de ses composantes, consistant en collaborations pédagogiques de sorte à voir comment les établissements africains partenaires pourraient s’approprier et mettre en œuvre les ressources pédagogiques élaborées dans le cadre du projet FABA.

Enseigner à Produire Autrement pour les transitions et l’agroécologie (EPA2)…

En s’appuyant sur l’expérience acquise dans l’enseignement technique agricole au travers du programme  EPA2 d’une part, et de partenariats forts avec la Côte d’Ivoire et le Cameroun d’autre part, il s’est agi de conduire un travail d’analyse des pratiques pédagogiques actuelles dans 2 établissements partenaires ivoiriens de l’INFPA (Bingerville et Abengourou) et 2 établissements partenaires camerounais du programme AFOP (Akonolinga et Sangmélima) et de co-construire des perspectives d’améliorations permettant de mieux prendre en compte les questions de transitions agroécologiques ou d’intensification agroécologique des productions agricoles dans une perspective de création d’emplois, de soutien à l’entreprenariat et l’installation d’agriculteurs, d’amélioration des revenus et des conditions de vie des populations, et de préservation de leur santé et des ressources naturelles.

… en Côte d’Ivoire…

 

… et au Cameroun

 

 

 

 

 

 

Ce travail s’est concentré en particulier sur les stratégies pédagogiques mises en oeuvre par les enseignants afin de stimuler la réflexion des apprenants à l’occasion par exemple de mises en situations nécessitant l’élaboration de résolution de problèmes en proposant des solutions « innovantes » au regard de problématiques ou défis aussi divers que le besoin de produire sans pesticides, la préservation de la biodiversité au champ et des sols, la maîtrise des risques économiques, climatiques et sanitaires, tout en valorisant les savoirs endogènes.

Il a ainsi paru intéressant de regarder particulièrement comment les enseignants créent (ou pas) de l’interactivité avec leurs apprenants, notamment lors de mises en situations pratiques, en s’appuyant sur des supports d’apprentissage, de démonstration ou d’expérimentation tels que des champs écoles par exemple. Il s’est agi aussi de regarder si ces enseignements sont formalisés par des ressources pédagogiques capitalisables, partageables et transférables.

Ce travail d’analyse mené sur les pratiques pédagogiques en agroécologie en général a vocation à ouvrir des perspectives d’améliorations de cet enseignement de façon transversale et inspirer les objectifs plus spécifiques du projet FABA qui est centré sur la banane plantain.

Dans ce contexte il était également nécessaire de comprendre dans quelle mesure les institutions en charge de l’enseignement agricole contribuent aux transitions agroécologiques et à l’intensification agroécologique (produire plus mais mieux par la réduction d’intrants, en rupture avec les révolutions vertes traditionnelles).

Des ateliers de travail fructueux

La première étape a été de caractériser l’enseignement des transitions agroécologiques dans les établissements partenaires camerounais et ivoiriens.

Pour ce faire, les experts français ont d’abord proposé aux apprenants et formateurs des établissements partenaires un questionnaire d’enquête en vue d’analyser les pratiques pédagogiques. Il s’agissait notamment de s’intéresser à plusieurs séries d’interrogations :

– comment les apprenants sont impliqués dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable,

– comment ils sont mis en situation d’acteurs de leur formation, de l’innovation agroécologique,

– comment ils sont sensibilisés à l’économie sociale et solidaire ;

– comment est encouragé l’enseignement de l’agroécologie au sein des établissements par le renforcement de capacités des formateurs ;

– comment est amélioré le renforcement des capacités des agriculteurs sur la pratique de l’agroécologie dans les exploitations agricoles (éventuellement en lien avec les formateurs / conseillers) ;

– comment est valorisée la production d’aliments sains et durables destinés à tous.

Des échanges, sous formes d’entretiens ou de worlcafé, ont permis de faire émerger les forces et faiblesses, les opportunités et menaces des possibilités d’enseigner à produire autrement au Cameroun et en Côte d’Ivoire.

Les experts – directeur (de l’EPL de Pontivy) et directeurs-adjoints (du LPA de Vire et du LPA de Castelnau-le-Lez), directeur de l’exploitation agricole (du LPA de Vire) – ont présenté le plan EPA2 (Enseigner à Produire Autrement pour les transitions et l’agroécologie) et sa déclinaison dans leurs établissements respectifs en Plan Local Enseigner à Produire Autrement (PLEPA). De nouveaux échanges par groupes (apprenants / formateurs / producteurs) ont alors permis de faire émerger un plan d’actions de ce type pour les établissements partenaires camerounais et ivoiriens. Un point focal a été choisi, et un comité de pilotage constitué, de sorte à mener à bien les actions ainsi définies.

De la pédagogie en serious game

Enfin, un partage d’expérience pédagogique ludique a clôturé les ateliers de travail grâce au serious game Agrochallenges, qui a remporté un vif succès, tant auprès des apprenants que des formateurs, signe d’un réel intérêt pour des ressources et pratiques pédagogiques innovantes.

Paroles d’experts

Frédéric Regourd, directeur-adjoint, et Xavier Baudouin, directeur de l’exploitation agricole du LPA de Vire, témoignent de leur mission d’expertise en Côte d’Ivoire :

« Quelques mots sur notre retour d’expérience…

L’objectif de la mission FABA à laquelle nous avons participé au mois d’avril 2022 en Côte d’Ivoire était de renforcer les capacités des producteurs et d’autres acteurs de la filière banane plantain, pour favoriser l’intensification écologique de la culture du bananier plantain par la construction et la diffusion d’outils et de contenus pédagogiques innovants.

Petit retour en arrière : en tant que responsables d’un établissement d’enseignement agricole, le ministère nous a demandé de mettre en place depuis 2020 un PLEPA (Plan Local Enseigner à Produire Autrement). Cette démarche de travail en équipe a permis d’élaborer une stratégie pédagogique pour favoriser les apprentissages de l’agroécologie.

Dans ce contexte, notre mission FABA en Côte d’Ivoire nous a permis de témoigner et de former nos collègues ivoiriens à la démarche de projet pour la mise en place de séquences pédagogiques.

Notre établissement est partenaire depuis de très longues années de l’INFPA et plus particulièrement l’ESEMV (École de Spécialisation en Élevage et Métiers de la Viande) et l’École Régionale d’Agriculture Sud, à Bingerville. Naturellement nous avons pu les rencontrer en priorité, mais nous avons aussi travaillé avec un établissement situé à Abengourou : l’École Régionale d’Agriculture Est.

Le principe a été de rencontrer l’équipe d’enseignants ainsi que les étudiants, une explication de ce qu’est l’agroécologie a démarré la journée, pour ensuite faire place à des tables rondes et des ateliers qui ont permis de voir les besoins de chacun et faire émerger des axes de travail.

La richesse des échanges et la sincérité des relations ont permis d’élaborer en 2 jours sur chaque site deux plans locaux enseigner à produire autrement : une sacrée performance quand on sait que chez nous la même démarche a pris un an !

Cette expérience a été pour nous très instructive et une réussite ! La coopération internationale trouve ici une application concrète avec des équipes pédagogiques qui parlent d’égal à égal et qui ont les mêmes problématiques au niveau des apprenants.

Nous avons pu planifier de futurs échanges à distance afin de poursuivre le travail engagé, le lien entre les équipes pédagogiques est important et la diffusion commune de films du festival Alimenterre permettra de continuer ce riche partenariat.

Un repas ivoirien à base de banane plantain a aussi été réalisé par nos cuisines du lycée agricole de Vire.

Mais déjà, vite après notre retour, a été élaborée une recette à base de banane plantain par notre atelier de transformation, avec la participation d’une étudiante de l’INFPA en mission de service civique.

Et nous avons un projet de mobilité d’une classe de bac pro à Bingerville fin novembre 2022, avec échanges de pratiques sur « produire autrement pour les transitions et l’agroécologie », notamment à l’occasion du SARA (Salon de l’Agriculture et des Ressources Animales) au cours duquel aura lieu le « Forum franco-ivoirien : agroécologie et enseignement agricole » proposé par le Réseau Afrique de l’Ouest du BRECI/DGER, en partenariat avec l’INFPA.

Prêts pour les prochains échanges 🙂 »

Contacts : Vanessa Forsans, animatrice des réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI de l’enseignement agricole, vanessa.forsans@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Experts français aux côtés des ISEP sénégalais

Étienne Vivier, Inspecteur de l’enseignement agricole, déjà présent lors d’une première mission en février 2022, et Romain Bertrand, Directeur de l’EPLEFPA d’Yssingeaux, ont accompagné l’ISEP de Matam dans la construction de son diagnostic territorial.

Étienne Vivier, Romain Bertrand,  pouvez-vous nous présenter le cadre de votre mission ?

Matam est situé à 600 km à l’est de Dakar. C’est une ville frontière séparée de la Mauritanie par le fleuve Sénégal. L’ISEP de Matam a vu le jour par décret présidentiel le 14 juin 2016. Cet Institut Supérieur se veut un établissement au service du développement de la formation de ressources humaines qualifiées avec un ancrage territorial. Il a pour mission principale de former des titulaires du baccalauréat ou équivalent au grade de technicien supérieur dans 5 domaines de métiers (Agricultutre-élevage-production forestière, Agroalimentaire, Mines, Aquaculture et Artisanat).

En quoi a consisté votre mission ?

La convention cadre signée entre le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) du Sénégal et le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation de la France le 27 juin 2016 a permis de voir émerger un partenariat visant à aider à la mise en place d’ISEP au Sénégal.

Notre mission se situe à un point d’étape clé pour les ISEP : en effet, après avoir mis en œuvre les programmes pédagogiques et les outils de pilotages nécessaires à leur politique de formation, ces établissements débutent un travail de rédaction de leur projet stratégique.

Nous avions donc convenu avec les équipes de Matam que nous pourrions leur apporter un appui méthodologique dans la mise en œuvre de leur diagnostic territorial afin de repérer les éléments de leur écosystème.

Comment s’est déroulée votre mission ?

Un travail préparatoire en visioconférence a permis à l’équipe de l’ISEP de Matam d’établir un questionnaire à destination de leurs partenaires.

La première journée sur place a consisté à faire réfléchir le groupe sur des notions et de s’accorder sur la fonction d’un diagnostic territorial, à savoir : connaître son territoire, ses forces et faiblesses, ses menaces et opportunités, mobiliser les acteurs en fonction de leurs attentes et besoins, éclairer les choix et orienter l’action de l’établissement et enfin instaurer un dialogue avec les partenaires.

Le groupe a ensuite échangé sur le territoire permettant de croiser les regards de chacun.

Les trois autres journées ont été consacrées à la rencontre de partenaires (professionnels, institutionnels et acteurs de la formation) afin d’opérer des entretiens sur site grâce au questionnaire élaboré. Ces visites se sont déroulées dans deux des départements de la Région Matam, à savoir Kanel et Matam. Le troisième département (Ranerou) ayant été visité par les équipes de l’ISEP seules la semaine précédente.

Enfin, la dernière journée a permis aux équipes de l’ISEP de Matam de traiter les données recueillies à partir d’outils que nous avons conçus de sorte à pouvoir mener un travail d’analyse et dégager des axes stratégiques.

Quel bilan tirez-vous de cette mission ?

Au-delà des rencontres professionnelles enrichissantes que nous avons pu faire avec l’ensemble des équipes de l’ISEP de Matam mais aussi de Bignona et Thiès, représentées lors de cette mission, nous avons pu apprécier l’engagement dont font preuve les membres des communautés éducatives de ces établissements. Ils ont la volonté farouche de faire évoluer leurs structures et de répondre au plus près aux besoins de leur territoire. C’est en ce sens que nous avons pu apprécier les points communs que l’on pouvait trouver entre les ISEP sénégalais et les EPLEFPA français.

Propos recueillis par Vanessa Forsans, animatrice des réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI de l’enseignement agricole, vanessa.forsans@educagri.fr

Contacts :

Vanessa Forsans, animatrice des réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI de l’enseignement agricole, vanessa.forsans@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 

Retrouvez l’article précédent présentant la mission d’expertise de diagnostic territorial d’un ISEP au Sénégal, menée en février 2022 par un inspecteur de l’enseignement agricole et le directeur de l’EPL de Roanne :  https://portailcoop.educagri.fr/expertise-internationale-un-chef-detablissement-au-senegal