« Webin’Mada » : coopérer aujourd’hui et récolter demain !

« Webin’Africa spécial Mada » est un rendez-vous fort du réseau Afrique Australe et Océan Indien de la DGER. Plus qu’un simple webinaire, ce rendez-vous a réuni une mosaïque d’acteurs français et malgaches autour d’un objectif commun : donner envie, montrer les possibles !

Le but pour les participants du Webin’Africa, qui s’est tenu le mercredi 7 mai 2025, était d’inscrire la coopération internationale au cœur des stratégies des établissements de formation agricole français, tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour la jeunesse malgache et le développement d’une agriculture durable.

Une coopération au service de l’avenir agricole

Le chef du Bureau des Relations Européennes et de la Coopération Internationale (BRECI-DGER), Franck Feuillatre, a ouvert la rencontre en posant un cadre politique et stratégique clair :

La coopération internationale n’est pas une option, mais une mission essentielle de l’enseignement agricole. Elle s’appuie sur des bases juridiques solides et se décline dans les politiques publiques françaises et européennes.

Formation, recherche, innovation, transition agroécologique : autant de leviers pour bâtir des systèmes agricoles durables. Inscrite dans les priorités fixées lors du discours de Ouagadougou en 2017 et confirmées par le Nouveau Sommet Afrique-France en 2021, cette dynamique repose sur quatre engagements concrets.

4 engagements depuis 2027
  • accompagner les réformes des dispositifs de formation agricole,
  • renforcer les mobilités étudiantes et enseignantes dans les deux sens,
  • co-construire des formations croisées et des doubles diplômes,
  • soutenir les jeunes entrepreneurs africains.

 Ces orientations donnent à la coopération une dimension résolument opérationnelle, au service de la jeunesse et de l’innovation agricole.

 

Madagascar, un partenaire clé

Pour Rachid Benlafquih, chargé de mission zone Aftrique au BRECI, les « Webin’Africa » sont un outil de dynamisation des réseaux et d’ancrage de partenariats durables. Ils permettent de croiser les expériences, de créer des synergies et de poser les bases de partenariats durables.

Madagascar, pays jeune et agricole, s’impose comme un partenaire prioritaire avec une démographie marquée par la jeunesse (75 % de la population a moins de 30 ans), un poids considérable de l’agriculture (27 % du PIB, 64 % des emplois) et des défis structurels majeurs (accès au foncier, aux financements, aux intrants, aux infrastructures, adaptation  climatique, lutte contre la déforestation et la désertification).

Ses défis sont donc immenses mais les opportunités sont tout aussi grandes. Dans ce contexte, l’agroécologie est perçue comme un levier stratégique. Elle lie la production agricole à la préservation des ressources, en ancrant les systèmes alimentaires dans les territoires. La coopération internationale, intégrée et transversale, vise ainsi à relier formation, recherche et innovation pour renforcer les chaînes de valeur locales.

 

  

 

 

 


 Acteurs engagés et visions partagées

Le webinaire a donné la parole à plusieurs intervenants majeurs.

Martin Parent, conseiller aux affaires agricoles pour l’Afrique de l’Est et l’Océan Indien, a dressé un diagnostic sans appel : une agriculture familiale peu productive, une pauvreté endémique (80 % de la population), une malnutrition infantile chronique, un déficit d’infrastructures. Face à ces défis d’une agriculture familiale encore fragile, selon lui, la clé réside dans la formation agricole initiale et continue, seul levier pour structurer une agriculture plus résiliente et innovante. 

Mme Hoby Rakotoarison (MINAE) a présenté la Stratégie Nationale de Formation Agricole et Rurale (SNFAR) 2023–2035, pilier de la modernisation agricole et de l’emploi des jeunes à Madagascar. Son objectif est d’améliorer la sécurité alimentaire, créer des emplois durables pour les jeunes, moderniser les exploitations familiales. Pour cela,  la coopération internationale avec une mobilité des formateurs, une digitalisation pédagogique et les créations de fermes-écoles figurent parmi les priorités. 

 Adrien Lepage(Agrisud) a illustré une approche originale, a détaillé l’expérience innovante des « maîtres exploitants ». Ces agriculteurs formés deviennent des relais auprès de leurs pairs, transmettant leurs savoirs sur le terrain, en complément des dispositifs classiques.

Flore Ferraro (AFDI) a mis en lumière le partenariat avec le réseau SOA, fédérant 34 organisations paysannes. Depuis 2016, plus de 100 leaders paysans ont été formés, dont 80 % de jeunes, avec une forte participation des femmes. Cette dynamique favorise la gouvernance locale, la résilience climatique et l’implication citoyenne.  

Toutes ces interventions convergent vers un constat partagé : la formation est le pilier central de la transformation agricole à Madagascar.

« Former aujourd’hui, c’est construire l’agriculture de demain ! »

Mobilités et échanges : des expériences concrètes

La coopération prend aussi corps dans la mobilité. Les expériences partagées l’ont prouvé, entre des jeunes malgaches engagés en service civique en France, des étudiants français accueillis à Madagascar dans des projets agricoles et culturels et des enseignants et chercheurs en mobilité croisée.

Formaterra, établissement agricole de La Réunion, le lycée de Coconi à Mayotte ou encore les lycées de Coutances (Normandie) et de Bressuires (Vendée) ont tous présenté leurs projets. Entre expérimentations agroécologiques, partenariats scientifiques et mobilités étudiantes, ces initiatives montrent l’impact profond de la coopération : enrichissement interculturel, ouverture des horizons professionnels, renforcement des liens humains ainsi que l’impact concret sur les trajectoires individuelles de ceux qui la vivent.

Un réseau en mouvement

Le réseau Afrique Australe Océan IndienAAOI du l’enseignement agricole (DGER) fédère les établissements techniques et supérieurs, en métropole comme en outre-mer. Agnès Estager, animatrice du réseau AAOI a rappelé que ce dernier vit à travers ses établissements, ses enseignants, ses élèves et leurs projets et que sa mission principale est de structurer, valoriser, capitaliser les coopérations, ainsi qu’accompagner les initiatives locales.

Les journées nationales de formation (PNF) « Comment réussir vos projets avec l’Afrique subsaharienne » en sont une illustration : elles aident concrètement les établissements à se lancer dans l’aventure.

La dynamique est lancée ! De nouveaux accueils de services civiques malgaches sont programmés dès 2025, des mobilités collectives prévues pour 2026, et en perspective, une mission exploratoire à Madagascar dans l’année 2026.

Et demain ?

 

Le « Webin’Africa spécial Mada » a mis en évidence une réalité simple.  Face aux défis climatiques et sociaux, aucun pays ne peut avancer seul. La coopération internationale dans l’enseignement agricole est un investissement stratégique, autant pour la France que pour Madagascar.

Les participants repartent avec une conviction commune : former aujourd’hui, c’est bâtir l’agriculture de demain !

 La coopération n’attend que des volontaires pour continuer à semer aujourd’hui les récoltes de demain.

Et cette aventure, loin d’être réservée à quelques « pionniers », s’adresse à tous les établissements, enseignants, apprenants, étudiants et partenaires désireux de contribuer.

Alors, et pourquoi pas vous ?!

Retrouvez le lien pour visionner le Webinaire 

Pour savoir plus : Drive texte intégral, listing participants, synthèse et perspectives

Contact : Agnès ESTAGER, animatrice du réseau géographique Afrique Australe Océan Indien de la DGER, agnes.estager@educagri.fr

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