Les tribulations de la Simmental en Chine

Le premier webinaire franco-chinois de l’enseignement agricole technique sur la filière bovin allaitant s’est tenu le 15 décembre 2021 en visioconférence. Co-organisé par le réseau Chine de l’enseignement agricole et le Jiangsu Professional College of Agriculture and Forestry (JPCAF), établissement chinois en charge des relations avec la France, l’évènement a rassemblé près de 100 participants et une vingtaine d’établissements chinois et français autour de la thématique de l’élevage bovin et de la valorisation de la viande bovine.

Après le mot d’introduction de la vice-directrice du département éducation du Ministère de l’Agriculture et des Affaires Rurales chinois (MARA), Mme Wang Xin, qui a rappelé combien les coopérations entre les établissements des deux pays étaient importantes et s’inscrivaient sur la durée, 6 interventions ont été proposées.

Formation « éleveur »

La première intervention de Max Monot, animateur du réseau Chine de l’EA, porta sur l’enseignement agricole français et les formations pour devenir éleveur bovin, en rappelant l’importance de la structuration de nos établissements autour de fermes d’application et d’ateliers technologiques afin de proposer à nos apprenants de pratiquer leurs futurs métiers tout au long de leur formation.Un focus sur les diplômes préparant au métier d’éleveur bovin et les axes principaux des référentiels qui les composent ont permis aux partenaires chinois de connaître le dispositif français.

Enfin, les opportunités de coopération ont été évoqué reposant sur la formation courte, les techniques d’élevage en prenant exemple sur deux établissements agricoles français (EPL de Nevers et celui de Bressuire) ou encore sur l’insémination bovine proposée par le CEZ Rambouillet et l’Association nationale de formation pour l’élevage et l’insémination animale (ANFEIA) au service des coopératives pour la formation continue des éleveurs). La mise en place de cursus chinois intégrant des matériels pédagogiques français a été abordé.

Une coopération institutionnelle et professionnelle

La coopération au profit de la filière bovine entre la Chine et la France s’opère aussi au niveau des entreprises et des autres directions du ministère et l’animateur du réseau de l’enseignement agricole français a profité pour présenter le projet sur l’amélioration de la génétique bovine en Chine mené par les services de l’ambassade de France et France Agrimer.

Un second temps a été consacré aux travaux de recherche du professeur Gong, menés par l’établissement d’Enshi dans le Hubei sur les questions de stress chez le veau.

Sollicité par des producteurs locaux qui déploraient de nombreuses pertes chez leurs jeunes bovins, cet établissement a mené des enquêtes pour comprendre le phénomène. Suite à leur diagnostic, ils ont pu proposer des traitements et des systèmes de prévention aux agriculteurs de leur territoire.

Praticités et technicités dans la formation française

Un binôme d’enseignants des établissements de Nevers et Bressuire, Stéphanie Moulin et Jacky Rivaux, a présenté sur les spécificités des exploitations des établissements agricoles français, en présentant les spécificités des ateliers de production et le travail lié à ces productions. La place des exploitations est essentielle dans la formation agricole ainsi que leur rôle dans les travaux de recherche et leur avancée dans les domaines de l’agroécologie.

Ensuite, le professeur Li a présenté sur la situation de l’élevage bovin en Chine et plus particulièrement dans la province du Sichuan, étant lui-même enseignant à l’institut technique agricole de Chengdu.

Alors que la consommation de viande bovine par personne est passée de 4.7 kg/pers. en 2009 à 6.6 kg/pers. en 2020 en Chine, la quantité produite n’a pas suivi les besoins de la population. Le

Présentation des croisements races locales avec Simmental

gouvernement chinois s’est saisi du problème et a lancé un plan de développement des productions bovine et ovine pour atteindre un taux d’autonomie en viande dans ces deux productions de 85% d’ici 2025 contre 70% actuellement. A savoir que le Sichuan produit 8.8 millions de têtes par an. Le cheptel est principalement composé de races locales telles que la Bashan ou la Sanjiang.

Expérimentation pour répondre aux besoins

La province afin de mener à bien des expérimentations dans la matière s’est équipée d’une ferme pilote, d’une ferme de race locale et d’un élevage de taureaux reproducteurs. Monsieur Li nous a ensuite présenté les caractéristiques des races locales chinoises qui ont besoin d’un fourrage grossier. Elles sont résistantes au climat mais ont l’inconvénient d’être petites et donc de ne pas avoir une bonne rentabilité. Des expérimentations sont en cours pour croiser les races locales à des races étrangères comme les Simmental.

Marie Provost, directrice des halls agroalimentaires de l’EPL de Bressuire et Xavier Blais, responsable des formations en boucherie et découpe du même établissement, ont mis en avant le savoir-faire français en termes de transformation alimentaire. Ils ont rappelé la structuration d’un atelier technologique et présenté les produits qui pouvaient être fabriqués puis commercialisés dans nos établissements. Ils ont enfin mis en avant le lien avec la profession et l’importance de travailler étroitement avec les agriculteurs afin de produire des produits de haute qualité.

Ils ont ainsi apporté des précision sur la formation française au métier de boucher ainsi que celle des charcutiers-traiteurs et leurs rôles dans la société.

Présentation des ateliers technologiques

Enfin, les conditions de l’élevage bovin dans le sud de la Chine ont été abordées par le professeur Zhang de l’établissement de Tongren de la province du Guizhou. Il a explicité les conditions météorologiques et topographiques, la qualité des sols et d’accès à des fourrages bons marchés ainsi qu’à la mécanisation entraînaient des difficultés à obtenir une bonne rentabilité.

Comme lors de la présentation de son collègue de l’institut technique agricole de Chengdu, il a fortement insisté sur un problème de qualité des fourrages qui rend l’élevage des bovins en Chine difficile.

Afin de résoudre ces difficultés, les équipes de l’établissement de Tongren ont mené des études comparatives sur les performances des races étrangères dans les provinces du sud en collaboration avec des agriculteurs locaux. Ces études, qui reposent principalement sur une comparaison entre la race locale Wuniu et la race Simmental, ont mis en exergue les difficultés pour la vache étrangère à s’adapter aux conditions de vie locale.

Une vache de race Simmental dans les conditions locales du sud de la Chine

Afin d’améliorer la filière, ils ont mené à bien des croisements, notamment dans la province du Yunnan, qui ont permis d’améliorer les performances des races locales et l’adaptabilité des races étrangères.

Pour conclure la séance, Monsieur Yang, directeur des relations internationales du JPCAF, a rappelé que cet évènement s’inscrivait dans une démarche de webinaires multi-sectoriels qui prendront place entre les établissements des deux pays pendant la période de pandémie et qu’une analyse sera menée pour améliorer après chaque session la qualité des échanges.

Suite à ces premières présentations, les établissements chinois seront à nouveau sollicités afin qu’ils définissent leurs besoins de formation dans les domaines de la production et de transformation dans la filière qu’ils ont identifiés.

Pour visionner les échanges de ce webinaire :

Contact : Max Monot, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr




L’agroécologie au coeur du partenariat avec le Bénin

Du 10 au 17 octobre 2021, 10 établissements de l’enseignement technique agricole français, publics et privés, ont participé, suivis par une équipe de tournage, à la mission au Bénin proposée et accompagnée par le BRECI et les animateurs du réseau Afrique de l’Ouest. Cette mission avait pour principal objectif de renforcer la coopération entre établissements d’enseignement agricole français et béninois en co-construisant des partenariats pérennes, avec l’agroécologie comme thématique structurante.

Des visites de sites agroécologiques

Au Bénin, l’agroécologie revêt une importance toute particulière : plus qu’une alternative à l’agriculture intensive, l’agroécologie est bel et bien un mode de vie. Il s’agit d’une agriculture qui respecte l’environnement, préserve l’écosystème et garantit la santé pour les consommateurs, les producteurs et les populations qui partagent le milieu de vie, dans le sens de l’harmonie.

Pour mieux saisir la particularité de l’agroécologie au Bénin, voici le « compte rendu en forme de carnet de voyage, mêlant impressions sur le vif et questionnements rétrospectifs » de l’un des participants à cette mission collective, Loïc Robin, formateur en expression et communication au CFA de Saint Aubin du Cormier :  Pour une agroécologie vaudoue

Afin d’appréhender sur le terrain des exemples d’agroécologie menés par de jeunes entrepreneurs comme par des ONG, plusieurs sites faisant partie de la Fédération d’Agroécologie du Bénin (la FAEB) ont été visités dans le Sud du pays : de la ferme Biosphère et Traditions à Pahou au CEVASTE – Centre d’Expérimentation, de Valorisation de l’Agroécologie, des Sciences et Techniques Endogènes – près de Ouidah, en passant par Les Jardins de l’espoir à Cotonou même et le Centre Damien de Molokaï près d’Abomey-Calavi.

D’une surface de 0,5 à 4ha, ces sites paraissent tous à même d’accueillir des apprenants d’établissements agricoles français, pour des stages en maraîchage, transformation, vente, expérimentation, protection de la nature et même service à la personne (deux de ces sites comportent une école primaire).

Pour davantage de détails sur ces différents sites (ainsi que la ferme-école SAIN), voir les articles de participants à la mission dans la dernière lettre du réseau Afrique de l’Ouest : lettre n°10 du réseau Afrique de l’Ouest

Le colloque « enseigner l’agrécologie en France et au Bénin »

Organisé à l’Institut français de Cotonou, avec le soutien du SCAC, le colloque a réuni partenaires français et béninois acteurs de l’enseignement de l’agroécologie afin d’échanger des idées et partager des expériences.

Après une ouverture proposée par Gérald Brun, attaché de coopération culturelle et universitaire à l’ambassade de France au Bénin, Rachid Benlafquih, chargé de la zone Afrique subsaharienne au Bureau des relations européenne et de la coopération internationale (BRECI) du Ministère de l’agriculture et l’alimentation français, et les animateurs du réseau Afrique de l’Ouest ont présenté l’enseignement agricole français et le plan Enseigner à Produire Autrement.

Les directeurs des lycées agricoles béninois (de Sékou, Savalou, Adja-Ouèrè et Adjahonmè) ont à leur tour évoqué la place de l’agroécologie dans leurs établissements. L’enseignement supérieur agricole béninois était également représenté, avec les interventions de Père Didier sur l’IUEP en agriculture écologique qu’il dirige à Govié (formation de niveau bac+2) ; de Joseph Dossou, professeur à la Faculté des Sciences Agronomiques d’Abomey-Calavi, sur l’agroécologie et la sécurité alimentaire ; de Pascal Gbenou, enseignant-chercheur à l’Université Nationale d’Agriculture et directeur de la ferme-école SAIN, dont il a montré les liens quant à la formation pratique en agroécologie. De même, Lidwine Baloitcha, agroéconomiste et membre de l’ONG Jinukun, a exposé comment cette dernière œuvre à la formation des producteurs en agroécologie.

Puis les représentants des dix établissements agricoles français participant à la mission ont montré des exemples de situations d’enseignement de l’agroécologie : des projets pluridisciplinaires comme « Partageons les espaces », « Et voilà le menu », « Oasis verte », des travaux pratiques comme la mise en place d’une haie bocagère, le suivi de la qualité agronomique des sols, des pratiques culturales comme les couverts végétaux, les associations de cultures, ainsi que des solutions pédagogiques innovantes.

Pour clôturer ce colloque, les participants ont pu prolonger les échanges tout en expérimentant les possibilités d’enseignement par le jeu offertes par le serious game Agrochallenges.

Des rencontres avec France Volontaires et des services civiques béninois

Un temps d’échange à l’Espace du Volontariat de Cotonou a permis à l’ensemble des membres de la mission de rencontrer les responsables de France Volontaires Bénin ainsi que d’anciens et de futurs services civiques béninois en lycées agricoles français.

Pour connaître tous les détails de ces rencontres, retrouvez l’article de France Volontaires Bénin.

L‘équipe de France Volontaires a pu réaffirmer son souhait d’intensifier la mobilisation de l’instrument service civique, avec une volonté forte de services civiques orientés vers le développement des métiers (productions agricoles, transformation, agrotourisme…). La présence et les témoignages d’alumni et de futurs arrivants ont contribué à une bonne préparation de ces derniers, mais aussi à la motivation de nouveaux accueils de jeunes par les établissements français présents, et enfin au suivi des alumni devenus entrepreneurs. L’équipe de tournage s’est d’ailleurs rendue sur le site de production piscicole de Jemima Hounnouvi, service civique au LPA de Château-Gonthier en 2019-2020, et une partie de la délégation française a découvert l’atelier de mécanique agricole de Kévin Sianhode,  service civique au LEGTA Le Chesnoy également en 2019-2020.

La co-construction des partenariats

Chacun des représentants des dix établissements agricoles français a passé deux à trois jours dans l’établissement béninois avec lequel un partenariat était à construire. Ce fut l’occasion de comparer les techniques d’enseignement, en participant ou assistant à des cours ou des travaux pratiques, de découvrir les enjeux et les réalités de l’agriculture locale par des temps d’échange et des visites de terrain, et enfin d’élaborer des plans d’actions de partenariat.

Ce sont ainsi dix chartes de partenariat qui ont été signées, entre :

  • le LPA de Castelnau-le-Lez et le LTA de Savalou

  • l’EPL du Var et le LTA d’Adja-Ouèrè

  • le lycée Sainte-Marie et le LTA d’Adjahonmè

  • le lycée La Ville Davy, le lycée St Ilan et le LAM de Sékou

  • le LEGTA d’Aix-Valabre et l’École des semences à Idigny

  • le LEGTA de Pontivy et l’École de transformation agroalimentaire à Sakété

  • le CFA de Saint-Aubin-du-Cormier et l’École d’Horticulture à Idigny

  • l’École du Nivot et, d’une part l’École de Génie Rural, d’autre part l’École d’élevage, à Kétou.

Des rencontres institutionnelles

Afin de structurer et encadrer ces partenariats entre établissements français et béninois, les responsables de la mission ont ensuite travaillé à l’élaboration de déclarations d’intentions de coopération entre institutions : entre la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) et l’Université Nationale d’Agriculture d’une part, et la DGER et la Direction Générale de l’Enseignement et de la Formation Technique et Professionnelle d’autre part.

Cette mission a également permis de prendre la mesure de la réforme institutionnelle concernant l’enseignement technique agricole au Bénin et ses implications possibles dans nos coopérations. Une rencontre avec Marcellin Hyle et Ismaïl Moumouni, points focaux du réseau FAR au Bénin, a été l’occasion d’échanger sur les enjeux de l’enseignement agricole technique au Bénin, dont l’importante réforme a également été évoquée avec des représentants de l’Agence Française de Développement, puis avec Fructueux Aho, directeur de l’Agence de Développement de l’Enseignement Technique, agence rattachée à la Présidence du Bénin.

Des réunions ont été menées aussi avec des enseignants-chercheurs de la Faculté des Sciences Agronomiques d’Abomey-Calavi afin d’échanger sur les possibilités de collaboration de l’enseignement technique agricole français dans le cadre du projet Biovalor (PEA porté par l’Institut Agro de Montpellier) et d’effectuer un point d’avancement quant au projet FABéOc (réponse des lycées agricoles de Riscle et de Castelnau-le-Lez à l’appel à projets de la région Occitanie « Agroécologie et alimentation durable en Afrique »).

Enfin, les activités, réalisations et perspectives de la mission ont été présentées à M. Vizy, ambassadeur de France au Bénin, qui a accueilli très favorablement les initiatives de la DGER et du réseau Afrique de l’Ouest, qu’il encourage dans le sens d’une intensification des partenariats entre établissements, ce qui apparaît en accord avec les priorités de l’ambassade et du gouvernement béninois en matière de développement économique, agricole et rural.

Les prolongements

Les dix établissements agricoles français ayant participé à cette mission et signé des chartes de partenariat avec leurs homologues béninois vont participer à la formation proposée par les réseaux Afrique « Concevoir, mettre en œuvre et réussir un projet de coopération avec l’Afrique subsaharienne ». De cette façon, chacun pourra formaliser son propre projet de coopération avec son partenaire béninois et s’inscrire dans les possibilités d’un projet Erasmus co-écrit par l’ENSFEA, l’Institut Agro de Montpellier et le réseau Afrique de l’Ouest. Ainsi, divers projets de mobilités réciproques pourront se concrétiser dès la prochaine année scolaire.

Le BRECI et le réseau Afrique de l’Ouest préparent aussi deux projets afin de poursuivre les actions de coopération engagées lors de cette mission au Bénin.

L’un porte sur le renforcement de capacités de l’Université Nationale d’Agriculture à travers un voyage d’étude de sept jours en France afin d’appréhender le modèle français et d’en dégager les éléments adaptables au contexte béninois pour répondre à la nécessité d’assurer l’ancrage territorial, assurer l’insertion professionnelle de ses apprenants et le renforcement des compétences des enseignants (pratiques, pédagogiques, en ingénierie de formation). Il s’agira donc au cours de la semaine de visiter plusieurs établissements d’enseignement agricole français et leurs centres constitutifs ainsi que l’ENSFEA. Des rencontres seront également prévues à Paris, à la DGER (BRECI et Inspection de l’enseignement agricole).

Enfin, le film réalisé par ComSonImage pendant cette mission sera diffusé dès le premier trimestre 2022, notamment lors du Salon International de l’Agriculture à Paris.

Contacts :

Vanessa FORSANS, Jean-Roland ARBUS, co-animateurs du réseau Afrique de l’Ouest, vanessa.forsans@educagri.fr, jean-roland.arbus@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Le « nouveau » réseau CEFAGRI

– Vanessa, vous êtes la nouvelle animatrice du Réseau CEFAGRI de l’enseignement agricole : pouvez-vous nous présenter ce réseau ?

CEFAGRI, pour « Conseil Expertise Formation Agricole à l’International », est la nouvelle dénomination du réseau CEFPI créé par le Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale (BRECI) de la DGER en 2018 et animé jusqu’en 2021 par Sandrine Marchand.

Ce réseau thématique et transversal contribue à la mission de coopération internationale de l’enseignement agricole et bénéficie donc, comme les réseaux géographiques, du pilotage du BRECI.

En termes de capacités de conseil, de formation et d’expertise, l’enseignement agricole dispose d’un remarquable potentiel d’intervention par la richesse et la diversité de ses expériences. Les attentes et besoins d’appui et de conseil en matière d’ingénierie de formation, de dispositif de formation, d’expertise technique s’amplifient, en particulier de la part des pays en transition, et la DGER est régulièrement sollicitée par ses partenaires internationaux. Par ailleurs, les professionnels français sollicitent régulièrement l’appui des acteurs de la formation agricole pour soutenir leur développement à l’international. Ainsi, CEFAGRI est un réseau transversal amené à interagir avec le monde professionnel et apportant un appui aux réseaux géographiques de la DGER.

Il concerne tout personnel de l’enseignement agricole intéressé par une valorisation de son expérience professionnelle à travers des missions de conseil, d’expertise ou de formation, dans son champ de compétences, à l’étranger, quel que soit le continent. Ces missions peuvent être menées à titre individuel ou dans le cadre de partenariats internationaux de l’établissement, dans le cadre de la stratégie Europe et international du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et selon les axes stratégiques de la DGER, en collaboration avec des acteurs du territoire, du monde professionnel agricole, dans le cadre de projets Erasmus+, FSPI, coopération décentralisée…

– Pourquoi avoir postulé pour cette mission d’animation de réseau ?

Suite à l’appel à candidatures lancé par le BRECI en juin 2021 pour l’animation de différents réseaux, j’ai souhaité postuler pour celui-ci car étant déjà co-animatrice du réseau Afrique de l’Ouest, je pouvais à la fois m’appuyer sur cette expérience et mesurer l’importance de la transversalité du réseau CEFAGRI. Travaillant avec d’autres réseaux, notamment Afrique et Amérique latine, j’ai connaissance de divers partenariats à l’international en matière d’ingénierie de formation et d’expertise technique.

J’ai eu l’occasion de contribuer à plusieurs réponses à des appels à projets qui m’ont permis d’appréhender l’environnement de l’expertise en matière de formation agricole, et ce en partenariat avec divers acteurs tels que l’Institut Agro, l’ENSFEA, FranceAgriMer, Campus France, des Conseillers aux Affaires Agricoles, l’Agence Française de Développement, le réseau FAR (Formation Agricole et Rurale), des ONG comme le CFSI (Comité Français pour la Solidarité Internationale, l’AFDI (Agriculteurs Français Développement International) ou France Volontaires.

Il me revient maintenant de bien identifier les établissements de l’enseignement technique agricole déjà engagés à l’international, dresser les contours de l’offre nationale, la rendre plus visible, et faciliter les échanges d’expérience entre établissements afin de mobiliser au mieux ce vivier d’expertise.


– En quelques mots, quels sont les objectifs que vous allez poursuivre en 2022 pour le réseau CEFAGRI?

Je vais faire en sorte d’entraîner une dynamique de réseau, en allant à la rencontre des acteurs de la coopération dans les établissements ou, par exemple, en proposant des réunions d’information sur l’existence et le fonctionnement du réseau CEFAGRI auprès des DRAAF, lors des formations de chefs d’établissements, et d’enseignants stagiaires à l’ENSFEA, des réseaux CNEAP…

Je compte également travailler en partenariat avec les DRIF et l’Inspection de l’enseignement agricole, le réseau FAR ou le service DEFIS (Développement, Expertise, Formation, Ingénierie pour le Sud) de l’Institut Agro Montpellier, avec lesquels des contacts sont déjà établis.

Des échanges en distanciel, sous forme de webinaires par exemple, pourront s’organiser de sorte à entretenir une communication régulière avec les différentes parties prenantes de ce réseau.

À la faveur de réponses à des appels à projets (émanant de différents organismes, ministères, régions,…), il sera aussi possible de collaborer avec des opérateurs comme FranceAgriMer, Expertise France, et des organismes de coopération agricole comme l’AFDI, dans la perspective de mobiliser le vivier d’experts identifié dans l’enseignement agricole.

 

– Comment définissez-vous un expert de l’enseignement agricole et qu’est-ce qu’une mission d’expertise à l’international ?

Un expert est tout simplement quelqu’un qui, par son expérience, sa pratique, a acquis des compétences techniques et professionnelles qu’il est à même de transférer dans un contexte étranger. Des capacités d’ouverture, de bonnes qualités relationnelles et d’adaptation à des environnements culturels et professionnels variés sont également nécessaires pour réaliser des missions d’expertise à l’international.

Les missions d’expertise peuvent concerner les différents domaines de formation proposés par l’enseignement agricole, en renforcement de capacités, formation de formateurs, gouvernance des établissements agricoles, qu’il s’agisse de dispenser une formation en aquaculture, en agroéquipement, en viticulture, en agroalimentaire, en horticulture…, d’animer un atelier d’harmonisation de référentiels, d’effectuer un diagnostic territorial, …

Des exemples concrets seront bientôt disponibles sur ce site-même à travers des « portraits d’experts ».

En attendant, j’invite toutes les personnes de l’enseignement technique agricole intéressées par les possibilités d’expérience à l’international qu’offre le réseau CEFAGRI à se faire connaître en remplissant ce questionnaire :

https://www.askabox.fr/repondre.php?s=425395&r=SPFJYBHu1SZy

 

Contacts :

Vanessa FORSANS, animatrice du réseau CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Quand Moissac rencontre Värska

C’est l’histoire de la création de deux jardins distants de plus de 3000 km, érigés par les élèves du Lycée professionnel agricole et horticole de Moissac et leur partenaire, qui unit ces deux établissements français et estonien et ainsi représente par leurs projets de coopération européenne, mise en place depuis 2017, un vrai trait d’union institutionnel pour les deux pays.

Dimension institutionnelle

Le 10 décembre 2021, le Lycée professionnel agricole et horticole de Moissac (EPLEFPA du Tarn et Garonne) et le lycée estonien Värska Gümnaasium ont connu une étape importante dans la coopération qu’ils entretiennent. En l’espace d’une heure, une visioconférence a réuni des représentants du Lycée professionnel agricole de Moissac et de l’EPLEFPA du Tarn et Garonne et ceux des autorités officielles françaises en Estonie pour parcourir les différents projets de coopération à venir.

Ainsi Aurore Louis, directrice de l’EPLEFPA du Tarn et Garonne, Frédéric Lamaison, proviseur du Lycée professionnel agricole de Moissac et Christophe Squarcioni, enseignant organisateur de la coopération entre le LPAH de Moissac et Värska Gümnaasium ont-ils eu l’honneur d’échanger avec Eric Bultel, directeur de l’Institut français en Estonie et Guillaume Raboutot, directeur adjoint de l’Institut français en Estonie, chargé de l’éducation.

Les sujets ne manquent pas, comme le renforcement de la coopération, les mobilités des élèves estoniens et français, les partenariats pédagogiques et professionnels, mais surtout la préparation des projections du court métrage « Quand Moissac rencontre Värska ». Le film-débat retrace les trois années de coopération entre les établissements.

Naissance du film « When Moissac meets Värska »

Ce film a été produit à l’occasion de la mise en place du « jardin de Moissac » au sein du Lycée partenaire à Värska, le 11 septembre 2019. Ce travail paysager a été

Plantation des végétaux du Jardin de Moissac avec les élèves en costume traditionnel de Värska Gümnaasium.

imaginé par les 6 élèves du LPAH de Moissac et leur enseignant technique et installé de concert avec les élèves du lycée Varskä Gümnaasium, sa Directrice et la présence du Roi de la Région de Setomaa et du Maire de la ville était l’occasion

Inauguration officielle du jardin de Moissac à Värska (Région de Setomaa).

d’inaugurer officiellement cet espace paysager. Des essences végétales françaises (Chasselas, Reine Claude, noisetier…) ont été spécialement acheminées depuis Moissac, le matériel de plantation a été emprunté à l’Ecole nationale d’horticulture de Räpina avec laquelle l’établissement français établit des mobilités réciproques d’élèves dans le domaine de l’horticulture et de l’aménagement paysager. 

Journée officielle de plantation du « Jardin de Värska » dans l’enceinte du Lycée de Moissac, en mai 2019.

Quelques mois auparavant, à l’occasion de la journée estonienne et seto organisée en Occitanie, une première étape du projet pédagogique avait été initiée avec la plantation miroir sous la forme d’un « jardin de Värska » dans la cour du Lycée de Moissac, le 28 mai 2019. 6 végétaux estoniens (cassissier, groseillier, pommier, prunier, sorbier des oiseaux et aronia) transférés, pour le projet de plantation effectués par des binômes franco-estoniens (Consul d’Estonie à Toulouse et élève de Moissac et d’autres personnalités de la Mairie, d’association franco-estonienne… ). Cette journée fût l’occasion pour les élèves du lycée de Moissac et les invités de vivre des échanges interculturels en partageant un repas estonien et participant à un débat et une projection d’un film estonien.

Quand les projets pédagogiques sont sources de financements régionaux

La coopération entre Moissac et Värska repose sur des liens établis entre les enseignants et les élèves, concrétisés par des mobilités d’enseignants, d’élèves de Bac Pro (Aménagements Paysagers et Productions Horticoles) et des échanges avec leurs correspondants estoniens (et setos) depuis la classe de 2de Pro jusqu’à la Terminale Bac Pro (2017-2020).
Ces échanges ont accompagné les deux projets pédagogiques ; le projet « Un peuple, un pays, une culture : la communauté seto et l’Estonie dans l’Union Européenne » (2017-2018) et le projet Occit’Avenir « Echangeons autour des Setos d’Estonie », récompensé par la Région Occitanie, qui a permis de financer (4000 euros) les réalisations concrètes des deux jardins et de la production du court-métrage.

De l’initiative à la projection

Le court métrage « When Moissac meets Värska » (Quand Moissac rencontre Värska), à l’initiative du Lycée de Moissac, a été réalisé par le photographe-vidéaste estonien, Veiko Linnus.

Retour sur l’enregistrement des voix off du court métrage « When Moissac meets Värska » réalisé dans les locaux de Radio d’Oc.

Affiche de la projection/débat du court-métrage « When Moissac meets Värska (Création : Isabelle BOOS, chargée de communication du LPAH)
Le montage terminé, il sera disponible en trois versions (français, anglais et estonien). Il relate la coopération qui unit le lycée Seto de Värska et le Lycée de Moissac. Il exprime aussi les sentiments des élèves français et de leurs enseignants à l’égard de la communauté Seto et de l’Estonie au retour de leur séjour dans la région de Setomaa (septembre 2019). Plus largement, ce documentaire (13mn), écrit par des élèves et des enseignants du Lycée Professionnel Agricole et Horticole de Moissac retrace les 4 années de coopération internationale (2017-2021) entre le Värska Gümnaasium et le LPAH de Moissac.
 
La diffusion du film est prévu le vendredi 18 mars 2022 à Moissac et ensuite une projection à Värska en Estonie.
Soutien de l’Institut français en Estonie
Au cours de la visioconférence, début décembre 2021, Eric Bultel de l’Institut français en Estonie a affirmé son soutien à la coopération Moissac-Värska, sa volonté de participer au rapprochement avec les ambassades de France et d’Estonie et plus largement de développer la coopération dans l’enseignement agricole.

Plusieurs propositions ont été formulées par le directeur de l’Institut français pour renforcer la coopération franco-estonienne établie par le Lycée de Moissac. Parmi celles-ci, la volonté d’impliquer les autorités françaises en encourageant la représentation diplomatique d’Estonie en France pour la projection officielle du court-métrage mais également en organisant une visioconférence entre l’ambassadeur de France en Estonie et les élèves du LPAH de Moissac, le matin de cette même projection.

De plus, Eric Bultel a proposé aux représentants de la filière horticole du Lycée de Moissac d’organiser une exposition, au sein du Jardin botanique de Tallinn à l’occasion de la fête nationale française le 14 juillet. Enfin, il a confirmé son appui pour la présence de l’ambassadeur français à la projection du court-métrage à Värska vraisemblablement en septembre 2022 et à cette occasion, une seconde vague de plantation de végétaux au « Jardin de Moissac » sur les terres du Värska Gümnaasium sera réalisée.

Encouragements de la directrice du Lycée du Tarn et Garonne

« Nous devons développer notre collaboration avec le lycée estonien mais également le partenariat professionnel avec l’Ecole nationale d’horticulture de Räpina (à 20 km de Värska) pour les filières horticoles et d’aménagement paysager du lycée. Le consortium [Erasmus+] de la région Occitanie qui se développe devrait renforcer ce partenariat. La projection du 18 mars devrait également donner une dimension supplémentaire à notre coopération. Celle-ci passera aussi par la venue des jeunes estoniens de Värska à Moissac. » – Aurore Louis.

Une visibilité dans le social media

Rappelons qu’une page Facebook Moissac-Värska est dédiée à cette coopération et relaie quotidiennement les informations relatives aux deux établissements. Créée en 2019 à l’occasion du séjour dans le Setomaa des Terminales Bac Pro du LPAH de Moissac, impliqués dans le projet. La page sur les réseaux sociaux est suivie par près de 5000 personnes dans le monde (ambassades, membres du gouvernement estonien, du Setomaa et d’Occitanie…).

Une autre page éducative relate les actualités sur les projets entre les établissements : Moissac meets Värska

Contact : Pascale LABROUSSE, animatrice du réseau Pologne, Pays-Baltes – pascale.labrousse@educagri.fr

Värska se situe à 3049 km de Moissac.
Värska (446 habitants Setos environ), qui accueille le Värska Gümnaasium, est la ville la plus importante du Setomaa.
Setomma représente un royaume, située au sud-est de l’Estonie, à la frontière russe. Cette vieille communauté Seto d’environ de 15 000 personnes est orthodoxe et païenne à la fois, très proche de la nature. Elle porte des valeurs humanistes, qui ont été à l’origine du projet de jardins. Cette station balnéaire compte de nombreuses activités économiques, notamment touristiques. Production d’eau minérale, cure thermale, spa, activités nautiques font la renommée de Värska et de son célèbre maire et sportif Raul Kudre.

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