[Re]Tour des délégations chinoises

En fin d’année scolaire, deux établissements chinois, le Suzhou Professional Institute of Agriculture et le Jiangsu Professional College of Agriculture and Forestry ont rendu visite à leurs partenaires français en Normandie, Bretagne et Ile-de-France. Après plus de 3 ans de distanciel causé par la crise sanitaire, le retour des échanges en présentiel étaient primordial pour relancer des coopérations restées en veille.

Durant trois jours passés en France, l’objectif de la première délégation était de visiter les établissements de Coutances et Saint-Lô en Normandie et de trouver les axes de coopération qui permettront un partenariat sur le long terme. La délégation du SPIA-Suzhou Professional Institute of Agriculture était composée de M. Yin, vice-président chargé des relations extérieures, M. Yu, professeur et responsable de la filière aménagements paysagers et M. Xu, directeur des Relations Internationales. Cet établissement de 12 000 apprenants propose 43 filières dont 29 dédiées à l’agriculture. Cela passe par l’horticulture, l’aménagement paysager, la transformation alimentaire et bien d’autres secteurs de formation.

Suzhou, la Venise de l’Orient

A Suzhou, l’aménagement paysager et l’horticulture sont des forces historiques. Marco Polo au 13e siècle en arrivant dans la cité, la définit comme la « Venise de l’Orient ». Des siècles ont passé, mais cette ville de près de 11 millions d’habitants a su conserver la richesse de ses jardins orientaux et une tradition tournée vers le partage international.

Les présentations se sont faites en vidéo pour la plupart

Pour les deux établissements français partenaires, la coopération avec la Chine n’est pas une nouveauté. Coutances fait partie de ces 5 établissements français qui furent jumelés avec la Chine dans les années 1990. La trace de ce partenariat qui s’estompa au fil des rotations de personnels se retrouve malgré tout dans le parc international qui existe en son sein avec la colline chinoise.

Pour Saint-Lô, le partenariat est plus récent. L’établissement a en effet accueilli fin 2016 un enseignant chinois, venu se former à l’élevage de porc sans antibiotiques, durant 3 mois. De cet apprentissage, naquit un module pédagogique que cet enseignant a intégré à ses cours.

Les responsables chinois devant un champ de courge bio normand

Appréhender le fonctionnement d’un établissement

La première journée de la délégation se déroula à Coutances. Le hasard fit que la délégation arriva à la fin du Conseil d’Administration et put ainsi découvrir le fonctionnement d’un établissement agricole français.

Une réunion de présentation des établissements eut lieu ainsi qu’une visite du site et des différentes plateformes techniques. Les membres de la délégation se sont montrés très intéressés par le fonctionnement d’un établissement agricole et posèrent pléthores de questions pour comprendre l’interaction entre les différents centres constitutifs.

La délégation chinoise souhaite que ce nouveau partenariat Coutances–Chine débouche sur l’enrichissement du parc international par un nouvel espace qui serait créé conjointement par les apprenants français et chinois.

Transformation alimentaire à St-Lô

Durant la deuxième journée en Normandie, les échanges ont porté sur la transformation alimentaire avec la visite de l’EPL de Saint-Lô.

Après une réunion permettant de mieux connaître les filières normandes, la délégation a pu visiter les différentes plateformes techniques de l’établissement dont la halle agroalimentaire. La visite s’est terminée par une dégustation de produits conçus par les apprenants normands.

L’après-midi, une réunion de bilan fut effectuée. L’objectif était d’identifier les axes de coopération possible puis de les prioriser pour que, dès l’an prochain, des projets se concrétisent. Au final ce ne sont pas moins de 5 axes de coopération qui furent trouvés. Le premier à mettre en place sera basé sur de la mobilité apprenante entre les deux pays avec chantier sur site.

Des échanges cordiaux et productifs

La délégation a terminé son séjour en France par une réunion à la DGER avec les membres du Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale. Ils purent y exposer ce qu’ils avaient acquis durant leur séjour en France et présenter les futures coopérations.

Le thé breton au centre de toutes les attentions

Le JPCAF est depuis plus de 4 ans le partenaire privilégié en France pour tous les projets autour du thé. Équipée d’une immense plateforme technique qui prend la forme d’un Musée du thé, les enseignants chinois sont engagés dans l’accompagnement du développement d’outils pédagogiques en France permettant le développement de la filière.

La délégation du JPCAF était composée de Mme Jia, vice-présidente chargée des relations extérieures, M. Fang, professeur et responsable de la filière aménagements paysagers, M. Yang, professeur et responsable de la filière production végétale et M. Wang, professeur et responsable de la filière thé. Cet établissement est bien connu en France car il a longtemps été désigné comme chef de file pour la coopération avec la France par le MARA (Ministry of Agriculture and Rural Affairs). Ses effectifs sont d’environ 13 000 apprenants répartis sur 59 filières dans 8 départements, comme l’horticulture, l’aménagement paysagers, la transformation alimentaire et bien d’autres.

La première journée de visite se déroula à Nantes, avec la découverte du site du Grand Blottereau de l’EPL Nantes Terre Atlantique. La visite du parc et des différentes zones dont les théiers a permis aux partenaires de réellement se découvrir et échanger sur la passion du camélia. Les contours de la coopération a pu être précisée et pourra se concentrer sur les théiers à huile.
L’après-midi, la délégation a visité le jardin des plantes de Nantes afin de mieux comprendre les enjeux des espaces verts en France et leur gestion.

La deuxième journée fut bretonne. Dans un premier temps, la délégation se rendit sur le site d’Hennebont du Campus du Morbihan afin d’y rencontrer les équipes et d’inaugurer le chantier du parc de l’ami-thé franco-chinois. Son design a été conçu grâce à un concours entre apprenants chinois et français. La synthèse des deux projets lauréats a été effectuée par un formateur d’Hennebont et a repris tous les concepts que les étudiants ont voulu insuffler.

Le design final du jardin de l’ami-thé franco-chinois

La visite s’est poursuivie par la découverte du conservatoire de théiers implantés dans l’enceinte de l’établissement breton. Ce sont déjà près de 1000 théiers d’une dizaine de variétés différentes qui sont présents et qui commencent à produire. M. Wang en a profité pour échanger avec les équipes et prodiguer quelques conseils pour l’implantation des prochains 5000 théiers qui viendront enrichir la collection.

Le chantier qui sera réalisé dans le futur par des équipes d’apprenants franco-chinoises

La présentation des installations s’est terminée avec la dégustation des premiers thés élaborés avec des feuilles de théiers, ayant grandi dans un établissement agricole français. Le goût a plu à la délégation chinoise et là encore des conseils furent apportés afin de permettre à la partie française d’améliorer son produit.

La dégustation du thé breton avec les conseils de M. Wang

L’après-midi fut consacrée à la découverte du site de Pontivy, de son exploitation avec l’unité de méthanisation et des halles technologiques agroalimentaires. Les échanges furent riches et variés et le concept de circuit-court fut parfaitement compris par les membres de la délégation chinoise.

Très belle visite dans les halles agroalimentaires de l’établissement d’enseignement agricole

L’horticulture à Paris

La dernière journée fut consacrée à une visite de l’école du Breuil qui est l’école d’horticulture de la ville de Paris. Lors de la présentation du parc et des infrastructures, des pistes de coopération ont émergé.

Le travail ne fait que commencer, car suite à ces accueils de délégations chinoises, il reste désormais à organiser les déplacements des étudiants entre les pays et continuer à développer les projets qui sont déjà bien engagés.

 

Contact : Max MONOT, Animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr




Infusion Basque

Grande étape de coopération avec la Chine pour le lycée Armand David d’Hasparren dans le Pays Basque.

Dès le lendemain de la réception de 500 plants de thé en provenance de l’établissement d’Hennebont dans le Morbihan, les équipes basques du Lycée Armand David d’Hasparren ont enchainé avec un cours en ligne sur la culture du thé proposé par leur partenaire chinois, le Suzhou Professional Institute of Agriculture (SPIA).

Techniques d’élevage des plants

Côté Hasparren, des professeurs de biologie, d’aménagement paysager et d’anglais étaient présents aux côtés de M. Gaufryau, le directeur d’Armand David.

Mme Li, professeur au sein du département horticulture du SPIA leur a  présenté, dans un premier temps, les plantations typiques de thé du Jiangsu et de la région de Suzhou. L’un des 10 thés les plus célèbres de Chine, le Biluochun est notamment produit sur les parcelles de cet établissement chinois et en Bretagne !

L’enseignante chinoise a ensuite détaillé toutes les informations de base nécessaires pour créer une plantation de thé en partant de

zéro.

Cela incluait des données techniques sur la plantation, la taille, la fertilisation, la gestion des adventices et des ravageurs.

Le Biluochun révèle ses secrets de vie

Cette présentation très détaillée, était illustrée de nombreuses photos qui ont donné envie aux équipes françaises de découvrir en Chine, les racines de la culture de la boisson chaude la plus populaire au monde.

Les équipes d’Hasparren, plants de thé à la main, ont pu poser de nombreuses questions pour savoir comment planter, tailler, protéger et implanter leurs 500 nouveaux arrivants !

Pourquoi l’établissement breton d’Hennebont livre-t-il du thé dans un lycée agricole en Pays Basque ?

L’EPL d’Hennebont est à l’initiative du développement des formations autour du thé en France. Sa coopération avec un producteur local lui a permis de se positionner en tête de file en France pour tout ce qui est ingénierie de formation et recherches sur les cultivars.

L’établissement est notamment en train de construire un conservatoire du thé. Les plantations se poursuivent sur 7000 m² de terrain : près de 7000 plants représentant un peu plus de 100 variétés.

Les implantations de thé prennent racine au sein de l’enseignement agricole français. N’hésitez pas à contacter l’animateur du réseau Chine, Max Monot, si vous aussi, vous voulez infuser du projet innovant dans votre établissement !

Pour en savoir plus sur la coopération de l’enseignement agricole avec la Chine en matière d’élevage de théiers, les précédents articles Tea time pour la France et la Chine, Epure et tradition – naissance d’un jardin international, ou les retour sur les webinaires Franco-chinois – Focus sur les jardins paysagers ou sur la culture de thé

Contact : Max Monot, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole – max.monot@educagri.fr




TEA TIME pour la France et la Chine

Le 24 mars 2022, pour la première fois, le réseau Chine de l’enseignement agricole, le Centre Franco-Chinois de formation agricole et l’institut technique professionnel agricole de Jurong ont réuni les acteurs de l’enseignement et de la profession des deux pays afin d’échanger autour de leurs projets de coopération.

Près de 200 participants se sont connectés pour suivre les présentations, participer et prendre part aux échanges entre les deux pays. Il s’agissait pour la plupart de représentants d’établissements et d’entreprises chinoises et françaises. Côté français, les établissements d’enseignement agricole étaient au nombre de 8 : Saint-Lô Thère, Coutances, Evreux, Hennebont, Bressuire, Tarbes, Hasparren et Nantes.

D’autres acteurs de l’enseignement agricole étaient aussi impliqués, tels que Régis Triollet du réseau thématique Horticulture et Paysages et Stéphanie Dumortier chargée de mission coopération internationale pour la fédération de l’enseignement privé du CNEAP.

Offre de formation chinoise

La première présentation chinoise porta sur les formations dispensées par l’établissement professionnel agricole de Jurong dans le Jiangsu. Ils catégorisent leurs formations selon deux parcours : l’un diplômant, l’autre non-diplômant. Les formations diplômantes concernent des apprenants de niveau BTS, Licence et Master. Deux types de voies sont possibles, initiale ou par apprentissage. Les évaluations portent sur les cours, les techniques pratiques sur la plantation et l’art du thé, des concours (campus, province, national) et des accréditations du niveau de capacité professionnelle (art du thé, testeur). Les référentiels sont construits en concertation avec les acteurs de l’industrie du thé pour répondre à leurs attentes et besoins professionnels.

Les formations non-diplômantes sont proposées en formation continue. Les programmes portent sur des techniques spécifiques : jardin, plantation du thé, traitement du thé noir, savoir-faire sur l’infusion du thé.

Des compléments ont été apportés en présentant la plateforme technique dédiée au thé de l’établissement de Jurong. Ce “parc du thé” s’étend sur 166 hectares. Il comprend un institut de recherche du Jiangsu, qui est spécialisé dans la qualité et rentabilité du thé et de la conduite de projets (5 par an).

Une école propose des formations diplômantes ou certifiantes. Elle est composée de 2 académies sur 2 campus pour élèves et étudiants afin de comprendre et d’expérimenter la culture du thé. Plusieurs centres d’activités sont consacrés aux pratiques techniques : une salle pratique sur l’art du thé, une pour l’évaluation, une de transformation du thé et enfin une dédiée à la dégustation.

Des centres de services technologiques, de recherche de la culture, recherche et développement sont intégrés au campus. Des parcours pédagogiques sur la culture du thé sont adapté aux différentes variétés : « voyage du thé dans la province du Jiangsu ».

L’école chinoise intègre également un hall de transformation et détient des champs de thé sous forme de 6 jardins, élevant plus de 100 variétés de thé.

 

 

 

 

 

 

 

 

La réponse française à la culture de thé

La première présentation française fut effectuée par Arnaud BILLON,  directeur de l’exploitation agricole de l’EPL d’Hennebont. Ce dernier est à l’initiative du développement des formations autour du thé en France. Sa coopération avec un producteur local lui a permis de se positionner en tête de file en France pour tout ce qui est ingénierie de formation et recherches sur les cultivars.

L’établissement est notamment en train de construire un conservatoire du thé. Les plantations ont commencé et se poursuivront en 2022 sur 7000 m² de terrain : près de 7000 plants représentant un peu plus de 100 variétés.  Une implantation en agroforesterie est prévue, ainsi que des implantations de théiers avec alternance de rangées de légumes.

Le projet prévoit la construction d’un parc de l’amitié franco-chinois, il servira de vitrine pour le projet.

Des travaux de recherche sont menés, notamment sur le paillage des théiers qui est une des problématiques fortes des producteurs.

Les expérimentations portent aussi sur des essais de bouturage en agriculture biologique et de marcottage. Le champ de thé créé servira également à la pédagogie et la formation. Les apprenants pourront pratiquer la multiplication les plants et entretenir les parcelles.

Concernant la post-production, la réflexion se tourne sur la filière et les partenariats. Il s’agit d’envisager l’élaboration de nouveaux produits transformés en collaboration avec l’EPL de Pontivy : jus de pomme au thé ou pâté au thé.

La collaboration de l’EPL avec l’établissement de Jurong se concrétisera en plusieurs temps, soit l’élaboration d’un guide du débutant sur l’univers du thé à destination des étudiants et agriculteurs, la poursuite des échanges par des réunions de comité de pilotage du projet (2 fois par an) et enfin la construction d’un module de formation intégré dans les formations diplômantes ainsi que la construction d’un module de formation continue courte pour adultes.

L’intervention chinoise suivante concernait l’établissement professionnel agricole de Suzhou, dans le Jiangsu. Cette présentation s’est attachée à montrer aux participants, la structuration de cette école qui propose des formations dans le thé depuis une quinzaine d’années. Les équipes d’experts mettent en place des programmes d’innovations à destination des étudiants et cela tout en intégrant l’apprentissage moderne au modèle actuel.

Concours de design autour du parc de l’amitié

Puis ce fut au tour de Marine Chotard, chargée de mission du projet thé à l’EPL d’Hennebont, de présenter le concours mis en place par son établissement avec l’école de Jurong.

Ce concours vise à remettre, au centre des échanges, le travail des apprenants. Il s’agit en effet d’un concours de design à destination d’élèves et étudiants en filière – Aménagements paysagers – portant sur le parc de l’amitié franco-chinoise qui sera conçu sur l’EPL

d’Hennebont.

Le jury composé d’enseignants des deux pays désignera les 3 meilleurs projets de chaque pays et une grande finale aura lieu au mois de mai pour désigner le concept gagnant. Les apprenants devront défendre leur vision durant 5 minutes en anglais (en visoconférence).

Tous les participants verront leurs noms inscrits sur une plaque placée dans le jardin et le grand gagnant sera récompensé par des lots de produits des deux établissements.

Début des travaux prévus à l’automne 2022 !

La dernière présentation chinoise fut l’œuvre de l’établissement professionnel et technique de Yangling dans le Shaanxi. Elle se concentra sur l’offre de formation de l’établissement et des travaux qui y sont menés.

La filière thé en France

Le dernier intervenant de cette matinée fut Lucas Ben Moura, producteur de thé et futur président de l’association européenne du thé.

Cet ingénieur agronome de formation a planté, fin 2020, près de 3500 plants sur 0,5 ha dans la commune d’Argelès Gazost en Hautes-Pyrénées. Il a pour objectif de planter 2 ha de théiers. Une vieille grange sera réhabilitée en pôle transformation-vente. Au regard des conditions climatiques et géographiques, il pense se concentrer sur la production de thé noir.

Concernant la structuration de la filière Thé en France, les principaux producteurs se sont réunis sous deux étendards : l’association EuT – Tea Grown in Europe qui est composée de 56 membres européens dont 28 Français et l’ANVPTF : Association Nationale pour la Valorisation et la Protection des Producteurs de Thé Français créé en 2021 et qui compte 25 membres.

Beaucoup de producteurs en France et en Europe ont opté pour des systèmes de production privilégiant des produits de haute qualité sur des superficies d’exploitations restreintes (moins de 10 ha).

Au cours de la visioconférence, les discussions furent nombreuses avec une traduction au fil de l’eau, portant sur les questions de revitalisation rurale en Chine, les concours autour du thé, les référentiels, l’aspect marketing des formations, la mécanisation des cultures, etc…

Suite à ce webinaire, les établissements en France se structurent et se rapprochent des producteurs locaux ou d’autres établissements de leur zone géographique. L’animateur réseau s’engage à faciliter les échanges en venant à la rencontre des établissements intéressés dans les régions du Sud-Ouest et en Normandie afin de faciliter les premiers pas et fédérer les projets de partenariats innovants ou s’inspirant de projets existants.

Toutes les présentations sont disponibles sur Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCSyPj3suivqrW5_ak7jJLcQ

 

Contact : Max MONOT, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr

 




Les tribulations de la Simmental en Chine

Le premier webinaire franco-chinois de l’enseignement agricole technique sur la filière bovin allaitant s’est tenu le 15 décembre 2021 en visioconférence. Co-organisé par le réseau Chine de l’enseignement agricole et le Jiangsu Professional College of Agriculture and Forestry (JPCAF), établissement chinois en charge des relations avec la France, l’évènement a rassemblé près de 100 participants et une vingtaine d’établissements chinois et français autour de la thématique de l’élevage bovin et de la valorisation de la viande bovine.

Après le mot d’introduction de la vice-directrice du département éducation du Ministère de l’Agriculture et des Affaires Rurales chinois (MARA), Mme Wang Xin, qui a rappelé combien les coopérations entre les établissements des deux pays étaient importantes et s’inscrivaient sur la durée, 6 interventions ont été proposées.

Formation « éleveur »

La première intervention de Max Monot, animateur du réseau Chine de l’EA, porta sur l’enseignement agricole français et les formations pour devenir éleveur bovin, en rappelant l’importance de la structuration de nos établissements autour de fermes d’application et d’ateliers technologiques afin de proposer à nos apprenants de pratiquer leurs futurs métiers tout au long de leur formation.Un focus sur les diplômes préparant au métier d’éleveur bovin et les axes principaux des référentiels qui les composent ont permis aux partenaires chinois de connaître le dispositif français.

Enfin, les opportunités de coopération ont été évoqué reposant sur la formation courte, les techniques d’élevage en prenant exemple sur deux établissements agricoles français (EPL de Nevers et celui de Bressuire) ou encore sur l’insémination bovine proposée par le CEZ Rambouillet et l’Association nationale de formation pour l’élevage et l’insémination animale (ANFEIA) au service des coopératives pour la formation continue des éleveurs). La mise en place de cursus chinois intégrant des matériels pédagogiques français a été abordé.

Une coopération institutionnelle et professionnelle

La coopération au profit de la filière bovine entre la Chine et la France s’opère aussi au niveau des entreprises et des autres directions du ministère et l’animateur du réseau de l’enseignement agricole français a profité pour présenter le projet sur l’amélioration de la génétique bovine en Chine mené par les services de l’ambassade de France et France Agrimer.

Un second temps a été consacré aux travaux de recherche du professeur Gong, menés par l’établissement d’Enshi dans le Hubei sur les questions de stress chez le veau.

Sollicité par des producteurs locaux qui déploraient de nombreuses pertes chez leurs jeunes bovins, cet établissement a mené des enquêtes pour comprendre le phénomène. Suite à leur diagnostic, ils ont pu proposer des traitements et des systèmes de prévention aux agriculteurs de leur territoire.

Praticités et technicités dans la formation française

Un binôme d’enseignants des établissements de Nevers et Bressuire, Stéphanie Moulin et Jacky Rivaux, a présenté sur les spécificités des exploitations des établissements agricoles français, en présentant les spécificités des ateliers de production et le travail lié à ces productions. La place des exploitations est essentielle dans la formation agricole ainsi que leur rôle dans les travaux de recherche et leur avancée dans les domaines de l’agroécologie.

Ensuite, le professeur Li a présenté sur la situation de l’élevage bovin en Chine et plus particulièrement dans la province du Sichuan, étant lui-même enseignant à l’institut technique agricole de Chengdu.

Alors que la consommation de viande bovine par personne est passée de 4.7 kg/pers. en 2009 à 6.6 kg/pers. en 2020 en Chine, la quantité produite n’a pas suivi les besoins de la population. Le

Présentation des croisements races locales avec Simmental

gouvernement chinois s’est saisi du problème et a lancé un plan de développement des productions bovine et ovine pour atteindre un taux d’autonomie en viande dans ces deux productions de 85% d’ici 2025 contre 70% actuellement. A savoir que le Sichuan produit 8.8 millions de têtes par an. Le cheptel est principalement composé de races locales telles que la Bashan ou la Sanjiang.

Expérimentation pour répondre aux besoins

La province afin de mener à bien des expérimentations dans la matière s’est équipée d’une ferme pilote, d’une ferme de race locale et d’un élevage de taureaux reproducteurs. Monsieur Li nous a ensuite présenté les caractéristiques des races locales chinoises qui ont besoin d’un fourrage grossier. Elles sont résistantes au climat mais ont l’inconvénient d’être petites et donc de ne pas avoir une bonne rentabilité. Des expérimentations sont en cours pour croiser les races locales à des races étrangères comme les Simmental.

Marie Provost, directrice des halls agroalimentaires de l’EPL de Bressuire et Xavier Blais, responsable des formations en boucherie et découpe du même établissement, ont mis en avant le savoir-faire français en termes de transformation alimentaire. Ils ont rappelé la structuration d’un atelier technologique et présenté les produits qui pouvaient être fabriqués puis commercialisés dans nos établissements. Ils ont enfin mis en avant le lien avec la profession et l’importance de travailler étroitement avec les agriculteurs afin de produire des produits de haute qualité.

Ils ont ainsi apporté des précision sur la formation française au métier de boucher ainsi que celle des charcutiers-traiteurs et leurs rôles dans la société.

Présentation des ateliers technologiques

Enfin, les conditions de l’élevage bovin dans le sud de la Chine ont été abordées par le professeur Zhang de l’établissement de Tongren de la province du Guizhou. Il a explicité les conditions météorologiques et topographiques, la qualité des sols et d’accès à des fourrages bons marchés ainsi qu’à la mécanisation entraînaient des difficultés à obtenir une bonne rentabilité.

Comme lors de la présentation de son collègue de l’institut technique agricole de Chengdu, il a fortement insisté sur un problème de qualité des fourrages qui rend l’élevage des bovins en Chine difficile.

Afin de résoudre ces difficultés, les équipes de l’établissement de Tongren ont mené des études comparatives sur les performances des races étrangères dans les provinces du sud en collaboration avec des agriculteurs locaux. Ces études, qui reposent principalement sur une comparaison entre la race locale Wuniu et la race Simmental, ont mis en exergue les difficultés pour la vache étrangère à s’adapter aux conditions de vie locale.

Une vache de race Simmental dans les conditions locales du sud de la Chine

Afin d’améliorer la filière, ils ont mené à bien des croisements, notamment dans la province du Yunnan, qui ont permis d’améliorer les performances des races locales et l’adaptabilité des races étrangères.

Pour conclure la séance, Monsieur Yang, directeur des relations internationales du JPCAF, a rappelé que cet évènement s’inscrivait dans une démarche de webinaires multi-sectoriels qui prendront place entre les établissements des deux pays pendant la période de pandémie et qu’une analyse sera menée pour améliorer après chaque session la qualité des échanges.

Suite à ces premières présentations, les établissements chinois seront à nouveau sollicités afin qu’ils définissent leurs besoins de formation dans les domaines de la production et de transformation dans la filière qu’ils ont identifiés.

Pour visionner les échanges de ce webinaire :

Contact : Max Monot, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr