Rencontres du réseau CEFAGRI

Rencontres de l’expertise à l’international de l’enseignement agricole (réseau CEFAGRI)
 

Dates : du mercredi 15 mai (14h) au vendredi 17 mai 2024 (14h)

Lieu : Lycée agricole La Bretonnière – 77120 Chailly en Brie

 

 

 

Contenu :

 

en remplissant ce bref questionnaire en ligne avant le 25 avril 2024 :

https://pegase.din.developpement-durable.gouv.fr/?_u=XMIEzjjQwvALOCat7nHZ

 

vanessa.forsans@educagri.fr

– Rachid Benlafquih, chargé de l’expertise internationale au BRECI/DGER rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 




WATEA-Nigéria en Saintonge

Dans le cadre du projet Woman in Agricultural Technical Education and Apprenticeship-WATEA, 12 personnels de l’enseignement technique agricole nigérian ont été accueillis en France pour un voyage d’étude, de découverte du dispositif français de l’apprentissage et de la formation agricole.

Le 11 décembre 2023, 6 directeurs et directrices et 6 responsables pédagogiques d’établissements d’enseignement technique agricole nigérians sont officiellement accueillis à la DGER par Marie-Bénédicte Peyrat, sous-directrice de l’Innovation et des Coopérations Internationales, Rachid Benlfaquih, chargé des programmes Afrique subsaharienne et Océan Indien au Bureau des relations européennes et de la coopération internationale et William Gex, animateur du réseau Nigéria. Ces derniers les ont ensuite accompagnés en Charente maritime où les attendait un programme de visites et rencontres organisées par Rodolphe Zegrar, formateur au CFAA17, selon la sollicitation du réseau CEFAGRI, en lien avec la conseillère aux affaires agricoles en poste au Nigéria, Sonia Darracq et Zaïnatou Sore du CGIAR.

Qu’est-ce que le projet WATEA ?

 Entre 2020 et 2022, dans le domaine de la Formation Agricole et Rurale (FAR), les échanges avec le Nigéria se sont développés grâce au Fonds de Solidarité pour les Projets Innovants (FSPI ) « Soutien à l’entreprenariat féminin dans le secteur agroalimentaire au Nigeria » qui a permis de former dans deux Etats, Kaduna et Oyo, directement 300 femmes agripreneuses, 60 formatrices et au final 1500 bénéficiaires.

Ainsi 3 manuels de formation ont été édités en anglais, yoruba et haoussa sur des sujets tels que : transformation de manioc ou de poisson-chat, comptabilité, processus de certification, hygiène, sécurité sanitaire des aliments, packaging et commercialisation en circuit court. Conscient de la nécessité de renforcer ses services de vulgarisation agricole, le président du Nigéria a la volonté de moderniser l’ensemble de sa filière pédagogique, depuis les établissements d’enseignement technique agricole jusqu’à l’insertion socioprofessionnelle des personnes formées afin de rendre le système attractif et de donner envie aux jeunes agriculteurs et agricultrices de s’installer.

A la demande du Ministère Fédéral du Plan, l’Agence Française de Développement (AFD) a conçu, en lien avec l’ambassade de France, un programme de rénovation, de modernisation et de développement du système  Agricultural Technical Vocational Education and Training (ATVET) nigérian dans trois Etats du Nigéria (Oyo, Benue et Plateau). Cela commence par la construction et le renforcement de la base du secteur agricole à travers la formation initiale et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes professionnels dans l’agriculture de production et se poursuit par la formation continue des agriculteurs en exercice, de petites exploitations, pour faire face aux problèmes de sécurité alimentaire et d’auto-alimentation.

Les jeunes femmes ne sont pas attirées par l’enseignement technique agricole public, perçu comme dépassé et dépourvu de perspectives d’emplois rémunérateurs. Cependant, la demande de techniciens agroalimentaires qualifié·es est importante et croissante, offrant ainsi une opportunité aux jeunes femmes et hommes d’accéder à un emploi rémunérateur ou indépendant. Une réforme de l’ATVET au Nigeria permettrait de lutter contre le chômage et de rajeunir la population agricole vieillissante en améliorant l’employabilité des jeunes, en particulier des jeunes femmes.

Ainsi, le programme WATEA-Nigeria, entièrement financé par le  Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères (MEAE)  via l’ambassade de France au Nigeria, vise à promouvoir le développement des compétences techniques et professionnelles des jeunes femmes, directement aligné sur les besoins des petites et moyennes entreprises (PME) agroalimentaires, comme à soutenir la croissance des entreprises agroalimentaires dirigées par des femmes ou encore à favoriser les écosystèmes entrepreneuriaux locaux et nationaux au Nigeria. La promotion des normes environnementales les plus élevées garantira la durabilité des pratiques agricoles et augmentera la productivité, tout en favorisant une participation significative des jeunes femmes.

Un voyage d’étude dans un territoire représentatif

Pour ce faire, toute une semaine de visites a été mise en place dans les EPL du territoire et les antennes de l’Agrocampus de Saintonge. La semaine a débuté par une présentation de l’établissement par les élèves de baccalauréat STAV en présence de Myriam Huet, directrice de l’Agrocampus, et de M. Amblard, président du conseil d’administration et représentant à la chambre d’agriculture et à l’AFDI (Agriculteurs Français et Développement International). La délégation a aussi été reçue par le directeur du site de Desclaude, Philippe Bizet, pour une visite des infrastructures du lycée, les étudiants ont présenté le BTS GEMEAU puis échangé autour de leur formation. Le directeur de l’exploitation polyculture élevage, Sébastien Riquart, a ensuite guidé le groupe à travers les unités de production avant de l’amener déguster, avec des élèves, yaourts, fromage et beurre de la ferme. La première journée s’est conclue par des discussions avec des apprentis en agroéquipement.

Le deuxième jour, la directrice de l’EPL de Surgères, Marie-Pierre Gousset, avec son référent coopération internationale Pierre Séchet, a proposé la visite du campus de l’alimentation et de ses ateliers (industrie laitière, de la mer, hall boulangerie-biscuiterie-viennoiserie et moulin pilote), qui s’est terminée autour de la minoterie par une dégustation de meringues et de chocolats. La visite de l’exploitation maraîchère et horticole « Aux plants et jardins » de Magalie Vinet a clôturé la journée.

A Bourcefranc, au lycée de la mer et du littoral, toute l’équipe était aux petits soins. Valérie Vial, secrétaire de direction chargée de coopération internationale, les attendait dans le hall et le directeur exploitation, Arnaud Lefèvre, a accompagné la délégation à travers les étangs de pisciculture avant de proposer une dégustation d’huîtres locales ouvertes, de surcroît, par deux services civiques béninois présents sur place.

A l’antenne de Chadignac, le visite a été la découverte des serres de l’exploitation de production horticole et maraîchère, organisée par sa directrice Clotilde Plantureux, suivie de la rencontre avec le directeur du lycée, Stéphane Barmoy.

Rodolphe Zegrar, formateur sur les métiers de l’eau au CFA de Desclaude, chef d’orchestre de ces rencontres, a été, par son organisation et sa logistique millimétrée, une des clefs de la réussite de ces journées du 11 au 15 décembre 2023.

Quelles perspectives ?

La coopération internationale, sujet transversal de la semaine, a été à nouveau soulignée lors de la présentation des prochaines collaborations du département Charente Maritime à Djibouti ou en Guinée.

Les Nigérians ont été fortement intéressés par le dispositif de services civiques internationaux et même si aucune agence de France Volontaires n’est présente sur le territoire, le réseau, en collaboration avec Sonia Darracq, Conseillère aux Affaires Agricoles à Abuja, réfléchit à une organisation pour cet accompagnement.

Suite à ces rencontres, dans une perspective de renforcement des capacités des ATVET, la seconde phase sera une mission du BRECI au Nigéria, au printemps 2024, afin d’identifier les actions à conduire. Mais ces échanges ont déjà permis de tisser des liens étroits entre les représentants des établissements agricoles nigérians et français et la réflexion sur des collaborations techniques est d’ores et déjà bien avancée.

 

Contacts : William Gex, animateur du réseau Nigéria, william.gex@educagri.fr, Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise internationale au BRECI, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, Sonia Darracq, conseillère aux affaires agricoles au Nigéria, sonia.darracq@dgtresor.gouv.fr

Zaïnatou Sore, Head of Capacity Development, CGIAR Consultative Group on International Agricultural Research, S.Sore@cgiar.org




Séminaire dans le KwaZulu-Natal

La coopération franco sud-africaine entre le F’SAGRI, les colleges agricoles de Cedara, d’Owen Sithole et l’université d’Unizulu a fait naître un projet de réflexion, concrétisé par un séminaire sur les questions d’éducation comme solution aux défis des agriculteurs.

En 2015 naît en Afrique du Sud le F’SAGRI, un programme de coopération de l’institut agronomique Franco-Sud-Africain dont l’objectif est d’« Améliorer les compétences professionnelles pour réussir les projets entrepreneuriaux des jeunes Sud-Africain·es diplômé·es de la formation agricole supérieure et technique ». Piloté par Séverine Jaloustre du MASA et Norman Maiwashe de l’ARC (Agricultural Research Council), le F’SAGRI bénéficie d’un comité stratégique bilatéral composé côté français de Rachid Benlafquih et Philippe Renard du BRECI, côté sud-africain de François Davel et Kgomotso Seikaneng du DSI (Department of Sciences and Innovation) du Ministère de la Recherche.

En septembre 2021, les lycées professionnels polyvalents (TVET) et les colleges agricoles (identiques à nos lycées agricoles) rejoignent le programme destiné initialement à renforcer les compétences des étudiant·es comme des enseignant·es des universités de Fort Hare, de Venda et du Limpopo. En 2022, l’université Unizulu adhère également au dispositif.

En mars 2023, au regard des similarités avec l’enseignement agricole technique français, William Gex et Didier Ramay, animateurs du réseau géographique Afrique australe – Océan Indien-AAOI de l’enseignement agricole français, effectuent une mission exploratoire dans les provinces du KwaZulu-Natal et de l’Eastern Cape.

Le projet se recentre sur l’université d’Unizulu qui, en concertation avec les colleges agricoles de Cedara, d’Owen Sithole (OSCA) et la région du KwaZulu-Natal valident l’organisation d’un séminaire fin 2023. Quatre expert·es du CEFAGRI (2 enseignant·es d’économie, un directeur d’établissement et une déléguée régionale à l’ingénierie de formation) sont alors recruté·es pour animer un séminaire au KwaZulu-Natal début décembre 2023. Leur mission débute fin novembre par 3 jours de visites de fermes locales et de rencontres dans les deux colleges partenaires.

Le séminaire « A travers l’éducation, comment relever les défis quotidiens des agriculteurs émergeants »

Le 30 novembre 2023 au matin, plus d’une quarantaine de participant·es se retrouvent au cœur des champs de canne à sucre d’Empangeni pour échanger et partager autour de l’enseignement agricole et de ses enjeux locaux dans le cadre de la réforme foncière. Après les présentations protocolaires du séminaire, les systèmes d’enseignement agricoles français et sud-africains sont détaillés. La 2e partie de la matinée est consacrée à l’étude des référentiels de formation et leur processus de construction.

L’après-midi, quatre groupes travaillent à l’identification des compétences de quatre métiers agricoles : gérant·e, ouvrier·e agricole, technicien·ne conseil et gérant·es d’un atelier agro-alimentaire. Sur le modèle du world café, les différents groupes s’enrichissent des propositions amendées par les un·es et les autres. Lors de la restitution, les riches débats autour des notions d’installation, de transition et de changement climatique mettent clairement en évidence nos problématiques communes.

Le 2e jour débute autour de l’ancrage des établissements sur leurs territoires puis les colleges présentent leurs filières et le contenu de leur diploma, titre de niveau 6 équivalent au BTSA français mais avec un volume horaire d’économie bien moins conséquent que le BTSA ACSE de l’enseignement agricole. Comme la veille, les protagonistes sont à nouveau sollicité·es en groupes sur le thème : « quels types de formations pour quels types de public ? ».

A l’issue des 2 journées, plusieurs collaborations s’envisagent. A court-terme ; des échanges en visioconférence autour de pratiques professionnelles communes dans la gestion d’une entreprise agricole ; à long terme des études de cas, un module commun d’enseignement de l’économie voire un projet pilote « s’installer en agriculture dans le KwaZulu-Natal ».

4 jours plus tard, le séminaire est mis en avant dans la capitale en marge du Sciences forum & Innovation de Pretoria. A l’issue d’une analyse du système agricole sud-africain, des présentations du F’SAGRI et de l’enseignement agricole français, les intervenant·es se rejoignent sur les difficultés d’accès aux ressources des petits agriculteurs locaux. La table ronde permet de confronter les points saillants de l’atelier de travail organisé la semaine précédente à Empageni avec les enjeux actuels des agriculteurs émergents et ainsi d’envisager ensemble les leviers d’un avenir durable.

Regards d’experts

Les quatre experts et expertes de l’enseignement agricole français apportent leur regard personnel sur le workshop. Ils témoignent des enjeux, des situations évoquées comme des travaux réalisés pendant les deux jours avec leurs collègues Sud-Africain·es.

Szprenkel Johanne, DRIF – DRAAF Occitanie à Toulouse en Haute-Garonne (31) : la mission a été riche d’enseignements tant de notre côté que de celui de nos collègues Sud-Africains, je pense. Nous avons pu croiser les regards et envisager des pistes d’actions sur des sujets de préoccupation communs : le lien formation-entreprenariat agricole et l’accompagnement à la création d’entreprise agricole. Les participants au séminaire se sont véritablement engagés dans les exercices d’analyse des emplois dans le contexte socio-économique spécifique de l’Afrique du Sud. Cela nous a permis d’identifier ensemble les freins mais surtout les leviers possibles pour faire bouger les lignes dans le cadre de la formation. Reste à poursuivre notre partenariat à travers l’échange de pratiques pédagogiques et peut-être le développement de modules de formation communs pour “transformer l’essai ».

Lamy Stéphanie, enseignante d’économie à l’EPL d’Albi dans le Tarn (81) : cette mission a été l’occasion de rencontrer des acteurs du monde de la formation agricole en Afrique du sud et de mieux comprendre les enjeux et les problématiques de leur pays. Les échanges ont été nourris des expériences de chacun et nous avons pu partager nos méthodes de travail et nos réflexions pour un enseignement agricole performant et adapté aux enjeux du monde agricole de demain. La poursuite de cette mission d’expertise sera, sans nul doute, l’occasion d’approfondir ce partage et de travailler ensemble sur la conception de cursus de formation pertinents et efficients. Ce sera aussi l’occasion de développer des outils pédagogiques communs permettant à chacun de faire progresser ses pratiques et d’ouvrir nos établissements vers d’autres horizons.

Leonardi François, Directeur de l’EPL de Tarbes dans les Hautes-Pyrénées (65) : cette mission en Afrique du Sud était une occasion de découvrir le KwaZulu-Natal et son système de formation agricole. La visite des établissements a permis de constater des similitudes dans l’organisation et les objectifs de formation. L’articulation des contenus en rapport avec les métiers visés semble moins présente et systématique que dans l’écriture de nos référentiels. Un atelier avec les collègues enseignants et directeurs a mis en évidence la possibilité de travailler ensemble sur ces sujets. Nous avons également compris que les établissements de formation agricole sud-africains sont aussi sollicités par d’autres partenaires étrangers même si ces visites se traduisent rarement par de la coopération éducative. Les établissements restent donc en attente d’actions concrètes aussi bien au niveau des étudiants que des enseignants. L’absence de rencontre avec l’autorité de tutelle, le ministère de l’agriculture sud-africain, ne permet pas à ce stade de conclure sur les pistes de coopération esquissées.

Jean Marc Pécassou , enseignant Sciences économiques, sociales et gestion en BTSA ACSE, LEGTA de Pau-Montardon (64), agriculteur : ayant servi en coopération en Afrique de l’Ouest et désireux de m’impliquer en coopération internationale, c’est avec plaisir que j’ai candidaté pour cette mission, et autant de plaisir que j’ai eu à y participer. Les visites, les attentes et l’empan de la mission appelaient à un travail humble tout en restant ambitieux ; chaque rencontre, chaque animation de groupe ont fait remonter cette recherche universelle pour la production de denrées agricoles tout en rentabilisant l’outil permettant de produire. Nous nous sommes efforcés d’apporter des réponses via l’enseignement.

Contacts :

William GEX, co-animateur du réseau Afrique Australe, Océan Indien et Nigéria de la DGER, wiliam.gex@educagri.fr, Didier RAMAY co animateur du réseau géographique Afrique Australe Océan Indien de la DGER, Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI de la DGER, vanessa.forsans@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

Séverine JALOUSTRE, responsable du programme F’SAGRI, severine.jaloustre@ul.ac.za




L’expertise française mobilisée en Algérie

Finaliser le référentiel de certificat de formation d’excellence des conseillers spécialisés en production laitière à Sétif (Algérie), tel a été le principal objectif de la mission d’expertise réalisée par Hervé Jacob, ingénieur agronome consultant et Stéphanie Deltheil, enseignante en zootechnie au lycée agricole d’Auch.

Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une collaboration de longue date entre la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche du Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire français et la Direction de la Formation Agricole, de la Recherche et de l’Innovation (DFARI) du ministère de l’agriculture et du développement rural algérien. Le partenariat DGER/DFARI repose sur une coopération débutée en 2003, avec des formations dispensées par la DGER auprès de formateurs des établissements sous la tutelle de la DFARI, mais aussi des échanges entre établissements algériens et français dans l’objectif de jumelages. Depuis 2015, la réalisation d’un programme PROFAS C+ a permis dans une première phase de travailler conjointement à la rénovation des statuts des établissements d’enseignement agricole algériens, à la mise à jour du statut des cadres des directions de ces établissements, à la mise en place d’une cellule nationale d’ingénierie de formation au sein de la DFARI (ayant développé un « pôle lait »). Dans une deuxième phase, les partenaires ont décidé de créer à Sétif un centre de formation d’excellence dans le secteur de la production laitière et ont élaboré un référentiel métier de conseiller agricole en production laitière. La mise en place d’une formation dans ce domaine au sein de l’Institut technologique spécialisé de formation agricole (ITSFA) de Sétif permettra de répondre directement aux besoins de cette filière prioritaire pour l’Algérie. La gouvernance du projet associera d’ailleurs les principales entreprises du secteur.

Le projet consiste à accompagner l’ITSFA de Sétif pour qu’il puisse former des « techniciens de haut niveau » (spécialisation complémentaire d’agronomes ou de vétérinaires) en production laitière, capables de répondre aux besoins exprimés par les responsables professionnels du secteur, tout en intégrant les dimensions du développement durable. Le projet repose sur un diagnostic partagé des besoins en formation. Suite à une série d’appuis, l’ITSFA, avec la contribution de quelques professionnels, a élaboré un référentiel professionnel, une ébauche de référentiel de certification et un référentiel de formation de conseiller spécialisé en production laitière comprenant un document d’accompagnement à sa mise en œuvre. Ce document d’une vingtaine de pages a été analysé par deux experts français, en février 2022.

Hervé Jacob, vous participez à ce projet depuis son commencement, quelle a été la spécificité de cette dernière mission d’expertise ?

C’est un projet auquel je participe effectivement depuis son démarrage fin 2018 avec plusieurs missions à Sétif en 2019, un suivi à distance en 2020 pour cause de COVID et une interruption de plusieurs mois dans un contexte franco-algérien une nouvelle fois « complexe » …
Reprendre ce projet est très motivant car il a, d’emblée, bénéficié d’un vrai soutien des opérateurs de la filière laitière de la région de Sétif (coopératives ou privés) et beaucoup de travail avait déjà été fait.
Avec mon nouveau binôme, Stéphanie, avec laquelle je crois pouvoir dire que l’entente a été très bonne, nous sommes rentrés dans le vif du sujet, à savoir le contenu de la formation de conseiller spécialisé en production laitière, son organisation temporelle, les modalités pédagogiques, etc…
Le groupe de travail côté algérien était très impliqué et nous avons, je crois, beaucoup progressé sur les 4 jours de cette première mission.
Au-delà de la satisfaction d’une mission utile, nous avons pu reprendre ou nouer avec certains membres de l’équipe une vraie relation, ce qui ne va pas toujours de soi, et ces moments-là, à mes yeux, sont très précieux !

Stéphanie Deltheil, qu’est-ce qui vous a amenée à répondre à l’appel à manifestation d’intérêt lancé par le réseau CEFAGRI pour cette mission ?

Enseignante depuis 2013, je souhaitais diversifier et enrichir l’aspect pédagogique de ma fonction. M’investir dans un projet de coopération internationale me permettait aussi de répondre à l’une des 5 missions de l’enseignement agricole.
Ma formation et mon expérience en production laitière, mon intérêt pour l’élevage à l’international, ainsi que mon statut d’enseignante m’ont permis de me positionner sur cet Appel à Manifestation d’Intérêt pour la mise en place d’un centre d’excellence en production laitière à l’ITSFA de Sétif en Algérie.

Comment avez-vous préparé cette mission ?

Nous avons participé avec Hervé à 2 entretiens en visioconférence avec la partie algérienne qui ont principalement permis d’organiser les présentations puisque j‘arrivais en remplacement de Dominique Baudry, coordinateur jusqu’en 2022 pour la DGER du programme PROFAS C+ dans lequel s’inscrit ce projet.
Hervé Jacob et Anne-Laure Roy, chargée de coopération avec le Maghreb au BRECI/DGER en charge de ce dossier, m’ont également fourni un corpus documentaire nécessaire à la compréhension du travail effectué en amont, et au contexte agricole et laitier algérien.
Nous avons ensuite travaillé ensemble à distance avec Hervé pour planifier les journées et les ateliers que nous souhaitions conduire au cours de la mission à venir.

Et sur place, en Algérie, comment s’est déroulée l’expertise ?

Nous avons alterné les périodes de travail en salle et les périodes sur le terrain.
Après un temps d’accueil, la première demi-journée de travail en salle nous a permis de revenir sur les missions précédentes, d’exposer les attentes de chacun, et de planifier les ateliers de la semaine.

Nous avons ensuite bénéficié d’une visite des nouvelles installations de l’ITSFA, qui devrait servir de support aux apprenants de la formation d’excellence.

Nos partenaires algériens nous ont ensuite réservé une journée entière de terrain : visites d’exploitations (familiales et jeunes investisseurs) et de la laiterie EL ANFAL, partie prenante dans ce projet.
Ces moments d’échanges nous ont permis d’appréhender le contexte local de la production laitière, de poursuivre la visite d’installations potentiellement supports pratiques pour les futurs apprenants, ainsi que de nous projeter sur les cas types qui pourront être rencontrés par les apprenants dans les élevages.
Nous avons également pu prendre conscience de l’hétérogénéité des exploitations visitées quant au niveau de formation des éleveurs, à la taille des exploitations, au faible niveau d’autonomie alimentaire, … et des difficultés que pourront rencontrer les futurs stagiaires dans l’exercice de leur métier de conseiller spécialisé en production laitière pour améliorer les pratiques.

   

Les journées suivantes ont été consacrées à des travaux de groupe en salle en vue de peaufiner le référentiel de formation et sa mise en application pratique.

Pouvez-vous nous présenter le livrable que vous avez dû élaborer ?

Dominique Baudry et Hervé Jacob avaient travaillé sur le référentiel de formation. L’objectif de cette nouvelle mission était d’approfondir le référentiel de formation, d’ajuster et d’enrichir le document afin d’en tirer le déroulé précis de la formation et de fixer les modalités pédagogiques et d’évaluation, enfin de répartir les tâches et responsabilités entre les enseignants, les intervenants professionnels, les administratifs et réfléchir ensemble à la logistique. A ce stade de la mission, nous avons donc principalement travaillé sur les modalités pratiques de la mise en place de la formation.

Que retenez-vous particulièrement de cette expérience ? Que vous a-t-elle apporté personnellement et/ou professionnellement ?

Comme évoqué par Hervé, les rencontres humaines ont été au cœur de cette première mission.
En premier lieu, celle avec mon binôme de travail, passionné et connaisseur de ce beau pays via les expériences antérieures personnelles et professionnelles qu’il y a vécues ; il m’a permis d’y faire mes premiers pas en toute confiance, et je l’en remercie. Il a été un guide précieux pour me permettre de prendre progressivement ma place dans cette mission.
Pour ma première visite en Algérie, je suis sincèrement enchantée de cette découverte et des nombreuses rencontres. Je souhaite d’ailleurs remercier sincèrement chacun des membres de la partie algérienne, tous ayant à cœur de mener à bien ce projet et nous ayant réservé un accueil chaleureux.
Cet accueil qui nous a été réservé, et le travail fourni par l’équipe algérienne depuis la mission précédente nous ont permis de nous mettre au travail rapidement et de travailler conjointement et efficacement.
Professionnellement, je souhaite réinvestir cette expérience dans mon enseignement, tant en terme de contenu que de gestion de groupe.
Auprès des élèves, cela me permettra d’approfondir avec eux les connaissances sur l’agriculture et l’élevage à l’international, l’importance des relations entre pays, l’intérêt qu il y a à faire preuve de curiosité envers « l’autre » en général et bien sûr transmettre également un message global d’ouverture.
Sur le plan de la gestion de groupe, cela m’a appris à travailler en équipe avec un certain nombre de contraintes fortes : immersion rapide avec reprise d’un projet déjà engagé, hétérogénéité des profils des intervenants et mixité des cultures, connaissance limitée du contexte, durée de mission courte, journées intenses et un objectif à très court terme de l’ouverture de la formation.

Quelles sont les suites envisagées ?

Une deuxième mission se prépare. Les objectifs sont à nouveau multiples et seront de terminer l’analyse en profondeur des 3 documents constitutifs du référentiel de certificat (référentiels professionnel + de certification + de formation) et de co-animer avec l’ITSFA de Sétif un atelier de présentation de la formation à une vingtaine d’acteurs de la filière (éleveurs traditionnels et modernes, GIPlait, Coopératives laitières, représentants de l’interprofession, universitaires du pôle agricole intégré de Sétif…). Les participants à l’atelier sont de potentiels intervenants dans la formation, de futurs recruteurs ou encadreurs de stage des conseillers. Enfin l’important sera d’ajuster le contenu du référentiel de certificat en fonction des retours de l’atelier.

Un challenge à relever afin que l’ouverture de cette formation d’excellence puisse avoir lieu en 2024 !

Crédit photographique de la photo de tête d’article : Le 360 Afrique

Propos recueillis par Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr

Contacts : Stéphanie Deltheil, enseignante en zootechnie, experte en productions laitières, stephanie.deltheil@educagri.fr, Hervé Jacob, ingénieur agronome consultant, hervejacob.agro@laposte.net

Gilles Tatin, chef du projet, référent Algérie et coopération internationale en DRAAF-SRFD Centre Val-de-Loire, Délégué Régional Ingénierie de Formation (DRIF), Animateur national du réseau DRIF (DGER), gilles.tatin@agriculture.gouv.fr

Anne-Laure Roy, chargée de coopération Maghreb au BRECI/DGER, anne-laure.roy@agriculture.gouv.fr, Rachid Benlafquih, chargé de mission expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr