François Piperaux, directeur de la Formation Professionnelle Continue et de l’Apprentissage du Lycée agricole de Toulouse Auzeville, a réalisé une mission au Nigéria en janvier 2025 avec pour objectif de partager l’expertise française en apprentissage agricole et d’élaborer un modèle adapté aux spécificités locales.
Dans le cadre du projet WATEA (Woman in Agricultural Technical Education and Apprenticeship), en partenariat avec l’ambassade de France au Nigéria, le Ministère français de l’Europe et des Affaires Étrangères et IITA (International Institute of Tropical Agriculture), l’expert missionné par le réseau CEFAGRI de la DGER a travaillé pendant cinq jours avec des représentants de 7 établissements agricoles nigérians. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à développer l’agriculture et l’économie du pays à travers l’apprentissage.
Cette mission s’est inscrite dans la continuité d’une visite préalable de William Gex, co-animateur du réseau Afrique de l’Ouest Afrique Centrale de l’enseignement agricole, et Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne et expertise à l’international au BRECI/DGER, qui ont ciblé la mise en place de formation par apprentissage comme un réel levier de développement économique et agricole pour le pays.
Accompagné par Sonia Darracq, conseillère aux affaires agricoles en poste à l’ambassade de France au Nigéria, ainsi que par l’équipe WATEA de l’IITA, François Piperaux a pu échanger non seulement avec des représentants de 7 établissements agricoles nigérians (ABCOAD, ANSPOLY, BUPOLY, ESPOLY, Kwara State Polytechnic, LAUTECH et OYSCATECH)), mais aussi avec certains entrepreneurs agricoles et des représentants de NBTE (National Board for Technical Education).
Il témoigne de cette première expérience en terre africaine.
Comment avez-vous préparé la mission et votre séjour ?
C’était un réel challenge pour moi. Ne connaissant pas grand-chose du pays et le Nigéria étant une zone déconseillée pour les ressortissants étrangers, les préparatifs ont été assez contraignants. D’abord, j’ai dû faire une demande de visa avec des allers / retours à Paris, faire la vaccination contre la fièvre jaune et me faire prescrire des médicaments contre le paludisme avec un certain nombre de préconisations pour le voyage. J’ai également participé à quelques visioconférences de préparation avec le BRECI et les collègues au Nigéria ainsi qu’avec une école nigériane pour commencer à établir du lien et prendre conscience du contexte local. Enfin, j’ai dû établir un programme de formation que j’ai diffusé aux collègues nigérians pour en valider les grandes lignes avant mon arrivée.
Après, comme tout bon touriste qui part pour la première fois en Afrique sub-saharienne, j’ai pris de l’anti-moustique et une moustiquaire de voyage et je me suis lancé pour cette belle mission.
Comment s’est déroulée la mission ?
La mission a été une très belle expérience de vie, du début à la fin. J’ai été très bien pris en charge par les collègues d’IITA et par Sonia Darracq qui travaille à l’ambassade de France et j’ai été accueilli dans un lieu paradisiaque qu’est le campus d’IITA à Ibadan.
Pour ce qui est de la formation à proprement parler, c’était un réel challenge de mener une formation entièrement en anglais avec des personnes dont je connaissais très peu la culture.Finalement, entrer par les enjeux autour de la formation et de l’éducation sont des thèmes transversaux qui permettent de voir qu’en définitive nos préoccupations ne sont pas tellement éloignées selon les pays, seuls le contexte économique du pays et le mode de vie sont des éléments à prendre particulièrement en compte. La formation a été riche en échanges, en partages et la dynamique de groupe a été particulièrement intéressante. La bonne humeur a aussi été la clé d’une formation dans laquelle tout le monde s’est retrouvé.
Dans les grandes lignes, comme toute formation qui se respecte, nous avons abordé les attentes des participants, puis nous avons abordé les notions de financement, de pédagogie, de certifications et de lien avec les entreprises. Nous avons alterné les modes d’animation entre méthode descendante, travaux de groupes, brainstorming collectif et beaucoup d’utilisation de nouvelles technologies, ce qui a beaucoup plu aux participants.
Pour la petite anecdote, nous avons fait des ateliers interactifs avec des QR codes, le premier jour, je n’avais qu’une personne qui a réussi à se connecter du premier coup en scannant le QR code, le dernier jour, tout le monde y arrivait. C’est assez marrant de voir le décalage entre les modalités pédagogiques que nous avons désormais en France et la réalité d’autres pays comme le Nigéria.
Quel est le bilan que vous faites de cette semaine ?
C’est un très bon bilan. Les participants ont témoigné avoir beaucoup appris pendant la semaine et semblaient prêts à répliquer le modèle de l’apprentissage à leur échelle locale. NBTE qui porte les programmes dans l’enseignement agricole était très impliqué et prêt à adapter les parcours de formation en y intégrant l’approche capacitaire qui nous est chère dans l’enseignement agricole.
C’est aussi un bilan humain très enrichissant, j’ai fait des rencontres de gens incroyables avec qui je pense je vais nouer des relations sur du long terme. En effet, un établissement nigérian est particulièrement prêt à collaborer avec mon établissement de Toulouse autour de thématiques que nous avons en commun.
Humainement encore, les Nigérians m’ont fait un accueil très chaleureux, il y en a même un d’entre eux qui m’a attendu toute une journée avant mon départ à l’aéroport pour m’offrir 3 modèles de Dashikis de couleurs différentes (les Dashikis sont des tenues traditionnelles que les gens portent par exemple le vendredi).
Enfin, le complexe d’IITA à Ibadan est magnifique et l’émulation autour de l’agriculture est très enrichissante. Nous avons visité le campus le mercredi, et nous avons pu tour à tour voir toutes les strates de la recherche, que ce soit dans la transformation du cassava (manioc), la recherche en pisciculture, les méthodes de conservation des graines, le matériel agricole dont ils disposent. Nous nous sommes régalés.
A lire aussi l’article : Watea Nigeria – un tour d’horizon
En savoir plus sur les 7 établissements agricoles nigérians : ABCOAD, ANSPOLY, BUPOLY, ESPOLY, Kwara State Polytechnic, LAUTECH et OYSCATECH
Contact : William Gex, animateur du réseau Afrique de l’Ouest Afrique centrale de l’enseignement agricole avec Vanessa Forsans, animatrice du réseau CEFAGRI, vanessa.forsans@educagri.fr et william.gex@educagri.fr
Rachid Benlafquih, chargé de coopération Afrique subsaharienne/ECSI/expertise à l’international au BRECI/DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr