Ranto, jeune malgache en service civique à Pau

Ranto, jeune étudiant de 22 ans, après avoir décroché une Licence en Gestion de l’environnement à l’université de Soavinandriana à Madagascar, est arrivé à Pau au tout début de l’hiver 2019 dans le sud de la France, au pied des Pyrénées toutes blanches…

Il a passé 6 mois au lycée sur un poste d’animateur du foyer socio-éducatif avec les élèves, les étudiants et les apprentis.

Mais la crise Covid est passée par là et Ranto est toujours parmi nous, dans l’attente de son rapatriement à Madagascar en octobre prochain. Il nous livre quelques réflexions sur son parcours en tant que service civique.

 

Ton expérience de service civique est-elle à la hauteur des attentes que tu avais en arrivant ?

« C’est beaucoup plus que ce que j’imaginais ! Au début, je considérais ça comme un voyage, une découverte, et c’est devenu bien plus ! J’ai évolué, je me suis ouvert aux autres et j’ai pris davantage confiance en moi. En deux mots, j’ai grandi !

Et j’ai également fait beaucoup de progrès en français, même si je le parlais couramment avant d’arriver. »

Comment as-tu vécu la période d’adaptation ?

« C’était un défi qu’il fallait relever. Les deux premières semaines de préparation à Montalivet avec l’association Cool’eurs du monde étaient très bien. Heureusement qu’on a eu ce temps-là. Mais après ça a été compliqué ! Il y avait tellement d’informations à assimiler… Le calcul pour le change de l’euro, les trajets en bus, Internet… Il m’a fallu deux mois pour me sentir à l’aise. Au lycée, j’ai été très bien accueilli, surtout par les profs. Cet accompagnement a tout changé pour moi. Et puis je me suis fait des amis au lycée, aussi bien des élèves de seconde que des étudiants en BTS. »

Quel était ton travail au lycée ?

« Je devais m’occuper de l’animation au foyer et dans le lycée en général. Avant le confinement j’ai pu mettre en place des tournois, des jeux. J’ai présenté la situation sociale, politique et agricole de mon pays dans les classes, en lien avec l’EATDD, et ça c’était vraiment stimulant et dynamique. Malheureusement, je n’ai pas pu organiser une animation avec les migrants pour faire un débat et monter une chorale et mettre en place une semaine « Madagascar »…

C’est une idée qui a germé ici à Montardon et que je suis en train de mettre en œuvre pour mon retour à Mada. »

Quels conseils donnerais-tu au prochain service civique ?

« Tout d’abord de ne pas vouloir trop en faire dès le début ! La barre est haute à chaque fois mais il faut se laisser le temps de l’adaptation. Par exemple, se donner le temps de s’adapter à la

llement de choses à intégrer d’un coup comme par exemple s’entraîner à prendre le bus jusqu’au lycée. Ce serait bien que le lycée prépare un livret d’accueil à lire chez soi avant d’arriver.

Ensuite, il ne faut pas attendre que les jeunes lycéens viennent vers nous, il faut oser aller vers eux et surmonter sa timidité. Surtout, le plus important est de se faire des amis ! »

Armelle ROSMANN, enseignante d’ESC témoigne :

« Nous avons eu la chance cette année d’accueillir Ranto, qui a été présent principalement sur les temps extra-scolaires nous assistant sur les temps d’animation. Il a ainsi accompagné les élèves sur un certain nombre de projets, notamment en Théâtre et en Musique. Il a aussi initié des tournois sportifs. Il s’est adapté très rapidement à notre fonctionnement et a participé activement à la vie de l’association des élèves et étudiants. Ranto a su créer des liens de confiance avec nos jeunes qui ont vu en lui une personne-relais disponible et attentive. Il est aussi intervenu dans les classes afin de faire découvrir son pays, sa culture et rendre compte à travers son regard de nos modes de vie. Il a abordé des points plus précis (développement, agriculture…) à la demande de certains enseignants.

Ces échanges ont été des moments très forts, de découverte, de questionnement pour nos élèves. Madagascar est un pays très éloigné géographiquement mais aussi culturellement, il l’est peut être un peu moins aujourd’hui. Ranto a créé des envies de voyages chez certains, attisé la curiosité et l’envie de savoir, de comprendre chez d’autres.

Ces rencontres sont des temps qui me semblent essentiels afin d’amener nos élèves vers une meilleure comp

réhension et acceptation de notre société et de notre monde. »

Lors des journées réseaux Afrique en janvier 2020




L’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale (déjà !) dans vos programmes

Revivez le cycle de webinaires courts organisé par le réseau RED de l’Enseignement Agricole en juin 2020

Accès aux Replays des 4 « WebiRED » et aux Ressources des témoins et participants :

Ressources, compte-rendu et Replays


Témoignages WebiRED#1 / Modules d’Initiative Locale et Cours de Langues – 5 Juin 2020


Compte rendu et vidéos Webinaire à revoir : Compte rendu WebiRED#1 MIL et Langues

  • Delphine Laissac, enseignante de Biologie-écologie au lycée agricole de Vic en Bigorre / MIL Coopération International en BTS

MIL BTS Coop_solidarité_internationale Vic

Progression MIL coop Vic

  • Jean-Christophe Ygrié, enseignant d’anglais au lycée agricole de Rodez / Accompagnement de la mobilité internationale en cours d’anglais

Expériences d’intégration de la mission CoopInter en cours d’Anglais à Rodez

Exemple de lettre de MISSION Vacations – Projet ERASMUS+ (validé en CA)

Bilan Evaluation Menti WebiRED #1

 


Témoignages WebiRED#2 / Préparation au départ et valorisation des stages à l’étranger – 12 juin à 15h


 

Compte rendu et vidéos Webinaire à revoir : Compte rendu WebiRED#2 Accompagnement de la mobilité

Présentation des participants avec Menti : Présentation groupe Menti

  • Béatrice Barbe-Guilmont, enseignante d’ESC au lycée agricole de SEES / M11 organisé autour de la mobilité internationale et la valorisation des compétences (mixage des publics stage à l’étranger et en France en BTS DATR)

Annexes :

1. planification des séances de retour de stage mars 202

2.Outils séances M11 retour de stage

  • Emilie Canton, enseignante documentaliste au lycée agricole de St Aubin du Cormier / organisation de session d’accompagnement de la mobilité internationale dans le cadre du programme ERASMUS+ Pro .

Annexes :

Livret préparation départ

Livret recherche de stage GMNF

Support Préparation au départ lycée de St Aubin du Cormier

Plus d’info sur la stratégie de développement des mobilités en interne : Article sur Portailcoop.educagri.fr

 


Témoignages WebiRED#3 / Accueil d’un Volontaire étranger dans un établissement (Service Civique de Réciprocité, Corps Européen de Solidarité, OFAJ…) – 19 juin à 15H


Compte rendu et vidéos Webinaire à revoir : Compte rendu WebiRED#3 Accueillir un volontaire étranger

Présentation elia (motivations, activités, conseils)

Etude de cas de l’accueil de jeunes volontaires européens (Corps Européen de Solidarité – Ex SVE) sur le lycée agricole fonlabour

  • Fabrice Vérin, enseignant au lycée agricole du Rheu / accueil de services civiques de réciprocité (Inde, Thaïlande…) avec France Volontaires

Carte Mentale des activités menées sur une année d’une Volontaire accueillie

  • Christophe RESSIGUIER, France Volontaires Chargé de mission territorial Régions Bretagne, Pays de la Loire et Nouvelle Aquitaine et partenaire dans l’accueil des services civiques internationaux dans les lycées agricoles

Pour aller plus loin :

 


Témoignages WebiRED#4 / Organisation du festival ALIMENTERRE dans un lycée et la labellisation « Commerce Équitable » d’un établissement scolaire – 28 Juin à 15H


Compte rendu et vidéos Webinaire à revoir : Compte rendu WebiRED#4 ALIMENTERRE et Label CE

  • Yves Carmichael, enseignant documentaliste au lycée agricole Cneap Bonneterre de Pézenas / Label « Ecole de Commerce Equitable »
  • Philippe Nauleau, Enseignant au lycée Nature de la Roche-Sur-Yon / Une première expérience d’accueil du festival ALIMENTERRE
  • François Armbruster, enseignant au lycée agricole de Besançon / Organisation de plusieurs projections et débats ALIMENTERRE

Pour aller plus loin :

Organiser le festival ALIMENTERRE : https://www.alimenterre.org/le-festival-alimenterre-0

Candidater pour le Label Ecole du Commerce Equitable : https://www.label-ecoles-equitable.fr/

 

 




Africains en BTSA et en service civique dans des établissements agricoles pendant le confinement

Si toutes les mobilités sont pour l’instant annulées ou reportées à cause de l’épidémie de COVID-19, une douzaine de jeunes africains continuent leur service civique dans plusieurs établissements agricoles et autant d’étudiants suivent leurs cours de BTSA tout en respectant les règles du confinement imposées par le gouvernement. Voici un tour d’horizon de leur vie en France.

Au LEGTA d’Auzeville (31), les Burkinabè Safiata et Adama poursuivent leurs missions liées à l’apiculture et au maraîchage. Les matinées se passent à la miellerie et les après-midi au potager :

Ces activités leur permettent de bien vivre leur confinement, d’autant plus qu’ils habitent une grande maison sur le vaste terrain de 10 ha du lycée. Et ils sont en contact téléphonique quasi quotidien avec leur tuteur, qui leur permet aussi d’utiliser une fois par semaine le téléphone du lycée pour appeler leurs familles au Burkina Faso.

Au LPA de Château-Gontier (53), Arthur, Ivoirien, continue son travail sur les insectes tandis que Jemima, Béninoise, ne pouvant poursuivre en cette période sa mission au Refuge de l’Arche (protection des animaux sauvages en captivité), travaille le matin à l’animalerie du lycée. Tous deux gardent le moral, confinés au lycée, comme l’un de leurs tuteurs, chef de l’atelier piscicole.

Au LPA de Vire (14), les Ivoiriens Chimène et Ernest sont en contact téléphonique très régulier avec leur tuteur et vont bien. Leurs activités d’ECSI sont annulées ou reportées mais ils assurent la traite en alternance avec le chef d’exploitation et le vacher, assistés du proviseur adjoint :

Ils ne se sentent pas isolés dans la mesure où le personnel de direction se montre très présent, logeant aussi sur l’établissement.

Il en va de même pour leurs compatriotes Oumar, au LPA de Velet (71) et Krystelle, au LEGTA de La Roche-sur-Yon (85). Cette dernière continue à travailler un peu sur l’exploitation (maraîchage bio) et apprend à conduire le tracteur et aussi à faire du vélo ; elle travaille sur son rapport de stage et profite des installations sportives. Elle a des contacts avec les personnels logés et confinés au lycée qu’elle croise ici et là, sans négliger les gestes barrières. Le chef d’exploitation notamment assure les courses, pour elle et pour Saadia, service civique marocaine.

Ranto, service civique malgache au LEGTA de Pau (64), lui, ne loge pas au lycée mais dans un foyer de jeunes travailleurs, où il tente de s’occuper au mieux, ayant forcément mis entre parenthèses sa mission de service civique.

Quant à la Sénégalaise Mbacké, elle devait terminer sa mission de service civique à l’EPLEFPA de Montmorot (39) le 28 mars. Mais en accord avec sa tutrice, son ONG d’origine (Nebeday) et France Volontaires, elle a pu rentrer prématurément dans son pays. Désormais au Sénégal donc, elle s’impose un confinement de quatorze jours minimum et garde un très bon souvenir des quelques mois passés en France.

Enfin, les Béninois Kévin et Flavien ont préféré, dès l’annonce de la fermeture de l’établissement, quitter le LEGTA Le Chesnoy (45) pour passer ce temps de confinement chez leur ami tarn-et-garonnais, agriculteur retraité membre de l’association CUMA-Bénin, qui les a déjà accueillis pendant les vacances scolaires. Ils sont heureux et ne s’ennuient pas, dans un large espace rural où ils effectuent diverses tâches leur permettant d’utiliser quelques machines :

En outre, pour les étudiants africains en BTSA, la situation est quelque peu différente de celle des services civiques étant donné qu’ils ne sont pas logés dans les lycées et qu’il leur faut suivre les cours à l’instar de leurs camarades de classe.

Au LEGTA de Limoges (87), Athène et Pathé, Sénégalais en BTSA TC, se portent bien et se débrouillent pour suivre les cours à distance, dotés d’ordinateurs pour recevoir les cours et exercices d’application via Pronote. Néanmoins ils disent vivre difficilement le confinement qui les isole davantage qu’en temps normal.

Bamba, Aïcha et N’gone, les trois Sénégalais en BTSA APV au LEGTA de Châteauroux (36) bénéficient comme leurs camarades de la continuité pédagogique mise en place par l’établissement, à travers une liste Snapchat et via Pronote. Bamba en témoigne : Inquiet par rapport à ses revenus quand le McDo où il travaille après les cours a fermé, il se trouve désormais rassuré par la possibilité de bénéficier du chômage partiel. Et il envisage par ailleurs de se faire embaucher par un agriculteur pour les deux semaines de vacances à venir.

Les jeunes africains en service civique et en BTSA sont donc en bonne santé ; la continuité de l’accueil est assurée pour eux, grâce à l’attention des tuteurs, enseignants et personnels de direction (chefs d’établissement, d’atelier, d’exploitation) qui veillent à l’organisation de l’activité ou au suivi pédagogique comme au confort de la vie quotidienne. Tous contribuent à la lutte collective contre le COVID-19 en respectant au mieux le confinement.

Contacts :

Vanessa FORSANS, Jean-Roland ARBUS, co-animateurs du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr, jean-roland.arbus@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Océan Indien – Coopération régionale comme un levier pour l’insertion

L’insertion professionnelle des jeunes en formation agricole

Alexandre, au cours de sa formation en BTS DARC (Développement de l’Agriculture des Régions Chaudes) au lycée agricole « Emile Boyer de La Giroday « à Saint Paul de La Réunion a bénéficié de plusieurs expériences de mobilités proposées   dans le cadre du programme de coopération régionale du réseau REAP AAOI ( Réseau des Etablissements Agricoles Professionnels de la région Afrique Australe Océan Indien ) .

Ce réseau crée en 2012  réunit aujourd’hui plus de 70 établissements de formation agricole dans 8 pays et Iles de la zone Afrique australe et Océan Indien (Afrique du Sud, Mozambique, Madagascar, Maurice, Rodrigues, Comores, Seychelles, Mayotte et Réunion) et constitue un cadre favorable aux échanges des jeunes   en formation agricole.

C’est ainsi qu’Alexandre a pu réaliser une première mobilité collective en Afrique du Sud en partenariat avec 1 établissement REAP, le collège agricole de Cedara pour l’aménagement d’un jardin vivrier conduit en agro écologie dans une école de Sobantu, township historique de la ville de Pietermaritzburg au Kwa Zulu Natal.

Il a ensuite participé à une deuxième mobilité collective à Madagascar en partenariat avec 3 établissements REAP d’Antsirabe : la Ferme Ecole de Tombontsoa , le CAFPA et le CEFFEL pour une étude du système agraire et du développement local. C’est là que l’idée de son service civique a germé. Elle s’est concrétisée l’année suivante puisque dans le cadre des échanges de coopération entre le lycée agricole de St Paul et la Ferme Ecole de Tombontsoa il avait été convenu qu’un poste de service civique financé par le Conseil Général de la Réunion serait proposé à des titulaires du BTS DARC, en contre partie les établissements REAP de la Réunion accueille chaque année en stage sur leur exploitations 2 à 3 jeunes de Tombontsoa.

Après une riche année d’encadrant, enseignant et animateur sur les ateliers de production animale de Tombontsoa, Alexandre a décidé de reprendre ses études en Licence professionnelle Agriculture et Développement Durable en Milieu Tropical Insulaire proposé par le lycée agricole de St Paul et l’Université de la Réunion. Il ne fait aucun doute que ses expériences à l’internationale lui ont permis de décrocher son emploi en alternance dans la coopérative laitière SICALAIT de la Réunion et d’intégrer la licence.

À quoi sert la coopération internationale dans un parcours professionnel ?

Alexandre LEROUX , un ancien service civique de la coopération international du Département de La Réunion, nous donne son sentiment sur la question. C’est un enrichissement personnel, social et professionnel.