Chine/France : former les formateurs par la pratique

La venue de deux enseignants chinois du Shandong Vocational Animal Sciences and Veterinary College (SVASVC), en stage en France, marque le renouveau des mobilités : 5 semaines sur différentes exploitations du territoire  !

Après plus de trois ans sans mobilités, les projets franco-chinois impliquant les enseignants de la formation professionnelle agricole ont enfin pu reprendre en présentiel.

Mme Zhao Xiaodong et M. Sun Defa, deux jeunes enseignants en zootechnie du SVASVC, ont eu l’occasion de découvrir les élevages à la française à travers un stage sur le terrain qui les a vu travailler sur pas moins de 7 fermes différentes. Que ce soit dans l’élevage bovin allaitant et laitier ou encore porcin et de volaille, ils ont pu découvrir l’organisation et le rythme de travail français.

Leur expérience a débuté au centre d’innovation et de recherche de la ferme de Bouviers qui est géré par l’Institut de l’élevage. Au contact des veaux et vaches, ils ont multiplié les tâches sur la ferme pour s’imprégner des méthodes d’élevage françaises.

Durant les 15 jours passés à Mauron dans le Morbihan, ils ont aussi pu rencontrer l’interprofession Interbev Bretagne qui leur a présenté la filière bovine en France ainsi que la découverte d’un établissement agricole à Quessoy, le lycée la Ville Davy.

Les deux enseignants chinois ont ensuite passé 15 jours dans la filière porcine sur deux lieux de production stratégique de la Cooperl, une coopérative agricole et agroalimentaire du Grand Ouest.

A Anceins dans l’Orne, ils ont travaillé durant une semaine à la ferme de sélection du groupe Cooperl et ont découvert comment étaient sélectionnés les cochons selon des critères précis, également comment préserver une bonne génétique.

A Lamballe, dans les Côtes d’Armor, sur la ferme expérimentale de la Cooperl, ils ont pu apprendre par les gestes pratiques, à élever les porcs dans les meilleures conditions possibles et analyser les rations utilisées en France.

Pour finir ces 5 semaines de stage, la MFR de Lesneven leur a ouvert les portes et leur a permis de découvrir 4 exploitations différentes à travers des échanges et une aide aux éleveurs. Que ce soit des exploitations à production bovine, laitière et porcine avec un système de mécanisation à la pointe ou bien des naisseurs-engraisseurs en porcin qui transforment eux-mêmes leurs produits et réalisent de la vente-directe. Le dépaysement fut aussi bien total qu’enrichissant.

Un échange avec différentes classes de la filière agricole de l’établissement de Lesneven leur a donné l’occasion de présenter l’agriculture chinoise à un public curieux et attentif.

Suite à cette expérience, plusieurs projets vont voir le jour.

Tout d’abord, les deux enseignants vont créer un module pédagogique dédié au système d’élevage à la française qu’ils intégreront à leurs cours.

Ensuite, leur venue va permettre au partenariat entre leur établissement et quatre établissements bretons de prendre forme. En effet, les mobilités réciproques qui avaient été imaginées et organisées fin 2019 avaient, par la force des choses, été mises en stand-by à cause de la crise sanitaire.

Les échanges humains entre les deux pays repartent donc. Ainsi, dès 2024, des apprenants français pourront effectuer une période de stage en Chine dans une des exploitations du SVASVC. Des apprenants chinois pourront en contrepartie venir également effectuer des stages en France dans les exploitations ou chez des partenaires des établissements impliqués.

Lire aussi : « Ici, il y a plus de diversité » : des professeurs chinois découvrent l’agriculture bretonne

Max MONOT, animateur du réseau Chine de l’enseignement agricole, max.monot@educagri.fr




Nectar, une pédagogie verte

Le projet Nectar, coordonné par la Bergerie Nationale de Rambouillet, permet des échanges franco-autrichien entre enseignants, chercheurs et apprenants sur les transitions pédagogiques innovantes en agroécologie et ruralité.

Le CEZ-Bergerie nationale et son partenaire autrichien la Hochshcule für Agrar und Umweltpedagogik (HAUP) échangent et confrontent leurs regards de chercheurs en sciences de l’éducation et en didactique depuis 2018. En 2021, ils ont décidé d’aller plus loin dans la comparaison entre les approches autrichienne et française en mettant en relation des lycées agricoles de ces deux pays, afin de travailler ensemble sur le thème de l’agroécologie.

C’est ainsi que la Bergerie a candidaté à un projet Erasmus+ Partenariat simplifié pour l’enseignement et la formation professionnels. NECTAR est né en novembre 2021 pour une durée de deux ans.

Jetons un coup d’oeil à mi-parcours…

3 binômes franco-autrichiens

Les deux structures, pilier du projet (CEZ et HAUP), ont réuni trois lycées agricoles de chaque pays. Le partenariat est donc composé de huit structures, deux coordinateurs et six lycées.

Les six lycées travaillent en binôme sur trois thématiques : les lycées de Bourg-en-Bresse et Hohenems travaillent sur l’alimentation locale et l’autonomie. Cibeins et Langenlois se concentrent sur la fertilité des sols. Les lycées de Romans et de Raumberg échangent sur la complexité dans les situations professionnelles.

Après le lancement officiel, le projet sera jalonné par les rencontres qui seront organisées dans les six lycées. L’objectif est d’explorer et de mettre en œuvre des pratiques pédagogiques sur les thématiques mentionnées précédemment. Entre ces rencontres, des échanges entre étudiants seront organisés. Nous sommes à mi-parcours du projet et trois des six rencontres ont déjà eu lieu, deux en France et une en Autriche.

Une journée de lancement et après…

La journée de lancement a eu lieu le 10 décembre 2021 par visioconférence. Les huit partenaires du projet y ont participé. Après avoir fait connaissance, le CEZ et la HAUP ont présenté aux enseignants leurs approches des pédagogies vers la transition agro-écologique. Puis, lors des ateliers réunissant des enseignants travaillant sur la même thématique, les participants ont commencé à préparer le contenu des prochaines rencontres (choix des classes et des activités pédagogiques). Grâce à des échanges constructifs, cette première étape a permis de prendre un bon départ.

Bourg-en-Bresse sous le signe de l’innovation

Du 21 au 23 mars 2022, le lycée de Bourg en Bresse a accueilli les partenaires de la HAUP, du CEZ et du lycée de Hohenems pour travailler sur le thème de l’alimentation locale et de l’autonomie. Deux activités pédagogiques ont été observées et discutées lors de la rencontre.

Visite de laboratoire agroalimentaire par l’équipe NECTAR

Les étudiants concernés par la première activité étaient en deuxième année de BTS Sciences et technologies de l’alimentation – STA. Les apprenants ont été mis au défi de s’investir dans une situation professionnelle exigeante : ils devaient répondre à la demande du proviseur du lycée de créer un produit innovant à base de légumineuses. Cet atelier fait partie du module « Innovation » de leur formation.

Enseignants donnant les consignes d’organisation du débat mouvant à la classe seconde Pro participantes

Les apprenants impliqués dans la deuxième activité étaient en seconde professionnelle. Elle s’inscrit dans une semaine consacrée à l’éducation à la santé et au développement durable. Il s’agit d’une action interdisciplinaire où deux classes de seconde pro étaient mélangées, l’une spécialisée en conduite des cultures et d’élevages (CCE) et l’autre en alimentation, bio-industries et laboratoire (ABIL). Les élèves ont participé à un débat mouvant pour travailler sur leurs représentations du système alimentaire actuel. Ils ont visité une ferme de polyculture-élevage biologique possédant un moulin pour produire de la farine vendue en vente directe.

De la pédagogie sur la fertilité des sols à Cibeins

Du 23 au 25 mars 2022, le lycée agricole de Cibeins a accueilli les partenaires de la HAUP, du CEZ et du lycée agricole de Langenlois pour travailler sur le thème de la fertilité des sols. Deux principales activités pédagogiques ont été observées et discutées lors de la réunion.

Les étudiants concernés par la première activité étaient en deuxième année de BTS Analyse, Conduite et Stratégie de l’Entreprise Agricole – ACSE. Ils travaillent dans une exploitation agricole en tant qu’apprentis. La classe a participé à la gestion collective de parcelles agricoles expérimentales. L’enseignant et les apprenants ont utilisé un outil pédagogique de Michel Fabre, appelé le losange de problématisation.

Les étudiants impliqués dans la deuxième activité étaient en Bac technologique Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant – STAV. L’objectif était d’évaluer l’intérêt de la luzerne dans un système de culture. Les élèves ont travaillé en groupes avec des documents fournis par les enseignants et ont produit des schémas. Chaque groupe a ensuite présenté le résultat de son travail.

En plus de ces deux ateliers pédagogiques, l’équipe projet a observé une démonstration de machines agricoles utilisées pour le travail du sol. Celle-ci a été organisée par les étudiants qui ont mis en œuvre la première activité.

Travaux pratiques en anglais à Raumberg

Du 17 au 19 mai 2022, le lycée agricole autrichien de Raumberg a accueilli les partenaires de la HAUP, du CEZ et du lycée agricole de Romans. Des échanges ont pu avoir lieu entre enseignants, élèves et experts. Dans le cadre des cours de biologie, les élèves ont réalisé en petits groupes des vidéos décrivant les phases de la mitose. Ils ont présenté leur travail en anglais à l’équipe projet. Celle-ci a pu observer les élèves mettre en pratique les gestes professionnels lors de travaux pratiques en forêt et sur la ferme en agriculture biologique du lycée. Un projet de fin d’études est réalisé par les élèves en fin de formation, celui portant sur la pollution du lac Altaussee par les microplastiques a été présenté à l’équipe Nectar (photo de tête de l’article). La complexité dans les situations professionnelles est la thématique retenue pour le binôme Raumberg – Romans, en lien avec ces projets de fin d’études.

Analyses binationales pour amorcer 2023

L’objectif principal de ce projet est l’échange de pratiques entre étudiants, enseignants et experts. Après chaque activité pédagogique, l’équipe projet a eu l’opportunité d’échanger et de mettre en évidence les forces et les faiblesses. Ces échanges et des réflexions complémentaires seront capitalisés tout au long du projet afin de produire trois fiches actions portant chacune sur une thématique du projet. Ces fiches permettront de comparer les approches françaises et autrichiennes. Rendez-vous en fin de projet en septembre 2023 pour la publication des fiches actions.

Fiche Projet NECTAR

Contact : Marie-Laure WEBER – Référente Coopération internationale – Coordinatrice du Programme National de Formation – CEZ – Bergerie nationale, marie-laure.weber@educagri.fr




Mieux connaître pour échanger avec l’île d’émeraude

Les deux gouvernements français et irlandais construisent des projets de partenariats d’échanges de personnels entre des établissements de formations agricoles des deux pays, dans un cadre plus global d’accords signés depuis 2021.

En effet, sous le volet coopération et dans l’objectif de « mieux se connaître » au sein du dit partenariat, il a été décidé que les différents ministères mettraient en place des échanges de fonctionnaires dans un cadre flexible et adapté aux besoins et capacités des services. C’est donc dans ce cadre que des échanges réguliers ont lieu, notamment avec le College of Horticulture de Dublin mais aussi avec le Dundalk Institute of Technology.

Système de l’enseignement agricole à l’irlandaise

Mais il convient de savoir comment est organisé l’enseignement agricole en Irlande. Il n’y a

Rencontre avec l’Ambassadeur de France en Irlande, M. Vincent Guérend

pas proprement dit de lycée agricole irlandais. La formation agricole est accessible après l’équivalent de notre baccalauréat, elle peut être dispensée dans des établissements agricoles à 100% pour les niveaux 5 – 6 – 7  (comparable au système français du CAPA au Bac Pro pour adultes pour les niveaux 5 et 6 Irlandais) dans le réseau Teagasc ou encore dans trois établissements privés et également dans des instituts technologiques pour les niveaux 7-8-9 (correspondant au BTSA / Licence pour le niveau 7 et l’équivalent d’une Licence+ pour le niveau 8 ainsi qu’au Master pour le niveau 9) et enfin à l’université.

Le long fleuve de la coopération

La mise en place de partenariats est un long chemin qui se trace  pas à pas. Le premier véritable pas a eu lieu en juillet 2021 avec une présentation de l’enseignement agricole français lors d’une visioconférence qui a réuni les représentant du ministère français mais aussi de nombreux chefs d’établissements et adjoints du réseau de formation agricole irlandais TEAGASC.  Cette rencontre a été suivie d’échanges à l’automne pour déboucher, en décembre, sur une mission en Irlande de l’animateur réseau Royaume-Uni-Irlande de l’enseignement agricole, Frédéric Mesure, accompagnée de Corinne Samouilla, chargée de mission – appui au programme Erasmus+ « enseignement supérieur ».  Cette mission a permis de rencontrer les établissements, de pouvoir identifier leurs atouts et mieux cerner leurs attentes pour la mise en place d’échanges de pratiques et de mobilités de formateurs ou enseignants français. Par la suite, des mobilités de stage de nos apprenants pourront être envisagées. Depuis, d’autres échanges ont eu lieu notamment avec le College of Horticulture de Dublin grâce à des visioconférences permettant le partage de pratiques et la présentation de notre système d’apprentissage.

Perspectives d’échanges

Grâce à la présence de Corinne Samouilla, des discussions ont pu aussi être engagées avec les Instituts de Technologie de Dundalk et de Waterford qui vont permettre, à court terme, la venue d’enseignants irlandais et, à moyen terme, des mobilités académiques complètes ou hybrides d’étudiants.

Un premier travail d’expertise est en cours pour repérer des similitudes entre les formations agricoles des deux pays, le tout dans le cadre de l’intégration des BTSA dans le cursus LMD et l’intégration de la semestrialisation qui rendra plus facile des mobilités académiques. Le volet « stage » n’est pas non plus oublié dans le processus des partenariats.

Dans les mois à venir, des délégations de formateurs irlandais viendront en France et des formateurs, enseignants français devraient se rendre en Irlande à l’automne 2022. Puis, il est prévu de proposer des mobilités de stage pour nos étudiants dès l’été 2023 ainsi que la mise en place de mobilités académiques pour l’année scolaire 2023-2024.

Feicfidh mé tú go luath le haghaidh eachtraí nua

[à bientôt pour de nouvelles aventures]

Contact : Frédéric Mesure, animateur Royaume-Uni/Irlande de l’enseignement agricole, frederic.mesure@educagri.fr

 

Crédit Photographique : Kelly – Paysage d’Irlande, Banque d’images Pexels




France-Japon : un distanciel qui rapproche

Les coopérations entre lycées agricoles français et japonais s’organisent depuis 2 ans « sur fond de Covid » mais redoublent d’initiatives et d’échanges de pratiques à distance en rêvant de confronter leurs techniques en présentiel.

Le deuxième séminaire en ligne des lycées agricoles français et japonais s’est tenu le 4 février 2022, en matinée pour la France et en fin d’après-midi au Japon. En effet, les deux pays présentent un décalage horaire de 8 heures. 8 lycées français et 10 lycées japonais ont pu se présenter et faire part de leurs projets en relation avec leur partenaire. Les établissements ont également témoigné de leurs difficultés de mener à bien leurs partenariats qui sont, pour la plupart, nés pendant la crise Covid.

A chacun sa région partenaire

4 établissements ont eu une présentation un peu plus détaillée : le lycée Saint Vincent à Saint Flour dans le Cantal et le lycée Briacé à proximité de Nantes pour la France. Leurs partenaires japonais respectifs sont intervenus : le lycée de Shinonome situé à Tamba Sasayama, partenaire de Saint Flour et le lycée Kashiwagi situé à Aomori, partenaire de Briacé.

Massif Cantalien

Tamba Sasayama dans la Région du Kansaï – Japon

Région du Kansaï

 

 

 

 

 

 

 

Le projet qui rassemble le lycée de Briacé et celui de Kashiwagi concerne la production fruitière, et en particulier le raisin et les poires. Des échanges de pratiques

Région Aomori – Japon

Crédit photo : Arboriculture-fruitière.com

sur les techniques de cultures et des mobilités d’élèves sont à la réflexion.

Le partenariat du lycée Saint Vincent de Saint Flour et de celui de Tamba Sasayama s’est fortement organisé autour de la valorisation des produits agricoles locaux. Si Tamba Sasayama a présenté la culture du riz et la mise en valeur des résidus de la production du saké grâce à la pâtisserie, Saint Vincent à Saint Four a créé des recettes qui fusionnent tradition japonaise et tradition auvergnate.

Création inter-culinaire

La dernière création étant le Cantalyaki, mélange entre le takoyaki plat typique du Kansaï et le fromage emblématique du Cantal.

le takoyaki

Région d’Osaka

D’autres établissements sont très actifs. Il est impossible d’être exhaustif mais à titre d’exemples le lycée de Pau est en partenariat avec le lycée de Ono pour concevoir un manga concernant l’agriculture biologique.

Le lycée Les Vergers de Dol de Bretagne, partenaire de celui de Shizunaï à Hokkaïdo, prépare des stages dans des exploitations japonaises pour ses élèves de BTS.

Région d’Hokkaïdo

Le lycée Les Buissonnets à Angers a un projet de transformation alimentaire avec une espèce invasive de la Loire : le poisson-chat. Ce poisson est l’objet d’un élevage au lycée Yuki à Hiroshima. Grâce aux échanges entre les deux établissements, une nouvelle façon de valoriser cette espèce invasive pourrait être étudiée.

Région d’Hiroshima

Poisson-Chat : espèce invasive

Le séminaire s’est terminé par un mot de remerciement de Monsieur Philippe Renard, chef du bureau des relations européennes et de la coopération internationale. Monsieur Renard a salué la forte implication des élèves et des professeurs.

Un troisième séminaire des lycées franco-japonais est en réflexion pour l’année prochaine. Il reste à souhaiter que le contexte sanitaire sera favorable à des échanges en présentiel entre les établissements grâce à des mobilités réciproques d’élèves Japonais et Français.

Contact : Franck Copin, animateur du réseau Japon, franck.copin@cneap.fr