De la terre au dabali

Dabali signifie « repas » C’est le projet d’échange interculturel franco-ivoirien autour de l’alimentation concrétisé par une mobilité collective en Côte d’Ivoire du Campus agricole de Vire du 1er au 18 avril 2025.

Le partenariat entre le Campus agricole de Vire, en Normandie et l’École d’élevage de Bingerville, en Côte d’Ivoire, existe depuis une quarantaine d’années ! Et sous couvert du partenariat signé entre leurs tutelles respectives que sont la Direction générale de l’enseignement et de la recherche et l’Institut national de formation professionnelle agricole, des échanges en réciprocité sont régulièrement organisés.
Ainsi, suite à deux rencontres récentes entre apprenants, en décembre 2022 en Côte d’Ivoire et avril 2024 à Vire, mais aussi des échanges entre personnels lors du Salon de l’agriculture à Paris, auxquels s’ajoute l’accueil depuis 2017 de deux volontaires ivoiriens en service civique chaque année, est née l’envie de partage d’activités entre jeunes. Par l’intermédiaire du Club Afrique (association loi 1901) créé en 2023 au sein du Campus de Vire, ils ont souhaité travailler sur un chantier collaboratif de solidarité internationale sur le thème de l’alimentation.

 Dabali signifiant « repas », « action de manger »

Après différents échanges en visioconférence entre pairs, 9 jeunes Ivoiriens et 9 jeunes Français issus de différentes classes du campus ont proposé de créer un potager permettant ainsi le partage de techniques et la découverte de leur culture respective. Un des buts était de réfléchir sur le circuit-court et l’autonomie alimentaire. Ils ont donc proposé, en complément, de visiter différents systèmes de productions locales et de vente (marchés), et de cuisiner des plats typiques ensemble.
De plus, un jeu créé par le club l’année dernière, sous forme d’Escape Game, a été retravaillé avant de partir et emmené afin d’être présenté à de jeunes enfants sur place.

L’action principale de ce séjour était donc un chantier de création d’un potager. Les jeunes ivoiriens avaient préparé le terrain qui leur avait été mis à disposition à l’école d’élevage (nettoyage, travail du sol et plantation de quelques plants). Les jeunes français avaient proposé de leur côté de leur montrer comment faire des carrés hors sol avec du tressage de branches. Pour cela, ils ont utilisé une espèce locale de bambous et travaillé avec les outils tels que la daba et la machette. Trois carrés ont ainsi pu être finalisés, remplis de copeaux, de déchets végétaux et de sable. Puis les jeunes y ont semé différentes espèces (salades, carottes, piments).

Pour compléter ce chantier et favoriser les échanges autour du circuit court, plusieurs visites ont été effectuées. Tout d’abord, il y a eu un accueil dans deux villages, Santai et de Bomissambo, par les différentes chefferies afin d’observer les préparations de mets typiques ivoiriens comme l’attiéké et la cuisson du manioc. A aussi été visitée la palmeraie PALMCI et son usine de production d’huile de palme, ce qui a permis de travailler les points de vue de chacun sur une production controversée.

   

Les jeunes ont préparé à plusieurs reprises des repas ensemble après avoir fait les achats au marché : des moments forts et un bon moyen d’échanger sur les différentes cultures ! Les soirées plus informelles autour de jeux, karaoké, coiffure, danses,… ont été aussi très riches. Un world-café sur les différentes visites et le ressenti de chacun a permis de le verbaliser.
De plus, le groupe eu la chance de revoir d’anciens services civiques sur leur lieu de production (poulailler et boucherie), là encore des moments riches en émotions.

Enfin, les jeunes ont pu tester leur jeu autour de l’alimentation avec des enfants accueillis à l’orphelinat jouxtant notre hébergement, bâtiment de coopération à ERA-Sud et situé sur la propriété de M. Binger, premier gouverneur de la Côte d’Ivoire française (1893-1895).

Tout le monde est convaincu de la réussite du projet. Le séjour a été un temps fort pour chacun et la rencontre a été au-delà des attentes.
Les points forts remontés sont l’échange interculturel avec la présentation des différentes ethnies et les visites des villages, la préparation des repas, les marchés ainsi que le chantier “potager” (échange de techniques, découvertes de la plantation et culture des légumes pour certains).
Pour ce qui est du chantier, les jeunes ivoiriens doivent poursuivre le potager et partager des photos. Ils pensent créer une cagnotte avec la vente des légumes afin de pouvoir financer des projets collectifs futurs.

Et un prochain chantier franco-ivoirien est prévu pour 2026, à Vire !

En attendant, le Campus agricole de Vire s’apprête à accueillir un septième binôme de volontaires ivoiriens de l’INFPA en mission de service civique.

Article proposé par Coralie Picard, enseignante à l’EPL de Vire, coralie.picard@educagri.fr

(Re)visionnez les films du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale de la DGER tournés lors d’une mission collective à laquelle participait notamment un groupe du Campus agricole de Vire.

Le film Agri-Cultures – La coopération avec la Côte-d’Ivoire (20’20) – réalisé par Julie Lizambard-ConSonImage pour le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire

Série Agri-Cultures – Le Service civique – La Côte d’Ivoire (7’35)

Contacts :Vanessa Forsans et William Gex, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale de l’enseignement agricole (BRECI/DGER/MASA), vanessa.forsans@educagri.fr, william.gex@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER/MASA, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

 




Bazas-Sékou : une coopération solidaire

Un projet de solidarité internationale est en cours au Lycée Agricole et Forestier de Bazas, en partenariat avec l’AFDI (Agriculteurs Français et Développement International) Gironde. L’objectif : construire un partenariat durable avec le Lycée technique agricole Médji de Sékou, au Bénin, autour d’un projet coopératif centré sur l’agriculture, l’agroécologie et plus particulièrement l’agroforesterie.

Ce projet pédagogique vise à sensibiliser les élèves bazadais aux enjeux agricoles africains et à la solidarité internationale. Il mobilise les classes de 2nde Générale et Technologique et de 1ère Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant (STAV), qui participent à des séances d’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI), animées par Josias Yameogo, alternant burkinabais de l’AFDI Gironde.
Lors d’une première intervention en mars, les élèves ont exploré les inégalités mondiales à travers des jeux interactifs.

Enthousiastes, ils affirment : « Ce projet est enrichissant. Il nous ouvre à d’autres pratiques agricoles et à une vision plus solidaire de notre métier futur. »

À terme, ils co-construiront un micro-projet avec leurs homologues béninois, répondant à une problématique locale en agriculture, élevage ou sylviculture.

Du 23 au 29 mars 2025, deux enseignantes du lycée, Élodie Lima et Nathalie Campo, référentes en agroécologie, se sont rendues au Bénin pour une mission de prospection. Accompagnées de membres de l’AFDI 33, elles ont rencontré l’équipe du lycée Médji de Sékou et son proviseur Ibrahim Moumouni. Ce lycée, fleuron de la formation agricole béninoise, forme chaque année plus de 1200 élèves.
Les échanges ont permis de poser les bases d’un partenariat pédagogique autour de l’agroécologie. Des visioconférences entre les équipes éducatives sont prévues pour préparer le travail collaboratif à distance, avant la mission des élèves de Bazas prévue en mars 2026.
En parallèle, la délégation française a visité plusieurs sites inspirants : la ferme en système intégré de Songhaï, un atelier féminin de transformation d’huile d’arachide, une entreprise de transformation d’ananas, et les villes de Cotonou, Ouidah, Ganvié et Abomey. Ces lieux seront intégrés au programme du séjour des élèves.
Les jeunes bazadais devront maintenant mobiliser des financements pour concrétiser cette expérience humaine, culturelle et professionnelle inédite, avec l’accompagnement de leurs enseignantes, qui ont participé à la formation des réseaux Afrique. Et ils bénéficieront d’un avant-goût du Bénin dès la rentrée en accueillant dans l’établissement un volontaire béninois en service civique. En lien avec le réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale, ce jeune sélectionné avec France Volontaires parmi les étudiants de l’École de Foresterie de l’Université nationale du Bénin (UNA) contribuera à la préparation du projet aux côtés de l’équipe pédagogique.

Une belle aventure de coopération internationale se dessine entre les lycées agricoles de Bazas et de Sékou !

Article proposé par Élodie Lima, enseignante en agronomie et référente agroécologie au lycée agricole de Bazas – elodie.lima@educagri.fr

Contacts : Vanessa Forsans et William Gex, animateurs du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale de l’enseignement agricole (BRECI/DGER/MASA), vanessa.forsans@educagri.fr, william.gex@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER/MASA, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr




Ecoutez leur carte de l’engagement !

Le 21 mai 2025, lors du festival régional « Sauvages » organisé à Fonlabour à Albi, les élèves des ALESA des lycées de La Canourgue, Pézenas, Saint-Chély-d’Apcher et Théza ont présenté une carte sonore interactive, fruit d’un travail collectif engagé dans le cadre du projet « Solides et Solidaires », soutenu par le programme Erasmus+ Jeunesse.

Le projet « Solides et Solidaires » a réuni 15 jeunes autour d’un objectif commun : partir à Barcelone à la rencontre de collectifs engagés dans des démarches citoyennes, sociales et écologiques. Parmi les structures visitées : Can Batlló, Can Masdeu, l’Espai Joves Garcilaso ou encore l’école hôtelière ETHB.

Un projet Erasmus+ Jeunesse pour renforcer l’engagement local

Soutenu par le dispositif Erasmus+ Jeunesse – projets de participation, « Solides et Solidaires » s’inscrit dans une dynamique européenne de renforcement de la citoyenneté active des jeunes à l’échelle locale. Ce volet du programme Erasmus+ vise à encourager les jeunes à s’impliquer dans leur territoire, à expérimenter la participation démocratique et à dialoguer avec d’autres acteurs en Europe sur des enjeux communs.

Concrètement, les projets de participation permettent à des groupes de jeunes d’imaginer des actions concrètes, avec un fort ancrage local, tout en bénéficiant d’une ouverture européenne. Dans ce cadre, les quatre ALESA* partenaires ont conçu un projet à la croisée de la mobilité, de l’éducation populaire et des médias citoyens.

Une préparation collective, exigeante et enrichissante

Dès juin 2024, les élèves et équipes éducatives ont engagé cinq mois de préparation : réunions entre établissements, échanges en visioconférence, construction d’un carnet de bord et un stage radio autour de la démocratie et du débat citoyen. Un repérage préalable à Barcelone, effectué par les enseignantes, a permis d’identifier les lieux et partenaires à rencontrer.

Les élèves ont assuré la captation sonore du séjour, et au retour, des ateliers avec leurs enseignants ont permis de donner naissance à une carte sonore interactive, véritable carnet de voyage audio, accessible ci dessous.

On y entend les voix des personnes rencontrées, les sons de la ville, les réflexions des élèves et les moments partagés pendant cette immersion collective.

Ecoutez la Carte sonore Solides et Solidaires

Une expérience marquante et porteuse de sens

Du 16 au 20 décembre 2024, cinq jours pour découvrir, échanger et enregistrer… Les jeunes ont vécu à Barcelone une expérience à la fois intense et formatrice. Ce séjour, rythmé par un programme dense et varié, a mêlé rencontres avec des collectifs autogérés, ateliers pratiques (jardinage, visites de lieux alternatifs), temps d’échange sur la vie associative, et découvertes culturelles. Can Batlló, Can Masdeu, l’Espai Joves Garcilaso, le musée Cosmocaixa ou encore l’école hôtelière de Barcelone ont marqué les esprits par leur diversité et leur engagement.

Les soirées ont prolongé les échanges dans une ambiance conviviale, autour de repas catalans partagés et de balades urbaines. L’ensemble du groupe a voyagé en train, dans une démarche de mobilité responsable, et a séjourné en auberge de jeunesse, favorisant ainsi l’autonomie et la vie collective.

Cette mobilité a permis aux jeunes de développer des compétences essentielles : responsabilité, travail en groupe, prise de parole, et ouverture à l’autre. Pour les équipes comme pour les élèves, la coordination de ce projet, bien que complexe sur les plans logistique et administratif, a surtout été vécue comme une aventure collective structurante, valorisante et profondément inspirante.

Une restitution vivante au festival Sauvages

Le festival Sauvages a offert une belle scène pour faire entendre le fruit de ce projet auprès de plus de 200 lycéens venus de 16 établissements agricoles d’Occitanie. Présentation de la carte sonore, échanges, ateliers, et concert du club musique de l’ALESA de La Canourgue ont rythmé cette journée où les jeunes ont été pleinement acteurs.

« Solides et Solidaires » incarne tout ce que permet Erasmus+ Jeunesse : apprendre en faisant, tisser des liens, créer du commun et s’engager dans une société plus participative. Une dynamique inspirante à prolonger, pourquoi pas, par de nouvelles mobilités ou coopérations en Europe.

*ALESA : Associations des Lycéens, Étudiants, Stagiaires et Apprentis

Pour en savoir sur ce projet : Sylvaine Couderq – sylvaine.couderq@educagri.fr, Marinette Marcos-Garcia – marinette.marcos-garcia@educagri.fr

Pour en savoir plus sur les projets de participation Erasmus+ Jeunesse et les autres actions jeunesse et sport : https://www.erasmusplus-jeunesse.fr

Contact : Aurélia Haioun. Chargée de Mission Erasmus + Jeunesse et Sport : aurelia.haioun@educagri.fr

 




S’imprégner du « Maturita » Slovaque

Le but de la mission du réseau de l’enseignement agricole est d’établir de nouveaux contacts avec des établissements et des professionnels slovaques dans l’objectif de développer des mobilités de stages individuels et des mobilités collectives dans le pays pour les jeunes élèves français.

La mission en Slovaquie, organisée en décembre 2024, avait un double objectif : d’une part, travailler sur les mobilités académiques et, d’autre part, renforcer les liens avec les services de l’ambassade de France, notamment le service économique et l’Institut Français de Slovaquie.

Le Maturita slovaque

L’appui de l’Institut Français ainsi que les contacts établis lors d’une précédente mission ont permis d’organiser la visite de deux établissements techniques et d’entrer en relation avec des lycées généraux enseignant le français en sections bilingues ou comme langue vivante 2.

En Slovaquie, les élèves des lycées agricoles préparent en quatre ans le diplôme appelé Maturita, équivalent du baccalauréat français. Leur formation combine des cours théoriques et des activités pratiques sur les exploitations des établissements, mais comprend relativement peu de stages en entreprise comparé aux formations de bac professionnel en France.

Pour les élèves des lycées généraux, le Maturita est également préparé en 4 ans. L’anglais est la langue principale enseignée dans les lycées généraux, mais certaines écoles proposent le français en LV2 (3 heures hebdomadaires) ou comme langue renforcée (5 heures hebdomadaires). Il existe également cinq sections bilingues franco-slovaques, fruit d’une coopération étroite entre le ministère slovaque de l’Éducation et l’Ambassade de France. Ces sections offrent un enseignement sur cinq ans, permettant aux élèves d’atteindre un niveau C1 du cadre européen des langues en suivant en particulier des matières scientifiques en français.

Collaborations sur de nouvelles filières

Suite à cette mission, les liens ont été renforcés avec trois établissements techniques. Le lycée viticole de Modra, déjà invité à participer au Salon International de l’Agriculture (SIA) dans le cadre des concours jeunes européens, a ouvert ses portes à la délégation pour une visite de ses locaux, de son chai et a organisé des rencontres avec des entreprises viticoles locales. Un lycée technique agricole près de Bratislava propose des filières en aquaculture, soins vétérinaires et élevage (chevaux, chiens, chats), il présente un fort potentiel pour développer des mobilités de stage dans l’enseignement professionnel. Un établissement forestier à Banská Štiavnica : mis en relation récemment avec un lycée forestier français, en recherche de partenariat, pour développer à la fois des mobilités collectives et des stages individuels.

Aquaculture au lycée d'Ivanka Pri Dunaji
Bassin d’aquaculture au lycée d’Ivanka Pri Dunaji

Visite du lycée viticole de Modra avec la directrice et une enseignante d’oenologie

Promouvoir l’enseignement agricole Français

L’Institut Français a diffusé des informations sur l’enseignement agricole, notamment sur la filière générale avec option biologie-écologie et les sections européennes, auprès des lycées généraux slovaques enseignant la langue française. L’apprentissage du français dans les lycées généraux slovaques constitue ainsi un levier stratégique pour le développement de nouveaux partenariats de mobilité.

Suite à un appel à manifestation d’intérêt, deux établissements slovaques ont exprimé leur volonté d’établir des contacts avec des sections européennes de filière générale de lycées agricoles français et de travailler sur des thématiques liées à l’environnement. Les mises en relation sont en cours depuis février 2025, avec l’appui de l’Institut Français.

Cette mission a donc permis d’élargir le réseau de contacts d’établissements techniques agricoles en Slovaquie et d’ouvrir la voie à des collaborations avec les établissements généraux. Ce travail devra être consolidé et approfondi lors d’un prochain déplacement.

Lire aussi l’article En route pour 6 mois en Slovaquie

Plus d’informations sur les activités du réseau République Tchèque Slovaquie sur le Bulletin du réseau – 2025

Contact : Delphine Laissac, Animatrice du réseau République Tchèque – Slovaquie de l’enseignement agricole, delphine.laissac@educagri.fr