Une délégation franco-ouest africaine au SARA

L’enseignement agricole développe ses partenariats avec la Côte d’Ivoire à l’occasion du plus important salon de l’agriculture d’Afrique de l’Ouest, le SARA (Salon de l’agriculture et des ressources animales), qui s’est tenu au parc des expositions d’Abidjan du 29 septembre au 8 octobre 2023.

Accompagnée par les deux animateurs du réseau Afrique de l’Ouest et le chargé de coopération Afrique subsaharienne de l’enseignement agricole pour la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (BRECI) du Ministère de l’agriculture et de la Souveraineté alimentaire, la délégation a associé des personnels de l’enseignement agricole français (la directrice et un membre de l’équipe de l’exploitation agricole de l’EPL de La Roche-sur-Yon, une enseignante de l’EPL du Morvan, le directeur du CFAA de La Bretonnière) mais aussi de partenaires africains, venant du Bénin et du Sénégal, spécialistes de l’agroécologie : Pascal Gbenou, directeur de la ferme-école SAIN et enseignant chercheur à l’Université Nationale d’Agriculture au Bénin, et Sidy Tounkara, chercheur à l’IPAR (Initiative et Prospective Agricole et Rurale), membre de la fondation FARM et point focal de la Dytaes (Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal).

Panels et conférences

La délégation a assisté à plusieurs conférences donnant à entendre les préoccupations majeures de l’agriculture ouest-africaine, telle que la conférence inaugurale du Salon intitulée « L’agriculture africaine face aux défis des chocs internes et externes : quelles innovations structurelles pour améliorer les secteurs agricoles et garantir la souveraineté alimentaire ? » puis la table ronde sur le thème « Jeunesse et agriculture africaine résiliente » à laquelle a participé Alain Moulinier, du CGAAER, qui a représenté le ministre du MASA et a abordé les enjeux environnementaux, sociétaux et démographiques, mentionnant notamment les ambitions du PLOA (Pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles)  : améliorer la souveraineté, augmenter la résilience, accompagner les transitions, favoriser l’installation et le renouvellement des actifs. Il a été souligné que le changement climatique oblige à des transformations de nos systèmes de productions et donc des pratiques, appelle à des compétences nouvelles ou renforcées comme en matière de gestion de l’eau, de protection des sols ou de numérique. Cela passe en particulier par un investissement dans la transformation de l’enseignement agricole. Ces thématiques ont trouvé un écho lors du side-event de la CEDEAO sur « L’agriculture intelligente face au climat (AIC) et l’agroécologie : opportunités et défis pour l’Afrique de l’Ouest », de même que dans la présentation organisée par FranceAgriMer de l’expertise française en aviculture, au cours de laquelle le réseau CEFAGRI a eu l’occasion d’évoquer son fonctionnement et son rôle en matière de mobilisation de l’expertise de l’enseignement agricole.

Le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole a également proposé un panel de regards croisés ouest-africains et français sur le thème « Formation agricole, agroécologie et coopération », en partenariat avec le METFPA (Ministère de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’apprentissage), l’INFPA (Institut national de formation professionnelle agricole) représenté par son directeur général Marc-Olivier Togbe, et l’ambassade de France en Côte d’Ivoire, avec Jean-Pierre Chomienne, Conseiller aux affaires agricoles, et Marie-Laure Martial, du Service de coopération et d’action culturelle. En ouverture des échanges, a été visionné le film « Agri-cultures / la coopération – la Côte d’Ivoire ». En présence d’une centaine de personnes (inspecteurs, directeurs, formateurs, apprenants des établissements ivoiriens, étudiants ouest-africains), les membres de la délégation ont illustré la thématique du panel par des exemples concrets issus de leurs organismes respectifs (activités liées au plan EPA2 pour les EPL français, de la ferme SAIN au Bénin, d’IPAR au Sénégal). Cet événement a permis de renforcer le rapprochement entre l’INFPA et le METFPA et ainsi favoriser les synergies entre institutions ivoiriennes en charge de la formation agricole. Il a également permis de mettre la lumière sur la mission de coopération internationale de l’enseignement agricole français et de montrer comment celui-ci est en mesure d’être un partenaire pour contribuer au renforcement des capacités de systèmes de formation agricole et rurale comme levier central du développement agricole.

Rencontres professionnelles et institutionnelles

La délégation a été reçue par le ministre d’État en charge de l’agriculture, M. Adjoumani, qui est en outre passé saluer les participants au panel « Formation agricole, agroécologie et coopération ». Une réunion de travail a aussi pu se tenir avec M. N’Guessan Koffi, ministre de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’apprentissage, ouvrant des perspectives de coopération avec de nouveaux établissements proposant des formations agricoles en Côte d’Ivoire, dont le lycée professionnel sectoriel de formation aux métiers agricoles de Botro.

Sur le pavillon France, une réunion avec des représentants de la région AURA (Chambre d’agriculture, AFDI, Fédération nationale des communes pastorales) a permis d’aller dans le sens d’une bonne implication de l’enseignement agricole dans leurs initiatives avec la Côte d’Ivoire. La rencontre avec la responsable de l’entreprise Prestige chocolat a permis d’envisager la vente de son champagne au chocolat dans les boutiques des EPL en partenariat avec la Côte d’Ivoire.
En parallèle des visites et rencontres au SARA, les membres de la délégation ont poursuivi les échanges avec leurs partenaires de l’INFPA en se rendant dans les établissements de Bingerville (CAPP, ESEMV, ERA-Sud) et de Tiébissou. Aquaculture, élevages, aménagement paysager, maraîchage (dont une expérimentation croisée sur le semis de pommes de terre) constituent les principaux domaines sur lesquels portent les projets de partenariat, se concrétisant notamment par des mobilités réciproques.

Le rôle des animateurs du réseau

Outre l’organisation logistique de la mission collective, il revient aux animateurs du réseau de faciliter les contacts entre établissements français et ivoiriens en l’occurrence. C’est ce qui a notamment été effectué en amont de cette mission en Côte d’Ivoire, lors du Salon international de l’agriculture à Paris en mars dernier, sur le stand de l’INFPA. Un temps d’échange avec des enseignants de l’EPL du Loiret a permis à un groupe d’étudiants de BTSA ACSE du lycée agricole Le Chesnoy d’être accueilli par l’INFPA à Bingerville pour un voyage d’étude, se poursuivant auprès des cacaoculteurs de San Pedro dans le cadre d’un projet porté par l’AFDI. Et la mise en relation de l’équipe de direction de l’EPL du Morvan avec celle de l’INFPA a été suivie de la possibilité de participer à cette mission en Côte d’Ivoire et de lancer concrètement le partenariat par l’accueil dans le Morvan de deux volontaires ivoiriens en service civique.
Jean-Roland Arbus nous fait part de son expérience : « En tant qu’animateur du réseau Afrique de l’Ouest, cette mission m’a permis d’accompagner, faciliter et finaliser un partenariat naissant entre l’EPL du Morvan spécialisé en aquaculture, représenté par Nathalie Guenard, enseignante, et l’un des 11 établissements de l’INFPA, l’école spécialisée en aquaculture de Tiébissou, à 300km au Nord-Est d’Abidjan, représentée par son directeur Zoué Lassina. Durant deux jours, nous avons pris du temps pour mieux nous connaître et nous comprendre pour démarrer ce partenariat sur de bonnes bases. Nous avons découvert l’ensemble de l’établissement : locaux d’enseignement, internats, logement possible d’étudiants français en mobilités individuelles ou collectives, équipe de direction, bassins d’élevages des poissons. Nous avons aussi pu rencontrer les deux jeunes services civiques ivoiriens, Ézéchiel et Emmanuel, en partance pour l’EPL du Morvan, évoquer leur préparation au départ pour les mettre en confiance. Une charte de partenariat a été finalisée et signée par les deux représentants, avec notamment la réalisation d’un programme de mobilités entrantes et sortantes planifiées sur trois ans, avec les difficultés probables à surmonter.
Ce lancement de partenariat résume bien le type de travail d’un animateur de réseau : mettre en bonne voie le rapprochement de deux établissements et les accompagner en chemin par la suite. »

Des liens consolidés avec France Volontaires

L’une des modalités majeures de coopération avec la Côte d’Ivoire depuis 2018 est l’accueil d’étudiants sortant de l’INFPA pour des missions de service civique en lycées agricoles français, et ce toujours en lien avec France Volontaires. Une nouvelle rencontre avec les représentants de France Volontaires en Côte d’Ivoire a d’ailleurs permis de valider une procédure conjointe de sélection, accueil et suivi de jeunes ivoiriens issus de l’INFPA pour des missions de service civique en lycées agricoles français. À cette occasion a été présenté le film « Agri-cultures / le service civique – la Côte d’Ivoire ».

La mission vue par une directrice d’établissement

Patricia Darjo, directrice de l’EPLEFPA Nature de La Roche-sur-Yon, témoigne : « Accompagnée de Michèle Raitière, responsable de l’atelier maraîchage du lycée Nature, cette nouvelle mission de coopération internationale à Abidjan nous a permis de répondre à plusieurs objectifs.
Durant plusieurs jours la délégation française a participé au SARA dans un lieu nouvellement construit. La thématique de ce salon de l’agriculture était tournée vers la jeunesse et l’agriculture africaine résiliente. J’ai pu rencontrer de nombreux interlocuteurs du monde agricole particulièrement en agroalimentaire et confronter ainsi nos points de vues sur des préoccupations communes. Nous avons participé à deux conférences en lien avec les transitions agroécologiques et la souveraineté alimentaire. Nous avons également pu témoigner de nos actions sur ces thématiques.

Cette mission a été l’occasion de renforcer notre coopération avec l’INFPA, ERA SUD, le CAPP et l’école d’élevage de Bingerville. Nous avons fait un bilan croisé des missions réalisées par Services civiques français et ivoiriens. Nous avons travaillé sur nos pratiques de recrutement, affiné nos attentes réciproques et trouvé un consensus pour améliorer nos conditions d’accueil de nos jeunes volontaires. Un travail très constructif que nous avons exposé auprès de France Volontaires. D’autre part, nous recevrons à la Roche-sur-Yon en avril 2024 une délégation de l’école d’agriculture de Bingerville constituée d’étudiants, de formateurs et des directeurs.

Une expérimentation sur l’implantation de la pomme de terre en terre africaine va démarrer sur nos établissements respectifs français et ivoiriens. Le protocole a été écrit lors d’une journée de travail à ERA Sud.
J’ai particulièrement apprécié les nombreux contacts avec les professionnels du monde agricole, avec nos partenaires des différentes écoles agricoles jusqu’à l’entrevue avec le ministre d’État de l’Agriculture. Ce fut des moments de dialogues professionnels, constructifs, sincères et amicaux, qui nous ont permis de confirmer nos préoccupations communes et l’intérêt de continuer à travailler ensemble. Je tiens à remercier tous nos partenaires ivoiriens et les membres de la délégation française bien en phase avec les objectifs de cette mission. »

Des pistes de partenariat renforcées

Sidy Tounkara, représentant d’IPAR Sénégal, nous livre ici les perspectives de partenariat qu’il envisage à la suite de cette mission franco-ouest africaine :

« Quelques axes de coopération entre IPAR Think Tank, les partenaires du Ministère français de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA), l’Université Nationale d’Agriculture (UNA) du Bénin et les structures de formation professionnelle agricole du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Bénin et de la France sont identifiés.

 Coopérer autour des projets de renforcement de capacités des acteurs déjà engagés dans la transition agroécologique et de formation initiale et/ou continue des jeunes apprenants dans le domaine agricole en mettant le focus sur la promotion de l’agroécologie. À ce niveau, il s’agit de renforcer les interactions, les échanges, les apprentissages mutuels entre les paysans disposant de savoirs locaux, endogènes et les jeunes apprenants souvent évalués par les mécanismes de l’école classique/académique.

Développer des projets de coopération avec des interlocuteurs comme les Collectivités territoriales qui engagent des initiatives de développement basées sur la promotion de la transition agroécologique afin de les accompagner dans une dynamique de passage à l’échelle des bonnes pratiques dont les données de capitalisation pourraient alimenter les opérations de renforcement des capacités des agriculteurs et des services d’appui-conseil à la territorialisation de la formation agricole et agroécologique.

Collaborer autour des projets d’échanges d’élèves et d’étudiants en formation agricole entre le Nord et le Sud pour favoriser le partage d’expériences et l’apprentissage mutuel entre des apprenants de cultures différentes. L’IPAR Think Tank est aussi une institution d’accueil pour les apprenants.
À ces 3 niveaux de coopération, IPAR Think Tank peut mettre à profit son expérience et son expertise pour contribuer à la formation agricole et en agroécologie des agriculteurs mais aussi des jeunes aspirants à devenir agriculteurs dans un contexte de relève agricole de plus en plus difficilement assurée. De par son expertise et son option stratégique d’agir sur les politiques publiques, IPAR Think Tank pourra également contribuer à appuyer les Collectivités territoriales désireuses de s’engager dans la transition agroécologique. »

Cette mission collective ouest-africaine s’est donc révélée fructueuse à bien des égards. Afin de continuer à donner vie à ces partenariats, les établissements déjà impliqués comme ceux, publics ou privés, qui seraient intéressés pour intégrer cette coopération peuvent compter sur l’appui du réseau Afrique de l’Ouest, pour accueillir des jeunes ivoiriens en service civique, mais aussi pour répondre à tout appel à projets permettant le financement d’actions s’inscrivant dans la durée.

Visionner film « Agri-cultures / la coopération – la Côte d’Ivoire » et le film « Agri-cultures / le service civique – la Côte d’Ivoire » sur Vimeo

Sidy Tounkara, représentant d’IPAR Sénégal, rend compte de sa participation dans un article Think-Thank au SARA

Contacts : Jean-Roland Arbus, co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest, jean-roland.arbus@educagri.fr, Vanessa Forsans, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, animatrice du réseau CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Le Bénin choisit l’expertise française

L’expertise de l’enseignement agricole français accompagne le passage de 10 à 30 lycées techniques agricoles au Bénin : des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail ont eu lieu à Cotonou entre le 17 et le 27 septembre 2023.

Le Bénin, via son Agence de Développement de l’Enseignement Technique (ADET) a entrepris une grande réforme institutionnelle de l’enseignement technique et professionnel, en particulier agricole, passant de 10 à 30 lycées techniques agricoles (LTA).
Sollicité par l’ADET dès 2021, l’enseignement agricole français (via la DGER/BRECI et ses réseaux Afrique de l’Ouest et CEFAGRI) a élaboré avec France Éducation International (FEI) une offre technique pour accompagner cette réforme. Les enjeux sont d’importance : il s’agit d’élaborer des programmes de formation, produire des ressources pédagogiques, identifier les équipements nécessaires aux formations, préparer l’implantation des filières ; soutenir, par la formation et l’insertion les jeunes dans la vie active, les politiques territoriales de développement économique et social ; mettre en place une professionnalisation des métiers de la formation ; favoriser l’implication active dans le territoire, des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, et structurer une dynamique tournée vers l’innovation et l’expérimentation. 11 filières et 15 diplômes (Diplôme Technicien Métier et Diplôme Technicien Supérieur Métier, DTM et DTSM) sont concernés.
Cet appui est mis en œuvre dans le cadre d’une contribution plus globale en « équipe France » à la réforme de l’appareil de formation professionnelle du Bénin,  s’inscrivant dans le programme de coopération en matière de formation professionnelle entre la République du Bénin et la France signé à la suite du déplacement au Bénin du Président de la République française en juillet 2022. Avec un financement de la Banque mondiale d’un montant de 1,22 M€, ce projet a en ligne de mire l’accueil de 48 000 apprenants afin de les former très concrètement aux métiers de l’agriculture.

Ainsi, une première mission dans le cadre de ce projet a mené au Bénin entre le 17 et le 27 septembre 2023 un groupe d’experts de l’enseignement agricole français, accompagnés par le réseau CEFAGRI et France Education International. Une réunion de cadrage entre l’ADET, FEI et la DGER (BRECI) a permis le lancement officiel du projet. Puis les experts en aquaculture, en élevages de ruminants, de porcins, en productions horticoles, fruitières et forestières, en agroéquipements… ont animé des ateliers de co-construction d’analyses de situations de travail (AST) avec des professionnels béninois, tant de la production que de la formation agricoles (enseignants et directeurs de LTA, inspecteurs). À leurs côtés étaient présents des experts marocains recrutés par FEI ainsi que des spécialistes du coton et du palmier à huile ayant rejoint l’équipe d’experts par le truchement du réseau CEFAGRI.

Les experts de l’enseignement agricole français témoignent de cette expérience de co-construction d’analyses de situations de travail avec des collègues et partenaires béninois avec lesquels la coopération n’est pas nouvelle :

Jean-Roland Arbus, enseignant d’agronomie au LEGTA de Figeac et co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest :
Suite à deux missions au Bénin, en 2019 et 2021, en tant que co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest, j’ai trouvé logique de contribuer à la co-écriture des référentiels avec les Béninois. Être à l’écoute de leurs attentes pour les intégrer dans les référentiels, travailler en équipe d’experts sont des éléments de réussite. Enfin soulignons l’importance d’intégrer l’agroécologie, la durabilité et la gestion économique dans ces référentiels pour les futurs entrepreneurs béninois.

 

Patrick Desnos, enseignant d’agronomie au lycée horticole privé de Saint-Ilan (Côtes-d’Armor) :
La rencontre avec les professionnels, les enseignants et les inspecteurs béninois nous a permis de mieux appréhender les attentes de nos partenaires et de confronter nos visions « Nord-Sud » des métiers des différentes filières agricoles étudiées. Cette co-construction de l’analyse des situations de travail dans le domaine du maraîchage, de l’horticulture ornementale, de l’arboriculture fruitière et forestière m’a permis de mieux cerner ces différents métiers au Bénin. Les diplômes visés de technicien métier et de technicien supérieur métier ont pour but, entre autres, de favoriser la création d’entreprise permettant à des jeunes béninois de participer à la souveraineté alimentaire de leur pays et d’améliorer la chaîne de valeurs. Les échanges avec l’ensemble des participants ont été riches et constructifs : une co-construction à poursuivre pour écrire le référentiel de compétences dans le cadre de cette rénovation ambitieuse.

Catherine Lejolivet, enseignante d’aquaculture au LEGTA de La Canourgue (EPL de la Lozère) :
Bénin comme Bienveillance : c’est le sentiment fort ressenti pendant cette semaine de travaux collaboratifs avec les partenaires des filières professionnelles agricoles, l’inspection et les enseignants des lycées techniques. Ce fut une première en Afrique de l’Ouest, me concernant. La mission de co-construction de programmes de formation aquacole est d’importance pour ce pays désireux de former des techniciens et des techniciens supérieurs leur permettant de s’installer, de piloter ainsi leurs entreprises avec un maximum de clés et de contribuer à l’approvisionnement des marchés demandeurs de produits aquatiques d’eau douce ou saumâtre. D’où le challenge pour moi : comprendre le contexte aquacole, les attentes des partenaires afin de répondre au mieux dans un esprit clairement de convivialité partagée. Les échanges ont été riches, vivants et constructifs, hâte de poursuivre l’aventure franco-béninoise !

 

Arnaud Lefèvre, directeur de l’exploitation ostréicole de l’EPL de Bourcefranc :
Suite à des échanges réguliers avec différents partenaires béninois depuis plus de vingt ans, il m’a semblé intéressant de participer à l’évolution des curricula des formations techniques en aquaculture. Au sein de ce secteur très dynamique en Afrique de l’Ouest depuis quelques années, le Bénin réussit à tirer son épingle du jeu, grâce en particulier à la mise en place de l’organisation de la filière. Les échanges avec les professionnels, mais également avec les enseignants et les représentants de l’administration, permettent de contextualiser et de partager les différentes opinions sur ce secteur de production. L’enjeu premier est de proposer des programmes basés sur les pratiques, de façon à ce que les apprenants soient opérationnels dès la sortie des études. Au-delà, la demande inclut de considérer dans ces formations les évolutions et les innovations envisageables de la filière aquacole au Bénin.

Jean-Louis Devoyon, enseignant d’agroéquipement au LPA de Saint-Yrieix-la-Perche :

Sollicité par le BRECI/DGER et avec l’aide de Guillaume Gillet de l’ENSFEA, le lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche est un établissement reconnu dans le domaine des agroéquipements avec une dimension internationale puisqu’il coopère avec des pays d’Afrique et en particulier le Bénin. C’est à ce titre que j’ai été mobilisé sur ce projet pour la co-construction selon l’approche par compétences (APC) des référentiels de formation en machinisme (DTM/DTSM). J’ai ainsi pu valoriser et partager mon expérience en mécanisation agricole afin de proposer des formations qui répondent aux mieux à la demande professionnelle actuelle et à venir pour une insertion réussie des futurs apprenants. En tant qu’expert, j’ai pu prendre la mesure des forts enjeux de ce projet ambitieux par rapport aux grandes potentialités de ce pays en développement et ce fut un honneur pour moi de pouvoir modestement y contribuer. De cette première expérience, je retiendrai la difficulté de proposer une offre de formation cohérente non seulement au regard de la structuration des branches sectorielles actuelles mais aussi tenant compte du secteur informel, non-formel le plus représentatif. Il est apparu ainsi important d’ouvrir cette formation à des métiers pas seulement tournés vers la maintenance agricole mais aussi vers l’utilisation, la conduite, le réglage des machines voire dans certains cas l’adaptation-conception simples d’outils. C’est précisément ce lien agronomique avec le vivant qui permettra à court terme un renforcement capacitaire de l’arrière paysage rural et de son développement économique par un ancrage de jeunes dans leur territoire. Dans cette perspective, la réduction de la pénibilité des travaux agricoles grâce au développement d’une mécanisation raisonnée doit en principe permettre une meilleure productivité des sols et attractivité du métier chez les jeunes agriculteurs, leur offrant ainsi des conditions de vie meilleures et  participant alors dans une certaine mesure à la déconstruction des imaginaires migratoires.

Xavier Baudouin, directeur de l’exploitation agricole de l’EPL de Vire :
Les missions d’expertise constituent un levier essentiel de la coopération internationale, ainsi qu’un outil de dialogue et de valorisation des savoirs faire. Notre mission sur le sol béninois fut une expérience véritablement enrichissante. La rencontre avec les acteurs locaux, qu’ils soient professionnels du secteur, enseignants ou inspecteurs, a grandement contribué à notre compréhension des attentes de nos homologues béninois.
De plus, elle a permis de confronter nos perspectives distinctes sur les métiers agricoles, en intégrant les visions tant « Nord » que « Sud ». Cette convergence d’idées s’est avérée être le socle essentiel à la poursuite de notre collaboration dans le cadre de la révision ambitieuse du référentiel de compétences. De nos discussions, est née une belle opportunité : celle de co-créer, co-construire, d’unir nos forces pour tracer le chemin d’une rénovation ambitieuse.
Ce premier pas ne représente qu’une étape préliminaire. Il incarne une promesse de synergies futures, où nos compétences et notre engagement mutuel se fondent dans la rédaction d’un référentiel. Notre récit, forgé par notre passion pour l’agriculture et notre désir de contribuer au progrès, se prolongera, établissant un lien solide et durable entre deux nations unies par leur quête d’excellence dans le domaine agricole.

À l’issue de cette première mission, toutes les analyses de situation de travail co-construites au cours des ateliers puis rédigées par les experts français et marocains sont relues par une DRIF (déléguée régionale à l’ingénierie de formation) de l’enseignement agricole afin d’en proposer à l’ADET une version finale tout à fait complète et harmonisée.

L’ensemble des experts français et marocains ainsi que leurs homologues béninois se retrouveront au Bénin en décembre 2023 pour la prochaine étape : l’élaboration conjointe des référentiels de compétences. Viendront ensuite, avant la fin de cette année scolaire, les missions de co-construction des référentiels de formation et d’évaluation. Ces missions seront bien évidemment accompagnées par les coordonnateurs du projet,  béninois (l’ADET) et français (le MENJS via FEI et le MASA via la DGER/BRECI et son réseau CEFAGRI) qui veilleront à assurer la bonne conduite de cette importante coopération multi-acteurs.

Contacts : Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest
vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid BENLAFQUIH, chargé de coopération Afrique subsaharienne / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 




Programme « Agri-Tech & Food Business Training » – Nigeria

Le CFAA de La Bretonnière en Seine-et-Marne et le CFPPA Nature du lycée agricole de La Roche-sur-Yon préparent une formation à destination de 20 agro-entrepreneurs nigérians pour février 2024.

Les 24 et 27 juillet 2023, le CFAA de La Bretonnière et le CFPPA Nature de La Roche-sur-Yon ont accueilli Olawale Rotimi Opeyemi, fondateur et PDG de JR FARMS AFRICA (entreprise agroalimentaire implantée au Nigeria, au Rwanda et en Zambie) et Olayemi Olonilua, PDG de Jokun Farms (implanté au Nigeria et en Zambie). Les deux agro-entrepreneurs nigérians étaient accompagnés de Rachid Benlafquih, chargé des programmes Afrique Subsaharienne et Océan Indien à la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA).

Il s’agit là de la première étape d’un partenariat en cours de construction, suite à la demande du secteur privé nigérian de bénéficier en France de formations ad hoc destinées aux agro-entrepreneurs africains. Cette demande avait été relayée par la conseillère aux affaires agricoles de l’ambassade de France au Nigeria, Sonia Darracq, qui a sollicité le BRECI (Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale) et son réseau CEFAGRI (Conseil Expertise Formation Agricole à l’International). Un appel à manifestation d’intérêt a alors été lancé à l’ensemble des CFPPA, et parmi les cinq qui se sont proposés, deux établissements ont finalement été retenus.

Avec l’appui du BRECI, le CFAA de La Bretonnière et le CFPPA Nature de la Roche-sur-Yon se sont ainsi mobilisés pour construire un programme de formation complet visant à montrer la diversité et la complémentarité des secteurs et des métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire français dans une perspective intégrée, de la fourche à la fourchette… en anglais !

La première édition se déclinera sur six semaines du 23 février au 16 mars 2024 sur le site de La Bretonnière, puis du 16 mars au 7 avril 2024 sur celui de La Roche-sur-Yon. Elle permettra d’accueillir vingt agro-entrepreneurs africains, principalement nigérians, qui pourront découvrir les multiples facettes de l’agriculture française, son organisation et ses innovations et envisager des partenariats dans plusieurs filières de productions agricoles (volaille, porc, vigne, maraîchage, grandes cultures, bovins, produits de la mer…). Ce sera également l’occasion pour les participants de partager expérience et savoir-faire avec les acteurs de l’agriculture de territoires français, et d’identifier des opportunités de collaboration.

Ce programme témoigne de l’intérêt croissant des agro-entrepreneurs privés nigérians pour l’agriculture et l’agro-industrie françaises.

Visite et signature de la convention de coopération à La Bretonnière

Pour soutenir cette démarche internationale, de nombreux partenaires étaient présents le lundi 24 juillet 2023 pour la signature par O. Rotimi et Fred Numa, directeur du CFAAH de Seine-et-Marne, de la convention de coopération entre JR Farms Africa et le CFAAH de La Bretonnière : Guy Dhorbait, maire de la commune de Boissy-le-Châtel, Antoine Heusèle, président du Conseil d’Administration de l’EPLEFPA de La Bretonnière, Daniel Kiszel, chef d’entreprise Vigne Envie, monsieur et madame Aubry, exploitants EARL du Logis.

À la suite de la signature, plusieurs visites ont permis de donner un avant-goût du séjour et des formations à venir : les installations de l’établissement, son exploitation et son magasin de vente directe ont été parcourus en compagnie de Jean-Claude Wagny, directeur de l’exploitation du lycée agricole de La Bretonnière. Les partenaires nigérians ont ensuite été accueillis à la Ferme du Logis par M. et Mme Aubry.

À lire aussi : article dans la Presse locale, Le Petit Briard du 11 août 2023

Visites et signature de la convention de coopération au Lycée Nature

Le jeudi 27 juillet 2023, la même délégation a été accueillie au lycée Nature de La Roche-sur-Yon, où Régine Chiron, directrice du CFPPA Nature, a signé la convention de coopération avec M. O. Rotimi. Là également, un programme très complet de visites et rencontres avait été préparé, qui a permis à la délégation nigériane de parcourir les quatre pôles de l’exploitation agricole du lycée (volaille, mouton, porc, maraîchage) et son magasin, guidée par Franck Dovonou, jeune ivoirien en service civique, et Nadine Zorzi, secrétaire générale du lycée, très investie dans la coopération internationale de l’établissement, au même titre que Patricia Darjo, la directrice de l’EPLEFPA.

Les visiteurs ont ainsi pu apprécier les modalités d’accueil des futurs participants, les détails du programme de formation et visiter quelques sites qui ont été proposés lors de la formation.  Soit l’atelier de l’eau à La Roche-sur-Yon où Maud Rivard, exploitante agricole, a présenté sa production de spiruline, le village de la Vergne à La Roche-sur-Yon, tiers-lieu collaboratif présenté par Christophe Touchancheau, exploitant agricole en maraîchage biologique et la plateforme de compostage de Dompierre-sur-Yon gérée par Trivalis, où François Gilet (maire de Dompierre-sur-Yon), Éric Bourdet (référent de site et président de l’association), Manon Moreau et Kevin Viguier (chargés de mission biodéchets à Trivalis) ont présenté avec passion le site de compostage et ses enjeux écologiques.

Tous les futurs partenaires n’ont pas pu être rencontrés mais les chefs d’entreprise nigérians ont été impressionnés par la qualité des prestations proposées ainsi que par l’engagement des officiels et des partenaires français des deux établissements.

Rendez-vous donc le 23 février 2024 avec le premier groupe de 20 agro-entrepreneurs nigérians pour débuter la formation au salon international de l’agriculture (SIA) et au MASA à Paris !

 

Pour découvrir les formations des centres : CFAA de La Bretonnière et  CFPPA Nature

Pour connaître les entreprises : JR FARMS AFRICA, entreprise agroalimentaire implantée au Nigeria, au Rwanda et en Zambie et Jokun Farms, implanté au Nigeria et en Zambie.

 

Contacts : Rachid Benlafquih, chargé de mission Afrique subsaharienne / ECSI / expertise à l’international au BRECI/DGER
rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, Sonia Darracq, conseillère aux affaires agricoles à l’ambassade de France au Nigeria
sonia.darracq@dgtresor.gouv.fr

 




Blended learning au service des vétérinaires angolais

Deux experts de l’enseignement supérieur agricole français, Hayette Adel, professeure en pédagogie numérique à l’ENSFEA, et Jean-Claude Gracia, docteur en science de la formation, consultant VetAgroSup, présentent leur expérience de formation de formateurs à la Faculté de Médecine Vétérinaire de Huambo (Angola).

Le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire (MASA) s’est engagé à accompagner de nouvelles réformes de la formation agricole et rurale en Afrique, à intensifier la mobilité réciproque des étudiants et des enseignants, à co-construire un réseau Afrique-France de formations croisées et de doubles diplômes pour l’avenir des filières agricoles, d’élevage, forestières et agroalimentaires et à accompagner les étudiants entrepreneurs africains, donnant ainsi une nouvelle impulsion aux partenariats existants pour mettre en œuvre les orientations définies par le Président de la République lors de son discours de Ouagadougou en novembre 2017.
Dans ce cadre, un parcours de formation, porté par VetAgroSup Lyon, a été co-élaboré par l’ENSFEA et les écoles vétérinaires de France (ENV) sur proposition du chargé de mission Afrique du Bureau des relations européennes et de la coopération internationale (DGER-MASA).

Qu’est-ce que le dispositif de formation VAI²P ?

Créé sur un réseau de collaborations internationales, le dispositif de formation « Veterinary and Agronomic International and Innovative Pedagogy Training – VAI²P » est un projet de formation internationale à l’innovation pédagogique pour les enseignants vétérinaires et agronomes. Il a pour finalité le renforcement des compétences professionnelles des enseignants. Il repose sur la co-construction et la mutualisation de ressources pédagogiques. C’est une formation hybride à l’international.
Les Écoles Nationales Vétérinaires de France apportent un appui scientifique et technique, l’ENSFEA partage son expertise dans l’encadrement pédagogique en e-learning, l’approche par compétences et l’utilisation des outils numériques.
Ce dispositif de type formation/action d’une durée de 9 mois conduit à la réalisation d’une ressource : un parcours de formation d’une quinzaine d’heures en binômes internationaux  – c’est la composante “action” – tout en bénéficiant d’apports pédagogiques et d’accompagnement par une équipe pédagogique dans les domaines de l’approche par compétences, la pédagogie active et l’usage du numérique – c’est la composante “ formation” .

VAI²P est un programme de formation continue à la pédagogie et aux outils innovants pour les enseignants des cursus vétérinaires et agronomiques. Il s’agit à la fois d’un outil d’intégration de l’innovation dans la formation et un cadre d’échange, de partage et de travail entre des enseignants, d’origine et de champ d’action différents mais tous soucieux de l’excellence de leur formation. Le projet a démarré en septembre 2020 avec l’Angola dans une session pilote effectuée grâce à l’appui technique et financier du MASA/DGER et au soutien de la Région Rhône-Alpes, de l’ENSV-FVI et de l’Ambassade de France en Angola, concrétisant ainsi un partenariat engagé depuis juin 2019 avec la faculté de médecine vétérinaire de l’Université Jose Eduardo Dos Santos de Huambo (FMV de l’UJEDS).

Le projet VAI²P s’inscrit dans le cadre de la stratégie Europe et International du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire pour lequel le continent africain représente une zone prioritaire. En effet, le ministère a réaffirmé le caractère structurant des partenariats privilégiés entretenus avec les pays africains, dont notamment l’Angola, qu’il s’agisse d’appui au développement des filières agricoles, d’accompagnement à la transition numérique des systèmes agro-alimentaires, de stimulation de la recherche et de l’innovation ou de la formation des enseignants et des étudiants.

VAI²P s’appuie sur deux séminaires « distanciels » synchrones, un séminaire présentiel en France et un séminaire de fin de projet dans les pays partenaires.
Pour compléter ce dispositif, une salle de visio-conférence est dédiée au projet. Elle est utilisée sur demande des binômes ou planifiée par l’équipe d’accompagnement à différents moments du processus.  VAI²P se distingue par ses caractéristiques de collaboration, mutualisation, analyse réflexive et par un processus d’évaluation intégrant différentes modalités (auto-évaluation, co-évaluation, valorisation).
Ce parcours donne lieu à l’obtention d’un Open Badge délivré par l’ENSFEA et endossé par le Ministère de l’Agriculture français.

Attestation de participation au processus de formation précurseur de l’Open Badge.

En quoi a consisté votre mission à la Faculté de Médecine Vétérinaire (FMV) de Huambo ?

Pour clore le processus de formation e-learning, une mission a été réalisée sur site à la FMV de Huambo avec l’appui des services du ministère de l’agriculture (Rachid Benlafquih – chargé de mission Afrique DGER-BRECI), de l’ambassade (René Quirin – COCAC ambassade de France en Angola) et des relations internationales de VetAgroSup Lyon (Cédric Colmar – directeur des Relations Partenariales, Internationales et Européennes).

Après deux premiers séminaires en février et mars 2021 ayant réuni trente participants en formation en ligne,  un premier séminaire en présentiel a été l’occasion de réunir, en décembre, les équipes enseignantes engagées dans le dispositif VAI²P, en provenance de la faculté de médecine vétérinaire de Saint Hyacinthe (Québec), de la faculté vétérinaire de l’Université José Eduardo dos Santos de Huambo (Angola), de l’Institut Agro-Vétérinaire Hassan II de Rabat (Maroc) et de la faculté agro-vétérinaire de Bila Tserkva (Ukraine). Des visiteurs des facultés vétérinaires de Kosice (Slovaquie) et Lisbonne (Portugal) étaient également présents. Nos collègues angolais de la Faculté de Médecine Vétérinaire de Huambo ont ainsi réalisé à VetAgroSup Lyon fin décembre 2021 l’étape de mutualisation des ressources. Nous avons pu nous rendre à Huambo en Angola, du 23 au 29 avril 2023.

Cette mission a permis de réaliser la dernière phase du projet VAI²P, la phase d’animation de séance devant les étudiants en présence de l’équipe d’accompagnement et d’autres enseignants locaux ayant participé au projet. Les caractéristiques et les résultats du projet ont été présentés aux équipes de direction et aux enseignants vétérinaires et agronomes de l’Université José Eduardo Santos de Huambo.

Analyse de pratiques et mutualisation des ressources et projets pédagogiques.

Présentation du dispositif VAI²P aux professeurs de la FMV.

Quels sont ces résultats ?

Huit professeurs impliqués dans le projet ont conçu et expérimenté des ressources pédagogiques créées sur différents domaines :
– anatomie pathologie, « Differential diagnosis of intra-cavitary liquid accumulation with a special focus on transudate » par le trinôme Antonio Da Silva Alexandre (FMV) et Florentina Luis Chipepe (FMV) avec Sara Belluco (VetAgro Sup),
– aquaculture, « Analysis of biosecurity in fish farms » par le trinôme Marlinda Jolomba Silva (FMV) avec Ségolène Calvez (ONIRIS) et Nora Navarro-Gonzalez (ONIRIS),
– épidémiologie, « Descriptive epidemiological investigations » par le binôme Antonia Francisco (FMV) avec André Ravel (FMV Ste Hyacinthe Québec Canada).
L’observation des pratiques enseignantes en contexte a démontré l’atteinte des principaux objectifs du projet. Une analyse réflexive a été conduite, une évaluation est en cours.
Plus d’une centaine d’étudiants sont directement impactés par le changement (épistémologique, didactique, l’innovation pédagogique et l’usage pédagogique du numérique).
L’ensemble de l’équipe enseignante mobilisée lors des séminaires virtuels (ouverts) présente lors des travaux est à l’écoute des professeurs formés. Ce sont eux qui ont le mieux communiqué sur les finalités et les objectifs du dispositif. Ils sont reconnus comme référents.
Les caractéristiques du projet ont été présentées aux équipes de direction et à tous les enseignants vétérinaires de la FMV. Une dizaine d’enseignants agronomes ont été rencontrés et invités à la session de clôture et d’échange.
Enfin, la doyenne de l’université de Huambo a présidé une réception mobilisant une centaine de représentants de l’UJES.

Que retenez-vous particulièrement de cette expérience ?

Groupes classes des étudiants vétérinaires de la faculté de médecine vétérinaire et un de leur professeur – FMV.

Le dispositif  VAI²P en tant que projet de formation continue des enseignants montre son efficacité pour développer les compétences pédagogiques et numériques à partir d’objets scientifiques, techniques et des questions éthiques. Les enseignants bénéficiaires du projet sont repérés comme personnes ressources par leurs collègues. Ils ont fait la démonstration de leur capacité à décrire le contenu et l’intérêt de cette formation pour le renouvellement de leurs pratiques.

Évaluation de la dernière étape du processus, mise en situation et transfert des acquis des professeurs en formation VAI²P.

Le projet atteint bien son but de créer un réseau de collaborations internationales au-delà du parcours de formation. Deux des quatre enseignants réalisent un PHD (doctorat) grâce au VAI²P. Antonia Virginia Francisco réalise son PHD avec VetagroSup en collaboration avec André Ravel, épidémiologiste Professeur à l’Université de Montréal St-Hyacinthe au Québec. Florentina Amelia Luis Chipepe démarre un PHD avec le professeur Fernando Alfonso de la FMV de Lisbonne suite à leur rencontre au séminaire VAI²P.

Que vous a-t-elle apporté personnellement et professionnellement ?

Jean-Claude Gracia L’expérience vécue autour de ce dispositif, avec l’accompagnement du BRECI et l’appui structurant de Rachid Benlafquih, est marquante, depuis sa conception (espace de créativité passionnant), son accompagnement (très riche en relations humaines, institutionnelles et internationales), la mise en perspective (projet porteur de développement) et les valeurs à développer (travaux conduits à égale dignité, réalisations concrètes, critère d’utilité sociale, mise en lumière des relations entre la santé humaine, la santé animale et les écosystèmes et le lien entre l’écologie et la médecine humaine et vétérinaire, le One Health).
Ce type de dispositif en mode hybride, à faible coût, peut devenir une prestation efficiente (peu de déplacements) et efficace (à la fois pertinente pour créer les conditions du changement de pratiques et, de plus, propédeutique pour des formations académiques de spécialité).
En tant qu’expert consultant pour VetAgroSup Lyon j’ai acquis de nouvelles perspectives de travail en partenariat international, à même de recontextualiser savoir et savoir-faire aux attentes de l’environnement, co-élaborer et mutualiser les ressources produites, accompagner les changements (référentiels de formation, approche par les compétences, pédagogie interactive, pédagogie numérique…) dans l’optique « One Health », et les valeurs humaines.

Hayette Adel Pour ma part, cette expérience m’a permis de mettre en œuvre mon expertise d’ingénierie de formation hybride. J’ai pu avoir, grâce à ce projet, une expérience en contexte international et j’ai en particulier découvert les enjeux de la coopération entre la France et l’Afrique dans le domaine de la formation. Elle a été l’occasion de travailler en mode collaboratif avec des pédagogues et des enseignants vétérinaires, des institutionnels et de faire concilier leurs besoins scientifiques, pédagogiques et numériques, et aussi en particulier de travailler en binôme avec mon collègue Jean-Claude Gracia pour les aspects pédagogique et numérique du projet de manière extrêmement fructueuse et bienveillante. Nous avons appris à nous appuyer sur nos points forts respectifs. Par ailleurs, les orientations, le point de vue critique et constructif de Rachid Benlafquih a toujours été très éclairant lors de la conception et la mise en œuvre de ce projet.
Ce travail d’expertise internationale a été l’occasion aussi, du fait de multiples évènements dont la crise sanitaire (covid), d’expérimenter ma capacité à m’adapter à de nouvelles configurations, à trouver des solutions (en collaboration avec les autres intervenants du projet). Cette expérience a enfin été l’occasion de m’adapter au contexte local aussi bien du point de vue matériel qu’humain. D’un point de vue personnel j’ai découvert l’Angola, un pays que je ne connaissais pas. J’ai découvert une histoire, des gens généreux, gentils et avides de connaissances. …En attendant la suite du projet avec le Maroc !

Invitation de la rectrice, Virginia Quartin, de l’université de Huambo (UJES) ; déjeuner « surprise » faisant suite à la clôture de la session de formation (signifiant ainsi l’importance des collaborations avec VetAgroSup Lyon).

Propos recueillis par Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI.

Contacts : Jean-Claude Gracia, docteur en sciences de l’éducation et de la formation, retraité MASA-ENSFEA, ingénierie pédagogique de la formation, jeanclaudegracia1@gmail.com, Hayette Adel, professeure en pédagogie numérique à l’ENSFEA, hayette.adel@ensfea.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique / ECSI / expertise à l’international au BRECI, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr