Le but de la mission du réseau de l’enseignement agricole est d’établir de nouveaux contacts avec des établissements et des professionnels slovaques dans l’objectif de développer des mobilités de stages individuels et des mobilités collectives dans le pays pour les jeunes élèves français.
La mission en Slovaquie, organisée en décembre 2024, avait un double objectif : d’une part, travailler sur les mobilités académiques et, d’autre part, renforcer les liens avec les services de l’ambassade de France, notamment le service économique et l’Institut Français de Slovaquie.
Le Maturita slovaque
L’appui de l’Institut Français ainsi que les contacts établis lors d’une précédente mission ont permis d’organiser la visite de deux établissements techniques et d’entrer en relation avec des lycées généraux enseignant le français en sections bilingues ou comme langue vivante 2.
En Slovaquie, les élèves des lycées agricoles préparent en quatre ans le diplôme appelé Maturita, équivalent du baccalauréat français. Leur formation combine des cours théoriques et des activités pratiques sur les exploitations des établissements, mais comprend relativement peu de stages en entreprise comparé aux formations de bac professionnel en France.
Pour les élèves des lycées généraux, le Maturita est également préparé en 4 ans. L’anglais est la langue principale enseignée dans les lycées généraux, mais certaines écoles proposent le français en LV2 (3 heures hebdomadaires) ou comme langue renforcée (5 heures hebdomadaires). Il existe également cinq sections bilingues franco-slovaques, fruit d’une coopération étroite entre le ministère slovaque de l’Éducation et l’Ambassade de France. Ces sections offrent un enseignement sur cinq ans, permettant aux élèves d’atteindre un niveau C1 du cadre européen des langues en suivant en particulier des matières scientifiques en français.
Collaborations sur de nouvelles filières
Suite à cette mission, les liens ont été renforcés avec trois établissements techniques. Le lycée viticole de Modra, déjà invité à participer au Salon International de l’Agriculture (SIA) dans le cadre des concours jeunes européens, a ouvert ses portes à la délégation pour une visite de ses locaux, de son chai et a organisé des rencontres avec des entreprises viticoles locales. Un lycée technique agricole près de Bratislava propose des filières en aquaculture, soins vétérinaires et élevage (chevaux, chiens, chats), il présente un fort potentiel pour développer des mobilités de stage dans l’enseignement professionnel. Un établissement forestier à Banská Štiavnica : mis en relation récemment avec un lycée forestier français, en recherche de partenariat, pour développer à la fois des mobilités collectives et des stages individuels.
Bassin d’aquaculture au lycée d’Ivanka Pri Dunaji
Visite du lycée viticole de Modra avec la directrice et une enseignante d’oenologie
Promouvoir l’enseignement agricole Français
L’Institut Français a diffusé des informations sur l’enseignement agricole, notamment sur la filière générale avec option biologie-écologie et les sections européennes, auprès des lycées généraux slovaques enseignant la langue française. L’apprentissage du français dans les lycées généraux slovaques constitue ainsi un levier stratégique pour le développement de nouveaux partenariats de mobilité.
Suite à un appel à manifestation d’intérêt, deux établissements slovaques ont exprimé leur volonté d’établir des contacts avec des sections européennes de filière générale de lycées agricoles français et de travailler sur des thématiques liées à l’environnement. Les mises en relation sont en cours depuis février 2025, avec l’appui de l’Institut Français.
Cette mission a donc permis d’élargir le réseau de contacts d’établissements techniques agricoles en Slovaquie et d’ouvrir la voie à des collaborations avec les établissements généraux. Ce travail devra être consolidé et approfondi lors d’un prochain déplacement.
Plus d’informations sur les activités du réseau République Tchèque Slovaquie sur le Bulletin du réseau – 2025
Contact : Delphine Laissac, Animatrice du réseau République Tchèque – Slovaquie de l’enseignement agricole, delphine.laissac@educagri.fr
Expertise au coeur de l’Économie bleue
Catherine Lejolivet, enseignante en aquaculture au lycée agricole de la Lozère, a partagé son expertise lors du Forum international de l’économie bleue organisé les 14 et 15 novembre 2024 à l’Institut français de Saint-Louis au Sénégal.
Le forum international de l’économie bleue vise à créer une synergie entre les acteurs du secteur et à encourager l’innovation ainsi que le partage de connaissances et de bonnes pratiques. Il a été organisé par l’Ambassade de France au Sénégal avec le soutien d’Ocean Hub Africa, de l’UIM-Université Internationale de la Mer, de la Sodeca-Casamançaise, du Centre National de Formation des Techniciens de la Pêche et de l’Aquaculture, de Concree, des GIE et des ONG d’appui à l’écosystème de l’économie bleue, venus des diverses régions du Sénégal.
L’Institut Français de Saint-Louis a été ainsi le lieu des 2 journées scientifiques, techniques et culturelles au sein de ses bâtiments et jardins ; la première à destination des acteurs des filières professionnelles de la pêche et de l’aquaculture et la deuxième à destination du grand public.
Audrey Himmer, chargée de mission innovation et économie numérique à l’Ambassade de France, en charge du développement du réseau Teranga Tech Incub’, et ses collaborateurs ont œuvré pour que ce forum puisse être une réussite tant du point de vue du contenu que des moyens techniques mobilisés.
En amont de ce forum, les organisateurs ont activé leurs réseaux pour contacter diverses personnes en France susceptibles d’animer des ateliers et tables rondes. Ainsi, à l’issue d’un échange avec Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI – Conseil expertise formation agricole à l’international de l’enseignement agricole, me sollicitant pour apporter une contribution à ce forum, j’ai accepté de participer à la co-animation d’un des ateliers : Aquaculture : comment améliorer la production locale d’alevins ? en compagnie de Baye Modou Thiam, de la Société AQUAKOOM, basée à Thiès qui offre aux pisciculteurs un accès aux intrants aquacoles, aux équipements et au marché.
Cette mission s’est déroulée du mardi 12 au samedi 16 novembre 2024. Même si cette activité a été de courte durée sur le territoire sénégalais, cela a permis de découvrir quelques facettes de cette région du nord Sénégal, proche de la frontière mauritanienne. Le trajet depuis Dakar a été très riche d’images et d’informations fournies par Sébastien Subsol, Attaché de coopération formation et recherche agricoles à l’Ambassade de France au Sénégal et notre chauffeur très sympathique également agent de l’Ambassade.
fleurs d’Hibiscus
singe rouge Patas
le port des pêcheurs de St Louis
Le poisson chat et le Tilapia au coeur des réflexions
Au cours de visioconférences préparatoires, la thématique a été précisée avec l’organisatrice et le co-animateur. Ces échanges ont permis de co-construire un chronogramme de l’atelier et de réfléchir sur les moyens d’animation.
Il a été également fléché un certain nombre d’acteurs susceptibles d’accepter de participer à l’atelier. En parallèle, une revue bibliographique de la filière aquaculture au Sénégal a facilité l’identification d’éléments clés de l’évolution de la filière, des espèces concernées et des actions de certains acteurs impliqués.
Les travaux antérieurs sur le Silure et le Tilapia au sein des installations pédagogiques du Lycée d’enseignement agricole Louis Pasteur de La Canourgue (Lozère), la co-écriture du référentiel de licence pro Aquaculture avec un collectif de l’Université d’USSEIN (Université du Sine Saloum) et les différentes missions effectuées au Bénin en 2023-2024 au contact des professionnels et des enseignants d’aquaculture (expertise dans le cadre de la réforme de l’enseignement technique agricole béninois) m’ont permis de préparer cette thématique sur les 2 espèces principales d’eau douce produites au Sénégal : le poisson chat africain (Clarias gariepinus) et le Tilapia (Oreochromis niloticus).
La veille du Forum, l’Institut français a organisé la visite de 2 entreprises de production de Clarias (SIA et BMK) à proximité de St Louis, visites et échanges conduits en compagnie de messieurs Subsol et Thiam.
Les installations aquacoles visitées, proches de St Louis
Déroulement de l’atelier aquaculture
« …L’aquaculture terrestre se développe pour faire face au problème de raréfaction des ressources halieutiques et aux problèmes d’accès à ces ressources dans les zones reculées. La production d’alevins est une étape cruciale de l’aquaculture, car la qualité des alevins affecte directement la croissance, la survie et la santé des poissons. L’importation des alevins fait peser un coût économique et environnemental sur l’aquaculture et freine son développement au Sénégal. Des producteurs locaux d’alevins se développent en bénéficiant parfois d’aides publiques ou de bailleurs mais leur production rencontre parfois des problèmes de qualité : maladies, retard de croissance des poissons…Deux poissons sont produits par l’aquaculture au Sénégal : le Tilapia et le Clarias. L’atelier vise à échanger sur cette problématique et à identifier des pistes d’action… » – Texte introductif d’Audrey Himmer.
L’atelier a regroupé 14 participants et 2 animateurs dans l’objectif d’échanger sur les problématiques de la qualité des alevins en aquaculture continentale. Cette problématique a été identifiée très en amont du forum par les organisateurs après analyse du secteur par les organismes concernés dans le développement de la filière pêche et aquaculture.
Les animateurs de l’atelier Baye Modou THIAM – Catherine LEJOLIVET et les participants
Les différents participants invités au Forum sont des producteurs et vendeurs d’alevins (VEMAR, BMG, BMK, SIA, Ferme de Dagana), des représentants des autorités sénégalaises (ANA – Agence nationale de l’Aquaculture, CRODT – Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye), des chercheurs issus de l’Université IUPA (Institut Universitaire de Pêche et d’Aquaculture – Université Cheikh Anta Diop de Dakar) et du CNFPTA de Dakar (Centre National de Formation des Techniciens de la Pêche et de l’Aquaculture).
L’atelier a débuté par une présentation du contexte du forum et un tour de table permettant à chacun de s’identifier au sein du groupe de travail. L’Agence Nationale de l’Aquaculture a présenté les différentes composantes de l’aquaculture sénégalaise et son plan stratégique à l’horizon 2030.
Chacune des entreprises aquacoles présentes a exposé ses méthodes de travail concernant l’obtention des juvéniles tout en précisant les performances obtenues pour chaque étape de leur itinéraire technique. Les groupes mixtes constitués d’entreprises, de bureaux d’étude et de formateurs ont ensuite échangé sur la qualification de la thématique « critères de qualité des juvéniles » et les causes potentielles ou vécues des problèmes de qualité. La restitution de chaque groupe a permis d’alimenter un document commun renseigné au fur et à mesure des exposés. La dernière partie de l’atelier a eu pour objet d’identifier collectivement des pistes d’action à court, moyen et long termes.
les différents participants en pleine discussion
5 pistes d’action
L’ensemble des participants a fait preuve d’un grand intérêt pour les différentes activités proposées. Les discussions ont été très riches tout au long de la journée et ont permis de caractériser les exploitations piscicoles, définir les critères de qualité des alevins, identifier et justifier les problèmes rencontrés en alevinage, enfin définir des pistes d’action.
Cinq pistes d’action ont fait consensus au sein de l’atelier ; l’échéance et les moyens de mise en œuvre et l’identification du pilote de l’action ont été également précisés.
Les 2 premières pistes concernent la demande de clarification des rôles et missions des différents acteurs de la filière aquacole sénégalaise et la mise en œuvre concrète du Plan Stratégie Nationale de Développement Durable de l’Aquaculture au Sénégal 2025-2032. Les 3 autres pistes d’action sont du domaine zootechnique (création d’une plateforme de sélection de géniteurs, d’un plan de maîtrise de la biosécurité dans les élevages et enfin optimisation des approvisionnements en aliments de qualité).
Opportunités de l’Économie bleue
Le Forum a été l’occasion également de répondre à des problématiques majeures via 3 ateliers complémentaires tenu en simultanée avec celui de l’aquaculture. Les sujets ont été très variés et ont permis des échanges très riches sur les thèmes des nouvelles opportunités économiques pour les petits producteurs, la sécurité des pêcheurs en mer ou encore les solutions innovantes pour lutter contre les pollutions de l’eau. Deux tables rondes ont été également proposées sur l’exploitation et la conservation des écosystèmes, l’innovation et le numérique au service de l’Économie bleue.
Le Forum a été enrichi par une intervention de la Fondation Surf rider sur la qualité de l’eau et le lien des activités terrestres sur le milieu océanique, mais aussi par une séance de pitchs des projets locaux innovants, portés par une grande diversité d’entrepreneurs, des créations artistiques et culturelles (slam d’Alexandre Sepré, de chanteuses traditionnelles, une exposition sur les mobilités climatiques, des projections de films documentaires, un concert final mêlant artistes sénégalais et français.
Chanteuses traditionnelles
Rencontre marquante avec Lina KACYEM
Pour des actions concrètes
Le Forum international de Saint-Louis a permis de mettre en valeur des solutions concrètes dans le domaine de l’économie bleue, rassemblant experts et praticiens sur le terrain.
La co-animation de l’atelier « aquaculture » avec Baye Modou Thiam a été d’une grande richesse humaine et intellectuelle. Les acteurs de la filière aquacole ont fait preuve d’un intérêt et d’une participation particulièrement active tout au long de la journée. Il reste à espérer que ce travail aura une suite pour les professionnels puisque différents points de blocage mais aussi des leviers ont été identifiés lors des échanges. Ces producteurs sont convaincus des différentes pistes d’action identifiées collectivement et sont en demande désormais d’opérationnalité concrète.
Mes remerciements vont à tous ces participants pour leur bonne humeur et leur bienveillance, mais également à toute l’équipe de l’Institut Français conduite par la Directrice déléguée Isabelle Boiro-Gruet, à Audrey Himmer et Sébastien Subsol de l’Ambassade de France. Des encouragements pour Patrick Eimeriau de l’Université Internationale de la Mer, en charge de la synthèse de tous les ateliers et tables rondes du forum. Une pensée pour Lina Kacyem (Investor (Angel & VC), Advisor) qui a enchanté les repas par son énergie et son implication professionnelle notamment comme présidente du jury du concours des pitchs. Enfin, mes remerciements particuliers à Vanessa Forsans et Rachid Benlafquih pour m’avoir fait confiance et permis de participer à cet évènement.
Article proposé par Catherine Lejolivet, enseignante en aquaculture au lycée agricole de La Canourgue – catherine.lejolivet@educagri.fr Crédit photos : C. Lejolivet