Du Syunik au Massif central : perspectives pastorales

Le lycée agricole de Rochefort-Montagne a accueilli une délégation arménienne, fin septembre 2025, dans le cadre d’un projet commun dédié à l’agropastoralisme durable. Cet échange constitue une nouvelle étape dans la coopération engagée avec l’établissement de Sissian en Arménie.

Le projet sur l’agropastoralisme durable est porté par deux enseignantes françaises et financé par un budget d’actions internationales du ministère français en charge de l’agriculture. Entre visites d’exploitations, rencontres professionnelles et découvertes pédagogiques, cette immersion a permis d’identifier des modèles transposables en Arménie et d’esquisser de nouvelles pistes de collaboration.

La venue d’une délégation arménienne à Rochefort-Montagne représente une étape importante dans le renforcement des partenariats initiés avec la région du Syunik. Ce projet coordonné par Sylvie Hausard (lycée de Rochefort Montagne) et Fabienne Gilot (lycée de Saint Gaudens), avec l’appui d’Evelyne Bohuon, animatrice du réseau Arménie-Kazakhstan, s’inscrit dans une démarche de coopération durable autour de l’agropastoralisme, de la formation agricole et de la structuration des filières.

Au fil des rencontres, la délégation a découvert une diversité d’initiatives françaises qui témoignent de la richesse du pastoralisme local. La visite de l’exploitation du lycée agricole a permis d’aborder les systèmes d’élevage en agriculture biologique et le rôle essentiel de la ferme pédagogique dans la formation des apprenants. Les échanges avec les enseignants et les élèves, notamment lors de travaux pratiques en zootechnie et en agronomie, ont mis en lumière une pédagogie active et professionnalisante. Ce modèle a particulièrement intéressé les enseignants arméniens, qui souhaitent développer davantage d’enseignements pratiques.

Filière bovine : Coopération d’Estive d’Auvergne

Côté filières, les découvertes ont été tout aussi marquantes. Le fonctionnement de la Coopérative d’Estive d’Auvergne, qui mutualise la gestion estivale de troupeaux bovins sur 300 hectares, a suscité un vif intérêt. En Arménie, la gestion collective des troupeaux n’est pas encore développée et ce modèle apparait comme une piste pertinente, notamment pour Tigran, membre de la délégation et porteur d’une coopérative locale en Arménie. Les discussions avec les chargées de mission d’Auvergne Estives et du parc naturel régional des Volcans d’Auvergne ont également permis de présenter les dispositifs agro-environnementaux, véritables leviers de soutien pour les exploitants.

Autre exemple : les ovins et le paysage

Un autre exemple original d’utilisation d’ovins pour entretenir les paysages de la Chaine des Puys (volcans d’Auvergne) a été vu avec la visite du troupeau mobile du lycée agricole. Maël, le berger, a présenté des brebis bien pleines après leur saison d’estive sur des surfaces prioritaires pour l’entretien de la biodiversité et des paysages, définies avec le Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne.

Table ronde : Échanges riches

L’organisation collective de la filière ovine a également suscité des échanges particulièrement riches lors d’une table ronde réunissant différents acteurs de la coopérative COPAGNO, de la Commission Ovine des Pyrénées Centrales et du GIEE Agrivaleur – avec ses représentants professionnels, ses éleveurs et un formateur du lycée de Saint-Gaudens. Chacun a pu présenter ses travaux, ses modes de fonctionnement notamment pédagogiques et répondre aux nombreuses questions des éleveurs de la délégation.

L’exemple de la filière IGP Agneau des Pyrénées a notamment permis d’illustrer concrètement la structuration d’une démarche collective, depuis la production jusqu’à la commercialisation, en mettant en lumière le rôle essentiel des associations de qualité dans la traçabilité et la valorisation des produits.

En Arménie, où les producteurs assurent encore eux-mêmes l’abattage et la vente directe, les expériences françaises partagées lors de cette rencontre ouvrent des perspectives inspirantes pour engager, à terme, une organisation collective renforcée et des démarches « qualité » structurées.

Transformation fromagère

La délégation a également été impressionnée par le fonctionnement intégré de filières locales, comme celle de Saint-Nectaire fermier au GAEC du bois-joli, où les visiteurs ont pu mesurer l’importance d’une gestion fine des prairies naturelles et d’une transformation réalisée sur place, de la production à la commercialisation en passant par l’affinage.

Valorisation des co-produits : Terre de laine

La question de la valorisation des co-produits, en particulier la laine, a trouvé un écho particulier lors de la visite de l’entreprise coopérative Terre de laine. L’Arménie valorisant très peu sa laine. Aujourd’hui, le modèle présenté – de la tonte locale à la fabrication de panneaux d’isolation, textiles ou accessoires – a immédiatement retenu l’attention des visiteurs, qui y voient un fort potentiel de développement.

Au delà des aspects techniques, cette mission a surtout été l’occasion d’échanges humains intenses et enthousiastes. Les enseignants arméniens se sont dits « enchantés » par la qualité des rencontres, la transparence des présentations et la concrétisation des échanges initiés lors de la mission précédente en novembre 2024. Plusieurs pistes ont émergé pour la suite : mise en place d’un modèle de coopérative d’estive, développement de la filière ovine, renforcement des pédagogies pratiques, et même l’idée d’un futur projet Erasmus pour prolonger la coopération.

Cette semaine d’immersion confirme la pertinence et le potentiel du partenariat entre la France et L’Arménie dans le domaine de l’enseignement agricole. En partageant leurs expérience et leur savoir-faire, les acteurs des deux pays contribuent à construire un agropastoralisme plus durable, fondé sur la complémentarité des pratiques et la transmission de connaissances. Une dynamique prometteuse, dont les prochains mois pourraient déjà écrire de nouvelles pages. Rendez-vous en 2026, dans un cadre privilégié de l’année du pastoralisme !

2026 – Année du pastoralismeL’ONU a proclamé 2026, Année internationale du pastoralisme et des pâturages. L’accent est mis d’une part sur l’élevage pastoral et les paysages qui y sont associés, et d’autre part sur les familles de bergers et d’agriculteurs qui pratiquent ce type d’élevage.

Contacts : Évelyne BOHUON, animatrice du réseau Arménie / Kazakhstan – evelyne.bohuon@educagri.fr, Stéphanie MANGIN, chargée de coopération Europe au BRECI/DGER – stéphanie.mangin@agriculture.gouv.fr

 

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