Mes trois premiers mois de volontariat

Je me nomme Florence Akpédzé Afetor, volontaire togolaise en service civique au Lycée de La Bretonnière (Seine-et-Marne), je partage mes expériences de mes trois premiers mois de mission sur « l’Horticulture et l’éducation à la citoyenneté mondiale ».

Licence en socio-économie rurale obtenue en novembre 2022 à l’École Supérieure d’Agronomie (ESA/UL), je rejoins, à partir de février 2023, le programme de l’association française « Entrepreneurs du Monde » au centre de ressources agroécologique Ekofoda à Tchébébé (préfecture de Sotouboua dans la région centrale au Togo) pour un stage qui a ensuite débouché sur un emploi. En juillet 2023, un appel au recrutement de volontaires pour une mission de service civique au lycée agricole de Saint-Gaudens avait été lancé par l’Agence Nationale du Volontariat au Togo (ANVT) en partenariat avec France Volontaires Togo et l’Association Professionnelle des Centres de Formation Agricole et Rurale (APCFAR) dont fait partie Ekofoda. Quoi de mieux que cette opportunité d’apprentissage et de découverte à saisir en s’engageant en tant que volontaire ! Candidature soumise, sélection pour un premier entretien puis un second, dans ma tête j’étais sur la bonne voie…

Eh bien, je fus plutôt sélectionnée pour effectuer ma mission à l’EPLEFPA de La Bretonnière.

Bienvenue en France

J’arrivai en France le 2 janvier 2024 à l’aéroport d’Orly. Mon tuteur, Fred Numa, avec qui j’avais déjà été en contact quelques jours plus tôt, m’y attendait et m’amena à l’internat du CFA qui sera désormais ma demeure. Durant le trajet, je puis admirer l’architecture des constructions, les routes et autoroutes, et surtout ressentir cette fraicheur que je pourrais dire n’avoir jamais ressentie auparavant, il faisait 12°C cette soirée-là.

Une phrase résonnait en boucle dans ma tête : « Tu ne rêves pas, tu es bel et bien en France ma petite Florence ».

Entre la visite de l’établissement, la présentation à certains collègues qui étaient de permanence puisque j’étais arrivée pendant les vacances de Noël, l’appui à la réalisation d’activités sur l’exploitation, les démarches administratives, nous voici au lundi 8 janvier 2024 : reprise des cours.
« Tu es un nouvel élève ? », « Ah, c’est toi la service civique ?», « Tu es une nouvelle surveillante ? » … furent les questions auxquelles j’ai été le plus confrontée le premier jour, pour ne pas dire les premières semaines, tant de la part du personnel de l’établissement que des élèves ou apprentis. Il fallait alors se présenter et expliquer en quelques mots le but de ma présence au sein des locaux de La Bretonnière.
Je ne dirai pas que mon intégration a été très facile mais j’y suis arrivée peu à peu et je tiens à remercier mon tuteur ainsi que toutes ces belles âmes qui m’ont permis d’y arriver.

Mes activités au sein de l’établissement

Je viens en appui de la formatrice en horticulture et maraichage dans l’organisation et le déroulé des séances de cours théoriques comme pratiques et lors des sorties pédagogiques, par exemple pour la plantation de haie dans une exploitation. Nous avons ainsi réalisé un planning prévisionnel des cultures qui seront mises en place dans les serres.

Sur l’exploitation agricole, je participe à différentes activités : alimentation des brebis et des poulets, entretien de la bergerie et du poulailler… J’ai également assisté à une séance d’échographie des brebis, ce qui jusqu’alors m’était inconnu.
Au Centre de Ressources, je viens en appui aux animatrices pour l’encadrement et l’apport de soutiens individualisés aux apprentis.
J’ai également eu à coordonner l’activité ‘’Nettoyons la nature’’ en amont de la journée « Portes ouvertes » durant laquelle j’ai accueilli et orienté les familles qui venaient découvrir les formations offertes par l’établissement.
L’un des résultats attendus est la mise en place des projets de partenariat. De ce fait, après une séance de présentation de mon beau pays le Togo, de son agriculture et des défis auxquels cette dernière est confrontée, aux étudiants en BTSA Agriculture et cultures durables, et en collaboration avec leurs formateurs principaux, un partenariat a été mis en place entre Ekofoda et La Bretonnière pour un futur voyage de ces étudiants au Togo ainsi que l’implémentation de la culture de luzerne sur le site du centre Ekofoda.

Activités en dehors de l’établissement

La rencontre des volontaires internationaux à Aix Valabre du 23 au 26 janvier 2024 et les activités très enrichissantes proposées (ateliers, conférences, visites…) m’ont permis de mûrir mes réflexions sur les activités à mettre en œuvre afin de mener à bien ma mission. J’ai rencontré d’autres volontaires venant de différents pays ainsi que mes deux compatriotes Éric Tchangani et Parfait Takouda qui sont arrivés en novembre 2023 et effectuent leurs missions de service civique à l’EPLEFPA de Saint-Gaudens (Haute-Garonne).

J’ai aussi participé avec eux au Salon International de l’Agriculture à Paris le 26 février 2024. Je fis de belles découvertes et rencontres lors de ce salon et je tiens à remercier le réseau Afrique de l’Ouest, mon tuteur et Fabienne Gilot, la chargée de coopération internationale et responsable du club UNESCO au LPA de Saint-Gaudens pour l’opportunité. Je me fis également interviewée par RFI lors du lancement presse des Ovinpiades mondiales.

Suite à une invitation lors du SIA du délégué régional du CNEAP Bretagne, Yvonick Lorcy, et l’accord donné par mon tuteur, j’ai eu à passer un séjour du 17 au 20 mars 2024 en région bretonne. Lors de ce séjour, mon collègue togolais Éric et moi avons visité l’exploitation d’un lycée du CNEAP et d’un agriculteur chez qui j’ai fait la traite pour la première fois. Le 19 mars 2024, Éric et moi avons partagé notre expérience de service civique lors de la rencontre des référents ouverture internationale au sein du Lycée La Touche à Ploërmel.

Le vendredi 29 mars 2024, lors de la signature de convention entre le MASA et l’AFD dans les locaux de l’AFD à Paris, je fis une présentation faisant office de témoignage en tant que service civique en présence de divers représentants d’institutions engagées dans les actions d’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI).

Et pour finir…

En somme, ces trois premiers mois de mission m’ont permis de développer mon leadership, découvrir de nouvelles pratiques agricoles et culturelles, faire du réseautage et surtout ressentir le besoin perpétuel de m’améliorer et apprendre davantage.
Pour les trois mois restants, je compte être plus productive, organiser plus d’activités culturelles (présentation, atelier culinaire, soirée culturelle…), découvrir d’autres lieux et élargir mon réseau professionnel.

Je retrouverai aussi du 28 au 31 mai 2024 au lycée agricole de La Barotte tous les autres volontaires internationaux en mission dans des lycées agricoles, pour le deuxième regroupement organisé par le réseau RED de l’enseignement agricole.

Ecoutez le Podcast RFI – lancement des Ovinpiades internationales 

Lire les articles : En Afrique, la filière ovine a de beaux jours devant elle Eric et Florence, formateurs Togolais en Agroécologie en visite en Bretagne au Solidacoop du Cneap

Article proposé par Florence Afetor, togolaise en service civique à l’EPLEFPA de La Bretonnière (77-Seine et Marne).

Contact : Vanessa Forsans, co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr, Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 




S’ouvrir à l’Afrique

Création et développement d’une coopération internationale avec l’Afrique subsaharienne en tant qu’établissement de l’enseignement technique agricole : chronologie d’un an avec le CFAAH La Bretonnière en Seine-et-Marne.

Léa Boulay est formatrice d’anglais et chargée de mission coopération internationale au CFAAH de la Bretonnière et impliquée dans l’ouverture à l’international de l’établissement de la Bretonnière. Une telle coopération se construit étape par étape, ce qu’elle nous livre dans une chronologie de projets.

30 et 31 mars 2023 au LEGTA Le Chesnoy

Tout commence il y a un an, les 30 et 31 mars 2023 au LEGTA Le Chesnoy, lorsque Fred Numa, directeur du CFAAH de La Bretonnière, participe à la rencontre organisée par le réseau CEFAGRI, qui réunissait des « experts » de l’enseignement agricole pour la première fois. Cette rencontre avait pour but de donner l’occasion à ces « experts » et aux différents représentants d’organismes avec lesquels travaille le réseau CEFAGRI de se connaitre, d’échanger et de partager les besoins de chacun, les opportunités de collaboration, les perspectives de travail et projets communs. M. Numa fait de nombreuses rencontres, dont celles de Rachid Benlafquih (chargé de mission coopération Afrique subsaharienne, ECSI, expertise à l’international au BRECI) et de Vanessa Forsans (animatrice du réseau CEFAGRI et co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest), rencontres fructueuses puisqu’elles seront à l’origine de divers projets et partenariats…

Les mois suivant cette rencontre, notre CFAAH de la Bretonnière répond donc à un appel à manifestation lancé par le BRECI via le réseau CEFAGRI concernant la demande de deux agro-entrepreneurs issus du secteur privé nigérian : Olawale Rotimi Opeyemi (fondateur et PDG de JR FARMS AFRICA) et Olayemi Olonilua (PDG de Jokun Farms). La demande consistait à créer un programme de formation en France à destination d’agro-entrepreneurs nigérians. Parmi les 5 établissements ayant candidaté, le CFAAH de la Bretonnière ainsi que le CFPPA Nature de La Roche-sur-Yon sont sélectionnés. Dès suite de quoi, en juillet 2023 les deux établissements recevaient M. Opeyemi, M. Olonilua, M. Benlafquih ainsi que de nombreux autres partenaires, dans leurs locaux respectifs pour la signature de la convention de coopération.

Fin septembre 2023…

Fred Numa participe à la mission en Côte d’Ivoire organisée par le réseau Afrique de l’Ouest de l’enseignement agricole à l’occasion du plus important salon de l’agriculture d’Afrique de l’Ouest, le SARA (Salon de l’agriculture et des ressources animales).

En décembre 2023…

Lors d’une de ses visites en France, Olawale Rotimi Opeyemi accompagné de sa famille, ainsi que Fred Numa, sa femme et moi-même sommes conviés à déjeuner à la Ferme du Logis (Villers, Seine-et-Marne) par M. et Mme Aubry. Lors de ce chaleureux moment de partage, M. Rotimi s’est intéressé à ce qu’avaient apporté ces années d’expérience en tant que couple d’agriculteurs, quelles avaient été leurs forces et leurs difficultés, étant lui-même à la tête d’une entreprise agricole avec sa femme au Nigeria.

Parallèlement à cela, notre CFAAH s’engage, avec l’accompagnement du réseau Afrique de l’Ouest dans l’accueil d’une jeune volontaire en service civique. C’est Florence Afetor, 22 ans, togolaise, et titulaire d’une licence en Socio-Economie Rurale qui est proposée par l’APCFAR (Association professionnelle des centres de formation agricole et rurale) et sélectionnée avec France Volontaires et l’Agence Nationale du Volontariat au Togo (ANVT) pour une mission de 6 mois au CFAAH à partir de janvier 2024. Sa présence dans l’établissement ainsi que celle de ses camarades Éric Tchangani et Parfait Takouda dans l’EPL de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) renforcent les liens du partenariat entre le Réseau Afrique de l’Ouest et le Togo.

L’accueil de jeune service civique est une des nombreuses actions de coopération internationale possibles pour les EPLEFPA. Pour le jeune, il représente l’opportunité de solidifier et développer ses compétences et savoir-faire via l’échange de pratiques et un tremplin pour sa vie professionnelle. Pour les établissements d’accueil, il permet à l’ensemble des apprenants et du personnel la découverte d’une culture nouvelle, le développement de compétences psycho-sociales (un thème essentiel dans l’enseignement agricole), l’acquisition de savoir-être, et la sensibilisation à la citoyenneté et à la solidarité internationale, tout cela grâce à l’interculturalité.

Cette action d’accueil est en plein essor, particulièrement entre les établissements de l’enseignement agricole et les pays d’Afrique. La rencontre du 22 au 26 janvier 2024, organisée par le BRECI et animée par le RED au Campus Nature Provence à Aix, le démontre parfaitement avec son double enjeu : d’une part le rassemblement de différents acteurs de l’enseignement agricole autour de la question « Comment réussir vos projets avec l’Afrique subsaharienne ? » et d’autre part la rencontre de l’intégralité des jeunes volontaires en service civique accueillis dans les établissements agricoles français, provenant principalement du continent africain mais aussi sud-Américain, asiatique et d’Europe.

En février 2024…

Deux représentants de la NBTE (National Board for Technical Education, un organisme qui dépend du Ministère Fédéral de l’éducation nigérian) sont venus visiter notre établissement, dans le cadre du projet WATEA (Women in Agricultural Technical Education) qui promeut l’éducation des jeunes filles aux techniques agricoles modernes, afin d’observer nos dispositifs de formation et d’explorer les possibilités de collaborations et de partenariats pour renforcer les programmes d’acquisition de compétences au Nigéria.

En mars 2024…

Nous avons eu le plaisir d’accueillir dans notre établissement Olaniwun Gbolabo Owolabi pour une courte visite avant son départ pour la formation précédemment mentionnée au CFPPA Nature de La Roche-sur-Yon . Il est un multi-entrepreneur nigérian, comptable, agriculteur et expert en leadership. Il était intéressé de voir dans quelles conditions sont formés nos jeunes apprentis agriculteurs et est reparti très inspiré.

Enfin, Florence témoigne de son expérience à diverses reprises en mars 2024 : invitée par le CNEAP en Bretagne suite à sa participation au Salon international de l’agriculture à Paris, puis à l’Agence Française de Développement (AFD) lors de la signature d’un partenariat ECSI (éducation à la citoyenneté et la solidarité internationale) avec le MASA.

Enfin, c’est le lycée agricole La Bretonnière à Chailly-en-Brie en Seine-et-Marne qui accueillera les prochaines rencontres du réseau CEFAGRI du mercredi 15 mai au vendredi 17 mai 2024.

Alors à très bientôt pour vous aussi prendre part à l’aventure Coop Inter, vous n’êtes qu’à une rencontre du début !

Article proposé par Léa Boulay, formatrice d’anglais et chargée de mission coopération internationale pour le CFAAH de La Bretonnière.

Lire aussi : L’expertise de l’enseignement agricole à l’international, Le programme Agri-Tech-Food Business Training Nigeria, Une délégation Franco-Ouest Aficaine au SARA, WATEA sur Instagram, Rencontres du réseau CEFAGRI

Contact : Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr, Vanessa Forsans, animatrice des réseaux CEFAGRI et Afrique de l’Ouest,vanessa.forsans@educagri.fr




Comment réussir vos projets avec l’Afrique subsaharienne ?

Ce sont 75 personnes qui se sont réunies autour de cette question, du 22 au 26 janvier 2024 au Campus Nature Provence à Aix, d’une part en suivant la formation proposée par les réseaux Afrique et d’autre part en participant au regroupement des volontaires internationaux animé par le RED, avec l’appui de l’Institut Agro de Florac.

En proposant cette formation, inscrite au Plan National de Formation, les réseaux Afrique ont pour objectif général d’accompagner et soutenir les établissements de l’enseignement technique agricole dans le montage de projets de coopération.
Pour ce faire, les participants ont été amenés tout d’abord à comprendre et appréhender la stratégie du MASA et de la DGER en matière de coopération internationale (présentée en ouverture par Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne), à connaître et comprendre l’environnement institutionnel et les enjeux politiques et économiques de la coopération française avec l’Afrique subsaharienne. C’est également l’opportunité d’appréhender les diversités socio-culturelles et à tenir compte de l’interculturalité dans l’élaboration de projets de coopération. Il s’est agi aussi d’arriver à connaître et être capable de mobiliser les moyens et outils mis à disposition des établissements permettant de favoriser la coopération avec les pays de l’Afrique subsaharienne, d’identifier les sources de financement possibles, pour être capable de construire et mettre en œuvre un projet de coopération avec un partenaire africain.
Les différentes séquences ont été menées par les animateurs des réseaux Afrique Australe Océan Indien, Afrique de l’Ouest, Nigeria, et par le chargé de coopération Afrique subsaharienne et ECSI du BRECI, et par plusieurs autres·intervenants.

Conférence d’Ali Béty, agronome nigérien, ancien ministre et haut-commissaire de l’initiative 3N “Les Nigériens nourrissent les Nigériens”

Formé au Maroc et à Montpellier, Ali Béty a été chef de service au ministère de l’agriculture du Niger et a travaillé pendant treize ans à l’Agence française de développement (AFD) comme expert en environnement, développement durable et eau.
Il a fait l’honneur aux participants à la formation et aux jeunes volontaires internationaux de partager son expérience en apportant son éclairage sur les enjeux qui lient agriculture et formation en Afrique. Introduction aux enjeux démographiques, économiques et agricoles en Afrique, sa conférence a mis l’accent sur les enjeux géostratégiques et sur la place de la formation comme levier de développement. « Grand témoin », il a conclu ces trois jours par son regard sur les coopérations de l’enseignement agricole avec les pays africains, conclusion à (r)écouter.

Erasmus+ et l’Afrique

Pour réussir des projets de coopération, il est besoin de réflexion, d’énergie, et bien sûr de financement. Vincent Rousval et Aude Richard de l’agence Erasmus+ ont invité l’ensemble des participants à se saisir des opportunités offertes par les programmes Erasmus+ désormais ouverts aux pays africains.

Alors pourquoi ne pas concrétiser un projet de 12 à 36 mois grâce à un dossier KA2 « Partenariats de coopération » pour un montant allant de 120 000 à 400 000 € ?

Il y a aussi la possibilité de s’engager dans un « Capacity building » avec un autre pays européen et deux pays hors Europe pour 2-3 ans ou 3-4 ans, avec des budgets de 200 000 à 1 000 000 €, ou de déposer avec un partenaire africain un dossier « Jean Monnet » intégrant au moins 40 heures de cours sur une thématique agricole.

Focus sur les volontaires internationaux

Depuis 2019 les réseaux Afrique invitent à leurs Rencontres annuelles les services civiques africains. Et pour la troisième année consécutive, ce sont tous les volontaires internationaux, d’Amérique latine, d’Asie, d’Europe, du Moyen-Orient, accueillis dans des établissements d’enseignement agricole qui sont invités par le RED et l’Institut Agro Campus de Florac au moment de la formation animée par les réseaux Afrique.
Ce regroupement permet aux jeunes de mieux se connaître, de pouvoir échanger sur leurs différentes missions dans les établissements, entre pratiques autour de l’agroécologie, animation sur l’éducation à la citoyenneté et la solidarité internationale, ateliers de découverte de leurs pays respectifs aux apprenants, appui sur les exploitations… Durant ces trois journées de formation, ils ont notamment travaillé sur des propositions d’activités et de projets à soumettre à leur établissement, en s’inspirant des expériences de chacun.

Ces regroupements sont aussi l’occasion pour eux de témoigner de leur expérience en France, de leur vécu de l’interculturalité au quotidien, et surtout de nourrir leur réseau.
Parmi eux, cette année ce ne sont pas moins de 25 jeunes africains et africaines qui sont accueillis dans des lycées agricoles français pour y effectuer une mission de service civique. Ces mobilités entrantes constituent donc une modalité importante de coopération avec les partenaires africains, et toujours en lien avec les espaces de France Volontaires implantés dans plusieurs pays. Une séquence de la formation, menée avec Pierre Revel, représentant régional de France Volontaires, a donc permis de présenter et préciser le fonctionnement de l’accueil de jeunes africains en service civique dans des lycées agricoles français dans le cadre de partenariats ainsi consolidés.

Une séquence sur l’interculturalité

La coopération internationale suppose de travailler en contexte interculturel, ce qui ne peut s’improviser. Aussi cette nouvelle séquence avait-elle pour objectif, à partir d’échanges, d’exemples de situations vécues ainsi que de références bibliographiques, de permettre aux participants d’aborder quelques clés de l’interculturalité. Prendre conscience des questions de différences notamment de communication, de prise de décision, de confiance, de gestion du temps, entre les cultures paraît indispensable pour réussir la construction de partenariats internationaux.

Ressources

Au cours de ces trois jours de formation, outre les temps de convivialité entre les deux groupes (danses, chants et sketchs des volontaires sur nos manières de vivre ou promenade sur le vieux port de Marseille), ont aussi été présentés les activités de chacun des réseaux Afrique, les témoignages de 30 ans de coopération avec le Sénégal, Madagascar ou des pays d’Afrique australe et Océan Indien, le dispositif African Book Truck, des éléments de méthodologie de projets, d’interculturalité, d’écriture de dossiers de financement (FONJEP par exemple), autant de ressources à retrouver.

Enfin, que soient chaleureusement remerciés pour la qualité de leur accueil et leur implication sans faille dans la réussite de ces rencontres  Marie-Laure Para, enseignante documentaliste et référente coopération internationale, et Hassan Samr, directeur de l’établissement, le Campus Nature Provence.

Contacts :

Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne et ECSI au Bureau des relations européennes et de la coopération internationale, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

Les animateurs des réseaux Afrique : William Gex (Nigéria, Afrique australe Océan Indien) william.gex@educagri.fr, Didier Ramay (Afrique australe Océan Indien) didier.ramay@educagri.fr, Jean-Roland Arbus (Afrique de l’Ouest) jean-roland.arbus@educagri.fr, Vanessa Forsans (Afrique de l’Ouest) vanessa.forsans@educagri.fr

Les animateurs du réseau de l’ECSI, le RED : Julien Amouret, julien.amouret@educagri.fr, Danuta Rzewuski, danuta.rzewuski@educagri.fr

Le dispositif national d’appui (Institut Agro de Florac) : Christian Resche, christian.resche@supagro.fr, Léa Woock, lea.woock@supagro.fr

 




Aquaculture, de la Côte d’Ivoire au Morvan

La coopération entre l’EPL du Morvan et l’une des écoles de l’INFPA de Côte d’Ivoire prend forme à travers l’accueil de deux jeunes ivoiriens effectuant une mission de service civique liant aquaculture et interculturalité.

Tout a commencé lors du Salon international de l’agriculture de Paris : Madame Leblanc-Albarel, directrice de l’EPL du Morvan et Monsieur Baraton, directeur-adjoint, visitent le hall présentant les produits du monde, notamment de pays d’Afrique. Ils s’arrêtent sur le stand de la Côte d’Ivoire, en particulier sur l’espace de l’INFPA (Institut national de formation professionnelle agricole).
Mme Leblanc-Albarel précise : « Il a suffi d’une rencontre, un jeudi de février 2023, pour qu’Ézéchiel et Emmanuel nous rejoignent dans le Morvan. L’établissement agricole du Morvan forme les jeunes dans la filière aquacole. Depuis plusieurs années, le nombre de jeunes africains intéressés par l’aquaculture provenant de l’école de pêche de Dakar ou d’écoles du Togo, du Bénin ou du Cameroun augmente. L’équipe en place dans le BTSA aquaculture a déjà accueilli, avant la crise de Covid-19, des jeunes provenant d’Afrique de l’Ouest. Cela s’était bien passé, les jeunes étaient intéressés et les échanges culturels sont importants pour tous.
Dans le cadre de notre mission de coopération internationale, nous avons un partenariat avec le Québec et nous souhaitions pouvoir développer un partenariat avec un pays d’Afrique. C’est donc avec cet objectif que nous nous sommes rendus dans le hall des pays du monde au Salon international de l’agriculture. Nous y avons rencontré Marc-Olivier Togbe, directeur général de l’INFPA, ainsi que ses collaborateurs en charge des partenariats, Désiré Gnan et Lucien Camara. Lors de notre visite sur le stand, nous avons aussi rencontré les collègues Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne au MASA (BRECI), Vanessa Forsans, animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, et des collègues d’établissements de La Roche-sur-Yon et de Vire ayant déjà reçu des services civiques ivoiriens les années passées.
Tout naturellement, le réseau Afrique de l’Ouest nous a ensuite associés au déplacement en Côte d’Ivoire prévu lors du SARA. Ne pouvant me libérer durant cette période, c’est Madame Guenard, enseignante d’éducation socio-culturelle, très investie dans la filière aquacole, qui a accepté de représenter l’établissement (j’en profite pour la remercier) et de travailler à la faisabilité de l’accueil des deux jeunes. »

Lors de cette mission collective qui s’est déroulée début octobre 2023, la représentante de l’EPL du Morvan a procédé à la signature d’une charte de partenariat avec l’École de Spécialisation en Pisciculture et Pêche en Eaux Continentales de Tiébissou (l’une des 11 écoles de l’INFPA) et son directeur Zoué Lassina.

Nathalie Guenard témoigne : « Après avoir fait plus ample connaissance, visité le site et l’exploitation, la charte a été ratifiée : un moment fort qui présage de nombreux échanges et une ouverture sur l’Afrique pour les apprenants de la filière aquacole du lycée de Château-Chinon. Tout dans ce voyage était nouveau, difficile de choisir un événement plus marquant que les autres mais les moments de rencontres et d’échanges avec les populations locales restent des moments inoubliables pour moi.
De retour en France, nous avons préparé au mieux l’arrivée d’Ézéchiel Djo et d’Emmanuel Kouassi, deux jeunes services civiques ivoiriens (volontaires internationaux de réciprocité) venus découvrir notre pays mais aussi et surtout diversifier leurs connaissances en aquaculture. Depuis le 13 octobre 2023, ils partagent leur temps entre des cours d’aquaculture avec la classe de BTSA1 Aqua, des travaux pratiques sur la pisciculture et des animations dans l’établissement (aide aux devoirs, sorties organisées par l’association des élèves, soirée ivoirienne,…). L’adaptation se fait doucement, il faut s’habituer au climat, à la cuisine, aux horaires, etc. Le chef d’exploitation est toutefois très satisfait de leur travail et les trouve même plus motivés que certains de nos élèves !

Sportifs, Emmanuel et Ézéchiel sont licenciés de l’équipe de foot de la ville et participent aux matchs les dimanches. Tout au long de l’année, de nombreuses activités leur seront proposées, en lien avec les sorties pédagogiques des apprenants : découverte de l’ostréiculture au lycée de la mer et du littoral de Bourcefranc, visite du marché de Rungis, participation au regroupement des volontaires internationaux lors des rencontres des réseaux Afrique au lycée agricole d’Aix-Valabre, visite de la capitale à l’occasion du SIA 2024. 
Le but est également d’aider et d’accompagner au mieux ces deux jeunes gens à finaliser leurs projets d’avenir : création d’une entreprise d’aliments pour poissons pour l’un, reprise des études supérieures avec un BTS pour l’autre.

Cet échange permet à tous d’apprendre et de mûrir mais aussi de découvrir de nouvelles pratiques, de nouvelles cultures, incitant ainsi l’ensemble de l’établissement à davantage de curiosité et d’ouverture. »

Article proposé par Michèle Leblanc-Albarel, directrice de l’EPL du Morvan, et Nathalie Guenard, enseignante.

Contact : Vanessa Forsans et Jean-Roland Arbus, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr, jean-roland.arbus@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr