Regards croisés de vétos

Léa Cordebar et Barbara Ramos sont toutes deux étudiantes vétérinaires en fin d’étude. Brésilienne d’origine, Barbara a effectué ses études vétérinaires au Japon grâce à une bourse, Léa est quant à elle en dernière année à VetAgro Sup. Croisons leur témoignage…

Alors que Léa part pour un stage de 4 semaines au Centre Médical Équin de la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Kagoshima au Japon, Barbara vient quant à elle en France pour suivre également 4 semaines de stage au centre hospitalier vétérinaire de VetAgro Sup, notamment à la Clinéquine. Elles nous racontent leur expérience !

 
Pourquoi avoir réalisé ce stage ?

Barbara – en France

Au Japon, nous avons suivi de nombreux cours sur le bien-être des animaux européens et la façon dont les vétérinaires français mettent ces idées en pratique, par exemple lorsqu’ils s’occupent d’un patient au cours d’un examen clinique est quelque chose que je voulais vraiment voir de mes propres yeux. C’est la principale raison pour laquelle j’ai décidé de consacrer une semaine aux grands animaux. J’aime beaucoup les chèvres aussi, et comme nous n’en avons pas beaucoup au Japon, je me suis dit que ce serait une bonne occasion de les voir et d’observer comment elles sont traitées médicalement.

En ce qui concerne les équidés, j’envisage de devenir vétérinaire équin à l’avenir et j’avais entendu dire par Lea et mes professeurs que VetAgro Sup était réputé pour sa clinique équine et le grand nombre de chevaux qu’elle traite. Et je n’ai pas été déçue : l’ampleur de l’hôpital équin dépasse tout ce que j’avais imaginé avant de venir ici !

Par ailleurs, j’avais envisagé de poursuivre mes études en Europe avant de décider d’aller au Japon. Je voulais donc découvrir la vie d’un étudiant en médecine vétérinaire ici et la comparer à mon expérience actuelle au Japon.

Léa – au Japon

Voici une question qui m’a fréquemment été posée par des étudiants japonais. Pourquoi le Japon ? Beaucoup de raisons me viennent à l’esprit et principalement pour les expériences professionnelles et humaines qu’impliquaient un tel stage. En effet, il m’a toujours semblé pertinent dans ma formation professionnelle de me confronter à d’autres formes d’enseignements afin d’enrichir mes connaissances. C’est aussi un échange qui permet de travailler son ouverture d’esprit et son autonomie tant le dépaysement est important et les pratiques différentes. L’anglais fut la langue de choix pour communiquer et j’ai donc pu progresser aussi bien sur mon anglais courant que scientifique. De plus, au Japon, le cheval possède depuis toujours une grande importance symbolique et culturelle mais il fait également l’objet d’un engouement croissant pour les courses de galop avec de nombreux élevages de pur-sang. La Japan Cup fait partie des courses internationales les plus prestigieuses. Ainsi, pouvoir effectuer des rotations cliniques au sein d’un hôpital équin japonais avec des étudiants terminant leur apprentissage fut une belle opportunité pour ma formation. De plus, mon sujet de thèse porte sur l’utilisation des nouvelles technologies en médecine équine et le Japon est un des pays précurseurs dans l’utilisation des nouvelles technologies, ainsi ce stage au sein d’un hôpital équin japonais m’a permis de confronter le modèle français et canadien à un modèle asiatique et ainsi d’en tirer des connaissances nouvelles et d’enrichir ma thèse.

Enfin, choisir de partir à Kagoshima c’est aussi de choisir une expérience personnelle, découvrir une culture, rencontrer des personnes d’horizons différents avec de beaux échanges et des contacts pour toute une vie.

 

Comment s’est passée votre arrivée et votre séjour ?

Barbara – en France

Je suis très fière de ne pas m’être perdue sur le chemin de l’aéroport le premier jour. Je m’attendais au froid lorsque je suis arrivée ici en janvier, mais la vue de la neige m’a tout de même choquée après mon vol de 11 heures – nous n’avons pas beaucoup de neige à Kagoshima ! J’ai choisi de rester dans la maison d’hôtes du campus et j’alterne entre manger à la Kfet, cuisiner mes repas et de temps en temps manger au restaurant. La nourriture ici est très savoureuse et délicieuse et les sucreries sont excellentes ! Il n’est pas étonnant que la cuisine française soit réputée dans le monde entier !

Lyon est magnifique et il suffit de se promener dans la ville pour être inspiré. Le musée d’art a été l’un de mes préférés.

J’ai été très impressionnée par l’amabilité de tout le monde ici. J’ai été invitée à des fêtes et j’ai déjà eu l’occasion de rencontrer beaucoup de nouvelles personnes. Cela me fait vraiment regretter de ne pas pouvoir parler mieux le français.

D’une certaine manière, il a été très facile de s’adapter à la vie en France – la façon dont les gens interagissent et passent leur temps libre est très similaire à ce que j’ai connu au Brésil, mais les transports publics et l’histoire ancienne sont des éléments que j’ai découverts pour la première fois en vivant au Japon.

Les dernières semaines à la clinique ont été assez chargées, alors je me suis concentrée sur ce point. Les étudiants ici sont vraiment résistants !

Léa – au Japon

Les démarches administratives nécessaires à ma venue sur le territoire japonais dans une période encore touchée par le Covid furent laborieuses mais grâce à l’aide de mon interlocuteur japonais, le professeur Takuro Arimura et du consulat du Japon à Lyon, j’ai pu obtenir le visa nécessaire et m’envoler pour le Japon en juillet 2022. J’ai été logée au sein de la résidence internationale « Kagoshima University International Lodge ». Le midi je déjeunais à l’Université avec des étudiants et/ou professeurs et le soir je dinais généralement à la résidence internationale. J’ai pu faire de très belles rencontres, dont certaines viendront à leur tour en stage en France en 2023.

La plus grande surprise a été le climat : il est dit tempéré humide avec un été chaud, moites et parfois pluvieux. En effet le taux d’humidité était en moyenne de 85% avec une température autour de 34°C. Ainsi, il n’était pas rare d’atteindre des ressentis à plus de 41°C. Mais la ville est équipée pour, les établissements et logements sont climatisés. Durant la nuit les températures ne descendent que très peu tout en restant très humide ce qui en fait des nuits tropicales. Une petite semaine d’adaptation et quelques vêtements plus adaptés furent nécessaires. J’ai également fait l’expérience d’une mousson, d’une éruption volcanique du volcan Sakurajima situé à 5km de Kagoshima et d’un tremblement de terre sans gravité. Des expériences typiquement japonaises !

Avez-vous été bien intégré dans les équipes ?

Barbara – en France

Mes collègues et mes professeurs ont été très sympathiques mais la barrière de la langue a certainement été un obstacle. Heureusement, j’ai étudié un peu le français avant de venir ici et c’est assez similaire à ma langue maternelle (le portugais). Je suivais principalement les étudiants de mon équipe et j’essayais de les aider du mieux que je peux, mais j’essayais aussi de ne pas trop intervenir.

La façon dont les professeurs responsabilisent les étudiants en les faisant participer habilement aux activités tout en leur permettant de poser des questions et de demander des conseils a été merveilleuse à observer. Tous les membres de l’équipe sont également très impliqués auprès des animaux et j’ai adoré en faire partie.

Le campus de VetAgro Sup est immense et je n’ai jamais vu autant d’étudiants en médecine vétérinaire et de professionnels réunis au même endroit. L’école met également à disposition un chenil pour chiens et de nombreux étudiants promènent leurs animaux, les amenant même parfois à l’intérieur de l’école. La façon dont les animaux de compagnie sont accueillis dans les espaces publics est quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant.

Léa – au Japon

Bien que le dépaysement ait été total, mon intégration au sein des étudiants en rotation clinique équine fut très aisée. J’étais considérée comme tous les autres étudiants et nombreux sont ceux qui sont venus spontanément à ma rencontre. Les professeurs résumaient leurs interventions en anglais et m’impliquaient dans tous les activités. Les cas étaient variés et l’approche parfois différente de celle dont j’ai pu faire l’expérience en France mais c’est l’essence même de la richesse de ces échanges ! Au cours de ces 4 semaines j’ai pu suivre des consultations sur place à l’Université de Kagoshima mais également à l’extérieur en ambulatoire, principalement chez des particuliers et dans un refuge pour équidés.

Différence importante mais intéressante, la faculté de médecine vétérinaire de Kagoshima n’accueille que 30 élèves par promotion ce qui permet la formation d’un lien privilégié entre les élèves et les professeurs : tous les élèves sont connus des professeurs et inversement. De plus, chaque élève a un bureau attitré dans l’une des salles de la faculté ou il peut y laisser des affaires, déjeuner, se reposer. J’ai trouvé ce système très profitable pour l’apprentissage. Le campus est vaste avec plusieurs restaurants, une supérette, plusieurs bibliothèques, un parc.

La barrière de la langue fut le principal obstacle mais grâce à l’aide de mon professeur référent, Pr Takuro Arimura, et des élèves j’ai rapidement pu intégrer le vocabulaire japonais indispensable à la vie quotidienne et au suivi des consultations équines.

Que vous a apporté ce stage ?

Barbara – en France

Il est certain que j’ai beaucoup appris et mon séjour ici m’a également apporté un regain de passion pour mon domaine. Je me suis motivée pour reprendre mes manuels une fois de retour au Japon, afin d’étudier et de revoir certains concepts.

J’ai adoré la variété des cas que j’ai pu observer pour la première fois ici en traitant les bovins et les équidés. Je crois que je n’ai jamais vu autant de chevaux de ma vie et, en venant ici, j’ai réalisé à quel point je les aime. Il n’y a pas beaucoup de gens qui gardent des chevaux comme animaux de compagnie au Japon, où ils sont considérés comme culturellement plus proches des animaux de ferme que les chats et les chiens.

J’ai particulièrement apprécié de rencontrer les étudiants Erasmus qui ont un parcours similaire au mien, des personnes qui étudient la médecine vétérinaire loin de leur pays d’origine et qui ont appris plusieurs langues au cours de ce processus.

Je suis très reconnaissante à VetAgro Sup pour cette expérience incroyable et j’espère que les futurs étudiants de l’Université de Kagoshima auront la même opportunité de tomber amoureux de l’école et de la ville de Lyon, et ainsi, de poursuivre la relation établie de longue date entre les deux institutions d’enseignement. Il va sans dire que j’ai hâte de rencontrer tous les étudiants français de VetAgro Sup qui choisiront de visiter mon université et d’y apprendre quelque chose cette année.

Léa – au Japon

Ce fut une vraie expérience de vie tant différente des précédentes que j’avais eu la chance de vivre. D’un point de vue académique cela m’a beaucoup apporté en termes de connaissances, d’approches et de méthodes de travail. J’ai également beaucoup progressé en anglais et japonais et amélioré mon aisance à l’oral. Mon projet professionnel s’est confirmé la médecine équine avec une rentrée en A6 Équine en septembre 2022 puis un internat en équine à Montréal en 2023-2024. Enfin et surtout, cette expérience m’a beaucoup apporté humainement et ces apprentissages me serviront tout au long de ma vie professionnelle et personnelle.

Un grand merci à VetAgro Sup et à l’Université de Kagoshima pour ce bel échange ainsi qu’à la région Auvergne Rhône-Alpes et à l’Association des Anciens Élèves de l’ENVL pour leur soutien financier.




Le sarrasin d’Est en Ouest

Les jeunes du lycée agricole d’Auxerre et du lycée japonais d’Anjo se sont retrouvés autour d’un aliment de base pour les deux cultures  : la farine de sarrasin.

Le lycée agricole d’Auxerre La Brosse est fier d’avoir renoué et renforcé un lien privilégié avec le lycée agricole et forestier japonais d’Anjo.

Notre classe de terminale générale travaille depuis fin 2022 sur un partenariat axé sur l’apiculture et le rôle des pollinisateurs dans nos établissements respectifs.

Deux groupes d’une dizaine d’apprenants français et japonais de 16 à 18 ans ont déjà eu l’occasion de se rencontrer afin d’échanger en anglais sur leurs centres d’intérêt et leur environnement scolaire au cours de séances en visio-conférence. Ces temps d’échange ont été possibles grâce à Takahiko Mizuno et Noriko Takahashi, deux professeurs du lycée d’Anjo ainsi que les élèves présents.

Vendredi 17 mars 2023 a eu  lieu notre premier atelier culinaire animé en temps réel depuis le Japon au cours duquel les élèves se sont attelés à la préparation d’un plat traditionnel emblématique japonais : les soba.

Les soba sont des nouilles préparées avec une base de farine de sarrasin et d’eau. Takahiko Mizuno, le professeur en charge du projet au lycée d’Anjo a envoyé à notre classe la farine produite au Japon ainsi que tous les ustensiles nécessaires à la préparation de ce met.

Nous sommes impatients de pouvoir cuisiner ensemble et continuer à renforcer notre partenariat par le futur.

Article rédigé par Julian AUBERT, professeur d’anglais en charge du projet au LEGTPA d’Auxerre La Brosse.

Photo de tête d’article – Crédit photographique : Polina Tankilevitch,  plat japonais de nouilles soba, issue de la banque d’image Pexels

Contact : Franck Copin, animateur du réseau Japon de l’enseignement agricole, franck.copin@cneap.fr




Rendez-vous pour un « washoku » à Lyon

Une première depuis la création du réseau Japon de l’enseignement agricole en 2022 : la venue de 4 lycées agricoles japonais en France à la l’occasion du washoku* à la cité de la gastronomie à Lyon, début février 2023.

A l’initiative de l’ambassade du Japon en France, la délégation des établissements de formation agricole japonais a profité de l’événement washoku* à Lyon pour rencontrer leurs partenaires français en orientant leurs échanges sur l’alimentation et en particulier les cantines scolaires.

5 représentants (2 professeurs et 3 élèves) de chacun des 4 établissements japonais sont venus à la rencontre des élèves et des professeurs français avec lesquels ils sont jumelés. Les établissements japonais représentés étaient le lycée de Shizunaï situé à Hokkaïdo dans le nord du Japon, le lycée de Tamba-Sasayama situé à Hyogo dans l’ouest du Japon, le lycée de Kochi situé sur l’île de Shikoku et le lycée de Kikuchi situé à Kumamoto sur l’île de Kyushu. Les 4 plus grandes îles de l’archipel Nippon étaient donc toutes représentées. Ils étaient accompagnés par 3 représentants du ministère de l’agriculture japonais.

Les Japonais sont arrivés à Paris le mardi 7 février et ont passé leur première nuit à Lyon. Le 8 février au matin, ils se sont rendus au lycée agricole de Pressin pour une visite de l’exploitation agricole. Le lycée de Pressin projette d’implanter un verger de poirier Le Lectier. Cette poire originaire d’Orléans est tombée dans l’oubli en France alors qu’elle rencontre un succès important à Tokyo pour des poires cultivées dans la province de Niigata. Le déjeuner s’est fait à la cantine avec des produits cultivés sur la ferme du lycée de Ressins situé dans la Loire.

Après le repas, la délégation s’est séparée en deux groupes. L’un s’est rendu au lycée de Cibeins dans l’Ain pour une visite de l’exploitation agricole et une nuit chez l’habitant ou à l’hôtel selon le choix des membres de la délégation. Le lycée de Shinonome situé à Tamba Sasayama avait formulé le souhait de se rendre à Yssingeaux, ville de son lycée partenaire, le lycée Eugénie Joubert. Ce lycée a la particularité d’être dirigé par l’animateur du réseau Japon. La chargée de mission à la coopération avec les établissements agricoles de France pour le ministère de l’agriculture japonais s’est également jointe au groupe.

A Yssingeaux, les hôtes japonais ont pu visiter une exploitation agricole élevant des vaches allaitantes et des vaches laitières conduite en polyculture élevage. Ils se sont ensuite rendus à l’école nationale supérieure de pâtisserie, référence mondiale et située à Yssingeaux. Une réception à la mairie a suivi, avec la remise d’une céramique à l’emblème d’Yssingeaux par le maire en cadeau pour le maire de Tamba Sasayama. Après un dîner chez le directeur du lycée Eugénie Joubert, les japonais ont pu expérimenter une nuit dans un internat de lycée agricole français.

Le lendemain matin, les Japonais se sont rendus sur le marché avec les élèves et professeurs du lycée Eugénie Joubert. Ils y ont acheté des produits locaux pour le déjeuner qu’ils ont partagé ensuite autour d’un plat de tripes dans un restaurant de la ville.

L’autre partie de la délégation est allée visiter des caves à vin dans le Beaujolais.

L’après-midi du jeudi 9 février, toute la délégation s’est retrouvée à la Cité de la gastronomie de Lyon pour une conférence à deux voix sur la restauration scolaire. D’abord, Monsieur Nishi a évoqué les qualités diététiques du « washoku » et la façon dont il a mobilisé des chefs japonais pour ré-introduire le repas traditionnel japonais dans les cantines scolaires. Il a été suivi par un exposé de Chrystèle Boivin de la direction régionale de l’agriculture qui a évoqué les multiples avantages des cantines scolaires en France : repas équilibrés pour tous, qualité nutritionnelle, éducation aux goûts, lien avec les territoires et circuits courts…

A l’issue de la conférence, les participants ont pu déguster les produits du lycée agricole de Ressins.

La délégation a passé sa dernière nuit en France à Lyon. Ils ont visité la ville le lendemain matin avant de repartir au Japon en fin d’après-midi.

Cette rencontre a été la première entre des groupes d’élèves et de professeurs français et japonais. L’émotion était intense. En 2024, une délégation française devrait se rendre au Japon en retour.

*Washoku : le repas traditionnel japonais

 




Les visages de l’ECSI

Relever les défis du siècle… Grâce à des Citoyens mobilisés ! L’enjeu : partager des pratiques, des outils qui ont fait leurs preuves et présenter des témoignages concrets.

La rencontre du 6 octobre dernier à la Bibliothèque François Mitterrand sur l’ECSI avait pour objectif de susciter des échanges sur les politiques et les programmes de sensibilisation et de mobilisation des citoyens en réponse aux défis mondiaux.

Nous étions près de 200 présents et plusieurs centaines de personnes connectées en visio-conférence, pour partager des pratiques et des outils qui ont fait leurs preuves et présenter des témoignages concrets.

Les actions de l’enseignement agricole ainsi que l’engagement de ses différents acteurs ont été mises en valeur au cours de l’évènement.

Marion Bardy, sous-directrice de la recherche, de l’innovation et des coopérations internationales de la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) a tout d’abord rappelé l’implication du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire dans le groupe de concertation national ECSI via le Bureau des relations européennes et de la coopération internationale (BRECI), les enjeux et les objectifs pour l’enseignement agricole d’intégrer ces thématiques et méthodes pédagogiques dans les projets des établissements.

Elle a insisté sur l’existence d’un système national d’appui aux établissements (via le réseau RED notamment depuis presque 25 ans !) pour mener des actions avec les jeunes, partager des outils, organiser des formations tout en travaillant au quotidien avec de nombreux partenaires associatifs locaux et institutionnels. Sur le terrain ces actions peuvent prendre des formes multiples : accueil de jeunes volontaires étrangers, projets de solidarité, serious games… etc.

Des outils pour éduquer à la transition agroécologique

Fleur Meynier, Chargée de mission Systèmes de culture innovants de la Bergerie Nationale de Rambouillet, a présenté l’outil pédagogique non formel AGROCHALLENGES. Ce serious game de l’enseignement agricole (RED/Educagri éditions) utilisé en classe ou dans le cadre de l’accompagnement et la formation des enseignants, est le fruit d’une collaboration avec des nombreux partenaires étrangers, l’INRAE et le designer Quentin Vaulot. Fleur Meynier a insisté sur les conditions de réussite du jeu (disponible en 5 langues : Français, anglais, allemand, Espagnol et Portugais) et ses objectifs pédagogiques : découvrir l’agroécologie, prendre conscience de son approche systémique, impliquer et rendre actifs les jeunes, encourager la prise de parole et les débats sur les questions socialement vives liées à l’agriculture.

Elle a été rejointe par Rachid Benlafquih, chargé de mission ECSI et de la zone Afrique (BRECI/DGER) qui a accompagné les différentes étapes du projet. Il a notamment insisté sur la dimension partenariat et coopération internationale de l’outil pédagogique. AGROCHALLENGES est aujourd’hui reconnu pour sa capacité à nourrir et initier des partenariats avec des acteurs de l’éducation du monde associatif et professionnel en France et à l’étranger (Colombie, Canada, Bénin, Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, Allemagne, Espagne, Portugal, Brésil, Roumanie, Japon, Nouvelle-Zélande…).

Témoignage de Fleur Meynier suivi de ceux de Nansirine, Melissa (volontaires internationales) et du CFSI sur le festival ALIMENTERRE en vidéo :

Ouvrir les jeunes sur le monde grâce à l’accueil

« Melissa Camara du Brésil et Nansirine Ismaïnou du Bénin ont été volontaires en service civique international pour une mission de promotion de la citoyenneté et de la solidarité internationale au sein de trois lycées agricoles en Normandie, Occitanie et en Val-de-Loire . Leurs témoignages ont permis de souligner l’aspect multidimensionnel des apports d’un volontariat sur le public qu’elles rencontrent dans le cadre de leurs activités. En ce sens, les deux volontaires intervenantes ont pu citer « l’ouverture sur le monde », « la contribution à la levée des tabous et préjugés », ou encore « l’apport de connaissances socioculturelles ». Par sa mission de service civique, Melissa aspire à contribuer « à la lutte contre la xénophobie » ainsi qu’ « au développement de la solidarité internationale », grâce à « des actions utiles ». Quant à Nansirine, elle a souhaité participer à « la préservation de l’environnement pour un monde durable profitable aux générations à venir ».

Par ailleurs, leurs interventions ont démontré que le volontariat représente un cercle vertueux à bien des égards, leur mission impactant directement la suite de leurs parcours d’étude et professionnel.

Selon Nansirine : « Ma mission m’a permis d’augmenter ma confiance en moi, de renforcer ma capacité de responsabilité et d’augmenter mes compétences dans mon domaine d’activité ».

Elle est d’ailleurs actuellement de retour en France après son service civique pour poursuivre ses études en Géographie à l’Université Paul Valéry de Montpellier.

Pour Melissa, sa mission lui a permis « d’apprendre la langue française, de prendre de l’autonomie et de la confiance en moi ».

Elle compte réinvestir les méthodes d’apprentissage observées dans les lycées agricoles, passant par des expériences théoriques et pratiques, dans sa future carrière de professeure. » *

* Extrait de l’article de Selma Benamar de France Volontaires sur les témoignages des deux jeunes volontaires invitées à témoignées.

Pour l’enseignement agricole, ces jeunes volontaires sont aussi considérés comme de futurs jeunes professionnels (notamment dans les domaines de l’agriculture et de l’alimentation). Cette expérience professionnelle et citoyenne unique représente une réelle opportunité pour construire et réaliser son propre projet professionnel. A l’issue de leur volontariat, les jeunes accueillis obtiennent un Open Badge « Volontaire international de l’enseignement agricole » qui reconnait les compétences développées. Les réseaux géographiques de la DGER/BRECI suivent également le parcours des anciens volontaires et les aides pour leur insertion sociale et professionnelle.

Découvrez en vidéo le parcours d’ex-volontaires béninois aujourd’hui jeunes entrepreneurs en aquaculture ou en machinisme agricole :

Service civique et entreprenariat – Le Bénin / LE FILM, réalisé par Com Son Image – Julie Lizambard – Vimeo.

Un Club solidarité pour s’engager

Karine Boullay-Bador, enseignante en mathématique au lycée agricole de Mâcon et animatrice du club solidarité de l’établissement, a partagé enfin sa riche expérience et ses réflexions lors d’une table ronde sur le thème : « comment accélérer le déploiement de l’ECSI en France et créer des collaborations vertueuses dans les territoires entre les acteurs associatifs et publics ? ».

Elle a insisté sur la dimension transversale de l’ECSI, la possibilité de proposer des espaces d’expression et d’engagement des jeunes en dehors des cours et l’importance des partenariats avec les acteurs associatifs du territoire. Pour elle, les principaux leviers sont : l’inscription des actions dans les projets stratégique d’établissement et leur reconnaissance dans les programmes de formation, la pluridisciplinarité, les campagnes nationales et les partenariats avec les acteurs de l’ECSI (Réseaux Régionaux Multi-Acteurs, ONG, collectivités locales…). Après avoir été lauréats du concours national de Podcasts « réinventer le monde », les étudiants du club proposeront cette année des actions autour de l’égalité « femmes – hommes » et reconduiront leur Gratiferia annuelle sur l’établissement pour sensibiliser aux conséquences néfastes de la fast fashion.

Témoignage de Karine Boullay-Bador :

Nous tenons chaleureusement à remercier Fleur, Nansirine, Melissa ainsi que Karine pour leur engagement, leur disponibilité et leurs témoignages.

 

Contacts :

Danuta RZEWUSKI et Vincent ROUSVAL, animateurs du réseau RED (ECSI) de l’enseignement agricole, danuta.rzewuski@educagri.fr, vincent.rousval@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise Internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr