Dans le cadre du projet ROADMAP sur l’antibioresistance, une délégation mozambicaine d’une dizaine de personnes a été reçue à l’Ile de la Réunion du 17 au 23 octobre 2022, accompagné par Muriel Figuié, chercheuse au CIRAD et coordinatrice de ce projet au Mozambique.
Ce voyage a été organisé dans le cadre du projet financé par l’Union européenne, H2020 ROADMAP « Rethinking the use of antimicrobials in livestock production systems ».
Ce projet répond au défi pour la santé mondiale posé par la multiplication des résistances aux antimicrobiens, en grande partie conséquente de l’augmentation de l’usage d’antibiotiques en élevage et dont les organisations internationales [OMS, FAO, WOAH (ex OIE), PNUE] ont fait une priorité d’intervention.
Au Mozambique, le projet ROADMAP appuie la mise en œuvre du Plan national contre l’antimicrobiorésistance (NAP AMR) adopté par l’ensemble des ministères concernés en 2019 (agriculture, santé, environnement). Le projet vise une transition agroécologique des élevages et une démarche intégrée de la santé (approche One Health), par une amélioration du contrôle de la circulation des antibiotiques à usage vétérinaire et par le développement de systèmes d’élevage moins dépendants de l’usage d’antibiotiques (https://www.roadmap-h2020.eu/mocambique.html).
La délégation mozambicaine, conduite par le CIRAD était constituée par des membres du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MADER), de l’association des producteurs de volailles de la Province de Maputo (ADAM) et de chercheurs de l’Université E.Mondlane (Faculté de Lettres et Sciences Sociales et Faculté vétérinaire).
A l’Ile de la Réunion, le Service Formation Développement de la DAAF (M.Daniel Thionohoue, chargée de coopération internationale) et le Lycée agricole de Saint-Joseph (M.Vincent Bennet) ont contribué à l’organisation de la semaine de visites et de rencontres avec les acteurs du monde agricole et les élus du développement régional.
La délégation a été reçue par le 1er Vice président de la Région (M. Patrick Lebreton) et a rencontré plusieurs élus, en particulier M. Jean Bernard Maratchia, en charges des affaires agricoles. Elle a pu débattre des enjeux de la structuration du monde agricole et de la valorisation des démarches de qualité en agriculture. Elle a rencontré des éleveurs engagés en agroécologie et visité des laboratoires du CIRAD (à Saint-Pierre de la Réunion) travaillant sur la lutte biologique.
La semaine s’est clôturée par une réunion de travail au Conseil régional avec M. Wildfrid Bertile, élu en charge de la délégation pour le co-développement régional, la pêche et les relations extérieures et Mme Thaïs About, responsable du pôle animation du programme Interreg océan Indien au Conseil. Cette réunion a permis de préciser les pistes de collaboration à développer dans le domaine de la formation agricole, dans une perspective de co-développement régional.
Contacts : Muriel Figuié, Sociologue sur la Recherche Agronomique pour le Développement, chercheuse au CIRAD basée au Mozambique, muriel.figuie@cirad.fr
Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise Internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr
PFUE – Transitions agricoles et alimentaires à l’honneur
La Présidence française de l’Union européenne a permis de mettre le focus sur les réflexions menées dans le domaine de la recherche au service des transitions agricoles et alimentaires, 3 jours d’évènements organisés par la Direction générale de l’enseignement et de la recherche.
Penser l’élevage de demain
Le 13 juin 2022, en collaboration avec l’Anses, la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) a organisé une journée scientifique sur le thème «Quelle recherche pour penser l’élevage de demain ? ». Les participants, venant de toute l’Union européenne, ont largement souligné l’importance de la formation et des approches « one health-one welfare » pour assurer la réussite des transitions de l’élevage et de ses métiers.
Rôle de la formation et de la Recherche
Le 14 juin s’est tenue une conférence du comité permanent de la recherche en agriculture (SCAR pour Standing
Committee for Agricultural Research). Cette journée a été co-construite par les équipes de la DGER et celles de la Commission européenne (DG R&I et DG AGRI) et s’est focalisée sur le rôle du facteur humain dans les transitions, notamment agroécologique et le rôle de la recherche pour appuyer ces transitions.
Cette conférence faisait suite au rapport de prospective du SCAR publié en 2020 sur les chemins pour ces transitions. Première réunion en présentiel depuis le début de la crise Covid, elle a été l’occasion d’ateliers de réflexion autour de la contribution des technologies numériques, de la génétique et de l’agro-biodiversité, au prisme du regard et de leur compréhension par les consommateurs, les agriculteurs, les politiques publiques et plus globalement l’ensemble des acteurs des systèmes alimentaires. Un atelier spécifique dédié au rôle de l’éducation et de la formation dans les transitions a permis de faire valoir l’importance de modèles comme celui de l’enseignement agricole français, dans lequel l’innovation, la démonstration et pédagogie sont intimement liés.
Pistes de réflexion à l’échelle européenne
De nombreuses pistes de réflexion pour le SCAR et pour les états membres ont émergé, faisant la part belle aux approches systémiques et au rôle important que devraient avoir les sciences humaines et sociales, notamment dans le domaine de l’éducation.
La conférence plénière du SCAR du 15 juin a permis de faire le point sur l’évolution des politiques européennes en matière de recherche, de systèmes alimentaires et de bioéconomie et sur les derniers développements intervenus dans l’élaboration des partenariats européens. Les retours des états membres font apparaitre des difficultés d’ordre technique qui risquent de ralentir fortement le processus visant à les lancer en 2023.
Enfin, la France avec l’appui de plusieurs pays dont l’Allemagne a obtenu la création d’un groupe de travail transverse à tout le SCAR sur la diversification des sources de protéines. A terme, ce groupe pourrait donner leur lieu à des travaux sur les questions de recherches liées au cycle de l’azote dans toutes ses dimensions.
Contact : Nezha CHACHIA, Chargée de mission Recherche agricole et innovation à l’international, nezha.chachia@agriculture.gouv.fr
France-Japon, défis agricoles communs
Une délégation du ministère japonais de l’agriculture, de la forêt et des pêches s’est rendue à Paris du 1er au 3 juin à l’occasion du 7e groupe de travail agricole franco-japonais. Les deux pays ont pu échanger sur les enjeux communs rencontrés par le secteur agricole et agroalimentaire, revenir sur les coopérations fructueuses entre nos deux pays en matière agricole et faire le point sur les négociations en cours dans le domaine sanitaire et phytosanitaire.
La visite en France de Mme Yutaka ARAI, vice-ministre chargée des relations internationales au Ministère japonais de l’agriculture, de la forêt et des pêches a permis d’intégrer le 7e édition du groupe de travail agricole franco-japonais, initié en 2014 et qui, depuis lors, s’est réuni régulièrement. Mme Valérie METRICH-HECQUET, Directrice générale de la performance économique et environnementale des entreprises, Mme Valérie BADUEL, Directrice générale de l’enseignement et de la recherche et Mme Emmanuelle SOUBEYRAN, Cheffe des services vétérinaires, ont accueilli la délégation japonaise et fait le point sur les nombreux enjeux communs et les coopérations entre nos deux pays en matière agricole.
Des politiques agricoles face à des défis communs
Parmi les nombreux sujets d’échanges, figuraient les effets de l’invasion de l’Ukraine par la Russie sur les secteurs agricoles en France et au Japon et les aides mises en place de part et d’autre pour y faire face. Les effets du conflit sur la sécurité alimentaire mondiale ont également été abordés, ainsi que les actions européennes à ce sujet, en particulier, avec l’initiative FARM qui a pour objectif de prévenir les effets désastreux de la guerre menée par la Russie en Ukraine. L’action japonaise a été évoqué à travers la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, dont la 8e édition se tiendra en août 2022. Les deux ministères ont également échangé sur leurs stratégies respectives en matière de mise en place de systèmes alimentaires durables.
Un dialogue soutenu, des coopérations suivies
A la suite de la déclaration conjointe franco-japonaise sur les régimes alimentaires équilibrés publiée en septembre 2021 à l’occasion du sommet des Nations-Unies sur les systèmes alimentaires, les deux ministères ont réaffirmé leur volonté de poursuivre leur coopération dans le domaine de l’éducation à l’alimentation et de la promotion de nos cultures gastronomiques.
Cette réunion a également permis d’effectuer un bilan des deux premières années du programme de coopération dans l’enseignement agricole conclu en 2019 entre les deux ministères, et d’évoquer les perspectives et projets de l’année à venir portés par les élèves engagés. 16 lycées agricoles participent côté français et 18 établissements côté japonais. En dépit de la situation sanitaire, de nombreux échanges à distance et projets communs ont pu voir le jour et les deux pays ont réaffirmé leur volonté de poursuivre et développer ces échanges fructueux.
Une coopération exemplaire en matière de surveillance des épizooties
Les représentants des deux ministères ont aussi fait le point sur les négociations en cours dans le domaine sanitaire et phytosanitaire : contrôles sur les produits importés en provenance des préfectures de la région de Fukushima, dont le réexamen est prévu en juin 2023 par la Commission européenne, et négociations de reconnaissance du zonage en cas de foyers épizootiques. Les ministères ont notamment pu se féliciter de la bonne coopération entre services français et japonais et de la mise en œuvre efficace de l’accord de zonage sur l’influenza aviaire hautement pathogène conclu en 2018, qui permet aujourd’hui de maintenir les exportations de volailles depuis les départements indemnes.
Les deux ministères se sont également engagés à poursuivre les négociations actuellement pour un accord de zonage similaire pour la peste porcine africaine, en vue d’une conclusion rapide.
Enfin, les deux parties ont souligné leur intérêt d’adopter des certificats sanitaires électroniques, déjà en cours de déploiement en Europe et dont l’utilisation simplifie les procédures pour les exportateurs.
Au cours de son séjour européen, la délégation japonaise conduite par la vice-ministre Yutaka ARAI a également eu l’occasion de rencontrer les services de la Commission européenne (DG-AGRI) et d’aborder des sujets variés lors de visites de terrain à Orléans (laboratoire de l’INRAE travaillant sur les sols), Reims (Laboratoire FARE de l’INRAE travaillant sur les biomatériaux) ou la protection des indications géographiques (Comité interprofessionnel du vin de Champagne).
Photo : Jean Quellier / agriculture.gouv.fr
Start-Up innovantes en terre Australe
Pour la 3e session de son Prix de l’Innovation, le F’SAGRI a vu les choses en grand ; un nouveau partenariat avec la Banque mondiale et le programme de développement des Nations Unies (PNUD) ; un nouveau nom : AgTech Innovation Challenge ; une compétition qui dépasse le cadre sudafricain.
Comme l’année dernière, le challenge était divisé en deux catégories: les projets de recherche appliquée portés par des universitaires et les projets portés par les start-up. Voyons de quelles innovations les Strat-up candidates en 2021 sont capables.
Nouveautés 2021 : 5 pays en lice
En 2020, le prix de l’innovation ciblait les start-up sud-africaines uniquement. En 2021, soutenu par le Ministère de l’agriculture et l’alimentation (Direction générale de l’enseignement et de la recherche-DGER) via le Budget d’Actions à l’International, le F’SAGRI a développé une collaboration avec la Banque mondiale, ce qui a permis d’étendre ce concours à quatre pays avoisinants : le Lesotho, Eswatini, la Namibie et le Botswana. Au total, plus de 40 dossiers de candidature ont été examinés, dont 9 portés par des entreprises autres que sud-africaines. Une première sélection a permis de conserver 12 candidats, dont un botswanais.
Le jury s’est réuni le 25 novembre 2021 au matin. Il comptait des représentants des autorités sud-africaines, de la chambre de commerce Franco sud-africaine, du PNUD et de l’ambassade de France, réunis à la Résidence de France, mais aussi d’Agreenium et de la DGER, en virtuel.
Le jury a unanimement souligné la qualité des projets présentés et exprimé le souhait d’en assurer le suivi lors d’événements ultérieurs. Ce suivi est d’ailleurs prévu dans le cadre du partenariat entre le F’SAGRI et le PNUD.
Ambassade de France, Banque mondiale et PNUD confirment l’importance de ce challenge dédié à l’agriculture
La cérémonie de remise des prix de l’innovation a eu lieu à la suite du comité de sélection des projets. Lors de leurs interventions, Aurélien Lechevallier, Ambassadeur de France, Marie-Françoise Marie-Nelly, Directrice Régionale de la Banque Mondiale, Dy Ayodele Odusola, Représentant du PNUD en Afrique du Sud ainsi que François Davel, représentant du Department of Science and Innovation (DSI), ont réaffirmé l’enjeu que représente le développement d’une agriculture durable dans les communautés rurales. Ils ont rappelé à quel point, dans un contexte rendu difficile par la crise sanitaire actuelle, il est primordial d’aider les communautés rurales à développer des emplois, notamment l’emploi des jeunes et des femmes, en prenant en compte des problématiques plus larges comme la lutte contre le réchauffement climatique.
Du côté des lauréats…
5 start-up sudafricaines ont été sélectionnées. Grâce aux contributions de l’Ambassade de France, du DSI et du PNUD, elles vont recevoir des prix allant de 2200 € à 8800 € et bénéficier d’un programme d’accompagnement pour développer leurs projets et leur permettre de rentrer en contact avec des financeurs.
Lauréate du 1er prix : Claire Reid pour Reel Gardening
L’objectif de Reel Gardening est de rendre le jardinage aussi rapide, simple et amusant que possible. La solution de jardinage qu’elle propose permet aux particuliers et aux collectivités de réduire leur consommation d’eau jusqu’à 80 %. Leur innovation est un ruban de semences breveté qu’il suffit de placer dans le sol de manière à voir la partie colorée au-dessus de la terre, puis il ne reste plus qu’à ajouter de l’eau. L’entreprise dispose d’une application qui offre un guide étape par étape pour gérer les platations en vous informant de ce que vous devez faire chaque jour dans le jardin en fonction de ce que vous avez planté. Reel Gardening reverse également une partie de ses ventes aux communautés dans le cadre de son programme de sensibilisation.
Lauréat du 2e prix: KHEPRI Biosciences sur la gestion des déchets – Des projets aux prises avec les problématiques actuelles
KHEPRI Biosciences propose des produits d’alimentation animale de qualité, fabriqués sur mesure pour l’écosystème local à partir de déchets organiques disponibles localement. KHEPRI collecte les déchets alimentaires dans les flux de déchets locaux, les traite et leur ajoute de la valeur en utilisant la mouche du soldat noire pour fabriquer des produits qui répondent aux besoins de leur marché cible. KHEPRI a développé cinq produits d’alimentation animale et les a testés sur le marché. Leur produit final est constitué d’aliments pour animaux et d’engrais proposés à des prix compétitifs et produits selon une approche durable.
Lauréate du 3e prix : Palesa Motaung pour AgriKool
AgriKool est une start-up de Pietermaritzburg (KZN) qui résout le problème de l’accès au marché grâce à une application mobile permettant aux petits exploitants agricoles d’avoir accès au marché, au financement, au transport et à des informations fiables de manière transparente. L’application regroupe la demande des colporteurs et des magasins de vente au détail de produits alimentaires, et convertit cette demande en un marché accessible pour les petits exploitants agricoles des zones rurales. Elle prélève une commission de 3 à 8 % sur la transaction, ainsi que des frais administratifs. L’innovation atténuera les contraintes liées à la saisonnalité, car la start-up prévoit de s’aventurer dans d’autres provinces et en Afrique.
Lauréat du 4e prix: SMARTFILL pour la réduction de l’utilisation du plastique
Smartfill est une unité de distribution alimentaire au détail sans emballage plastique (ou les élimine). Les emballages plastiques sur les aliments sont d’autant plus une taxe supplémentaire pour les pauvres en ajoutant les coûts d’emballage au prix de la nourriture. Cette technologie innovante permet d’alléger la pression sur les prix des aliments. Elle ne se préoccupe pas seulement du recyclage et de la réduction du plastique, mais aussi de l’accessibilité financière des aliments. Les emballages sont de plus en plus chers en termes de taxes et augmentent les coûts logistiques qui se répercutent sur le prix des aliments. Le dispositif distribuera l’alimentation en fonction de la quantité requise.
Lauréat du 5e prix: Dropsight pour une utilisation raisonnée des pesticides
Dropsight est une application pour smartphone qui permet de mesurer le dépôt de produits chimiques (c’est-à-dire de pesticides) sur les feuilles dans le champ, de comparer les résultats et de faire des ajustements avant que le produit chimique ne soit ajouté au réservoir. Tout cela se fait grâce à un boîtier d’analyse portable innovant appelé « leaflab », avec l’utilisation d’un smartphone. L’objectif est de réduire le risque de mauvais résultats en matière de lutte biologique en raison d’un mauvais réglage et dépôt du pulvérisateur. Grâce à Dropsight, les agriculteurs réduiront le risque de niveaux inacceptables de résidus chimiques et de ruissellement de produits chimiques. Cette innovation réduira considérablement le risque de contamination du sol et des eaux souterraines due à un volume de pulvérisation excessif. Le processus Dropsight se déroule sur le terrain, en temps réel, et fournit des données visuelles et quantitatives sur lesquelles fonder les décisions relatives à l’amélioration du dépôt de la pulvérisation. Grâce à cette innovation, il n’est plus nécessaire de faire appel à un laboratoire pour analyser le dépôt, ce qui permet non seulement de gagner du temps mais aussi d’économiser de l’argent.
Ces projets innovants vont rejoindre les lauréats des années précédentes et intégrer le programme de suivi du F’SAGRI. Ce programme vise différents objectifs, soit de doter le F’SAGRI de structures de stage, conférenciers et mentors potentiels, qui pourront à leur tour aider des étudiants et jeunes porteurs de projets. Ces porteurs de projets innovants pourront intégrer des projets de développement local, à l’échelle d’une municipalité ou d’une province à l’image des projets de création de villes vertes, actuellement soutenus par de grandes instances internationales. Enfin, le programme permet d’aider à identifier des projets porteurs pour de potentiels financeurs français.
Contacts :
Séverine JALOUSTRE, Adjointe au Directeur, F’SAGRI – French South-African Agricultural Institute, severine.jaloustre@ul.ac.za